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mardi, 18 mars 2014

POLITIQUES EN DECOMPOSITION

LA CLASSE POLITIQUE FRANÇAISE EN ETAT DE DECOMPOSITION AVANCEE

 

 

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VUE PLONGEANTE, PRISE SUR LE VIF, SUR LA CLASSE POLITIQUE FRANÇAISE

 

Je sais que je ne suis pas le seul à penser ce que j’écrivais hier sur l’invraisemblable médiocrité crasse de tout le personnel que les Français ont la veulerie d’accepter pour les gouverner. Le plus étonnant dans l’affaire, c’est que, dans la presque totalité des cas, il s’agit d’une masse de « premiers de la classe », c’est-à-dire de gens supposés très intelligents, loin au-dessus de la moyenne.

 

Paradoxe : comment ces brillants sujets passés par les plus grandes écoles peuvent-ils sans en éprouver la moindre honte se comporter aussi minablement ? Mystère. Ou plutôt non : s’ils brillent, c’est exclusivement pour leur propre compte. Quelqu’un peut-il me citer un seul de ces sinistres individus qui soit capable de penser à autre chose qu’à lui-même, à sa longue carrière, à son cumul des mandats ? De toute façon, s’il y en avait un seul, les requins de la chose auraient tôt fait de s’entendre pour l’éliminer.

 

Ceux qui font exception à la loi de « premier de la classe » (du genre de Rachida Dati ou Nicolas Sarkozy, je prends au hasard) sont dotés de canines d’une taille exceptionnelle, montées sur des mâchoires d’une puissance exceptionnelle et, à force de frapper aux grandes portes quand ils sont jeunes et de servir de paillasson ou de poupée gonflable aux puissants du moment, ces carnassiers se font peu à peu une place au milieu des autres fauves. En passant, ils collectionnent les fiches d’informations glanées à droite et à gauche, déposées dans des coffres très sûrs pour le jour où leur tour sera venu.

 

Je disais que je ne suis pas le seul à penser ça. Des gens très bien (beaucoup mieux placés que moi pour observer les choses et les gens), du haut de l’autorité qu’ils ont acquise dans des travaux intelligents et opiniâtres, font le même diagnostic, avec des arguments autrement peaufinés que les miens.

 

Prenez Yves Michaud. Il est philosophe. J’avais lu son Chirac dans le texte (2004), sous-titré « la parole et l’impuissance ». Même si son livre n'a servi à rien, il tapait très juste et très fort sur l’imposture de ce prestidigitateur qui recrutait ses affidés à coups de billets de banque et qui montra à son successeur qu’on peut faire subir à la vérité des mots les pires tortures et que plus un mensonge est énorme, plus il a de chances de passer comme une lettre à la poste. Cela n'a pas empêché les Français de lui donner en 2002, avec 82 % des voix, une victoire « démocratique » digne de tyrans aussi reconnus que Brejnev, Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi. Cela en dit long sur l'état moral et intellectuel d'une population hypnotisée et anesthésiée par une propagande, pour le coup, aussi carrément « décomplexée » que massive.

 

Là c’est juste un article de journal qu’Yves Michaud propose aux lecteurs du Monde. Le titre me semble hautement recommandable : « Le trafic d’influence est devenu l’instrument du pouvoir contemporain ». Il figure dans un dossier intéressant (une vraie double page !), si l’on excepte le « Notre parti doit repenser son éthique », fastidieuse langue de bois récitée par les plumes de trois secrétaires nationaux de l’UMP. Normal : pour défendre la boutique, les épiciers montent au créneau, du moins si ça ne mange pas de pain et à condition qu'il n'y ait pas trop de risques.

 

Heureusement, lui faisant face, « Un délitement de l’UMP » de Florence Haegel a relativisé par avance la minable portée des stéréotypes minablement exposés par le trio grotesque. Deux autres articles tiennent compagnie à celui d’Yves Michaud : « Du scandale comme arme politique » d’Alain Garrigou, et « La pathologie du secret » d’Eric Alt (pour l’association Anticor). Mais je passe sur les comparses (intéressants tout de même, ce qui fait quatre sur cinq) pour m’intéresser au protagoniste.

 

Yves Michaud élargit le champ en même temps que la profondeur de champ de sa réflexion, en ne se limitant pas à un seul individu, ni à l’analyse d’un seul discours. Il dénonce un système. Or, quand quelque chose « fait système », c’est que ce quelque chose est le principe premier, le noyau autour duquel s’organise un univers (cf. Le Système technicien de Jacques Ellul).

 

Le premier paragraphe annonce la couleur, en faisant apparaître les noms bien connus de Sarkozy, Buisson, Copé, Tapie, Guéant, puis encore Copé et Sarkozy, puis Cahuzac, Guérini, Kucheida, DSK. Avec des points de suspension en fin de liste, pour que personne ne puisse imaginer qu’elle puisse être close. Sans doute.

 

Que dénonce Yves Michaud ? Eh bien rien de nouveau, rien que du bien connu. Un peu le « mélange des genres », mais c’est l’époque qui veut ça (vous savez, le « genre ») : quand un directeur de journal mange régulièrement à la même table qu’un capitaine d’industrie et qu’un député (ou qu’un président de la Chambre), surtout s’il s’y ajoute deux ou trois hauts fonctionnaires, cela confine au jeu du « chamboule tout » : on pratique à tout va le jeu du réseau d’influence et de la solidarité mutuelle. On abat les frontières entre les fonctions en se rendant de petits services et de grandes amabilités. Rien ne peut arriver : on est entre mafias. La connivence règne.

 

Car la clé d’inspiration de l’article me semble être la phrase : « Résultat : il est difficile de tracer une frontière entre trafic d’influence, accomplissement de promesses électorales catégorielles [mariage homosexuel ?], renvois d’ascenseurs et lobbying ». Le mot « corruption » est beaucoup trop banalisé aujourd’hui, et c’est sans doute parce que le phénomène s’est lui-même banalisé et généralisé. L’expression « trafic d’influence », quoique moins chatoyante, est en même temps plus précise, bien que signifiant strictement une tout aussi grande turpitude.

 

Le diagnostic global d’Yves Michaud est impitoyable et se résume dans cette phrase : « La démocratie est l’apparence, l’oligarchie l’effectivité ». Va pour « effectivité ». Il dénonce l’action des « intermédiaires », des « conseillers de l’ombre », des « amis qui servent de prête-noms », et même des avocats, le drôle ! Avocats dont il dit que « la profession est loin d’être aussi blanche qu’elle le prétend en brandissant ses droits à la confidentialité ». Certaines choses font du bien quand on les entend (façon de parler).

 

Quelqu’un qui se drape dans sa dignité offensée et son honneur humilié quand il est attaqué me semble désormais suspect du seul fait qu’il se drape. C’est dire la déconfiture des points de repère et de la possibilité d’accorder sa confiance. Celui qui se drape, il attend qu'on lui envoie les preuves, qui sont plus facile à évoquer qu'à trouver.

 

Ce qu’Yves Michaud pointe, c’est les soupçons mais aussi le désarroi des juges chargés de ce genre d’affaire. On les comprend : il est tellement difficile d’établir la preuve des faits que l’on comprendrait qu’ils finissent par se décourager : « subtilité des montages », « omerta », « ingéniosité procédurière des avocats » se tiennent les coudes quand les puissants ont la maladresse ou la malchance de se voir mis en cause.

 

Bon, je vais m’arrêter là. Le reste est à lire dans Le Monde daté du 14 mars. Impérativement. C’est la confirmation d’un diagnostic de grosse vérole posé par quelqu’un qui, à ce que je sache, n’est pas partie prenante dans les « affaires ». L'expression « TOUS POURRIS » n'a jamais été autant d'actualité, quoi qu'en pense la cohorte de tous ceux qui ne veulent pas « pratiquer d'amalgame » et « ne pas mettre tout le monde dans le même sac », pour « ne surtout pas faire le jeu du Front National ». Désolé, quand quelque chose « fait système » et que ce quelque chose est dans un tel état de décomposition, je dis que les carottes sont cuites et que c'est tout le système qui est à jeter à la poubelle.

 

Si tout ça n'est pas répugnant, c'est que c'est abject. Ou fétide. ou immonde. J'accepte même infâme.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mercredi, 09 mai 2012

SARKOZY DANS SON BEAU MIROIR

Allez, une dernière sur SARKOZY, avant de tourner la page.

 

 

« Miroir, mon beau miroir, qui est le plus beau du pays ? » Vous avez reconnu, j’espère, la question qu’a posée NICOLAS SARKOZY, presque tous les jours, au miroir du sondage du matin, tout frais éclos, tout chaud sorti du cul de la poule IFOP ou de la cane SOFRES. Il aurait aussi bien pu lui dire : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi que je suis plus grand que moi ».  

 

SARKO NABOT.jpg

"LE PAUVRE HOMME!" (MOLIERE, Tartuffe, I, 4)

 

 

 

C’est tout à fait curieux, cette hyperinflation de sondages, cette hyperinflation de conseillers ministériels (+ 21 % entre 2007 et 2009, selon un rapport de RENÉ DOSIÈRE) et de conseillers présidentiels. Le sondage d’opinion n’est en aucun cas le fouet permettant de dompter la réalité, parce qu’il permet tout juste – et encore, de manière éminemment fantaisiste et déformante – de refléter une certaine réalité : les sondages sont les sables mouvants de l’opinion publique. Belle formule, n'est-il pas ? 

 

 

« Dompter » et « refléter » : voyez la marge abyssale. Personne ne saurait dompter la réalité en se contentant de la refléter. Finablement, comme on dit chez moi, le cancer du sondage n’est le symptôme que d’une maladie tragique : l’angoisse à l’idée d’être incapable de gouverner quoi que ce soit, de changer en quoi que ce soit le cours des choses, puisqu’on n’agit que dans la perspective de tester l’effet de l’action – ou plutôt de son annonce médiatisée – sur l’opinion publique, en mesurant cet effet par le sondage. NICOLAS SARKOZY a remplacé l’action politique par le discours de l’action, puis la mesure de l'effet du discours. Quant à l'action sur la réalité, elle s'est perdue en route dans les dits sables mouvants.

 

 

Comment pourriez-vous agir sur le réel en ne vous servant que des sondages ? On en a fait sur tous les sujets (donc montrant tout et son contraire), et ce qu’ils révèlent – à condition de leur faire confiance – ce sont des tendances, elles-mêmes sujettes à variation. Comme si c'étaient les sondages qui avaient ordonné les incessants virages à 180° accomplis par le désormais ancien président.

 

 

GERARD COURTOIS, journaliste au Monde, dessine un des meilleurs portraits de NICOLAS SARKOZY et de ses cinq ans de présidence, où il réussit à synthétiser brillamment le personnage : « Les masques innombrables dont il s’est affublé depuis cinq ans, ses sincérités successives, ses convictions contradictoires, son volontarisme par trop narcissique, ses transgressions et ses rodomontades ont lassé ou exaspéré ». J’aime beaucoup « sincérités successives ».

 

 

Au sujet de l’action, je suis injuste : SARKOZY est un homme qui a su prendre des décisions. Passer à l’action. Le monde lui doit effectivement la disparition de MOUAMMAR KHADAFI, ce dictateur sans doute compromettant pour lui.

 

 

 

KADHAFFI 1.jpg 

C'EST TRES CURIEUX, SARKOZY A PRESQUE L'AIR NORMAL, A CÔTÉ

 

Grâce à lui, l’Islam a pu prendre en Lybie toute la dimension et l’envergure auxquelles il a droit. Grâce à lui, le Mali a pris son essor vers un destin éclatant, éclaté et islamique garanti grand teint. Un avenir sûrement radieux. Grâce à lui, les pays limitrophes (Algérie, Niger, Burkina) se sentent rassurés et consolidés sur leurs bases et leurs frontières. Grâce à lui, l'arsenal énorme accumulé au cours des ans par le despote a été libéré des prisons militaires où il était injustement retenu et peut désormais circuler librement dans toute l'Afrique saharo-sahélienne et se jeter dans les bras des terroristes islamistes d'AQMI.

 

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JOLI CALIBRE, NON ?

 

 

Dans la réalité, essayons d’être juste, l’action de NICOLAS SARKOZY a produit tout et le contraire de tout. La seule continuité que je vois dans sa politique, c’est : « Il faut serrer le kiki à tout ce qui est service public ». C’est ce qu’il a appelé coquettement « Révision Générale des Politiques Publiques », ou RGPP. Pour, à l’arrivée, faire des économies de bout de chandelle, moyennant 160.000 fonctionnaires rayés de la carte, et autant de futures pensions de l’Etat financées par l’emprunt ainsi économisées.

 

 

NICOLAS SARKOZY sait peut-être tout ça. Auquel cas, je qualifierai son état de désespéré. Car c’est être misérable ou désespéré que de monter inlassablement à l’assaut d’une réalité qui, soit se dérobe, soit résiste dur comme fer. Il y a du désespoir dans la consommation absolument effrénée de sondages à laquelle s’est livré le président.

 

 

Quand on gouverne, il ne faut pas se demander « ce qu’attendent les Français », comme le disent la plupart des politiciens, la bouche démagogique en ♥, parce que, évidemment, les Français, ils attendent tout et le contraire de tout, suivant la place qu’ils occupent. Il ne faut même pas demander ce qu’attend le réel. Il faut y aller, tout simplement.

 

 

Oh, il y est allé, SARKOZY, et crânement, mais il y est allé précédé et suivi par le puissant service de sécurité d'une armée de sondages. Il a fait exactement comme les musiciens qui jouent de la guitare électrique sur scène : ils ont besoin d’un baffle de "retour", pour entendre le vrai son qu’ils produisent, et qui, au fond, s’écoutent jouer. NICOLAS SARKOZY s’est écouté jouer. Au moins pendant cinq ans. Peut-être depuis toujours, si j’en crois ce qu’on dit.

 

 

Dès l’âge de dix ans, paraît-il, il déclarait : « Je veux faire président ». On me dira que beaucoup d’enfants mâles le disent (mais c’est aussi souvent pompier, pour passer au feu rouge, ou pilote de ligne, pour tomber le maximum de filles). On aura raison, sauf que l’idée s’est enracinée en lui.

 

 

JACQUES ATTALI – vous savez, l’homme qui peut tout, même banquier ou chef d’orchestre, si, si – raconte quelque part que, lorsqu’il était secrétaire général de l’Elysée, sous MITTERRAND, il avait vu un jeune homme de 23 ans entrer dans son bureau pour lui demander des conseils sur ce qu’il fallait faire pour devenir président. Le jeune homme portait le doux nom de NICOLAS SARKOZY.

 

 

 

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"JE VOUS DIS QUE SAIS QUE JE NE SUIS PAS BEAU"

 

 

 

Cette fascination sidérante explique peut-être le rejet brutal de la politique, sitôt annoncée sa défaite : il a brutalement perdu la carotte qui l’avait fait avancer jusque-là (JACQUES LACAN avait appelé ça « l'objet petit a) ».

 

 

Il a perdu tout ce qui faisait le sens de sa vie. Moi je dis : « Requiescat In Pace » (RIP). C’est vrai ça : qu’il repose en paix. Je dis ça pour le cas où il serait tenté par le suicide. Ben oui, quoi, je le comprendrais. Qu’est-ce que vous feriez si toute votre raison de vivre avait été contenue dans cette carotte : devenir président ? Moi je sais bien ce qu’il me resterait à faire : 10 grammes de plomb dans la cervelle. J'en conclus que j'ai donc du temps devant moi.

 

 

 

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C'EST UNE BELLE PHOTO, NON ?

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.