lundi, 05 janvier 2015
LÉGION D’HONNEUR
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Petit additif aux propos tenus dans le billet d’hier.
Parmi ceux qui ont refusé de figurer parmi les heureux récipiendaires de la Légion d’Honneur, on relève, hélas, quelques noms que j’aurais crus ou voulus moins soucieux de se préserver de l’infamie en ruban rouge. Parce que je suis obligé d’éprouver le déplaisir de leur reconnaître le droit à une certaine estime de ma part. Parmi ces noms, je relève hélas celui de Brigitte Bardot, mais bon, on ne va pas tirer sur l’ambulance transportant la vieille dame. Surtout sachant cela.
Je suis plus marri d’avoir à reconnaître le mérite du refus à une clique de personnages dont la réputation, largement surfaite à mon sens, répand sur toute la culture française du 20ème siècle l’odeur nauséabonde de bien des aspects exécrables de la « modernité ». Je citerai ici les noms de Sartre et Beauvoir, évidemment, ainsi que celui de la plus anodine et anecdotique Geneviève de Fontenay. Je n’aime pas trop le prêcheur Léo Ferré, et son refus de la médaille est bien le minimum syndical que pouvait accomplir cet « anarchiste » autoproclamé.
Je mentionne à titre de curiosité la drôle de réponse faite par l’ancien ministre Hervé Morin à Christophe Forcari, journaliste à Libération : « … si j’appartenais au contingent de ceux à qui est attribuée la Légion d’honneur, je la refuserais. Je n’aime pas les décorations. J’ai vu trop de personnes passer mon bureau pour quémander le ruban rouge ». Ce qui confirme, en passant, mon expression d’hier sur le « troupeau des têtes courbées des moutons ». Mais son propos se clôt ainsi : « Pour autant, je ne pense pas qu’il faille revoir les conditions d’attribution ». Faut pas chercher à comprendre.
Non, j’aime à compter parmi les vrais « refuzniks » de la Légion d’Honneur, ceux dont l’acceptation m’aurait parue un parjure déshonorant, une tache indélébile sur le blason de leur honneur. Ils s’appellent Jacques Tardi et Thomas Piketty, dont j’ai parlé hier. En leur compagnie, du gratin. Sur le dessus du panier, évidemment, Georges Brassens.
Mais je suis heureux d’inscrire au tableau d’honneur des refusants de la Légion des gens aussi divers et prestigieux que Gustave Courbet, Marcel Aymé, Georges Bernanos, Guy de Maupassant, Emile Littré, Bourvil, Hector Berlioz, et, pourquoi pas, George Sand. Dans une sorte de deuxième cercle, j’inscrirais encore volontiers le philosophe Jacques Bouveresse, les écrivains Eugène Le Roy (Jacquou le croquant) et Bernard Clavel (quoique, ce dernier …), l’organiste Jean Guillou et, pourquoi pas, Philippe Séguin, au motif qu'il était souverainiste. Avec, mais juste pour l’anecdote, Jean-Marie Vianney, alias le curé d’Ars.
Maintenant, ce qui m’intéresse aussi, ce sont bien sûr les raisons de ces refus. On peut s’incliner devant celles qui poussent Annie Thébaud-Mony (directrice de recherche – cancer – à l’Inserm) : « J’ai été choquée d’être mise devant le fait accompli. Malgré trente ans d’activités scientifiques et citoyennes sur la santé au travail, ce n’était pas le type de reconnaissance auquel je m’attendais ». Elle aurait presque pu dire qu’elle s’était sentie « stigmatisée ».
J’aime aussi grandement les motifs de monsieur Henri Torre, ancien ministre de Messmer, dans la charrette duquel figuraient les vieux chanteurs de variétés Stone et Charden (« Il y a du soleil sur la France ») et qui, pour cette raison, s’est fâché contre « la nomination de n’importe qui » : « Quand on voit que des Takieddine et compagnie l’ont obtenue, je m’excuse mais ce n’est pas mon monde à moi » (voir les « fripouilles » dont je parlais hier). Cher monsieur Torre, ce motif est tout à votre honneur, même si Stone et Charden ne sont pas à proprement parler des fripouilles.
La Légion d’Honneur ? D’abord, conduire sa vie comme il faut. Ensuite, ne rien faire pour mériter d'être décoré. Ensuite, surtout ne jamais la demander. Enfin, oui, à la rigueur : comme objet de collection, pour l'esthétique du geste et de la chose.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : légion d'honneur, refus de la légion d'honneur, brigitte bardot, jean-paul sartre, simone de beauvoir, geneviève de fontenay, hervé morin, journal libération, léo ferré, jacques tardi, thomas piketty, georges brassens, gustave courbet, marcel aymé, georges bernanos, guy de maupassant, émile littré, bourvil, hector berlioz, george sand, jacques bouveresse, eugène le roy, bernard clavel, jacquou le croquant, philippe séguin, curé d'ars, henri torre, stone et charden
dimanche, 04 janvier 2015
LEGION D'HONNEUR
Ainsi, monsieur Thomas Piketty, économiste à la renommée désormais mondiale grâce à son pavé Le Capital au XXI° siècle vendu à des tonnes (1144 grammes l'exemplaire), défraie la chronique et affole les gazettes parce qu’il ose refuser la faveur et la grâce qui lui sont faites par les plus hautes autorités de l’Etat !
Le Monde va jusqu'à lui faire l'honneur d'un article, parce qu’il se permet d'opposer le hautain orgueil de son front solitaire à la veulerie du troupeau des têtes courbées des moutons qui jouent des coudes pour monter dans la bétaillère de Noël de la Légion d’Honneur (691 - attention aux termes ! - nominations, promotions et élévations, il en faut pour tout le monde, prenez votre ticket) ! C'est que monsieur Thomas Piketty n'est pas n'importe qui : s'il n'en reste qu'un, il sera celui-là.
Je reste stupéfait devant l’incroyable appétit d’une foule avide de gens médiocres et sans honneur, empressés à faire des courbettes dans les bureaux des ministres, des puissants et des influents dans l’espoir de pouvoir bientôt avoir la vanité de se pavaner enrubannés de rouge, pour des mérites, soyons clair, qu'il faut avoir un œil d'aigle pour apercevoir, dans la plupart des cas.
Disons, pour être encore plus clair, que ceux qui la méritent vraiment font figure d’exceptions. Et que beaucoup de ceux qui mériteraient la Légion d’Honneur ne l’auront jamais. Et l’on prétend qu’elle n’est pas accordée à la demande des intéressés. Mais ceux qui la font à leur place, j’appelle ça des prête-noms. Hommes de paille si vous voulez.
Je me rends d’ailleurs compte que ma sympathie va très spontanément à des gens qui ne lient pas leur bonheur et le souci de leur dignité à la possession de quelque hochet que ce soit et qui, logiques avec eux-mêmes, n’accepteraient pour rien au monde qu’on les force à jouer avec.
Les pauvres gens qui se vautrent dans l’enfantillage (celui qui préside toujours à la course aux honneurs) me font invariablement l’effet de pitoyables pantins. De gnomes prosternés. De larves implorantes. Il fut un temps où la liste intégrale des récipiendaires était publiée dans la presse. Combien de fois n'ai-je pas sauté au plafond, en y découvrant des noms capables d'enduire d'une couche épaisse et gluante de grotesque l'institution tout entière ?
Je constate en passant que les rares individus un peu connus qui ont manifesté en public (après leur nomination, s'il vous plaît !) leur répugnance à se laisser accrocher la médaille sont des gens pour lesquels j’éprouvais déjà une estime, à cause d’une certaine rectitude de leur trajectoire et d'une cohérence morale à toute épreuve.
Par exemple, j’apprécie grandement qu’un Jacques Tardi ait refusé d’être fait chevalier, tant la virulence de sa dénonciation des horreurs de 14-18 et de la bêtise criminelle de certains hauts gradés annonçait sa décision. Il fallait tout ignorer de son œuvre pour croire un seul instant qu’il allait se sentir honoré de cet « honneur ». Je dis quand même : « Chapeau, monsieur Tardi ! ».
Au sortir de la guerre de 39-45, je connais aussi un homme qui a refusé la décoration, quoique pour une raison un peu différente. Voyant, dans le même train de nominations que celui où il figurait, le nom de quelques personnes dont le comportement pendant toute la durée des hostilités n'avait aucun secret pour lui, son sang n’a fait qu’un tour : à quoi rimait la comédie, s’il était mis dans le même sac que des fripouilles, lui qui savait ce qu’il avait fait et risqué ? De dégoût, il a envoyé tout ce beau monde paître. J’appelle ça le sens de l’honneur.
J’ai aussi connu un homme qui est mort bardé d’honneurs (Grand Officier, Croix de Guerre 14-18, Croix de Guerre 39-45), mais lui, il connaissait par cœur le sifflement des balles et la mort possible au prochain tournant. Le coup de feu, il l’avait fait. Et plutôt deux fois qu’une. Pour la patrie. On peut dire que ça, oui, ça a vraiment de la gueule. J'appelle ça la preuve par l'exemple.
Mais c’est parler d'un autre monde.
Voilà ce que je dis, moi.
Note sur les illustrations : le nombre des versions de la médaille qui ont vu le jour depuis 1802 est incalculable. Comme les photos ci-dessus en esquissent à peine la démonstration.
mardi, 09 avril 2013
ÊTRE UN OTAGE FRANçAIS
CE QU'ON VOIT QUAND ON ENLEVE TOUT CE QUI N'EST PAS L'APPAREIL DIGESTIF
(la fonction digestive ne permet pas, hélas, de déterminer le sexe)
***
Puisque personne ne me demande mon avis sur la question, je vais le donner.
Oui, c’est vrai ça : que faire pour sauver la vie des otages français, que des méchants méchants détiennent abusivement et qui menacent de les tuer si … ?
Que faire ? Ma réponse sera brève, concise, laconique et, pour tout dire, compendieuse : RIEN. Pas un centime de rançon, pas un soupçon d’effort diplomatique, ce qui s’appelle RIEN. Un otage français doit être considéré a priori comme un individu perdu pour la nation.
Tiens, je lui donne une idée, à la nation. Avant même toute réflexion, rien que pour emmerder les auteurs de ces crimes, elle serait bien inspirée d’organiser, à chaque prise d’otage, des funérailles nationales solennelles pour les personnes injustement soustraites à l’affection des leurs.
On porterait aux Invalides, en grande cérémonie, autant de cercueils vides revêtus du drapeau national, avec l’inscription « Mort pour la France », attribution posthume de la Légion d’Honneur et pension à la veuve. Le président, détenteur de la fierté nationale, prononcerait un discours martial où il promettrait que le crime ne resterait pas impuni. Voilà qui serait digne et fort !
Je vous garantis que ça aurait une autre gueule que les voies tortueuses de diplomates ou de services secrets, et que les atermoiements des responsables politiques qui, pris entre le feu émotionnel et médiatique des affections familiales et le feu terroriste de bandits lancés en plein hold up, promettent maladroitement je ne sais combien de millions de dollars à verser sur un compte offshore.
La seule chose à faire, c’est de menacer les preneurs d’otages des pires représailles, au cas où il leur prendrait la fantaisie de faire subir le moindre mal à leurs captifs.
Ce n’est pas que la vie des personnes injustement séquestrées ne m'importe pas ou n’a aucune valeur : des individus, tout comme moi, des personnes qui n’ont pas moins de valeur, mais pas plus. Regardez la balance : dans un plateau, un être vivant menacé, dans l'autre, tout un pays. L'équation, elle est là.
Qui sont les preneurs d’otages ? Motif religieux, idéologique, philosophique ou autres, ce sont des bandits. Au nom d’Allah, au nom de la lutte armée, au nom de la cause, au nom de tout ce que vous voulez : ce sont des gangsters. Le plus souvent organisés en mafia, parfois en secte dominée par un gourou (Boko Aram au Nigéria).
La prise d’otage est un acte de guerre. Proclamer que, par principe, la vie des otages est sacrée, c’est se déclarer vaincu avant d’avoir combattu. C’est se coucher, s’humilier, se déclarer vaincu par qui ? Quelques fruits pourris de l’humanité.
La honte d’être Français me submerge, chaque fois qu’un otage est libéré contre rançon. Comment ? N’importe quelle fripouille peut faire plier ma nation, au simple prétexte qu’elle détient quelques individus en possédant la carte d’identité et le passeport ?
Qu’est-ce que c’est que cette « nation », qui en passe par les quatre volontés de quelques canailles, passe sous leurs fourches caudines, garnit leur compte en banque et améliore leur arsenal ?
Qui se déclare vaincu ? L’Etat français. Une collectivité nationale, une institution politique, une entité fondée sur le droit, une structure qui regroupe 65 millions de citoyens. Comment peut-on envisager une seconde d'hésiter entre les deux plateaux de la balance ?
Demandez-vous pourquoi il y a si peu de prises d’otages sur des citoyens britanniques : tout le monde sait que les gouvernants anglais ne négocient jamais avec les preneurs d'otages. Pourquoi le Français est-il une denrée recherchée ? C'est simple : le Français est une marchandise qui rapporte gros, pour la seule raison que le client est facile, et qu'il paie bien.
Et le client est d’autant plus facile que tout le monde s’y met : les proches, les associations montées pour la circonstance, les spécialistes des droits de l’homme.
Le bandit, dans sa grotte ou dans son palais, peut compter sur tous ces alliés involontaires, qui sont juste ses complices : ils sont dans la place, lancent des appels, collent des affiches, interpellent le pouvoir et l'opinion publique, rédigent et font signer des pétitions, manifestent, interviennent dans les médias, font ce qu'il faut pour que nul n'oublie les otages. Plus ils sont actifs et influents, meilleur c’est pour faire grimper les enchères.
C’est tout simplement insupportable.
Otage libéré est synonyme de défaite nationale.
On me dira : « Tu en parles à l’aise, blogueur insensible. Ça se voit que tu n’es pas dans cette situation ». Je sais. Et je ne saurais dire quels seraient mes sentiments au cas où. En attendant, et en souhaitant que cela n’arrive à personne, je campe sur ma position : « Messieurs les preneurs d’otages, vous n’aurez rien ! Mais comptez bien vos abattis ! Vous n’emporterez rien au paradis d’Allah ! ».
Françoise Claustre (Tchad, 1974), Jean-Paul Kaufmann (Liban, 1985), Ingrid Betancourt (Colombie, 2002), beaucoup d’autres ne me le pardonneraient pas. Je sais.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, anatomie, otages, france, politique, société, françois hollande, parti socialiste, nation, légion d'honneur, mort pour la france, boko aram, prise d'otages
lundi, 24 septembre 2012
MARIAGE HOMO, MENAGE BADAUD
Pensée du jour : « J'aimerais bien dire qu'il fait soleil. Ou alors qu'il pleut. Ou qu'il gèle. Rien ne campe mieux le décor d'une chronique. Malheureusement, il ne fait pas de temps. Ce n'est pas ma faute ». 12 octobre 1965
ALEXANDRE VIALATTE
La dernière fois, donc, nous brossions des silhouettes.
Ce deuxième type homosexuel, c’est un subversif, un militant, un guerrier. Un vindicatif : il en veut à la société d'avoir dessiné les cadres de la sexualité comme ci et pas comme ça. Il ne se satisfait pas d’être cantonné dans une marge plus ou moins sulfureuse, plus ou moins tolérée.
De plus, il est intimement convaincu que sa sexualité particulière donne des droits, qui découlent de ses désirs. Il l'a abondamment théorisé. Il revendique. Il veut toucher aux institutions, forcément injustes à son égard. Il se sent l'homosexualité conquérante. Il a déclaré une fois pour toutes qu'il est aussi normal que n'importe qui. C’est sa marque. Pour un peu, cet homosexuel-là voudrait que tout le monde soit « normal » à sa façon à lui. D'ailleurs, plus personne ne peut utiliser le terme "normal" sans rougir ou sans s'attirer les foudres des mânes des « déconstructeurs » qui ont nom DELEUZE, DERRIDA, FOUCAULT, BOURDIEU.
Lui, ce qu’il veut, c’est élever son « orientation », sa « préférence » à la dignité de Grand-Croix du Normal ; il veut étendre l’ombre de sa minorité sur l’ensemble du territoire social. Il part à la conquête de la Toison d’Or : la création d’un ordre officiel de l’homosexualité.
Y aura-t-il des grades, comme dans la Légion d'Honneur (chevalier, officier, grand-officier, commandeur) ? Si UBU était là, il demanderait où sont le petit (Bougrelas) et le grand (le capitaine Bordure) bougres (Ubu roi). Ce bougre-là, grand ou petit, de toute façon, demande l'inscription de la sexualité particulière de sa personne dans les lois de la République.
Il y a donc bien une dimension anthropologique dans cette revendication, puisqu'il veut qu'un particularisme, un mode d'être statistiquement marginal, soit considéré à égalité avec une généralité humaine immémoriale : le mécanisme naturel de la reproduction sexuée, concrétisé dans la cellule institutionnelle de la famille.
Il croit d'ailleurs légitime de nier ce mécanisme, en s'appuyant sur tous les moyens offerts par la science, la technique et diverses "combinaisons" imaginables pour le contourner. C'est vrai que la science et la technique ont procuré à l'homme les moyens de tricher avec le destin. Peut-être devrait-on plutôt dire : tricher avec la condition humaine, n'est-ce pas, HANNAH ARENDT ?.
Il veut faire de l'exception la règle. Je veux dire : de l'exception homosexuelle la règle générale possible. Ainsi , ne voit-on pas circuler à présent des films "pédagogiques", où l'homosexualité est présentée aux enfants du primaire comme un chemin possible, à égalité avec l'hétérosexualité, présentée, elle, comme une possibilité parmi d’autres ? Voire comme une norme, et comme telle insupportable, pour ne pas dire totalitaire.
« Laissez venir à moi les petits enfants », dit quelqu'un qui a requis l'anonymat (initiales J.C.). Mais c'était autrefois, et dans d'autres circonstances. Là, il s’agit de rendre l’existence concrète la plus compliquée et problématique possible, dès le plus jeune âge. Il n’y a pas de raison que les petits n’en bavent pas autant que tous leurs aînés.
Soit dit par parenthèse, la présente conception de l'égalité me semble renouveler de fond en comble le corps de doctrine, et me fait penser à cette blague de l'époque soviétique : « Ce qui est à moi est à moi. Maintenant, ce qui est à toi, ça peut se négocier ». Cette vision de l'égalité a quelque chose de léonin.
En disant aux enfants "vous avez le choix", on leur présente dès l’âge de huit ou dix ans l'aiguillage entre deux sexualités possibles, comme si elles étaient égales en valeur. Comme si étaient disposées, sur un rayon de supermarché, les différentes sexualités possibles, et qu'on disait au gamin : « Laquelle tu veux ? ». C’est évidemment dans le but louable d'éviter qu'ils se sentent coupables d'être attirés par des gens de leur sexe ? D'échapper au carcan des codes sociaux ?
Quel progrès, mes amis ! Je suis curieux de voir les effets à long terme d'une telle audace "pédagogique". Et de voir, dans l'immédiat, la tête des gamins découvrant la chose. Leur perplexité, pour le moins. Et moi qui croyais que former l'esprit des enfants consistait d'abord à lui fournir un cadre le plus stable et simple possible, pour lui donner quelques points d'ancrage, de repère. Sans doute suis-je bien arriéré. "Cadre", "points de repère" ? Foutaises !
Je regrette au passage que ces pédagogues n'exigent pas dans la foulée le droit de vote pour ces enfants assez mûrs, selon eux, pour entendre parler d'homosexualité avant même d'avoir entendu parler de sexualité (et ne me ressortez pas, s'il vous plaît, la "période de latence", car si on parle de latence, ce n'est pas pour rien).
Prosélytisme homosexuel, dites-vous ? L'armée recrute ? Mais êtes-vous fou ? Qu'allez-vous chercher ? N'allez pas me dire maintenant que l'homosexualité est une religion à laquelle les adeptes chercheraient à convertir les masses humaines ? Horresco referens !
Depuis que l'homosexualité a été rayée de la liste des délits, puis des maladies mentales, cet homosexuel irait même jusqu'à contester que ce soit un particularisme. A défaut de faire la Révolution et de mettre à bas l'ordre public, l'Etat, la République, il se contentera de la subversion du Code Civil. Ce qui n'est déjà pas mal.
Mais paradoxalement et inversement, en même temps qu’il exige que sa sexualité particulière soit érigée en norme concurrente de la traditionnelle, il demande à la société de considérer comme banal son désir de fonder une cellule familiale ordinaire, avec tous les droits y afférents. Je ne sais pas vous, mais moi je vois là la stratégie du bernard l'hermite. A ceci près que celui-ci vide la coquille institutionnelle pour pouvoir s'y loger. C'est là que ça devient intéressant.
Voilà ce que je dis, Moi.
A suivre.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre vialatte, chroniques de la montagne, humour, littérature, homosexualité, mariage homo, sexualité, deleuze, derrida, foucault, bourdieu, norme, normal, normalité, ubu roi, légion d'honneur, république, hannah arendt, hétérosexualité, psychologie
lundi, 17 septembre 2012
LA MUSIQUE, PAS LA TECHNO !
Pensée du jour : « Voici déjà l'arrière-saison. La lumière se fait plus jaune. Le soleil est dans la Balance. Les enfants qui naissent sous ce signe ressemblent à Louis-Philippe et à Marguerite de Navarre ».
ALEXANDRE VIALATTE
Je me suis permis cette diatribe contre la musique techno (note préc.) parce que je ne suis pas de ceux qui croient que le monde est né à l’instant où la pauvre larve de leur pauvre personne ne s’est donné que la peine de crever l’utérus maternel pour venir enlaidir notre monde avec le spectacle affligeant de leur malséante physionomie (je me dis que je devrais me mettre au pamphlet, parce que là, ça pète plutôt bien, non ?).
Et qui croient que les objets qui les ont vu naître et les innovations techniques auxquelles ils ont joyeusement abandonné la béatitude de leur enthousiasme enfantin au moment où elles ont jalonné leur croissance rendent illico caducs et poubellisables tout ce qui a précédé et tous ceux qui n'y adhèrent pas illico, le petit doigt sur la couture du pantalon. « Avant moi, le déluge », disent-ils le menton haut. Tout ce qui se situe en amont de leur nombril est, de ce fait, antédiluvien, au sens propre.
Et qui viennent, par-dessus le marché, reprocher à la fée Carabosse de ne pas les avoir faits, en plus de laids, assez méchants pour l’idée qu’ils se font d'eux-mêmes. Il y a de la fée Carabosse dans la musique « techno ». Comme il y a de la haine percussive dans l’agression qui se fait appeler « rap » (je conseille aux féministes et autres naïfs, quant aux rapports de force dans la société, de visionner le clip « Chacun son combat », de Scénar). Un parmi tant d'autres.
De même, il y a de la bêtise dans la platitude rythmée qu’on daigne sanctifier sous le nom de « slam », qui n’est, à tout prendre, que de la poésie routinière, vieillotte et vulgaire, additionnée d’une scansion rythmique, et tout le monde trouve ça d’une modernité furieuse. L'art, somme toute, de réinventer l'eau tiède à tout moment.
Goûtez-vous la déliquescence de ce qui sort de l'orifice buccal de Grand Corps Malade (FABIEN MARSAUD, m’a-t-on dit) ? Si, c’est bien lui que des « autorités » ont gratifié de deux « Victoires » de la « Musique » en 2007, on croit rêver. Il paraît qu’il faut plaire à la « jeunesse ». Mais je ne suis pas un « homme politique ». Je n’ai pas de bulletins électoraux à draguer, moi.
Je ne suis pas JACK LANG, Dieu merci ! Que le Ciel miséricordieux, dans sa grande clémence, veuille me préserver de cette déchéance ! Je ne suis pas du genre à accorder des distinctions républicaines à des tagueurs et autres graffeurs. Remarquez, FRANÇOIS HOLLANDE, dans le droit fil, donne bien la légion d’honneur à PAUL MAC CARTNEY, alors.
Même que PAUL a l’air d’être profondément ému. Pourtant, je crois centrale l’importance des Beatles dans la musique populaire de la fin du 20ème siècle. Mais la Légion d’honneur !! Soyons sérieux. Finalement, on se demande plutôt dans quelle fange elle est tombée, cette breloque par laquelle NAPOLEON récompensait la valeur militaire de quelques individus triés sur le volet.
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es », déclare JEAN ANTHELME BRILLAT-SAVARIN (1755-1826) dans sa Physiologie du goût. On ne peut qu’abonder dans le sens de l’illustre gastronome. Mais on peut dire la même chose de bien des aspects de la vie humaine. Il suffit de changer le verbe. En l’occurrence, mettez « écoutes » à la place de « manges » : la vérité est aussi grande. On est ce qu'on écoute.
Je n’ai rien contre les gens qui écoutent de la « musique » techno. Je m’inquiète pour eux. J’éprouverais volontiers de la sollicitude pour l’état dans lequel ils se mettent. Je dirais presque qu’il conviendrait de leur venir en aide. Blague à part, je crois qu’on ne peut « aimer » cette musique que pour les effets qu’elle provoque. Les effets physiques. Pas seulement sur l’acuité auditive.
Je me rappelle un concert de JACQUES HIGELIN au Palais des Sports, un des plus « sonores » auxquels j’ai assisté : il y avait un véritable mur de baffles d’environ huit mètres de haut. Un spectateur a même passé une bonne partie du concert en tenant à deux mains les bords de celui du bas, la tête dans le « boomer ». Moi qui étais à distance raisonnable, j’ai eu des acouphènes jusqu’au milieu du jour suivant. Imaginez l’état du gars.
Mais l’oreille n’est que la première victime. Il y en a d’autres. Approchez-vous d’un de ces gros boomers : vous ressentez les chocs sur toute la surface du corps. Conclusion : si c’est cela que les amateurs de musique techno recherchent, cela veut dire qu’ils ne l’aiment que parce qu’elle leur donne des coups.
Sort-on complètement intact de ce genre de passage à tabac, de tabassage en règle, si vous voulez (je vois d’autant moins d’inconvénient à user de ce terme que les amateurs eux-mêmes disent d’un énorme baffle qu’il « tabasse » bien) ? Personnellement, j’aurais plutôt tendance à éviter d’aller au concert pour y prendre des coups. Il me semble même étonnant qu’on puisse y prendre goût au point d'en faire un mode de vie. Temporaire ? Peut-être. Addictif ? Forcément.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre vialatte, littérature, pensée, musique, techno, pamphlet, carabosse, scénar, rap, slam, grand corps malade, victoires de la musique, jack lang, françois hollande, paul mac cartney, beatles, légion d'honneur, président de la république, brillat-savarin, physiologie du goût, jacques higelin, boomer, tweeter, addiction, drogue