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dimanche, 13 mars 2022

LE "MONDE" ET L'ETAT DE LA GAUCHE

POUR CHANGER LE MONDE, LA GAUCHE DOIT CHANGER DE MONDE.

Le Monde est un journal sérieux. C'est même (c'était ?), paraît-il, LE journal de référence. Nicolas Truong est journaliste au journal Le Monde. C'est donc un journaliste sérieux : c'est lui qu'on envoie au front. Il a publié dans le numéro daté samedi 5 mars une magnifique double page, orné sur la deuxième d'un joli, symbolique et attendrissant dessin de belle surface, et d'une facture excessivement féminine, signé Christelle Enault. 

Nul doute que Nicolas Truong est un bon journaliste, et un journaliste consciencieux. Il se contente ici, modestement, de rendre compte d'un certain nombre de lectures qu'il vient de faire : des ouvrages récents consacrés à des analyses des raisons de la déconfiture de plus en plus flagrante de tout ce qui s'est longtemps appelé la GAUCHE. Il s'efforce de coudre ensemble les propos divers, chatoyants et bigarrés des nombreux experts qui interviennent pour signer le constat de décès et le procès verbal d'autopsie expliquant les causes de la mort, elles-mêmes pleines de bigarrures. On ne s'étonnera donc pas que le tableau d'ensemble que la lecture de cet article procure, ressemble au costume d'un Arlequin gesticulant plutôt qu'à un tailleur Chanel porté par une femme élégante lors d'une soirée chic.

Le journaliste commence par un curieux panorama des tendances qui tiraillent les gens qui se sentent "de gauche" : on se demande d'abord ce que peut bien être un "communisme institutionnel". L' "écologisme" donne lieu à un joli gloubi-boulga, où se mélangent "récit émancipateur" et "réchauffement climatique", et où l'écologie "peine à intégrer les révolutions de la pensée du vivant" : prenez ça dans la figure ! Truong tient à faire une place au "trotskisme", cette amibe qui se prend pour un être vivant chaque fois que se profile une présidentielle. Il achève ce tour de table sur l'improbable mouvance insurrectionnelle : je me demande s'il pense à Julien Coupat (L'Insurrection qui vient) ou aux troupes très mobiles qui viennent aux manifs pour casser du flic et des vitrines et donner au gouvernement un prétexte pour casser du manifestant.

Vient ensuite le plat de résistance : les noms d'auteurs défilent, accompagnés du titre de leur ouvrage ou de leur titre professionnel, voire universitaire. Nicolas Truong sème ses petits cailloux blancs : ici un stéréotype qui ne saurait renier ses origines vasouillardes et benoîtement orientées — "avènement d'une société du commentaire où s'est engouffrée la mouvance néoréactionnaire". Ça y est, l'étiquette est collée, pas besoin d'argumenter ou de nommer l'ennemi, on peut y aller dans l'esbroufe confortable. Sans compter que le vocable "mouvance" se prête à merveille à toutes sortes de lectures désobligeantes.

Là une formule étrange : "Olivier Ferrand, fondateur du laboratoire d'idées progressistes" : qui nous dit ce qu'est ce "progressisme"-là ? S'agit-il des idées qui réclament une plus juste redistribution des richesses produites ? Ou bien de celles qui brandissent la défense de toutes sortes de minorités qui "luttent contre les normes excluantes" d'une majorité et d'une société intolérantes ? On ne saura pas.

Ailleurs une expression discutable : par exemple, "une classe politique largement désintellectualisée", sans doute pour suggérer que, vu la médiocrité de nos politiciens, tous plus premiers-de-la-classe les uns que les autres, il n'existe plus d'hommes d'État en mesure de « se faire une certaine idée de la France », raison pour laquelle ils délèguent le souci de penser à des "think tanks" qui ont pour mission de trouver les éléments de langage capable de donner au mariage de la carpe et du lapin tout le lustre qu'il mérite. 

Mais parlons des auteurs et de leurs idées. Le politiste Rémi Lefebvre pense que "la gauche est un monde défait". Le constat est imparable. Tout va bien, jusqu'à ce que Laurent Jeanpierre assigne à la gauche le devoir de "se détacher de ses atavismes et de ses identités partisanes arrimés au XX° siècle". Mais pourquoi faut-il qu'un illuminé ramène sa fraise et sa sociologie avec des "atavismes" et des "identités partisanes" ? Du coup, on n'y comprend plus rien. Bon, je vois là, plus ou moins, une sommation faite à la gauche de se "moderniser", c'est-à-dire de se convertir à la version sociétale du "progrès", et d'abandonner les classes laborieuses à leur sort. C'est admettre que le capitalisme a triomphé.

Je passe sur quelques oiselleries de Mme Marion Fontaine, qui décochera plus loin ce trait amusant : "Nous assistons à l'effritement du Parti socialiste français, qui a sans doute rempli sa mission historique". Je ne sais pas pourquoi je trouve cette phrase hilarante. Peut-être le Parti socialiste est-il félicité d'avoir, en se couvrant d'opprobre (mariage homosexuel, loi El Khomri, ...), anéanti la crédibilité de tout ce qui ressemble à une force de gauche ?

J'ai bien envie de passer aussi sur le fameux rapport de "Terra Nova" de 2011, vous savez, ce "think tank", dirigé par le médiocrate pusillanime Thierry Pech, et qui préconise de ne plus centrer la doctrine de la gauche sur la classe ouvrière, au motif que "la nouvelle gauche a le visage de la France de demain : plus jeune, plus féminin, plus divers, plus diplômé". Un gros coup de badigeon sur les vieilleries ouvrières et de "modernisation" : quelle marge de manœuvre le capital laisse-t-il aux tenants des anciens idéaux qui ont fait la Révolution ? Pas grand-chose : la "bienveillance", le "care", l'inclusion des exclus, quelques autres babioles. Des "valeurs de gauche", quoi, histoire de ne pas avoir tout perdu. Le capital peut dormir tranquille.

Personnellement, je comprends que la classe ouvrière, et plus généralement les classes populaires, aient laissé tomber les partis de gauche, tous coupables de trahison, pour se tourner vers des gens (les Le Pen et leurs variantes) qui prenaient en compte, au moins dans leurs discours, leurs préoccupations, y compris ce satané conservatisme social si mal vu par la "nouvelle gauche".

On n'y peut rien : le bas peuple tient à des structures éprouvées et à des traditions sûres, et se méfie à cet égard de toutes les formes d'innovation. Certains peuvent bien juger cela arriéré ou insupportable, et la propagande véhiculée ne s'en prive pas, au nom du "progressisme", n'en doutons pas, reste que les "vrais gens" sont comme ça et pas autrement. S'en prendre avec hauteur ou hostilité aux réticences à la frénésie d'innovation sociétale, c'est mépriser les gens simples, les "gens de peu".

Peut-être est-ce après tout une simple histoire d'offre et de demande : quand les partis communiste, socialiste, radical de gauche et tutti quanti se sont vu préférer les épouvantails d'extrême droite par leur clientèle traditionnelle, ils ont modifié leur offre, pour ne pas finir trop vite exsangues, en direction d'une clientèle "rénovée". C'est humain : tout le monde, y compris une structure, veut "persévérer dans son être". Remarquez que ça n'a pas empêché les deux grands partis de gauche d'être obligés d'abandonner leur vaisseau de croisière (Colonel Fabien, Solférino) pour se réfugier sur une coquille de noix au fur et à mesure de leurs avanies électorales.

Qu'entendent Marion Fontaine et son acolyte le sociologue Cyril Lemieux par "effondrement du monde ouvrier et de ses institutions paternalistes" ? "Paternaliste", ça sent déjà son mépris du "moderne" pour l'"archaïque", mais ne faudrait-il pas parler, plutôt que d'effondrement, de la désertification industrielle de la France, quand les coalitions d'actionnaires ont obtenu des grands conseils d'administration l'embellissement des dividendes par la vente des forces productives à la Chine ? Voir sur ce sujet la B.D. de Benoît Collombat et Damien Cuvillier Le Choix du chômage.

Une petite mention à Nicolas Mathieu, écrivain et "transfuge de classe", à ce qu'on nous dit, qui parle d'une "gauche hypokhâgne" à égalité avec une "gauche bac pro" : on sent qu'ici le ver est déjà dans le fruit. Une petite mention également aux écrivains libertaires Jean-Pierre Garnier et Louis Janover, qui parlent un peu gentiment des "renoncements" du Parti Socialiste, et à Rémi Lefebvre qui évoque plus justement cette "deuxième droite" qui a, sous François Hollande, "abîmé la gauche" et "très durablement discrédité le PS". Pauvre Anne Hidalgo, envoyée au casse-pipe par ses propres frères d'armes !

Bruno Karsenti est philosophe et il n'aime pas trop le peuple, expliquant que "la gauche est à la fois minée par la puissance du libéralisme et la prégnance du conservatisme". Foutu conservatisme : encore un de ces "science-humanistes" bavards, qui voudrait bien inculquer aux gens ordinaires un peu de sens de la modernité, formater les hommes d'après l'image qu'il s'en fait et les débarrasser de leurs haïssables préjugés et "stéréotypes" (de classe, de race, de sexe, de norme, etc.).

Preuve que plus personne ou presque ne sait où il en est, "La gauche démocratique et modérée ne s'est pas volatilisée, elle vote Macron". Encore un de ces foutus politistes qui disent tout et le contraire de tout, sans le dire, mais tout en le disant. Car enfin, si une gauche vote Macron, est-ce une gauche ? Non ! Heureusement Bruno Karsenti rétorque : "Emmanuel Macron n'est pas social-démocrate, il incarne le sommet de son dévoiement". 

Nicolas Truong aborde ensuite le cas de la "gauche écologique et sociale". C'est pour mentionner aussitôt le feu de paille de l'espoir que certains avaient mis dans le virus et dans un hypothétique "monde d'après", où les peuples, les penseurs, les industriels et les gouvernants auraient réfléchi et admis qu'on faisait fausse route. Il n'en a rien été, comme on le constate tous les jours : "Ce qui n'a pas évité un retour à la normale", "normale" étant écrit sans guillemets par le journaliste lui-même. 

Citons au passage la grosse niaiserie du renommé et néanmoins sociologue Bruno Latour, qui ose affirmer que "l'écologie, c'est la nouvelle lutte des classes". Laissons-le à ses lubies, quoi qu'il dise de sensé sur le productivisme et l'extractivisme qui gangrènent la planète et les bipèdes qui en foulent le sol. Comment fait-on, comme le suggère le philosophe Pierre Charbonnier pour : "se réapproprier un progressisme social détaché des illusions de la croissance" ? Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, qu'il faudrait "une politisation des sciences sociales" ? La tâche n'est-elle pas pour l'essentiel accomplie ? Et que signifie : "Il convient de mêler socialisme et écologie, ces deux courants apparentés, mais dont la ligne est encore "mal tracée"" ? J'ignorais que socialisme et écologie fussent des "courants", et encore plus : qu'ils fussent apparentés (voir ce qui est dit plus haut de l'extractivisme comme matrice du socialisme : il faudrait savoir).

Bon, j'arrête là. Il resterait bien quelques menues considérations des uns et des autres à mentionner, mais je crois suffisants les éléments de preuve accumulés. Preuve de quoi ? Oh, pas grand-chose : juste le terrible champ de bataille de thèses, d'hypothèses et de foutaises qu'est devenu le problème de la gauche, depuis que la réalité de la protection des classes les moins favorisées a été laissée aux soins des forces du marché. Juste l'innommable bouillie déversée par des intellos de tout acabit sur une situation d'ensemble que plus personne ne comprend et ne maîtrise.

L'article de Nicolas Truong est finalement assez honnête, en ce qu'il reflète assez bien, malgré quelques bizarreries, la couleur et la substance de la panade économique, politique, sociale, intellectuelle et morale dans laquelle le temps présent nous fait patauger, tous tant que nous sommes, gens ordinaires.

Mais il y a une autre tendance qui ressort en relief de ce tableau chaotique : l'émergence à "gauche"  (on se demande ce qui les rattache à la gauche) de nouvelles forces : les jeunes, les femmes, les minorités, les diplômés, et des "divers", c'est-à-dire une pléiade de groupes d'une splendide hétérogénéité, dans lesquelles j'ai du mal à voir autre chose que divers segments d'une clientèle exigeante à l'égard des entrepreneurs politiques et des produits qu'ils proposent sur le marché.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : « Or il semblerait ne plus y avoir de "monde d'après", même à Saint-Germain-des-Prés, pourrait-on avancer avec Léo Ferré ». Mais que je sache, "il n'y a plus d'après à Saint-Germain-des-Prés", cher M. Truong, est une chanson de Guy Béart, paroles et musique.

mardi, 15 novembre 2016

DÉSOLÉ : ENCORE L’ISLAM 2/3

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Lettre grande ouverte à ceux qui gardent les yeux grands fermés (eyes wide shut).

2 – Des « phobies » comme s’il en pleuvait.

« Islamophobie », quel mot formidable ! Et que d'opportunités argumentatives il offre  à tous les militants musulmans qui ont besoin de réduire leurs adversaires au silence ! Et si possible de les traduire en justice ! On ne compte plus, en effet, les officines (ce que les journalistes rassemblent, d'un bel effort synthétique, dans la nébuleuse « les associations ») qui se sont constituées pour dénoncer inlassablement la moindre virgule, le moindre guillemet sur lesquels elles pourraient coller l’étiquette, infamante et terriblement efficace, d’une quelconque « phobie ».

Et je ne parle pas des vieilles « phobies » classiques, des « phobies » médicalement éprouvées, des « phobies » qui ont pignon sur rue, mais de la floraison de variantes de cette pathologie "mentale" hors de la sphère psychiatrique. J’ai par exemple appris récemment l'invention d'une nouvelle « phobie », avec la création d’une « brigade anti-négrophobie » en banlieue parisienne. "Brigade" dit assez bien le caractère militaire ou policier (au choix) de l'opération d'enfumage. Je rappelle en passant que "phobos" (φόβος), en grec ancien, ne veut pas dire "haine", mais "crainte".

Il n’y a pas de doute : il pleut des « phobies ». La « phobie » se porte à merveille. Et les immondes que les « associations » mettent au pilori avec au cou la pancarte portant le vocable accusateur (il s’invente tous les jours des composés de « phobie ») sont invités à aller soigner leur pathologie grave dans l’hôpital le plus proche. On a compris que l’hôpital en question s’appelle le Tribunal Correctionnel. C'est en filigrane la menace formulée à l'encontre de Gilles Kepel lors de la réunion avec l'équipe du Bondy-blog (voir hier). 

Christine Boutin (voir hier) vient d’en faire les frais, condamnée en appel pour avoir qualifié l’homosexualité d’ « abomination », et s’être ainsi rendue coupable d’ « homophobie » (officiellement, ça s’appelle « incitation à la haine en raison de l’orientation sexuelle »). De quel incroyable Code pénal la France s’est-elle peu à peu dotée, depuis, me semble-t-il, qu’un ministre (Gayssot ?) a été saisi de la lubie d’y inscrire le délit de « négationnisme ».

Et au départ, on doit cette rafale de pénalisations au délire d'un seul bonhomme (Faurisson : "les chambres à gaz n'ont pas existé"), dont l'élucubration s'est vue instrumentalisée par un boutiquier (Le Pen : "un détail de l'histoire"), à la demande expresse des « associations » juives, et à la joie d'une foule d'autres « associations », censées représenter des « minorités », qui piaffaient d'impatience en attendant de s'engouffrer dans la voie pénale pour légaliser l'interdiction de parole.

La porte s’ouvrait alors toute grande pour faire inscrire dans le Code les délits d’opinion, les délits de pensée, les délits de parole. Dans une démocratie pur jus, exemplaire et qui sert paraît-il de modèle à tant d'autres, on n'a pas le droit de dire le fond de sa pensée, tout au moins quand le goût de ce fond fait tousser ou tordre le nez les gendarmes de l'esprit. Tout cela sous la surveillance vigilante des caméras policières des « associations », légalement habilitées à « se porter parties civiles » (pour tirer quelques marrons du feu dans lequel elles ont jeté ces opinions, ces pensées, ces paroles qui les défrisent).

Sans être d’accord sur l'hyperbole lancée par Boutin, on peut s’étonner que la plainte d’un « collectif LGBT », vous savez, ce panier à provisions plein  de « minorités opprimées », ait pu être jugée recevable. Attention, en France, il n’est pas conseillé d’être minoritophobique ! On pourrait aussi s’étonner que quatre lettres (L, G, B, T) aient à bas bruit érigé ce qui était catalogué « déviances » en autant de « normes ».

De la déviance à la norme, le pas est étonnamment aisé à franchir. Dans notre bienheureuse modernité, les « déviants » se sont faits législateurs. George Orwell n'avait sans doute pas prévu que sa novlangue trouverait une telle application. On pourrait appeler cela "inversion de la charge de la preuve".

Les anciens délinquants, ont été nommés policiers. On dit aussi « brigades anti-phobiques » (voir plus haut). Tremblez, « stéréotypes , préjugés, réacs ». Encore bravo ! Il fallait le faire ! Remarquez que le bagnard Vidocq a bien fini directeur de la police ! Les victimes se sont retournées en bourreaux. A cœur vaillant rien d’impossible. Magie du vocabulaire, capable d’engendrer, en même temps qu'il en est l'expression, le vaste désordre du supermarché intellectuel et moral qu'est devenue notre société.

Les composés de « phobie » sont donc devenus des armes entre les mains de toutes sortes de groupes, groupuscules, clans et tribus qui s’autoproclament représentatifs de « minorités injustement persécutées » (je voudrais bien savoir combien d’adhérents à jour de cotisation compte, par exemple, le CRAN (conseil « représentatif » des associations noires de France), ce sigle si commodément pompé sur le CRIF des juifs, qui a au moins, à défaut d'une plus grande légitimité, le mérite de l'antériorité). Représentatif mon œil !!! L'abus de langage est admis comme monnaie courante.

Sous la férule des caméras policières des « associations », l’ordre verbal doit régner. Et le mot "phobie" doit être imprimé au fer rouge sur l'épaule de tous les islamophobes, arachnophobes, homophobes, agoraphobes, gynophobes, herpétophobes, hydrophobes, anglophobes, prêtrophobes, photophobes, francophobes, éreutophobes, ornithophobes (j'arrête là, quoique je pourrais ...) : à n'en pas douter, les galères des royautés modernes ont des rameurs jusqu'à la fin des temps. "A regonfle", comme on disait à Lyon.

Charmante société de la haine des autres, fondée sur une charte consistant en une liste d'interdits draconiens, fabriquée au nom de l'altruisme moral (tolérance). Quand on a compris que les appels solennels, les hymnes médiatiques à la fraternité, à la solidarité, au respect des différences, les incantations à l'altruisme érigé en impératif administratif ou en Vérité révélée, produisent la haine, on se prend à rêver de revenir à des choses à portée d'une humanité rationnelle et raisonnable, genre "Contrat social".

La novlangue a changé de camp : c'est la gauche du révisionnisme moral à toute berzingue qui tient la queue d'la poêle (« Merd' v'là l'hiver et ses dur'tés, / V'là l'moment de pus s'mett'à poil. / V'là qu'ceuss' qui tiennent la queue d'la poêle / Dans l'midi vont s'carapater», on aura reconnu, je pense, le début du plus connu des poèmes de Jehan Rictus). 

Ah ça ira, ça ira, ça ira, / Les boni-"menteurs" à la lanterne !

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 25 janvier 2016

MON ADIEU À CHARLIE

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1/2 

Je n’aurais peut-être pas dû lire Mohicans, de Denis Robert (Julliard, 2015). Plus j’ai avancé dans la lecture, plus je me suis senti envahi par une immense tristesse. Alors vraiment, Charlie, c’était devenu ça ? Cette chose immonde et détestable ? Je n’aurais pas cru ça possible. Pour dire le vrai, j’ai pris un coup dans la gueule. 

Remarquez, ça faisait si longtemps que je ne l’achetais plus, bien des années avant les attentats, que j’aurais pu me douter qu’il s’était passé quelque chose. C’est vrai, je ne supportais plus. Quoi ? En premier lieu, les éditoriaux de Philippe Val, complaisants, discoureurs, bavards. Et puis il y avait les nouveaux dessinateurs : Luz, Riss, que je trouvais sinistres et bornés. Pas drôles. Il faut dire que j'ai été formé par des Reiser, des Gébé, des Cabu : ça met la barre trop haut pour eux. 

Je lisais volontiers les papiers d’Oncle Bernard. Je lisais encore les pages de Cabu, Gébé. Pas grand-chose d’autre. Je me rappelle, je ne sais plus quand, avoir trouvé minable l’énorme étron qui occupait les pages centrales, pour bien signifier ce que, à Charlie Hebdo, on pensait du Front National et de la famille Le Pen. J’avais trouvé que, dans l’analyse politique, on ne pouvait pas descendre plus bas. 

Bref, plus grand-chose à voir avec le grand Charlie, le seul, l’unique : le premier, quoi (la pile ci-contre). hara kiri,hara kiri hebdo,charlie mensuel,charlie hebdo,denis robert,denis robert mohicans,éditions julliard,philippe val,luz,riss,charb,oncle bernard,bernard maris,gébé,front national,le pen,le canard enchaîné,cavanna,professeur choron,georges bernier,wolinskiCelui-là, attention, pas touche ! J’ai conservé la collection (presque) complète, même si je reconnais que j’étais moins fidèle sur la fin. J'avais l’impression, je ne sais pas, moi, que le cœur n’y était plus. J’ai arrêté au n°462, en 1979, je crois. Quand il était reparti en 1992, j’avais réembrayé joyeusement, en me disant que son absence de dix ans faisait un trop gros trou dans la presse française : le nouveau Charlie comblait une béance. Il y avait bien Le Canard enchaîné, mais ce n’est pas la même chose. 

Mais je ne savais rien des dessous de cette reparution : il y avait l’ancienne équipe presque au grand complet (Cavanna, Cabu, Gébé et compagnie). Je me disais que c’était reparti. Il y avait bien un absent de taille, Choron, mais bon. Il y avait aussi des petits nouveaux, et parmi eux, un certain Philippe Val. Je me disais pourquoi pas. Globalement, ça faisait plutôt du bien. Non, je ne me suis pas abonné : avec La Poste, on ne sait jamais, les grèves, les retards, tout ça. Je plaisante : j’aime bien passer au kiosque, voilà tout. 

J’ai donc acheté mon Charlie au numéro, fidèlement, chaque semaine. Et puis ça a duré ce que ça a duré, j’avoue que je ne me souviens plus de ce qui a motivé ma lassitude, ni quand c’est venu. Simplement, l’éloignement s’est accru, sans que j’en identifie la raison : Charlie ne me parlait plus. Charlie n’avait plus rien à me dire. C’était un constat. Dommage, bien sûr, mais on ne va pas se forcer, n’est-ce pas. C'était peut-être moi qui avais changé, et l'hypothèse est vraisemblable. Mais c'était peut-être Charlie, qui n'était plus le même. En refermant le bouquin de Denis Robert, j’avais compris. 

Alors le livre de Denis Robert ? Ce qu’il faut savoir, c’est que l’auteur est un journaliste d’investigation : l’affaire Clearstream, c'est lui : vous savez, les « chambres de compensation », et tous les trucs louches qui passent par elles. Il a d’ailleurs failli ne pas s’en remettre, parce qu’en face, ce n’étaient pas des enfants de chœur, et ils mettaient les moyens. Mais c’est lui qui a fini par gagner tous ses procès. Aux dernières nouvelles, Clearstream se porte bien, rien n’a changé. A se demander pourquoi ils ont recouru aux tribunaux. Et à quoi ont servi Denis Robert et son brûlot. 

Sur Charlie, d'emblée, l'auteur explicite son intention. Il veut reconstituer l'histoire : « L'époque étant ce qu'elle est, ces journaux fougueux qui sentaient le foutre, la sueur, l'alcool, la liberté sont devenus des marques. Cette histoire est la saga d'un détournement. C'est la dilapidation d'un héritage sur fond de libéralisme échevelé. C'est la chronique d'une étrange manipulation qui a permis d'utiliser un nom, un titre, pour attirer le consommateur en lui vendant un produit ayant perdu sa créativité et sa flamboyance. Comme s'il avait, sans que rien ne le laisse apparaître extérieurement, largement dépassé sa date de péremption. C'est une histoire tumultueuse, magnifique, triste et honteuse. A mes yeux, elle est exemplaire » (p.12-13). On ne peut être plus net. Le lecteur est prévenu.

Dans Mohicans, il n’est pas exagéré par ailleurs de dire que Denis Robert adopte le regard de Cavanna. Comme s’il avait à son égard une dette. Il le dit : « Cavanna était un homme généreux. Sur les dernières années de sa vie, j’aurais aimé le voir plus combatif. Il était comme endormi, fatigué, usé. Je l’aimais beaucoup, mais ce n’est pas ce qui compte. Ce serait même un frein. Le sentiment qui m’anime quand je pense à lui, en entamant ce récit, ce n’est pas l’admiration, ni l’affection. C’est la reconnaissance » (p.13). Moins qu’un parti pris, cela s’appelle une dette, non ? J’aime beaucoup ça, parce que, pour moi, l’empreinte que laisse le pied de Cavanna dans le sol, quand on passe derrière, s’appelle droiture et loyauté. Parce que, pour moi aussi, Cavanna est impeccable. 

Mais essayer de restituer le point de vue de Cavanna n’empêche pas l’auteur de faire son métier : l’enquête est serrée, nourrie au plus près des sources, avec tous les recoupements qu’il faut. On n’oublie pas d’être professionnel. On doit bien ça au fondateur d’Hara Kiri. Pardon : aux fondateurs, parce qu’il ne faudrait pas oublier le professeur Choron, « Georget » ou « Le Prof » sous la plume de Denis Robert. Le tandem inoubliable qui a, pendant vingt-cinq ans, semé une pagaille monstre dans le paysage de la presse française. 

Deux merveilleux foutraques, l’un incontrôlable, l’autre plus posé, mais un tandem bourré d’énergie, de volonté, de talent, de débrouillardise et d’imagination. Et puis pardon, mais comme centre de gravité, ils se posent là, les deux compères. Parce que la planète Hara Kiri, au début, elle rassemble Fred (oui, celui de Philémon, mais aussi celui du Petit cirque), Topor, Cabu, Wolinski, Gébé : ils ont réuni la fine équipe ! La Belle Equipe. Ado, j’avais un pote, Jean-Marc, qui achetait en douce des Lui et des Hara Kiri (il avait l'argent de poche) qu’il cachait sous le pare-feu de la cheminée de sa chambre, en s’imaginant que sa mère n’entendait pas quand il manœuvrait la pièce métallique. Tu parles ! Mais c’est vrai que les femmes à poil et à gros seins dégoulinant de spaghettis bolognaise, me faisaient un effet, disons, moyen. 

C'était pourtant ça, aussi, l'esprit Hara Kiri.

Voilà ce que je dis, moi.

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mercredi, 17 octobre 2012

L'EURO ET L'IDENTITE NATIONALE

Pensée du jour : « Peu d'oeuvres donne beaucoup d'amour-propre, beaucoup de travail donne infiniment de modestie ».

 

HONORÉ DE BALZAC

 

 

Je serais assez tenté d’accuser les hauts responsables de la France (principalement politiques, mais aussi médiatiques) d’avoir sciemment laissé tomber en déshérence les notions de nation et d’identité nationale. Tenté aussi d’attribuer à cette déréliction volontaire la floraison d’un mouvement comme le Front National, dont l’essentiel de la doctrine se résume d’ailleurs à la nation (« préférence nationale », « souveraineté nationale », et deux ou trois autres babioles, gadgets et bricoles).

 

 

Je vais vous dire, si la nation avait été portée par les grandes voix politiques, LE PEN serait resté le borgne qui faisait 3 ou 4 % aux élections. A cet égard, le fait qu’il doive son ascension électorale au machiavélisme tactique de FRANÇOIS MITTERRAND, en dit long sur le « sens de l’Etat » dont celui-ci a fait preuve.

 

 

Mais ça en dit long aussi sur son patriotisme : la redoutable bête politique qu’il fut a mis la France au service de son ambition et de sa carrière. CHARLES DE GAULLE a fait le contraire, avec un certain orgueil et une certaine classe, faisons-lui au moins ce crédit, en mettant son ambition et sa carrière au service de la France. DE GAULLE aurait fait un excellent homme d'Etat sous l'Ancien Régime.

 

 

Pour POMPIDOU et GISCARD, qui lui ont succédé, la nation française n’était pas encore une faribole, mais déjà plus tout à fait une priorité, perdant alors en netteté. Et la façon dont les politiques actuels se réfèrent aujourd’hui à « nos valeurs » a quelque chose de profondément obscène.

 

 

Et je n’oublierai pas que, sur la photo présidentielle (prise par l’estimable RAYMOND DEPARDON), le drapeau français, en toile de fond, partage l’espace avec le drapeau européen. Le message est clair : le drapeau tricolore n’occupe plus que la moitié du lit.

 

 

D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais vu comme sont présentées les trois couleurs, ça devient le drapeau des Pays Bas. Le gag n’est sans doute pas volontaire. Pendant ce temps, le drapeau azur à étoiles d’or, vous pouvez le tourner dans tous les sens, ce sera toujours le même cercle vicieux.

 

 

Et toujours à propos d’Europe, mais avant de passer à autre chose, parlons donc de l’euro. Qui a fait l’euro ? Et pourquoi ? Comment s’est passé l’abandon des monnaies nationales ? Le Franc ? Dissous dans la grande marmite européenne. Le premier franc ? Il a été battu (de « battre monnaie ») en 1360. Et je dis que le franc entrait pour beaucoup dans la définition de l’identité nationale française. Et l’abandon du franc nous renvoie toute notre histoire à la figure, aujourd’hui que l’euro coule.

 

 

Vous savez ce que ça veut dire, « franc » ? Comme il fallait payer la rançon de JEAN LE BON prisonnier des Anglais, on a appelé la monnaie qui l’a fait sortir de sa prison du nom de « liberté ». Regardez en France, le nombre de villes qui portent « franc » dans leur nom. Regardez le nombre d’expressions de notre langue : « franc-jeu, franc-maçon, franco de port, franc-parler, franc-tireur, … ». « Franc », ça veut dire « libre ».

 

 

La part d’identité nationale française que nous devions à cette monnaie qui nous était spécifique, a été purement et simplement jetée à la poubelle, au nom d’un pur et simple PARI fait au début des années 1990 par FRANÇOIS MITTERRAND, une grande fusion de toutes les identités nationales dans une identité supranationale. Sauf que la monnaie ne suffit pas à faire une identité. Or le reste (identité politique) n’a pas suivi. Ou précédé.

 

 

Ce n’est pas pour rien que JEAN-PIERRE CHEVENEMENT, dans La France est-elle finie ? (Fayard, 2011), a parlé du « pari pascalien » de MITTERRAND, au début des années 1990. Le « pari » de PASCAL, si je me souviens bien, se formule à peu près comme ceci : « Pariez sur l’existence de Dieu. De toute façon, ça ne vous coûte rien et, si Dieu existe, ça vous rapportera la vie éternelle ». Je résume. Le gros lot, quoi. Zéro de mise, en quelque sorte, pour un jackpot infini. Mais un jackpot supposé. Remplacez Dieu par l'euro, l'équation reste la même.

 

 

Le fond du jackpot, les Grecs sont en train de le toucher (du doigt, de la langue et du reste). Mais en somme, ils n’avaient qu’à ne pas parier comme des fous. C’est vrai qu’ils se sont fait prêter par « Dieu », en masse, de la vie éternelle anticipée, « à profiter de suite » en quelque sorte. Ils n’avaient pas le temps d’attendre. Ils ont inversé les termes du pari. Et ils ont bouffé le jackpot avant d’avoir trouvé les bons numéros. Bien fait pour eux. Le problème, c’est que d’autres risquent de suivre.

 

 

Personnellement, je n’aimerais pas que ça nous arrive.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

jeudi, 09 février 2012

PARLEMENT : AU THEATRE CE SOIR

Franchement, vous y croyez, à cette histoire, à ce clash en pleine Assemblée Nationale ? SERGE LETCHIMY, Français de Martinique, a été, selon FRANÇOIS HOLLANDE, « blessé » par les propos de CLAUDE GUEANT sur l’inégalité des civilisations. Moi, j’ai plutôt l’impression d’une curieuse mise en scène opérée dans la complicité par les deux « grands partis » qui se partagent les pouvoirs en France.

 

 

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C. G. EN CAMPAGNE  

 

Hypothèse hasardeuse ? Peut-être. Mais vu les sondages, n’auraient-ils pas eu l’idée, assis sur la pétoche d’un nouveau 21 avril 2002, de la jouer « stratégie d’affrontement » bloc contre bloc, la Gauche majuscule d’enluminure contre la Droite capitale d’imprimerie, comme dans le bon vieux temps, mon frère.

 

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N. S. EN CAMPAGNE

 

Comme dans le bon vieux temps, on va les bouter, les extrêmes, dans les marges d’où elles n’auraient jamais dû sortir. En un mot, c’est pour la galerie, pour impressionner le bon peuple hésitant sur la couleur « politique » à glisser dans l’urne. Une stratégie genre « rappel des troupes sous les drapeaux », pour décourager la dissidence militante, dans l’espoir de rendre écrasant le « vote utile ».

 

 

 

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F. H. EN CAMPAGNE  

 

Parce que le GUEANT des familles, c’est clair comme de l’eau de roche, son truc de « civilisations inégales » : il sait ce qu’il vise, il vise bien, il feinte le gardien, il met le ballon dans les filets. Le Parti « Socialiste » ne peut rester sans réagir. Il débusque son Martiniquais (qui n'a pas honte de nous la jouer « héritier d’AIMÉ CÉSAIRE ») qu’il envoie illico sur le front, livrer la vieille et rebattue bataille des camps de concentration et des nazis.

 

 

 

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M. L. P. EN CAMPAGNE

 

Au passage, je signale que le premier camp de concentration date de la fin du 19ème siècle, et qu’il fut construit par les Anglais, pour les Boers, auxquels ils faisaient la guerre en Afrique du Sud. Le progrès technique indéniable que marqua l’invention du fil de fer barbelé le rendait possible. Or on sait bien que ce qui est techniquement possible est tôt ou tard réalisé. 

 

 

 

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J.-L. M. EN CAMPAGNE  

 

SERGE LETCHIMY, député de Martinique, n’a sans doute pas osé aller jusqu’à parler de « camps d’extermination », qu’aucun historien ne saurait confondre. Si je me souviens bien, on compte une demi-douzaine de camps d’extermination. Ajoutons le Struthof. Mais la force du mot « concentration », particulièrement symbolique, est de vibrer largement au-delà de sa signification stricte et de faire résonner toutes sortes de connotations qu’un contexte favorable permet sans effort de convoquer dans l’esprit des gens.

 

 

 

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F. B. EN CAMPAGNE 

 

Personnellement, je suis assez convaincu que monsieur LETCHIMY était, en la circonstance, en service commandé – et en plus, j'en ai la conviction, à cause de sa couleur de peau, brillamment instrumentalisée par un Parti « Socialiste » en mal de vraies idées économiques et politiques.

 

 

Le but de la manœuvre de Gauche absolue + Droite intégrale, main dans la main, barbichette dans barbichette, est de prouver qu’à l’Assemblée Nationale, il se passe quelque chose, au moins, et nulle part ailleurs. Le message, non-dit, mais très audible, que dit-il ? Il dit : « Nous n’allons pas nous laisser manger la laine du Pouvoir sur le dos électoral par quelques jean-foutres tout juste capables de mettre le bousin dans nos domaines de grands propriétaires ». C'est exactement la logique des latifundiaires en Argentine.

 

 

C’est de la bonne « Communication » : créer l’événement, en focalisant l’attention, rejette tous les autres (adversaires, rivaux, alliés potentiels) dans un bienfaisant « hors-champ », dont la parole est rendue inaudible aussi longtemps que l’événement dure. Et le journaliste, dressé à bouffer de l’événement et rien d’autre, se précipite sur celui-ci pour le faire durer le plus possible, parce qu’après tout, c’est de ça qu’il vit. Comment BAYROU, MELANCHON, LE PEN pourraient-ils réagir face à ce ballet des poids-lourds ?

 

 

 

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UN ELU DU PEUPLE, VRAIMENT ?

 

 

Si c'étaient des entreprises, on appellerait ça un délit d'entente illicite. Cela sert en général à se partager le marché en préservant de juteuses marges bénéficiaires. La même raison pour laquelle les opérateurs de téléphonie ont payé, il n'y a pas si longtemps, 570 millions d'euros d'amende.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 12 janvier 2012

SONDAGE ET POLITIQUE : LE BOCAL

Résumé : L’action politique est réduite à l’étude des sondages, la politique est réduite à l’action publicitaire, le politicien est réduit à vendre des aspirateurs et des encyclopédies au porte-à-porte.

 

 

Le problème de la politique, en France plus qu’ailleurs du fait de particularités particulières, c’est que deux entreprises se partagent le marché, et que chacune aimerait bien grignoter la part de l’autre, ou des T. P. E. (très petites entreprises) qui font semblant de jouer le même match. Tout ce qui s’appelle « vie politique » en France, est accaparé par deux usines, dont chacune prétend régner à elle seule sur le marché. Non, je devrais dire deux entreprises complices dans ce qu’on peut appeler un délit d’entente illicite.

 

 

Les produits ne sont pas très différents l’un de l’autre. Plus de social et de redistributif pour bien claironner qu’on est « à gauche ». Plus de sécuritaire et de libéral pour que l’image de marque de « la droite » soit aussitôt identifiée et mémorisée. Mais à part ces petits « marqueurs identitaires », allez, soyez sympas, dites-moi ce qui les différencie, les deux V. R. P. ? Rien ! Que dalle ! Pas lerche ! Peau de zébi !

 

 

La trublionne cataloguée sur le bord tout à fait droit de l’échiquier l’a bien compris, et ce n’est pas idiot du tout, de dénoncer l’U. M. P. S. Elle a même raison. A voir la peur qu’elle déclenche à droite et la haine qu’elle déclenche dans les cercles de la bien-pensance de la gauche morale, tiers-mondiste et « solidaire », les lignes de production des usines citées risquent de se trouver bientôt perturbées.

 

 

Le dernier Charlie-Hebdo, un torchon bien dans cette ligne, présentait la semaine dernière, parmi les caricatures des candidats, celui de la fifille à son papa sous la forme d’un énorme étron fumant au beau milieu de la page. C’est facile et rapide : ça évite de se lancer dans d’ennuyeuses et subtiles analyses du phénomène Front National, et de se demander si ce succès annoncé (je demande à voir) ne pousse pas sur le répugnant fumier U. M. P. S.

 

 

Le roquet BRICE COUTURIER, qui aboie sur France Culture dès que la silhouette d’un « facho » se dessine dans le paysage, se demandait, lundi matin (9 janvier), si les deux journalistes du Point (SOPHIE COIGNARD et ROMAIN GUBERT) qui viennent de publier une charge contre L’Oligarchie des incapables, ne « faisaient pas le jeu du Front National ».

 

 

Aboyons le moins possible contre la classe politique vermoulue qui nous gouverne ou y aspire, nous aboie le roquet BRICE COUTURIER, car, chut, ça « fait le jeu du Front National ».

 

 

Il ne vient pas à l’esprit de ce monsieur, habituellement intelligent, raisonnable et parfois percutant, de se demander si ce n’est pas précisément au spectacle offert par les Arlequin, Pantalon et autres Matamore qui nous gouvernent et hantent les plateaux de télé munis de leurs « éléments de langage », que nous devons le pronostic d’un Front National à 30 % publié en une de Libération ce même 9 janvier. 

 

 

C’est vrai que Libération fait fort avec sa une : un gigantesque 30 % (plus de 10 cm) joue les grenades dégoupillées en haut de la page. La phrase apporte un sérieux correctif à l’effet bœuf produit par la maquettage : « 30  % n’exclueraient [sic !] pas de voter Le Pen » (notez la superbe faute sur « exclure », et on est en « une »). Notez la formule « n’excluraient pas » : en clair, ce n’est pas complètement inenvisageable, mais bon, ce n’est pas fait. Notez aussi, bien sûr, le conditionnel.

 

 

Le mot d’ordre de cette une : la montagne de l’image, la souris du résultat. Pour vous en convaincre, jetez un œil en bas de page 3. Vous savez combien ils sont, dans le sondage, à souhaiter la victoire de MARINE LE PEN ? Ils sont 15 %, pas un cheveu de plus. La moitié. Ils sont de plus en plus honnêtes, à Libé. C’est présenté comme un « sondage exclusif ». Bien sûr, coco : tu l’as acheté avec le pognon que je donne pour acheter ta feuille de chou.

 

 

En fin de compte, les sondages tiennent un discours. Les politicasseurs, qui ont lu ce discours, élabore leur propre discours à partir de là, au sujet duquel on va faire des sondages pour tester l’impact du discours, et c’est reparti pour un tour. La machine s’auto-alimente.

 

 

On pourrait même soutenir que la pratique du sondage fabrique du discours qui s’auto-proclame « politique ». Ce que nous disent nos responsables est directement induit de ce que leur apportent les sondages. C’est la machine folle, qui fonctionne pour elle-même, sans considération pour quelque autre réalité. Du fictif qui produit du fictif, qui produit du fictif….

 

 

Ça me fait penser à GOTLIB : « C’est comme le pot-au-feu, c’est meilleur à chaque fois ». C’est dans l’intégrale de la Rubrique-à-brac, page 329. C’est intitulé « La Vache ». L’auteur nous fait partager sa vision épique de la digestion de l’herbe qui se passe dans le circuit compliqué, entre l’estomac de l’animal et la cavité buccale. « Et ça remet ça. – C’est reparti comme en 14. – Ça y va à la manœuvre ».

 

 

Regardez comment réagissent d’un seul élan Protocolaires d’une gauche de plus en plus caviardée, saumonée et faisandée et Thuriféraires d’une droite de plus en plus décomplexée, policière et vaguement putschiste, face au danger « populiste » (voir mes notes des 5 et 6 janvier). Ils ont peur de perdre le monopole (duopole, pour être exact, mais est-ce même si exact ?) des affaires.

 

 

A quoi sert l’énorme 30 % de la une de Libération pour annoncer un score possible du Front National ? A quoi sert d’exploiter les faits divers affreux, bien mis en scène à la télé ? A quoi sert d’exploiter les risques d’explosion de l’euro, d’éclatement de l’Europe ? A quoi sert d’insister sur les bisbilles franco-allemandes auxquelles le peuple ne peut strictement rien ?

 

 

Le but me paraît bien clair et identifiable : la PEUR. Plus je crée un sentiment de peur dans la population, plus j’ai de chances de tirer les marrons du feu. Regardez le déguisement de NICOLAS SARKOZY : après le Père Noël des riches, le voilà Père Courage (pour l’extérieur) et Père Protecteur et Fouettard (pour l’intérieur). Plus j’accentue le contraste entre la peur et NICOLAS SARKOZY, plus je sers à NICOLAS SARKOZY. Pas sûr que ça marche à tous les coups.

 

 

Plus rien à tirer de tout ça.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

mercredi, 11 janvier 2012

DU SONDAGE COMME TORCHE-CUL

Résumé : Je disais donc du mal des sondages en général et de STEPHANE ROZÈS en particulier.

 

 

Un sondage est une affabulation de mythomane, une fiction provisoire et défécatoire dont se repaît la voracité du moulin à prières médiatique qui, après avoir éructé ses chiffres folâtres autant que récréatifs aux oreilles de l’auditeur assoupi, s’inscrit dans le réel. A ce titre, comme le dit un proverbe tibétain : « Celui qui agit change le réel ».  « Meuh non, voyons ! C’est une simple photographie de l’opinion publique à un instant "t", on vous dit ! ». Mon œil, tiens !

 

 

Le seul truc rassurant dans l’affaire, c’est de se dire que si les sondages bousculent la réalité des opinions, personne n’est en mesure de dire de quel côté la pièce de monnaie va retomber.

 

 

C’est comme dans Match Point, le film de WOODY ALLEN, où le gars qui vient d’estourbir une vieille après avoir dégommé sa femme (SCARLETT JOHANSSON), croit jeter l’alliance dans l’eau, mais celle-ci retombe sur le macadam. On se dit que tout est foutu. Or un vagabond la récupère, se fait poisser par les flics, et passe pour le seul meurtrier. Ouf, on a eu chaud ! A la présidentielle, qui est-ce qui aura eu chaud ?

 

 

Et puis franchement, vous ne croyez pas que les sondages sont pour quelque chose dans l’état de déréliction en phase terminale où sont les idées politiques ? J’insiste : qui, aujourd’hui, a de vraies idées vraiment politiques ? Regardez le pauvre hère, le pauvre « Vagabond des limbes » (Axle Munshine, de GODARD & RIBERA, pour les amateurs de B. D.), le pauvre « Naufragé du temps » (Christopher Cavallieri, de FOREST & GILLON, idem B. D.), qui a pour pauvre nom FRANÇOIS HOLLANDE. Pauvre Hollande, avec tous ces polders submersibles !

 

 

C’est dans Libération du 9 janvier : les salauds ont collé sa photo à côté de FRANÇOIS MITTERRAND, dans trois attitudes identiques. La copie à côté de l’original, aurait dit LE PEN. Effet dévastateur garanti.

 

 

HOLLANDE a regardé les films de MITTERRAND sur le conseil de son équipe de « communicants » (pendez-les haut et court), et s’ingénie à singer ses attitudes, gestes et mimiques : pointe l’index vers le haut, bon dieu !  Allez, cette fois, serre les deux poings devant toi, nom de Zeus ! Et maintenant, le coup du regard qui toise, tête en arrière et doigts croisés, coco ! Ça ira ! C’est dans la poche !  

 

 

Sérieusement, vous ne croyez pas que les sondages modifient le discours des politicrottes ? Pensez donc qu’ils ont l’œil fixé sur les derniers chiffres parus pour sélectionner et ajuster leurs « thèmes de campagne ». Que leur préoccupation principale c’est de repérer les principales « préoccupations des Françaises et des Français », pour enfourcher aussitôt le dada, en espérant que la prochaine courbe sera bien orientée.

 

 

Les zaums paulitik élaborent leur discours à partir du miroir tendu par les sondages. Cela veut dire que les sondages, indirectement, sont les auteurs de ce que ces gens nous déversent dans les oreilles. L'inodore nauséabond (oui ! moi aussi je sais faire des oxymores !) qu'excrète l'orifice buccal des petits zom politik, nous arrive mouliné, remâché et prédigéré par les résultats obtenus par les funestes instituts. Disons au moins qu'il y a une circularité narcissique, voire incestueuse, sinon auto-érotique, entre le client et le fournisseur de sondages.  

 

 

 

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Si vous ne connaissez pas la P. N. L., vous ne perdez rien. Comme beaucoup d’autres déchets, celui-ci, conçu à destination des vendeurs et autres démarcheurs, est né sur le sol américain. La Programmation Neuro-Linguistique, belle appellation de cinglés digne des camisoles de force les plus confortables et solides (à la rigueur d’escrocs dignes des plus belles cellules de pénitencier), enseigne, entre autres merveilles, à offrir à l’interlocuteur sa propre image en miroir.

 

 

Les yeux, la position de la tête, l’attitude du corps, les gestes des bras, tout y passe. Le bon vendeur est celui qui sait percevoir tous ces détails et « entrer en résonance » avec le gogo qui va lui acheter son aspirateur ou son encyclopédie, en l’imitant en tout. Il paraît que ça marche. Moi je veux bien, mais je suis un peu sceptique. J’ai eu l’occasion de voir le truc de mes yeux.

 

 

Je vais vous dire, c’était tellement gros que j’avais envie d’éclater de rire et de dire au gars d’arrêter de me prendre pour une prune : que je mette la main sous le menton, que je croise les bras, que je penche la tête, dans la seconde qui suivait, il se mettait « en résonance ». Je me suis bien amusé.

 

 

Les politiculs, avec les sondages, sont un peu dans la même logique. D’ailleurs ça en dit long, puisque la P. N. L. est une technique de vente. Cela tendrait à prouver que les politicons sont effectivement des représentants de commerce, qui voudraient bien nous fourguer leur camelote.  

 

 

On leur décortique le dernier « quali » (sondage « qualitatif » réservé au cercle des initiés, plus ouvert, mais plus instructif, paraît-il, que celui circulant dans le vulgum pecus), et l’équipe de campagne phosphore pour trouver le bon « angle d’attaque ». Un petit passage entre les mains de l’équipe de « communicants » (pendez-les haut et court), et voilà le politicornard prêt à plonger dans le grand bain, je veux dire à affronter les plateaux de télévision.

 

 

Ce n’est pas pour rien que les « enquêtes d’opinion » ont pour origine le marketing publicitaire, qui fait tout pour vous présenter, sur les rayons des magasins, le yaourt qui ressemble le plus à votre attente. Les politicouilles font la même chose, ils veulent vendre les yaourts qui ressemblent du plus près possible aux « attentes des Françaises et des Français ».

 

 

 

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Ce n’est donc plus un discours politique que les politicrapules tiennent, mais un propos à visée presque explicitement commerciale. Il se trouve un peu par hasard que le contenu du produit touche la vie en collectivité, la « polis », quand ils font semblant d’avoir fait du grec.

 

 

Voilà ce que je dis moi.

 

 

Suite et fin demain.


 

vendredi, 06 janvier 2012

HARO SUR LES POPULISTES ! (fin)

Résumé : gare aux populistes, c’est SARKOZY qui vous le dit.

 

 

 

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Rien de tel que « les populismes » (vous ne trouvez pas ça drôle, que les politicloches « convenables » en parlent toujours au pluriel ?) pour faire reluire le rôle de ces premiers de la classe qui nous gouvernent, et qui ont appris à « monter des dossiers » et « monter des projets » dans des écoles spécialisées.

 

 

Dans d’autres écoles spécialisées, on les a entraînés à mettre la bouche en cœur pour débiter leurs mensonges et à ne jamais s’énerver contre un « adversaire » (ou soi-disant tel) sur un plateau de télévision. On leur a dit que « le premier qui s’énerve a perdu » (sous-entendu : perdu tout crédit dans l’opinion des spectateurs, et ça c’est mauvais lors des élections). Ce sont leurs « conseillers en com. » qui leur ont dit. Alors ils se contrôlent.

 

 

D’ailleurs, ils n’ont pas de mal à se contrôler, puisque, il n’y a pas si longtemps, ils étaient assis sur les mêmes bancs de l’E. N. A. Ils sont même à « tu » et à « toi » depuis de si longues années que les escarmouches feutrées auxquelles ils font semblant de se livrer avec leurs complices-adversaires pour faire croire que « tu » est à droite et « toi » à gauche, est un spectacle dont la routine a désormais du mal à faire oublier le feutre dans lequel elles sont emballées.

 

 

Je rappelle que DOMINIQUE DE VILLEPIN, en pleine Assemblée, quand il insulte FRANÇOIS HOLLANDE en l’accusant de « lâcheté », à la première suspension de séance, tous deux se retrouvent à la buvette, bien contents du spectacle qu’ils ont donné au bon peuple. Rien de tel qu’une minute « va-de-la-gueule » pour établir dans l’esprit des populations, d’une part la réalité de l’ « affrontement », et d’autre part la force des « convictions ».

 

 

Mais ils ont malgré tout de plus en plus de mal à faire tenir le masque. Et s’ils arrivent, en s’y mettant à tous, à rassembler un gros tiers de gens qui « y croient » encore (ça veut dire qui vont voter, 56 % d’abstention aux dernières cantonales, plus les blancs et nuls), c’est tout simplement parce qu’il y a beaucoup trop de gens qui regardent la télévision.

 

 

Si on collait aux politicruches l’interdiction de cumuler deux fonctions électives et de renouveler un mandat électif plus d’une fois, en y ajoutant l’obligation du décompte des bulletins blancs comme suffrages exprimés, c’est-à-dire si on vivait dans un régime démocratique, là ils commenceraient à avoir la pétoche, ils commenceraient à ouvrir l’œil et l’oreille sur ce qui se passe dans le monde et dans la population, les politicrottes.

 

 

Mais pour en arriver là, il faut changer la loi. Pour changer la loi, il faut se faire élire au sein d’une majorité. Pour cela, il faut suivre la voie parlementaire, respecter les échelons institutionnels, exécuter les procédures démocratiques. C’est exactement l’histoire de l’œuf et de la poule : si tu veux démocratiser le système, il faut entrer dans le système. Pour entrer dans le système, il faut en accepter les règles. Or, etc.… On n’en sort pas.

 

 

Je n’ai même pas parlé de la façon dont la vie politique est organisée en France. Et je suis obligé de reconnaître que Madame LE PEN touche assez juste en parlant de l’U.M.P.S. (U.M.P. + P.S.). Deux partis trustent les pouvoirs, bien constitués en une seule et unique mafia bien décidée à empêcher les gêneurs d’intervenir dans leurs petits jeux.

 

 

Vous savez ce qui me plairait, le soir du premier tour, et qui me ferait rigoler ? Arrivent en tête Madame LE PEN et FRANÇOIS BAYROU. Je sais, je sais, ça ne change rien au problème de fond de la pauvreté en hommes du personnel politicoq, et par conséquent de sa médiocrité. Mais un bon coup de pied dans la fourmilière U.M.P.S., rien que ça serait jubilatoire.

 

 

En attendant ce drôle de moment drôle, qu’est-ce que c’est, Madame LE PEN ? Qu’est-ce que c’est, JEAN-LUC MELANCHON ? Des repoussoirs. Des épouvantails. Et le mécanisme est d’une simplicité monacale : plus l’épouvantail épouvantera, plus le repoussoir repoussera, plus les FILLON, COPÉ et consorts seront forts. A la limite, les « populistes » ne font pas encore assez peur pour que les autres en face dorment sur leurs deux oreilles en attendant la prochaine élection.

 

 

JEAN-MARIE LE PEN était un autre carnassier, qui avait prouvé son pouvoir de nuisance. La seule chose qui me fasse peur, avec fifille à papa, c’est le gros bras et le front bas qui, caché derrière le rideau, est prêt à sortir au coup de sifflet. La chroniqueuse de France Inter, SOPHIA ARAM, a eu récemment un aperçu de ce à quoi on peut s’attendre. Je me dis, et je ne suis pas sûr que ça me rassure, que ceux d’en face en ont autant à leur service, en cas de besoin.

 

 

En attendant, les populistes sont soigneusement montés en épingle pour servir d’épouvantails et de repoussoirs. Mais je vais vous dire, des populistes comme ça, le 6 février 1934, droite et gauche officielles en auraient rêvé. Tranquilles, les populistes, aujourd’hui, les pieds dans les pantoufles à regarder la télé. C’est bien simple, ce sont des populistes virtuels, qui gueulent peut-être un peu dans quelques meetings, mais qui se contentent de gueuler : « Qu’est-ce qu’on va leur mettre, aux prochaines élections ! ».  Le comble du paradoxe.

 

 

Des vrais populistes, pas des pour-de-rire, vous auriez vu ce qu’ils en auraient fait, des trois millions de manifestants qui battaient le pavé contre la réforme des retraites ! Si de vrais populistes les avaient pris en main, vous croyez que les préfectures et les commissariats auraient pu résister ? Dans « populisme », j’entends forcément l’usage de la force, de la violence. Chaque manifestant est un projectile en puissance.

 

 

Là, qu’est-ce qu’on voit ? Les 5 % annoncés de MELANCHON, les 20 % espérés par MARINE LE PEN, ils attendent sagement l’arme au pied que le jour de l’élection soit arrivé. Franchement, les enfants, arrêtez de vous faire peur !

 

 

Les populistes d’aujourd’hui, ils sont virtuels, comme tout ce qui passe par la télé pour se faire connaître et pour balancer sa propagande. Ils sont aussi neutralisés que tous les autres, du seul fait qu’avant d’entrer sur le plateau, ils passent chez la maquilleuse. Le populisme aujourd’hui, c’est un populisme de média. Le général BOULANGER, en son temps, il n’était pas dans le médiat, mais dans l’immédiat. La foule était prête à suivre. Et s’il a cané au moment fatidique, c’est de son propre écroulement.

 

 

Aujourd’hui, quand la foule est dans la rue à gueuler, les chiens de garde syndicaux sont là pour empêcher tout « débordement ». Tout est « médiatisé » au moyen de deux artefacts : la télé est le plus connu. L’autre est l’urne électorale. La télé, c’est pour tout mouliner en discours et en image, c’est-à-dire en spectacle. L’urne, c’est pour que l’électeur ait l’impression d’être un acteur.  Il y a un troisième média : le syndicat, qui fait semblant de monter à ébullition pour mieux faire retomber la pression.

 

 

Vous verrez ce qui se passera, le jour où le citoyen retrouvera au fond de sa mémoire le souvenir de ce que c’est vraiment, l’action politique.

 

 

En attendant, il faut se contenter des simulacres.

 

 

Pourquoi croyez-vous qu’il n’y a plus d’action politique ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

vendredi, 24 juin 2011

PROFESSION MENTEUR (2)

L’expression « langue de bois » avait sans doute trop servi : est-elle devenue obsolète pour autant ? La langue de bois, on sait, c'est la leçon que le politicard vient réciter plus ou moins bien, et débiter avec un air de conviction plus ou moins vraisemblable devant micros et caméras. En général, c'est très bien rodé. La langue de bois, c'est le mensonge-à-tout-faire, le mensonge-prêt-à-l'emploi, la leçon permanente de mensonge.

 

 

 La différence, c’est qu’elle ne dépend pas des circonstances,  forcément variables : tout politicien est conditionné, il l'a apprise par coeur, longuement, et il est prêt à la dégainer dès que se présente un micro ou une caméra. Il faut reconnaître d’ailleurs que certains sont passés maîtres dans l’art de la manier. Quand tu as pris ta carte du parti, que tu as vaillamment gravi les échelons pour arriver à une position « en vue » (au fait, comment elle a fait RACHIDA DATI ?), il convient que tu prennes conscience de tes devoirs, et surtout des restrictions qui vont avec.

 

 

C’est le vieux principe énoncé par HENRI LABORIT dans Eloge de la fuite : la hauteur de la position que tu conquiers t’est accordée en échange de l’adhésion à la structure qui te la confère, et de la force de légitimation que tu lui donnes. En clair : plus tu donnes de légitimité au parti (en démontrant tes aptitudes et compétences), plus le parti te le rendra en reconnaissance sociale. Et plus tu seras puissant (par exemple chef de « courant » au Parti Socialiste). Et plus ta bouche devra être close sur tout ce qui est à « ne pas dire ».

 

 

C’est pourquoi il faut cesser de voter. Je suis désormais un abstentionniste militant. J’ai personnellement cessé de voter après 2005 : vous vous rappelez ? Ce pavé que certains essayaient de vendre sous le nom de « traité constitutionnel » pour l’Europe. Je regrette même d’avoir cru que ça servirait à quelque chose, de voter « non ». Naïf, je me baladais même avec, épinglé à mon revers, le petit rectangle de plastique rouge frappé d’un très joli « non » au-dessous du sigle d’ATTAC. J’ai donc voté. Je m'en veux. Je n’avais pas encore compris. Enfin, je voulais encore y croire.

 

 

Car, quand NICOLAS SARKOZY a été élu, j’ai vu que j’avais eu tort. On n'a surtout pas demandé aux Français de revoter : le traité a été adopté entre gens « responsables », qui ont encore le culot de s’appeler les « représentants du peuple ». Les Hollandais ont revoté, et dans le « bon » sens, cette fois. Les Irlandais ont aussi revoté, me semble-t-il. Et tous ceux qui avaient dit « merde » à cette Europe-là l’ont eu dans le cul. Excusez-moi, je me laisse aller. En Italie aussi, les députés viennent de voter la confiance à BERLUSCONI, au mépris des deux condamnations populaires dont il vient d’être l’objet dans les urnes.

 

 

Le sinistre individu N. S. dont je viens de parler a fait campagne, en 2007, sur le thème « Je ne vous mentirai pas ; je ne vous trahirai pas ». Quand il a prononcé la première phrase, il avait déjà enfreint sa promesse. On a vu, là encore. Tant qu’il restera un bout de mur debout de ce qui s’appela naguère « la France », ce monsieur continuera infatigablement à conduire son TRACTOPELLE, qu’il ose appeler « REFORME », pour tout abattre et araser. Il ne restera rien de ce que quelques nostalgiques appellent « service public » (santé, éducation, justice, etc.). Et il ose, en plus, prétendre que ce n’est pas une trahison.

 

 

Quand je regarde vers la gauche, qu’est-ce que je vois ? Le dernier en date qui fut aux « responsabilités », comme on dit, était LIONEL JOSPIN. Ce triste sire, en cinq ans de « responsabilités », a davantage privatisé que ses prédécesseurs ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis ! Si ce n’est pas trahir, cela ! Mais il a suivi l’exemple de FRANÇOIS MITTERRAND. Ce n’est pas une excuse pour autant.

 

 

Je ne parle pas de mademoiselle LE PEN, que je refuse d'appeler par son prénom, produit incompétent d’un marketing politique échevelé. Je ne parle pas du parti des marionnettes écologistes, qui va sans doute donner à l’invraisemblable NICOLAS HULOT le titre de « candidat vert » (comme mensonge, difficile de faire mieux). Je ne parle pas de JEAN-LUC MELANCHON, qui est enfin parvenu à ratiboiser ce qui restait du moignon du Parti Communiste. Je ne parle pas des divers trotzko-trotzkistes dont on voit encore de loin en loin éclater les bulles de gaz intestinaux à la surface du marigot médiatique.

 

 

Tous ces petits poissons bavards (un comble !) savent bien qu’ils ne seront jamais aux « responsabilités ». La raison pour laquelle ils bataillent, ce sont les « postes » qu’ils pourraient décrocher après avoir négocié avec les puissants la cession de leurs « parts de marché », je veux dire leur « score » aux élections. Ils ne sont certainement pas en train de combattre pour la réalisation de leurs idéaux. Chacun est dans sa cuisine à réchauffer son plat principal, les entrées et desserts étant sujets aux « variations saisonnières ». Et puis à essayer de caser sa marchandise sur le marché.

 

 A suivre. Il y a encore quelques comptes à régler.