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samedi, 26 mars 2022

PAS DE "GRAND REMPLACEMENT", MAIS ...

... MAIS UN ISLAM CONQUÉRANT, PATIENT, RAMPANT, OBSTINÉ.

1 - Un remplacement a déjà eu lieu.

Je le dis d'entrée de jeu : les gens qui affirment, de façon sincère ou non, redouter le grand remplacement de la population française "de souche" par des hordes venues du Maghreb, d'Afrique noire ou du Proche ou Moyen Orient, se laissent leurrer par des fantasmes ou des mensonges. De toute façon, ma conviction est faite depuis longtemps : la seconde moitié du XXème siècle a déjà vu l'ancienne population française se laisser remplacer, année après année, par ses libérateurs de 1945.

Régis Debray, dans son livre Civilisation (Gallimard, 2017), raconte de façon lumineuse et probante « comment nous sommes devenus américains » (le sous-titre, c'est moi qui souligne). De son côté, Jean-Pierre Le Goff, en racontant dans le détail le quotidien de la France qu'il a connue de 1950 à 1968 (La France d'hier, Stock, 2018), dessine les traits d'un pays que la plupart des Français d'aujourd'hui qualifieraient d'épouvantablement ringarde, obsolète, rétrograde, presque archéologique.

Moyennant quoi, ils refusent d'admettre que la France, si elle garde malgré tout des traces de ce qu'elle fut en d'autres temps, a laissé plus ou moins joyeusement, plus ou moins consciemment, remplacer ses décors, son habitat, sa culture, ses traditions, ses façons d'être et de faire, sa psychologie et jusqu'à son âme, par les innombrables biens matériels et culturels venus des Etats-Unis. La France est devenue une cliente. Certains disent même un protectorat (mais ils exagèrent sûrement). Les Français sont quasiment gallo-américains, diraient Goscinny et Uderzo dans Le Combat des chefs.

Au point que, dès qu'une innovation plus ou moins innovante (je ricane), plus ou moins "historique" (je pouffe), plus ou moins "révolutionnaire" (je me gausse) pointe le bout de l'oreille sur le sol américain, nos chers journalistes, toujours prêts à gober la moindre "nouveauté", saluent avec enthousiasme son prochain débarquement en Normandie, je veux dire sur notre sol, allant même parfois jusqu'à préciser que la France, toujours à la remorque du navire amiral d'outre-Atlantique, n'est-ce pas, est en retard de dix ans sur les Etats-Unis. Au point que personne n'a oublié le cri du cœur de Jean-Marie Colombani paru en éditorial de "une" du journal Le Monde au lendemain du 11 septembre 2001 : « Nous sommes tous Américains ».

Remarquez qu'en 2003, le refus radical de Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'entrer dans la coalition américaine (illégale) pour démolir le régime de Saddam Hussein, tend à prouver que nous n'étions pas si américains que ça. Et les journaux et médias américains ont alors si abondamment craché sur la France que cela a pu réconforter ceux qui avaient un reste de fierté nationale, sans forcément leur ouvrir les yeux sur la réalité ou la profondeur de l' "amitié" que nous portent les Américains.

Malheureusement, c'était juste un sursaut de fierté de la part de quelques attardés du gaullisme. La France vassale a vite repris ses droits. Nicolas Sarkozy (aah, ses footings avec les T-shirts floqués NYPD !) a même réintégré la France dans le commandement de l'OTAN (officine largement dominée par le suzerain américain), et sans contrepartie. En chemise et la corde au cou, pour ainsi dire.

Et tout aussi malheureusement, nous sommes devenus assez Américains pour que j'en veuille énormément à certains Français d'avoir importé des modes de pensée propres aux Etats-Uniens, à commencer par cette arrogance dans l'affirmation de l'identité (les "fiertés" qu'on fait défiler), qui fait d'une petite collection de "minorités" (raciales, sexuelles, religieuses, etc.) des prescripteurs de lois.

Ces minorités n'hésitent pas à calquer benoîtement sur la situation spécifiquement française (données historiques comprises) les problématiques particulières propres aux Américains. Ces minorités haïssent la liberté d'expression quand elle froisse si peu que ce soit l'épiderme de leur sensibilité, au prétexte qu'elles se sentent victimes de l' "oppression majoritaire" et des "stéréotypes" dominants, et ne pensent qu'à une chose : faire taire l'ennemi, et punir, punir, punir. Il faut ensuite être un mouton aveugle et sourd pour continuer à bêler sur le "vivre-ensemble" ou sur le "faire-société".

Bon, tout ça pour dire que le "grand remplacement" est un fait accompli depuis lurette : les Américains, appuyés sur leur "soft power" (cinéma, musique, etc.), ont fait en sorte que la France change de peuple. C'est une chose acquise, il n'y a plus beaucoup d'âme française chez les Français. Le Français d'aujourd'hui se sent très bien dans les oripeaux que lui a vendus l'Amérique, et va même jusqu'à qualifier d' "anti-Américains" tous ceux qui "crachent" dans la soupe.

Ceux qui s'intitulent "français de souche" devraient y réfléchir, car dans le tas des idées importées des USA, il en est une qui pourrait au moins susciter des interrogations : c'est le melting pot, ce "brassage et assimilation d'éléments démographiques divers, en partic. aux Etats-Unis, au XIXème siècle" (Larousse P.L.I. 2002). Pourquoi la France n'aurait-elle pas aussi importé cette magnifique innovation ? Pourquoi la France ne deviendrait-elle pas à son tour un gros tas de chouettes peuplades juxtaposées ? Pourquoi n'adopterait-elle pas pour étendard le drapeau arc-en-ciel des fiertés mondialisées ?

2 - Pas de "Grand Remplacement", mais une offensive opiniâtre et tranquille.

Je ne sais donc pas trop si ces Français de souche, qui pestent parfois violemment et de façon indiscriminée contre l'immigration, ont tort ou raison quand ils hurlent au "grand remplacement". Ce dont je suis sûr, c'est qu'ils devraient prêter davantage d'attention à un phénomène si discret qu'il passe largement au-dessous des radars de la vigilance ordinaire : le combat culturel mené au quotidien par un certain nombre d'activistes musulmans, en particulier des imams, pour se concilier, puis s'approprier l'esprit de tout un tas d'individus peu instruits, peu méfiants ou peu regardants. Car ces activistes sont assez habiles pour éviter de mettre en avant le djihad, la violence ou la guerre aux "croisés" de la chrétienté. On a à faire à des imams souriants et bienveillants : nulle trace d'hostilité déclarée dans leurs paroles et leurs attitudes.

En témoigne un homme qui fut d'abord un réfugié syrien admis sur notre sol. Omar Youssef Souleimane est un poète et un écrivain. Il est né dans une famille rigoureusement salafiste, le père, surtout. Aujourd'hui, il est Français depuis trois mois, et il vient d'écrire Une Chambre en exil (Flammarion). Il était l'invité de Marc Weitzman dans son émission "Signes des temps", sur la chaîne France Culture, dimanche 20 mars, pour en parler un peu. 

Mon intention ici n'est pas de rapporter ses propos dans le détail. Je veux seulement relever quelques idées cruciales qui nous concernent, nous, qui nous sentons avant tout Français, Européens et de culture complexe à dominante chrétienne écrasante, quoique déclinante. Son aventure a commencé en 2012, lorsque, en compagnie d'une vingtaine d'autres "rêveurs" (c'est lui qui le dit), il a manifesté à Damas pour la liberté. Alors que six d'entre eux étaient arrêtés pour subir les traitements qu'on imagine, il a réussi à échapper aux sbires de Bachar al Assad. 

Il raconte qu'il a été sauvé par la poésie, en particulier celle de Paul Eluard, mais aussi par la "vieille" poésie arabe, qui lui inspire cette belle pensée que la langue arabe, qui date de bien avant l'islam (Vème siècle ?), recèle des richesses infiniment plus vastes que la langue du Coran qui, quant à elle, a été figée autour du XIème siècle (ça fait quand même 1.000 ans) en tant que langue sacrée et à ce titre intouchable. Le rigorisme qui s'est alors abattu sur la langue des Arabes a empêché celle-ci d'évoluer avec le temps.

L'interlocuteur de Weitzman se désole alors à l'idée que beaucoup de ceux qui veulent apprendre l'arabe aujourd'hui, ne le font que pour lire le Coran dans le texte. J'ajoute que si le programme des écoles coraniques consiste vraiment à faire apprendre par cœur le texte du Coran, il y a du mouron à se faire sur le niveau de la culture ainsi transmise et sur la future ouverture d'esprit des élèves.

Omar Youssef Souleimane raconte comment, arrivé en tant que réfugié à Bobigny, il a fait la rencontre d'un imam redoutable, non parce qu'il portait un poignard, ni parce qu'il voulait exterminer les maudits "koufars", mais parce qu'il montrait un visage "doux, intelligent, sympathique, intellectuel" (ce sont ses mots). Cette stratégie enveloppante et insinuante lui fait dire que ce genre de personnage est beaucoup plus dangereux pour la France à long terme que n'importe quel djihadiste ou terroriste. Et surtout il sait que ce genre d'imam n'est pas un cas isolé, mais qu'il a tendance à pulluler dans les cités de Seine-Saint-Denis et d'ailleurs, là où les musulmans sont nombreux, et parfois ultra-majoritaires. Il ajoute que ces imams sont bien rémunérés (par l'Arabie saoudite ou la Turquie). Cool Raoul ! A l'aise, Blaise ! Facile Mimile !

Selon lui, ce qui se prépare dans ces "territoires perdus de la République" (titre d'un bouquin bien inspiré), c'est une "France séparée", n'en déplaise à une certaine extrême gauche, prompte à lancer ses glapissements antiracistes dès que quelqu'un tente d'alerter sur les dangers de l'offensive islamique tranquille à l'œuvre depuis quelques décennies. Une extrême-gauche qui sort à tout bout de champ ses refrains, du risque de "récupération par l'extrême droite" à la "discrimination". Selon Souleimane, le voile soi-disant islamique est avant tout un drapeau identitaire, car pour ces imams, aussi étonnant que cela puisse paraître, l'islam est moins une religion qu'une identité : l'identité d'une communauté. Et une communauté fermée sur elle-même.

Le plus terrible dans cette affaire, c'est l'incroyable complicité de certains politiciens français qui, pour de simples raisons électoralistes, se mettent cul et chemise avec ces responsables religieux. Certes des gens qui leur font peur, mais dont ils ont un besoin vital, pour une excellente raison : l'influence décisive que leur parole possède sur la communauté dont ils sont la voix. On voit, dit Souleimane, dans certaines municipalités (Bobigny ?), des imams assister à des réunions avec des édiles qui tiennent par-dessus tout à rester en bons termes avec eux et tremblent à l'idée de se les mettre à dos. Et, continue Omar Youssef Souleimane, la police laisse faire l'imam qui tolère le dealer de drogue, au motif qu'ainsi l'ordre règne. Et le maire se frotte les mains, parce qu'il pense que son mandat suivant est déjà dans la poche. Comprendre : "dans la poche de l'imam", bien sûr.

Bien entendu, quand il est dans son cercle de proches, l'imam ne cache rien de son véritable objectif final : instaurer la charia. Face au bon peuple, le discours malin, enjôleur et manipulateur ; face aux initiés, la vérité des intentions. 

Pour conclure, on ne peut évidemment pas effacer un demi-siècle de remplacement de ce qui fut autrefois les valeurs des Français par les "valeurs" spectaculaires et marchandes de nos "amis" américains, mais qu'on y réfléchisse bien : cette transformation a été obtenue en prenant son temps, par la douceur et sans violence, avec le consentement parfois enthousiaste des Français, à commencer par leurs élites. Pourquoi la même patience, la même douceur et la même non-violence n'obtiendraient-elles pas le même résultat, mais cette fois en faveur de l'islam ?

Pendant que toute l'opinion publique et toute la vigilance officielle et officieuse (D.G.S.I.) ont les yeux et les micros braqués sur les événements sanglants, d'autres activistes mènent une offensive d'autant plus subtile, discrète et silencieuse qu'elle est souriante et pacifique. Je dirais presque que les attentats, vus de cette manière, font office de diversions (que les victimes veuillent bien pardonner cette audace de langage) par rapport à l'objectif final.

Il faudrait que les hautes autorités politiques et les pouvoirs municipaux des communes concernées réfléchissent à leur lourde responsabilité dans les progrès accomplis par l'islam "normal" sur le territoire français. Oui, je sais : "il faudrait", ... Mais ne sont-ils pas trop lâches pour cela ? Que ne ferait-on pas pour garder son fauteuil ?

Je récuse quant à moi la différence que certaines bonnes âmes s'obstinent à faire en "islamique" et "islamiste". C'est une question de civilisation. 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Pour ceux qui voudraient savoir un peu mieux à quel adversaire ils ont à faire, je conseille la lecture d'un livre tout à la fois délicieux à la lecture et redoutable à la réflexion, qui permet de pénétrer dans une certaine mesure dans ce qui fait l'esprit de la civilisation des Arabes. Ce livre, c'est Le Livre des Ruses, collection d'anecdotes plus ou moins conséquentes, mais toujours spirituelles, une collection qui aide à comprendre pourquoi les Arabes (les musulmans ?) ont longtemps été considérés en Occident comme des êtres fourbes et sans parole.

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J'ai longtemps tiré de la lecture de ce livre la conviction que si l'Occident médiéval se méfiait de la lettre, il accordait un grand prix à la parole donnée et que, inversement, les Arabes utilisaient les subtilités du verbe pour tromper l'ennemi, ce qui revient à prendre l'adversaire à son propre piège : ce n'est pas mentir que de prononcer des paroles subtiles qui bernent l'attention d'un autrui trop confiant dans une hypothétique similitude des façons de penser, pour mieux pouvoir lui renvoyer, s'il proteste contre la mauvaise foi de la personne, l'exactitude des paroles prononcées.

Et ce n'est qu'une des milles facettes de cet art du langage développé au fil des pages de cet ouvrage tout à fait étonnant. La différence des civilisations arabe et européenne me semble résider là, au creux de la parole : chez nous la ligne droite de la parole donnée (oui, je sais, "les écrits restent" etc., mais), qui fait apparaître comme une félonie la moindre infraction à la loyauté ; chez eux l'admiration qui s'adresse à celui qui, à force d'habileté et de subtilité langagière, a réussi à embrouiller la raison de l'homme à circonvenir.

***

Il faut les voir s'embrasser, se congratuler, sauter de joie, les moukères de Grenoble, à l'annonce de la décision qui autorise (en termes alambiqués) le burkini comme tenue pour les ébats aquatiques en territoire municipal. « ON A GAGNÉ !!! », ont-elles triomphé. Et maintenant qu'elles ont gagné à Grenoble, les associations d'activistes musulmans comptent bien ne pas s'arrêter là, et faire tout ce qui est en leur possible pour accrocher de plus gros gibiers à leur tableau de chasse. L'objectif ? Très simple : grignoter, mètre après mètre, le terrain occupé par l'adversaire en se servant des moyens mêmes offerts par ce dernier. Leur horizon ? Faire avancer, mètre après mètre, la cause de l'islam sur des terres qui ne sont presque plus chrétiennes jusqu'à occuper tout le terrain (ajouté le 19 mai).

mardi, 10 janvier 2017

LA GAUCHE COSMÉTIQUE 2

2/3 – Le progrès sociétal.

Alors en quoi au juste consiste-t-il, ce « progrès sociétal » ? Une fois admise par les autoproclamés « ennemis de la finance » la primauté de l’argent comme valeur, une fois qu’on s’est délesté de la lourde et fastidieuse tâche de travailler à améliorer les conditions de la vie réelle des hommes, qu’est-ce qui reste à changer, qui puisse passer pour un « progrès » ? Eh bien puisqu’on a renoncé à changer les choses, peut-être pourrait-on proposer aux gens de changer les signes des choses, qu’est-ce que vous en dites, les gars ?

Moins risqué, plus facile à manier, ça aura l’avantage de faire un beau rideau de fumée qui masquera toutes les régressions et dégradations que ceux d’en face ont bien l’intention de faire subir à la réalité. Entre parenthèses, la conversion de la petite gauche à l'univers des signes plutôt qu'à celui des choses concrètes lui a permis de tourner carrément le dos à cette réalité dégradée et dégradante, lorsque l'économie financiarisée a trouvé plus juteux de vendre l'industrie française à la Chine et à quelques autres pour accroître les profits en faisant passer les salaires des travailleurs de la colonne "investissements" à la colonne "coûts".

C'était quoi le raisonnement de la gauche-croupion ?  En substance : on va délaisser l’action sur les choses. Place au discours sur les choses. Par exemple les « conquêtes sociales », on commencera par les renommer « avantages acquis » et, après maturation, on dira « privilèges ». Nous allons devenir une gauche de langage, une gauche de symboles, une gauche de l’abstraction républicaine. La grande euphémisation à laquelle nous allons procéder permettra de présenter les nécessaires mesures prises pour adapter l'économie à la compétition mondiale sous un jour plus souriant : un « licenciement collectif » deviendra un « plan social ». Si ça ne suffit pas, on ira jusqu'au « plan de restructuration ». La pilule amère paraîtra douce. Et d'autant plus douce qu'elle apparaîtra nécessaire.

Une gauche ainsi débarrassée du réel, et ne s’occupant plus de lui mais exclusivement de ses représentations. Une gauche enfin débarrassée de la classe ouvrière, comme le recommandait la fondation Terra Nova affiliée au Parti Socialiste. C’est ainsi que huit millions de pauvres dans la France d’aujourd’hui ne constituent plus un scandale dans sa doctrine, mais une « dure réalité ».

Si la gauche n’avait pas opéré ce retournement, elle aurait d'ailleurs très vite cessé de gouverner. On a vu Mitterrand se convertir, peu après 1981 (1983). On appelle ça le « tournant de la rigueur » (vous savez, TINA : « There Is No Alternative »). Il faut dire que la droite, quasiment putschiste dès le 11 mai 81 (« Maman, il m’a volé le pouvoir ! », pleurait Giscard qui, en quittant l’Elysée, l’avait vidé pour se venger de tout ce qui aurait pu être utile à son successeur : bravo pour le "sens de l'Etat" !), après un pilonnage en règle à l’artillerie lourde contre la légitimité républicaine de l'élection de Mitterrand, – la droite a eu la peau du programme, qui était en fait une liste un peu naïve d’idéaux et de cadeaux, limite clientélisme (c'est qu'il y avait les promesses des « 110 propositions »), plaqués sur une réalité pathologiquement rétive à la redistribution des richesses. La « revanche » du peuple a tourné court.

Cette gauche « de gouvernement » (c’est-à-dire « consciente des réalités économiques ») a dès lors pu claironner qu’elle « s’engageait dans la voie des réformes ». Oh attention, pas n’importe lesquelles : le clan ultralibéral a fait en sorte qu’elles aillent pour beaucoup dans le sens de l’ultralibéralisation de l’économie. Par exemple, Jospin a participé activement au dépouillement de l’Etat, en privatisant davantage en cinq ans que Balladur et Villepin réunis (quoique le coup des autoroutes soit dû à ce dernier, vous savez, ce coup qui a instauré le racket officiel sur les automobilistes). La « loi Travail », qui a permis à Hollande et Valls d’exprimer tout leur mépris pour la fonction parlementaire, étant la dernière en date des preuves de bonne volonté des « socialistes » à l’égard du capital.

En échange, la « gauche » symbolique a eu les mains (presque) libres pour agir à sa guise dans le bazar des symboles, c’est-à-dire pour mener à bien son programme de réformes sociétales, celles qui répondaient à des revendications issues de segments de la société qui se plaignaient d’être « injustement méprisés, marginalisés, stigmatisés ». Pour cela, elle a commencé par reléguer dans un grenier soigneusement verrouillé (dont elle s'est dépêchée de perdre la clé) tout le travail sur l'amélioration des conditions de vie concrètes du plus grand nombre, et s'est mise à brandir un imparable et tout-puissant « sésame ouvre-toi ! » en la personne morale nommée « Egalité », qu’elle a mise à toutes les sauces, et envoyée au feu pour faire taire les voix venues d’autres segments, ceux où l’on n’était pas d’accord. On est passé de la lutte dans la réalité à la lutte "morale". 

La gauche esthétique et symbolique a été assez habile et manipulatrice pour ériger l’ « Egalité » en idéologie, en évidence tellement indiscutable qu’elle n’est discutée par personne, sauf des négateurs et mauvais coucheurs, forcément de mauvaise foi, mais qu’il sera heureusement facile de renvoyer dans les ténèbres, en leur taillant le costume infamant du « réactionnaire », du « rétrograde », du « facho », du « macho », du « raciste » suivant le contexte (autres étiquettes disponibles : se renseigner en magasin).

Abandonnant la lutte pour une plus juste redistribution des richesses, désertant le champ de bataille de la lutte pour de meilleures conditions de la vie matérielle, fuyant à toutes jambes la problématique de la lutte contre les inégalités économiques, la gauche cosmétique a fait la prouesse de mettre le mot "égalité" au pluriel, et assuré la promotion d' « égalités » particulières, en compartimentant la société et en laissant plusieurs « Minorités » (avec majuscule de majesté) venir sur le devant de la scène et se présenter en « victimes » méritant « réparation ».

Avec pour effet secondaire de dresser les Français les uns contre les autres, comme on a pu le voir à plusieurs reprises au cours du quinquennat qui s'achève (l' « ABCD de l'égalité» de madame Vallaud-Belkacem, « mariage des homosexuels » de madame Taubira, « parité obligatoire homme-femme » aux élections, qui a joué aux femmes le bon tour de les obliger à se porter candidates). Ces « égalités particulières » qui escamotaient miraculeusement la lutte contre les inégalités sont donc à la base de mesures opérant des choix de société forcément « progressistes et émancipateurs ».

Cette gauche moralisatrice, cette gauche artificielle, cette gauche aux mains coupées, cette gauche bavarde, discoureuse, bla-blateuse, réduite aux paroles verbales, et dont les seules actions consistent à chambouler l'ordre symbolique, cette gauche est juste une infamie.

Sauf que ce n'est pas une gauche.

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 16 avril 2015

ENNEMIS PUBLICS 3 (MH et BH)

3/4 

2008 ENNEMIS PUBLICS.jpgBon, maintenant que j’ai bien répandu mon fumier, qu’est-ce qui reste des propos que BHL tient à son correspondant ? Je suis obligé de le dire : de mon point de vue, pas grand-chose. Quelques vagues accès de sincérité, mmoui, peut-être. Quant à soutenir qu'« il y a eu un vrai travail de parole » (p. 306) et que « Le parti adverse, le mien, va peut-être en profiter, foncer dans la brèche que j'ai ouverte et voir dans ces aveux la confirmation de ses pires suspicions » (p. 313), on n'y est pas du tout. Mais, monsieur Lévy, soyons sérieux : quel travail de parole ? quelle brèche ? quels aveux (pour les aveux, voir la conclusion du billet d'hier) ? 

Beaucoup de vantardises fiérotes, ça c’est sûr. Que ce soit dans le café voisin (le Twickenham) de l’éditeur Grasset (où il a son bureau de directeur littéraire, j’imagine) ou à propos du village d’Esbly, il faut que nul n’en ignore : BHL aura été un homme "couvert de femmes". Cette fois ce n’est plus Sartre ou Malraux (quoique …), c’est carrément Chateaubriand : il lui suffit d’apparaître pour qu’elles lui tombent dessous (je suis assez content de la formule, servez-vous). 

C’est MH qui cite le nom de la commune où les parents de BH avaient une maison, revendue à cause de la « cancérisation » par Disneyland. Réaction de BH : « Mon Dieu, Esbly ! ». Aussi sec, je vous jure que c'est vrai, il nous fait le coup de la madeleine (sur l'air de "J'avais totalement oublié", "Mon dieu quelle émotion !") !

Et c'est parti pour nous tartiner l’histoire de l’épouse-caissière du boucher surnommé « le cocu », cette femme qui payait de sa personne dans l’initiation sexuelle des jeunes mâles du coin. « Mon prince, on a les dames du temps jadis qu'on peut » (Georges Brassens). Pourquoi pas, après tout, la bouchère d'Esbly ? D'autant que Houellebecq réplique finement, dans la lettre qui suit, que c'est BHL lui-même qui a parlé de la commune dans un de ses livres. Simplement, il avait "oublié". 

Houellebecq est peut-être moins intelligent que BHL, mais il n’est pas le moins subtil des deux. Il raisonne peut-être de façon plus "stratégique" que le philosophe. Il y a un côté « américain » chez BHL, je veux dire « banque de données », je-collecte-tout-on-triera-après (le syndrome NSA, "grandes oreilles", etc.), qui est à peu près absent de l’univers houellebecquien. Houellebecq voit venir de loin. Bernard-Henri Lévy a du mal à voir le monde tel qu’il est, je veux dire à le comprendre : son personnage, qui remplit son paysage, fait écran. 

Si l'épisode du "Journal intime" qu'il tient et de sa peur qu'il finisse sur les rayons de l'IMEC (archives de l'édition contemporaine) vire au comique, je suppose que c'est involontairement. Ça commence p. 310, « au bar de l'hôtel Excelsior, à Venise, avec Olivier Corpet, le patron de l'IMEC ». Ça ne pouvait évidemment pas se situer à l'hôtel de la Gare de Gleux-les-Lure, la bourgade qui vit naître le sapeur Camember, un inoubliable 29 février. Ah, Venise !...

Quand Corpet lui soutient que, quelque précaution qu'il prenne, testamentaire ou autre, son Journal atterrira tôt ou tard dans ses collections, il va passer un temps fou « à fabriquer une usine à gaz, à mon avis unique en son genre » pour s'assurer "ante mortem" qu'il n'en sera rien. Et pourquoi tout ce cirque ? Parce que ce Journal « mirifique », « de vingt et quelques mille pages », pas moins, est « plein de secrets plus explosifs les uns que les autres » !! Farpaitement ! On s'en doutait un peu, BH, que ton importance intrinsèque t'a introduit dans le secret des dieux, et que tu te retiens de tout dire, parce que sans ça !

Pour ce qui est du style, je ne sais pas si c’est à Chateaubriand qu’il faut penser, j’ai du mal à faire le lien. Monsieur Lévy écrit par exemple : « … quand on a été ces jeunes gens orageux, frères en apocalypse et en pyromanie … » (p. 279). Désolé, cette enflure verbale me fait penser à Eloge des voleurs de feu, d’un certain Dominique de Villepin. Le lyrisme est souvent ridicule. Sinon, il est volontiers grotesque.

Désolé, ça n’a tout de même pas la gueule de « Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René sur les rivages d’une autre vie … ». Je m'étonne presque que BHL n'ait pas senti « le vent sifflant dans [sa] chevelure », qu'il a pourtant abondante (peut-être à dessein ?). N'est pas Chateaubriand qui veut. J’ai constamment l’impression qu’ « il se la joue ». BHL mauvais imitateur. Peut-être parce qu'il rêve d'imiter tous les grands noms de la littérature et de la philosophie (sans compter les autres) ?

Sa plume sème aussi, ici ou là, des citations cachées, réservées sans doute à l'élite des initiés. Ainsi, p. 243 : « … le jour où on verra clair dans leur communauté inavouable, … » (un titre du très classieux, très chic et très « fashion » Maurice Blanchot) et, juste en dessous : « … des mouchards, des charognards plaqués sur du vivant … » (réminiscence assez niaise d'Henri Bergson, dans Le Rire). 

Pour avoir besoin, à tout moment, de s’en référer à des autorités, on se demande finalement si BHL, le "philosophe" autoproclamé, arrive seulement à la cheville de ceux qui inventent des concepts ou des catégories de la pensée, ceux qu'on appelle, pour le coup, des philosophes. Tout compte fait, il ne semble pas. Il s’est beaucoup démené, il a beaucoup fait, mais qu'a-t-il fait bien ? Il fut peut-être un élève brillantissime, tant mieux pour lui, mais il faut un jour cesser d'être "scolaire". Un jour, il faut choisir, mais choisir, c'est éliminer.

Il frise parfois l’odieux. On trouve par exemple, p. 223 : « Je pense à tous les anonymes qui m’écrivent quand mes livres paraissent, ou que je passe à la radio et à la télé … ». Je ne sais pas vous, mais moi, il y a un mot qui ne passe pas. Le même mot écœurant que les journalistes emploient dans les événements dramatiques, les grands enterrements : c’est le mot « anonymes ». Mais si, ça vous dit sûrement quelque chose, « la foule des anonymes ». Ho BH, tu sais ce qu’il te dit, l’ « anonyme » ? Anonyme mon c..., dirait Zazie ! Moi, je serais plus grossier.

Alors au tour de Houellebecq, à présent. Je crois bien que c’est lui qui déclare : « Nous avons les mêmes ennemis ». Oui, c’est bien possible. Mais, cher monsieur Houellebecq, avec une différence de taille, me semble-t-il : pas pour les mêmes raisons. Je dirais même : pour des raisons opposées. Si BHL a joué les phalènes pour se placer dans la lumière des projecteurs, s’il a fait exprès pourrait-on dire, Houellebecq n’a pas cherché les feux de la rampe : ce sont ses livres, à commencer par le premier, Extension …, qui ont produit l’effet qu’on connaît (sans parler des Particules élémentaires). Ça lui est tombé dessus. C'est du moins ce que je suis enclin à croire.

On me dira qu’il s’est vite habitué. Sans doute, il n'a pas refusé. Je note cependant que son succès et le scandale qui est allé avec n’ont pas dévié d’un centimètre la trajectoire qu’il a imprimée dès le départ à sa production romanesque. Je reste persuadé qu’avant publication de son premier roman, il n’avait pas prévu qu’il déclencherait le schproum qui accompagne désormais chaque parution, et qu'il a alors pris en pleine figure. Ça ne lui a sans doute pas fait de bien, comme s'en inquiète Sollers, cité dans le livre de Dominique Noguez (cf. 3-4 avril).

Cela n’empêche pas Houellebecq de tomber dans la complaisance : « Tout ça pour vous dire, cher Bernard-Henri, que je n’ai aucun mal à vous croire quand vous me dites n’avoir nullement prémédité votre célébrité. J’y ai d’autant moins de mal que je n’ai pour ma part à peu près rien prémédité de ma vie (ou, plus exactement, que tout ce que j’ai prémédité a échoué) » (p. 269). J’espère pour lui qu’il fait semblant. Autant je crois à peu près à la sincérité de MH, autant je doute de celle de BH, que je crois constamment et résolument insincère. On me dira sûrement que je suis de parti pris. Ce n’est pas tout à fait impossible, mais. 

Voilà ce que je dis, moi. 

vendredi, 13 avril 2012

L'HUMANITAIRE, SIGNE DE POURRITURE

J’ai déjà, dans des notes pas trop vieilles, abordé le problème des associations humanitaires, dont certaines se font appeler Organisation Non Gouvernementales (O.N.G.), pour en dire un mal que je me suis efforcé de nourrir d’arguments divers. Mais parmi les arguments possibles, il en est un que j’avais oublié, ou plutôt dont je n’avais pas compris qu’il pouvait et devait constituer mon argument en dernier ressort.

 

 

Réfléchissons : créer une association, c’est facile, c’est pas cher et – au moins dans la plupart des cas – ça ne rapporte rien. Mais, en tout état de cause, cela relève de l’initiative PRIVÉE. Et quand je me suis penché  sur cette caractéristique, j’en ai été impressionné. C’est bête, je sais, mais je suis très long à la comprenette. Car en fin de compte, une association, c’est une entreprise privée. Sans but lucratif, en principe. UNE ASSOCIATION EST UNE ENTREPRISE PRIVÉE. Et c’est pas de ma faute, je vous assure.

 

 

L’initiative privée. Franchement, je n’ai rien contre, en soi. Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger. Oui : comment se fait-ce ? Qu’est-ce qui fait que l’initiative individuelle et non rémunérée ait à ce point explosé ? Ait pris tant de place, au point d’occuper, en certaines occasions, les rues et places publiques, les plateaux de télévision, les sorties de supermarchés ?

 

 

Comment se fait-il qu’on ait vu sans sourciller se mettre en place et se pérenniser, croître et embellir les « Restos du cœur », les « Banques alimentaires », « Emmaüs » ? Cela fourmille d’actions généreuses, dans toutes les directions où va le vent. Et tout ça pour quoi ? Pour que triomphe le principe de l’ENTREPRISE PRIVÉE. La « charité » a vaincu la « justice ». Car les gens comme BILL GATES distribuent LEUR argent à LEUR gré. La « charité » est arbitraire. Si PIERRE BERGÉ a lancé et s’occupe du « sidaction », c’est qu’il en a décidé ainsi, et que personne ne saurait le convaincre de faire autre chose.

 

 

L’humanitaire, c’est ça. Et je ne peux m’empêcher de trouver du tragique dans cette situation. Car cela signifie qu’il n’y a plus grand-chose de BIEN à attendre de la puissance PUBLIQUE. Le mouvement actuel, qui voit la prolifération des initiatives généreuses engagées par les « associations » considérées comme des entreprises privées sans but lucratif, montre que ce qu’on a appelé l’ETAT est en train de mourir sous nos yeux.

 

 

L’incroyable pullulement des associations à visée caritative et/ou humanitaire signifie que le monde est en train de procéder à la plus grande PRIVATISATION qui ait jamais eu lieu. Le triomphe de l’humanitaire et du caritatif signe la disparition de ce qui s’est appelé « Etat », « puissance publique », « bien commun ». Et atteste de la PRIVATISATION du monde.

 

 

Quand LIONEL JOSPIN gouvernait la France, entre 1997 et 2002, on a assez dit qu’il avait privatisé davantage à lui tout seul, lui, l’homme « de gauche », qu’ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis. DOMINIQUE DE VILLEPIN a bradé les autoroutes françaises à des entreprises privées.

 

 

L’Education Nationale est en train, inexorablement, de se dissoudre en tant que principal vecteur et promoteur de l’action publique, et l’on voit fleurir les entreprises privées d’enseignement. L’hôpital public, à qui l’on demande de fonctionner selon une logique d’entreprise, est en train de voir croître et embellir, en face de lui, les hôpitaux privés. Les compagnies de sécurité privées deviennent un élément indispensable de nos décors urbains et marchands.

 

 

Des Etats (Madagascar et d’autres) vendent (c’est ce que veut dire un bail de location à 99 ans) leurs terres agricoles à la Chine, l’Inde ou la Corée. Des économistes en sont venus à calculer le montant des services rendus par la Nature (forêts primaires, océans, bientôt peut-être l’air qu’on respire).

 

 

La logique de cet immense mouvement historique de PRIVATISATION du monde est claire : ce qui appartient à une personne privée rapporte plus qu’un bien collectif (voir, dans l’histoire britannique, l’affaire des « enclosures »). Et cette privatisation de TOUT au profit de quelques-uns, la floraison des entreprises humanitaires et caritatives n’en sont qu’un des signes multiples, mais un signe indubitable.

 

 

Parmi les candidats à la présidentielle, seul NICOLAS DUPONT-AIGNAN parle de ça, à travers sa proposition d’abroger la loi de 1973. Mine de rien, cette vieille loi est un des premiers signes de la PRIVATISATION qui gouverne le monde de plus en plus impitoyablement.

 

 

Que dit-elle, cette vieille loi ? Entre autres choses, elle interdit à l’Etat français d’emprunter de l’argent à la Banque de France, et l’oblige à emprunter aux banques privées. L’argument, à l’époque, était une rationalisation de la politique budgétaire de l’Etat.

 

 

Que dit-il, NICOLAS DUPONT-AIGNAN, en proposant d’abroger cette loi ? Que l’Etat français pourrait emprunter de l’argent à 0 %. Au lieu d’engraisser honteusement des banques sur le dos des contribuables. Et de courir à leur secours quand elles se sont elles-mêmes mises dans la panade à force de folie spéculative, et toujours aux dépens des contribuables. Mine de rien, il met le doigt sur l’origine du mal qui nous menace tous : la PRIVATISATION de tout. La confiscation de tout ce qui était collectif.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 06 janvier 2012

HARO SUR LES POPULISTES ! (fin)

Résumé : gare aux populistes, c’est SARKOZY qui vous le dit.

 

 

 

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Rien de tel que « les populismes » (vous ne trouvez pas ça drôle, que les politicloches « convenables » en parlent toujours au pluriel ?) pour faire reluire le rôle de ces premiers de la classe qui nous gouvernent, et qui ont appris à « monter des dossiers » et « monter des projets » dans des écoles spécialisées.

 

 

Dans d’autres écoles spécialisées, on les a entraînés à mettre la bouche en cœur pour débiter leurs mensonges et à ne jamais s’énerver contre un « adversaire » (ou soi-disant tel) sur un plateau de télévision. On leur a dit que « le premier qui s’énerve a perdu » (sous-entendu : perdu tout crédit dans l’opinion des spectateurs, et ça c’est mauvais lors des élections). Ce sont leurs « conseillers en com. » qui leur ont dit. Alors ils se contrôlent.

 

 

D’ailleurs, ils n’ont pas de mal à se contrôler, puisque, il n’y a pas si longtemps, ils étaient assis sur les mêmes bancs de l’E. N. A. Ils sont même à « tu » et à « toi » depuis de si longues années que les escarmouches feutrées auxquelles ils font semblant de se livrer avec leurs complices-adversaires pour faire croire que « tu » est à droite et « toi » à gauche, est un spectacle dont la routine a désormais du mal à faire oublier le feutre dans lequel elles sont emballées.

 

 

Je rappelle que DOMINIQUE DE VILLEPIN, en pleine Assemblée, quand il insulte FRANÇOIS HOLLANDE en l’accusant de « lâcheté », à la première suspension de séance, tous deux se retrouvent à la buvette, bien contents du spectacle qu’ils ont donné au bon peuple. Rien de tel qu’une minute « va-de-la-gueule » pour établir dans l’esprit des populations, d’une part la réalité de l’ « affrontement », et d’autre part la force des « convictions ».

 

 

Mais ils ont malgré tout de plus en plus de mal à faire tenir le masque. Et s’ils arrivent, en s’y mettant à tous, à rassembler un gros tiers de gens qui « y croient » encore (ça veut dire qui vont voter, 56 % d’abstention aux dernières cantonales, plus les blancs et nuls), c’est tout simplement parce qu’il y a beaucoup trop de gens qui regardent la télévision.

 

 

Si on collait aux politicruches l’interdiction de cumuler deux fonctions électives et de renouveler un mandat électif plus d’une fois, en y ajoutant l’obligation du décompte des bulletins blancs comme suffrages exprimés, c’est-à-dire si on vivait dans un régime démocratique, là ils commenceraient à avoir la pétoche, ils commenceraient à ouvrir l’œil et l’oreille sur ce qui se passe dans le monde et dans la population, les politicrottes.

 

 

Mais pour en arriver là, il faut changer la loi. Pour changer la loi, il faut se faire élire au sein d’une majorité. Pour cela, il faut suivre la voie parlementaire, respecter les échelons institutionnels, exécuter les procédures démocratiques. C’est exactement l’histoire de l’œuf et de la poule : si tu veux démocratiser le système, il faut entrer dans le système. Pour entrer dans le système, il faut en accepter les règles. Or, etc.… On n’en sort pas.

 

 

Je n’ai même pas parlé de la façon dont la vie politique est organisée en France. Et je suis obligé de reconnaître que Madame LE PEN touche assez juste en parlant de l’U.M.P.S. (U.M.P. + P.S.). Deux partis trustent les pouvoirs, bien constitués en une seule et unique mafia bien décidée à empêcher les gêneurs d’intervenir dans leurs petits jeux.

 

 

Vous savez ce qui me plairait, le soir du premier tour, et qui me ferait rigoler ? Arrivent en tête Madame LE PEN et FRANÇOIS BAYROU. Je sais, je sais, ça ne change rien au problème de fond de la pauvreté en hommes du personnel politicoq, et par conséquent de sa médiocrité. Mais un bon coup de pied dans la fourmilière U.M.P.S., rien que ça serait jubilatoire.

 

 

En attendant ce drôle de moment drôle, qu’est-ce que c’est, Madame LE PEN ? Qu’est-ce que c’est, JEAN-LUC MELANCHON ? Des repoussoirs. Des épouvantails. Et le mécanisme est d’une simplicité monacale : plus l’épouvantail épouvantera, plus le repoussoir repoussera, plus les FILLON, COPÉ et consorts seront forts. A la limite, les « populistes » ne font pas encore assez peur pour que les autres en face dorment sur leurs deux oreilles en attendant la prochaine élection.

 

 

JEAN-MARIE LE PEN était un autre carnassier, qui avait prouvé son pouvoir de nuisance. La seule chose qui me fasse peur, avec fifille à papa, c’est le gros bras et le front bas qui, caché derrière le rideau, est prêt à sortir au coup de sifflet. La chroniqueuse de France Inter, SOPHIA ARAM, a eu récemment un aperçu de ce à quoi on peut s’attendre. Je me dis, et je ne suis pas sûr que ça me rassure, que ceux d’en face en ont autant à leur service, en cas de besoin.

 

 

En attendant, les populistes sont soigneusement montés en épingle pour servir d’épouvantails et de repoussoirs. Mais je vais vous dire, des populistes comme ça, le 6 février 1934, droite et gauche officielles en auraient rêvé. Tranquilles, les populistes, aujourd’hui, les pieds dans les pantoufles à regarder la télé. C’est bien simple, ce sont des populistes virtuels, qui gueulent peut-être un peu dans quelques meetings, mais qui se contentent de gueuler : « Qu’est-ce qu’on va leur mettre, aux prochaines élections ! ».  Le comble du paradoxe.

 

 

Des vrais populistes, pas des pour-de-rire, vous auriez vu ce qu’ils en auraient fait, des trois millions de manifestants qui battaient le pavé contre la réforme des retraites ! Si de vrais populistes les avaient pris en main, vous croyez que les préfectures et les commissariats auraient pu résister ? Dans « populisme », j’entends forcément l’usage de la force, de la violence. Chaque manifestant est un projectile en puissance.

 

 

Là, qu’est-ce qu’on voit ? Les 5 % annoncés de MELANCHON, les 20 % espérés par MARINE LE PEN, ils attendent sagement l’arme au pied que le jour de l’élection soit arrivé. Franchement, les enfants, arrêtez de vous faire peur !

 

 

Les populistes d’aujourd’hui, ils sont virtuels, comme tout ce qui passe par la télé pour se faire connaître et pour balancer sa propagande. Ils sont aussi neutralisés que tous les autres, du seul fait qu’avant d’entrer sur le plateau, ils passent chez la maquilleuse. Le populisme aujourd’hui, c’est un populisme de média. Le général BOULANGER, en son temps, il n’était pas dans le médiat, mais dans l’immédiat. La foule était prête à suivre. Et s’il a cané au moment fatidique, c’est de son propre écroulement.

 

 

Aujourd’hui, quand la foule est dans la rue à gueuler, les chiens de garde syndicaux sont là pour empêcher tout « débordement ». Tout est « médiatisé » au moyen de deux artefacts : la télé est le plus connu. L’autre est l’urne électorale. La télé, c’est pour tout mouliner en discours et en image, c’est-à-dire en spectacle. L’urne, c’est pour que l’électeur ait l’impression d’être un acteur.  Il y a un troisième média : le syndicat, qui fait semblant de monter à ébullition pour mieux faire retomber la pression.

 

 

Vous verrez ce qui se passera, le jour où le citoyen retrouvera au fond de sa mémoire le souvenir de ce que c’est vraiment, l’action politique.

 

 

En attendant, il faut se contenter des simulacres.

 

 

Pourquoi croyez-vous qu’il n’y a plus d’action politique ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.