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dimanche, 26 avril 2015

PHOTOGRAPHIE

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Dans un musée dijonnais.

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Tout va mieux : le sauvetage de l'école française se poursuit dans la joie et la bonne humeur. La réforme du collège comporte des innovations décisives qui vont, personne n'en doute, améliorer prodigieusement le niveau des élèves (youkaïdi, youkaïda !). Najat Vallaud-Belkacem, fortement appuyée par Manuel Valls, va introduire au niveau du collège des options d'enseignement dans lesquelles les gamins pourront piocher au gré de leurs préférences (au gué, au gué !). C'est ainsi que sur le même présentoir, ils se verront offrir à égalité le latin, le grec et l'improvisation selon Jamel Debbouze. Enfin une décision politique fondamentale. Soyons convaincus qu'il s'agit d'un Progrès déterminant.

Alléluia !

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Dans le même temps, l'inépuisable ingéniosité lexicale des inventeurs de pédagogie s'en donne à cœur joie. On savait qu'en éducation physique, il ne fallait plus dire « ballon », mot vulgaire, devenu ringard et dépassé, mais « référentiel bondissant ». Dans ce domaine, l'innovation fait rage. En technologie, les cycles scolaires délivrent un enseignement « de manière spiralaire et curriculaire ». De même, les élèves ne devront plus « nager », mais « traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête ». Mais surtout pas dans une piscine, mais dans un « milieu aquatique profond standardisé ». Bravo : « piscine », ça fait antédiluvien, tout le monde est d'accord. Tout ce langage limpide émane du Conseil supérieur des programmes. 

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On ne peut pas dire que les fonctionnaires du ministère de l'Education nationale sont payés à rien foutre, où ceux qui partent en avance croisent ceux qui arrivent en retard. Ils travaillent même d'arrache-pied. 

Vous savez quoi ? 

L'école française est sauvée.

mercredi, 18 juillet 2012

LE BAC : UN COURONNEMENT ?

Ainsi donc, le Baccalauréat a encore eu lieu cette année. Il n’y a pas de quoi s’étonner, quand on constate que le niveau des élèves de terminale ne cesse de se hausser à des hauteurs de plus en plus vertigineuses. Le Ministère de l’Education Nationale n’a-t-il pas en effet trouvé la force (en poussant comme un malade, il est vrai) de nicher, en les serrant bien dans d’innombrables cases pas trop larges, 85 % d’une « classe d’âge » (je raffole de la formule).

 

 

Bon, c’est vrai qu’à la sortie, il y a eu un peu de déchet, puisque la proportion de la « classe d’âge » à obtenir le sésame pour l’enseignement supérieur tombe à 77,5 %. Il n’empêche que le niveau de nos jeunes ne cesse de progresser, puisque cette proportion ne cesse de progresser. C’est logique, non ? Et il faut s’en réjouir. Allez, reprenons en chœur : « Alléluia ! Gloria ! ».

 

 

C’est sûr, le niveau des élèves bat d’une année sur l’autre son record précédent. Vous voulez une autre preuve ? Ben, regardez les mentions. En 1967, on comptait, en tout et pour tout, 0,7 % de mentions TB. Qu’est-ce qu’ils étaient mauvais, quand même ! Et les autorités n’avaient pas honte ! Regardez en 2012 : 7 % !!! Un taux dix fois supérieur. Enfoncés, les ancêtres ! LE NIVEAU MONTE, je vous dis. « Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? », aurait demandé finement COLUCHE.

 

 

Et les mentions, en général, vous allez me demander, comment ont-elles évolué, entre 2002 et 2012 ? J’allais justement vous le dire : toutes confondues, elles sont passées de 33,1 % à 54,3 %. Un gain d’un tiers (à vue de nez et au doigt mouillé). Plus de la moitié des lycéens français obtiennent le bac avec mention. S’il y en a encore parmi vous qui doutent que LE NIVEAU MONTE, c’est à désespérer.

 

 

Voilà donc le refrain qu’entonne le « journal de référence » (alias « journal du soir », alias Le Monde), avec un gros titre de « une », qui dit bien haut tout le bien qu’il faut penser de la chose : « Objectif atteint : 85 % d’une génération au niveau du bac ». Chacun de nous est évidemment transporté d’aise et « ne se sent plus de joie » (c’est dans quelle fable, déjà ? allez, on se remue les méninges).

 

 

Notez cependant l’hypocrisie du Monde dans son titre : « au niveau du bac ». C’est vouloir à tout prix voir le verre à moitié plein. J’avais une grand-mère qui, à force de vouloir arriver à cent ans, confondait allègrement « 97 années accomplies » et « dans ma 98ème année ». En comptant comme ça, elle avait fini par arriver à quasiment 99. Les cent ans, c’était comme si c’était fait. On n’allait pas avoir la mesquinerie de mégoter là-dessus, quand même : elle était quasiment « au niveau 100 ». Mais oui, Mamie, je t’embrasse. Tu aurais mérité d’y arriver.

 

 

Les 85 % du journal, c’est la même chose : ça tient du coup de pouce. Donc du coup de bluff. Maintenant, trêve de plaisanterie, j'arrête de faire comme si. Naturellement (j'espère), tout le monde a compris que JE ME GAUSSE, que je parle en pouffant (essayez, tiens), que j'ironise : tout le monde, quand il est de bonne foi, sait que tout ça relève de la FARCE.

 

 

Pour une raison simple : la performance globale de l’école française, de moins en moins bien placée dans la « compétition internationale ». Le système éducatif français, pris dans son ensemble, tombe en ruine. Et je le sais : j'y suis entré quand les premières lézardes ont commencé à fendiller les murs.

 

 

Je veux bien sûr parler de la REFORMITE, cette maladie gouvernementale qui a consisté à inlassablement déstabiliser l'édifice et à vouloir mieux démolir tout en prétendant reconstruire. Ce résultat vaut mieux que toutes les eaux de rose et tous les rubans fleuris dont les ministres de l'Education (droite comme gauche) ont enrobé et emballé leur action quand ils étaient « aux affaires » (quand Louis XIV était "à ses affaires", il faut le savoir, il était assis sur sa chaise percée).

 

 

Ce n’est pas pour rien que 140.000 élèves par an, entre 2005 et 2007 sont sortis sans aucun diplôme du système éducatif. Ce n’est pas pour rien que le temps effectif de cours, sur une séance de cinquante minutes (la norme), diminue inexorablement (temps de mise au travail, bruit de fond permanent (basse continue ou ostinato, je ne sais pas)dû aux bavardages, élèves de plus en plus incontrôlables et imperméables, …).

 

 

Tiens, rien que pour rire un peu et only for fun, et si on faisait passer aux élèves d'aujourd'hui (supposons la formation et les programmes identiques) les épreuves d'il y a quarante ans ? Non ? Vous croyez que ce serait trop cruel ? Bon, tant pis pour mon idée fumeuse.

 

 

JEAN-PIERRE CHEVENEMENT avait une bonne intention (l’enfer en est pavé, paraît-il) en fixant, avec son idéal d’ « élitisme républicain », la barre à 80 % d’une classe d’âge au bac. Mais tout le monde a fort bien compris que, s’il y a, proportionnellement, dix fois plus de mentions Très Bien en 2012 qu’on 1967, ce n’est pas parce que le niveau a monté : c’est parce qu’on a descendu la barre, il n’y a pas à sortir de là.

 

 

Sinon, comment expliquer qu'entre l'activité des élèves constatée par les professeurs et les résultats au baccalauréat, s'est progressivement creusé un abîme insondable qui, au vu des "mentions" accordées, fait se tordre les boyaux aux observateurs les plus neutres, je veux dire ceux qui ne tordent pas la réalité pour qu'elle colle à leur doctrine ?  

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.


 

jeudi, 23 février 2012

DE L'ELECTEUR SPONGIEUX (suite et fin)

LE FLÉAU DU DROIT DE VOTE, ÉPISODE 6

 

 

Proverbe tibétain : « En période électorale, l'anus du candidat se pare de ses plus beaux atours ».

 

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DES ELECTEURS SPONGIEUX 

 

Résumé : seul un effort massif dans l’éducation est à même de faire naître une véritable société démocratique et de rendre les individus imperméables à la propagande.

 

 

Au lieu de la noble aspiration de CONDORCET, qu’est-ce que nous voyons ? Du côté de l’instruction, nous ne voyons hélas pas grand-chose, parce qu’il n’en reste pas grand-chose. Sans nous appesantir sur le débaptême de l’ « instruction » en « éducation », sur lequel il y aurait pourtant à dire, contentons-nous d’observer un savant et constant démantèlement de l’institution chargée de transmettre aux jeunes tous les savoirs nécessaires. [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Constatons l’opiniâtreté de certaines forces qui, sous couvert d’égalité, ont arasé, appauvri et uniformisé le niveau des matières contenues dans les crânes. Ecoutez, ça fait floc-floc. Pour détruire un système éducatif, commencez par le réformer à tout bout de champ. En gros, je vous conseille de conduire une réforme par an pendant cinquante ans : à la fin, vous êtes sûr que plus personne ne sait qui fait quoi, ni qui doit faire quoi. [Voix off : « mission accomplie »].

 

 

Reléguez les enseignements techniques au fond de la cour à côté des WC, puisque vous avez prévu la future division internationale du travail, que vous supputez les travaux sales en Chine, et que vous pensez attirer tous les emplois à « haute valeur ajoutée » – ah zut, ça délocalise à tout va ! Vite, clamez qu’il faut « réindustrialiser » ! Ah zut, on a déjà eu le temps de perdre les savoir-faire (aciéries, industrie textile, ...) ! Mondieu, mondieu, que de malchances successives ! [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Mettez l’accent non plus sur les contenus et les disciplines d’enseignement, mais sur les méthodes pédagogiques de ces salauds d’enseignants crispés sur leurs privilèges exorbitants et engourdis dans leurs routines crasseuses et paresseuses. Simultanément, faites comprendre aux élèves qu’ils ont eux aussi, après tout, des droits, et qu’il serait bon qu’ils le fissent sentir aux enseignants trop imbus de leurs personnes. [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Vous aurez partie gagnée quand le cours commencera par une longue invocation au silence des élèves et se poursuivra par une harangue destinée à convaincre les dits élèves que ce qui sera dit pourra ne pas leur être complètement inutile. Certains esprits mal tournés pourraient penser que c’est le chaos ? [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

[Mine de rien, sous le masque habile de l’avocat du diable, l’auteur de ces lignes, pourtant en général d’un naturel épais, rustique et grossier, parfois même vulgaire, synthétise fort subtilement trois des nombreux problèmes qui ont commencé à envahir les enceintes scolaires – enceintes dont on ne sait trop de quelle catastrophe future elles accouchent – et à ébranler les fondations d’un système éducatif « que le monde entier nous envie ». Note de l’éditeur.]

 

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CE QUI SORT DE L'ANUS DU CANDIDAT

(merda d'artista, piero manzoni, 1961)

 

Conclusion : avec un système éducatif dans un état toujours plus flageolant, branlicotant et vacillant depuis une quarantaine d’années, si même il n’est pas déjà à l’état de ruine prémonitoire ou imminente, comment croire encore au talent de la mentalité française collective ?

 

 

 

Avec la télévision comme outil perfectionné de propagande à formater les esprits et machine à réduire les têtes, comment croire à la qualité de jugement collectif d’une population soumise à ce bombardement ? En quel honneur spécial, le Français échapperait-il à l'état spongieux qui caractérise tous les électorats démocratiques ?

 

 

Comment le « corps électoral » serait-il, dans ces conditions, autre chose qu’un niais, un gobe-mouche béat ? Comment le « corps électoral » pourrait-il ne pas être frappé de la crédulité médusée de la grenouille happée par la couleuvre ? Comment le « corps électoral » pourrait-il échapper à cet état spongieux qui fait tout avaler ?  Sinon, SARKOZY aurait-il été élu ? Remarquez que, si ç’avait été SEGOLENE, je n’aurais eu que le nom propre à modifier.

 

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GOBE-MOUCHE BEAT SANS COLLIER

(EN BEATITUDE)

 

A ceux qui m’accuseraient de partialité, je réponds en citant l’avis porté par EMMANUEL TODD sur les classes politiques occidentales en général : même s’il n’est pas une autorité infaillible, son point de vue reste intéressant. Il considère que, globalement, les personnels politiques du monde occidental sont d’une MÉDIOCRITÉ affligeante. Je pose donc la question : si les hommes politiques sont médiocres, cela ne vient-il pas du fait que les populations sont elles-mêmes médiocres ?

 

 

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L’un des facteurs de cette médiocrité foncière des « élites » censées être à même de gouverner serait donc la médiocrité des gouvernés eux-mêmes. Un autre facteur pourrait être l’extrême verrouillage du système politique, avec ses aiguillages, ses tiroirs, ses cases déjà toutes étiquetées, avec son fonctionnement désormais institutionnalisé, ses rouages trop bien huilés, en « carrières » dûment répertoriées.

 

 

Pourtant, malgré l’état de délabrement de ce « corps électoral », selon la stricte légalité, ce sont les membres de cette population progressivement décervelée qu’on persiste à appeler, contre tout bon sens, des citoyens. Et ce sont eux, gavés d’images publicitaires vantant des produits politiques, qui vont accomplir leur « devoir électoral ».

 

 

Comment voulez-vous, dans ces conditions, que le meilleur soit élu (au cas où ce « meilleur » existerait, ce qui n’est nullement avéré, voyez le sort réservé à EVA JOLY, celle qui n’a visiblement pas été coulée dans le moule, et quelque discutable que soit la personne) ?

 

 

Ce sont eux qui, en 2007, ont élu NICOLAS SARKOZY, sur la foi d’images et de discours méticuleusement manufacturés, ciselés, chantournés, limés, rabotés dans des ateliers de communication publicitaire de haute performance. Le quinquennat leur a ouvert les yeux. Mais en 2012, même « déçus du sarkozysme », auront-ils compris comment ça marche ?

 

 

Soumis au pilonnage en règle des médias qui vont nous faire bouffer de la présidentielle jusqu’à l'écoeurement, jusqu'à l’occlusion intestinale, leur esprit, réfugié au fond de la tranchée, saura-t-il résister au bombardement, aux nouveaux discours, aux nouvelles images qui vantent à longueur d’ « informations » le FRANÇOIS HOLLANDE nouveau et le NICOLAS SARKOZY, jeune perdreau qui vient de naître, bref, les « nouvelles » marchandises « politiques » ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

vendredi, 04 novembre 2011

ENFANCE : A PROPOS D'UNE IMPOSTURE

DE LA BEAUTE D'UN SLOGAN : « JE VEUX APPRENDRE »

 

 

Il existe non loin de chez moi un lieu paradisiaque réservé aux enfants. Il porte le doux nom de « Maison de l’enfance », et le monde entier nous l’envie. Enfin, « paradisiaque », je n’en sais rien. C’est en tout cas l’impression laissée par la décoration extérieure.

 

 

On en acquiert aussitôt le sentiment infaillible que les autorités compétentes ont pris le « problème » de l’enfance tout à la fois aux cheveux, à gauche, à cœur, au mot, au sérieux et à bras le corps (n'en jetez plus !). C’est clair : on ne se fout de la gueule d’absolument personne. Je n'en sais rien, mais il y a fort à parier qu’un tel bâtiment a été inauguré par notre « grand-maire » lui-même, GERARD COLLOMB.  

 

 

L’artiste qui a été rémunéré pour donner au message envoyé par notre « grand-maire » GERARD COLLOMB à la planète et à la ville (traduire Urbi et Orbi) toute l’ampleur esthétique que requiert l’importance du problème, l’artiste, disons-le sans ambages, s’est surpassé.

 

 

Sur les deux pans de murs qui font l’angle des rues Chariot-d’Or et Dumont-d’Urville, il a disposé, en très grand, ce qui ressemble à un dessin d’enfant, avec, sur plusieurs lignes orientées en biais, sans doute pour simuler la touchante maladresse de la main enfantine, une écriture d’enfant à la gloire du bonheur d’apprendre.

 

 

Le couronnement de cette authentique « œuvre d’art » consiste en le visage d’un petit garçon et d’une petite fille pointant leur regard et leur visage rayonnant vers un avenir radieux, autrement dit en haut à droite. Sur une sorte de phylactère semblant sortir de leur bouche, probablement inspiré d’une miniature médiévale, on lit cette phrase où se résume la philosophie de notre « grand-maire » GERARD COLLOMB et de notre époque tout entière : « JE VEUX APPRENDRE ».

 

 

Cette simple phrase, ça n’a l’air de rien, c’est plat, une simple petite phrase simple, affirmative, sujet, verbe, C. O. D., même un enfant est en mesure de la comprendre. « JE VEUX APPRENDRE ». C’est dans ce genre d’occasion qu’on découvre le démesuré des grands sentiments que les adultes éprouvent pour les enfants. Enfin, pas exactement : que les adultes éprouvent à la place des enfants. Ce n’est même pas exactement ça : que les adultes veulent à tout prix que les enfants éprouvent. Enfin : « voudraient » serait plus exact que « veulent ».

 

 

On a vraiment l’impression au premier rabord que l’enfant est de lui-même porté vers et par la volonté d’apprendre. En réalité, il n’en est rien, car la phrase ne veut pas dire ce qu’elle semble dire. L’enfant n’a jamais VOULU apprendre. Simplement, il a consenti à faire ce qu’on lui disait de faire. Et si ça lui a plu, il a continué, il y a même peut-être pris goût.

 

 

Cette phrase signifie exactement ceci : « Enfant, toi qui entres dans cette Maison de l’Enfance que la collectivité a édifiée à ton seul bénéfice, et que notre « grand-maire » GERARD COLLOMB a inauguré sans dissimuler l’immense amour qu’il a mis dans l’entreprise, tu es invité, ou plutôt, tu es SOMMÉ d’obtempérer à l’ordre qui t’est donné par cette petite phrase anodine. Parce que toi, à proprement parler, tu ne veux rien, rien que barbouiller (pardon : dessiner), jouer et courir, si possible en criant ».

 

 

« JE VEUX APPRENDRE », ça illustre bien l’hypocrisie, et je dirai la perversité de l’adulte qui prend ses désirs pour des réalités et voudrait à toute force que ça se traduise dans la réalité. La France dispose d’ailleurs, en la personne de NICOLAS SARKOZY, d’une sorte de modèle du genre : « (je veux) travailler plus pour gagner plus », on a vu ce que ça voulait dire une fois traduit en français profond. « Je veux apprendre », il faut donc le traduire : « tu dois apprendre ».

 

 

Et pour éviter de faire apparaître le principe d’autorité que cache la petite phrase anodine, notre « grand-maire » et ses complices ont fait semblant d’être des enfants. Ils disent : « Tu ne voudrais tout de même pas décevoir toute l’attente et tout l’espoir que nous affirmons fort et clair à nos électeurs vouloir mettre dans notre volonté enthousiaste de construire l’avenir, conformément à nos cent dix promesses électorales. N’est-ce pas, que tu vas faire des efforts pour m’éviter d’avoir menti ? ». La manœuvre est claire : imposer en culpabilisant, en faisant intérioriser  l’ordre qui lui est finalement donné de l’extérieur. Je serais désolé de n’avoir pas été assez clair.  

 

 

C’est de plus en plus évident : le principe d’autorité aujourd’hui est devenu inavouable comme un vice abominable. C’est l’entreprise qui a montré le chemin. On ne parle plus, et depuis longtemps, d’ « employés », mais de « collaborateurs ». Il n’y a plus de « chef du personnel », mais un « directeur des ressources humaines ».

 

 

Moyennant quoi les travailleurs ne vont plus travailler, mais œuvrer à la réussite du groupe. Il ne s’agit plus de remplir une tâche contre  rémunération, mais de contribuer personnellement au développement de l’entreprise. Ce n’est plus seulement le corps qui doit fournir les efforts dus à celui qui paie, c’est l’âme tout entière qui est impérieusement invitée à se confondre avec la tâche rémunérée.

 

 

Chacun sera désormais personnellement impliqué dans le process, et aura à cœur de porter les valeurs propres à l’entreprise. Chacun désirera intimement que l’entreprise se développe à l’export, convaincu au plus profond de lui qu’une dynamique forte permettra de dépasser les objectifs fixés par le dircom.

 

 

Il faut intérioriser ce monde, ce langage, ces notions. Sinon, nous sommes désolés, cher collaborateur, votre implication au sein de l’équipe a été jugée insuffisante par le management, qui se voit au regret de devoir se passer de votre précieuse collaboration et se séparer de votre personne. Croyez bien que nous le déplorons. Autrement dit, le principe d’autorité n’a pas disparu. C’est même le contraire : il est d’autant plus puissant que dissimulé.  

 

 

Au collège, au lycée, c’est la même chose. Le cours magistral ? Une vieillerie. L’autorité du maître ? Un fascisme insupportable. Des devoirs notés de 0 à 20 ? Un abus de pouvoir, et qui plus est dévalorisant. Le maître lui-même ? Au mieux, un animateur, au pire un empêcheur. Faisons donc disparaître le principe d’autorité. Les élèves auront donc désormais les mêmes droits que le maître. Moyennant quoi celui-ci devra, au début de CHAQUE cours, quémander à ceux-là le droit de leur enseigner ce qu’il sait.

 

 

L’autorité a-t-elle pour autant disparu ? Que nenni, messires, que nenni ! Le principe d’autorité aura peut-être déserté l’institution scolaire, et ce beau résultat est en passe d’être atteint. Il s’est simplement réfugié ailleurs. Où cela ? Pas loin : il attend avec sa matraque, juste derrière la porte de sortie de l’école. Il s’est déguisé et a pris d’autres noms : recherche de travail, entretien d’embauche, chômage, etc. Le principe d’autorité, il s’est simplement réfugié dans ce qu’il faut bien appeler la réalité des rapports sociaux.

 

 

Et l’enfant qui entrera dans le monde du travail, ayant été ainsi trahi par l’école même qui était censée lui donner les armes, eh bien si j’étais à sa place, j’aurais vraiment envie, là, de devenir violent.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.