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jeudi, 23 avril 2020

EN AVANT VERS LE TRICOLORE !

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Bon, d'accord, le bleu est un peu sourd, le blanc est un peu sale, le rouge manque un peu d'éclat. Pas une raison pour douter de mon patriotisme.

jeudi, 10 décembre 2015

LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS 5/9

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LE VINGTIÈME SIÈCLE ET LES ARTS

ESSAI DE RECONSTITUTION D’UN ITINÉRAIRE PERSONNEL

(récapitulation songeuse et un peu raisonnée)

5/9 

Du siècle de la haine.

Comme dit Günther Anders, l’homme, cédant à la tentation de l’ « ὕϐρις » (hubris = démesure) contenue dans la maîtrise de moyens techniques toujours plus puissants, a fini par fabriquer un monde dont il a perdu la maîtrise. Un monde incommensurable avec les moyens proprement et pauvrement humains. Un monde qui a échappé à l'emprise humaine, qui me fait penser au cheval fou lancé sur le marché des Deux Cavaliers de l’orage de Jean Giono, qui détruit tout sur son passage, et que seul le poing formidable de Marceau Jason, d’un seul coup définitif, parvient à stopper en lui brisant le crâne.

Mais existe-t-il un Marceau Jason, pour arrêter le siècle fou ? Restera sans doute le poing dans la gueule. Le 20ème siècle, j’ai enfin commencé à le voir sous son vrai visage : le siècle qui éprouve de la haine pour l’homme. Le siècle de la déshumanisation du monde et de la fin de l’individu, d’émergence pourtant bien récente. Ce que raconte déjà Céline en 1932 dans le Voyage ..., lorsque Bardamu se fait embaucher chez Ford (« Nous n'avons pas besoin d'imaginatifs dans notre usine. C'est de chimpanzés que nous avons besoin »). 

Le siècle de la défaite de l’humanité face aux moyens et aux innovations techniques aussi proliférants que la cellule cancéreuse. Le siècle de la défaite aussi face à la marchandisation de tout, y compris du vivant. Le siècle de la défaite, enfin, face à toutes sortes de volontés avides d’exercer le pouvoir sur les semblables. 1) Triomphe de la technique ; 2) triomphe de l’économie ; 3) volonté de pouvoir, le tout a formé, dans une osmose tout à fait logique, un triumvirat de haines conjointes pour combattre l’humanité de l’homme. Pour combattre le sens de la vie.

La technique (alias "l'innovation") à tout prix, le profit à tout prix, le pouvoir à tout prix : voilà la trilogie infernale qui meut le 20ème siècle, le premier qui a montré ce dont est capable l’industrie quand elle est mise au service de la guerre et de la mort, le « grand siècle » des suicides successifs de l’humanité en tant qu’espèce. Quand la machine est lancée et tant qu’elle a du carburant, il n’y a pas de raison qu’elle s’arrête. Le 20ème siècle est un attentat aveugle.

Le 20ème siècle est un long attentat-suicide. Le 20ème siècle est un crime contre l'humanité. Que voulez-vous qu'il fasse, l'art, dans ces conditions ? Ceux qui attendent de la "Culture" un quelconque salut sont des menteurs, ou bien ils font semblant. L'art, la culture, il faut s'en convaincre, n'ont aucun pouvoir : l'art et la culture sont toujours des effets, jamais des causes. Ils n'ont aucune chance de modifier directement la réalité. Surtout au moment où ils sont réduits à n'être que des produits de consommation. Dans l'histoire de l'humanité, l'art a toujours été "en plus", un luxe, après que les besoins vitaux avaient été comblés. L'art et la culture ont toujours été produits dans des collectivités humaines assez prospères pour se considérer comme abouties. Quand la civilisation se dégrade, on ne comprendrait pas que la Culture ne suive pas le mouvement.

Je me suis demandé de quoi pesaient, face à ce champ de ruine, les trésors d’imagination et d’inventivité, l’incessante et considérable créativité dont l’homme a fait preuve au cours de ce siècle damné. Cela vaut-il vraiment la peine, si ça débouche sur des calamités à chaque fois pires que les précédentes ?  Un drôle de siècle, en vérité, où l’on a de plus en plus TROUVÉ, tout en sachant de moins en moins ce que l’on GAGNAIT à ces trouvailles (si, mais quoi d’autre, à part le confort, la facilité, l’oisiveté ?). Et en prenant soin d’ignorer ou d’occulter ce qu’on y PERDAIT (la nature, la société, ...). Malheureux ceux qui croient qu’on peut ainsi gagner quelque chose sans perdre ailleurs l'équivalent. Trouver toujours du nouveau est devenu un but en soi. Un Graal matérialiste. Une Dulcinée attendant toutes sortes de Don Quichotte, dans son Toboso crasseux.

Comme dit Baudelaire dans le dernier vers du dernier poème des Fleurs du Mal : « Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau ». Ce slogan devenu l’emblème de la modernité oublie cependant que la 8ème et dernière section du poème où il est inséré (« Le Voyage ») est tout entière placée sous une brutale invocation, puisqu’elle commence ainsi : « Ô Mort, vieux capitaine, … ». 

Cette invocation prémonitoire à la mort jette une lumière terrible sur notre obsession de plus en plus effrénée de la nouveauté, de l’innovation permanente, qui est en réalité comme un tsunami silencieux, mais de tous les instants, jeté sur nos points de repère et nos institutions. Ah, les prosternés devant l’idole du « Monde qui change », qu’ils sont pitoyables et dangereux, ces amoureux de la mort ! 

Voilà qui devrait nous amener à réfléchir et à y regarder à deux fois, au lieu de nous précipiter comme des moutons carnassiers sur la moindre nouveauté (voir ce qui s’est passé dernièrement, lors de la sortie de l’iPhone 6 d’Apple). 

Et puis je me suis demandé de quoi pesait, face aux puissants acteurs et facteurs de la catastrophe, le fourmillement des bonnes volontés qui se portaient au secours des malheureux, des démunis, des victimes. Et quand j’ai vu le rapport des forces en présence, je me suis dit que tout ce dévouement avait quelque chose de pathétique, comme un brave cœur qui aurait l’idée de se mettre à vider l’océan avec une petite cuillère au moment précis où la marée monte. J'ai pensé à ça en écoutant, dans l'émission Terre à Terre du 5 décembre, Martin Pigeon parler à Ruth Stégassy de son action - pathétique de faiblesse - contre l'influence omniprésente et presque toute-puissante des lobbies au cœur des institutions européennes, dans le bocal bruxellois.

Alors, l’art, dans ce sombre panorama ? Dans quel état voulez-vous qu’il soit, l’art ? Que voulez-vous qu’il fasse, l’art ? Libérer ? Faire découvrir ? Embellir ? Décrire ? Rassurer ? Transporter ? Elever ? Fouler aux pieds ? Exprimer ? Provoquer ? Enseigner ? Transgresser ? Transmettre ? Décorer ? Railler ? Enrichir l’imaginaire ? Contester ? Consoler ? Materner ? Faire la morale ? Faire passer un bon moment ? Symboliser ? Former la jeunesse ? Distraire ? Corriger la réalité ? Eveiller le sens esthétique ? Occulter ? Choquer ? Nier ? Faire oublier ? Travailler à l’édification des foules ? (pour la préface de Pierre et Jean, de Maupassant, voir billet d'hier).

Voilà, vous avez compris : l’art au 20ème siècle, c’est devenu tout ça à la fois, un véhicule à l’image de son époque : méchant, aveugle et fou. L’époque a, comme on dit, « pété un câble », fracassant toutes les boussoles. L’art a donc, à son tour, forcément, « pété un câble », obligeant les artistes à perdre le nord, à « débloquer », à ne plus savoir où ils se trouvent, perdus au fond d’une fourmilière étendue aux dimensions du monde. 

Beaucoup d'entre eux se sont mis avec enthousiasme à cette nouvelle tâche qu’on leur assignait : « pédaler dans la choucroute » (on peut remplacer le plat alsacien, au choix, par l'ingrédient principal du couscous ou par le petit pot de lait fermenté inventé par les Bulgares). 

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 17 octobre 2012

L'EURO ET L'IDENTITE NATIONALE

Pensée du jour : « Peu d'oeuvres donne beaucoup d'amour-propre, beaucoup de travail donne infiniment de modestie ».

 

HONORÉ DE BALZAC

 

 

Je serais assez tenté d’accuser les hauts responsables de la France (principalement politiques, mais aussi médiatiques) d’avoir sciemment laissé tomber en déshérence les notions de nation et d’identité nationale. Tenté aussi d’attribuer à cette déréliction volontaire la floraison d’un mouvement comme le Front National, dont l’essentiel de la doctrine se résume d’ailleurs à la nation (« préférence nationale », « souveraineté nationale », et deux ou trois autres babioles, gadgets et bricoles).

 

 

Je vais vous dire, si la nation avait été portée par les grandes voix politiques, LE PEN serait resté le borgne qui faisait 3 ou 4 % aux élections. A cet égard, le fait qu’il doive son ascension électorale au machiavélisme tactique de FRANÇOIS MITTERRAND, en dit long sur le « sens de l’Etat » dont celui-ci a fait preuve.

 

 

Mais ça en dit long aussi sur son patriotisme : la redoutable bête politique qu’il fut a mis la France au service de son ambition et de sa carrière. CHARLES DE GAULLE a fait le contraire, avec un certain orgueil et une certaine classe, faisons-lui au moins ce crédit, en mettant son ambition et sa carrière au service de la France. DE GAULLE aurait fait un excellent homme d'Etat sous l'Ancien Régime.

 

 

Pour POMPIDOU et GISCARD, qui lui ont succédé, la nation française n’était pas encore une faribole, mais déjà plus tout à fait une priorité, perdant alors en netteté. Et la façon dont les politiques actuels se réfèrent aujourd’hui à « nos valeurs » a quelque chose de profondément obscène.

 

 

Et je n’oublierai pas que, sur la photo présidentielle (prise par l’estimable RAYMOND DEPARDON), le drapeau français, en toile de fond, partage l’espace avec le drapeau européen. Le message est clair : le drapeau tricolore n’occupe plus que la moitié du lit.

 

 

D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais vu comme sont présentées les trois couleurs, ça devient le drapeau des Pays Bas. Le gag n’est sans doute pas volontaire. Pendant ce temps, le drapeau azur à étoiles d’or, vous pouvez le tourner dans tous les sens, ce sera toujours le même cercle vicieux.

 

 

Et toujours à propos d’Europe, mais avant de passer à autre chose, parlons donc de l’euro. Qui a fait l’euro ? Et pourquoi ? Comment s’est passé l’abandon des monnaies nationales ? Le Franc ? Dissous dans la grande marmite européenne. Le premier franc ? Il a été battu (de « battre monnaie ») en 1360. Et je dis que le franc entrait pour beaucoup dans la définition de l’identité nationale française. Et l’abandon du franc nous renvoie toute notre histoire à la figure, aujourd’hui que l’euro coule.

 

 

Vous savez ce que ça veut dire, « franc » ? Comme il fallait payer la rançon de JEAN LE BON prisonnier des Anglais, on a appelé la monnaie qui l’a fait sortir de sa prison du nom de « liberté ». Regardez en France, le nombre de villes qui portent « franc » dans leur nom. Regardez le nombre d’expressions de notre langue : « franc-jeu, franc-maçon, franco de port, franc-parler, franc-tireur, … ». « Franc », ça veut dire « libre ».

 

 

La part d’identité nationale française que nous devions à cette monnaie qui nous était spécifique, a été purement et simplement jetée à la poubelle, au nom d’un pur et simple PARI fait au début des années 1990 par FRANÇOIS MITTERRAND, une grande fusion de toutes les identités nationales dans une identité supranationale. Sauf que la monnaie ne suffit pas à faire une identité. Or le reste (identité politique) n’a pas suivi. Ou précédé.

 

 

Ce n’est pas pour rien que JEAN-PIERRE CHEVENEMENT, dans La France est-elle finie ? (Fayard, 2011), a parlé du « pari pascalien » de MITTERRAND, au début des années 1990. Le « pari » de PASCAL, si je me souviens bien, se formule à peu près comme ceci : « Pariez sur l’existence de Dieu. De toute façon, ça ne vous coûte rien et, si Dieu existe, ça vous rapportera la vie éternelle ». Je résume. Le gros lot, quoi. Zéro de mise, en quelque sorte, pour un jackpot infini. Mais un jackpot supposé. Remplacez Dieu par l'euro, l'équation reste la même.

 

 

Le fond du jackpot, les Grecs sont en train de le toucher (du doigt, de la langue et du reste). Mais en somme, ils n’avaient qu’à ne pas parier comme des fous. C’est vrai qu’ils se sont fait prêter par « Dieu », en masse, de la vie éternelle anticipée, « à profiter de suite » en quelque sorte. Ils n’avaient pas le temps d’attendre. Ils ont inversé les termes du pari. Et ils ont bouffé le jackpot avant d’avoir trouvé les bons numéros. Bien fait pour eux. Le problème, c’est que d’autres risquent de suivre.

 

 

Personnellement, je n’aimerais pas que ça nous arrive.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.