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vendredi, 29 avril 2016

CHRISTOPHER LASCH ET L'ARCON

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Je reviens une dernière fois sur Le Moi assiégé, de Christopher Lasch (voir 16 et 19 avril), pour voir un peu ce qu’il pense de l’art contemporain. C’est un sujet qui me tient à cœur. Il regroupe différents courants et tendances sous l’appellation d’ « esthétique minimaliste » (le titre original du livre est The Minimal Self). Et on peut dire que, même s’il ne porte pas trop de jugements de valeur, on comprend que toute son analyse aboutit à une conclusion simple : tout ce qu’on appelle art contemporain est dans un sale état. Et il ne faut pas chercher l'origine de cette situation ailleurs que dans la civilisation, elle-même dans un sale état. 

On comprend que les optimistes qui croient dur comme fer dans les vertus progressistes et émancipatrices du Progrès, de l’innovation technologique et autres contes de fées, évitent tant que faire se peut de lire les livres de Christopher Lasch : le tableau qu’il dresse du monde qui est le nôtre n’a en effet rien à voir avec celui dont ils s’ingénient à faire la promotion, jour après jour, et sur lequel leur pinceau suave dessine toutes les promesses mirifiques dont ils nous assurent que le monde futur les comblera au-delà même de nos espérances. 

La lecture de Christopher Lasch, à cet égard, est profondément démoralisante. Pan après pan, il ôte en effet le resplendissant habit de lumière dont les promoteurs de l’avenir radieux revêtent des illusions avant d’en refourguer le « grand récit » aux foules, priées de croire que le monde s’achemine sans faiblir vers toujours plus de mieux (Jacques Higelin le chantait : « Aujourd’hui peut-être, Demain ça sera vachement mieux », dans "Alertez les bébés", 1976). Sur la question, tout le monde devrait avoir lu Le Seul et vrai paradis : nul doute que le mythe du Progrès en prendrait un sale coup derrière les oreilles. 

Le monde de l’art ne pouvait évidemment pas rester à l’abri des bouleversements, des chambardements et autres destructions qui ont fait du 20ème siècle celui de la guerre militaire, politique et économique, bien que les critères auxquels se conformaient les artistes eussent déjà connu quelque bouleversement quand la 1ère guerre mondial s’est déclenchée. C’est sans doute pourquoi Christopher Lasch intitule la partie de son ouvrage où il aborde la question de la création artistique « L’esthétique minimaliste : art et littérature à l’époque de l’extrême ». 

L’idée d’extrême est cruciale à ses yeux : « L’art contemporain est un art de l’extrême non pas parce qu’il prend des situations extrêmes comme sujets – encore qu’une grande partie de l’art contemporain le fasse – mais parce que l’expérience de l’extrême menace jusqu’à la possibilité même d’une interprétation de la réalité par l’imagination » (p.132). Bien d’accord avec l’auteur, qui ajoute juste après : « Le seul art qui semble adapté à une telle époque (à en juger par l’histoire récente de l’expérimentation artistique) est un anti-art, ou art minimal », dont la caractéristique première n’est pas forcément le minimal comme style, mais la « restriction drastique de son champ de vision ». 

Par exemple, Anaïs Tondeur (on peut cliquer pour voir les images) a accompagné de son travail les recherches de Michael Marder sur les indéniables mutations génétiques qui touchent la flore autour de la centrale de Tchernobyl, en plaçant sur du papier photosensible des plantes irradiées de la région (on appelle ça des rayogrammes). Elle intitule ça « Tchernobyl’s herbarium ». Si ce n’est pas une restriction drastique du champ de vision de l’art, ça …. 

L’artiste contemporain fait le choix de l’ordinaire, de l’effacement de sa propre personnalité et, en décontextualisant radicalement l’objet, supprime toute relation qu’il entretient dans la réalité avec les autres objets. Appelons ça le parachutage arbitraire de l’inouï dans l’œuvre. L'artiste contemporain a réhabilité l' "acte gratuit". L’artiste, au surplus, en s’affirmant comme pleinement original, prétend ne se placer sous l’égide d’aucun maître, d’aucune école : seul son bon plaisir le guide. 

De plus, de quelle réalité parle-t-on ? Est-ce celle dont nous aurions une expérience directe, et qu’on appelle « le monde » ? On peut de moins en moins répondre par l’affirmative, tant notre relation avec elle passe par la vision que nous en fabriquent à chaque instant toutes sortes de médias. On reconnaît là une idée directement inspirée de Guy Debord et de sa « société du spectacle », concept dont Christopher Lasch est un familier, même s’il n’en fait pas état ici.

L’iPhonisation des hommes enferme en effet les esprits dans des murs immatériels, sur lesquels une « réalité » de plus en plus « virtuelle » projette l’image (la représentation) trompeuse d’un monde qui semble se plier au moindre de nos désirs. Pur fantasme infantile, évidemment, enraciné dans le narcissisme triomphant de l'époque : l'impression de toute-puissance qui précède, dans le psychisme, l'horrible séparation avec la mère. La séparation qui rend l'individu autonome.

Par ailleurs, selon lui, l’homme est devenu une simple entité statistique, dont la substance proprement individuelle et les motivations profondes, dûment et indûment scrutées en permanence au moyen d’outils sophistiqués, finissent par former l’image d’un être global, collectif et abstrait, censé représenter les tendances dominantes dans une société donnée : « Les médias font un effort sérieux pour nous dire qui nous sommes ». Magnifique formule. Comme dit Souchon : « Dérision de nous dérisoires » ("Foule sentimentale"). 

Sondages et enquêtes d’opinion dessinent et sculptent un ectoplasme d’identité collective, que ses promoteurs tentent de cautionner à coups de fables et de loufoqueries, au premier rang desquelles une prétendue scientificité dont ils s'efforcent d'habiller leur activité mercantile. A ce compte-là, pour savoir qui je suis, je n’ai plus à m’interroger à partir de ma vie intérieure : il faut seulement que j’ouvre le journal ou que je regarde la télé. Les médias inventent et fabriquent jour après jour un individu statistique, supposé tenir lieu de ciment social, voire national. Mais qui, accessoirement, a pour effet de devenir une norme impérieuse, à laquelle les individus de chair et de sang sont, sans que ce soit dit, invités vivement invités à se conformer. 

On a compris l’imposture. 

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 24 décembre 2015

GÉNÉRATION BATACLAN ?

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C’est entendu, Le Monde n’est plus ce qu’il fut. Mon Monde à moi n’accueillait pas de publicité, restait soigneusement déconnecté de la mode, du luxe et de la volupté, débranché des cours de la bourse, vierge de toute pollution photographique : le langage régnait en maître, en prince impérial, avec une concession dédaigneuse, de loin en loin, au dessin humoristique. Le Monde était imbattable pour la quantité et la densité du contenu. Je ne dirai pas quand j'ai commencé à lire Le Monde, ce serait avouer mon âge. A chacun sa pudeur. C’était la haute exigence de l’intègre et austère Hubert Beuve-Méry qui avait édifié ce bâtiment. 

Ce n’est hélas plus le cas, et depuis longtemps, du « journal de référence » : surfaces largement consacrées à vanter toutes sortes de marchandises, à faire l’éloge du « Style », des Montres (Bréguet, Blancpain, Patek Philippe, ...) et du Luxe, un magazine « » hebdomadaire presque totalement insignifiant, futile et creux (à la notable exception du dernier), tout cela joint à une pagination soumise à un régime amaigrissant qui nous fait friser l’anorexie et à un prix inversement proportionnel. 

Bref, pour être resté lecteur du Monde, il faut avoir une foi bien chevillée et considérer l’action de s’informer comme un devoir, et même un militantisme. Et ne pas prêter une attention excessive aux errements auxquels mène parfois la stratégie de « juste-milieu » appliquée par la rédaction en chef aux contenus. Je laisse par ailleurs de côté la question de la présence du fade Plantu en « Une », que je laisse pisser la neutralité de son eau tiède dans son violon quotidien. 

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Heureusement, il n’y avait pas de Kalachnikovs au Festival de Fourvière en juillet 1978, il journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metaln’y avait que les Bijou, les Spions (un truc hongrois ravageur), les Olivensteins («journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal  Euthanasie papy, euthanasie mamy »), les Cimarrons qui faisaient danser le théâtre antique et Little Bob Story qui faisait scander « Barbe noire » parce que, mis en colère que le groupe ait été rejeté en fin de nuit, celui-ci (le batteur ou bassiste) refusait de revenir sur scène. Pas de Kalachnikovs à la Salle des Sports de Villeurbanne aux concerts de Duke Ellington ou de Sun Râ. Pas de Kalachnikovs au Palais des Sports de Lyon aux concerts des Queens, de Jacques Higelin ou de Frank Zappa (j’ai encore dans l’oreille : « The poodle bites, the poodle choose it » - repris dans "Apostrophe", je crois). 

Juste pour dire que j’ai été comme ça. Si ce n’avait pas été l’âge et la correction de trajectoire, j’aurais peut-être journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalété là, au Bataclan. Est-ce que j'aurais fait de mon corps un rempart pour mon amoureuse de l'époque ? Ai-je le droit de juger ces personnes au seul motif que mon regard a changé du tout au tout en matière de culture, de musique, de civilisation ? Je me mépriserais si je le faisais. J'ai laissé tomber les concerts de cris hystériques, de batteries furieuses et de guitares électriques saturées. Mais je n'ai pas le droit d’oublier ce que j'ai été, ce que j'ai fait, ce que j'ai aimé, ce que j'ai dit. Je n'ai pas le droit de jeter l’anathème sur des gens qui en passent aujourd’hui par des étapes où nous autres, plus âgés, passâmes un jour, quoi qu'il en soit de l'itinéraire qui a été le nôtre. De la vie que j'ai menée, que je le veuille ou non, je suis obligé de garder tout, y compris les choses, les œuvres, les êtres et les femmes que j'ai cessé d'aimer.

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journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalLe deuil qui est le mien ne m'appartient pas. Mon deuil appartient à un organe dontjournal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal j'ignore le nom. Un organe qui me dépasse, qui palpite et qui bat comme un cœur, un cœur sur lequel je n'arrive plus à mettre un Nom : « Suis-je Amour ou Phébus ? Lusignan ou Biron ? ». France ? Patrie ? Nation ? Civilisation ? Dans les circonstances présentes, les mots, les noms manquent, pour désigner ce qu'il faudrait pouvoir désigner : « Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache noire et froide où, vers le crépuscule embaumé, un enfant plein de tristesse lâche un bateau frêle comme un papillon de mai ». 

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Voilà ce que je dis, moi.

Note : les seules photos correspondant à des noms cités dans l'avant-avant-dernier paragraphe de ce billet sont les sept dernières. Que la mémoire de tous les autres me pardonne.

dimanche, 21 octobre 2012

PENSEE DU JOUR

LA PENSEE DU JOUR ?

LA VOICI : « ARF ! ARF ! »

ARF.jpg

PEINTURE PARIETALE RETROUVEE DANS LA GROTTE "METRO CHÂTELET-DIRECTION CASSIOPEE" (bien connue des paléontologues CHRISTIN et MEZIERES).

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A ceux qui se demanderaient pourquoi la ci-dessus créature vaguement canine émet l'onomatopée telle qu'elle apparaît, et non sous la forme qu'elle revêt normalement sous nos climats, je veux dire en France, je veux dire : « Ouah ! Ouah ! », je répondrai qu'il faut en accuser les Grands-Bretons, plus généralement les Anglo-Saxons, et FRANK ZAPPA en particulier - qui n'a au reste rien de précisément Grand-Breton.

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On trouve en effet cette transcription d'un bruit dans le langage (c'est une définition), dans une chanson du disque Apostrophe ('). Plus précisément dans « Stink foot ». Pour ceux qui auraient besoin d'une traduction, le texte de la chanson parle d'une maladie pas tout à fait imaginaire nommée "bromidrose", connue pour le vif désagrément qu'elle procure à l'entourage du malade.

 

Et plus exactement à l'orifice olfactif du dit entourage. Pour faire bref, disons qu'on peut traduire "stink foot" par "pied qui pue". Et c'est la girl friend qui dit à son copain qu'il pourrait se laver les pieds. Tout ça sous le fallacieux prétexte qu'elle allègue : « Your stink foot puts a hurt on my nose». On ne saurait mieux dire : ton pied puant pose une blessure sur mon nez.

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SOLE, GOTLIB, DISTER, CELEBRANT LE PIED DE ZAPPA DANS FLUIDE GLACIAL

 

Notons que le chien de la chanson a ceci de particulier qu'il parle. Et non seulement qu'il parle, mais qu'il semble accéder sans difficulté aux sphères éthérées de la pensée abstraite : « (This is a dog talkin' now) What is your conceptual continuity. Well, I told him right then (Fido said) It should be easy to see The crux of the biscuit is the Apostrophe (') ».

 

Je dois dire que, si je ne suis guère convaincu par les tentatives de FRANK ZAPPA en matière de "grande musique" (tentatives marquées par AARON COPLAND ou CHARLES IVES), je vote sans réserve pour tout ce qu'il a produit avec les « Mothers of invention ». Et plus généralement dans le domaine de la pop-rock (Chunga's revenge, Over nite sensation, Zoot allures, Bongo fury, Sheik yerbouti, Joe's garage, j'arrête).

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BONGO FURY (A DROITE ? MAIS ENFIN, C'EST CAPTAIN BEEFHEART !)

 

J'étais même allé l'écouter un soir où il donnait son spectacle au Palais des Sports. Belle ambiance, musique tirée au cordeau (ZAPPA n'aime guère les imprécisions). La place était chère (j'ai oublié). D'autant plus chère qu'après l'heure (soixante minutes montre en main) de musique, le groupe se retire. Et pas question de revenir, quel que soit l'état de la salle. Sans tomber dans les dégoulinades interminables de fin de concert de JACQUES HIGELIN, j'avais modérément apprécié cet aspect "prestation professionnelle".  

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

lundi, 17 septembre 2012

LA MUSIQUE, PAS LA TECHNO !

Pensée du jour : « Voici déjà l'arrière-saison. La lumière se fait plus jaune. Le soleil est dans la Balance. Les enfants qui naissent sous ce signe ressemblent à Louis-Philippe et à Marguerite de Navarre ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Je me suis permis cette diatribe contre la musique techno (note préc.) parce que je ne suis pas de ceux qui croient que le monde est né à l’instant où la pauvre larve de leur pauvre personne ne s’est donné que la peine de crever l’utérus maternel pour venir enlaidir notre monde avec le spectacle affligeant de leur malséante physionomie (je me dis que je devrais me mettre au pamphlet, parce que là, ça pète plutôt bien, non ?).

 

 

Et qui croient que les objets qui les ont vu naître et les innovations techniques auxquelles ils ont joyeusement abandonné la béatitude de leur enthousiasme enfantin au moment où elles ont jalonné leur croissance rendent illico caducs et poubellisables tout ce qui a précédé et tous ceux qui n'y adhèrent pas illico, le petit doigt sur la couture du pantalon. « Avant moi, le déluge », disent-ils le menton haut. Tout ce qui se situe en amont de leur nombril est, de ce fait, antédiluvien, au sens propre.

 

 

CARABOSSE.jpgEt qui viennent, par-dessus le marché, reprocher à la fée Carabosse de ne pas les avoir faits, en plus de laids, assez méchants pour l’idée qu’ils se font d'eux-mêmes. Il y a de la fée Carabosse dans la musique « techno ». Comme il y a de la haine percussive dans l’agression qui se fait appeler « rap » (je conseille aux féministes et autres naïfs, quant aux rapports de force dans la société, de visionner le clip « Chacun son combat », de Scénar). Un parmi tant d'autres.

 

 

De même, il y a de la bêtise dans la platitude rythmée qu’on daigne sanctifier sous le nom de « slam », qui n’est, à tout prendre, que de la poésie routinière, vieillotte et vulgaire, additionnée d’une scansion rythmique, et tout le monde trouve ça d’une modernité furieuse. L'art, somme toute, de réinventer l'eau tiède à tout moment. 

 

 

Goûtez-vous la déliquescence de ce qui sort de l'orifice buccal de Grand Corps Malade (FABIEN MARSAUD, m’a-t-on dit) ? Si, c’est bien lui que des « autorités » ont gratifié de deux « Victoires » de la « Musique » en 2007, on croit rêver. Il paraît qu’il faut plaire à la « jeunesse ». Mais je ne suis pas un « homme politique ». Je n’ai pas de bulletins électoraux à draguer, moi.

 

 

Je ne suis pas JACK LANG, Dieu merci ! Que le Ciel miséricordieux, dans sa grande clémence, veuille me préserver de cette déchéance ! Je ne suis pas du genre à accorder des distinctions républicaines à des tagueurs et autres graffeurs. Remarquez, FRANÇOIS HOLLANDE, dans le droit fil, donne bien la légion d’honneur àPAUL MC CARTNEY LEGION.jpg PAUL MAC CARTNEY, alors.

 

 

Même que PAUL  a l’air d’être profondément ému. Pourtant, je crois centrale l’importance des Beatles dans la musique populaire de la fin du 20ème siècle. Mais la Légion d’honneur !! Soyons sérieux. Finalement, on se demande plutôt dans quelle fange elle est tombée, cette breloque par laquelle NAPOLEON récompensait la valeur militaire de quelques individus triés sur le volet.

 

 

« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es », déclare JEAN ANTHELME BRILLAT-SAVARIN (1755-1826) dans sa Physiologie du goût. On ne peut qu’abonder dans le sens de l’illustre gastronome. Mais on peut dire la même chose de bien des aspects de la vie humaine. Il suffit de changer le verbe. En l’occurrence, mettez « écoutes » à la place de « manges » : la vérité est aussi grande. On est ce qu'on écoute.

 

 

Je n’ai rien contre les gens qui écoutent de la « musique » techno. Je m’inquiète pour eux. J’éprouverais volontiers de la sollicitude pour l’état dans lequel ils se mettent. Je dirais presque qu’il conviendrait de leur venir en aide. Blague à part, je crois qu’on ne peut « aimer » cette musique que pour les effets qu’elle provoque. Les effets physiques. Pas seulement sur l’acuité auditive.

 

 

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Mais l’oreille n’est que la première victime. Il y en a d’autres. Approchez-vous d’un de ces gros boomers : vous ressentez les chocs sur toute la surface du corps. Conclusion : si c’est cela que les amateurs de musique techno recherchent, cela veut dire qu’ils ne l’aiment que parce qu’elle leur donne des coups.

 

 

Sort-on complètement intact de ce genre de passage à tabac, de tabassage en règle, si vous voulez (je vois d’autant moins d’inconvénient à user de ce terme que les amateurs eux-mêmes disent d’un énorme baffle qu’il « tabasse » bien) ? Personnellement, j’aurais plutôt tendance à éviter d’aller au concert pour y prendre des coups. Il me semble même étonnant qu’on puisse y prendre goût au point d'en faire un mode de vie. Temporaire ? Peut-être. Addictif ? Forcément.

 

Voilà ce que je dis, moi.