dimanche, 30 septembre 2012
L'AMOUR ABSOLU
Pensée du jour :
« J'aime le son du bois, le soir au fond du corps,
Ma louve dévêtue.
Je sonne l'olifant dans ton camp du drap d'or :
Qu'il est crépu, ce cul ! »
Trêve de calembours ? Alors, un peu de littérature ? Bon, alors voici. Je suis à vos
ordres.
« Il habite une des branches de l’étoile de pierre.
La prison de LA SANTÉ.
Comme il est condamné à mort, la branche où se cataloguent les condamnés à mort.
L’astérie pétrifiée n’a attendu pour s’épanouir, miroir des étoiles, que l’heure des étoiles. »
Ce sont les premières lignes de L’Amour absolu.
Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas parlé d’un de mes fétiches en littérature : ALFRED JARRY, l'immarcescible inventeur de la 'pataphysique et du docteur Faustroll, pataphysicien.
Cinquante pages en « Poésie-Gallimard », quarante en Pléiade, tu te rends compte, et ALFRED JARRY ose appeler ça « roman ». Bon, c’est vrai, il devait constituer, à l’origine, un simple chapitre de L’Amour en Visites. On ne va pas chipoter. Car ce livre, c’est bien une aura de beauté qui en émane.
Comme le disait le regretté NOËL ARNAUD, c’est vrai que l’auteur ne s’adresse pas au lecteur paresseux, consommateur d’histoires plus ou moins bien torchées, davantage habitué à la production qu’à la création. Qu’à une vraie littérature d’invention. Si tu penses en être, cher lecteur, il vaudrait peut-être mieux que tu passes ton chemin. Ce territoire est celui de la littérature, la vraie, la pure et dure, peut-être l’intégriste. La preuve ? Qui a lu L’Amour absolu ?
Emmanuel Dieu (c'est le "héros"), ancien enfant trouvé, le jour de Noël, dans un « doué » (lavoir en Bretagne), a été condamné à mort, et il attend son exécution. Voilà tout ce que je dirai de « l’intrigue ». A-t-il tué, d’ailleurs ? Rien n’est moins sûr : « S’il n’a pas tué, pourtant, ou si l’on n’a pas compris qu’il tuait, il n’a d’autre prison que la boîte de son crâne, et n’est qu’un homme qui rêve assis près de sa lampe ».
J’ai naturellement, comme tout le monde, découvert ALFRED JARRY par son côté face : le père Ubu. Je me rappelle même avoir, ô combien laborieusement, avec des potes, enregistré quelques scènes d’Ubu roi sur un magnétophone à bande. Mais je ne sais pas pourquoi, je me suis mis à débusquer, à éplucher les autres œuvres, en particulier L’Amour absolu. C'est même cette première fusée qui m'a offert des photos de la face cachée de cette planète qu'est l'oeuvre après tout copieuse de cet auteur mort à 34 ans.
Qu’est-ce qui attire ? Qu’est-ce qui fascine, ici ? Je réponds : la force et la beauté poétiques du texte, où se télescopent les histoires et les mythes les plus divers, dans une sarabande enfiévrée : Ahasvérus, le juif errant, qui devient le « Christ-errant », le dieu Odin et ses loups, la fée Mélusine, des souvenirs de Rabelais, de Cervantès et des Mille et Une Nuits, Joseph et Marie, la Bretagne, l’enfance et l’adolescence, etc. Vous comprenez qu’on ne peut se hasarder à en dérouler l’intrigue.
Ce texte n’a pas pris une ride, contrairement à toute la littérature symbolarde, épouvantablement ligotée dans l’époque qui l’a vu produire. Je ne qualifierai pas sa modernité du trop galvaudé « stupéfiante ». Plus simplement, j’en donnerai un exemple. On sait que L’Interprétation des rêves, ouvrage fondateur s’il en est, paraît en 1895.
Bon, je sais que le professeur de philo de Jarry, M. Bourdon, faisait, dès 1890, des cours sur NIETZSCHE, non encore traduit en français, mais je doute fort qu’Alfred ait pu avoir connaissance du livre de Freud, qui définit le rêve, comme chacun sait : « un accomplissement de désir ». Or, voilà-t-il pas qu’ALFRED JARRY écrit, en 1899 :
« La Vérité humaine, c’est ce que l’homme veut : un désir.
La Vérité de Dieu, ce qu’il crée.
Quand on n’est ni l’un ni l’autre – Emmanuel –, sa Vérité, c’est la création de son désir. »
Voyez la citation de FREUD, et on dira ce qu’on voudra, mais … Convaincant, n’est-ce pas ?
D’une manière plus générale, certains font la fine bouche, et trouvent singulièrement « datée » cette façon d’écrire. Ce n’est pas impossible. Je reste malgré tout attaché à cette prose poétique, par laquelle je suis entré jadis dans l’autre facette de l’œuvre d’ALFRED JARRY, tout ce qui ne tourne pas autour de la très encombrante gidouille d’Ubu, dont les extravagances ne font plus aujourd'hui que m'ennuyer.
Ce qui me frappe, aussi, c’est l’intensité du récit, sa densité, ainsi que le mystère obstiné qui plane sur ce que certains appellent la « réalité ». Y a-t-il eu adultère ou inceste ? Meurtre ou naissance ? Est-ce la mort ou le sommeil ? Le rêve ou la réalité ? La femme s’appelle-t-elle Varia ou Miriam ? Dors-je ou veillé-je ? JARRY tente de relever à sa manière le même défi que s’est lancé GUSTAV MEYRINK dans La Nuit de Walpurgis ou dans Le Golem, deux livres qui vous font vous demander, quand vous les refermez, si vous n’avez pas rêvé.
« Absolu – ment.
C’est une charade.
Ce que ne qualifie pas le premier est le sujet du second.
Tout dans l’univers se définit par ce verbe ou cet adjectif. »
Indispensable.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, poésie, alfred jarry, l'amour absolu, amour, énigme, l'amour en visites, noël arnaud, gustav mayrink, la nuit de walpurgis, le golem, ubu roi, sigmund freud, l'interprétation des rêves, pataphysique
samedi, 29 septembre 2012
GOÛTEZ MA QUICHE AUX ASTICOTS
Pensée du jour :
« Pelure de l’eau,
Peau de l’usure,
De l’usage du corps,
La vitre a la fêlure ».
Goûtons voir si le vin est bon. Un petit Chusclan rouge. Accord magique garanti avec ma recette du jour. Vous verrez, vous en redemanderez.
ÇA, C'EST L'ASTICOT FRANÇAIS : UN REGAL !
Mais avant, je rappelle celle que tout le monde connaît :
Recette de la quiche généreuse feuilletée :
Préparation : 20 mn
Cuisson : 60 mn
Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 1 rouleau de pâte feuillettée
- 1 gros pot de crème fraîche épaisse
- 1 paquet le lard salé
- 1 paquet de dés de jambon blanc
- 6 oeufs
- 200 g de gruyère râpé
Préparation :
Préchauffez le four à 180°C. Faites cuire les lardons dans une poêle antiadhésive.
Dans un saladier, versez la crème fraîche, les œufs, le poivre et une pincée de paprika (ne salez pas car les lardons le sont déjà).
Egouttez les lardons dans de l'essuei-tout afin qu'ils soient moins gras.
Etalez votre pâte feuilletée dans un moule en prenant soin de la piquer avec une fourchette.
Versez délicatement la préparation crème fraîche + œufs sur la pâte, puis parsemez de dés de jambon et de lardons et recouvrez de gruyère râpé.
Enfournez pendant 60 mn environ en surveillant la cuisson (piquez la pointe d'un couteau au milieu de la quiche pour vérifier si elle est cuite).
Voici maintenant la véritable recette du jour.
Recette de la quiche aux asticots :
Remplacer les lardons et le jambon dans la recette de la quiche traditionnelle par des larves de ténébrions qu'on aura pris soin de faire revenir à la poêle préalablement pendant quelques minutes (ce qui a pour effet d'en réhausser le goût). Inclure les ténébrions dans la pâte à quiche et faire cuire selon les usages. La proportion pourra atteindre de 0 à 40% de ténébrions dans la pâte à quiche selon que l'on désire que celle-ci soit plus ou moins nourrissante. Très bel effet esthétique (les vers apparaissent au découpage de la quiche). Cette recette a été testée en particulier avec Alain Senderens et son équipe de cuisiniers dans son très célèbre restaurant le « Lucas Carton » à Paris.
ÇA, C'EST LE TENEBRION ET SA LARVE : SUCCULENT !
J’ajoute qu’il faut compter 75 grammes d’asticots et de larves de ténébrions par personne. J’insiste sur la nécessité de bien les faire revenir à la poêle avant de les mélanger à la crème et de les verser sur la pâte feuilletée.
La prochaine fois, je vous donnerai la recette des spaghettis aux grillons ou du riz au lait aux larves d’abeille. Si vous passez par ici, je vous ferai goûter mes scorpions rissolés. Vous m’en direz des nouvelles. Vous n’aurez ensuite qu’une idée : abandonner une fois pour toutes le steak tartare et le tournedos Rossini.
De plus, tout ça est excellent pour la santé : le termite arrive juste après la lentille pour ce qui est de la teneur en fer. Et je ne parle pas de la teneur en protéines, dont tout le monde sait que les insectes sont les champions.
Voilà ce que je dis, moi.
09:46 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 28 septembre 2012
DU RACISME ANTI-FRANçAIS
Pensée du jour :
« Entre l'absence et la chemise,
Le temps d'une exhalaison,
Fume le corps de gourmandise
De nos appétits sans raison ».
Ainsi, monsieur JEAN-FRANÇOIS COPÉ, un clone de NICOLAS SARKOZY, drague les voix d’extrême-droite en soutenant qu’il existe un racisme anti-blanc, sur le territoire même de la République Française, une et indivisible. A entendre, les bouchons dans les oreilles, les hurlements des accusateurs, on se dit que JEAN-FRANÇOIS COPÉ est un salopard fasciste.
Je ne crois pas que JEAN-FRANÇOIS COPÉ soit un salopard fasciste. Il est juste un politicien français. Pour lui, la présidence de l’UMP n'est qu'une rampe de lancement. En direction du perchoir national : la Présidence de la République. Avec son « racisme anti-blanc », il se contente de répliquer à l’annonce surprise de FRANÇOIS FILLON de 45.000 parrainages en vue du prochain congrès de l’UMP. « Il faut lâcher le congrès », lisait-on jadis dans l’Album de la Comtesse, du Canard enchaîné (contrepèterie relativement facile).
Il faut le comprendre, COPÉ : FILLON lui a grillé la politesse, en annonçant dans les médias un nombre pharamineux de signatures et de soutiens. Cramé, COPÉ. Obsédé par la Présidence, que vouliez-vous qu’il fît ? Son raisonnement ? « Comment vais-je lui faire manger ses dents, à ce Néandertal ? » Une petite séance de « brain-storming » avec son « staff » (je cause moderne), et voilà le racisme anti-blanc qui arrive sur le devant de la scène. Vas-y à fond, coco ! C’est tout bon ! La best réplique sur l’échelle de Richter. Enfoncé, FILLON.
C’est entendu : COPÉ drague les voix du Front National, c'est-à-dire la frange droite des militants UMP. Il n’est pas fasciste pour autant. Monsieur COPÉ est un pur produit de la politique à la française : la politique considérée comme une carrière. En son temps, ALFRED JARRY avait écrit un article paru dans Le Canard sauvage, n° du 11 au 17 avril 1903, intitulé « La Passion considérée comme course de côte ». De nos jours, tout est possible, et l’horizon de l’ambitieux s’élargit au-delà des dimensions humaines, comme l’horizon russe au moment où monsieur HITLER se mit dans l’idée fixe de l’envahir.
COPÉ ? Il va juste à la pêche. C’est, comme on dit, une opération de communication. Elaborée dans un bureau de petit comité. Les penseurs de ça sont dix au maximum. FILLON dispose d’une équipe identique. Tout le monde est grassement payé, en spéculant sur l’avenir, comme MANUEL VALLS et ARNAUD MONTEBOURG l’ont fait avant l’élection de HOLLANDE. Aucune de ces personnes n’a, à proprement parler, de « ligne politique ». Exercer le pouvoir est le seul objectif.
Reste, paraît-il, le « débat ». On parle ici de faits et de réalité. Existe-t-il, aujourd’hui en France, un racisme anti-français ? Existe-t-il un racisme anti-blanc ? Eh bien, mesdames et messieurs, au risque de choquer, je dis que la réponse est OUI. Il faut, certes, relativiser : le racisme anti-français se développe dans des portions très délimitées, et même très limitées du territoire national. Il n’empêche, il existe. La haine de la France se développe dans certaines villes de France.
Maintenant, regardons un peu ce qui s’est passé dans les principaux pays arabes pendant les trente dernières années : l’Egypte de ANOUAR EL SADATE, l’Algérie de CHADLI BENJEDID, la Tunisie de ZINE EL ABIDINE BEN ALI. La Libye de KHADAFI est un cas à part : j’aurais envie d'opérer un rapprochement entre le « Guide de la Révolution » et un certain JOSIP BROZ, dit TITO (Yougoslavie). Tant que le dictateur fait régner son ordre, les populations vivent dans une unité relative. Lui disparu, l’Etat central et unificateur a tendance à se désagréger.
Mais ailleurs ? SADATE, et MOUBARAK après lui, achète la paix à coups de mosquées, réprimant les Frères Musulmans, mais en ayant soin de leur laisser gérer la misère sociale, l’entraide mutuelle, les associations de secours à la population. Si la situation diffère en Tunisie, et surtout en Algérie, elle s’en approche. Tunisie ? Mosquéisation à fond la caisse, gestion du social aux islamiques. Algérie ? Arabisation à fond la caisse pour éradiquer le souvenir même de l’infect colonisateur, gestion du social aux religieux.
Vous avez repéré les termes de l’équation ? Le clan au pouvoir (MOUBARAK et sa famille, BEN ALI et sa femme, la redoutable LEÏLA TRABELSI et toute sa parentèle, une clique de généraux puissants et BOUTEFLIKA qui leur sert de faux-nez) vit sur le tas d'or qu'il a piqué, achetant ici et là les bonnes volontés influentes et utiles ; la population, pour l’essentiel, croupit dans la misère et le chômage ; l’Islam progresse, prospère, croît et embellit sur le fumier du social, négligé par le pouvoir.
Maintenant regardez les « quartiers » français. Ôtez le clan prédateur de l’équation, reste quoi ? L’Islam d’un côté, de l’autre, la misère et le chômage. Ajoutez à l’équation la guerre israélo-palestinienne : MOHAMED MERA est une exception du fait qu’il passe à l’acte, c’est le moins qu’on puisse dire.
Mais le sentiment anti-français qui l’animait, la motivation qui était la sienne, pensez-vous qu’ils demeurent une exception, dans nos banlieues ? L'identification aux Palestiniens comme victimes est largement répandue. Et imaginez maintenant cette misère chômeuse, trafiquante et islamisée avec des kalachnikovs dans les mains. C’est juste une image. J’espère.
C’est sur ces entrefaites (tiens donc !) qu’on apprend, ces derniers jours, que le Qatar, qui a déjà acheté, entre beaucoup d’autres, le P.S.G., a proposé au gouvernement de créer un fonds d’investissement qui serait là pour aider des jeunes des banlieues (d’origine essentiellement maghrébine) à créer leur entreprise. Le dit gouvernement s’est empressé d’accepter, en précisant évidemment qu’il serait présent dans le financement pour contrôler. Mon oeil !
Sans même parler des prêches dans les mosquées le vendredi, est-il vrai que les responsables politiques français, nationaux et territoriaux, laissent des « associations » plus ou moins confessionnelles s’occuper des populations « issues de l’immigration » ? Oui ou non ? Une petite subvention par-ci, on ferme les yeux par-là ? Que croyez-vous qu’il arrivera, à la longue ?
Et monsieur HARLEM DESIR (avec ses congénères prêcheurs stipendiés de la diversité, de la mixité sociale, du « métissage » et de la tolérance) s’indigne (le mot est faible) qu’un politicien français « droitise » son discours et récupère des idées du Front National.
Ces idées ne sont celles du Front National que parce qu’une portion non négligeable de la population française « de souche » a l’impression, en certains lieux, de ne plus être chez elle. Car le Front National n’existe que parce qu’il a une clientèle : toute demande suscite une offre qui se propose de la satisfaire. C’est la loi du marché.
Maintenant, prenez un politicaillon – mettons qu’il s’appelle JEAN-FRANÇOIS COPÉ – qui désire progresser en direction du pouvoir et qui, pour cela, a besoin d’occuper un poste-clé au détriment de son principal rival – mettons FRANÇOIS FILLON. « Ah, FILLON me grille la politesse en proclamant le nombre de ses soutiens UMP ? Puisque c’est comme ça, je me mets « au centre du débat » (pour parler comme les « journalistes ») en claironnant sur le thème ». Car il ne s’agit que de rassembler des voix sur son nom. Pas de résoudre un problème.
Mais cela ne veut dire en aucun cas que le problème n’existe pas.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, politique, société, islam, jean-françois copé, nicolas sarkozy, ump, république, france, racisme, racisme anti-blanc, françois fillon, album de la comtesse, canard enchaîné, presse, contrpèterie, alfred jarry, la passion course de côte, hitler, man, uel valls, arnaud montebourg, françois hollande, sadate, moubarak, bouteflika, ben ali, frères musulmans, mohamed mera, kalachnikov, qatar, psg, harlem désir, front national, extrême droite
jeudi, 27 septembre 2012
HULOTTE DE PEAU ? HULOTTE DE PLUME ?
Pensée du jour :
« Mon amie, la viande avancée,
Tiens-tu encore un peu debout ?
– Demande aux mouches de pensée
Qui courent sur mon corps à bout ».
« Qui donc a caché sous ma glotte
Un pipeau moisi de hulotte,
M’empêcher d’ouïr les navettes
Tisser de mes cierges squelettes ? »
ALFRED JARRY
L’auteur d’Ubu roi nourrissait chez lui des chouettes hulottes en leur fournissant des morceaux de viande faisandée qui pouvaient, au nez de certains visiteurs, sentir la charogne plus ou moins avancée.
La hulotte, autour de 40 cm, a la tête ronde. Son chant, si on peut l’appeler comme ça, s’épelle : « Ou-hou-ou-hou, ou-ou-ou », dans le monde de l’ornithologie, section rapaces strigidés.
La chouette hulotte est attendrissante, certainement à cause de l’intraitable déesse Athéna, qui en fit son emblème, qu’elle sut adroitement imposer aux éditions Les Belles Lettres (collection Guillaume Budé).
On a plus envie de caresser la tête de la hulotte que la toison pubienne de la vierge cruelle, sortie tout armée du cerveau de Zeus.
UNE EFFRAIE N'EST PAS UNE HULOTTE , MAIS LA PHOTO EST BELLE
Voilà ce que je dis, moi.
14:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 septembre 2012
AH ! ÊTRE LARVE A CORBEYSSIEU !
Pensée du jour : « Le jardin et la maison abritent de nombreuses espèces de petits animaux. Dans un jardin où règne la diversité, on trouve plus de petits animaux que dans n'importe quel biotope "sauvage", et la maison offre un abri à des animaux qui ne pourraient pas survivre à l'extérieur sous nos climats ».
LARS-HENRIK OLSEN
Dans le clos de Corbeyssieu, il poussait toutes sortes de végétaux : des très grands, même si l’état de l'orgueilleux, du gigantesque tremble du bas fait aujourd’hui peine à voir et serre le cœur, avec ses moignons à vif ; mais aussi des arbres tout petits.
Et des arbres complètement tordus : ah, qui dira les charmes du sophora (regardez celui-ci) aussi beau en hiver - quand sa silhouette torturée, sa chevelure frisée, se découpent sur le ciel - qu'en été - quand son feuillage, tombant en grappes épaisses presque jusqu'au sol, fait la joie des enfants qui jouent à cache-cache ?
LE SOPHORA EN HIVER
LE SOPHORA EN ETE
Il y avait des arbres raides comme la justice. Le séquoia, avec ses branches tombantes et son écorce boursouflée et vallonnée, était un point de chute idéal pour la foudre à chaque orage. Enfin bref, il y avait des végétaux à plumes, à poil, à feuilles et à fruits, c’est vous dire.
Juste derrière les trois conifères centraux, juste au-dessus des routoirs (ou rouissoirs, visibles ci-dessus, avec un effort, en contrebas du mur de droite), il y avait en particulier un noisetier qui, pendant longtemps, nous a fourni d’une part nos arcs et nos flèches, d’autre part ses noisettes.
Enfin, quand je dis « noisettes », encore fallait-il que nul balanin ne fût passé par là au moment de la formation du fruit, auquel cas, aucun espoir de croquer quoi que ce fût. Le balanin ! Admirez son grand pronotum ; son rostre long et mince ; ses antennes coudées. Dire que c'est un nuisible ! Modeste, mais nuisible. Désolant !
Il faut savoir que le balanin est la cause de la frustration de l’amateur de noisettes. C'est d'ailleurs pour ça que CARL VON LINNÉ l'a baptisé "curculio nucum", ou balanin "des noisettes". Car la femelle, pour pondre, pique le fruit à son début, quand, tout tendre encore, il n'a pas encore revêtu son armure ligneuse. Et la larve, peinarde comme un coq en plâtre (comme on dit chez nous), n’a plus qu’à attendre que ça pousse.
Quand c’est mûr, elle sort les crocs, et quand elle a fini la réserve, elle n’a plus qu’à forer la paroi pour se retrouver au dehors, vous laissant la coque vide, percée d’un trou étonnamment rond, et vos yeux pour vous lamenter. En revanche, la larve du balanin nous évitait l’engueulade, au temps où nous cassions la noisette avec les dents. Ce qu’il ne faut surtout pas faire, paraît-il. C'est peut-être même à cause de ça que j'ai des dents en bon état (n'exagérons rien). En cas de trou, ce n'était même pas la peine de croquer.
Tout de même : la peste soit du balanin ! Mais Dieu qu'elles étaient bonnes, les noisettes de Corbeyssieu !
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, pensée, olsen, carl von linné, sophora, arbre, tremble, sequoia, noisette, balanin, coléoptère, insecte, curculia nucum, entomologiste
mardi, 25 septembre 2012
MARIAGE HOMO, MENAGE EGO !
Pensée du jour : « Alors que l'économie du Nouveau Monde a tout d'abord entamé un processus d'amélioration progressive, elle a eu tendance, au cours de son expansion, à se transformer en un nivellement par le bas, jusqu'à atteindre un point mort de médiocrité et de banalité. Finalement, elle a cherché à effacer toutes les différences entre haut et bas, bon et mauvais, entre ce qui se développe et ce qui se dégrade, en niant même l'existence de valeurs, ou du moins d'en établir la hiérarchie ».
LEWIS MUMFORD
Nous parlions de deux normes concurrentes.
Soit dit en passant, je doute fort que deux normes concurrentes puissent coexister : il y a LA norme (sociale, statistique, sexuelle, ...), un point, c'est tout. Que certains aient du mal à l'admettre, peut-être. Mais priver un groupe humain de toute norme revient à imiter Cléopâtre (celle d'Astérix) plongeant des perles dans le vinaigre (sa boisson préférée) d'une coupe qu'elle passe à son goûteur (« Pouah ! J'ai horreur du vinaigre trop perlé », dit celui-ci). Les perles se dissolvent.
Ensuite, que certains aient du mal à intérioriser cette norme, et qu'ils se sentent exclus de ce fait, c'est forcément possible. Cela montre au moins qu'une société humaine n'est pas une société de numéros exclusivement assignés à une fonction. La norme étant le cadre, on espère qu'à l'intérieur de ce cadre normatif, on puisse laisser flotter les rubans et laisser respirer l'animal.
Que des individus échappent à la normalisation inhérente à toute vie en collectivité et à toute société, je trouve ça plutôt rassurant. Il serait même fort inquiétant que quiconque soit normal à 100 %. Pour moi, normal à 100 %, c'est un robot. Ou JEAN-LOUIS TRINTIGNANT dans Le Conformiste (BERNARDO BERTOLUCCI, 1970).
Et qu'il y ait du particulier, du local, de l'arbitraire, du coutumier et du contingent dans la norme, (comme le hurlent les « déconstructeurs »), c'est absolument certain : c'est même pour ça qu'elle est faite, la norme ! Séparer le normal de l'anormal. Impossible de faire autrement !
La fonction de la norme, en dehors de son aspect statistique (mesurer des moyennes), est exactement de faire le départ entre un « soi » et un « non-soi ». La norme n'a pas seulement à voir avec une loi morale, l'intolérance, des obligations. Elle a aussi à voir avec quelque chose de nature identitaire. Mais je reviendrai une autre fois sur ce mot de norme qui fait peur, et qui me semble indispensable et structurant. Indispensable parce que structurant.
Dire qu'il pourrait y avoir deux normes ? Autant dire qu'il n'y en aurait plus du tout. Peut-être, après tout, est-ce l'objectif inavoué ? L'abolition des critères ? Le nivellement (voir "pensée du jour") ? Après, ça ne dit rien des attitudes et comportements que la majorité doit adopter à l'égard de ceux qui ne sont pas dans la norme (par choix ou par nécessité, je pense aux handicapés, par exemple).
C’est ainsi qu’on discerne finalement, dans cette catégorie d'homosexuels, deux réclamations contradictoires : afficher un label « non-conforme », tout en réclamant comme un droit une estampille de « conformité ». C'est le non-conformiste qui exigerait d'être considéré comme conforme. Bizarre façon de tordre le sens des mots. Une façon de manger en même temps à deux râteliers opposites. Cela sent le sophisme pur et simple. Il faudrait clarifier. Ce n'est pas net. Au minimum, c'est de l'intimidation, façon hooligan du PSG.
Ça ne vous paraît pas bizarre ? La logique de cet homosexuel est d'ordre (qu'on me pardonne le mot) oxymorique : on ne peut guère, théoriquement, désirer à la fois quelque chose et son contraire. Ou alors c'est le signe d'une légère ambivalence. Peut-être pire. Une aberration notionnelle ? Une perversion intellectuelle ? Un dévoiement moral ? Un cheval de course ? Un raton laveur ?
C'est ainsi que, après avoir campé la silhouette de « Barbe-Noire », l'homosexuel individualiste, non-conformiste et ostensiblement hors de toute institution, nous voyons se dessiner l'autre silhouette homosexuelle. Tout le monde connaît bien maintenant le couple Bidochon, imaginé par CHRISTIAN BINET.
Eh bien, la figure qui me semble correspondre le mieux à cet homosexuel-là, qui veut gagner sur tous les tableaux, pourrait se résumer dans une formule oxymorique du genre : le BIDOCHON CONQUISTADOR. Alexandre le Grand part à la conquête du monde, mais sans oublier ses pantoufles, et la petite laine que bobonne lui a tricotée pendant qu'il courait les routes, en prévision des soirées fraîches sous la tente.
Ben si, réfléchissez. D’un côté, le fier colonisateur de territoires occupés par des populations (et administrés selon des principes) dont il nie la légitimité, et qu’il va chasser de leur trône, il en est sûr, il a le vent en poupe.
D’un autre côté, le couple façon Bonne soirée, avec charentaises et feu dans la cheminée, qui ne rêve que popote, ragoût de mouton préparé par Germaine, routine dans la chaleur des jours qui se suivent, enfants qui courent dans le jardinet. La duplicité de l'image a quelque chose de pathétique. Quel horizon, ma parole !
Vu la tournure des évolutions récentes, et vu le caractère résolument « en dehors » de l’homosexuel antédiluvien (Barbe-Noire), il me semble que le plus bel avenir est promis au « Bidochon conquistador », façon PIERRE BERGÉ (le financier de la revue Têtu qui, après une amère déception avec BERNARD BUFFET, trouva le repos de l'âme et la stabilité conjugale (sans épousailles) auprès de YVES SAINT-LAURENT, ils furent heureux et eurent beaucoup de duplicata). J'espère que cette idée éclaircit le titre de cette note.
Bienvenue au Bidochon Conquistador de la cause homosexuelle ! Flamberge au vent. Et bon vent (amical, dans le fond), pour finir, aux homosexuels « normaux » (là, je suis quand même obligé de mettre les guillemets) : laissons-les vivre !
Et réciproquement, s'il vous plaît !
Voilà ce que je dis, moi.
FIN
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lewis mumford, littérature, norme, normal, normalité, normalisation, jean-louis trintignant, le conformiste, bertolucci, les bidochon, christian binet, bande dessinée, homosexualité, mariage homo
lundi, 24 septembre 2012
MARIAGE HOMO, MENAGE BADAUD
Pensée du jour : « J'aimerais bien dire qu'il fait soleil. Ou alors qu'il pleut. Ou qu'il gèle. Rien ne campe mieux le décor d'une chronique. Malheureusement, il ne fait pas de temps. Ce n'est pas ma faute ». 12 octobre 1965
ALEXANDRE VIALATTE
La dernière fois, donc, nous brossions des silhouettes.
Ce deuxième type homosexuel, c’est un subversif, un militant, un guerrier. Un vindicatif : il en veut à la société d'avoir dessiné les cadres de la sexualité comme ci et pas comme ça. Il ne se satisfait pas d’être cantonné dans une marge plus ou moins sulfureuse, plus ou moins tolérée.
De plus, il est intimement convaincu que sa sexualité particulière donne des droits, qui découlent de ses désirs. Il l'a abondamment théorisé. Il revendique. Il veut toucher aux institutions, forcément injustes à son égard. Il se sent l'homosexualité conquérante. Il a déclaré une fois pour toutes qu'il est aussi normal que n'importe qui. C’est sa marque. Pour un peu, cet homosexuel-là voudrait que tout le monde soit « normal » à sa façon à lui. D'ailleurs, plus personne ne peut utiliser le terme "normal" sans rougir ou sans s'attirer les foudres des mânes des « déconstructeurs » qui ont nom DELEUZE, DERRIDA, FOUCAULT, BOURDIEU.
Lui, ce qu’il veut, c’est élever son « orientation », sa « préférence » à la dignité de Grand-Croix du Normal ; il veut étendre l’ombre de sa minorité sur l’ensemble du territoire social. Il part à la conquête de la Toison d’Or : la création d’un ordre officiel de l’homosexualité.
Y aura-t-il des grades, comme dans la Légion d'Honneur (chevalier, officier, grand-officier, commandeur) ? Si UBU était là, il demanderait où sont le petit (Bougrelas) et le grand (le capitaine Bordure) bougres (Ubu roi). Ce bougre-là, grand ou petit, de toute façon, demande l'inscription de la sexualité particulière de sa personne dans les lois de la République.
Il y a donc bien une dimension anthropologique dans cette revendication, puisqu'il veut qu'un particularisme, un mode d'être statistiquement marginal, soit considéré à égalité avec une généralité humaine immémoriale : le mécanisme naturel de la reproduction sexuée, concrétisé dans la cellule institutionnelle de la famille.
Il croit d'ailleurs légitime de nier ce mécanisme, en s'appuyant sur tous les moyens offerts par la science, la technique et diverses "combinaisons" imaginables pour le contourner. C'est vrai que la science et la technique ont procuré à l'homme les moyens de tricher avec le destin. Peut-être devrait-on plutôt dire : tricher avec la condition humaine, n'est-ce pas, HANNAH ARENDT ?.
Il veut faire de l'exception la règle. Je veux dire : de l'exception homosexuelle la règle générale possible. Ainsi , ne voit-on pas circuler à présent des films "pédagogiques", où l'homosexualité est présentée aux enfants du primaire comme un chemin possible, à égalité avec l'hétérosexualité, présentée, elle, comme une possibilité parmi d’autres ? Voire comme une norme, et comme telle insupportable, pour ne pas dire totalitaire.
« Laissez venir à moi les petits enfants », dit quelqu'un qui a requis l'anonymat (initiales J.C.). Mais c'était autrefois, et dans d'autres circonstances. Là, il s’agit de rendre l’existence concrète la plus compliquée et problématique possible, dès le plus jeune âge. Il n’y a pas de raison que les petits n’en bavent pas autant que tous leurs aînés.
Soit dit par parenthèse, la présente conception de l'égalité me semble renouveler de fond en comble le corps de doctrine, et me fait penser à cette blague de l'époque soviétique : « Ce qui est à moi est à moi. Maintenant, ce qui est à toi, ça peut se négocier ». Cette vision de l'égalité a quelque chose de léonin.
En disant aux enfants "vous avez le choix", on leur présente dès l’âge de huit ou dix ans l'aiguillage entre deux sexualités possibles, comme si elles étaient égales en valeur. Comme si étaient disposées, sur un rayon de supermarché, les différentes sexualités possibles, et qu'on disait au gamin : « Laquelle tu veux ? ». C’est évidemment dans le but louable d'éviter qu'ils se sentent coupables d'être attirés par des gens de leur sexe ? D'échapper au carcan des codes sociaux ?
Quel progrès, mes amis ! Je suis curieux de voir les effets à long terme d'une telle audace "pédagogique". Et de voir, dans l'immédiat, la tête des gamins découvrant la chose. Leur perplexité, pour le moins. Et moi qui croyais que former l'esprit des enfants consistait d'abord à lui fournir un cadre le plus stable et simple possible, pour lui donner quelques points d'ancrage, de repère. Sans doute suis-je bien arriéré. "Cadre", "points de repère" ? Foutaises !
Je regrette au passage que ces pédagogues n'exigent pas dans la foulée le droit de vote pour ces enfants assez mûrs, selon eux, pour entendre parler d'homosexualité avant même d'avoir entendu parler de sexualité (et ne me ressortez pas, s'il vous plaît, la "période de latence", car si on parle de latence, ce n'est pas pour rien).
Prosélytisme homosexuel, dites-vous ? L'armée recrute ? Mais êtes-vous fou ? Qu'allez-vous chercher ? N'allez pas me dire maintenant que l'homosexualité est une religion à laquelle les adeptes chercheraient à convertir les masses humaines ? Horresco referens !
Depuis que l'homosexualité a été rayée de la liste des délits, puis des maladies mentales, cet homosexuel irait même jusqu'à contester que ce soit un particularisme. A défaut de faire la Révolution et de mettre à bas l'ordre public, l'Etat, la République, il se contentera de la subversion du Code Civil. Ce qui n'est déjà pas mal.
Mais paradoxalement et inversement, en même temps qu’il exige que sa sexualité particulière soit érigée en norme concurrente de la traditionnelle, il demande à la société de considérer comme banal son désir de fonder une cellule familiale ordinaire, avec tous les droits y afférents. Je ne sais pas vous, mais moi je vois là la stratégie du bernard l'hermite. A ceci près que celui-ci vide la coquille institutionnelle pour pouvoir s'y loger. C'est là que ça devient intéressant.
Voilà ce que je dis, Moi.
A suivre.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre vialatte, chroniques de la montagne, humour, littérature, homosexualité, mariage homo, sexualité, deleuze, derrida, foucault, bourdieu, norme, normal, normalité, ubu roi, légion d'honneur, république, hannah arendt, hétérosexualité, psychologie
dimanche, 23 septembre 2012
MARIAGE HOMO, MENAGE IDIOT ?
Pensée du jour : « Si tes amants t'ennuient, marie-toi, cela leur donnera du piquant ».
JEAN ANOUILH
L’homosexualité, quand – comme moi, par exemple – on ne se tient pas au courant des dernières tendances, est un univers à part, difficile à appréhender dans sa cohérence et son homogénéité. Si tant est que ce soit un milieu cohérent et homogène. Or, rien n'est moins sûr.
« Toutes choses égales par ailleurs » (formule énigmatique qu'on entend beaucoup dans la bouche des politiciens ; je l'emploie donc parce que personne ne sait ce qu'elle veut dire exactement), c’est un peu comme l’Islam. En France, de même qu'on dit "l'Islam" en parlant de tous les musulmans du monde, on parle de "la communauté gay". C'est mettre tout le monde un peu vite dans le même sac. Car il y a homosexuel et homosexuel.
L’Islam est une religion difficilement compréhensible au non-initié. Chez les protestants, au moins, c’est clair : tu choisis ta secte, personne n’ira te demander des comptes. Les autres sectes te foutent une paix royale, même si elles sont toutes plus ou moins en concurrence entre elles. C’est « chacun pour soi ». Ce n’est pas pour rien que l’individualisme a été inventé par les adeptes de la Réforme de MARTIN LUTHER.
Chez les musulmans, c’est plus compliqué. Beaucoup plus. Ils font mieux que le dialectique : « Un se divise en deux », du regretté Président MAO DZE DONG, abondamment mis en application par les trotskistes au cours du 20ème siècle. Eh bien l’Islam fait encore plus fort : « Un se divise en trois » : sunnites, chiites, kharidjistes. Et encore ne cité-je que les trois branches principales, chacune d’elles ayant à cœur de se subdiviser à son tour on ne sait pas combien de fois. A croire que MAO s’est inspiré de l’Islam.
Chez les homosexuels, cercle que j’ai approché tangentiellement, moi qui ne suis pas spécialiste, j’ai cru pouvoir distinguer deux grandes tendances, dont je me hasarde ici à proposer la modeste description. Description est d’ailleurs un bien grand mot. N’ayant à ma disposition ni le fonds documentaire, ni la méthodologie de l’entomologiste, je ne saurais pas plus entrer dans le menu du détail que dans le détail du menu. Brossons de l'extérieur, si vous le voulez bien, deux silhouettes, à gros traits. Avec une marge d'erreur généreuse, on le comprendra.
Dans la partie gauche de la photo, l’homosexuel qui choisit délibérément de vivre en rupture avec l'ordre normal. De rejeter les codes sociaux touchant les moeurs. Il opte en toute conscience pour la fracture, pour l’affirmation de soi, pour la proclamation de sa « différence ». Les conventions en vigueur parmi les adeptes de la normalité ? Très peu pour lui.
Ainsi, DANIEL, le serveur de la brasserie X, affichait-il l’altérité de son style en toute décontraction, avec une touche de malice et d'insolence. D’autres que lui, certes, tiennent à la respectabilité de la façade, et ne tombent le masque que lorsque le contexte s’y prête, ce qui les oblige parfois à mener, tant bien que mal, une double vie.
Cet homosexuel, donc, ostensiblement (ostentatoirement ?) ou secrètement contre, revendique la transgression de l’ordre moral. Il ne négocie pas. Au sein de la « communauté », il reste un individu individuel. Un individualiste. Peut-être un aventurier. Un insoumis avide d'expériences inédites que la normalité horrifiée réprouve. Il est, éventuellement, assidu aux soirées intitulées « no limit », ainsi que D. nous le narrait en petit comité. Il est différent de la majorité ? Eh bien il assume, et voilà tout. Abattre le mur qui le sépare des gens normaux ? Pas question.
Appelons-le Barbe-Noire. Son symbole : un sabre d’abordage ou un drapeau noir habillé d’un crâne. Que cela se voie ou non, il n’aime pas qu’on l’embête avec le Code Civil. Il veut vivre comme il l'entend. Il n'a peur de rien. Même hors-la-loi ne lui fait pas peur. Non-conformiste, sa façon de faire indique une remarquable cohérence, en même temps qu'un certain courage.
Dans la partie droite de la même photo, on aperçoit maintenant l’homosexuel « méchant ». C'est un théoricien offensif qui pense globalement. Il est porteur de doctrine sociale et politique (inscription de l'individu dans le collectif, et tout le bataclan). Il descend peut-être du F.H.A.R., l’antique Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (voir ci-contre). C'est peut-être cet élan révolutionnaire qui fait du mariage homo une revendication « de gauche ». Drôle d'idée, si on y réfléchit.
Cette politisation de l'homosexualité résonne bizarrement, d'ailleurs, et interroge. Franchement, l'idée n'est pas évidente : qu'y a-t-il de gauche, plutôt que de droite, dans la pédérastie et dans le lesbianisme ? J'ai du mal à voir du politique dans le sexuel. Et qu'on ne me ressorte pas, pour me prouver le contraire, les théories sociologiques de l'organisation et de l'administration de la sexualité par la structure sociale. Et qu'on ne me ressorte pas WILHELM REICH et compagnie.
Si être homo faisait voter à gauche, c'est plus de 90 % de voix pour la droite qu'il devrait y avoir aux élections.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean anouilh, littérature, politique, société, homosexualité, moeurs, morale, sexualité, communauté gay, islam, protestantisme, protestant, martin luther, mao tse toung, trotskiste, sunnite, chiite, fhar, mariage homo, adoption homo, marcel proust, le temps retrouvé
samedi, 22 septembre 2012
AU PAS (MUSICAL), CAMARADE !!
Pensée du jour : « L'homme n'est que poussière. C'est dire l'importance du plumeau » (La Montagne, 14 août 1962).
ALEXANDRE VIALATTE
Le fond sonore que nous enregistrons sans l’écouter (car nul doute que nous l'enregistrons), vaguement rythmé par les battements d’un cœur inhumain à force d’être électrique, c’est à ça qu’il sert. Certes, je l'ai dit, vous n’avez pas (encore) à marcher au pas, mais le tonal binaire amplifié boumboum, c’est un peu comme si vous défiliez aux Champs Elysées le 14 juillet au son des clairons.
Sauf que ce 14 juillet banalisé, pour tout le monde, c’est tous les jours. C'est tous les jours qu'on vous berce les viscères, les organes, les neurones (à prononcer mezzo voce et avec tendresse, une voix d'hôtesse d'accueil) : « Dodo, l'enfant do, tu n'es pas seul, tu n'es jamais seul. Quelqu'un, quelque part, s'occupe de toi. Je ne suis pas ta mère, mais presque. Pose ta tête ». Sans que personne y prête attention.
Ce n'est pas pour rien que les hypermarchés ont longtemps diffusé de la « muzak » (c'est le terme approprié) à un niveau tout juste accessible au seuil de la conscience. Seigneur, donnez-nous notre 14 juillet quotidien ! Pas le national. Juste un 14 juillet personnel et permanent. Même pas une fête. Et même le contraire d'une fête. A ce bal-là, on danse tout seul. En rond. Tout le temps.
Ainsi bercé, à quoi ne consentirait-on pas ? Et c'est d'autant plus vrai que ce n'est pas une musique qu'on écoute pour l'écouter. Pour laquelle on est prêt à poser ses fesses. C'est une musique "mode-de-vie". Une musique à tout faire. Un robinet à ouvrir. A fermer quand on est forcé. Conçue pour ne pas être du vide environnemental. Ou plutôt conçue pour faire le vide autour.
Du rien ontologique (attention, garez-vous, les grands mots sont de sortie). Cette musique joue les dames de compagnie. Elle fait les auxiliaires de vie sociale (AVS). C'est une béquille pour vie intérieure bancale ou embryonnaire.
Une musique qui aide à traverser la rue. A faire ses courses (sauf à la caisse, où le chiffre aide à revenir au réel). Pourquoi pas de la musique de soins palliatifs (voir l'euthanasie en douceur musicale du vieux, le magnifique EDWARD G. ROBINSON, dans Soleil vert, de RICHARD FLEISCHER, 1973) ?
Disons-le : cette musique est un vulgaire parasite. L'individu humain qui se balade coiffé de sa musique, il se laisse sucer la moelle. Il consent à transférer ailleurs un peu de son existence, et surtout à laisser dormir le reste. A faire taire l'essentiel. Le robinet musical, c'est du vide existentiel. Il y a du vampirisme dans ce mode de vie.
« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », demandent Louis Aragon et Léo Ferré.
Vous avez compris que, si j’ai un message, c’est celui-ci : la musique étiquetée « tonal binaire amplifié boumboum » joue (attention, toute proportion gardée) aujourd’hui le rôle des sergents recruteurs dans les armées d’Ancien Régime. On se débrouille pour que le garçon du village ne soit pas encore trop ivre pour qu’il puisse encore tracer sur le papier la croix de sa signature. Après ? Quand il se réveille, il en a pris pour cinq ans minimum. A ses risques et périls.
Cela me fait penser au long règne absolu du cinéma hollywoodien sur l'imaginaire occidental. Mais je préfère penser ici à l'hypothèse intéressante formulée par GÜNTHER ANDERS (premier mari de HANNAH ARENDT) à propos de la science-fiction : si cette littérature a tant de succès, dit-il, c'est qu'elle constitue une autre forme de domestication des foules (c'est quelque part dans L'Obsolescence de l'homme).
Dans la S.-F., selon lui, la technique comme force autonome détachée de l'humanité est présentée de telle façon que les masses humaines, avant même que l'innovation existe, adhèrent déjà, par principe, à son irruption comme preuve de progrès. Ce n'est pas l'éruption volcanique (dans un bocal assez vaste quand même) de la sortie de l'iPhone 5 d'Apple qui va administrer la preuve du contraire !
Cette musique omniprésente, je ne dis pas que c’est le facteur principal (il faudrait aussi parler de la télévision, de la publicité, de la propagande en général, mais c'est justement trop général), je dis qu’elle participe à l'entreprise d’embrigadement et de domestication des esprits.
Elle les rend dociles en les habituant à considérer l'environnement sonore dans lequel ils baignent en permanence comme un environnement naturel. De l'ordre de ce qui ne saurait se remettre en question. Ce qui nous ramène à la "pensée du jour" de HANNAH ARENDT, liminaire de la note d'hier : « La fonction politique du raconteur d'histoire - historien ou romancier - est d'enseigner l'acceptation des choses telles qu'elles sont ». J'ajoutais le musicien pop-rock.
Quoi, j'exagère ? Quoi, je dramatise ? Sûrement, sûrement. Vous avez sûrement raison.
Mais voilà ce que je dis, moi.
Cette fois, promis, je passe à autre chose. Ça commence à bien faire.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre vialatte, hannah arendt, littérature, poésie, musique, 14 juillet, muzak, auxiliaire de vie, soins palliatifs, edward j. robinson, soleil vert, richard fleischer, louis aragon, léo ferré, est-ce ainsi que les hommes vivent, sergent recruteur, günther anders, l'obsolescence de l'homme, science fiction, iphone 5
vendredi, 21 septembre 2012
L'EMBRIGADEMENT PAR LA MUSIQUE
Pensée du jour : « La fonction politique du raconteur d'histoire - historien ou romancier - est d'enseigner l'acceptation des choses telles qu'elles sont ».
HANNAH ARENDT
N'EST-CE PAS QU'ELLE EST BELLE ?
Petit commentaire de la pensée du jour (une fois n'est pas coutume) : j'ajouterais à l'historien et au romancier d'HANNAH ARENDT le musicien de pop-rock. L'histoire qu'il nous raconte ? C'est une histoire tonale et binaire.
Le pop-rock est une musique de conte de fées, qui nous dit que le monde est harmonie (dans la musique tonale, les notes ont pour devoir de consonner, c'est-à-dire de vivre ensemble en bonne entente, sans dissonance) et stabilité (la musique binaire marche sur deux pieds, pieds dont on peut faire deux moulages contrastés, intitulés « vouloir vivre» (pied gauche) et « savoir vivre » (pied droit). Allez, vous direz ce que vous voudrez, ça va loin).
Ce qu'elle dit, cette musique ? « Acceptez les choses telles qu'elles sont ». Entre parenthèses, on a là une magnifique définition du modernissime (parce que venu des Amériques) STORYTELLING (analysé en français par l'excellent CHRISTIAN SALMON, et exploité en français, pendant un temps, par l'inénarrable et désopilant NICOLAS SARKOZY, que je m'en tords encore de rire).
Suite de la note précédente.
La panne ? C’est la hantise première. Le cauchemar principal. Le blocage du détroit d’Ormuz ? Les petites crottes des îlots Senkaku (mer jaune orientale) ? Les schistes enfouis très loin (1500 à 3000 mètres) sous nos pieds ? L'enclave de Cabinda ? Les réserves sous le Pôle Nord ? Autant de raisons de faire la guerre. Des guerres pour éviter des pannes ! Nous sommes de plus en plus « modernes », que diable ! Sursum corda et haut les coeurs !
SI J'AI BIEN COMPRIS, LE JAMBON CHINOIS EST PRIS
ENTRE DEUX TRANCHES JAPONAISES (MÊME PAS BEURRE !)
Car il est entendu que, puisque l’unique objectif mondial est désormais de « croître et enlaidir », la consommation d’énergie ne fera à l’avenir que battre sans cesse ses propres records. On ne sera content que le jour où la planète aura été vidée de toute sa substance énergétique, comme une poire à lavement dans l'anus de nos machines.
Les machines nous la restitueront ensuite sous forme d'objets aussi indispensables qu'un caillou au fond de la chaussure. Tout ça étant massivement présenté comme une manifestation du PROGRÈS de l’humanité. On s'y attendait un peu, remarquez. Qui serait prêt, par exemple, à abandonner sa table d'usinage multifonctions ? Sa fraiseuse-rainureuse (surtout si c'est la Dewalt DW685) ? Je pose la question.
Moi, si j’avais à expliquer ce que c’est, la « société de consommation de masse », plutôt que le bricolage, je prendrais l’exemple de la musique. Parce qu’il s’agit de quoi, finalement ? Pour permettre aux trop nombreux individus qui chargent la barque de la planète de croiser tous les autres, à tout moment, sans trop se fâcher avec eux, rien de mieux que de faire en sorte qu’ils réagissent tous d'une manière identique aux mêmes « stimuli » externes, pas vrai ?
Qu'ils aillent à peu près tous dans le même sens. Quand il s'agit de veaux et de brebis, c'est facile à faire entrer dans l'enclos. Mais les hommes ... Le salafiste fait exception : quand il s'agit d'aller hurler « Mort à l'Occident ! », pourvu que ce soit devant les caméras occidentales, il entre dans l'enclos sans aucun chien pour lui gnaquer les mollets. Suffit d'un "tweet". Il est bien dressé, lui. Remarquez, c'est peut-être lui, le chien ? Le veau ? Et la brebis ? Et le fusil ? Et la balle ? Alouette !
Donc il s'agit de faire en sorte que tout le monde suive le mouvement. Pas marcher au pas, quand même, on n'en est pas encore là (bien que le militaire soit du binaire bien carré). Juste que tous les gens aient le même comportement. Pour que tout se passe, disons, pas trop mal (mais pas trop bien non plus, faudrait pas exagérer), il est indispensable d'unifier les comportements, c'est EDWARD BERNAYS (le promoteur du « gouvernement invisible ») qui le dit, dès 1928.
De faire en sorte que tout le monde appuie sur le bouton de la télé le soir. Notons que la liberté reste intacte : ils n'allument pas le poste au même moment. Si ce n'est pas une preuve, ça. Alors dites-moi, maintenant, comment s’appelle l’ensemble des procédés qui permettent d’atteindre ce but ? Parfaitement, vous avez raison : le CONDITIONNEMENT.
Les procédés ne manquent pas. Mais retenez bien celui-ci : l'oeil et l'oreille sont les meilleurs moyens de pénétrer à l'intérieur de la personne pour en prendre possession subrepticement, sans qu'elle identifie ça comme une intrusion malveillante. Mieux que ça : en obtenant préalablement consentement et adhésion.
Qui ne sourit pas béatement, en entendant un petit Pink Floyd ? Un vieux King Crimson ? Un bon Deep Purple ? Ça ne peut pas faire de mal, voyons ! Est-il vrai qu'il y a des gens qui vont pisser pendant les films, mais ne manqueraient pour rien au monde les spots publicitaires ? Je veux dire la propagande marchande ? Ils sont consentants. Personne ne les force. Ils sont formatés. Ça leur convient. On dit aussi bourrage de crâne. Matraquage est admis. C'est à ça qu'il sert, aussi et entre autres, le tonal binaire amplifié boumboum.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, hannah arendt, littérature, culture, société, manipulation mentale, musique pop, rock and roll, harmonie, storytelling, états-unis, christian salmon, nicolas sarkozy, détroit d'ormuz, senkaku, chine, japon, ressources énergétiques, machine, technique, edward bernays, conditionnement, deep purple, king crimson, pink floyd
jeudi, 20 septembre 2012
LA DOMESTICATION PAR LA MUSIQUE
Pensée du jour : « On range le corail et autres vernis flashy pour faire place aux "bonnes vieilles" couleurs sombres de l'hiver. Pour ne pas commettre d'impaire [sic !], voilà [sic !] les grandes tendances de vernis pour l'hiver 2012. Dès cet automne, on trouve au rayon vernis à ongles trois grandes familles de couleurs : les nudes (tendance fond de teint), les irisés (déclinés sur des bases plutôt foncées) et les outsiders (vert sapin, bleu électrique, ébène) ».
(non signé - ci-contre, sauf erreur, c'est de l'irisé)
Au fait, qu'est-ce qu'il a fait, LES PAUL (voir hier) ? Il a popularisé, sinon inventé (entre autres), l'amplification de la guitare (certains disent que c'est EDDIE DURHAM l'inventeur). La guitare électrique à corps plein (solidbody). Voilà. CHARLIE CHRISTIAN, mort trop jeune en 1942, fut le premier virtuose à faire de la guitare amplifiée un instrument solo (Gibson ES-150). Ecoutez donc ses enregistrements avec BENNY GOODMAN (dont la très agréable improvisation, un début de "jam session" (13 mars 1941) de studio Waiting for Benny). L'amplification électrique des sons ne date pas d'hier, comme on voit.
Tiens, à propos d’électricité, je me souviens d’un concert de SISTER ROSETTA THARPE, au TNP de Villeurbanne. Sa guitare était évidemment électrifiée. Pas de chance, le branchement est tombé en carafe. Elle allait sans doute engueuler le technicien. Tancer l’organisateur. Pester contre l’incompétence ambiante. Pour le moins arrêter le concert. Mais que nenni, brother !
La SISTER, vous l’auriez vue. Elle a hésité quelques secondes, et puis, sur un rire merveilleux du bras et du visage qui voulait dire "basta !", elle s’est jetée à l’eau avec son instrument réduit à ses sons naturels. Tout le concert comme ça ! Du feu de dieu ! On ne peut pas oublier un instant pareil. Un geste impensable aujourd’hui. Ben oui, qu'est-ce qu'ils ont, aujourd'hui, les gars, comme réserves personnelles, pour y aller aussi crânement ? Pour se passer de la nandrolone (vous savez, ce qui fait gonfler les muscles des haltérophiles et des culturistes) électrique ?
J’aimerais donc qu’on m’explique en quoi l’électricité est la condition sine qua non de la production de sons musicaux. Eh bien si : en dehors du binaire amplifié boum-boum, point de salut ! Il paraît. En tout cas, c'est la conviction de la plupart. Moi je dis : rien que du gringalet. Et j'ajoute : jus de poulet dans les veines ! La preuve ? Eh bien écoutez le violon de NEMANJA RADULOVIC, en direct, vous verrez s'il a besoin d'une prise de courant pour vous en mettre plein les oreilles.
Tenez, un soir de « Fête » (?) de la « Musique » (?), je me baladais Boulevard Saint-Germain à Paris. Un « groupe » (guitare, guitare basse, batterie) tous les cinquante mètres, à peu près. Tous amplifiés, évidemment. Devinez la bouse infernale, la symphonie caqueuse et satanique, l'excrément du diable que ça faisait, comme si ça sortait d’un seul démesuré, pharaonique, éléphantesque ANUS SONORE. Des chiottes partout. A ciel ouvert ! Avec la bénédiction des autorités et des familles !
Saint Décibel, ô tout puissant ! Avons-nous mérité ce châtiment ? L'électricité appliquée à l'instrument de musique est une malédiction.
Alors c’est ça, la musique ? Même le Roumain qui joue de la guitare et chante place de la Croix-Rousse s’est acheté un amplificateur. Et ses collègues roumains qui jouent clarinette et baritone (instrument du pays, comme le taragott) dans le quartier ont leur section rythmique enregistrée (dopée au décibel depuis avant-hier). Peut-être que ça rapporte mieux qu'un golden retriever ?
C’est vrai, combien il récolte, l’Américain de la rue Victor Fort, avec juste sa voix et sa guitare sèche ? Et la jeune harpiste (celtique) qui accompagne son chant avec son art juste vocal et digital ? Et le courageux violoncelliste qui, l’autre jour, en bout de marché, offrait les Suites de JEAN-SEBASTIEN B. ?
Le jour prochain de la grande panne électrique mondiale, il n’y a pas que les congélateurs, les ascenseurs, les ordinateurs et les télévisions qui vont pleurer, c’est moi qui vous le dis ! On retrouvera peut-être le goût des plaisirs simples ?
Car il est clair que plus aucun de nos moindres gestes ne saurait s’accomplir sans un potentiel électrique à proximité immédiate. Sans électricité, c’est toute notre civilisation qui s’effondre brutalement. Ne cherchez pas ailleurs le motif de la course effrénée aux sources d’énergie. La musique électriquement amplifiée n’est qu’un corollaire du théorème général.
Si nous étions cohérents et sincères, nous appellerions cela L'ESCLAVAGE : asservis au compteur électrique et à la prise de courant, nous sommes. C'est un nouveau LA BOETIE qu'il faudrait : De la Servitude volontaire, écrivait-il au XVIème siècle. C'est tout à refaire. Pas bien beau, non ?
Car si on réfléchit un peu, notre déni tous azimuts de la « Nature » (un déni qui ne nous empêche pas de la mythifier et de l'adorer en paroles, conformément à la doxa écologiste, qui n’est au fond qu’un bourre-mou), à quoi il tient ? A ce que tous les groupes électrogènes de la planète (centrales nucléaires comprises) continuent à jamais à alimenter nos machines, sans s'arrêter un seul instant. A notre angoisse épouvantable à l'idée que les tuyaux qui acheminent le courant jusqu'à nos couvertures chauffantes puissent un jour être coupés.
Voilà ce que je dis, moi.
09:16 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vernis à ongles, guitare gibson, guitare les paul, gibson es 150, nemanja radulovic, eddie durham, charlie christian, benny goodman, sister rosetta tharpe, jazz, blues, gospel, negro spiritual, fête de la musique, amplificateur, jean-sébastien bach, croix-rousse, la boétie, servitude volontaire
mercredi, 19 septembre 2012
DANS NOTRE BAIGNOIRE SONORE
Pensée du jour : « Evitons tout malentendu : il me semble que le conservatisme, pris au sens de conservation, est l'essence même de l'éducation, qui a toujours pour tâche d'entourer et de protéger quelque chose - l'enfant contre le monde, le monde contre l'enfant, le nouveau contre l'ancien, l'ancien contre le nouveau ».
HANNAH ARENDT
Bon, c’est sûr, après ces quelques notes qui maltraitent (si c'est possible !) la musique techno (et ses dommages collatéraux), qui passe pour une forme modernissime de la civilisation, je vais passer pour un gros « bloc », échoué par erreur du moyen âge d'une planète lointaine sur les rives lumineuses d'un nouveau paradis originel. Tant pis. D'ailleurs, puisque c'est comme ça, je vais aggraver mon cas, car c’est tout l’univers sonore qui s’impose à nous que je trouve difficile à supporter. Tenez, même le très élitiste France culture est contaminé.
On pense ce qu’on veut de monsieur MARC VOINCHET, de sa « matinale », de ses « bien sûr » obsessionnels et de sa serinette compulsive, à coups de « franceculture.fr », de ses formules toutes faites adaptées à diverses circonstances (« ladies first », « vous avez votre rond de serviette aux "matins" », ...). Il place toujours, vers la fin, un morceau de musique. Eh bien, la plupart du temps, c’est de la musique « actuelle ». Je veux dire qu’elle se caractérise par : 1 – Le Tonal ; 2 – Le Binaire ; 3 – L’Amplification électrique ; 4 – Le Boum-boum. Autrement dit, le tonal binaire amplifié boumboum.
Vous avez dit TONAL ? Do majeur (do-mi-sol), ré majeur (ré-fa dièse-la), sol septième (sol-si-ré-fa), apprend le grattouilleur de guitare débutant. C’est ça, la tonalité. Et ça rassure, parce que ça donne une idée de l’harmonie. On dit aussi « consonance ». Pour se faire une idée complète de la chose, on s'instruira durablement à visiter le Temple absolu des 24 déesses Tonalités, édifié par JEAN-SEBASTIEN BACH dans Le Clavier bien tempéré (par GLENN GOULD ou SVJATOSLAV RICHTER), qui les explore méthodiquement. La tonalité est signalée par l’armure à la clé (combien de bémols ? de dièses ?).
HOMME BINAIRE DE RODIN
Vous avez dit BINAIRE ? C’est l’homme qui marche : on n’a jamais marché à trois temps. Dansé, peut-être, mais pas marché. A la rigueur, on pourrait comparer avec le cœur qui bat ou le tic-tac de l’horloge. Là, on parle du nombre (pair) de « temps » dans la mesure (2, 4, 8).
HOMME BINAIRE DE GIACOMETTI
Le tonal et le binaire, c’est le socle de toute la musique qu’engloutissent les entonnoirs de nos oreilles à longueur de journée, dans la rue, les commerces, les bus, le métro, sans parler de la radio et de la télé. Toute la pop rock (à part quelques courants d'allumés qui lorgnent du côté de la musique contemporaine atonale) roule là-dessus depuis ses origines, aussi stridentes que soient les guitares, dissonants les accords de passage, hurlant le chanteur. Aussi fantaisistes soient les rythmes et le savoir-faire du batteur.
TOUTE la musique pop-rock, à tout prendre, se caractérise par cet aspect éminemment primitif. Disons rudimentaire si vous préférez. Je ne méprise pas. Je peux même dire que je goûte. Comme je l'ai dit récemment (à propos de littérature policière, il me semble) : « Une place pour chaque chose, chaque chose à sa place ».
La musique pop-rock est de conception très simple sur le fond, quelles que soient la virtuosité, l'imagination et le savoir-faire des musiciens et des arrangeurs, trop souvent soucieux de saturer l'espace en forme de mille-feuilles sonore. Je rappelle que le blues repose, en tout et pour tout, sur TROIS tonalités (= accords). Sa pauvreté ne l'empêche pas de donner lieu à des formes et à des styles innombrables et infiniment riches. Et que c’est de là que toute la pop-rock est sortie. Ne pas renier ses origines. Et ne pas confondre musique populaire et musique savante.
Quant à l'amplifié et au boum-boum, après le tonal et le binaire, ce n’est plus une question de conception, c’est une question de moyens. Or il faut se convaincre que l'amplification électrique n’apporte strictement rien à ce qu’il y a de strictement musical dans la musique. Surtout, elle ne donne aucun talent, contrairement à ce que croient bien des boutonneux.
Ce qu’elle fait, l'électricité ? La même chose que toutes les machines : elle se contente d'amplifier le pouvoir de l’homme. Jusqu’à donner au moindre apprenti Ten Years After (allez, soyons sincères, qui n'a pas ambitionné pour ses doigts l'avenir de ceux d'ALVIN LEE ?) une sorte de vertige quasi-prométhéen. Un vertige de puissance. Rien d’autre et rien de plus.
Par exemple, c'est l'électricité qui autorise CARLA BRUNI à se faire passer pour une chanteuse (j'ai les noms de beaucoup d'autres). Ici, vous voudriez bien une photo de CARLA pas trop habillée, hein ! Allez, je vais faire ça pour vous, bien que ça n'ait aucun rapport avec mon sujet. C'est juste pour détendre l'atmosphère. De toute façon, ça faisait longtemps. Une petite pause non musicale, quoi.
Quand au boumboum, je signale qu’il n’y avait pas de batterie dans les premiers orchestres de jazz (plus ou moins 1915, BUDDY BOLDEN, ...), ou si peu. Une grosse caisse, certes, mais peut-on faire plus basique ? Disons que c'est pour le battement du coeur, et n'en parlons plus.
La preuve ? Le talentueux batteur et chef d’orchestre CHICK WEBB (années 1930), chez qui eut l’honneur de commencer la toute jeune ELLA FITZGERALD (écoutez le délicieux, joyeux et à double fond A tisket a tasket, a little yellow basket), s’ingéniait à assurer la rythmique de tout l’orchestre comme s’il était dans la coulisse : un cœur battait, mais il fallait l’écouter pour l’entendre.
On n’est pas plus modeste et discret. Et efficace ! Ecoutez son roulement métronomique : il faut vraiment tendre l'oreille, mais s’il n’était pas là, les moineaux de l’orchestre se volatiliseraient dans la nature. Le coeur de l’orchestre de CHICK WEBB, c’est CHICK WEBB.
Aujourd'hui cette modestie n'est plus de mise. Le batteur dit aux copains : « Ôte-toi de là que je m'y mette ». Il s'agit de faire du bruit. Il est devenu (avec le chant et la guitare solo) le personnage central du groupe, il trône, il règne, comme je l’avais vu faire un soir à l'énorme DANIEL HUMAIR, qui faisait disparaître sous son Himalaya sonore le pauvre piano de l’excellent RENÉ URTREGER. Ne parlons pas de la contrebasse de PIERRE MICHELOT.
Regardez ci-dessous la muraille de tambours et de cymbales derrière laquelle se calfeutre CHRISTIAN VANDER (Magma). Et ce n'est pas le pire. Pas de « groupe » sans batteur. Pour emprunter au domaine des armes à feu, disons que la modernité a inventé la musique « à percussion centrale » (servez-vous, c'est sans droits d'auteur).
Voilà donc ce que je reproche à tous ceux qui fabriquent notre environnement auditif, et voilà, pour l’essentiel, la « musique » que s’inoculent à tour de bras, comme avec de grandes seringues hypodermiques, tous les zombies qui hantent les rues, les métros et les bus, recroquevillés derrière le rempart des écouteurs qu’ils se sont fait greffer : le tonal binaire amplifié boumboum.
Comment voulez-vous, quand on est gavé de ça jusqu'à la cirrhose des oreilles, admettre quelque maqâm, quelque râga, quelque velléité atonale, quelque gamme pentatonique que ce soit ? Banni, cher KHALED, ton oud, avec ses quarts de ton !
Prenez toutes les tendances de la musique « pop-rock » (80 % minimum, de la diffusion musicale sur NRJ et autres commerces des ondes) depuis cinquante ans. Faites abstraction de tout ce qui les différencie. Qu’est-ce qui reste ? Du tonal binaire amplifié boum-boum. Sans doute ce que les ministres de l’Education Nationale appellent le « socle commun de connaissances » ? Allez savoir.
Et que le « tonal binaire amplifié boum-boum » soit devenu l’immense toile de fond sonore de la scène où se déroulent nos existences à tous, conformément au programme de colonisation culturelle du monde (avec le cinéma hollywoodien) par les Etats-Unis, croyez-vous vraiment que le phénomène soit parfaitement inoffensif et dénué de sens ? Pourquoi les neuf dixièmes (je suis gentil) des musiciens qui se produisent sur les trottoirs tous les 21 juin ont-ils besoin de branchement électrique ?
Demandez à monsieur LES PAUL (prononcer lèss, ci-contre une Gibson Les Paul 1958) : « Je m'sens comme une Gibson. Notre train abandonne ... ». C'était le vieux DICK RIVERS qui chantait ça. N'empêche que LES PAUL est à jamais indélébile. Je crois qu'il est mort il n'y a pas si longtemps. Vieux et content. Est-ce que c'est mal, ce qu'il a fait ? Franchement, convient-il de répondre à cette question idiote ? Je m'en dispenserai donc.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carla bruni, hannah arendt, littérature, éducation, musique, pop, rock, france culture, marc voinchet, musique tonale, jean-sébastien bach, clavier bien tempéré, blues, chick webb, ella fitzgerald, jazz, batterie, daniel humair, rené urtreger, christian vander, éducation nationale, fête de la musique, ten years after, alvin lee, pierre michelot, guitare gibson, gibson les paul, dick rivers
mardi, 18 septembre 2012
MUSIQUE TECHNO : L'AGRESSION
A partir d'aujourd'hui, et pendant quelque temps, les amateurs et les curieux peuvent visiter l'album de photos ci-contre, où j'ai rassemblé quelques-unes des effigies des obscurs héros qui, jour après jour, font en sorte que la langue travaille sur elle-même, se ressource en explorant ses propres profondeurs, se renouvelle en s'efforçant de cultiver une certaine idée de la beauté. On les appelle du drôle de nom de POETES. J'espère qu'il est inutile d'indiquer qui est (peut-être, on n'est pas tout à fait sûr) placé à la porte d'entrée de l'album.
Pensée du jour : « Quand nous avons raconté des légendes, c'est que nous n'avions rien de mieux sous la main. Toutes les légendes ne sont d'ailleurs pas à mépriser. Une hyperbole n'est pas un mensonge ; et bien des légendes, en dépit de leurs embellissements et de leurs miracles, contiennent un fond de vérité ».
OMER ENGLEBERT
S’il est donc bien vrai qu’on est ce qu’on écoute, alors franchement, je ne voudrais pour rien au monde contempler l’intérieur d’un « raver » (prononcer « rêveur »). Quel est le mystique contemplatif qui a dit que la musique adoucit les moeurs ? Tout ça, c'est des fariboles. C'est fini.
Je l’imagine fort bien carbonisé, tout cabossé par les décibels (et pas seulement). Remarquez, cela autorise peut-être à les considérer comme « en phase » avec leur époque. Car il faut bien dire que la carrosserie de l'époque actuelle ressemble à celle d’une voiture après un violent orage de grêle.
J'ai un reproche final à faire à la techno. Ce n'est pas une "culture", c'est un SYMPTÔME. Car le son musical (le vrai) obéit à quatre paramètres principaux : le timbre (quel instrument ?), la hauteur (aigu / grave), la puissance (de pppp à ffff), la durée, qu'un nommé "compositeur" fait varier au gré de son "inspiration".
Sans entrer dans les détails, je reproche à la techno de réduire le son musical à sa plus simple expression : le tempo (le plus rapide possible) et l'intensité (le plus de décibels possible). La techno, c'est la pauvreté musicale, la misère sonore la plus abjecte, à laquelle le fabricant ajoute la puissance électrique pour en masquer le dénuement foncier.
Une fois les quatre paramètres décidés par le DJ ("jockey de disque", que je traduis en français, et sans contresens : qui fait du cheval sur le disque !), on envoie la sauce. Il est vital ensuite de ne rien changer, ou alors des virgules et des queues de cerises. Il importe d'instaurer une implacable uniformité de fond.
Changer de tonalité (modulation) ? D'abord qu'est-ce que c'est, la tonalité ? Introduire une mélodie ? Vous dites ? Mélodie ? Connais pas. Exploiter la dynamique (du pianissimo au fortissimo) des sons ? Tu m'insultes ? Passer d'une saltarelle à une valse (changer de rythme) ? Tu te fous de ma gueule, ou quoi ? Vous avez compris : même si le DJ est monégasque et passé maître dans l'art d'infliger des scritch et des scratch au malheureux microsillon, dès que vous lui parlez vraiment de musique, vous lui parlez chinois.
Le DJ est payé pour être habile, pas pour connaître la musique. Il manipule du tout prêt, il combine de l'existant, il recrache du prédigéré. Mais il est désespérément incapable d'inventer quoi que ce soit de nouveau. Disons, si vous voulez, que la musique techno associe curieusement ce qu'il y a de plus archaïque dans les musiques humaines (la REPETITION indéfinie : écoutez les musiques des traditions arapaho, aka, aborigènes, tchouktches ou nénètses) et la puissance de l'électricité. C'est à peu près tout.
Maintenant, si l'on veut comprendre ce que signifie le phénomène, on peut sans doute mettre la musique techno en relation avec les morceaux de métal que certains s’enfoncent dans la viande pour orner une ou plusieurs parties (en général, mais pas forcément) visibles de leur cuir. Elle est sans doute aussi conforme à l’habitude de certains de se faire injecter dans le derme diverses encres colorées et indélébiles, pour en orner la couche la plus épidermique de fort décoratives figures "artistiques".
Tel s’en remettra, pour son biceps, à la grâce d’un idéogramme chinois pour déclarer à sa belle « je ne suis heureux qu’avec toi, ma perle de rosée ». Telle autre aimera que s’envole, au-dessus du sillon de ses fesses ou de sa toison pubienne, un superbe papillon émeraude et grenat aux ailes majestueuses bordées de noir. Un « biker » doté de moyens fera appliquer sur son torse musculeux un rapace aux ailes largement éployées, armé d’un bec et de griffes redoutables (pour faire peur aux décibels, sans doute).
CI-CONTRE, ON CUMULE
(SPHINX "TÊTE DE MORT", SANS PARLER DU RESTE, MAIS TRISTES COLORIS, PAS COMME LES YAKUSAS)
Enfin, certains n’hésitent devant rien : pour eux, ce sera l’image de ce qui reste de la tête humaine après que la chair en a été ôtée au moyen d’un suffisant séjour souterrain par diverses formes vermiculaires de la vie : « Quand de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devoree et pourrie » (FRANÇOIS VILLON. En cadeau : « Quelques vers de Maître François », ajouterait Tonton GEORGES).
L’avenir est donc à la scarification – prochaine étape en perspective. Nous verrons bien si la scarification des dites chairs viendra, telle la cerise du désir de "vivre à fond" sur le gâteau de la "pleine réalisation de soi", tel le pyramidion coiffant sommitalement la pyramide, porter à son comble la parenté de notre civilisation vieillissante avec les coutumes les plus coutumières et les us les plus usuels de l’humanité humaine la plus archaïque, dans une sorte de mouvement mobile de ressourcement au sein des origines originaires. Une façon de boucler la boucle, quoi.
Au fond, quand on regarde les manifestations visuelles (tattoo, piercing, scarification, mais aussi tag, graff, etc …) et sonores (techno, rap, slam, …) de l’époque actuelle, n’y a-t-il pas une relative cohérence ? Il est certain qu’on veut se manifester au dehors : à quand la "piercing pride" ? La "tattoo pride" ? C'est certain, on tient à poser sa marque sur soi-même, et à la brandir comme un étendard. S'affirmer ? Sans doute. Faire croire que cela constitue un nouveau message, une nouvelle "bonne nouvelle" (évangile) à offrir à l’humanité ? Le mythe de Narcisse est plus ancien que ces vaguelettes à la surface de la mare aux canards boiteux.
On voudrait bien faire croire qu’on invente les formes et les contenus de l’avenir. Mais en réalité, on est porteur d’un simple créneau sans autre horizon que lui-même, destiné à écouler les produits d’une filière marchande, et à être remplacé dès que le besoin mercantile s'en fera sentir. Le futur s’élabore dans des bureaux d’études, avec pour objectif d'en faire quelque chose de rentable.
Certes, il s’agit d’une génération bien précise et située dans le temps, les circonstances et les modalités. Mais si vous voulez le fond de ma pensée, il semble qu’il y ait un point commun à toutes ces affirmations de soi, sur soi et hors de soi. Avec pour seul contenu la touillette qu'on tourne dans la tasse du cercle vicieux de sa pauvre envie. Le thème qui est la signature de la dite génération ? Appelons-le :
L’AGRESSION.
Agression, le tag. Agression, le graff. Agression, la posture du rappeur. Agression le décibel de la techno (c'est dans quel film de FEDERICO FELLINI, l'immense entrepôt qui fait figure d' "enfer musical" ?). Et si l'on va par là, agression publicitaire, agression télévisuelle ... Finalement, qu'est-ce qui n'est pas une agression, dans le monde cabossé que nous avons fait ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, fleur des saints, omer englebert, légende, miracle, rave party, décibel, musique techno, piercing, tatouage, tattoo, françois villonballade des pendus, georges brassens, scarification, violence, évangile, marchandise, narcissisme, federico fellini, littérature
lundi, 17 septembre 2012
LA MUSIQUE, PAS LA TECHNO !
Pensée du jour : « Voici déjà l'arrière-saison. La lumière se fait plus jaune. Le soleil est dans la Balance. Les enfants qui naissent sous ce signe ressemblent à Louis-Philippe et à Marguerite de Navarre ».
ALEXANDRE VIALATTE
Je me suis permis cette diatribe contre la musique techno (note préc.) parce que je ne suis pas de ceux qui croient que le monde est né à l’instant où la pauvre larve de leur pauvre personne ne s’est donné que la peine de crever l’utérus maternel pour venir enlaidir notre monde avec le spectacle affligeant de leur malséante physionomie (je me dis que je devrais me mettre au pamphlet, parce que là, ça pète plutôt bien, non ?).
Et qui croient que les objets qui les ont vu naître et les innovations techniques auxquelles ils ont joyeusement abandonné la béatitude de leur enthousiasme enfantin au moment où elles ont jalonné leur croissance rendent illico caducs et poubellisables tout ce qui a précédé et tous ceux qui n'y adhèrent pas illico, le petit doigt sur la couture du pantalon. « Avant moi, le déluge », disent-ils le menton haut. Tout ce qui se situe en amont de leur nombril est, de ce fait, antédiluvien, au sens propre.
Et qui viennent, par-dessus le marché, reprocher à la fée Carabosse de ne pas les avoir faits, en plus de laids, assez méchants pour l’idée qu’ils se font d'eux-mêmes. Il y a de la fée Carabosse dans la musique « techno ». Comme il y a de la haine percussive dans l’agression qui se fait appeler « rap » (je conseille aux féministes et autres naïfs, quant aux rapports de force dans la société, de visionner le clip « Chacun son combat », de Scénar). Un parmi tant d'autres.
De même, il y a de la bêtise dans la platitude rythmée qu’on daigne sanctifier sous le nom de « slam », qui n’est, à tout prendre, que de la poésie routinière, vieillotte et vulgaire, additionnée d’une scansion rythmique, et tout le monde trouve ça d’une modernité furieuse. L'art, somme toute, de réinventer l'eau tiède à tout moment.
Goûtez-vous la déliquescence de ce qui sort de l'orifice buccal de Grand Corps Malade (FABIEN MARSAUD, m’a-t-on dit) ? Si, c’est bien lui que des « autorités » ont gratifié de deux « Victoires » de la « Musique » en 2007, on croit rêver. Il paraît qu’il faut plaire à la « jeunesse ». Mais je ne suis pas un « homme politique ». Je n’ai pas de bulletins électoraux à draguer, moi.
Je ne suis pas JACK LANG, Dieu merci ! Que le Ciel miséricordieux, dans sa grande clémence, veuille me préserver de cette déchéance ! Je ne suis pas du genre à accorder des distinctions républicaines à des tagueurs et autres graffeurs. Remarquez, FRANÇOIS HOLLANDE, dans le droit fil, donne bien la légion d’honneur à PAUL MAC CARTNEY, alors.
Même que PAUL a l’air d’être profondément ému. Pourtant, je crois centrale l’importance des Beatles dans la musique populaire de la fin du 20ème siècle. Mais la Légion d’honneur !! Soyons sérieux. Finalement, on se demande plutôt dans quelle fange elle est tombée, cette breloque par laquelle NAPOLEON récompensait la valeur militaire de quelques individus triés sur le volet.
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es », déclare JEAN ANTHELME BRILLAT-SAVARIN (1755-1826) dans sa Physiologie du goût. On ne peut qu’abonder dans le sens de l’illustre gastronome. Mais on peut dire la même chose de bien des aspects de la vie humaine. Il suffit de changer le verbe. En l’occurrence, mettez « écoutes » à la place de « manges » : la vérité est aussi grande. On est ce qu'on écoute.
Je n’ai rien contre les gens qui écoutent de la « musique » techno. Je m’inquiète pour eux. J’éprouverais volontiers de la sollicitude pour l’état dans lequel ils se mettent. Je dirais presque qu’il conviendrait de leur venir en aide. Blague à part, je crois qu’on ne peut « aimer » cette musique que pour les effets qu’elle provoque. Les effets physiques. Pas seulement sur l’acuité auditive.
Je me rappelle un concert de JACQUES HIGELIN au Palais des Sports, un des plus « sonores » auxquels j’ai assisté : il y avait un véritable mur de baffles d’environ huit mètres de haut. Un spectateur a même passé une bonne partie du concert en tenant à deux mains les bords de celui du bas, la tête dans le « boomer ». Moi qui étais à distance raisonnable, j’ai eu des acouphènes jusqu’au milieu du jour suivant. Imaginez l’état du gars.
Mais l’oreille n’est que la première victime. Il y en a d’autres. Approchez-vous d’un de ces gros boomers : vous ressentez les chocs sur toute la surface du corps. Conclusion : si c’est cela que les amateurs de musique techno recherchent, cela veut dire qu’ils ne l’aiment que parce qu’elle leur donne des coups.
Sort-on complètement intact de ce genre de passage à tabac, de tabassage en règle, si vous voulez (je vois d’autant moins d’inconvénient à user de ce terme que les amateurs eux-mêmes disent d’un énorme baffle qu’il « tabasse » bien) ? Personnellement, j’aurais plutôt tendance à éviter d’aller au concert pour y prendre des coups. Il me semble même étonnant qu’on puisse y prendre goût au point d'en faire un mode de vie. Temporaire ? Peut-être. Addictif ? Forcément.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre vialatte, littérature, pensée, musique, techno, pamphlet, carabosse, scénar, rap, slam, grand corps malade, victoires de la musique, jack lang, françois hollande, paul mac cartney, beatles, légion d'honneur, président de la république, brillat-savarin, physiologie du goût, jacques higelin, boomer, tweeter, addiction, drogue
dimanche, 16 septembre 2012
RENDEZ-MOI LE BEL CANTO !
Pensée du jour : « La croissance technicienne repose sur l'adhésion a priori de l'homme qui conçoit le don de chaque technique comme une réponse à un besoin, qui en réalité n'existe que pour utiliser la capacité technologique ».
JACQUES ELLUL
Les lecteurs de ce blog savent sans doute, j’en ai parlé, la place que la musique occupe dans mon esprit, et le temps qu’elle occupe dans mes journées. Attention, je ne suis pas de ceux qui déclarent dans les médias : « Ben, j’écoute un peu toutes les musiques », et puis qui, quand on leur demande de préciser, ajoutent : « Ben oui, j’écoute de la techno, de la funk, de la soul, du reggae, du R’n B, enfin, toutes les musiques, quoi ».
On ne peut entendre proférer une ânerie dotée d'aussi grandes oreilles sans réagir. Toutes les musiques du monde, vraiment ? Mais mon pauvre ami, suis-je tenté de lui dire, le monde ne se réduit pas au minuscule bocal dans lequel tu gigotes ! Tu sembles ignorer que l’horizon musical dépasse les quatre bouts de ton gros nez, déborde des quatre bacs obligatoires que tu visites à la FNAC, et excède les quatre sons compressés qui te rentrent dedans par les rondelles-ventouses dont tu verrouilles tes oreilles. Il faudrait donc préciser : toutes les musiques que les marchands te vendent.
Et ne parlons pas des dix mille morceaux de ce qui se produit aujourd'hui sous le nom de musique, et que tu as téléchargés à tes risques et périls, en espérant passer entre les goutelettes de la vengeance d'HADOPI, goutelettes qui essaient de se faire passer pour ses foudres, et qui ne font que glisser sur les plumes de beaucoup de canards.
Loin de moi l’idée de faire le dégoûté. Mais c’est vrai, ne vous fatiguez pas à me demander de dire ce que je pense, par exemple, de la « techno ». Parce que je vais vous le dire sans attendre. En y joignant toute musique pour marteau piqueur électronique et trépignements à « 140 bpm » (ça veut dire battements par minute, expression passée, paraît-il, dans le langage courant). Le mot important étant "battement".
D’autant que, si vous écoutez des adeptes, il est vital et urgent de distinguer entre les courants : l’ « acid » n’est pas le « detroit », qui se distingue de la « trance », elle-même différente de la « house », à ne surtout pas confondre avec la « ghettotech » ou la « minimal ». Ah que ! Vous ne pouvez même pas imaginer tous les courants que j’omets ici, et qu’on aurait peine à différencier autrement qu’avec un microscope « à effet tunnel ».
Dans le genre « breakbeat », il est crucial de bien différencier le « breakbeat hardcore », qui n’est pas plus le « broken beat » que le « big beat » n’est le « florida breaks ». Tout se joue dans la nuance micrométrique. Ainsi, un adepte du « hip hop » ne saurait être confondu avec un fidèle du « nu skool breaks ». Dans l’ « ambient », un militant « ambient house » se révolterait d’être assimilé à un vulgaire sympathisant « dark ambient ». Sans parler de la « drone music » et de la « slease energy », sans lesquelles rien de sérieux ne saurait s'entreprendre. Et pour ne rien dire de l’ « illbient ». Je vous assure que je n'invente rien.
La musique techno ? J'en conclus que le principe de la dialectique maoïste (« UN se divise en DEUX », clamait doctement le « chairman Mao », cf. Revolution, The Beatles) y règne en monarque absolu. La scissiparité y fait des ravages, pire que dans les sectes trotskistes. Pire qu'une croissance exponentielle. Pire qu'une vermine proliférante.
Pour s’y retrouver dans le dédale des galeries principales, des embranchements, des sous-embranchements, des diverticules et des itinéraires bis de bison futé, aucun espoir en dehors de bac + 12. Et je ne dis rien des mariages consanguins et des incestes de branche à branche, qui risqueraient de donner une assez bonne idée du chaos.
Et si vous entrez en discussion, gare aux quolibets condescendants, décochés par toute la bleusaille docte des godelureaux, blancs-becs, greluchons, pieds-tendres, cornes-vertes et autres « démoulés à chaud » boostés à l’ecstasy, pour qui le monde a été créé en même temps qu’eux. Gare à vous ! Ce genre d’érudition n’a ni pitié ni limite : « Mais vous confondez tout ! Mais vous n'y connaissez rien ! » (tiens, ça me rappelle DUTRONC). Tant qu’on reste dans la secte techno. Le doigt qui y entre par effraction est proprement broyé. Accessoirement l’oreille aussi, soit dit en passant. En matière de musique techno, par conséquent, je suis fier de moi !
Car le langage y vaut, en hermétisme, les échanges entre spécialistes du boson de Higgs, du laser mégajoule et du théorème de Fermat réunis. Sans le vocabulaire et la syntaxe, vous restez transparent. Invisible. Disons-le : ridicule.
Alors qu'en fait, à l'arrivée, c'est quand même le « raver » qui est devenu carrément frapadingue quand, dans le petit matin blême d'un champ de navets labouré par des milliers de pieds en furie, il ressort la tête d'un baffle de dix-huit mètres qui, pendant deux jours et deux nuits, lui a craché son cataclysme jusqu'au bulbe rachidien. Il appelle ça l'extase. Est-il prudent de lui laisser le droit de vote ?
Théorème : « L’arrogance de la bêtise est le plus sûr moyen d’en imposer aux gogos ».
Corollaire : « La musique techno est à la musique ce que le salafisme est à la vraie culture islamique ». « Wâh ! Cette parole est forte », s’écrie Scabby Bull, l’Arapaho.
SCABBY BULL, L'ARAPAHO
Heureusement que je suis là pour rappeler quelques « fondamentaux ».
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bel canto, musique, poésie, littérature, techno, funk, soul, reggae, r'n b, fnac, house, acid, trance, ambient, beatles, mao tse toung, révolution, chairman mao, trotskistes, ecstasy, boson de higgs, bêtise, arrogance, scabby bull, arapaho, salafisme
samedi, 15 septembre 2012
CARTES POSTALES DU FRONT
Pensée du jour :
« Tu t'chopes des suées à Saïgon
J'm'écris des cartes postales du front
Si ça continue j'vais m'découper
Suivant les points les pointillés
... Vertige de l'amour ».
ALAIN BASHUNG
CARAMBOLAGE
Le lauréat de la médaille Fields (comme les mathématiques furent rejetées par ALFRED NOBEL, il fallait bien trouver une récompense aussi prestigieuse pour les pionniers de la discipline, mais c'est tous les quatre ans) est prévenu de son couronnement 6 mois avant l’annonce officielle, avec interdiction absolue d’en parler à qui que ce soit. Pour le médiatique CEDRIC VILLANI, ce fut, dit-il, un « délai merveilleux ». Il vient de publier Théorème vivant. On l'applaudit bien fort.
CABRIOLET
Monsieur ANDERS BEHRING BREIVIK, le médiatique auteur de 77 meurtres en Norvège, a déclaré lors du prononcé du verdict de son procès : « Je voudrais présenter des excuses aux militants nationalistes pour ne pas avoir exécuté davantage de personnes ». Le médiatique monsieur RICHARD MILLET vient de démissionner du comité de lecture de Gallimard (cf. Le Comité, de MICHEL DEGUY, Champvallon, 1988), après avoir publié un « éloge littéraire » de Monsieur BREIVIK. On attend le prochain Indignez-vous de STEPHANE HESSEL. Mais on me dit qu'un Niagara d'indignation lui est tombé sur le râble, à RICHARD MILLET. Que c'est beau la morale ! Qu'il est grand, le moraliste ! Il y a quelque chose d'admirable et de terrifiant chez les gens qui vont au bout d'une logique, quelle qu'elle soit.
CATECHUMENE
CHAVELA VARGAS (écoutez le sublime « Vamonos », Carnegie Hall 2003, sur Youtube), morte le 5 août 2012 à 93 ans, déclarait à qui voulait l’entendre qu’elle avait bu environ 45.000 litres de tequila au cours de sa vie. Si elle était morte à 123 ans, on aurait pu dire que, en commençant dès le jour de sa naissance, cela aurait fait un litre par jour de vie. En commençant à l'âge de 20 ans, elle aurait dû mourir à 143 pour accomplir une performance égale. Comme dit ALFRED JARRY : « L'alcool conserve les chairs ».
CATEGORIE
L’agence américaine de l’environnement conseille aux habitants voisins de chantiers d’exploitation des gaz de schiste (cliquez ci-contre pour vous faire des impressions fortes, ça dure 46 minutes) de ne pas fumer pendant qu’ils font couler l’eau du robinet. A cause des risques d'explosion. Voir, pour plus d'information et de spectacle, le film Gasland.
CATALEPSIE
Le respect se perd. D’une façon générale, c’est sûr. A l’égard des professeurs, c’est d’encore plus d’évidence. Ainsi, choquée par la remarque portée dans le carnet de correspondance de son enfant par le professeur d’histoire-géographie, concernant un travail non fait, ainsi que l’oubli à répétition de livres et cahiers, une mère de famille a fait irruption dans la salle de classe et a assené à l’enseignante, de source syndicale, force gifles et coups de pied. Le rectorat de Poitiers s’est porté, avec le cran administratif qu’on lui connaît, au secours de la victime, déclarant qu’elle avait reçu "une seule gifle et un seul coup de pied, sortant l’après-midi même de l’hôpital". Ce qui, indéniablement, relativise.
CARROSSERIE
En revanche, le maire de Cousolre (59), lui, parce qu'il avait giflé un adolescent parce que celui-ci avait proféré des insultes et des menaces à son encontre parce qu’il prétendait l’empêcher d’escalader un grillage, sera prochainement jugé en appel, après avoir été, en première instance, condamné à 1000 euros d’amende et 250 de dommages et intérêts. A part l'amende, monsieur BOISART n'aura qu'à échanger ses billets avec l'adolescent, lui aussi condamné à 250 de dommages.
Une question reste sans réponse : qui condamnera les juges à se flanquer 33 coups de pieds dans le derrière ?
KARABOUDJAN
Les ruines de Pompéi tombent en ruines au carré. Que fait Berlusconi ? Il organise un gang-bang. Dans l’un des monuments les plus connus de la ville (et de toute l’antiquité romaine), l'extraordinaire Villa des Mystères, une poutre de soutien du toit de tuiles s’est effondrée le 8 septembre. Très mauvais signe. On sait en effet que cette date du 8 septembre est l’appellation « vulgaire » du 1er absolu du calendrier pataphysique, jour de liesse, puisqu’il a vu la naissance du Père Ubu, autrement dit l’avènement de la ’Pataphysique en ce monde. Alléluia ! Allez en paix ! Ite missa est ! Des « Mystères » s’effacent pour laisser place à d’autres « Mystères », plus imposants et majestueux. Et laissons les ruines enterrer les ruines. Pour mieux laisser advenir le règne de Faustroll-Ubu-Jarry !!!! « Ha ! Tu resplendis dans la lumière ... Le Rock advole ! » (César-Antéchrist, Acte dernier).
CARABISTOUILLE
Pour finir, je m'en voudrais de ne pas signaler, en ces temps qui nous rapprochent du 11 novembre et de ses commémorations de la fermeture d'une échoppe (à l'enseigne de la "Grande Boucherie du XX ème siècle"), l'existence d'un monument très particulier que nous a légué cette époque. En dehors des 17 communes françaises (sur 36 000) dépourvues de tout monument aux morts, on note qu'un monument devient facteur de division entre deux communes : Saint-Santin et Saint-Santin.
SAINT-SANTIN D'AVEYRON (12)
Car il faut savoir que l'administrateur parisien, en traçant les limites des départements, a fait passer celle du Cantal et de l'Aveyron en plein milieu de la commune de Saint-Santin. Et l'on voit, en regardant bien, successivement, les flancs du monument, que l'on est d'un côté en Aveyron, et de l'autre côté dans le Cantal. Question : a-t-on gravé deux fois les noms des morts ?
SAINT-SANTIN DU CANTAL (15)
Ils sont fous, ces Romains !
Voilà ce que je dis, moi.
Note destinée aux lecteurs interloqués par les intitulés jalonnant cette note : comme ça faisait bien longtemps que je n'avais pas évoqué BEROALDE DE VERVILLE et son inénarrable (je pèse mes mots) Moyen de parvenir, je me suis permis de m'inspirer de ses titres de chapitres. Un exemple de succession de titres (il y en a 111 comme ça) : « Mappemonde, Métaphrase, Paragraphe, Occasion, Plumitif, ... ». En espérant que cela relativisera à leurs yeux l'arbitraire de mes vocables.
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vendredi, 14 septembre 2012
HANDICAP ET CULPABILITE COLLECTIVE
Pensée du jour : « Un idiot pauvre est un idiot. Un idiot riche est un riche ».
PAUL LAFFITTE
Tiens, pensez à un détail : une loi récente oblige tous les bâtiments qui se construisent à prévoir des équipements spéciaux pour les handicapés (ascenseurs, plans inclinés, issues de secours, …). Imaginez un moment ce que ça représente concrètement. Rien qu’en surcoût de construction. Que la loi fasse une place aux handicapés, c’est rien que du normal. Mais que ce soit le handicap qui dicte la loi et impose ses propres normes à l’ensemble des citoyens, ce n’est plus normal du tout.
Que le handicap, après avoir été relégué dans les oubliettes, devienne législateur (une loi est par principe de portée universelle), cela ressemble à une aberration. Que l’architecture soit même pensée tout entière en fonction du handicap me semble tout simplement anormal. On apprend que 15 % des établissements publics seront équipés à temps pour accueillir les gens dits « à mobilité réduite », pour se conformer à la loi. Je le déplore évidemment et forcément, mais combien ça coûte aux collectivités ? « On vous obligera à être tolérants », dit l’adjudant (ou le commissaire du peuple).
L’affaire du mariage et de l’adoption ouverts aux homosexuels tient d’une logique comparable, fondée sur un fantasme d’égalitarisme absolu (et dépravé, confondant différence et inégalité). Une logique sous-tendue par une idée que je trouve dangereuse : l’interchangeabilité de tout individu par n’importe quel autre (« Tout homme en vaut un autre »). C’est ce que dit en filigrane le « flyer » glissé sous l’essuie-glace des voitures occupant indûment les emplacements « spécial handicapés » : « Si tu prends ma place, prends aussi mon handicap ». Alors que « ma place », en ville, est déserte 23, 5 heures sur 24. Mais c'est vrai qu'ils ne sont pas rares les goujats qui n'en ont que pour trois minutes, je vous le jure, monsieur l'agent.
Conditionner la vie de TOUS au bien-être de QUELQUES-UNS (les bonnes âmes vertueuses parlent d’ « intégration », sous le noble prétexte d’éviter toute « exclusion »), pardonnez-moi, mais c’est trop. Et les bonnes âmes vertueuses ont cessé définitivement de m’amuser : elles me courent durablement sur le haricot, qu’elles font semblant de ne pas voir qu’elles me le "brisent menu" (citation d’un film réalisé par GEORGES LAUTNER, dialogué par MICHEL AUDIARD, et bénéficiant d'une certaine notoriété). C'est fou le nombre de gens qui, du haut de leur âme vertueuse, font la leçon à tout le monde et, à l'occasion, la police de la pensée.
A cet égard, merci aux juristes (les impeccables et rigoureux MIREILLE DELMAS-MARTY ou MARIO BETTATI, par exemple) qui ne cessent de rappeler qu’aucune loi ne saurait se réclamer d’un particularisme et que toute loi s’applique indépendamment de tout particularisme, ce qui peut produire parfois des effets d'aubaine (le raisonnement est le même pour le mariage homosexuel, la filiation post mortem, la fin de vie, …).
Car la loi institue en général, c'est-à-dire indépendamment des cas. Plus une loi est spécifique et particulière (un fait divers ? Une loi ! raisonnait NICOLAS SARKOZY), motivée par une circonstance précise, plus est grand le risque d'abus de droit. Tiens, comment s'appelle-t-il, ce député de la France qui a fait passer un amendement exonérant je ne sais plus quel investissement de toute fiscalité, exonération qui, comme par hasard, bénéficie à la commune dont il est l'élu (merci au cumul des mandats et à l' « ancrage local » cher à ses adeptes fanatiques) ?
D’accord pour que la société institue, par l’éducation et l’instruction, le respect envers toutes les « minorités » qu’on voudra. Mais je ne suis plus d’accord quand il s’agit de faire passer la majorité de la population sous les fourches caudines (les fourches caudines, ça fait toujours très bien, très culturel, même si on a oublié qu'elles concernent les Romains, vaincus par les Samnites en - 321) de groupes (lobbies) dont l’habileté consiste à se présenter comme des « victimes » de cette majorité. Pire encore : « victimes » d’une « discrimination » intolérable.
On aura beau torturer les mots et les phrases, les handicapés sont, par accident ou par la naissance, des êtres physiquement (ou mentalement) diminués. Que la société fasse des efforts pour leur faire une place digne est un signe et une preuve de civilisation. VALÉRY GISCARD D’ESTAING (oui, c’est vieux) le disait déjà. On n’est plus à Sparte, où le bébé mal formé était supprimé.
Plus près de nous dans le temps, l’humanité a vu des horreurs. Espérons ne pas assister à de tels retours de l’enfer. Mais que TOUS les bords de trottoirs (déjà surbaissés pour la commodité des poussettes) soient munis de « bandes podotactiles » (comme cela s'appelle à Lyon) destinées aux cannes des aveugles, je n’y peux rien, cela me pose question (ne serait-ce qu'à propos de l'argent public que cela représente, mais peut-être suis-je un monstre).
La société a donc un devoir, celui de rendre aux handicapés la vie supportable et plus facile. Mais pas plus qu’on ne lui demande de donner aux gens le bonheur, en aucun cas elle ne saurait être tenue d’instaurer une égalité absolue entre les valides et les handicapés. Obligation de moyens, tant qu'on veut, obligation de résultat, jamais de la vie. Que le handicap, inné ou acquis, donne lieu à une compensation relative, c’est bien. Que le handicap finisse par conditionner la vie de la collectivité entière, il ne serait pas bon qu'on y arrive (si on n'y est pas déjà).
Dans le régime politique de la démocratie, l’élection donne à une majorité, par la Constitution, le droit et l’autorité de faire les lois. En démocratie, la minorité électorale est obligée de se soumettre, bon gré mal gré, à la majorité (personne n'a attenté à la vie de SARKOZY, bien que l'envie n'en manquât pas à beaucoup de gens). Il est curieux d’assister, à l’occasion de débats sociétaux (place des handicapés, place des immigrés, mariage homosexuel, …), à une inversion de la loi démocratique, et de voir une minorité dicter sa loi à la majorité. Par l'indimidation et la culpabilisation.
En régime démocratique, les personnes, qu’elles soient physiquement ou mentalement complètes ou diminuées, sont juridiquement égales. On ne sort pas de là. Ensuite, jusqu’où faut-il aller ? Je pose la question.
Voilà ce que je dis, moi.
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jeudi, 13 septembre 2012
OLYMPISME ET PARALYMPISME
Pensée du jour : « Le hasard est plus docile qu'on ne pense. Il faut l'aimer. Et dès qu'on l'aime, il n'est plus hasard, ce gros chien imprévu dans le sommeil des jeux de quilles ».
RENÉ DAUMAL
Aujourd’hui ? Voilà qu’on fixe aux handicapés, disons, des individus normaux diminués, un devoir de masochisme volontaire, sur la base de : « Il faut se dépasser ». Vous savez, c’est la trilogie « citius, altius, fortius ». Non seulement il leur manque quelque chose, mais en plus, il faut qu’ils fassent comme s'ils étaient complets ! La société actuelle est bien cruelle envers le pauvre monde. C'est peut-être parce que, s'ils étaient valides, ils écraseraient la compétition. C'est donc peut-être une précaution, allez savoir.
Je vois, dans ce choix du masochisme athlétique, une sorte de déni radical du handicap (en même temps que d'exaltation, sur la base du « tout devient possible » d'un certain NICOLAS SARKOZY, comme du « yes we can » d'OBAMA). L’homme humain refuse, non pas d’être diminué, mais de le paraître. Avec le secours de la technologie (voir les espèces de rames incurvées dont s'affublent des hommes sans pieds). Les Paralympiques sont les Jeux du narcissisme triomphant, de la négation du Mal, du délire impoétique dont vibrent les dithyrambiques de la technologie. En route vers le cyborg.
Ceci pour dire que j’ai du mal à comprendre mon époque. Pour un peu, elle ferait du handicapé un modèle à suivre. Et pourquoi pas une norme, tant qu’on y est ? Une statue ? C’est encore un coup, c’est sûr, du feu égalitaire qui consume la France depuis 1789, et qui tend à tout brûler sur son passage. Enfin, tant qu’il ne s’agit pas d’empêcher USAIN BOLT de se doper allègrement …
Au fait, je n’ai entendu au cours de ces Paralympiques aucune interrogation au sujet de substances dopantes quelconques qui circuleraient dans les veines des athlètes. Pourtant, ce serait un bon moyen de les considérer à égalité avec les gens normaux, non ? Passons.
Je vais vous dire un truc : l’un des êtres les plus pervers que j’aie jamais rencontré se déplaçait en fauteuil roulant. Son handicap, il le faisait payer à toute la classe (tous des majeurs, pourtant), et avec une délectation évidente. Un sourire mauvais. Sardonique.
Le fauteuil lui servait d’armure et d’arme. A l’abri de ce talisman invincible, le bourreau satisfait torturait moralement trente-cinq personnes paralysées de trouille, qui n’auraient pas osé toucher un cheveu du sadique. Il faisait ce qu’il voulait, à commencer par la loi. Il régnait. Potentat. On ne se doute pas de ce que ça peut être méchant, un handicapé.
Mes collègues pétaient de terreur face à ce tyran. Lui, tranquille, il avait compris ça jusque dans les ultimes ramifications. Et il en profitait, puissant ! A lui seul, je ne sais pas comment, il faisait régner dans la classe un état de tension glaciale étrange et terrible. Permanent. Et je suis désolé : il s’appelait KHALED. Moi, j’avais la moutarde qui me montait dans les orifices.
Un jour, j’ai enfin éclaté : « Ecoute, KHALED, ce n’est pas parce que tu es dans un fauteuil roulant que je ne vais pas te foutre dehors ». A peine lui avais-je jeté mon ire dans la figure que j’entendis distinctement, à l’instant même, les viscères de la classe entière se dénouer, se détendre d’un commun accord, commencer à sourire : « Enfin, fredonnaient, soudain soulagées, les tripes unanimes, enfin quelqu’un qui ose ».
Ce soupir de soulagement, messeigneurs ! Ce moment de détente ! Ce fut du brutal, je vous jure. Du merveilleux majestueux. Jamais je n’ai senti une telle adhésion immédiate, une telle unanimité. Et le gaillard est devenu doux (pour un temps). Je n’ai oublié aucun détail de ce moment unique et puissant. Moralité : le handicapé est potentiellement aussi méchant, d'odeur aussi vomitive, et de consistance aussi coliqueuse que le valide. Mais il y a dans la valorisation sociale du handicapé, disons-le, de l'intimidation. Le handicap fait d'abord taire le valide.
Le handicap ne sanctifie strictement rien. Il est là. Il intimide, donc. Il culpabilise, il dégoûte éventuellement. Mais qu’on ne me fasse pas croire que, en dehors de quelques exceptions, une personne ordinaire peut éprouver en présence du handicap des sentiments aussi ordinaires que face à une personne complète.
Les grandes déclarations face aux Paralympiques, non seulement me laissent sceptique, mais me semblent d'une belle hypocrisie, en même temps qu'une adhésion au processus global de culpabilisation des valides. Que la société fasse une place au handicapé, comment ne serait-on pas d'accord ? Mais que celui-ci fasse l'objet d'une sorte de sacralisation, comment être d'accord ? Respect, tant qu'on voudra. Dévotion quasi-religieuse, non merci.
Je crois être une personne ordinaire, ni particulièrement vertueuse, ni foncièrement mauvaise. Une personne pas trop anormale, quoi. Eh bien, soit dit en toute franchise, la présence d’un handicapé produit en moi une attitude, disons, "spécifique". Suis-je le seul ? Une exception ? J’attends que quelqu’un me dise que je suis inhumain. C’est quoi, après tout, cette pression qu’on fait peser sur les valides, du seul fait qu'ils sont valides ?
Je suis désolé, mais s'il faut célébrer le handicapé parce qu'il se produit dans une arène olympique, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Entrez dans le pavillon P4 que je connais, tiens, juste pour voir. Je défie quiconque de regarder « normalement » M., dont le visage coule à la moindre émotion en larmes, en morve, en bave et en gémissements. Elle tord encore plus ses poignets tordus. Et on ne voit pas les orifices cachés !
Car ces corps pissent, chient, et demandent à jouir (parfaitement : à jouir sexuellement !). Moi je veux bien éprouver des bons sentiments, mais c’est à condition qu’on ne m’écrase pas sous la propagande antinazie d'un moralisme édifiant aux intentions vaguement terrorisantes. Qu'on ne me mette pas un pistolet sur la tempe. Car c'est vrai, la culpabilité est un trop bon outil de bourrage de crâne.
Et franchement, faire « normalement » le métier de s’occuper d’eux, je m’avance peut-être, mais s'il faut bien du courage, il faut aussi, sans doute, avoir subi quelque rebuffade ailleurs. Comment s'opère un tel choix professionnel ? Vocation ? Je serais curieux de connaître les vraies raisons.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
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mercredi, 12 septembre 2012
DU BON USAGE DU HANDICAPé
Pensée du jour : « Si le soleil ne s'éteint pas sur mes Etats, c'est que mon règne est d'un seul jour ».
RENÉ DAUMAL
Ainsi, voilà-t-il pas, mon bon, que les Jeux Paralympiques 2012 ont pris fin à Londres. Voyons-en les résultats. Ils sont excellents. 1522 médailles ont été distribuées, ce qui fait, réparties en or, argent et bronze, 507,3333 médailles de chaque métal. Je ne me moque de personne. Je cite ma source : wikipédia. Curieusement, on y annonce, en fait de médailles, 503 or et argent, mais 516 bronze. Passons. J'observe, soit dit par parenthèse, que le logo des Paralympiques change à chaque manifestation, contrairement aux immuables cinq anneaux "olympiques".
LONDRES 2012
La Chine emporte le pompon, et de très loin : 231 médailles au total. C’est normal, avec 1,4 milliard d’habitants, le handicapé augmente en masse et peut-être en proportion (à cause de l’entassement). "Certains" se désolent que la France n’ait obtenu que 45 récompenses, soit un petit 19,48 % du palmarès de l’ « Empire du Milieu ».
PEKIN 2008
Certes, cela paraît peu, mais en fait c’est énorme, car la population française, c’est à peu près 4 % des Chinois (si ce taux avait été respecté, ce n'est pas avec 231 médailles qu'ils auraient dû repartir, mais avec 5775 !!!). Mais peut-être aussi, proportionnellement, avons-nous davantage de handicapés dans la population. Allez savoir, entre les accidents de la route, ceux du travail, ceux du sommeil, les crimes inachevés, les blessures de la vie et les automutilations en milieu carcéral … Mais envoie-t-on des prisonniers automutilés aux Jeux Paralympiques ? Bref.
Les mêmes "certains" en concluent donc à tort que nos handicapés sont de moins bonne qualité que les autres. Moins bien fabriqués. Je ne vois pas sur quelles bases ils osent proférer de pareilles inepties. Le handicapé français serait-il inférieur aux autres ? Qui donc ose prétendre qu’ils ne sont qu’une bande de « bras cassés » ? Qu’au lieu de mettre leurs deux prothèses dans le même sabot, ils auraient intérêt à se mettre à niveau ? Et d’ironiser. De persifler. C’est facile.
SIDNEY 2000
Moi je dis que nous avons les meilleurs handicapés du monde. D’abord, ils sont élevés en plein air et nourris au grain. Ils ont l’appellation d’origine, ce qui, juridiquement au moins, les protège de toute contrefaçon. Pas comme les handicapés chinois, élevés en batterie et gavés d’on ne sait trop quoi.
Simplement, ils sont mal entraînés. Mal encadrés. Mal suivis. Ils ne sont donc pas sur un pied (bot) d’égalité. Je suis prêt à le soutenir (« jusques au feu exclusivement », disait Maître Alcofribas). Qu’on nous en donne les moyens, et vous verrez : le monde n’a qu’à bien se tenir. La France souffre en la matière d’un indéniable handicap. Bon, d’accord, je change de ton. Je redeviens consensuel. Tant pis. J’étais bien parti.
BARCELONE 1992
Aucune épreuve des jeux paralympiques n’a donc été transmise en direct à la télévision. Les salopards de crocodiles journalistiques font semblant de se lamenter sur cette carence, et font mine de s’interroger gravement sur les raisons d’une telle désaffection. Vous ne la trouvez pas écœurante, cette hypocrisie ? Personnellement, je ne la trouve pas écœurante, mais carrément répugnante.
La raison de la désaffection ? Mais il ne faut pas être sorti de Polytechnique ou des Ponts et chaussées : ce ne sont pas des Jeux Olympiques. Point c’est tout. C’est aussi net que ça. Ce sont des Jeux Olympiques « spécial handicapés ». « Para », en grec, ça veut dire exactement ça : « à côté ». Comment ça, quelle différence cela fait-il ? Vous n’allez pas aussi vous y mettre ! Soyez sincère : la pratique sportive n’est pas la même. L’intérêt du spectacle est rigoureusement différent. La performance n'a pas le même sens.
Je suis désolé : si l’on peut trouver du plaisir à suivre un 100 mètres d’USAIN BOLT, qui a tous ses membres bien en place, quel plaisir éprouvent ceux qui s’extasient devant cet athlète qui court sur deux prothèses ? Quel est le sentiment vrai qu’ils éprouvent ? Je doute radicalement de leurs grandes déclarations et de leurs grands sentiments. Pour moi, ce sont des hypocrites fieffés.
Car les Jeux Paralympiques, excepté la collecte de fonds, sont d'abord une manifestation CARITATIVE. Exactement comme le Téléthon. S'il s'agit de trouver du courage à ces athlètes, c'est évident. Mais non, ne me dites pas que le sentiment esthétique est du même ordre. Car l'athlète normal dissimule dans sa prestation les efforts qu'il a fournis pour y arriver. L'homme sans pieds, lui, c'est le destin qu'il a dû vaincre, pour arriver là. Et c'est cela qu'on trouve admirable. On entre forcément dans les considérations MORALES.
Pourquoi s’il vous plaît, à l’origine (1896), a-t-on appelé cette manifestation « Jeux Olympiques » ? C’était une référence directe et explicite aux Jeux de l’antiquité grecque. Or je suis désolé, prenez toute la statuaire grecque : pas un seul handicapé. Que des athlètes parfaitement conformés. Et je suis encore plus désolé, s’il manque des membres à la Vénus de Milo ou à la Victoire de Samothrace, ce n’est pas dû à d’éventuels handicaps. D'ailleurs, elles ne concouraient pas.
Il y a bien ce plaisantin d’ÉSOPE. Certes, certes, mais lui, il n’est que contrefait. Ce n’est pas la même chose. Qu’est-ce qu’une bosse dans le dos, après tout ? Et surtout, nul ne lui a jamais demandé de s’aligner dans les épreuves de lutte ou de course. Personne n’aurait eu l’idée. Ses fables et son intelligence suffisaient pour valider son existence. En plus, son buste date de la période hellénistique. C’est-à-dire trois ou quatre siècles après lui.
Jamais les Grecs n'auraient eu l'idée saugrenue d'inclure des athlètes incomplets ou diminués dans des compétitions destinées à glorifier les perfections du corps humain. Notre époque dégouline de confiture altruiste et généreuse. C'est cette confiture que je trouve définitivement indigeste et répugnante. Après le hideux "devoir de mémoire", voici l'infect "devoir de compassion", d'autant plus contestable qu'il s'accommode fort bien des égoïsmes les plus noirs.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
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mardi, 11 septembre 2012
L'ART D'AGATHE DAVID
Pensée du jour : « Notre siècle est celui de la précision. Appuyée par la statistique. La statistique est une science étonnante. Elle donne des certitudes chiffrées. Elle a prouvé que dans huit cas sur dix les boulangers sont des hommes qui fabriquent du pain ».
ALEXANDRE VIALATTE
« Toute la Gaule est occupée par les Romains … Toute ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. » Ainsi commence tout album des aventures d’Astérix. Dans le monde de l’art, on observe de telles résistances. Qui consolent. Car il n’y a pas que des GWENAËL MORIN, cet "artiste" d'une grande subtilité esthétique, qui suspend au plafond des dizaines de traversins, chacun portant le prénom de celle qui y a posé la tête la nuit précédente. On acclame.
Je veux dire qu’il n’y a pas que des gens qui ont des IDEES. Qu'on acclame parce qu'elles sont faites pour l'estrade et l'enthousiasme badaud. Bravo ! Très fort ! Chapeau l'artiste ! Il y a aussi des gens qui TRAVAILLENT. De leurs mains. Qui s’efforcent d’avancer dans la maîtrise technique de leur main, et de peaufiner l'aigu et l'énergique de leur oeil.
C’est le cas d’AGATHE DAVID. Ses outils ? Papier, crayons, stylos. On ne peut guère se contenter de moins. Être plus économe. Oh, ce n’est pas MICHEL-ANGE. Ci-contre, est-ce l'Oiseau Rock ? Ou le Simorgh de la mystique Conférence des oiseaux, de FARID UDDIN ATTAR ? Ne trouvez-vous pas qu'il y a quelque chose de persan ? D'une miniature persane ?
Moi qui ai un peu fréquenté les poètes d’aujourd’hui, vous savez, ceux qui tirent à 300 exemplaires et qui chuchotent pieusement leurs petites messes basses en petits comités secrets de carbonari honteux dans des petits lieux à demi clandestins, je dirai qu'AGATHE DAVID œuvre quelque part à l’écart des chemins fréquentés, un peu à l’ombre. En tout cas pas sous les feux de l’actualité. Cela n’a pas empêché la revue Beaux-Arts de lui consacrer un espace il n’y a pas longtemps.
Ses motifs ? Les traits d'écailles d'un reptile ou d'un poisson. Le trait des plumes d'un oiseau. Comme si les bestioles portaient sur le corps les tuiles du toit qui les protège des intempéries. Car il y a chez AGATHE DAVID une fascination pour l’effet de tuilage que produisent les peaux ou les plumes de ces animaux. Regardez ci-contre : ne dirait-on pas que les plumes et les couleurs pleuvent de l'animal ?
Alors pourquoi pas l’écorce de certains arbres ? Non, le végétal n’est pas l’animal. Mais on ne s'interdit rien. L’animal est mouvant. C’est ce mouvant-là qu’elle rend visible.
La figure du serpent, du poisson, du coquillage se découpe sur le blanc du papier avec une netteté de ciseau. Tout est tracé, avec vigueur et souplesse. La main qui pense le tableau est certainement féminine : il y a quelque chose de velouté, d’onctueux, jusqu'à du tendre, dans les enroulements, les infléchissements, les torsades.
La texture a de la transparence dans le moiré, la couche s’ajoute à la précédente sans la dissimuler, dans une sorte de mille-feuilles coloré qui fascine l’œil quand il s’approche au plus près. C’est certain, on est fort loin de ce qu’on appelle le « geste ». Ici, l’art est de patience et de précision. Peut-être en faudrait-il peu pour basculer dans l’obsessionnel, à la façon d’un BERNARD REQUICHOT (ci-contre), mais non, on reste dans le concerté, dans le calculé. On est presque dans le japonais pour ce qui est de l'élaboration esthétique. Presque japonaise, en effet, la présence esthétique au monde.
Les spécialistes, quand ils examinent un tableau de JOACHIM PATINIR (1475-1524), s’étonnent de l’étroitesse de certains coups de pinceau, difficilement imaginable. C’est un minutieux à la recherche de l'infime. AGATHE DAVID a cette minutie, mais moins pour le détail cultivé pour lui-même que pour l’effet produit par la superposition transparente des couleurs.
Ajoutons qu'elle s'est inspirée, pour élaborer ses figures, des Psaumes de David (avec quelques incursions dans Daniel, Ezéchiel et Isaïe). Je n'ai pas pensé à lui demander s'il y avait un lien avec son propre nom. Ce qui est certain, contrairement à ce qu'en dit bizarrement le galeriste en personne (« Vous comprenez, ce genre, ce n'est pas dans mes habitudes »), la mise en résonance du texte et de l'image fonctionne à merveille : ils dialoguent comme de vieilles connaissances.
La taille et la calligraphie des citations sont assez sobres (neutres) pour ne porter aucun ombrage aux images, et vice-versa. Les citations elles-mêmes se réfèrent au règne animal : « Leur venin est semblable au venin du serpent, de la vipère sourde qui ferme ses oreilles » (selon la traduction du chanoine CRAMPON). « C'est toi qui as écrasé les têtes du Léviathan, et l'as donné en pâture aux peuples du désert ». L'animal est visiblement un ami de longue date, qu'AGATHE DAVID a eu le loisir d'observer de près. Sans que le végétal soit rayé du paysage (ci-contre, le volatile artichaut d'une "floraison").
On passe en revue, au gré des fragments, tout un bestiaire biblique, de la précision entomologique du papillon et de la sauterelle au lyrisme fantastique des créatures marines, en passant par le torturé du reptile et de la pieuvre, dans un dessin fouillé, libéré de l'exactitude académique.
L'ensemble des oeuvres présentées offre à contempler l'unité certaine de la conception, dans la simplicité apparente de la réalisation : leur complexité se révèle en aggravant l'attention portée. Que le regard se fasse distant ou centimétrique, il voit que tout est en place, dans une sorte d'ailleurs familier.
Respect. Et merci à XAVIER LEBLANC de me l'avoir fait connaître.
Voilà ce que je dis, moi.
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lundi, 10 septembre 2012
L'ART D'AGATHE DAVID (PREAMBULE)
Pensée du jour : « Achras : Ô mais, c'est qué - y a point d'idée du tout de s'installer comme ça chez les gens. C'est une imposture manifeste ...
M. Ubu : Une posture magnifique ! Parfaitement, monsieur : vous avez dit vrai une fois dans votre vie ».
ALFRED JARRY
Je signalais, il y a quelques jours en bas de page, l'exposition AGATHE DAVID qui a lieu depuis jeudi à la Galerie Gilbert Riou (1, place d'Ainay, mais l'entrée est située rue Vaubecour).
AGATHE DAVID est une artiste. Comme je les aime. Car, contrairement à tous les « artistes » figurant dans mon album « art con et temporain » (ci-contre, n’hésitez pas à découvrir 80 façons de tuer l'art, à m’engueuler, voire à mépriser le néandertalien que je suis éventuellement), AGATHE DAVID ne désespère pas de la création artistique. Cette rareté attire forcément l'attention et la curiosité.
C’est vrai, aujourd’hui, la plupart des « artistes » ont emboîté le pas à MARCEL DUCHAMP. S'il n'est pas en personne le meurtrier, il en est l’emblème et le héraut. Le porte-parole et le messager. Le ready made (ci-contre, la "roue de bicyclette") a mis le point final au parcours millénaire de l’Art. Or le ready made, c'est l'appel de trompette après lequel il n’y a plus qu’à déclarer : « L’ART est mort ! Il est temps de vous repentir ! ». Pour la suite, voir l'Apocalypse de Jean.
Mais celui qui souffle dans la trompette (et la cohorte de ceux qui le suivent), en même temps qu'il sonne "Aux Morts", comme un 11 novembre ordinaire, ouvre un extraordinaire marché à toutes sortes d’hommes d’affaires. Certains protestent en vociférant : « TOUT EST ART ». Mais je rétorque : « Et alors ? Quelle différence ? ». Et toc ! C'est vrai, ça : si la réalité, la nature, nos objets sont de l'art, où il se trouve, l'art artistique ? Si vraiment tout est art, ça signifie juste que plus rien n'est art.
« Art con et temporain », donc : en plaçant JEFF KOONS à la porte d'entrée de l’album ainsi intitulé, en train de saillir (il n'y a pas d'autre mot, n'est-ce pas ?) sa femme, l’actrice porno CICCIOLINA, c'est une modalité de la mort de l'ART que je voulais illustrer.
On constate pourtant, éberlué, que le cadavre de l'ART a revêtu, depuis les « audaces » de DUCHAMP (1913 et après, avec l'invention du READY MADE, qu'il soit "aidé" ou non : porte-bouteilles, "fontaine", stoppage-étalon, ... On en fête bientôt le centenaire, préparez-vous, il est temps de vous repentir), une infinité de cadavres bien vivants, dont l’énumération gonflerait inutilement cette modeste note.
Il n’y a pas besoin d'un couple forniquant pour confirmer l’obscénité essentielle, pour ne pas dire la pornographie d’une bonne part de ce qu’il est convenu d’appeler « art » contemporain. Disons que cette copulation symbolise assez bien une des grandes tendances de l' « art » contemporain : j'ai nommé le FOUTAGE DE GUEULE.
Il est peut-être bon de rappeler que JEFF KOONS a commencé comme « courtier en matières premières » à Wall Street, et que s’il a changé d’orientation « professionnelle », s’il s’est lancé dans l’art, c’est, je le cite : « en tant que vecteur privilégié de mechandising ». On n’est pas plus « honnête ». Il ne s’agit de rien d’autre que de « glorifier des produits de consommation ». Comme son prédécesseur et mentor ANDY WARHOL.
Disons le fond des choses : l’artiste con et temporain n'est en général qu'un pervers nécrophile, qu'une chair nécrosée congénitale. Il prospère sur le cadavre de l’Art, comme l’insecte nécrophage sur la dépouille animale gisant au bord du chemin :
« Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons ».
CHARLES B. (je vous laisse deviner)
Après la mort de l’ART, donc, voici l’ « art-mort ». Debout les morts, entendait-on dans les tranchées de 1914. Eh bien qu'on se rassure : c'est chose faite ! Et qu'on se le dise, le cadavre se porte comme un charme :
« On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant ».
Si GEORGES BRASSENS pouvait parler, il dirait : « On s’aperçut que le mort avait fait des petits ». Car après le second coup de grâce dans la nuque de l'ART, porté par ANDY WARHOL, le cadavre se met à vivre sa vie, pleinement, joyeusement et « artistement » : « J’ai commencé comme artiste commercial, je veux finir comme artiste d’affaires » (WARHOL).
DUCHAMP ayant rédigé l’acte de décès à coups de « ready mades », WARHOL pouvait introduire la dépouille mortelle de l’Art dans l’univers de la marchandise et de la publicité, et le marchand d’ « art-mort » commercialiser ses charognes « pleines d’exhalaisons ». Car je pense qu'on sera d'accord : il n'y a rien de plus mort qu'une marchandise. Pire : une marchandise érigée en être vivant.
Si vous n’avez jamais vu un cimetière en effervescence, prenez un billet pour Le Caire, où beaucoup de drôles de silhouettes, de jour comme de nuit, errent entre les tombes. Elles ont investi les caveaux et les pierres tombales. Les gens normaux s'interrogent. Les cimetières du Caire connaissent une belle animation, même si elle est encore honteusement minimisée par les tour opérateurs. Vous verrez qu’il n’y a pas plus vivant qu’un cimetière.
L’art contemporain, c’est pareil : un univers de ZOMBIES, de morts-vivants, qui s’activent, s’affairent, font des affaires, essaient de « percer ». Une seule solution : l'évacuation. Tirez la chasse. S'il n'est pas trop tard.
A la rigueur, reportez-vous à Trou dans la couche d’os jaunes, dans la série « Pierre Tombal », de HARDY & CAUVIN, éd. Dupuis.
L'art con et temporain est plus mort-vivant que jamais.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre, AGATHE DAVID.
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dimanche, 09 septembre 2012
ULTRALIBERAL ? MAIS JUSQU'OU ?
Pensée du jour : « Quand ne sera-t-il plus besoin de rappeler que les antialcooliques sont des malades en proie à ce poison, l'eau, si dissolvant et corrosif qu'on l'a choisi entre toutes substances pour les ablutions et lessives, et qu'une goutte versée dans un liquide pur, l'absinthe par exemple, le trouble ? ».
ALFRED JARRY
ALFRED JARRY SUR UN MUR DU GRAND LEMPS (38)
EN COMPAGNIE DE L'ABSINTHE ET DU PEINTRE PIERRE BONNARD
C’est ainsi que, dans un premier temps, monsieur DEGAUCHE dépénalise l’homosexualité. Comme depuis un bon moment, le délit ne saute plus aux yeux de beaucoup de gens, monsieur DEDROITE ne moufte pas. Mais cela ne suffit pas. Ainsi, les curetons (rien que des DEDROITE), en 1984, n'ont-ils pas fait plier ALAIN SAVARY et FRANÇOIS MITTERRAND au sujet de l’enseignement catholique, en brandissant le drapeau de la « liberté » (après un beau hold up sur la dite liberté) ?
Eh bien monsieur DEGAUCHE leur emboîte le pas. A ceci près que, en dehors de l'extravagante "Gay Pride", il n'aura pas à manifester par millions dans les rues. Il ne voit donc aucun inconvénient à inscrire dans le marbre de la loi le mariage homosexuel et l’adoption d’enfants par des couples homosexuels. Au nom de l’ « égalité », cette fois. Mieux : pour lutter contre l’ « inégalité des droits ».
Monsieur DEDROITE, et parfois l’homme de la rue (une variante primitive d’homo sapiens), a du mal à comprendre cette spécification de la notion d'égalité, qui semble, pour l’occasion, curieusement détournée de son sens.
En fin de compte, si monsieur DEGAUCHE a admis l’ordre capitaliste des choses (comment ça, il a retourné sa veste ? Mais comment osez-vous ?), en revanche, dans le domaine "culturel" (ou "sociétal", comme on voudra), il a gardé intacte sa volonté de mettre à bas l’arbitraire qui établit des différences (rebaptisées « inégalités »), fondées sur des critères de jugement. Juger, se dit-il, c’est mal. Il est interdit de juger. Aussi importe-t-il de rendre tout jugement impossible. Et donc de brouiller les repères le plus savamment possible. Le grand tout, c'est de « décloisonner » à tout va. Abattre les frontières entre les « genres ».
Curieusement, cependant, monsieur DEGAUCHE s’arrête en chemin. On ne sait quelle vergogne le saisit au moment de franchir un autre Rubicon. Peut-être sent-il vaguement que « la société » n’est pas prête ? Toujours est-il que, alors même que toutes les forces du commerce et de la marchandise, toutes les forces des médias en général et de la télévision en particulier, concourent à élire la PETITE FILLE en icône féminine (et même sexuelle, voyez LOLITA), digne de tous les soins de peau, de tous les maquillages et de toutes les modes vestimentaires les plus « modernes », monsieur DEGAUCHE retrouve le sens du sacré. Je veux dire qu'il recule devant le risque d’accusation de pédophilie. Ici, on perçoit une légère contradiction entre commerce et morale ? Qu'allez-vous chercher ?
Alors, LGBT tant que vous voudrez, mais ne touchez pas à l’enfant. LGBT, c’est pour « Lesbienne, Gay, Bi et Trans ». Le message implicite de LGBT, c’est : « Tout est permis ». Eh bien non : on ne sait quelle pudeur saisit soudain l’homme de gauche à l’orée de la forêt enfantine.
Car monsieur DEGAUCHE, qui n’en est pas à une contradiction près, revient très fermement au répressif (qui, pour tout le reste, lui fait horreur), persistant à appeler « malade » une personne attirée sexuellement par un enfant, et à lui ordonner, dans ses cours de justice, des « obligations de soins ». Exactement l'accusation qui visait les homosexuels il n'y a pas si longtemps. Etrange, ne trouvez-vous pas ?
Un mystérieux mur invisible l’empêche de réaliser dans ce domaine la trilogie qu'il a menée à bien dans les autres : 1 - dépénaliser (abolir le délit), 2 - légaliser (accorder la respectabilité, en punissant au besoin l' « homophobie »), 3 - légiférer (accorder aux homosexuels le mariage et l'adoption d'enfants).
Ce qu’il a fait en faveur des LGBT, il ne le ferait pour rien au monde à l'égard de ces immondes pédophiles, la honte de l’humanité. Fi donc ! Jarnidieu ! La peste soit du fat ! Jusqu’à ce que peut-être, un jour futur, ceux-ci s’étant à leur tour organisés en associations "de défense" criant à la "stigmatisation" et à la "persécution", forment des groupes de pressions, s'introduisent en réseaux influents parmi les cercles du pouvoir, pour finir par faire modifier la loi en leur faveur, et établir une bonne fois le délit de « pédophilophobie ».
Monsieur DEGAUCHE pourra alors se dire en toute bonne conscience que « la société est prête ». Que « les mentalités ont évolué ». Qu’à tant faire que de « faire tomber des tabous », au fond, pourquoi pas celui-là ?
Mais on oublie trop souvent que parmi ce qu’il est convenu d’appeler les « minorités sexuelles » avides de faire reconnaître officiellement leur « orientation sexuelle », leur « choix de genre » et leurs « préférences sexuelles », il n’y a pas que les LGBT, loin de là. Certains pourraient même les accuser d’accaparer égoïstement toute l’attention, au détriment de beaucoup d'autres. Il faut voir plus loin, plus large et, si j'ose dire, plus profond.
Car, si monsieur DEGAUCHE était vraiment progressiste, il devrait, en plus des pédophiles, exempter des foudres de la loi les zoophiles (à quand le mariage entre gent humaine et gent canidée (mais à quel doigt passer l'anneau ?) ?), les coprophiles et autres scatophiles, les sadiques, les masochistes (le baron de Charlus dans Le Temps retrouvé), les exhibitionnistes, les masturbateurs, les gérontophiles, les nécrophiles, les fétichistes (à quand l’adoption de chaussures à talon haut, reconnue par la loi, par les couples fétichistes ?).
Bref, puisque la notion de « limite » fait horreur à monsieur DEGAUCHE, la liste est longue des « droits » à réclamer, à ouvrir et à inscrire dans le métal de la loi ; des « barrières » à faire tomber ; des « tabous » à abolir. Pour conclure, je finirai sur une allusion au marquis DE SADE : gens de la gauche morale, « encore un effort pour devenir … », quoi, au fait ? On trouve en effet, inséré au milieu de la débauchée Philosophie dans le boudoir, une sorte de traité révolutionnaire : Français, encore un effort si vous voulez être républicains.
Bon, si vous voulez, retranchons « républicains » à la formule du marquis. Et reprenons en chœur : « gens de gauche, encore un effort pour devenir ». Un point c’est tout. Monsieur DEDROITE n’a plus qu’à fermer sa gueule, à ruminer et à regarder passer les trains des « réformes ». Monsieur DEGAUCHE, de son côté, n'a plus qu'à devenir un point. C'est tout.
Alors, mes bien chers frères, vous voulez savoir quoi ? DEVENONS. C'est le fond de l'affaire.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alfred jarry, alcoolisme, antialcoolisme, absinthe, politique, société, moeurs, répression, tolérance, liberté égalité, homosexualité, lgbt, capitalisme, inégalités
samedi, 08 septembre 2012
ULTRALIBERAL DE GAUCHE ?
Pensée du jour : « L'âme est un tic ».
ALFRED JARRY
Je disais donc qu’aux Etats-Unis, les libertariens travaillent à la disparition de l’Etat. Leur slogan : « L’Etat n’est pas la solution, c’est le problème ». Dès qu’on leur parle de redistribution des richesses, ils crient à la dictature communiste. Mais s’ils sont ultralibéraux en politique et en économie, ils restent cohérents quand il s’agit des rapports sociaux et des mœurs : ils sont, entre autres et par exemple, favorables au mariage homosexuel et à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels. Ils vont au bout de leur logique.
En France, on n’en est pas là. A droite comme à gauche, on reste timoré, pusillanime, pour ne pas dire effarouchable, dès qu’il s’agit d’être logique. Tous deux cultivent leurs contradictions amoureusement, comme un bout de jardin où poussent quelques légumes qui leur servent de fonds de commerce. Chez l’un, la tomate du dirigisme social voisine impunément avec l’aubergine du libéralisme économique. Chez l’autre, le poivron du dirigisme économique côtoie fièrement la courgette du libéralisme social. Et tout ça fait une excellente ratatouille, à condition d'oignons et aulx à suffisance.
Mais on va voir qu’ils poussent le fétichisme de la contradiction encore plus loin, jusque dans le domaine des mœurs. C’est ainsi que monsieur DEDROITE a dressé un piédestal sur lequel il a juché, entre autres valeurs sûres, la famille, le mariage, les bonnes manières. Au nom de la tradition, d’une part, mais d’autre part parce qu’il faut bien fonder la vie commune sur quelques vérités bien senties.
La famille découle de l’union, si possible consacrée en présence de Notre-Seigneur, entre un homme et une femme. L’union est évidemment définitive, et monsieur DEDROITE sentirait ses cheveux se hérisser sur son crâne, rien que d’imaginer qu’il pût en être autrement. La respectabilité avant tout. Cela fait partie des valeurs sûres et éprouvées. Et le respect des enfants pour leurs parents est une simple base de départ, évidente. Quasiment une condition.
Monsieur DEGAUCHE, de ce côté, il faut bien l’avouer, fait beaucoup plus débraillé. La famille ? Il faut être tolérant. Elle est à géométrie variable ? Il faut être compréhensif. Avec des rejetons ouverts aux possibles ? Il faut être tolérant. A peine sortis du berceau, les enfants sont considérés comme des personnes. A ce titre, ils sont dignes de respect : c’est à eux de choisir. La conception de l’enseignement est à l’avenant : c’est à l’enfant lui-même de « construire son savoir ».
Dans La Grande bouffe, MICHEL PICCOLI, avant d’entrer dans la villa de Neuilly pour y mourir d’occlusion intestinale, laisse sa fille lui présenter un grand noir dont le principal talent est de danser comme un dieu. PICCOLI est sûrement DEGAUCHE. Tout ça, apparemment, ne porte guère à conséquence.
Le mariage ? Qu’est-ce que c’est, cette institution désuète ? Il fait partie des structures d’une société honnie. Car monsieur DEGAUCHE déteste en général tout ce qui vient de la société capitaliste, et en particulier, tout ce qui en fait l’armature morale, dont il a bien l’intention de se débarrasser quand il aura changé la société dans son ensemble.
La manière de s’habiller ? JACK LANG, ministre de la Culture, la première fois qu’il voulut aller s’asseoir sur les bancs des ministres à la Chambre, se vit refuser l’accès par les appariteurs. Sûrement soudoyés par la droite réactionnaire : il voulait entrer, rendez-vous compte, en costume impeccable et impeccable pull blanc à col roulé ! Un attentat contre les institutions ! Disons-le : monsieur DEGAUCHE a inventé le « non-conformisme ». Le pull blanc à col roulé, au risque de renverser la république.
Car monsieur DEGAUCHE a accédé au pouvoir. Il y a planté les dents avec curiosité, l'a mâché avec intérêt, avalé avec délices. Ce faisant, il s’est dit : « Pourquoi pas moi ? ». C’est pourquoi en 1983, monsieur DEGAUCHE se convertit à l’économie de marché. C’est la seule concession qu’il consent à l’ordre établi. Pour le reste, il est intraitable : il faut être tolérant avec la canaille car, si l’on y regarde de près, c’est la société qui est responsable et en a fait des victimes. C’est en tout cas ce que proclame saint PIERRE BOURDIEU, de derrière ses lunettes teintées en vert-de-rose.
Il faut aussi se montrer tolérant avec tout ce qu’une société réactionnaire nomme « déviance » (à la rigueur « perversion »). Qu'on se le dise, rien que le fait de nommer déviance ou perversion des pratiques sexuelles statistiquement marginales, c'est porter un JUGEMENT. Et c'est intolérable à monsieur DEGAUCHE.
La « norme » est une convention établie de façon arbitraire par un ordre injuste, qui introduisait un clivage sans pitié entre les « normaux » et les « anormaux ». Ça, c’est saint MICHEL FOUCAULT qui l’a "déconstruit" de façon indubitable et définitive. C’en est fini des normes, du normal et de l’anormal. C'en est fini de juger. Monsieur DEGAUCHE a inventé l'interdiction des critères, des différences et des classements. Il a décidé que poser une limite est une atteinte aux droits fondamentaux. Tout est dans tout, voilà le credo.
C’est lui qui le dit.
A suivre.
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vendredi, 07 septembre 2012
QUEL ULTRALIBERAL ETES-VOUS ?
Sonnet du jour :
« Vase olivâtre et vain d'où l'âme est envolée,
Crâne, tu tournes un bon regard indulgent
Vers nous, et souris de ta bouche crénelée.
Mais tu regrettes ton corps, tes cheveux d'argent,
Tes lèvres qui s'ouvraient à la parole ailée.
Et l'orbite creuse où mon regard va plongeant,
Bâille à l'ombre et soupire et s'ennuie esseulée,
Très nette, vide box d'un cheval voyageant.
Tu n'es plus qu'argile et mort. Tes blanches molaires
Sur les tons mats de l'os brillent de flammes claires,
Tels les cuivres fourbis par un larbin soigneux.
Et, presse-papier lourd, sur le haut d'une armoire
Serrant de l'occiput les feuillets du grimoire,
Contre le vent rôdeur tu rechignes, hargneux.»
ALFRED JARRY, Les trois meubles du mage surannés.
Nous avons pu voir, hier, mes bien chers frères, combien tranchée était l’opposition entre monsieur DEDROITE et monsieur DEGAUCHE en matière économique. Enfin, pas si tranchée que ça, puisque monsieur DEGÔCHE a renoncé à faire la révolution et à organiser la redistribution des richesses sur les bases d’une certaine justice. De son côté, monsieur DEDROITE ne dédaigne pas, à l’occasion, de mettre un peu d’eau sociale dans son vin capitaliste. A condition de ne pas exagérer. Notons en passant que monsieur DEDROITE se définit plutôt par un "pour", et monsieur DEGAUCHE par un "contre". L'un a un but, l'autre a un idéal.
Aujourd’hui, je vais tâcher de montrer que l’opposition est tout aussi virulente entre monsieur DEDROITE et monsieur DEGÔCHE, mais curieusement, ils ont troqué leurs costumes et enfourché le cheval de l’autre. On ne parle plus d’économie. Aujourd’hui, en effet, on va les voir s’affronter sur les questions dites de société. Inversion radicale des rôles. Ce qui nous promet quelques ricanements.
En effet, autant monsieur DEDROITE est à fond pour la liberté quand il s’agit d’entreprendre, de vendre, d’acheter, de spéculer, de s’enrichir, autant son humeur s’assombrit quand on s’avise de s’en prendre aux VALEURS. Pas touche à l’AUTORITÉ, par exemple. Celle de l’Etat, en particulier, ne se négocie pas. Elle doit s’exercer jusque dans les confins et les recoins des banlieues défavorisées, vampirisées par les mauvais garçons, les gangs et le trafic de drogue. Pour monsieur DEDROITE, l’autorité doit procurer la SÉCURITÉ. Mot-clé.
Monsieur DEGÔCHE voit les choses un peu autrement. Sans nier la nécessité (ni la légitimité) de l’autorité, il mise sur le contact, la relation et la négociation. Sur l' « adhésion au pacte social ». Il compte sur la proximité, comme il avait en son temps baptisé une forme de police mise en place dans les « quartiers » (il suffit de le dire comme ça pour savoir de quels quartiers on parle, c'est assez drôle).
Il faut avouer que ça ne marchait pas mal, que c’était efficace en termes d’ordre public, la « police de proximité ». L’ancien Guide Suprême de la France (allez, je le nomme au moins une fois : le tout petit NICOLAS SARKOZY, le mec aux talonnettes), en caricaturant la chose (« un policier n’est pas payé pour jouer au foot avec des voyous »), a fait « peter les galons » (comme on disait quand j’étais au service militaire).
Il a trompeté qu’il allait tout passer au kärcher, il a blackboulé la « proximité » pour envoyer les CRS qui, en matière de « contact avec la population », s’y connaissaient bien mieux. C’est bien connu. Et il a demandé aux flics de « faire du résultat », de « faire du chiffre » (faisant passer la réalité du terrain loin derrière la statistique, parce que la réalité, ça fait moins d'effets d'annonce dans la presse).
Résultat ? Crispation des flics sur l’autorité de l’uniforme, respect à sens unique, tutoiement obligatoire, gardes à vue comme s’il en pleuvait, recours massif au délit d’ « outrage et rébellion », bref, du grand art. La subtilité du sarkozysme (si ça existe). Car le problème de ce monsieur DEDROITE, c’est sa fascination pour l’intimidation, le muscle, la parade et la démonstration de force, exactement comme certains clubs de hooligans du PSG : mettez un uniforme bleu à un hooligan, quelle différence avec un vrai flic, d'après vous ? Ah bon, j’exagère ?
Autre sujet de crispations antagonistes entre messieurs DEDROITE et DEGAUCHE : la frontière entre Etats. Le premier tient à son inviolabilité (on appelle ça le « souverainisme »). Même quand il est européaniste convaincu, il tient à ce que la frontière, même reportée à la limite de l’ « espace Schengen », soit bien gardée (non, je ne me lancerai pas dans la digression, qui me tend pourtant les bras, sur Lampedusa, la frontière gréco-turque, etc.).
Monsieur DEGAUCHE, au contraire, favorise la porosité des frontières autant qu’il peut, et milite même pour leur abolition (« Ouvrez les frontières », chantent AMADOU et MARIAM, qui ne sont pas européens, mais qui y ont beaucoup de complices). Le premier remplit des charters ou des bateaux à destination des pays d’origine de tous ceux qui n’ont rien à faire sur le sol national.
Le second, c’est d’abord un grand cœur, une grande âme. Et ce cœur et cette âme se penchent avec compassion et altruisme sur le sort infâme que la nation ose réserver aux étrangers. Ce rocher espagnol inhabitable, qu'il soit couvert de réfugiés africains, quelle honte pour l'Etat espagnol ! Honte à MANUEL VALLS, qui ose se prétendre de gauche, et qui arrache des Roms à leur immonde favela !
Monsieur DEDROITE s’insurge contre les intrusions. Monsieur DEGAUCHE s’insurge, et même milite, contre les extrusions. Disons-le : monsieur DEGAUCHE trouve sa vocation dans le "comité d'accueil". Et quand il y a des enfants dans l'affaire, il tonitrue. C’est logique.
Le premier est crispé, pas forcément sur la couleur de peau, disons sur une certaine idée de sa propre identité. Il tient à faire la différence entre être d’ici et être d’ailleurs. Ce n'est pas si bête, pourtant. Il faut dire que ça lui fend quand même le cœur, à monsieur DEDROITE, de sortir au terminus du RER à Gagny (dans le 9-3) et de se croire débarqué à Bamako. On ne peut pas seulement lui en tenir grief. Disons qu'il y a au moins matière à réflexion, et qu'on ne peut pas lui jeter la pierre sans y avoir un peu réfléchi.
Monsieur DEGAUCHE, lui, a appelé « diversité » la libre circulation et l’installation d’étrangers sur le sol national, il s’en félicite, il s’en réjouit. Il s’en fait même un programme, un objectif à atteindre : c’est le joyeux « métissage », l’euphorisante « créolisation », dont il se promet mille merveilles de civilisation, dans « la patrie des droits de l’homme », comme il aime à se gargariser. Il s'extasie devant les "sans-papiers". Il s'émeut face aux "sans-logis". Mais que fait l'Etat, nom de Dieu ?
Bilan paradoxal provisoire : autant monsieur DEDROITE se montre libéral tant qu’il s’agit de produire, d’acheter, de vendre et de faire circuler des marchandises d’un bout à l’autre de la planète, autant il se montre rigide, voire inflexible dès qu’il s’agit d’une certaine idée de l’ordre social et de la nation. Autant les choses ne connaissent pas de frontières, autant, s’agissant des gens et des personnes, il s’en tient à l’adage : « Chacun chez soi ». Il veut rester lui-même. C’est humain.
Contradiction identique pour monsieur DEGAUCHE : lui qui, s’agissant d’économie, voudrait réprimer l’ « argent roi », les « paradis fiscaux » et l’exploitation (éhontée, disons-le avec force) de l’homme par l’homme (la formule a, notons-le, totalement déserté les discours) et qui appelle à une redistribution des richesses, et par la force si nécessaire, lui, dès qu’il s’agit des gens et des personnes dans la société, il se sent fondre de bienveillance. Et il appelle ça « humanisme ».
Je ne peux pas m’empêcher de les trouver bizarres, ces contradictions. C’est vrai, quoi, comment peut-on être, et parfois de façon caricaturale, une fois souple et une fois rigide ? Tolérant et intransigeant ? Prenez ceux qu’on appelle les « libertariens » aux Etats-Unis. Eux, ils sont cohérents : ils prônent la disparition de l’Etat et de toute régulation, mais s’agissant du social et du sociétal (puisque sociétal il y a, paraît-il), ils sont tout aussi tolérants et ouverts.
Mais ce n’est pas fini. Ça continue demain. Attention les yeux.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alfred jarry, poésie, minutes de sable mémorial, politique, économie, société, capitalisme, gauche, droite, révolution, socialisme, parti socialiste, françois hollande, nicolas sarkozy, autorité, ordre public, enrichissement, spéculation, quartiers, police, président, crs, police de proximité, karcher, hooligans, psg, souverainisme, europe, espace schengen, amadou et mariam, manuel valls, roms, favela, droits de l'homme, humanisme
jeudi, 06 septembre 2012
QUEL ULTRALIBERAL ÊTES-VOUS ?
Pensée du jour : « Notre héritage n'est précédé d'aucun testament », écrit RENÉ CHAR dans Feuillets d'Hypnos (fragment 62). HANNAH ARENDT fait de la formule la phrase inaugurale de La Crise de la culture.
Le fond doctrinal du libéral, chacun en sera d’accord, c’est l’autonomie accordée aux individus par la société. Qui dit liberté, dit par là même responsabilité de l’individu. Plus on est libre, plus on est responsable. Il n’y a pas à tortiller. Enfin, on me l’a dit. Et – théoriquement – plus épais et consistants sont les comptes à rendre.
J’observe cependant que les contradictions ne manquent pas. Je me propose de me pencher sur quelques curieux paradoxes. Ainsi, dans le domaine économique, catalogue-t-on A DROITE (politiquement) des gens qui soutiennent mordicus la liberté d’entreprendre, d’embaucher et de débaucher les travailleurs au gré des conjonctures. Ce qu’on appelle la « flexibilité » du marché du travail. Pour que l’affaire marche, on a bien compris, il faut que le patron ait les mains libres. Plus il les a libres, les mains, mieux c’est. Et on le comprend.
C’est vrai que pour qu’une affaire marche, il est nécessaire d’équilibrer les charges : comme disait le dernier Guide Suprême de la France, celui qui a été battu lors du dernier Combat des Chefs, il faut penser aux trois acteurs : l’actionnaire (le propriétaire qui attend le retour sur investissement) ; le dirigeant, qui prépare l’avenir en adaptant la production au marché et en modernisant sans cesse l’outil de travail ; le travailleur (comme c’est devenu un gros mot, je dirai plus loin le dernier acteur cité), qui font tourner l’outil de travail avec leur « force de travail ».
En face, on étiquette A GAUCHE des gens qui, spontanément ou non, préoccupés par le sort fait au dernier acteur cité, qui n’a en sa possession que sa force de travail (selon la grille marxiste, mais on ne peut pas dire que ce soit faux), se portent à son secours pour le protéger d’un rapace (c’est l’actionnaire) qui incite un tyran (c’est le dirigeant) à toujours réduire les coûts. Demandons-nous en passant pourquoi le rapace et le tyran rangent le travail du dernier acteur cité dans la colonne des coûts, et non celle des investissements. Passons.
On voit tout de suite le conflit des deux intérêts : Monsieur DEDROITE actionnaire veut que sa poche se gonfle le plus possible ; le dirigeant y a par nature intérêt, sinon, s’il n’est pas le propriétaire, celui-ci, mécontent, l’éjecte. Monsieur DEGAUCHE veut empêcher le dirigeant de nuire sans mesure au dernier acteur cité.
Pour décrire les choses simplement, disons que Monsieur DEDROITE veut que la machine tourne, Monsieur DEGAUCHE lutte contre l’esclavage. A l'un la "réalité" concrète, à l'autre le brassage d'idées.
Notons en passant que Monsieur DEGAUCHE, concrètement (et bizarrement), s’en prend très rarement au propriétaire-actionnaire, sauf en campagne électorale (« Mon ennemi, c’est la finance ! », lança bravement, mais étourdiment, FRANÇOIS HOLLANDE). Pour une raison simple : il faudrait inscrire au programme du parti la destruction du SYSTEME qui fait de l’actionnaire la source de l’économie. Et cela n’est pas au programme, mais alors pas du tout. Car cela s’appelle la révolution.
Oui, je parle, on l’a compris, de la gauche « responsable », de la gauche « de gouvernement ». Cet homme de gauche-là ne veut surtout pas détruire le système. Il en aime les pantoufles. Je traduis en français : depuis 1983, le Parti Socialiste s’est converti à l’économie de marché. Fini le militant en bras de chemise et la clope au bec : la rue de Solférino ne laisse entrer dans ses murs que des costumes trois-pièces armés d’attachés-cases et sortant de l’ENA. Le Parti Socialiste n'est plus à gauche, mais à GÔCHE. Et ça change tout.
L’économie de marché (autrement dit la jungle de l’offre et de la demande), elle place à son sommet et (!!!) à sa base l’actionnaire. Renverser cet ordre, seuls de dangereux utopistes osent en rêver. Qui rêvent en douce de grimper au sommet de leur échelle de l’Egalité.
Donc, l’homme de gôche a renoncé à la révolution, donc il accepte le règne de l’actionnaire. On voit par là qu’entre l’actionnaire-marteau et l’homme de gauche-enclume (une enclume pas toujours au service du dernier acteur cité), le dirigeant a intérêt à avoir pris des leçons de diplomatie auprès des intrigants florentins du 16ème siècle ; des leçons de méthode auprès des grands stratèges (CLAUSEWITZ, SUN TSU) ; des leçons de ruse auprès des vizirs arabes. S’il veut sauver sa peau.
Résumons-nous : l’homme de droite réclame le maximum de liberté (d’entreprendre) ; l’homme de gauche réclame le maximum de justice (sociale). « Liberté n’est pas licence ». Paraît-il. L’homme de droite, en économie, est favorable au « libéralisme », qui permet à l’entrepreneur de s’enrichir. L’homme de gauche, pour l’empêcher de se servir du dernier acteur cité comme d’un simple citron à presser, exige que l’économie soit « administrée ». La liberté s’oppose à la régulation, comme le pôle nord au pôle sud. Et lycée de versailles.
Je résume ce qui précède : l’Entrepreneur est contre l’Etat et pour la Liberté. La Sécurité Sociale et le Code du Travail sont contre l’Esclavage qui découle de cette Liberté. En très gros. J’espère que vous suivez. Je schématise, mais il y a de ça.
Entre la liberté (d’entreprendre) et la protection (sociale), c’est une sourde et permanente lutte pour pousser le curseur du « bon » côté. En ce moment, on pourrait dire par exemple que l’esclavage a le vent en poupe. Et que l’Etat est devenu le toutou de l’Entreprise : « Donne la papatte, allez, fais le beau, JEAN-MARC AYRAULT ». Et JEAN-MARC AYRAULT donne la patte, fait le beau et remue la queue. C’était l’autre jour au MEDEF.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre : promis, demain, étonnant renversement de perspective et de rôle.
Dernière minute pour les Lyonnais : a lieu ce soir le vernissage d'une exposition. La galerie Gilbert Riou (1, place d'Ainay, 18 heures) montre des oeuvres tout à fait estimables d'AGATHE DAVID, qui s'est inspirée des Psaumes de David pour faire surgir des souvenirs de bestiaires, de la botanique et des livres d'heures.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rené char, hannah arendt, feuillets d'hypnos, la crise de la culture, littérature, poésie, économie, libéralisme, ultralibéralisme, politique de droite, politique de gauche, libre entreprise, nicolas sarkozy, françois hollande, ump, parti socialiste, actionnaire, rue de solférino, ena, économie de marché, clausewitz, sun tsu, sécurité sociale, code du travail, jean-marc ayrault, medef