mardi, 30 juillet 2019
ADIEU, « FIL A FIL » !
Quand j'apprends, dans Le Progrès du 29 juillet 2019 que Danielle Mazoyer ferme sa boutique, ça ne me fait ni chaud ni froid, parce que, après tout, je ne connais pas cette dame. Mais quand j'apprends que la boutique où elle officiait depuis un nombre respectable d'années n'est autre que « Fil à fil », alors là, je réagis. Car Fil à fil était un magasin où l'on achetait des chemises de qualité, de conception classique et d'un prix somme toute modéré. Il était situé place des Jacobins.
Mais surtout, si l'article du Progrès a retenu mon attention, c'est qu'il m'a rappelé le temps où, errant dans les rues de Lyon de jour et de nuit, armé de mon appareil photo (basique, un Olympus), je "shootais" à tout instant sur tout ce qui bouge ou ne bouge pas. C'était l'époque de la pellicule argentique, et l'aventure aurait pu me ruiner, si je n'avais pas trouvé le truc pour profiter des largesses de la FNAC.
Car c'était une époque de vaches grasses, à coup sûr (années 2002-2003), où la Fnac, en souverain régnant et généreux, faisait le cadeau royal à ses clients de ne pas facturer les clichés que l’œil du laboratoire jugeait "ratés", mais de les tirer quand même, en déposant sur ces photos un "sticker" noir marqué en blanc (qu'il suffisait de décoller) : "photo non facturée". J'avoue que j'ai usé et abusé de cette clause pour en rajouter dans le genre "cliché incompréhensible". C'était mon époque "reflets", et j'avais acquis une certaine maîtrise de cette méthode de "brouillage optique" (je me rappelle en particulier une pellicule où vingt-huit photos sur trente-six étaient revêtues du sticker).
La photo que je montre aujourd'hui a été facturée. Et elle a quelque chose à voir avec la fermeture du magasin "Fil à fil", puisqu'elle en montre la devanture. Qu'on en juge ci-dessous : on voit même la marque dans le col des chemises. Ce chien a un nom, même s'il n'est plus de ce monde, comme c'est probable. Il devait trouver bien de la douceur dans la posture adoptée. J'imagine qu'il ne bavait pas sur les chemises de madame Mazoyer.
09:00 Publié dans LYON, PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, place des jacobins, magasin fil à fil, danielle mazoyer, fnac, journal le progrès
samedi, 01 mars 2014
AUX CHIOTTES LES NORMES !
AUX CHIOTTES LES STEREOTYPES
Plus les progrès sociétaux font rage, plus les gens sont autorisés à donner libre cours à leurs moindres caprices, à leurs plus petites sautes d’humeur, à leurs « orientations » (si vous voyez ce que je veux dire) les plus déviantes, plus les points de repère hérités du passé sont jetés aux orties, bref, plus les « normes » en vigueur dans la toujours déjà trop vieille société sont battues en brèche, plus les gens semblent paumés, perdus, désorientés, en proie au doute sur ce qu’il leur convient de faire. En gros, plus la porte s’ouvre grand sur les anciens interdits devenus licites, plus les gens sont angoissés.
Le plus drôle (si l’on veut) dans l’affaire, c’est que tout le monde fait semblant de s’en étonner. Abattez les barrières, nous clame-t-on sans cesse dans les oreilles, abolissez les frontières, faites disparaître ce qui sépare, à commencer par les différences entre les sexes. Cultivez ce qui rapproche les êtres humains. Devenez tolérants. Jeunes, mettez-vous en « coloc » avec une mamie du quatrième âge. Presque pas de contrainte : juste sortir deux fois par jour la faire pisser au caniveau. Epousez un chien abandonné. Dieu vous le rendra et merci pour tout.
Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve l’air ambiant de plus en plus irrespirable. Parce que mine de rien, on commence à discerner à quoi ressemblera « le meilleur des mondes ». D’un côté, des individus qui ne doivent plus aucun compte à qui que ce soit d’aucun de leurs désirs (et, excepté la pédophilie, bientôt de leurs actes ?), qui ont jeté par-dessus les moulins toutes les bornes et toutes les limites autrefois imposées à leur moi devenu tout-puissant.
De l’autre, à mesure que monte en intensité l’angoisse qui accompagne nécessairement cette « libération », la pullulation de gourous de toutes sortes, la prolifération de toutes sortes de vermines et de charlatans qui se font appeler « consultants », « coaches », « guides ». Il y en a pour tout, il suffit pour s’en rendre compte d’aller mettre le nez dans les immenses rayons que la FNAC consacre au « développement personnel » : terrifiante épreuve, mais révélatrice de l’état de délabrement moral dans lequel vivent un nombre considérable de nos contemporains.
Des « coaches », il y en a des engeances multiples, avec chacun sa spécialité : pour se remettre au sport après une longue interruption, pour se nourrir, pour éduquer ses enfants (il semblerait que les jeunes générations ne sachent plus comment on fait), pour mieux se conduire dans l’existence, pour trouver le partenaire sexuel qui vous conviendra le mieux, pour « gérer » votre « agenda » de façon à concilier tous les aspects de votre personnalité, aussi contrastés soient-ils.
Ce que je tire de ces étonnants cocktails, qu’on appelle le « métissage » ou la « créolisation » de l’espèce humaine, c’est que plus l’individu devient libre, autonome et détaché de tous les liens sociaux « archaïques », plus il devient irresponsable de ce qu’il est et de ce qu’il fait. Cet improbable paradoxe est en passe de devenir une loi, bientôt en vigueur dans la « nouvelle société ».
Plus l’individu pourra faire ce que ses désirs intimes lui dictent, plus il sera dans le brouillard pour ce qui est de sa propre existence, et dès lors contraint de s’en remettre, perdu au milieu de nulle part, aux cornes de brume de tous les charlatans de bazar qui se précipiteront à son secours, moyennant finance.
Quel Vincent Peillon refondateur d'école (laissez-moi pouffer) rendra obligatoire d'apprendre par cœur le cinquième chapitre de la deuxième partie des Frères Karamazov de Dostoïevski ? Ce serait pourtant urgent et nécessaire. Si si, vous vous rappelez sûrement ce "poème" qu'Ivan Fédorovitch raconte à son frère Aliocha. Imaginant que Jésus est revenu sur terre, il fait parler ce personnage grandiose appelé « Le Grand Inquisiteur ».
S'adressant à Jésus, qu'il a fait emprisonner : « Tu n'avais pas le droit de revenir », lui lance-t-il (je cite en substance), développant ensuite l'extraordinaire parabole inventée par Dostoïevski sur le thème de la peur induite par la liberté humaine et sur le besoin irrépressible des individus d'être pris en charge et débarrassés de la responsabilité d'avoir à choisir pour soi et décider en permanence.
Quand je vois la croissance exponentielle du nombre des « conseillers » de vie, je suis obligé d'admettre qu'il a raison. Je me demande même si l'irruption du tout numérique dans la vie quotidienne de tous les individus ne fonctionne pas de façon comparable : le Grand Inquisiteur, aujourd'hui, n'est-il pas incarné dans les nouvelles technologies ? N'y a-t-il pas une sorte de confiance aveugle des gens en leur possibilité de rester en permanence connectés ? N'y a-t-il pas là un abandon de liberté personnelle ?
Caroline Fourest dira sûrement qu’aller vers plus de cette sorte de liberté (de consommer la société), évidemment inséparable de celle d’égalité, c’est forcément un progrès. Mais Caroline Fourest est sûrement un gourou, je veux dire un curé sans soutane. Ce sont les plus hypocrites. Et qui peut nous sauver des gourous ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : stéréotypes, clichés, idées toutes faites, normes, orientation sexuelle, tolérance, préjugés, coaching, métissage, fnac, vincent peillon, refondation de l'école, dostoïevski, les frères karamazov, le grand inquisiteur, caroline fourest
dimanche, 16 septembre 2012
RENDEZ-MOI LE BEL CANTO !
Pensée du jour : « La croissance technicienne repose sur l'adhésion a priori de l'homme qui conçoit le don de chaque technique comme une réponse à un besoin, qui en réalité n'existe que pour utiliser la capacité technologique ».
JACQUES ELLUL
Les lecteurs de ce blog savent sans doute, j’en ai parlé, la place que la musique occupe dans mon esprit, et le temps qu’elle occupe dans mes journées. Attention, je ne suis pas de ceux qui déclarent dans les médias : « Ben, j’écoute un peu toutes les musiques », et puis qui, quand on leur demande de préciser, ajoutent : « Ben oui, j’écoute de la techno, de la funk, de la soul, du reggae, du R’n B, enfin, toutes les musiques, quoi ».
On ne peut entendre proférer une ânerie dotée d'aussi grandes oreilles sans réagir. Toutes les musiques du monde, vraiment ? Mais mon pauvre ami, suis-je tenté de lui dire, le monde ne se réduit pas au minuscule bocal dans lequel tu gigotes ! Tu sembles ignorer que l’horizon musical dépasse les quatre bouts de ton gros nez, déborde des quatre bacs obligatoires que tu visites à la FNAC, et excède les quatre sons compressés qui te rentrent dedans par les rondelles-ventouses dont tu verrouilles tes oreilles. Il faudrait donc préciser : toutes les musiques que les marchands te vendent.
Et ne parlons pas des dix mille morceaux de ce qui se produit aujourd'hui sous le nom de musique, et que tu as téléchargés à tes risques et périls, en espérant passer entre les goutelettes de la vengeance d'HADOPI, goutelettes qui essaient de se faire passer pour ses foudres, et qui ne font que glisser sur les plumes de beaucoup de canards.
Loin de moi l’idée de faire le dégoûté. Mais c’est vrai, ne vous fatiguez pas à me demander de dire ce que je pense, par exemple, de la « techno ». Parce que je vais vous le dire sans attendre. En y joignant toute musique pour marteau piqueur électronique et trépignements à « 140 bpm » (ça veut dire battements par minute, expression passée, paraît-il, dans le langage courant). Le mot important étant "battement".
D’autant que, si vous écoutez des adeptes, il est vital et urgent de distinguer entre les courants : l’ « acid » n’est pas le « detroit », qui se distingue de la « trance », elle-même différente de la « house », à ne surtout pas confondre avec la « ghettotech » ou la « minimal ». Ah que ! Vous ne pouvez même pas imaginer tous les courants que j’omets ici, et qu’on aurait peine à différencier autrement qu’avec un microscope « à effet tunnel ».
Dans le genre « breakbeat », il est crucial de bien différencier le « breakbeat hardcore », qui n’est pas plus le « broken beat » que le « big beat » n’est le « florida breaks ». Tout se joue dans la nuance micrométrique. Ainsi, un adepte du « hip hop » ne saurait être confondu avec un fidèle du « nu skool breaks ». Dans l’ « ambient », un militant « ambient house » se révolterait d’être assimilé à un vulgaire sympathisant « dark ambient ». Sans parler de la « drone music » et de la « slease energy », sans lesquelles rien de sérieux ne saurait s'entreprendre. Et pour ne rien dire de l’ « illbient ». Je vous assure que je n'invente rien.
La musique techno ? J'en conclus que le principe de la dialectique maoïste (« UN se divise en DEUX », clamait doctement le « chairman Mao », cf. Revolution, The Beatles) y règne en monarque absolu. La scissiparité y fait des ravages, pire que dans les sectes trotskistes. Pire qu'une croissance exponentielle. Pire qu'une vermine proliférante.
Pour s’y retrouver dans le dédale des galeries principales, des embranchements, des sous-embranchements, des diverticules et des itinéraires bis de bison futé, aucun espoir en dehors de bac + 12. Et je ne dis rien des mariages consanguins et des incestes de branche à branche, qui risqueraient de donner une assez bonne idée du chaos.
Et si vous entrez en discussion, gare aux quolibets condescendants, décochés par toute la bleusaille docte des godelureaux, blancs-becs, greluchons, pieds-tendres, cornes-vertes et autres « démoulés à chaud » boostés à l’ecstasy, pour qui le monde a été créé en même temps qu’eux. Gare à vous ! Ce genre d’érudition n’a ni pitié ni limite : « Mais vous confondez tout ! Mais vous n'y connaissez rien ! » (tiens, ça me rappelle DUTRONC). Tant qu’on reste dans la secte techno. Le doigt qui y entre par effraction est proprement broyé. Accessoirement l’oreille aussi, soit dit en passant. En matière de musique techno, par conséquent, je suis fier de moi !
Car le langage y vaut, en hermétisme, les échanges entre spécialistes du boson de Higgs, du laser mégajoule et du théorème de Fermat réunis. Sans le vocabulaire et la syntaxe, vous restez transparent. Invisible. Disons-le : ridicule.
Alors qu'en fait, à l'arrivée, c'est quand même le « raver » qui est devenu carrément frapadingue quand, dans le petit matin blême d'un champ de navets labouré par des milliers de pieds en furie, il ressort la tête d'un baffle de dix-huit mètres qui, pendant deux jours et deux nuits, lui a craché son cataclysme jusqu'au bulbe rachidien. Il appelle ça l'extase. Est-il prudent de lui laisser le droit de vote ?
Théorème : « L’arrogance de la bêtise est le plus sûr moyen d’en imposer aux gogos ».
Corollaire : « La musique techno est à la musique ce que le salafisme est à la vraie culture islamique ». « Wâh ! Cette parole est forte », s’écrie Scabby Bull, l’Arapaho.
SCABBY BULL, L'ARAPAHO
Heureusement que je suis là pour rappeler quelques « fondamentaux ».
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bel canto, musique, poésie, littérature, techno, funk, soul, reggae, r'n b, fnac, house, acid, trance, ambient, beatles, mao tse toung, révolution, chairman mao, trotskistes, ecstasy, boson de higgs, bêtise, arrogance, scabby bull, arapaho, salafisme