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samedi, 18 août 2012

A BAS LES HERETIQUES ! (5/5)

Pensée du jour : « Concluons qu'il faut croire en une trinité une, en une unité trine. Une et unité à cause de l'essence une, trine et trinité à cause des trois je ne sais quoi (propter tres nescio quid) » Saint Anselme

 

 

« Tout ça qui a commencé, Il faut bien que ça finisse ! », écrivait JEAN TARDIEU. C'est certain, il faut savoir finir par terminer un parcours, fût-il théologique, et pour ainsi dire métaphysique (à moins qu'il ne fût 'pataphysique, puisque tout est 'pataphysique).

 

 

Cette petite série sur les hérétiques qui ont empoisonné l'air des centaines de théologiens romains dans les siècles des siècles (amen), disons-le tout de suite, doit s'achever. Aussi ne dirai-je rien des agonistiques, des circuiteurs, des catropites et autres coropites, que sais-je, des donatistes et des semidulites, des barallots et des barboriens, des lampétiens et des latitudinaires.

 

 

Que voulez-vous ? Des clanculaires et des cléobiens ? Des calixtins (qui sont de vulgaires luthériens mitigés) et des sampséens ?  Allez, pour faire bon poids, des scotopites et des caïnites (Cush, l'ami de Corto Maltese, et Corto Maltese lui-même, font partie de cette branche : « Nous autres caïnites cherchons toujours le paradis perdu pour le rendre à notre Mère », il y aurait pourtant bien des belles choses à dire des caïnites).

 

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CUSH DIT : "CORTO MALTESE EST UN BENI KAÏN" 

 

Il y en a d'autres, comme les hésitants, simple variante d'eutychiens acéphales, les hélicites, simples moines relâchés qui dansaient en rond, d'où leur nom (hélice), les danseurs, simple secte apparue en 1373 à Aix-la-Chapelle, les protoctistes, pour qui l'âme a précédé le corps (dieu du ciel, faut-il être bête !), et même les prophètes, rendez-vous compte. Les infernaux, convaincus que l'âme de Jésus-Chist, durant son séjour sépulcral, descendit aux enfers et y fut tourmentée (a-t-on idée !). Cette fois, j'arrête.

 

 

 

Pour ainsi parler, l'hérésie buissonne à perte de vue, prolifère comme la vermine, foisonne, pullule, fourmille, pleut, grouille. Plus on en tue, plus il en vient. Heureusement, l'époque moderne a résolu ce problème une fois pour toutes : elle a éradiqué le religieux. Plus de religion ? Plus d'hérésie. CQFD. Nous voilà bien débarrassés. Fini les hérésies ! A pu, hérésies !

 

 

 

N'est-ce pas un progrès définitif, d'être débarrassés des hérésies, que ce soit dans la peinture, dans la musique, dans la sexualité, dans les institutions ? C'est pourquoi nous devons rendre grâce à notre ultra-modernité (« C'est l'Ultra-Moderne Solitude », chante ALAIN SOUCHON) d'avoir fait disparaître le diable de l'intolérance, et pour cela inventé la dilution du paradis et de l'enfer, l'abolition du Bien et du Mal dans le grand chaudron du N'IMPORTE QUOI.

 

 

 

Cependant, je ne voudrais pas clore cette modeste incursion dans le domaine des problèmes épineux que ne cesse de soulever toute croyance religieuse, sans manifester une tendre et respectueuse révérence à l’égard d’une hérésie dont le bien-fondé ne semble pourtant, sur le plan doctrinal, devoir susciter aucune réprobation apostolique et romaine. Je veux ici célébrer l’hérésie stercoraniste (de stercus (= caca) : le bousier est stercoraire).  

 

 

Ici, sachez quand même que je vous épargne un développement sur la chaise papale qu'on appela la chaise stercoraire (« Duos habet et bene pendentes », disait le cardinal chargé de vérifier, à la fin du conclave et de la main, la virilité du nouvel élu, en lui tâtant les couilles), car ça nous entraînerait un peu loin. 

 

 

Le stercoranisme offre un superbe exemple magistral de l'ingéniosité créative et poétique développée par toutes sortes de catholiques au cours de l'histoire pour frapper la VRAIE FOI au défaut de la cuirasse, à coups de détournements incontrôlés d'articles dûment estampillés par la marque DELAFOI (dont le siège est à Rome (Italie), seule habilitée à les propager (s'adresser en cas de besoin à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, filiale de Vatican, la maison mère). En somme, transcrite en termes commerciaux, une hérésie est une vulgaire CONTREFAÇON.

 

 

Qu'on se le dise, pour être sûr que l'article de foi que vous achetez a été visé par les autorités chargées de la VRAIE FOI dans l'Eglise Apostolique et Romaine, vérifiez qu'il porte bien l'estampille officielle DELAFOI. Le Comité International Olympique (CIO) a bien retenu la leçon, qui a interdit, dans l'enceinte olympique londonienne, les préservatifs non contractuels.

 

 

La raison ? Il paraît qu'ils étaient trop généreusement dimensionnés par rapport à ce qu'est devenu au fil du temps l'organe du sportif mâle de haut niveau, du fait même de sa pratique. Cela reste bien sûr à vérifier, même si l'évolution et la sélection naturelle rendent la chose plausible. Ces propos n'engagent que ceux qui les entendent. Revenons au « geotrupes stercorarius », autrement dit au bousier mange-merde.

 

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IL EST PAS BEAU, MON BOUSIER ? 

IL PART JUSTE FAIRE SES COURSES AU SUPERMARCHÉ (IL A REPÉRÉ UNE BELLE BOUSE) POUR REMPLIR SON GARDE-MANGER.

 

Pour renouer avec l'hérésie des stercoranistes. La question qu’ils soulevèrent est délicate : que devient le corps du Christ dans la Communion, quand l’hostie (hostia = la victime) a été ingérée par le fidèle ? Subit-elle, comme tous les aliments, le destin digestif de finir dans une cuvette de chiotte, mélangée à l’étron profane expulsé par les parties les plus basses du croyant ? La conscience du croyant s'insurge, se cabre et se révulse devant une perspective aussi infâme.

 

 

L’abbé Guyot saisit bravement la question à bras-le-corps et le taureau par les cornes. Il n’esquive pas, il attend l’adversaire en faisant front crânement. Certains égarés, dit-il, ont prétendu que « le corps de J.-C. dans la sainte Eucharistie, reçu à la communion, était sujet à la digestion et à ses suites, comme tous les autres aliments ». C’est là que le croyant sincère frissonne, qu'il n'ose se représenter les "suites" dont il est question, et que l’homme pieux se signe aux quatre points cardinaux.

 

 

Heureusement et le plus tranquillement du monde, l’abbé GUYOT, à qui il ne faut pas la faire, ajoute : « les Pères savaient bien qu’à la première altération éprouvée par les espèces eucharistiques dans l’estomac, la présence substantielle de J.-C. cesse ; que, par conséquent, son corps est à l’abri de toute décomposition, puisqu’il s’évanouit ».

 

 

Passons sur le « J.-C. », qui pourrait passer pour une familiarité déplacée. Restons-en au fait qu'on ne saurait plus fortement planter la dignité de la vérité dans le cadavre de l’erreur. Nous resterons donc sur cette image définitive, puissante et sans réplique d'un Jésus Christ qui s'évanouit. Dans l'estomac du croyant. C'est comme je vous le dis.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Fin.