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mardi, 24 mai 2022

L'EUROPE RÉPUGNANTE ...

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... LES BELLES HISTOIRES DE TONTON JANCO.

... OU : LA MÉTHODE DU FANATISME ULTRALIBÉRAL.

Petit récit édifiant en images, ou : comment la France a laissé casser en mille morceaux tout son service public par des crânes d'œufs bourrés de théories exaltant l'économie marchande, le libre-échange et tout l'attirail des fétiches de la morale protestante. Anglo-saxonne au surplus. Comment la France a capitulé en rase campagne, abandonnant tout ce qui faisait son originalité.

Avertissement : Je me suis efforcé d'améliorer la lisibilité du texte. Je crois même avoir ajouté quelques bribes exogènes ; mes excuses aux auteurs Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. 

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Le monstre EDF qui, dans les plans établis par les traités européens au bas desquels la France a très constamment — et quels qu'aient été les gouvernements — apposé sa signature, doit disparaître, tout comme, en des temps très reculés, les dinosaures, élasmosaures et autres tyrannosaures — vous savez, ceux qui ne devaient pas être sauvés, parce qu'ils étaient trop gros, trop laids, ou trop archaïques pour entrer dans l'arche de Noé. 

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Barrages, centrales thermiques, centrales nucléaires, lignes haute tension. Jean-Marc Jancovici ajoute le petit commentaire suivant, assez éclairant, je trouve.

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Dans le même sac, figuraient aussi les PTT, la SNCF, etc. Le Français moyen se moquait gentiment de ces fonctionnaires "à statuts" et de leur "Petit Travail Tranquille", tout en rêvant d'y placer le neveu un peu feignant parce que je connais un mec qui connaît machin qui a la clé des embauches. Mais on appréciait le cœur qu'ils mettaient à l'ouvrage quand il le fallait, la sûreté offerte par le service public et la présence active des personnels et des services de l'Etat jusque dans les communes les plus reculées du territoire, au nom du principe d'Egalité.

Aujourd'hui, s'agissant de la SNCF, on rage quand un train n'arrive pas à l'heure, faute d'un entretien suffisant des infrastructures (on a fait de celles-ci et du matériel roulant deux sociétés distinctes, dont la première, RFF, boit la tasse financièrement, ayant récupéré toutes les dettes). Et on se dit : qu'il était doux, le temps de la tarification au kilomètre, que des crânes d'œufs ont cru bon de remplacer par une jungle tarifaire où même les spécialistes perdent le Nord.

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Car tout d'un coup, a surgi LE CRÂNE D'ŒUF, créature infernale qui n'approche la réalité humaine, vivante et concrète que par le truchement protecteur de dossiers administratifs, notes de synthèse, bilans comptables, budgets prévisionnels, données chiffrées, abstractions ésotériques, modèles mathématiques, algorithmes secrets et concepts méthodologiques. En gros, tout ce qui hurle sa haine de la France que j'aime, de la France dont je me souviens.

Le crâne d'œuf est bourré de convictions, d'idoles et de certitudes. Ce crâne d'œuf-là est convaincu des mérites de la concurrence (libre et non faussée, précisent tous les traités signés), des vertus du libre-échange et de la valeur de la dérégulation totale des marchés : rien, absolument rien ne doit venir entraver les transactions entre acheteurs et vendeurs, entre producteurs et consommateurs, bref, entre marchands et marchands.

Traduction : rien ne doit faire obstacle au désir de ceux qui, ayant beaucoup d'argent, ont bien envie que celui-ci ait une descendance encore beaucoup plus riche. Tous les biens, tous les capitaux, tous les services et, à la limite, tout ce qui est humain, doivent être considérés comme des marchandises et, comme tels, être privatisés. Rien ne doit s'opposer aux conquêtes de la loi du profit.

Dans ce système, l'optimisation fiscale n'est pas un vice coupable de fraude, mais une preuve d'intelligence économique. Dans ce système, la recherche de la rentabilité maximum (jusqu'à 12 ou 15 % par an !!!) des investissements est une vertu qui encourage le processus de « destruction créatrice » cher à Joseph Schumpeter, David Ricardo, Friedrich Hayek, Milton Friedman, Jean-Baptiste Say et quelques autres, auxquels il convient d'ajouter quelques lauréats du soi-disant prix Nobel d'économie (en réalité prix de la banque de Suède), tous grands bienfaiteurs de l'économie capitaliste.

Dans ce système, la finalité première ou mieux, disons-le, LA SEULE FINALITÉ de toute l'activité économique, c'est l'actionnaire,

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pardon : l'investisseur, au premier rang desquels figurent aujourd'hui les tout-puissants fonds de pension (hedge funds, fonds spéculatifs, fonds vautours ...). Dans ce système, il faut savoir que, au nom de la fluidité des affaires, tout est permis à l'investisseur. L'actionnaire a tous les pouvoirs. L'actionnaire a tous les droits.

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Sauf que, dans le cas de la France, le monopole était la garantie de ce que les Français ont en commun : le Bien Public. Le Bien Commun si vous voulez, vous savez cette expression-baudruche que, au même titre que Refaire-Société ou le Vivre-Ensemble et quelques autres, tout politicien français normalement conformé se doit d'inscrire à son vocabulaire, et dont il a plein la bouche en période électorale.

Les monopoles d'Etat (EDF, PTT, SNCF, etc.) étaient, certes, un particularisme propre à la France, étonnant et même inacceptable dans le monde ultralibéral qui s'annonçait mais, d'une part, comme dit Jancovici, c'était un héritage du gaullisme et du Conseil National de la Résistance, et d'autre part, cela formait le support puissant de ce que j'appellerai ici l'identité française. Cela a fait que, aussi longtemps que ces monopoles ont été considérés comme des institutions, la France s'est tenue droite.

A partir du moment où leur légitimité a été contestée au sein même de l'Etat (par des hauts fonctionnaires fraîchement émoulus de l'ENA, puis par les personnels dirigeants eux-mêmes), qu'ils ont été considérés comme des entreprises à soumettre au droit commun (européen), et que l'usager s'est métamorphosé en client, la France a courbé l'échine. Ceci pour mesurer l'importance et la gravité des conséquences de l'engagement de la France dans la voie d'une Europe voulue et conçue comme un espace purement et simplement marchand (Schuman, Monnet, Delors, ...). 

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A partir de là, si je conserve mot pour mot le contenu des bulles, j'ajoute à la vignette une légende en en-tête, censée expliciter (lourdement) l'intention des auteurs. Mes excuses réitérées à eux et à leur travail impeccable.

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Je trouve très pédagogique ce petit scénario vite fait sur le gaz (au moins en apparence).

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La conclusion que je tire de cette petite histoire, elle est simple. Il semblerait que la France soit la seule, ou presque, après la deuxième guerre mondiale, à avoir développé des services publics sur le même modèle que son E.D.F.

Si cette assertion est exacte, en signant les traités européens successifs, la France est la seule à avoir vu bouleverser de fond en comble les structures fonctionnelles sur lesquelles elle était presque tout entière bâtie. Si c'est vrai, j'en tire la conclusion que, au motif que c'était la construction européenne qui était en jeu, la France est la seule à avoir accepté de laisser détruire ce qui faisait sa force, qui n'était pas négligeable. De se laisser démembrer, dépecer, morceler, charcuter et, au bout du compte, nier dans son être.

La question que je me pose alors est de savoir si toutes les grosses têtes que la France a envoyées à Bruxelles signer les traités successifs avaient conscience des conséquences telles qu'on les a vues se produire et qui se produisent encore jour après jour : le démantèlement méticuleux, la Grande Privatisation de Tout et, en fin de parcours, la disparition de tous ses services publics.

S'ils savaient ce qui devait découler à long terme des modalités inscrites dans les textes qu'ils ont entérinés, Robert Schuman et Jean Monnet, et après eux Jacques Delors (et avec eux toutes les constellations de juristes, fonctionnaires et autres colonies de papillons qui ont gravité autour) doivent être considérés comme de bien grands criminels. ou, à tout le moins, comme de détestables malfaiteurs.

Car la France qu'ils ont façonnée n'a plus grand-chose à voir avec la France qui les a eux-mêmes fabriqués, et dont il reste forcément de moins en moins de traces et de souvenirs, excepté dans la mémoire de quelques-uns, vieillissants et de plus en plus inoffensifs. Une question subsidiaire me taraude : si l'on peut parler de "Grand Remplacement" (voir mon billet du 26 mars), n'en a-t-on pas là un autre exemplaire, et magnifique, et autrement grave ?

Car cela en dit long sur leur façon de regarder la France non comme une nation, non comme une patrie, non comme un Etat souverain, mais comme la victime oblative de la "construction européenne". Si mon raisonnement tient à peu près la route (j'espère), la France doit être considérée comme le pays qui a donné le plus aux autres, et le pays qui a le plus perdu au change.

Schuman, Monnet, Delors, tels que les décrit Le Choix du chômage, la B.D. scénarisée par Benoît Collombat et mise en images par Damien Cuvillier (voir mes billets des 2 mars et jours suivants), quelle Trinité pour un autre Grand Remplacement dont personne ne parle !!! Si je n'ai pas complètement tort, je n'ai pas tort non plus de considérer cette Europe-là comme absolument répugnante.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 26 mars 2022

PAS DE "GRAND REMPLACEMENT", MAIS ...

... MAIS UN ISLAM CONQUÉRANT, PATIENT, RAMPANT, OBSTINÉ.

1 - Un remplacement a déjà eu lieu.

Je le dis d'entrée de jeu : les gens qui affirment, de façon sincère ou non, redouter le grand remplacement de la population française "de souche" par des hordes venues du Maghreb, d'Afrique noire ou du Proche ou Moyen Orient, se laissent leurrer par des fantasmes ou des mensonges. De toute façon, ma conviction est faite depuis longtemps : la seconde moitié du XXème siècle a déjà vu l'ancienne population française se laisser remplacer, année après année, par ses libérateurs de 1945.

Régis Debray, dans son livre Civilisation (Gallimard, 2017), raconte de façon lumineuse et probante « comment nous sommes devenus américains » (le sous-titre, c'est moi qui souligne). De son côté, Jean-Pierre Le Goff, en racontant dans le détail le quotidien de la France qu'il a connue de 1950 à 1968 (La France d'hier, Stock, 2018), dessine les traits d'un pays que la plupart des Français d'aujourd'hui qualifieraient d'épouvantablement ringarde, obsolète, rétrograde, presque archéologique.

Moyennant quoi, ils refusent d'admettre que la France, si elle garde malgré tout des traces de ce qu'elle fut en d'autres temps, a laissé plus ou moins joyeusement, plus ou moins consciemment, remplacer ses décors, son habitat, sa culture, ses traditions, ses façons d'être et de faire, sa psychologie et jusqu'à son âme, par les innombrables biens matériels et culturels venus des Etats-Unis. La France est devenue une cliente. Certains disent même un protectorat (mais ils exagèrent sûrement). Les Français sont quasiment gallo-américains, diraient Goscinny et Uderzo dans Le Combat des chefs.

Au point que, dès qu'une innovation plus ou moins innovante (je ricane), plus ou moins "historique" (je pouffe), plus ou moins "révolutionnaire" (je me gausse) pointe le bout de l'oreille sur le sol américain, nos chers journalistes, toujours prêts à gober la moindre "nouveauté", saluent avec enthousiasme son prochain débarquement en Normandie, je veux dire sur notre sol, allant même parfois jusqu'à préciser que la France, toujours à la remorque du navire amiral d'outre-Atlantique, n'est-ce pas, est en retard de dix ans sur les Etats-Unis. Au point que personne n'a oublié le cri du cœur de Jean-Marie Colombani paru en éditorial de "une" du journal Le Monde au lendemain du 11 septembre 2001 : « Nous sommes tous Américains ».

Remarquez qu'en 2003, le refus radical de Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'entrer dans la coalition américaine (illégale) pour démolir le régime de Saddam Hussein, tend à prouver que nous n'étions pas si américains que ça. Et les journaux et médias américains ont alors si abondamment craché sur la France que cela a pu réconforter ceux qui avaient un reste de fierté nationale, sans forcément leur ouvrir les yeux sur la réalité ou la profondeur de l' "amitié" que nous portent les Américains.

Malheureusement, c'était juste un sursaut de fierté de la part de quelques attardés du gaullisme. La France vassale a vite repris ses droits. Nicolas Sarkozy (aah, ses footings avec les T-shirts floqués NYPD !) a même réintégré la France dans le commandement de l'OTAN (officine largement dominée par le suzerain américain), et sans contrepartie. En chemise et la corde au cou, pour ainsi dire.

Et tout aussi malheureusement, nous sommes devenus assez Américains pour que j'en veuille énormément à certains Français d'avoir importé des modes de pensée propres aux Etats-Uniens, à commencer par cette arrogance dans l'affirmation de l'identité (les "fiertés" qu'on fait défiler), qui fait d'une petite collection de "minorités" (raciales, sexuelles, religieuses, etc.) des prescripteurs de lois.

Ces minorités n'hésitent pas à calquer benoîtement sur la situation spécifiquement française (données historiques comprises) les problématiques particulières propres aux Américains. Ces minorités haïssent la liberté d'expression quand elle froisse si peu que ce soit l'épiderme de leur sensibilité, au prétexte qu'elles se sentent victimes de l' "oppression majoritaire" et des "stéréotypes" dominants, et ne pensent qu'à une chose : faire taire l'ennemi, et punir, punir, punir. Il faut ensuite être un mouton aveugle et sourd pour continuer à bêler sur le "vivre-ensemble" ou sur le "faire-société".

Bon, tout ça pour dire que le "grand remplacement" est un fait accompli depuis lurette : les Américains, appuyés sur leur "soft power" (cinéma, musique, etc.), ont fait en sorte que la France change de peuple. C'est une chose acquise, il n'y a plus beaucoup d'âme française chez les Français. Le Français d'aujourd'hui se sent très bien dans les oripeaux que lui a vendus l'Amérique, et va même jusqu'à qualifier d' "anti-Américains" tous ceux qui "crachent" dans la soupe.

Ceux qui s'intitulent "français de souche" devraient y réfléchir, car dans le tas des idées importées des USA, il en est une qui pourrait au moins susciter des interrogations : c'est le melting pot, ce "brassage et assimilation d'éléments démographiques divers, en partic. aux Etats-Unis, au XIXème siècle" (Larousse P.L.I. 2002). Pourquoi la France n'aurait-elle pas aussi importé cette magnifique innovation ? Pourquoi la France ne deviendrait-elle pas à son tour un gros tas de chouettes peuplades juxtaposées ? Pourquoi n'adopterait-elle pas pour étendard le drapeau arc-en-ciel des fiertés mondialisées ?

2 - Pas de "Grand Remplacement", mais une offensive opiniâtre et tranquille.

Je ne sais donc pas trop si ces Français de souche, qui pestent parfois violemment et de façon indiscriminée contre l'immigration, ont tort ou raison quand ils hurlent au "grand remplacement". Ce dont je suis sûr, c'est qu'ils devraient prêter davantage d'attention à un phénomène si discret qu'il passe largement au-dessous des radars de la vigilance ordinaire : le combat culturel mené au quotidien par un certain nombre d'activistes musulmans, en particulier des imams, pour se concilier, puis s'approprier l'esprit de tout un tas d'individus peu instruits, peu méfiants ou peu regardants. Car ces activistes sont assez habiles pour éviter de mettre en avant le djihad, la violence ou la guerre aux "croisés" de la chrétienté. On a à faire à des imams souriants et bienveillants : nulle trace d'hostilité déclarée dans leurs paroles et leurs attitudes.

En témoigne un homme qui fut d'abord un réfugié syrien admis sur notre sol. Omar Youssef Souleimane est un poète et un écrivain. Il est né dans une famille rigoureusement salafiste, le père, surtout. Aujourd'hui, il est Français depuis trois mois, et il vient d'écrire Une Chambre en exil (Flammarion). Il était l'invité de Marc Weitzman dans son émission "Signes des temps", sur la chaîne France Culture, dimanche 20 mars, pour en parler un peu. 

Mon intention ici n'est pas de rapporter ses propos dans le détail. Je veux seulement relever quelques idées cruciales qui nous concernent, nous, qui nous sentons avant tout Français, Européens et de culture complexe à dominante chrétienne écrasante, quoique déclinante. Son aventure a commencé en 2012, lorsque, en compagnie d'une vingtaine d'autres "rêveurs" (c'est lui qui le dit), il a manifesté à Damas pour la liberté. Alors que six d'entre eux étaient arrêtés pour subir les traitements qu'on imagine, il a réussi à échapper aux sbires de Bachar al Assad. 

Il raconte qu'il a été sauvé par la poésie, en particulier celle de Paul Eluard, mais aussi par la "vieille" poésie arabe, qui lui inspire cette belle pensée que la langue arabe, qui date de bien avant l'islam (Vème siècle ?), recèle des richesses infiniment plus vastes que la langue du Coran qui, quant à elle, a été figée autour du XIème siècle (ça fait quand même 1.000 ans) en tant que langue sacrée et à ce titre intouchable. Le rigorisme qui s'est alors abattu sur la langue des Arabes a empêché celle-ci d'évoluer avec le temps.

L'interlocuteur de Weitzman se désole alors à l'idée que beaucoup de ceux qui veulent apprendre l'arabe aujourd'hui, ne le font que pour lire le Coran dans le texte. J'ajoute que si le programme des écoles coraniques consiste vraiment à faire apprendre par cœur le texte du Coran, il y a du mouron à se faire sur le niveau de la culture ainsi transmise et sur la future ouverture d'esprit des élèves.

Omar Youssef Souleimane raconte comment, arrivé en tant que réfugié à Bobigny, il a fait la rencontre d'un imam redoutable, non parce qu'il portait un poignard, ni parce qu'il voulait exterminer les maudits "koufars", mais parce qu'il montrait un visage "doux, intelligent, sympathique, intellectuel" (ce sont ses mots). Cette stratégie enveloppante et insinuante lui fait dire que ce genre de personnage est beaucoup plus dangereux pour la France à long terme que n'importe quel djihadiste ou terroriste. Et surtout il sait que ce genre d'imam n'est pas un cas isolé, mais qu'il a tendance à pulluler dans les cités de Seine-Saint-Denis et d'ailleurs, là où les musulmans sont nombreux, et parfois ultra-majoritaires. Il ajoute que ces imams sont bien rémunérés (par l'Arabie saoudite ou la Turquie). Cool Raoul ! A l'aise, Blaise ! Facile Mimile !

Selon lui, ce qui se prépare dans ces "territoires perdus de la République" (titre d'un bouquin bien inspiré), c'est une "France séparée", n'en déplaise à une certaine extrême gauche, prompte à lancer ses glapissements antiracistes dès que quelqu'un tente d'alerter sur les dangers de l'offensive islamique tranquille à l'œuvre depuis quelques décennies. Une extrême-gauche qui sort à tout bout de champ ses refrains, du risque de "récupération par l'extrême droite" à la "discrimination". Selon Souleimane, le voile soi-disant islamique est avant tout un drapeau identitaire, car pour ces imams, aussi étonnant que cela puisse paraître, l'islam est moins une religion qu'une identité : l'identité d'une communauté. Et une communauté fermée sur elle-même.

Le plus terrible dans cette affaire, c'est l'incroyable complicité de certains politiciens français qui, pour de simples raisons électoralistes, se mettent cul et chemise avec ces responsables religieux. Certes des gens qui leur font peur, mais dont ils ont un besoin vital, pour une excellente raison : l'influence décisive que leur parole possède sur la communauté dont ils sont la voix. On voit, dit Souleimane, dans certaines municipalités (Bobigny ?), des imams assister à des réunions avec des édiles qui tiennent par-dessus tout à rester en bons termes avec eux et tremblent à l'idée de se les mettre à dos. Et, continue Omar Youssef Souleimane, la police laisse faire l'imam qui tolère le dealer de drogue, au motif qu'ainsi l'ordre règne. Et le maire se frotte les mains, parce qu'il pense que son mandat suivant est déjà dans la poche. Comprendre : "dans la poche de l'imam", bien sûr.

Bien entendu, quand il est dans son cercle de proches, l'imam ne cache rien de son véritable objectif final : instaurer la charia. Face au bon peuple, le discours malin, enjôleur et manipulateur ; face aux initiés, la vérité des intentions. 

Pour conclure, on ne peut évidemment pas effacer un demi-siècle de remplacement de ce qui fut autrefois les valeurs des Français par les "valeurs" spectaculaires et marchandes de nos "amis" américains, mais qu'on y réfléchisse bien : cette transformation a été obtenue en prenant son temps, par la douceur et sans violence, avec le consentement parfois enthousiaste des Français, à commencer par leurs élites. Pourquoi la même patience, la même douceur et la même non-violence n'obtiendraient-elles pas le même résultat, mais cette fois en faveur de l'islam ?

Pendant que toute l'opinion publique et toute la vigilance officielle et officieuse (D.G.S.I.) ont les yeux et les micros braqués sur les événements sanglants, d'autres activistes mènent une offensive d'autant plus subtile, discrète et silencieuse qu'elle est souriante et pacifique. Je dirais presque que les attentats, vus de cette manière, font office de diversions (que les victimes veuillent bien pardonner cette audace de langage) par rapport à l'objectif final.

Il faudrait que les hautes autorités politiques et les pouvoirs municipaux des communes concernées réfléchissent à leur lourde responsabilité dans les progrès accomplis par l'islam "normal" sur le territoire français. Oui, je sais : "il faudrait", ... Mais ne sont-ils pas trop lâches pour cela ? Que ne ferait-on pas pour garder son fauteuil ?

Je récuse quant à moi la différence que certaines bonnes âmes s'obstinent à faire en "islamique" et "islamiste". C'est une question de civilisation. 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Pour ceux qui voudraient savoir un peu mieux à quel adversaire ils ont à faire, je conseille la lecture d'un livre tout à la fois délicieux à la lecture et redoutable à la réflexion, qui permet de pénétrer dans une certaine mesure dans ce qui fait l'esprit de la civilisation des Arabes. Ce livre, c'est Le Livre des Ruses, collection d'anecdotes plus ou moins conséquentes, mais toujours spirituelles, une collection qui aide à comprendre pourquoi les Arabes (les musulmans ?) ont longtemps été considérés en Occident comme des êtres fourbes et sans parole.

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J'ai longtemps tiré de la lecture de ce livre la conviction que si l'Occident médiéval se méfiait de la lettre, il accordait un grand prix à la parole donnée et que, inversement, les Arabes utilisaient les subtilités du verbe pour tromper l'ennemi, ce qui revient à prendre l'adversaire à son propre piège : ce n'est pas mentir que de prononcer des paroles subtiles qui bernent l'attention d'un autrui trop confiant dans une hypothétique similitude des façons de penser, pour mieux pouvoir lui renvoyer, s'il proteste contre la mauvaise foi de la personne, l'exactitude des paroles prononcées.

Et ce n'est qu'une des milles facettes de cet art du langage développé au fil des pages de cet ouvrage tout à fait étonnant. La différence des civilisations arabe et européenne me semble résider là, au creux de la parole : chez nous la ligne droite de la parole donnée (oui, je sais, "les écrits restent" etc., mais), qui fait apparaître comme une félonie la moindre infraction à la loyauté ; chez eux l'admiration qui s'adresse à celui qui, à force d'habileté et de subtilité langagière, a réussi à embrouiller la raison de l'homme à circonvenir.

***

Il faut les voir s'embrasser, se congratuler, sauter de joie, les moukères de Grenoble, à l'annonce de la décision qui autorise (en termes alambiqués) le burkini comme tenue pour les ébats aquatiques en territoire municipal. « ON A GAGNÉ !!! », ont-elles triomphé. Et maintenant qu'elles ont gagné à Grenoble, les associations d'activistes musulmans comptent bien ne pas s'arrêter là, et faire tout ce qui est en leur possible pour accrocher de plus gros gibiers à leur tableau de chasse. L'objectif ? Très simple : grignoter, mètre après mètre, le terrain occupé par l'adversaire en se servant des moyens mêmes offerts par ce dernier. Leur horizon ? Faire avancer, mètre après mètre, la cause de l'islam sur des terres qui ne sont presque plus chrétiennes jusqu'à occuper tout le terrain (ajouté le 19 mai).