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lundi, 03 septembre 2012

QUOI DE NEUF DANS LES NOUVELLES ?

Pensée du jour : « Le but inavoué de ces articles étant de flatter les puissants, je chanterai les magnats de la presse. C'est une conduite avilissante : je m'en promets mille prospérités ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

 

DÉCÈS DU JOUR

 

 

Désolé, j’ai une très mauvaise nouvelle : Java est morte. Elle avait 67 ans. La plus vieille femelle en captivité dans un zoo européen. Je vous présente la malheureuse. C’était au parc de la Tête d’Or, au temps de sa splendeur.

 

ELEPHANT TÊTE D'OR.jpg

AU PARC DE LA TÊTE D'OR

 

Elle habitait là depuis 1964. On pense que la tuberculose l’a tuée. Le centre vétérinaire de Marcy l’Etoile rendra prochainement les résultats de ses analyses. Des engins de levage ont été dépêchés sur place à cette fin. L’éléphant avait été donné par le cirque Amar (et j’en aurais, des choses à dire, sur le cirque Amar !).

 

*

 

LE TOURISME ORIENTAL ET LE SANG

 

 

Pour la Syrie, j’emprunte à un très vieux sketch de ROBERT LAMOUREUX : « Et l’année suivante, BACHAR EL ASSAD était toujours vivant ». Attendons l’année prochaine. D’ici là, le nombre des réfugiés, des morts et des blessés aura eu le temps d’exploser, comme le proclame la presse : le journaliste sociologiquement ordinaire aime à faire exploser les nombres.

 

BACHAR EL ASSAD.jpg

 

Quoi, je me permets de rire ? Que voulez-vous que je fasse, avec la foule de ceux qui sont cramponnés au signal d’alarme et qui écrasent le frein ? Alors qu'ils sont aussi nombreux et forts, ceux qui enfoncent la pédale d'accélérateur ? C'est pour ça que le train de la mort continue, cahin-caha, vaille que vaille, son bonhomme de boulot.

 

*

 

ROMS EN VILLEGIATURE EN FRANCE

 

 

En France, pour les vacances, les Roms continuent à privilégier le départ sur les routes. Ces GM (Gentils Membres) d’un nouveau genre y sont incités par ceux qu’on appellerait GO au Club Méditerranée (Gentils Organisateurs), qui veillent à ce que la tradition du voyage, propre à cette population, ne se perde pas.

 

 

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Une tradition d’autant plus symbolique qu’elle est inscrite dans le drapeau qu’elle s’est choisi librement en 1971.

 

 

En revanche, la science et la police se perdent en conjectures sur la composition réelle (et la fonction, sans doute religieuse) d’une mystérieuse « ESENȚǍ DE ROM » : serait-ce une sorte de teinture-mère obtenue par distillation de quelques individus de l'ethnie en vue de quelque expérience philosophale ? Un arôme destiné à la pâtisserie ?

 

ROM 2.JPG

PEU LISIBLE, MAIS JE GARANTIS L'AUTHENTICITE

 

Aucune hypothèse n’est écartée. Et que signifie cette date du 15 mai 1990 qui figure sur l’étiquette ? Mystère. En tout cas, le Rom est partout. Ci-dessus la photo suspecte.

 

 

Quoi ? Je ris du malheur des autres ? Et alors, la foule des grandes âmes et des bonnes consciences (de gôôôôche, comme par hasard) est si compacte que je n’aurais pas pu y introduire une feuille de papier à cigarettes (si j’avais eu du papier à cigarettes), et encore moins à m’y faire une place sans être dans la minute écrasé.

 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

mardi, 28 août 2012

LIBEREZ-VOUS, MESDAMES !

Pensée du jour : « L'homme vient du singe, dit-on, et il va au cimetière. féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelleTelle serait sa zoologie. Que fait-il en chemin ? De tout. Des zigzags, l'école buissonnière. Il se gratte le nez, il se lave les pieds, il fait empailler ses ministres, il accroche des morts aux sonnettes, une fois il a déterré le Pape ; pour le juger ; le Pape avoua tout ce qu'on voulait (c'était Formose, en l'an 896) [donc pas très loin de la Papesse Jeanne, de célèbre mémoire] ; sur quoi on le jeta au Tibre après lui avoir coupé les doigts ; le nouveau Pape en mourut de honte, étranglé par des repentirs. On voit par là que l'homme venu du singe y retourne volontiers ». 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Pour votre rentrée, madame, pariez sur le velours lisse, le trench en gabardine panthère, le soutien-gorge en gaze jacquard gansée d’une dentelle fine (mais ne jetez pas les autres, car il convient d'en garder au moins dix en réserve, qu'ils soient cerclé emboîtant, ampliforme,  push up, paddé, à corbeille ou pigeonnant, c'est-à-dire à balconnet). N’oubliez pas les gants cloutés pour donner une touche punk à des tenues classiques. Ne crachez pas sur la jupe étui : vous la coordonnerez à un top en similicuir, ou la combinerez à un pull en laine mélangée et cachemire (la différence entre coordonner et combiner n'a aucun secret pour vous). féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode, beauté féminine, magazines féminins, elle, cosmopolitan, marie-claire, glamour, vogue, grazia, be, femme actuelle,

 

 

Pour vos cheveux, vous apprendrez que la coloration ose le « tie and dye » et que la poudre (de shampooing) nous monte à la tête ; pour vos yeux, que le mascara se met en boule et que le smoky joue les rapetout en débordant vers les tempes et l’arête du nez. Vous saurez, en général, que les taches prennent le large, que les vernis gagnent du relief, que les barrettes se multiplient, que l’eau de Cologne nous réveille et surtout que le rouge vire à l’ultraviolet.

 

 

féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode, beauté féminine, magazines féminins, elle, cosmopolitan, marie-claire, glamour, vogue, grazia, be, femme actuelle,Vous vous inquiétez de votre poids, de votre taille, de votre ventre ?  N’hésitez pas, madame : si le power disc rendra toniques vos abdominaux, plat votre ventre, fermes vos fesses, bref, harmonieux votre corps, c’est grâce à l’impulsion gravitationnelle, et à rien d’autre. On vous le dit, on vous l’écrit. Vous devez le croire.

 

 

Sinon, rabattez-vous sur la ceinture en textile minceur à forte élasticité, dont l’effet gainant est immédiat, et qui, en profondeur, active la combustion des calories, stimule la microcirculation et favorise l’élimination des toxines. Pour faire bonne mesure, appliquez-vous sur le ventre le gel tummy flattening (sans parabène, vous ne sauriez être trop prudente), qui cible les rondeurs disgracieuses pour une taille de rêve express. Rien n'est plus beau que le rêve express.féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelle

 

 

Et n’oubliez pas, madame : après le sport, c’est bien de mettre des talons. Aussi vous conseillons-nous des chaussures Sveltesse 5,8® cm. Leur semelle en biocéramique avec un talon de 5,8 cm vous fait gagner instantanément des centimètres. Quant à moi, je ne saurais trop recommander la biocéramique pour grandir. La biocéramique, il faut y croire. Il n'y a même que ça de vrai. Tout est dans le 0,8 centimètre.

 

 

féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelleJ’espère vivement, chère madame, par ce petit tour d’horizon sur les mille et une manières de vous sentir bien dans votre peau et de resplendir en société, avoir fait œuvre utile. Mais je m’en voudrais de ne pas porter, pour finir, à votre connaissance les soucis dont certaines d’entre vous nous font part.

 

 

Ainsi, CHRISTINE L., de Nantes, nous écrit-elle cet appel au secours : « C’est un sujet délicat, un peu tabou, dont je souhaite vous parler. Mon mari ne se lave jamais. Depuis qu’il est retraité, sa toilette matinale se fait avec un gant mouillé, sans savon, sur le bout du nez, il ne se brosse même pas les dents. Il va sans dire que j’évite tout rapport intime, même l’embrasser m’est difficile. Comment faire pour qu’il soit propre ? ». C’est vrai, ça : comment faire pour que le mari soit propre ? Surtout quand il est retraité ?féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelle

 

 

Je réponds sans barguigner, sans hésiter et sans m'embarrasser d'une trop vaine pusillanimité : « Madame, changez-le plus souvent dans la journée ». Ou même changez-en ! Un peu d'initiative, que diable ! J’aurais dû être répondeur dans un courrier des lectrices, pour un magazine féminin : le tact, la subtilité, l’empathie, la délicatesse et la compréhension n’ont aucun secret pour l'orfèvre en la matière que je suis. Personne n'aurait l'idée d'en douter. Qui a dit "si" ?

 

 

féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelleBen voilà. Pour se faire une idée de ce que les femmes ont (mais ce n'est pas complètement sûr) dans la tête, rien de tel que de faire un petit tour dans ce qu’elles lisent. Je vous jure que je n'ai pas inventé grand-chose. Et là, j’ai vraiment pris du basique. Quasiment du générique. Rien de particulièrement fendard ou épastrouillant. Rien que de la livraison banale, routinière et hebdomadaire. Même pas de quoi faire rugir une féministe à cheval sur la doctrine.

 

 

 

Cette littérature s’intitule Version fémina (groupe Lagardère). C’est le supplément week end de la PQR (Presse Quotidienne Régionale). Voilà, vous savez tout. Pas besoin, j’espère, d’en rajouter dans le commentaire. La société de consommation, il suffit de la laisser parler pour savoir à quoi s'en tenir. Grande leçon de morale et de vigilance. Mais j'avoue que la pression qui pousse les femmes à se conformer aux modèles officiels est beaucoup plus forte que celle qui pèse sur les hommes. Quoique ... est-ce qu'il n'y a pas deux modèles impérieux, vous savez, le "sois belle" d'un côté (d'où l'accent mis sur l'apparence), et le "sois fort" de l'autre (d'où l'accent mis sur le comportement) ?féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelle

 

 

 

Promis, la prochaine fois, je mettrai le nez dans Elle ou Cosmopolitan, Marie-Claire ou Glamour, Vogue ou Grazia, Be ou Femme actuelle, j'ai l'embarras du choix. Non, pardon : ce sont les femmes qui l'ont, l'embarras. C'est carrément l'hypermarché. Et elles y font leurs courses, pensez que les six plus gros titres, pris tous ensemble, tirent à presque trois millions d'exemplaires.

 

 

 

Voilà donc comment il faut parler aux femmes ! Bon sang, mais c'est bien sûr ! J'aurais dû m'en douter !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

POST SCRIPT : Je ne veux en général décourager personne. Mais je ne saurais terminer sur cette note somme toute optimiste.

 

féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelleCar de toute façon, vous et moi, voici une idée de ce que nous deviendrons, dans le meilleur des cas.féminisme,femme,homme,cheveux,soins de la peau,esthéticienne,mode,beauté féminine,magazines féminins,elle,cosmopolitan,marie-claire,glamour,vogue,grazia,be,femme actuelle Bon courage à tous et à toutes !!!

 

 

 

lundi, 27 août 2012

A PROPOS D'EMANCIPATION FEMININE

Pensée du jour : « La France est beaucoup plus géographique qu'on ne pense ».

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Les féministes ne sont pas les seules à soutenir, à défendre, à secourir les femmes. Il faut s’en féliciter. Pour être juste, je dirai a priori que les femmes ne cherchent pas plus que les hommes à être soutenues, défendues, secourues. C’est malgré tout ce que dit la rumeur. Il paraît qu’elles se confient plus volontiers.

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Comme elles confient, paraît-il, davantage que les hommes, leur apparence à toutes sortes de spécialistes : coiffure, maquillage, épilation, volume et forme des seins ou des fesses, longueur et richesse des cils, des ongles, spa, fitness, soins de la peau et du visage, j'en passe et des meilleurs. Elles se fient également à toutes sortes de magazines, appelés pour cette raison  « féminins ». Constatons aussi qu'elles constituent l'essentiel de la clientèle des gymnases. Oui, elles se donnent plus de mal que les hommes.femme,féministe,soins de beauté,mode,lutte,égalité,sexisme,maquillage,make up,chirurgie esthétique,bar à ongles,fitness,spa

 

 

J’informe à ce propos celles qui pourraient être intéressées, que vient de s’ouvrir, rue d’Austerlitz, un « bar à ongles ». J'assure que je ne plaisante pas. Selon moi, c’est une bonne nouvelle. Et même peut-être un progrès. C’est un bar dont le quartier commençait à remarquer le manque cruel, et à se demander comment il avait pu jusque-là s’en passer. Mais il paraît qu'il y a des bars à tout : c'est « tendance ».

 

 

Il n’a échappé à personne qu’il existe donc, encore, effectivement, quelques menues différences naturelles entre les hommes et les femmes, au grand dam des "genristes", vous savez, les négationnistes de la différence des sexes.

 

 

Voyons l’une des plus spectaculaires : il est scientifiquement prouvé que la femme, chaque fois qu’elle va aux toilettes, y passe deux fois plus de temps, en moyenne, que son collègue masculin (3' contre 1,5', je parle en moyenne). Certains ont attribué cette petite différence à l’odeur des lieux, moins agréable du côté des messieurs. C’est une hypothèse. C’est bien connu, les femmes sont plus soigneuses et plus attentives. Et ont le sentiment esthétique plus développé. Du moins à ce qu'on dit.

 

 

D’autres penchent pour une explication d’ordre vestimentaire, qui rend la chose plus compliquée, et par là même plus longue. La superposition des couches est effectivement une complication. Quoi qu’il en soit, la World Toilets Organisation (vous pouvez vérifier) est formelle : les femmes passent plus de temps sur le trône que les hommes. Comme le prouvent les files d'attente devant les WC femmes sur les aires d'autoroute. Conclusion logique : les toilettes sont pour beaucoup dans le surcoût que représentent les femmes pour la comptabilité des entreprises. Avis aux patrons.

 

 

Comme quoi, pour elles, le fait d’être porteuses de sens, de valeur, en plus de l’avenir de l’humanité, n’est pas seul en cause sur le marché du travail. En vérité je vous le dis, il faut penser aux toilettes. Elles y passent (tout compris) 3 à 4 ans de leur existence professionnelle (je n'ai pas vérifié le calcul, sur la base de 8 passages par jour, compte non tenu du nombre de rouleaux de papier hygiénique, lui aussi différent), ce qui donne un net avantage (qu'on peut appeler naturel) aux carrières  masculines. On se demande comment les militants de la génération « transgenre » (vous savez, les adeptes du slogan « le sexe n’a rien à voir avec la nature : il est une construction culturelle ») pourraient contester de telles données objectives.

 

 

Mais il subsiste d’autres petites différences entre l’homme et la femme. Signalons en effet que le chemisier au col habillé de pointes de métal se portera avec une jupe asymétrique et des richelieus pied-de-coqfemme,féministe,soins de beauté,mode,lutte,égalité,sexisme,maquillage,make up,chirurgie esthétique,bar à ongles,fitness,spa ("poule" est donc devenu tendancieux et suspect ?), et que tout ça fera swinguer votre dressing. On voit par là qu'il est bon de porter certaines informations à la connaissance du public.

 

 

De même, on est heureux, madame, de vous conseiller le sérum visionnaire LR 2412 4 % qui, ajouté au teint idole ultra 24 H lys rosé 02, et au sérum génifique yeux light-pearl illuminateur regard, vous fera dire, comme madame DE France : « Ça m’intéresse de vieillir ». Je n'invente rien. De son côté, Madame SUBLET n’hésite pas à le dire : « Les rides, je ne les traque pas, je les affiche ».femme,féministe,soins de beauté,mode,lutte,égalité,sexisme,maquillage,make up,chirurgie esthétique,bar à ongles,fitness,spa Elles se donnent le mot, ma parole. N’en doutons pas : il convient, en ces temps de glorification de la jeunesse, de déculpabiliser ceux qui en ont quitté le rivage depuis longtemps. Evitons, tant que faire se peut, de pousser les vieux au suicide. Quoique ...

 

 

Quant au mascara hypnôse [sic] star 01 noir, le rouge à lèvres rouge in love beige dentelle 300 M et le vernis in love jolis matins 220 M, ils seront des "plus" incontestables pour le rayonnement de votre beauté. On voit par là que le progrès fait rage.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

lundi, 20 août 2012

REFERMONS L'OLYMPISME A JAMAIS !

Pensée du jour : « Il y a deux sortes d'hommes : ceux qui pensent qu'il y a deux sortes d'hommes, ... et les autres ». CHARLES DE GAULLE

 

 

 

Nous en étions restés à la performance hallucinée du relais 4 x 100 féminin, gagné par l’équipe américaine, et au triomphe de l'industrie chimique dans le sport.

 

 

Et les quatre clowns Jamaïcains du 4 x 100 messieurs ? BOLT, BLAKE, CARTER et FRATER, ils s’appellent. Record du monde pulvérisé, là encore. Enfin, de seulement 16 centièmes, mais quand même. Bon, c’est vrai que YOHAN BLAKE a été contrôlé positif en 2009. Mais là, trois médailles pour lui, pas une de moins. Et, certes, avec les pieds, mais sans les mains, admirez le travail de bipède ! Chapeau l’artiste ! C'est bien le moins, pour un qui a sûrement renoncé à se doper. Sûrement. 

 

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De toute façon, soit dit par parenthèse, à propos d'USAIN BOLT, j'aimerais qu'on m'explique à quoi ça sert de courir à plus de 36 kilomètres à l'heure si c'est pour s'écrouler au bout de 100 mètres. Qu'est-ce qu'il apporte à l'humanité ? Plutôt qu'aux sprinteurs, bourrés de muscles aptes à exploser, intéressons-nous aux athlètes du demi-fond et du fond, bien plus utiles, parce que plus près d'une physiologie normale (je ne parle pas de leurs performances). Passons.

 

 

L’ancien champion CARL LEWIS, lui-même asticoté naguère par les autorités antidopage, émet quelques points d’interrogation à propos d’USAIN BOLT. Pudiquement, Le Nouvel Observateur (le site) pose la question : « Faut-il douter des performances de BOLT ? ». C'est retors, pour le moins. D'une pierre deux coups : on répond subtilement à la question qu’on fait semblant de poser. Tout en évitant un procès en diffamation.

 

 

Derrière les Jamaïcains, qui trouve-t-on ? Les Américains. Tiens donc. Avec 37,04 secondes, ils égalent l’ancien record du monde. Quoi de plus normal, après tout ? L’ancien est fait pour être dépassé par le nouveau. C’est même inscrit dans la définition des mots. Parmi les Américains, un certain JUSTIN GATLIN. Un jeune homme de 30 ans.

 

 

Quoi, il a purgé quatre ans de suspension pour dopage ? Il a purgé sa peine, oui ou non ? Tout homme a droit au rachat, tout de même ! Quoi, 30 ans, c’est l’âge où les performances diminuent ? Mais c’est qu’il a su se maintenir au  top de la condition, voilà tout ! Regardez ALBERTO CONTADOR. Eh bien il les a faits, ses deux ans de suspension pour taux excessif de clenbutérol dans le sang. Qui oserait douter de la pureté de son retour dans la Vuelta (tour d'Espagne) ? Mais le public, lui, est un juge indulgent, tant qu'on n'a pas égorgé ou violé une enfant (cela veut dire : on a des valeurs, NOUS !) : il a déjà oublié, puisqu'il applaudit.

 

 

Pendant ce temps, les nageurs olympiques ont battu neuf records du monde. Pendant ce temps, DAVID RUDISHA, Kenyan de métier, se contente quant à lui de transformer le 800 m. en sprint : il bat son propre record du monde. Pendant ce temps, les foules énamourées se prosternent devant la divinité nommée « EXPLOIT SPORTIF». Je n'en reviens pas.

 

 

Les milliards de pions humains, vous savez, ces petites machines aux performances productives sinon  douteuses, du moins ordinaires, endoctrinés à coups de slogans du genre : « Indignez-vous ! », « Engagez-vous ! », « Surpassez-vous ! » (le dernier prout éditorial, la dernière bouse de vache éructée par l'anus de STEPHANE HESSEL (un « moteur à injonctions », selon le mot génial de PATRICK BESSON, dans Le Point) porte le titre hallucinant de : Vivez !), sont béats de vénération devant des machines humaines optimisées, applaudissent à tout rompre les mutations génétiques chaque fois que les mutants battent un record, et se peignent les moustaches en bleu-blanc-rouge. Tout cela est très seyant.

 

 

Conclusion : les Jeux Olympiques sont bien la fête par excellence de la fraternité humaine, n'en doutons plus. C'est prouvé par le carnet de chèque, le compte en banque et les contrats d'exclusivité. Sans compter les « à-côtés ». Comme quoi une entreprise privée peut apporter le bonheur à l’humanité entière. L'idéologie ultralibérale vous l’avait bien dit.

 

 

 

Le pire n’est pas toujours sûr, mais le COMITÉ INTERNATIONAL OLYMPIQUE est le sublime signe annonciateur du Progrès Humain : la GRANDE PRIVATISATION DE L’HUMANITÉ. Je traduis : faire enfin (après 200.000 ans d'homo sapiens gratuit) de l'entreprise humaine quelque chose de rentable. Jusque-là, homo sapiens sapiens travaillait à fonds perdus. Être homme, mes bien chers frères, deviendra PAYANT. On mettra des péages à la sortie de tous les utérus. Gare aux fraudeurs !

 

 

Déjà qu'à l'autre bout de la vie, les Grecs avaient Charon pour traverser le Styx vers le royaume des morts, contre monnaie. Chacun sera aussi désopilant que la Soeur Anne de GOTLIB (c'est dans le "Barbe-bleue" de La Rubrique-à-brac) : « Soeur Anne aux deux berges raque ». Je ne donne aucun indice.

 

 

 

C'est une condition de survie de l'humanité nantie. Car on a bien compris, dans l'affaire des Jeux Olympiques, qu'il y en a deux, d'humanités : les lites et l'émasse. Euh non, je me trompe : l'élite et les masses. Et attention, quand je parle de l'élite, c'est 200.000 personnes grand maximum dans le monde, qui sont capables de payer les armées chargées de les protéger. La vision olympique de l'humanité a quelque chose à voir avec une double perspective : BANCAIRE et MILITAIRE.

 

 

 

J'aime bien, chez RABELAIS, l'histoire suivante : un portefaix est assis dans la rue, mangeant son pain après l'avoir laissé s'imprégner des fumées qui sortent de chez le rôtisseur. Celui-ci s'avise de lui faire payer sa fumée. Une altercation s'ensuit. Joan le fou arrive, et accepte de rendre sa "justice" au moyen de la pièce d'or du portefaix.

 

 

Il fait sonner celle-ci et prononce sa sentence : « La Cour vous dit que le portefaix qui a mangé son pain à la fumée du rôti a payé le rôtisseur au son de son argent ». Ce fou est un nouveau Salomon. J'aimerais que l'humanité paie les Jeux Olympiques avec cette monnaie incroyable : AU SON DE SON ARGENT. Vous l'imaginez, une corruption accomplie au SON de l'argent ? Moi je suis pour ce bling-bling-là.

 

 

Le Comité Olympique, vous savez, cette ONG désintéressée et même philanthropique, remplie d'un idéal humain de toute pureté, est en réalité une société privée, une simple entreprise juridiquement assujettie aux règles du droit privé suisse. Je l’ai déjà dit, je me répète, mais c’est exprès. Car il faut que ça se sache.

 

 

Et ce n’est pas le solennel (mais pathétique) appel que PATRICK CLASTRES (chercheur rattaché au Centre d’histoire de Sciences-Po) adresse au CIO pour lui demander de modifier ses fondements mêmes qui va y changer quoi que ce soit. Il ne l’ignore sans doute pas, et ne se fait guère d’illusion sur la faculté du CIO de se réformer lui-même. Il fait ça « only for fun ». Ou alors pour justifier un budget alloué. Je ne sais pas. De toute façon, pour réformer le CIO, il faut commencer par le détruire. Avant sans doute de ne pas le reconstruire.

 

 

PATRICK CLASTRES critique le fonctionnement actuel du CIO. Entendons-nous bien : il n’accuse personne. C’est vrai qu’il a affaire à forte partie. Une partie qui peut le réduire en bouillie en moins de rien. Il aurait vite fait de se faire corriger le portrait. Et pas sur photoshop. Il la joue donc en douceur. Son angle d’attaque repose sur le souhaitable et le désirable. Sur le « il faudrait », c’est assez dire qu’il rêve tout éveillé.

 

 

Il s’efforce de ne pas piquer trop fort le monstre qui sommeille (c'est juste une image, pas une réalité). Mais enfin, il émaille son texte de mots qui finissent par dessiner un tableau assez nettement crasseux, pour ne pas dire puant, de l’univers olympique : « corruption, scandales des athlètes dopés, tricheries récurrentes, menacé de gangrène par les mafias, … ».

 

 

Ses propositions de réforme (vouées aux oubliettes) contiennent en creux des critiques féroces du fonctionnement actuel. Il faudrait changer le mode de recrutement (opaque ; je traduis : les membres actuels sont-ils corrompus ? notez que je garde la tournure interrogative), modifier la charte (sans dire sur quels points ; là, j'ai du mal à traduire), rendre les comptes financiers transparents (tiens, tiens !). En bref, il faudra changer la façade une fois qu'on aura fait disparaître l’intérieur.

 

 

Le CIO actuel ? Payez, et on vous déroule le tapis rouge. Tiens, qu’a payé l’Arabie Saoudite pour faire admettre la judokate en bonnet de bain islamique (qui vaut le burkini, ci-contre) ? stéphane hessel,indignez-vous,engagez-vous,vivez,patrick besson,le point,charles de gaulle,jamaïque,usain bolt,sprint,4 x 100,record du monde,dopage,le nouvel observateur,américains,justin gatlin,performance,alberto contador,tour de france,vuelta,espagne,david rudisha,exploit sportif,jeux olympiques,cio,olympisme,humanité,société,culture,rabelais,ong,patrick clastres,sciences-po,bertrand delanoë,arabie saoudite,attila,jean guisnel,corruption,propagande,optimisme,gotlib,rubrique-à brac Ce serait une information intéressante. Le CIO, cette machine à profits, est devenu sensible à un seul argument : avoir les moyens de toucher sa « sensibilité ».

 

 

Je vais vous dire ma conviction : si le Paris de BERTRAND DELANOË n’a pas eu les Jeux Olympiques 2012, c’est parce que DELANOË n’a pas assez arrosé. Et je le remercie pour cette raison même. Vous imaginez l’état de la France aujourd’hui, après trois semaines de cette chevauchée d’Attila ? De ce rouleau compresseur aveuglé et fanatisé par l’enthousiasme ?

stéphane hessel,indignez-vous

LA PLUS BELLE AVENUE DU MONDE, VRAIMENT ? 

 

Pourquoi croyez-vous que la France n’a pas vendu un Rafale depuis qu’elle a signé je ne sais plus quel protocole de moralisation du commerce mondial des armes, et surtout qu’elle le respecte ? Fini, les « commissions », les « rétrocommissions » et autres outils d’enrichissement personnel (lisez, pour en savoir plus, Armes de corruption massive, de JEAN GUISNEL (La Découverte, 2011), je vous assure que ça, c’est du journalisme d’excellence).

 

 

Soit dit en passant, JEAN GUISNEL révèle que l’Allemagne, la si vertueuse Allemagne, corrompt à tout va les individus capables d’influer sur les décisions des gouvernements acheteurs. Pour exporter, il faut arroser. Si la France veut les Jeux, il va falloir qu’elle accepte d’enchérir. Sur fonds secrets. Les Jeux Olympiques ? D’abord et avant tout, une affaire, de gros intérêts, de grosses affaires à faire. Avec risques et périls : voyez la Grèce et ses Jeux Olympiques, en 2004, et puis huit ans après.

 

 

En fait, et pour être franc, en plus et en dehors de l'horrible fable olympique, je n’aime AUCUN des bobards que les médias déversent à tombereaux ouverts dans nos yeux et nos oreilles, jour et nuit : si l’on fait un peu attention, on en arrive à comprendre comment fonctionne la nouvelle dichotomie « MYTHE / RÉALITÉ ».

 

 

Plus je regarde la réalité, plus je suis effrayé de ce qui attend l’humanité (je ne reprends pas l'énumération, je n'entonne pas la litanie des calamités observées et attendues). Plus je regarde la télé, plus je deviens optimiste (tout le monde rit, tout le monde est heureux, sauf aux informations, et encore ...). Vous ne trouvez pas ça bizarre ? Ah bon ? C’est donc ça qu’on appelle PROPAGANDE ? Bourrage de crâne ? Endoctrinement ? Eh bien dans quel état sont nos esprits, les amis ?

 

 

Conclusion : LA PESTE SOIT DES OPTIMISTES ! Il faudrait les amputer de la télé. C'est à bon droit qu'on pourrait alors les traiter de : « Amputé de ta mère ! ». Parce que les amputés aussi ont droit aux Jeux Olympiques !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

dimanche, 19 août 2012

ON A ENFIN REFERME L'OLYMPISME

Question du jour : « Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains ? ».

MARCEL DUCHAMP

 

 

Enfin, l’écume olympique est retombée. Enfin, vient de s’ouvrir une nouvelle olympiade. Olympiade veut dire : « Ouf, quatre ans sans Jeux Olympiques, c'est pas trop tôt, il était temps que ça s'arrête ». Oui, je sais de quoi je parle. Pour les mal informés et les ignorants, je signale que le mot olumpias (ỏλυμπιάς), en grec, désigne, en plus des nymphes du mont Olympe, séjour des dieux, la période de quatre ans qui sépare deux Jeux Olympiques, autrement dit pendant laquelle les cités grecques de l’antiquité pouvaient allègrement se faire la guerre.

 

 

Car c'était ça, le SENS des Jeux Olympiques : la trêve des armes. Clin d'oeil (façon de parler) à la Syrie, au Soudan, au Kivu, etc. « Olympiade » n’est donc pas du tout synonyme de « Jeux Olympiques ». Avis aux journalistes en général, et aux journalistes sportifs en particulier (les ânes que je préfère, à cause d'un braiement particulièrement distingué).

 

 

Alors, les Jeux Olympiques de Londres ? Furent-ils une grande réussite comme le claironne l’unanimité des organes de presse ? J’ai lu quelque part que Monsieur GORDON BROWN attend 16 milliards d’euros (ou de livres ?) de retombées financières dans les quatre ans qui viennent. C’est une bonne nouvelle, si ça se réalise, mais ce n’est pas encore fait.

 

 

En tout cas, ce qu’on sait, c’est ce que ça a coûté : au départ, la prévision était de 6 milliards, mais – et on a vu la même chose avec l’extravagante élucubration architecturale du Musée des Confluences, qui trônera bientôt tout en pointe de la presqu’île lyonnaise (voir ci-dessous) – on est arrivé à 12 milliards. Je n’ai aucune idée concrète de ce que ça fait, comme somme, 12 milliards. J’observe que les spécialistes chargés de creuser les déficits et les dettes doivent détester commettre des impairs, puisqu’ils sont des adeptes des nombres pairs (6, 12, 16). Au moins quelques-uns qui sont pour la parité, me dis-je dans mon for intérieur qui n'en pense pas moins.

 

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LA FUTURE POINTE DE LA PRESQU'ÎLE LYONNAISE.

ÇA NE VOUS RAPPELLE PAS "RENCONTRES DU 3ème TYPE" ?

 

Tout ça a donc coûté très cher. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas, n’est-ce pas, pour faire oublier aux masses humaines l’effondrement de la Grèce, l’ensanglantement de la Syrie, la flambée spéculative des denrées alimentaires et les prochaines émeutes de la faim qu’elle devrait provoquer dans le monde, comme en 2008, la corruption qui fait sans doute du Mexique (mais il y a de la concurrence) le premier Etat gouverné par la Mafia (même si la façade de l’immeuble donne les apparence du flambant neuf) et la montée de l’extrême-droite en Europe ?

 

 

Puisque l’Empire romain s’effondre, donnons aux masses humaines du pain et des jeux. Notons que, si les Jeux Olympiques ne se passent pas dans un Cirque, ça y ressemble diablement. Comme dit le capitaine Haddock aux Dupondt : « Le Cirque Hipparque n’a pas besoin de deux clowns. Vous ne pouvez donc faire l’affaire ». Ah ça, des clowns, il y en a eu, dans le bordel olympique. Mais c’est peut-être grâce au tartan orangé de la piste d’athlétisme.

 

 

Comme les vitesses mutantes (le dopage mutant dont parle ANTOINE VAYER)  atteintes lors du Tour de France : c’est grâce aux nouveaux bitumes des routes, on vous dit. Le sport moderne a inventé le frottement qui accélère. Tous les physiciens vous le diront : la vitesse augmente en proportion de l'intensité du frottement !!!

 

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LES CLOWNS DU CIRQUE HIPPARQUE

(MAIS C'EST LA FAUTE DES COMPRIMES N 14) 

 

Car ils ont accompli des performances de clowns, à croire qu’ils se sont inspirés des coureurs du même Tour de France, véritable modèle en matière d’exploit ... disons « sportif ». Prenons le 4 x 100, par exemple. Priorité aux dames, n’est-ce pas. Elles sont américaines. Elles n’étaient pas au mieux de leur forme : « Personne dans l’équipe n’était fraîche. On a enchaîné les courses, mais on voulait ce record ». C’est ALLYSON FELIX qui parle, déjà médaille d’or sur 200 m.

 

 

Traduction ? On était crevées, alors on est allées plus vite. Quasiment du SARKOZY dans le texte : au départ, je fonce, et en vue de l'arrivée, j'accélère.sport,jeux olympiques,marcel duchamp,athlétisme,athlètes,olympiade,londres,gordon brown,déficit,dette,grèce,syrie,mafia,mexique,extrême droite,tour de france

 

 

Résultat ? En plus de la médaille d’or, le record du monde (WR, sur la photo) pulvérisé de 55 centièmes de seconde. Oui madame. Un journaliste ose même parler de « chrono irréel ». Quelle audace dans le vocabulaire ! Un record qui tenait depuis 1985, rendez-vous compte ! Tout le monde le disait imbattable. Mais Sony en a rêvé, et elles l’ont fait ! Les anciennes recordwomen ? Des clowns d’Allemagne de l’Est. Les lanceuses de marteau, les sprinteuses, les nageuses étaient formatées comme KORNELIA ENDER (ci-dessous).

 

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PREMIERE AU CONCOURS "MISS DEMENAGEURS BRETONS" 

 

Oui, vous savez, ces femmes en forme de déménageurs bretons (un copain m'a soufflé « armoire normande », mais j'ai mon éthique, nom de diable) auxquelles il poussait de la moustache, des poils entre les seins et je ne sais quoi d’autre, à force de petites pilules roses ou bleues gentiment offertes par leurs « entraîneurs ».

 

 

Comment rester femme tout en allant à des vitesses stratosphériques ? Faites comme les quatre clowns Américaines de 1997, les seules depuis 1985 à approcher de juste quelques centièmes le record des déménageuses bretonnes d’Allemagne de l’Est. Les Américaines de 2012 ont enfin trouvé la recette du cocktail gagnant. Sans trop se bousculer le brushing.

 

 

Quand je pense que le record du monde de la perche, à 6,14 mètres, est détenu, depuis 1993 par l’inamovible SERGUEI BUBKA (l’homme qui se laissait pousser la mâchoire inférieure à coups d’hormones de croissance), et que RENAUD LAVILLENIE, médaillé d’or en 2012, franchit à peine 5,97. Dix-sept centimètres de moins. Quel minable, finalement.

 

 

Je n'évoque même pas (ceci est une prétérition) le saut en longueur du siècle de BOB BEAMON en 1968 (à 8,90 mètres !!! soit 55 cm de plus que l'ancien record, en une seule fois, que ça sortait du cadre mesurable prévu !!!), qui ne fut battu que 23 ans après (POWELL).

 

 

 

Que fait le Progrès Humain, pendant ce temps ? Il se prélasse sur une plage des îles Caïman, l’oreille collée à son smartphone, en train d’écouter l'effet des variations du cours du maïs à la bourse de Chicago sur les comptes secrets qu'il a dans le paradis fiscal. BUBKA aurait pu faire passer la recette, quand même, au lieu de la stocker dans un coffre-fort.

 

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Ça ne vous a jamais intrigué, l’évolution morphologique des athlètes, au cours du temps ? Ne parlons pas de l’haltérophilie, archétype et parangon du sport anabolisé. Mais comparez le corps humain de MICHEL JAZY (1955 à 1965, à gauche) et le corps anabolisé de BEN JOHNSON (JO 1988, à droite). Comparez CHRISTINE CARON (années 1960, à gauche), l’est-allemande KORNELIA ENDER (1976, voir ci-dessus) et l'invraisemblable torse de Monsieur Muscle d'ALAIN BERNARD (à droite).

 

CARON 1 CHRISTINE.jpgBERNARD 2.jpg

 

 

Comparez les VILLEPREUX, GACHASSIN ou CAMBERABERO du rugby à l’ancienne (je veux dire normaux) et les monstres du Gévaudan australiens ou néo-zélandais (JONAH LOMU, 1,96 m., 119 kilos) poussés à la créatinine qui règnent aujourd’hui. Ça ne vous saute pas aux yeux, cette évolution dans le GABARIT ? Moralité ? Ce n’est plus le sportif qui gagne, c’est l’industrie chimique, c’est tout. Alors franchement, les « valeurs de l’olympisme » ? Ne me faites pas rire, j’ai les lèvres gercées.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.


samedi, 11 août 2012

METEO DES JEUX

Pensée du jour : « Les Sioux ont l'accent chinois, leur manière de vivre est celle des Tartares.» (ABBE FLEXIER DE REVAL, 1735-1802).

 

 

Résumé : nous disions donc : « La chaussure, voilà l’ennemi ».

 

 

C’est ce que se disait DENIS DUFOUR, compositeur attachant que j’ai rencontré du temps où je ne manquais rien de ce qui se faisait en musique contemporaine. Lui, son truc, c’était la musique électro-acoustique. Ne pas confondre avec HUGUES DUFOURT, adepte d’une musique moins contemporaine, puisqu’elle se joue avec de vrais instruments fabriqués par des ébénistes. DUFOUR 1 DENIS.jpg

 

 

 

DENIS DUFOUR marche pieds nus, qu'on se le dise (Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, extraordinaire texte de KNUT HAMSUN, Dix portraits, …). Parce que, m’a-t-il dit – et ce n’est sans doute pas dénué de vérité –, ne pas avoir de semelle permet de ressentir des vibrations physiques que ne perçoit pas l’oreille. L’avantage, c’est que, vu la couleur de ses pieds le soir, il ne risque pas qu’un quelconque lèche-bottes vienne lui faire des compliments sur sa musique, puisqu’il n’en a pas, de bottes. Le pied nu constitue, en quelque sorte, le fin du fin du retour à la nature.

 

 

Ce qui prouve par a + b que l’homme, en inventant la chaussure, s’est séparé de la nature il y a 4000 ans, quand il interposa entre lui et le sol une lamelle de cuir plus ou moins épaisse. De plus en plus perfectionnée. Pour s’épargner les injures faites à son pied par les cailloux du chemin. Nous sommes devenus trop sensibles, voire hypersensibles.

 

 

 

Un rien (qu’est-ce que 15 cm de neige ?) nous pousse à l'émeute contre nos dirigeants. Plus nous avons perfectionné et accru notre confort, plus nous sommes devenus vulnérables, craintifs et vindicatifs. Peut-être voudrions-nous reconstituer les conditions de la maternation originaire. Attendons-nous, dans ce cas, à quelques déconvenues funestes.

 

 

Ce qui prouve accessoirement que les travaux d’Hercule (qui vainquit Antée, en le privant de tout contact avec la Terre, qui n'était autre que sa mère Gaïa, et on considère encore aujourd'hui que ce fut un progrès) HERCULE ANTEE JEAN DE BOLOGNE.gif ont accéléré le mouvement de rejet de la Nature. A mon avis, Hercule avait  des chaussures aux pieds. Ah, qui dira le joli temps des écuries d’Augias (« les deux pieds les deux mains dans la merde ») ? Hydre de Lerne, reviens parmi nous !

 

 

Cela nous en dit long, soit dit en passant, sur les chances que l’homme industriel a de se réconcilier avec sa planète. C’est vrai que j’ai perdu pas mal de mes capacités à lover mes côtes et mes vertèbres entre les cailloux et les racines des terrains de camping. J’ai noté, en particulier, que les racines de pin sont résolument invincibles.

 

 

C’en est même un brin paradoxal, vous ne trouvez pas ? Ben oui, quoi, plus nous nous fleurbleuisons, plus nous nous écologisons, plus nous nous renaturisons sous l'égide de MAMÈRE NOËL (je ne peux pas croire que les parents ne lui ont pas joué un tour en lui donnant ce prénom) et CECILE DUFLOT (qui ne s’est pas risquée à accepter un poste de ministre de la Nature), plus nous avons peur que la Nature nous fasse du mal (tsunami, éruption, cyclone …).

 

 

Mais allez marcher pieds nus sur les trottoirs de nos villes, aujourd’hui ! Nos trottoirs rendraient indispensables et obligatoires, d’une part, le pédiluve (dans le temps, on disait « bain de pieds »), du fait de la caniphilie urbaine généralisée, et d’autre part la boîte à pharmacie, pour réparer les dégâts commis par les débris de bouteilles de bière. Il faut savoir que la merde de chien et la bouteille cassée sont le principal apport de la modernité au trottoir urbain macadamisé. Vivre sans chaussures en milieu aussi hostile, c’est accepter de vivre dangereusement. La Nature s'éloigne de l'homme inexorablement. A moins que ce ne soit l'inverse.

 

 

N’empêche que, quoi qu’on dise, courir sans semelle entraîne une flexion accrue : l’amorti en devient articulaire ! Je n'invente rien. Courir pieds nus permet d’éviter les ampoules et de limiter les risques de tendinites. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est scientifique. Les mêmes scientifiques affirment que si la fantaisie vous prend de vous mettre au « freedom running », mieux vaut y aller doucement.

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 Progressivement. Fiez-vous aux marques : elles ont d’ores et déjà inventé la chaussure minimaliste, semelles fines comme des crêpes et « five fingers » pour ganter les doigts de pieds.

 

 

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MAIS POUR CE PIED, QU'EST-CE QU'ON FAIT, DOCTEUR ?

ON APPELLE CELA POLYDACTYLIE : IL Y A ENCORE PLUS FORT

 

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SEIZE ORTEILS A LA NAISSANCE : QUI DIT MIEUX ?

 

En six ou douze mois, quand vous aurez usé huit paires de semelles fines et de « five fingers », vous pourrez passer au « barefoot » et au « freedom running ». Les marques ont même inventé les « barefoot shoes ». Comme disait ALEXANDRE VIALATTE, « le progrès fait rage ».CHAUSSURE 16.jpg

 

 

Vous pourrez même, suprême raffinement, vous passer de toute chaussure. Après avoir, nous l’espérons, contribué de vos deniers au redressement productif des entreprises spécialisées dans la semelle fine et dans la « barefoot shoe ». Pendant six à douze mois. Mais restez prudent. Oui, à ce moment, il est alors possible d’effectuer quelques sorties pieds nus. Et rendez-vous compte, vous verrez de la corne, carapace naturelle de la peau, se développer autour du pied afin de le protéger. Comme disait ALEXANDRE VIALATTE : « On n’arrête pas le progrès : il s’arrête tout seul ». C’est fort bien dit.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

vendredi, 10 août 2012

METEO DES JEUX

Pensée du jour : ce n'est pas seulement à cause de la loi de la pesanteur que 100 % (ou presque) des femmes portent un soutien-gorge.

 

 

Le sprinteur est par principe vaniteux, égocentrique et dur. Sa cheville enfle. C'est mécanique. C'est même scientifique. En tout cas, c'est une condition de la réussite d'USAIN BOLT, vous savez, le bonhomme qui est parvenu, devant des milliards de témoins, à parcourir la distance surhumaine de 100 mètres, et qui était tout essoufflé après. Celui-là, il va falloir qu'il s'entraîne un peu s'il veut vivre vieux.

 

 

 

Car il s'agit d'abord d'être le plus raide possible pour conserver la vitesse acquise. Plus le ressort est raide, plus grande est la vitesse. C'est scientifique. C'est pour ça que les haltérophiles sont mous de la cheville et ne savent pas courir. La raideur est essentielle. Chez le sprinteur. Sans doute aussi chez la sprinteuse.

 

 

 

On utilisera de petits accéléromètres, qui ne sont en réalité que les vulgaires myotests que chacun peut se procurer dans le commerce. On privilégiera, pour s'améliorer, la pliométrie.

 

 

Il faut savoir, par ailleurs, que réduire la fréquence des jambes diminue la vitesse. En fait, je l'aurais parié, et pour une raison simple : quand l'amplitude de la foulée diminue, la fréquence du cycle augmente. C'est scientifique. On voit par là combien importe le fait de connaître bientôt le tour de cheville d'USAIN BOLT.

 

 

 

COURIR : porter des chaussures amène le corps, à chaque pas, à prendre appui sur le talon. Laissez tomber la chaussure, très vite vous allez vous appuyer soit sur le milieu, soit sur l’avant du pied. Moi qui ai pratiqué le judo pendant une dizaine d’années (et sans bonnet de bain sur la tête, c’était au J.C.R., Judo Club du Rhône, sous l’égide du fabuleux Maître MIDAN, 9, rue de l’Epée, Lyon 3, j'en parlerai peut-être), je peux confirmer que, quand on se déplace pieds nus sur le tatami, on prend vite l’habitude d’effacer le talon et de tendre la pointe du pied. C’est encore plus vrai sur le sol nu.

 

 

La raison est évidente : attaquer du talon nu sur une surface dure, ça vous le nique en moins de rien, comme le montre le schéma ci-contre, où l'on voit bien que la moitié du calcanéum est en porte-à-faux. sprinteur,usain bolt,jeux olympiques,vitesse Il faut donc avancer avec le pied en extension, pour que le gras du dessous soit le premier point de contact. Conditionnés par l’usage de la chaussure, ce n’est finalement pour nous qu’une habitude à prendre. Ou plutôt à reprendre : après tout, ça ne fait que 4000 ans, selon des sources bien informées, que l’homme a inventé la godasse.

 

 

On nous raconte que la mode du pied nu est née aux Etats-Unis en 2009. « Barefoot runners », on dit. Quelle fable ! Quel orgueil démesuré ! Quelle injustice ! C’est bien la prétention étasunienne qui est ici à l’œuvre, une fois de plus. Ma parole, pour un peu, ils se prendraient pour l’origine du monde, sprinteur,usain bolt,jeux olympiques,vitesse si L’Origine du monde n’était pas un tableau qui scandaliserait les Américains, si religieux quand ils ne sont pas pornographiques. « Ils sont fous, ces Ricains ! », dirait qui vous savez, qui est tombé dedans quand il était petit.

 

 

D’abord, s’il y a mode, c’est plutôt celle de la chaussure. Ensuite, qui a gagné le marathon olympique de Rome, en 1960 ? Je vous le demande. sprinteur, usain bolt, jeux olympiques, vitesse, Un certain ABEBE BIKILA – un Ethiopien de la Garde Impériale du Négus, le Roi des Rois, HAÏLÉ SÉLASSIÉ – qui courait pieds nus sur les chemins pierreux de son pays, et qui a couru ses 42,195 km sans rien aux pieds. En 1960. Les doigts (de pied) dans le nez. Il a en quelque sorte fait un pied de nez à tous les fabricants de grolles qui remuent les méninges surréalistes de leurs bureaux d’études, et qui ne savent plus quoi inventer pour vendre toujours plus et toujours plus nouveau.

 

 

Il en est de même à la Réunion, qui organise la « Diagonale des fous ». Je ne sais pas si vous connaissez. Je ne vais pas vous refaire la liste des 208 sortes de FOUS qu’énumèrent par alternance Pantagruel et Panurge (RABELAIS, Tiers Livre, XXXVIII), mais les cinglés qui font cette course parcourent 162 kilomètres. Cent soixante-deux.  

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JE N'AI PAS CALCULE LE DENIVELE TOTAL,

MAIS IL DOIT Y AVOIR PAS LOIN DE 7000 METRES EN MONTEE.

Ne parlons pas de l’Ultra-Trail du Mont Blanc, 166 kilomètres, 9400 mètres de dénivelé, et tout ça en moins de 46 heures. Le genre de truc qui implique forcément les « médecines » les plus en pointe, si vous voyez ce que je veux dire, et qui finit mal.

 

 

Dans la région, on connaît le Lyon-Saint-Etienne (ou l’inverse), 63 km qui se courent de nuit, début décembre. C’est quelque chose de pas très ordinaire. Mais à la Réunion, déjà que la physiologie du marathonien n’a pas grand-chose à voir avec, mettons, au hasard, la mienne, je vous laisse imaginer celle qu’il faut pour courir le quadruple de la distance (40 x 4), et en pleine nature tropicale, par-dessus le marché. Quand on apprend des choses pareilles, on se dit que « le sport, c’est la santé », c’est un aussi gros mensonge que la petite souris ou le Père Noël (à ne pas confondre avec MAMERE NOËL). Avec un préjugé favorable (… de lapin) pour la petite souris.

 

 

J’ai croisé un ancien participant de la «  Diagonale des fous », dans un petit patelin d’Alsace (on trouve TOUT, en Alsace, exactement comme à la Croix-Rousse, qui est une sorte d’Alsace en réduction) : je n’aurais pas aimé être ses genoux, vu la capilotade où ils étaient. Bref, plusieurs de ces anormaux (des « locaux », nous dit-on) courent pieds nus. Eh bien, réjouissons-nous, leurs pieds arrivent en meilleur état que ceux de certains porteurs de chaussures. La chaussure, voilà l’ennemi.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Suitetfin demain.

lundi, 06 août 2012

QUOI DE NOUVEAU DANS LES NOUVELLES ?

Le soleil est revenu, hier matin. Du coup, il a fait chaud. Très chaud. Est-ce que ce sera bon pour la vigne ? Parlons de la SYRIE.

 

 

Je n’aimerais pas vivre en Syrie en ce moment. Les plages sont polluées et il y fait beaucoup trop chaud. Rendez-vous compte, 40 ° l’après-midi. Et puis le sable y est de qualité assez moyenne. Et puis la clim de l’hôtel marche seulement quand elle l’a décidé. Et puis le champagne qu’on y sert est d’origine douteuse, je veux dire chinoise. Et puis ils ne savent pas ce que ça veut dire, servir frais. L’Iran a bien essayé de remédier au problème, mais leur produit ne contenait ni alcool ni bulles.

 

 

Pour tout dire, leur ruse a été vite éventée : ils prétendaient faire rentrer des devises en recyclant la pisse de leurs chameaux. Mais y a-t-il seulement des chameaux en Iran ? C’était peut-être de l’huile de vidange passée en centrifugeuse, il paraît qu’ils en ont beaucoup là-bas, des centrifugeuses. Et puis, dans les hôtels syriens, le personnel, très courtois et stylé au demeurant, n’est pas formé correctement. Pensez donc, accomplir son service sans gants blancs. A croire qu’ils préfèrent se salir les mains à des besognes inavouables.

 

 

Et puis, en Syrie, l’hygiène corporelle laisse à désirer. Bon, je comprends bien leur souci d’économiser l’eau, mais ça finit par sentir la chair en décomposition, ce qui n’est pas bon pour le tourisme. On ne peut rien contre l’odeur de cadavre, sous ces latitudes.

 

 

Bon, j’arrête. Ce n’est pas que ça n’aurait pas été amusant. J’aurais mis BACHAR EL ASSAD en maître-nageur implacable d’une piscine olympique remplie d’une eau vaguement rougie, et ajustant à la kalachnikov le premier qui se laisserait aller à pisser dans l’eau. Et puis je me suis dit que ça devenait laborieux, lourd, voire fâcheux. Au sens de MOLIERE. Pourtant, l’humour noir, je suis à fond pour.

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IL EST PAS MIMI, EN MAÎTRE-NAGEUR ?

 

L’humour noir, c’est un souverain antidote au poison sentimentaliste, à la dégoulinade humanitaire, au grand épanchement douloureux étalé par tous ceux qui sont, pour leur bonheur et leur sécurité, très loin de ce qui s’appelle un « champ de bataille ». Tous ceux qui peuvent donc éprouver des « bons sentiments », et surtout le faire savoir. Et tout ce qui est antidote, surtout pour la tête, je suis pour : ce n'est pas pour rien que j'ai baptisé ce blog ALEXIPHARMAQUE. Contrepoison, si vous préférez. Contre tous ceux qui proclament : « Voyez comme je suis bon ! ».

 

 

Rappelons-nous ce que LOUIS-FERDINAND CÉLINE découvrit à Paris, en décembre 1914, hospitalisé au Val-de-Grâce après les deux graves blessures reçues à Poelkapelle (une balle ricochante (= avec ébarbures de plomb) et un éclat d’obus non loin du rocher, autrement appelée partie pétreuse de l’os temporal) : l’insouciance, la veulerie et le mépris de « l’arrière » et des « planqués » pour la mort de ceux qui étaient au front. On peut dire que ça lui a ouvert les écoutilles.

 

 

Les apitoiements de toutes les bonnes âmes sur les victimes civiles de la guerre de Syrie, sont le meilleur moyen de ne rien comprendre à ce qui se passe en réalité. Franchement, dans le monde, qui est prêt à se déclarer, à froid, partisan de la guerre et adversaire de la paix ? Tout le monde est d’accord pour que le sang ne coule pas. Tout le monde est pour la paix. TOUT LE MONDE EST POUR LA PAIX.

 

 

Seulement voilà, le sang coule quand même. Acroire qu'il ne peut pas s'empêcher. Je serais à la place des grands sentiments humanitaires, je serais profondément vexé, et j’annoncerais à grands renforts de trompettes que, pour punir les couleurs de sang (couleurs = ceux qui le font couler, ndlr), je me lance dans une grande BOUDERIE. Ils seraient tous bien attrapés, comme dirait le petit Nicolas, de SEMPÉ et GOSCINNY. Et que je ne cesserai que quand, … que lorsque, … que si … Et voilà tout. C’est vrai, il faut savoir leur parler, aux dictateurs.

 

 

La vérité ? Je ne la connais certes pas, mais je me dis que si le sang continue à couler malgré les bouderies de vierge effarouchée de KOFI ANNAN et de l'ONU (je suis injuste : on ne peut raisonnablement en vouloir à un combattant qu’on envoie au combat avec des menottes aux mains, rappelons-nous Srebrenica, et l’interdiction faite aux casques bleus de s’opposer par la force aux troupes fanatisées de RATKO MLADIC), c’est bien que des volontés (et des stratégies) extrêmement puissantes sont en train de s’affronter sur le terrain syrien, et que le vulgum pecus dont je fais partie en est réduit au rôle de spectateur paralytique.

 

 

Et ça, je ne peux plus. Je ne peux plus jouer ce rôle du « saule pleureur de victimes innocentes ». Trop c’est trop. Trop de victimes. Je ne peux plus m’apitoyer. Personne ne peut m’obliger à passer ma vie à pleurer sur le sort des victimes. Devant ma radio ou ma télévision. En tant qu’individu individuel, je ne peux que proclamer fièrement mon incapacité à agir sur les événements qui font l’histoire, et ma fierté à me proclamer « spectateur 100 % pur gros porc ». A ma grande honte. Mais, à la réflexion, la honte se dissipe.

 

 

D’ailleurs, franchement, le feuilleton syrien me saoule au point que j’ai décidé de quitter la salle de projection avant la fin. Je suis désolé pour vous qui mourez, vous qui souffrez, vous qui êtes torturés à mort, vous qui avez perdu un fils, une jambe ou la tête. Je ne peux strictement rien pour vous. Toute cette affaire n’est pas de mon ressort. Je ne suis pas décideur. Elle ne me concerne donc pas. Du ressort de quel citoyen de base est-elle, d’ailleurs ? L’ « opinion publique » ? Laissez-moi rire. C’est bon pour l’Orphée aux Enfers d’OFFENBACH, une œuvre qui va gaillardement sur ses 160 ans :

 

« Qui je suis ? Du théâtre antique

J’ai perfectionné le chœur ;

Je suis l’Opinion Publique,

Un personnage symbolique,

Ce qu’on appelle un raisonneur.

Le chœur antique en confidence

Se chargeait d’expliquer aux gens

Ce qu’ils avaient compris d’avance

Quand ils étaient intelligents.

Moi je fais mieux, j’agis moi-même,

Et, prenant part à l’action,

De la palme ou de l’anathème

Je fais la distribution. »

 

 

En gros, OFFENBACH a mis sur la scène cette voix de mazzo-soprano pour qu'elle figure l'énorme BLA-BLA ambiant. L’opinion publique n'existe pas. C'est un bruit de fond. Ce sont les journaux, les radios, les télévisions qui la font, l’opinion publique. A la limite, les journaux, les radios et les télévisions (ajoutons internet), je leur en veux de me mettre ce spectacle sous les yeux et les oreilles. De me l’imposer, leur opinion publique.

 

 

 

Qu’est-ce que ce bourrage de crâne peut finir par créer dans le dit crâne ? C'est fait pour terrasser de terreur. Je vais vous dire : c'est fait pour inspirer la peur, la culpabilité, la certitude de l’impuissance devant le réel que d’autres nous façonnent à leur gré. Et pour finir, la soumission à je ne sais quelle fatalité.

 

 

Je vois bien ce qui risque d’arriver, avec l’histoire syrienne : chaos, islamisme, guerre totale, vu le nombre de pays importants impliqués dans l’affaire, mais je vais vous dire : comme je n’y peux rien, j’estime avoir le droit, que dis-je, j’estime avoir le DEVOIR DE M’EN FOUTRE. Expliquez-moi à tire-larigot que l’ordre du monde se joue là, et pas ailleurs.

 

 

Que ce qui est imposé aux Syriens est terrible. Eh bien je vais vous dire, l’ordre du monde, JE LE COMPISSE, JE LE CONCHIE. A quoi ressemblerait le monde, aujourd'hui, si SARKOZY n'avait pas envoyé ses Rafales sur Benghazi ? Qu'est-ce qui peut m'obliger, moi, citoyen basique, à ne pas supporter les morts d'ailleurs ? En quoi il me concerne, franchement, l'ordre du monde ?

 

 

Pour une raison qui n’est peut-être pas excellente : pendant que la caméra mondiale est braquée en permanence sur la Syrie, il n’y a plus personne pour regarder les violences en Somalie, le viol industriel qui règne au nord-ouest de la République Démocratique du Congo, les violences au Sud-Soudan, j’arrête là. Quel être raisonnable aurait la prétention de croire qu'on peut faire régner l'ordre et la paix sur notre planète ?

 

 

Ce qui m’étonne, c’est que les foules spectatrices soient toujours convaincues, qu’il est possible de sauver les autres (« Mais faites quelque chose ! », entend-on depuis les débuts de cette autre atrocité que constitue l'action humanitaire). Donc qu’il faut les sauver. Comme SARKOZY qui, en déclenchant la foudre contre KHADAFI, a réussi à déstabiliser gravement tous les pays de la région sahélienne. Là encore, je ne peux que conspuer cette maxime chère à ma tante A. (voir hier) : « Quand on veut, on peut ».

 

 

Vous comprenez pourquoi je me suis tourné vers la ’pataphysique ? C’est parce que

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Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

dimanche, 05 août 2012

DU PETIT NOMBRE DES FEMINISTES

Il a plu patiemment toute la nuit. Un peu de météo ne saurait faire de mal, surtout quand on ne se hasarde pas à prévoir le temps qu'il va peut-être faire prochainement, mais quand on constate les dégâts après qu'ils se sont (si, si!) produits : on prend moins le risque de courroucer les clients. Fin du préambule. Venons-en à l'essentiel.  

 

 

C’est entendu : les femmes qui portent le drapeau de la cause des femmes, les femmes qui luttent contre la « domination masculine », les femmes qui en ont assez de ces regards masculins qui s’attardent sur leurs formes de devant ou de derrière, qui en ont assez de n’exister dans le regard des hommes que parce qu’elles ont des seins avantageux (« vise-moi ce balcon ! ») ou un popotin charmeur (« vise-moi ce valseur ! »), en un mot, les FEMINISTES ont le droit de vivre, de respirer et de refuser cet ordre des choses qui leur semble insupportable.

 

 

Elles ne peuvent toutefois empêcher les autres femmes de vivre à leur guise. Elles ne peuvent régenter le quotidien des autres femmes. Qui sont, malgré qu'elles en aient, l'écrasante majorité, je veux parler des femmes normales (terme de plus en plus contesté). On a le droit de s’en réjouir. Voire de s'en féliciter. Parce que le sort des hommes n'est sans doute guère plus réjouissant.

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ONT-ELLES HONTE, A BERLIN ?

 

Elles ne peuvent pas, contrairement à l’ambition révolutionnaire, mais non sans précédent (MARTHE RICHARD, en fermant les « maisons » en 1946, pensait sans doute parvenir au même but) qui anime Madame VALLAUD-BELKACEM, voir ci-contre femme,féminisme,militantisme,intolérance,najat vallaud-belkacem,marthe richard,prostitution,bordels,plus vieux métier du monde,publicité,charme,aubade,lingerie féminine,soutien-gorge,bodypainting,concours t-shirt mouillé, d’abolir (au grand dam des professionnelles) le plus vieux métier du monde, à grands coups de tornades blanches et de paroles verbales (« Vous allez voir ce que vous allez voir », SARKOZY est passé par là), et d'empêcher une femme qui le désire (je ne parle pas du proxénétisme mafieux qui, jusqu'à présent, ne concerne que les femmes, allez savoir pourquoi) de louer son corps contre juste rétribution.

 

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A-T-ELLE ETE CONTRAINTE ?

 

Elles ne peuvent interdire à des demoiselles avantagées du buste par une nature généreuse, sur les plages d’été, de se faire déverser de l’eau sur le t-shirt, pour que l’étoffe colle à leurs formes en toute transparence. Elles ne peuvent interdire à d’autres demoiselles de prêter tout ou partie de leur peau à des artistes et des coloristes virtuoses, pour devenir, le temps d’un rêve, une sorte d’œuvre d’art (on appelle ça, en bon français, du bodypainting).

 

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A-T-ELLE UNE CULOTTE ?

Même quand elles hurlent à la mort et crient bêtement à l’humiliation de TOUTES les femmes, quand un publicitaire a l’idée d’utiliser, sur une affiche, le corps d’une de leurs semblables (à la plastique, là encore, largement favorisée par la nature) pour vendre des yaourts, des voitures ou des soutien-gorge, elles ne peuvent interdire à celles qui le souhaitent de se procurer, par exemple, la parure qui va, pensent-elles, les embellir en toute intimité.

 

 

 

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A-T-ELLE ETE PAYEE CORRECTEMENT ? 

 

Félicitons-nous donc que le dogme du féminisme doctrinaire ne soit pas au pouvoir pour faire la police des moeurs. Qui est, en dernier ressort, coupable de la déliquescence ? Je veux dire : quel individu ? Quelqu'un osera-t-il encore, pour soutenir le mythe de l'individieu acteur de sa propre vie, nier le rôle de la structure, de l'infrastructure, et autres « fadaises marxistes » ? Qui, en dehors de ma tante A. (celle qui s'est prise pour un garçon, obligeant ainsi ses fils à devenir des filles), exaltée du bulbe et altruiste fanatique, osera proclamer que « quand on veut, on peut » ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.  

samedi, 04 août 2012

QUOI DE NOUVEAU DANS LES NOUVELLES ?

C’est vrai, quoi, on nous cache tout, on nous dit rien. Non, ça, c’est une vieille chanson yéyé. Bon, c’est pas tout ça, mais il faut rattaquer, on dirait. Allez, à la mine. Alors voilà : quoi de neuf ? C’est ce que disait invariablement mon père en rentrant le soir à la maison. Cela semblait vouloir dire : « Quoi de neuf dans le nouveau des nouvelles ? », mais ce n’était pas une question.

 

 

Après tout, la réalité temporelle n’est jamais ancienne. Au contraire, vous avez sûrement remarqué qu'elle se renouvelle à chaque instant. On appelle ça des « événements ». Il y en a pour tous les goûts : des petits, des moyens, des grands, et même des historiques. En ce moments, les « historiques », c’est tous les jours, voire plusieurs fois pas jour.

 

 

 

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Tenez, en ce moment, il y a des « Jeux Olympiques », une vague espèce de foire aux événements « historiques », où il s’agit, pour des jeunes gens et des jeunes filles apparemment très bien et convenablement formés aux usages, de se dégourdir les jambes sous l’œil des caméras et des chronomètres. Je résume.

 

 

Il y a beaucoup de gens qui trouvent ça très intéressant, et qui passent le plus clair de leur temps avachis, comme des bouses fraîchement tombées du cul de la vache, devant un rectangle lumineux animé, couramment appelé « récepteur de télévision ». C’est assez drôle, je trouve, mais après tout on trouve son plaisir où l’on peut.

 

 

J’entendais dernièrement, accoudé à un comptoir, un individu qui, de toute évidence, se laissait pousser la graisse (jamais vu des omoplates pareilles, ma parole, ça voulait déverser le flot écumant d’un Niagara de gras double hors du "marcel" forcément trop étroit !) lancer dans un grand hoquet d’enthousiasme sportif un éloge éructé de l’exploit « historique » d’un nageur français qui a fait honneur à la nation en humiliant ses adversaires américains, uzvarèches et moldo-valaques.

 

 

Je n’en disconviens pas : cet enthousiasme a pour moi quelque chose d’énigmatique. Et c’est d’autant plus vrai que, par-dessus le marché, j’ai entendu, de la bouche même de CYRILLE GUIMARD (qui a failli être un champion cycliste, dans le temps), que la grande vertu de l’athlète de haut niveau se situe dans sa « capacité à se faire mal ».

 

 

Autrement dit, plus l’athlète se fait mal, plus la graisse dégouline d’enthousiasme hors du marcel du spectateur conquis. C’est la loi des vases communicants. Ce qui reste étonnant, c'est qu'il y a peut-être 30.000 athlètes à Londres et qu'en face, les bouses avachies devant le poste se comptent par milliards. J'espère que personne ne se sent visé ou insulté : telle n'est pas mon intention.

 

 

Vous voulez que je vous dise pourquoi je n’ai que mépris pour le soi-disant « olympisme » des Jeux Olympiques ? Parce que c’est une vaste farce : combien de gens savent que le Comité International Olympique (C.I.O.) n’est pas une Institution, une sorte d'O.N.U. dédiée au Sport, une entité abstraite et désintéressée, située très loin au-dessus des appétits de toute sorte, très loin au-dessus du panier de crabes ?

 

 

Car ce que très peu de gens osent dire en public, c'est que le C.I.O. n'est pas cette structure idéale, neutre et au-dessus des partis, mais une vulgaire entreprise privée. Combien de gens savent que le dit C.I.O. obéit, pour son fonctionnement, aux règles du droit suisse ? « Farpaitement ! », s’écrie Obélix, dans Astérix chez les Helvètes.

 

 

Les Jeux Olympiques, s’ils ont porté, il fut un temps, l’idéal de la gratuité de l’effort humain et de l’abnégation, sont depuis longtemps une simple machine à cash, construite dans la plus parfaite opacité de fonctionnement. Depuis 1980, pour être précis. Quand le C.I.O. fut pris en main par un certain JUAN ANTONIO SAMARANCH. Qui fit prendre à l'entreprise le virage enthousiaste de la mondialisation marchande.

 

 

Rappelons que le nommé JUAN ANTONIO SAMARANCH, mort en 2010, fut ministre des sports sous FRANCO, et se fit aider, pour accéder à la présidence du Comité, par ANDRE GUELFI, alias DÉDÉ LA SARDINE, accessoirement condamné par la justice française pour avoir mis les doigts dans de la confiture peu légale, celle qui rapporte donc un maximum.

 

 

Tiens, une petite question : en échange de quoi le C.I.O. a-t-il autorisé une judokate saoudienne à concourir la tête couverte d'un voile ? Comment circule l'argent olympique ? Où trouve-t-on le bilan financier de l'entreprise olympique ?

 

 

On le voit, l’idéal olympique est guidé par de « vraies valeurs ». Comment voulez-vous, dans ces conditions, qu’on puisse s’intéresser à l’olympisme quand on n'a pas une vie ennuyeuse ? N'y a-t-il pas, à la base de l'intérêt des masses humaines pour le spectacle olympique, le sentiment de s'ennuyer dans l'existence ? A la rigueur, en 1964, à Tokyo, quand vous avez vu que MICHEL JAZY, au lieu de placer son accélération irrésistible, se faisait lâcher, vous avez éprouvé une vexation. En vous, c’est le drapeau français qui se trouvait froissé, humilié, piétiné.

 

 

 Mais aujourd’hui ? Où est-il, le drapeau français ? Où est-elle, la nation ? Il n’y a guère qu’en Suisse qu’on voit le drapeau rouge à croix blanche dressé dans les jardins des maisons. Très curieux, ne trouvez-vous pas ? En France, le drapeau tricolore est sifflé, la Marseillaise n’est chantée que par le sportif égaré. Combien y a-t-il de patriotes véritables, en France, aujourd’hui ? Ne parlons plus de la nation, s’il vous plaît. Parlons d’affaires à faire. De marché. De transactions. La marchandise a avalé l’ordre des valeurs. La marchandise est l’ordre du monde. Parlons donc de Mafia olympique, et tirons l’échelle.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.


 

jeudi, 19 juillet 2012

BACCALAUREAT : DES PERLES AUX VERRATS

Résumé : le niveau des élèves français monte inexorablement. La preuve, c’est que le taux de réussite au baccalauréat atteint bientôt 80 % d’une « classe d’âge ». La preuve c’est que le taux de Mentions Très Bien a été multiplié par 10 en à peine un demi-siècle. C’est bien entendu le conte de Noël qu’on raconte aux petits, aux grands et aux vieux enfants de France. C’est aussi une vaste FARCE.

 

 

Je ne vais pas une fois de plus entonner mon refrain sur la destruction de l’école, d’autres, bien plus compétents, s’en sont chargés (LILIANE LURÇAT, La Destruction de l’école élémentaire et ses penseurs, F. X. De Guibert, 1998), avec la même énorme et remarquable efficacité.

 

 

Je dis simplement que les gens responsables, les décideurs, ils sont tous au courant de ce qui se trame, et qu’ils racontent des salades au bon peuple. Et que le bon peuple, il semble être très amateur de salades. A moins que les salades en question soient pour eux comme des bouées de sauvetage auxquelles ils se cramponnent en désespoir de cause ?

 

 

Bref, il y aura eu, en 2012, 605.928 nouveaux bacheliers. Sachant qu’une classe d’âge compte environ 800.000 individus (c’est le nombre annuel approximatif des naissances en France), on vous demande de calculer de quelle quantité par heure fuit la baignoire éducative nationale. Question subsidiaire : quel tarif pour colmater complètement la fuite serait en droit d’exiger le plombier, si la nation exigeait d’arriver à 100 % de la « classe d’âge » ? Prohibitif et hors de portée, mon Général.

 

 

Pour finir, je voudrais indiquer un « truc » aux parents pour que leur gamin réussisse le bac les doigts dans le nez, avec mention TB pour un nombre non négligeable. Vous ne me croyez pas ? Eh bien je prouve que c’est possible. Et pas plus tard que tout de suite. Je vous le dis, tout est une question de PRENOM. Si, si, je vous jure. Il y a des prénoms, c’est la mention TB les doigts dans le nez. Il y en a d’autres, c’est la déconfiture assurée. Que dis-je : la faillite, la ruine, le fiasco. En un mot comme en trois, le bouillon, la pâtée, la gamelle.

 

 

Evidemment, d’une part, c’est une recette qui se prépare, en moyenne, dix-sept ans à l’avance. Ben oui, c’est là qu’on le choisit, le prénom du rejeton. Difficile d’enfourcher un autre dada en cours de route. D’autre part, comme je vous connais, vous allez vouloir savoir quels sont les prénoms à fuir et quels à adopter sans même réfléchir. C’est-y pas vrai ?

 

 

Allez, bon prince je suis, bon prince je reste. N’hésitez donc pas : fuyez à toutes jambes les Nabil ou Youssef. Aucun (AUCUN) des premiers (105) ou des seconds (125) n’a eu la mention TB en 2012. Evitez tant que faire se peut, si vous pouvez et sans vexer personne, les Kevin et autres Christopher : le rendement n’est pas tout à fait nul, mais si peu que rien.

 

 

En milieu de peloton, bien groupés avec des chances raisonnables, sans plus, de gagner une étape du Tour, voire de porter le maillot jaune pendant un jour ou deux, vous avez, entre autres, Apolline, Fleur, Augustin, Béatrice, Henri. Avançons encore : Marie-Anne, Anne-Claire ou Gaspard, sans être des « cracks », n’hésitent pas à produire le maximum d’effort en se jetant sur le fil. Leurs parents sont fiers d’eux. La palme, cependant, revient sans conteste au quatuor des Madeleine, Irène, Côme et Ariane.

 

 

On va dire que je galèje, que je baliverne, que j’histrionne. Pas du tout. C’est très sérieux. C’est même scientifique. Pour tout dire, c’est STATISTIQUE. Il est prouvé qu’un quart des Madeleine ont obtenu la mention très bien. De même que pour Irène, etc. Anne-Claire et Gaspard n’y sont arrivés qu’à raison d’un cinquième. Pour le milieu du peloton (voir ci-dessus) la mention TB tombe à 15 %. Ce n’est pas mal, mais le résultat a quelque chose de frustrant et décevant. Je serais presque tenté de les plaindre et de m’apitoyer.

 

 

Et je ne veux pas faire de peine à tous les autres. Je tairai donc les résultats obtenus par les Kevin, Youssef ou Nabil. Il y aurait de la discrimination raciale dans l’air que ça ne m’étonnerait pas. A quand, l’égalité des prénoms devant la réussite au baccalauréat ? Va-t-il falloir que la loi impose des quotas ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mercredi, 18 juillet 2012

LE BAC : UN COURONNEMENT ?

Ainsi donc, le Baccalauréat a encore eu lieu cette année. Il n’y a pas de quoi s’étonner, quand on constate que le niveau des élèves de terminale ne cesse de se hausser à des hauteurs de plus en plus vertigineuses. Le Ministère de l’Education Nationale n’a-t-il pas en effet trouvé la force (en poussant comme un malade, il est vrai) de nicher, en les serrant bien dans d’innombrables cases pas trop larges, 85 % d’une « classe d’âge » (je raffole de la formule).

 

 

Bon, c’est vrai qu’à la sortie, il y a eu un peu de déchet, puisque la proportion de la « classe d’âge » à obtenir le sésame pour l’enseignement supérieur tombe à 77,5 %. Il n’empêche que le niveau de nos jeunes ne cesse de progresser, puisque cette proportion ne cesse de progresser. C’est logique, non ? Et il faut s’en réjouir. Allez, reprenons en chœur : « Alléluia ! Gloria ! ».

 

 

C’est sûr, le niveau des élèves bat d’une année sur l’autre son record précédent. Vous voulez une autre preuve ? Ben, regardez les mentions. En 1967, on comptait, en tout et pour tout, 0,7 % de mentions TB. Qu’est-ce qu’ils étaient mauvais, quand même ! Et les autorités n’avaient pas honte ! Regardez en 2012 : 7 % !!! Un taux dix fois supérieur. Enfoncés, les ancêtres ! LE NIVEAU MONTE, je vous dis. « Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? », aurait demandé finement COLUCHE.

 

 

Et les mentions, en général, vous allez me demander, comment ont-elles évolué, entre 2002 et 2012 ? J’allais justement vous le dire : toutes confondues, elles sont passées de 33,1 % à 54,3 %. Un gain d’un tiers (à vue de nez et au doigt mouillé). Plus de la moitié des lycéens français obtiennent le bac avec mention. S’il y en a encore parmi vous qui doutent que LE NIVEAU MONTE, c’est à désespérer.

 

 

Voilà donc le refrain qu’entonne le « journal de référence » (alias « journal du soir », alias Le Monde), avec un gros titre de « une », qui dit bien haut tout le bien qu’il faut penser de la chose : « Objectif atteint : 85 % d’une génération au niveau du bac ». Chacun de nous est évidemment transporté d’aise et « ne se sent plus de joie » (c’est dans quelle fable, déjà ? allez, on se remue les méninges).

 

 

Notez cependant l’hypocrisie du Monde dans son titre : « au niveau du bac ». C’est vouloir à tout prix voir le verre à moitié plein. J’avais une grand-mère qui, à force de vouloir arriver à cent ans, confondait allègrement « 97 années accomplies » et « dans ma 98ème année ». En comptant comme ça, elle avait fini par arriver à quasiment 99. Les cent ans, c’était comme si c’était fait. On n’allait pas avoir la mesquinerie de mégoter là-dessus, quand même : elle était quasiment « au niveau 100 ». Mais oui, Mamie, je t’embrasse. Tu aurais mérité d’y arriver.

 

 

Les 85 % du journal, c’est la même chose : ça tient du coup de pouce. Donc du coup de bluff. Maintenant, trêve de plaisanterie, j'arrête de faire comme si. Naturellement (j'espère), tout le monde a compris que JE ME GAUSSE, que je parle en pouffant (essayez, tiens), que j'ironise : tout le monde, quand il est de bonne foi, sait que tout ça relève de la FARCE.

 

 

Pour une raison simple : la performance globale de l’école française, de moins en moins bien placée dans la « compétition internationale ». Le système éducatif français, pris dans son ensemble, tombe en ruine. Et je le sais : j'y suis entré quand les premières lézardes ont commencé à fendiller les murs.

 

 

Je veux bien sûr parler de la REFORMITE, cette maladie gouvernementale qui a consisté à inlassablement déstabiliser l'édifice et à vouloir mieux démolir tout en prétendant reconstruire. Ce résultat vaut mieux que toutes les eaux de rose et tous les rubans fleuris dont les ministres de l'Education (droite comme gauche) ont enrobé et emballé leur action quand ils étaient « aux affaires » (quand Louis XIV était "à ses affaires", il faut le savoir, il était assis sur sa chaise percée).

 

 

Ce n’est pas pour rien que 140.000 élèves par an, entre 2005 et 2007 sont sortis sans aucun diplôme du système éducatif. Ce n’est pas pour rien que le temps effectif de cours, sur une séance de cinquante minutes (la norme), diminue inexorablement (temps de mise au travail, bruit de fond permanent (basse continue ou ostinato, je ne sais pas)dû aux bavardages, élèves de plus en plus incontrôlables et imperméables, …).

 

 

Tiens, rien que pour rire un peu et only for fun, et si on faisait passer aux élèves d'aujourd'hui (supposons la formation et les programmes identiques) les épreuves d'il y a quarante ans ? Non ? Vous croyez que ce serait trop cruel ? Bon, tant pis pour mon idée fumeuse.

 

 

JEAN-PIERRE CHEVENEMENT avait une bonne intention (l’enfer en est pavé, paraît-il) en fixant, avec son idéal d’ « élitisme républicain », la barre à 80 % d’une classe d’âge au bac. Mais tout le monde a fort bien compris que, s’il y a, proportionnellement, dix fois plus de mentions Très Bien en 2012 qu’on 1967, ce n’est pas parce que le niveau a monté : c’est parce qu’on a descendu la barre, il n’y a pas à sortir de là.

 

 

Sinon, comment expliquer qu'entre l'activité des élèves constatée par les professeurs et les résultats au baccalauréat, s'est progressivement creusé un abîme insondable qui, au vu des "mentions" accordées, fait se tordre les boyaux aux observateurs les plus neutres, je veux dire ceux qui ne tordent pas la réalité pour qu'elle colle à leur doctrine ?  

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.


 

dimanche, 15 juillet 2012

DES EMPLOIS, PAR PITIE !

Résumé : si de vrais industriels investissent dans de vraies industries, ça les enrichit, parce que ce qu’ils veulent d’abord, c'est s'enrichir, mais il y a des retombées favorables au plus grand nombre, parce que ça donne du boulot. Pour une raison très simple : le travail productif produit de la richesse.

 

 

Voyons Peugeot, maintenant. Qu’est-ce qu’il fait, Monsieur Peugeot ? Il ferme l’usine d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Ses usines sont en « surcapacité ». Encore un joli euphémisme. Ça veut dire quoi, « surcapacité » ? Moi, je traduis par « inutilité ». Ben oui, quoi, une usine qui produit trop, c’est une usine qui ne vend pas assez. Ça veut dire qu’il n’y a pas assez de gens qui achètent des voitures. Cela veut dire que les voitures produites ne trouvent pas preneurs. Et donc ne servent à rien. Dès lors, pourquoi s'acharner ?

 

 

Il faut savoir que le parc automobile français est chargé (au 1er janvier 2012) à raison d’à peu près 500 voitures pour 1000 habitants. En France, au 1er janvier 2012, il y a un peu plus de 38.000.000 de véhicules immatriculés, pour 65.000.000 d’habitants. Plus d'un pour deux habitants. Faire mieux serait inquiétant pour la couche d'ozone. En Chine, le parc automobile compte environ 40 véhicules pour 1000 habitants, et 100.000.000 de voitures en circulation. Conclusion ? Il reste de la marge. Pas en France, on est bien d'accord ? En Chine.

 

 

Dans ces conditions, essayons d’imaginer ce qui va se passer en France : Peugeot va supprimer 8000 emplois. Ça fera 8000 salaires en moins. Donc moins de gens pour acheter des voitures. Appelons ça un cercle vicieux, et n’en parlons plus. Et c’est un processus. Je veux dire que c’est comme un haut fourneau ou comme un super-porte-containers : il faut du temps pour remettre en route ou pour changer de cap. Il y en a qui disent : inverser la tendance.

 

 

En ce moment, réjouissons-nous et profitons bien du fait qu’il n’y a encore que 4.000.000 de chômeurs, à peu près 10 % de la population active. Combien de temps pour rejoindre l’Espagne avec ses 20 % ? Je ne sais pas, mais c'est parti pour. J’ai parlé de processus, et celui qui est à présent en cours n’est pas difficile à identifier : c’est un processus de paupérisation. La vieille histoire des vases communicants : pendant que l’économie de la France se satisfait de se contracter de - 0,2 % (parce qu'elle craignait pire), celle de la Chine patine avec une croissance de seulement + 7 % (comme le déplorent quelques amusants journalistes, enfin, pas si amusants que ça).

 

 

« Rien ne se perd, rien ne se crée » disait, je crois bien, LAVOISIER. Pour faire bonne mesure, il ajoutait : « Tout se transforme ». Rien ne se crée : la richesse de quelqu’un est forcément prise dans la poche de quelqu’un. Et plus quelqu’un est riche, plus nombreuses sont les poches qu’il a vidées. C’est de la mécanique des fluides, pour ainsi dire.

 

 

 

La France va arriver à 20 % de chômeurs (et pourquoi pas davantage, après tout ?). Heureusement, Zorro est arrivé. Je veux dire que la France va être sauvée. Vous devinez par qui ? Par Monsieur Baccalauréat. Si, si ! C'est même en "Une" du Monde. Un titre comme on en trouve un par siècle, et qui prouve que Le Monde a TOUT compris du monde dans lequel il vit (cela veut dire, évidemment, RIEN COMPRIS DU TOUT).

 

 

Pensez, à la date du Samedi 14 juillet, il titre triomphalement : "OBJECTIF ATTEINT : 85 % D'UNE GENERATION AU NIVEAU DU BAC". "Objectif atteint". Cela résonne comme : " Mission accomplie, mon Général". "Objectif atteint", on en frémit de fierté nationale et d'orgueil cocardier. Ainsi, articule avec peine le lecteur ému aux larmes, la France est capable de "se fixer des objectifs". Mieux, se dit-il avec des trémolos dans la voix, la France est capable "d'atteindre des objectifs". Que demande le peuple ?

 

 

Que demande le peuple ? Il voudrait simplement savoir un peu plus précisément ce qu'ils savent, les bacheliers. Ce dont ils sont capables. Et, très accessoirement, ce qu'ils ont envie de faire. Je sais, je généralise bêtement.

 

 

Alors, trêve de plaisanterie, cette Grande Conférence Sociale ? Quoi de neuf ? RIEN. On va forcément vouloir faire comme si : comme si on voulait poser des petites rustines sur des trous plus grands qu’elles. En gros, je vais vous dire, on va réfléchir à ce qu’on va pouvoir prélever dans la poche des gens qui ont encore un travail pour venir en aide aux cohortes toujours plus nombreuses de ceux qui n’en ont pas. Cela s'appellera TVA sociale ou augmentation de la CSG, prenez-le comme vous voudrez, on en reviendra forcément toujours à ça.

 

 

Il n’y a pas besoin d’être con comme un « économiste » (j'aime assez la formule, et vous ?) pour ne pas avoir envie de se raconter des histoires. Si personne n’est assez fort pour pousser la France à se REINDUSTRIALISER, et pour que la France, à nouveau, produise elle-même des richesses, ce qu’il faudrait dire aux gens, c’est de faire très attention, et de bien regarder le trou béant dont ils sont en train de s’approcher, pour qu’ils ne se trompent pas de pied au moment où ils le mettront dedans.

 

 

Alors moi, c’est sûr, j’aimerais bien que la Grande Conférence Sociale débouche sur du concret. En l’état actuel des choses, malheureusement, je crains fort qu’il s’agisse moins de peser sur la réalité (la production industrielle de richesses) que de parler pour rassurer et pour donner à espérer. Cette conférence est une simple machine à fabriquer de l'incantation au kilomètre, comme de la saucisse.

 

 

 

Les participants participent et les partenaires sociaux partenarisent à qui mieux-mieux : ils font des bulles en espérant je ne sais comment que les gens croiront dur comme fer que le vent qu'ils font va devenir une mayonnaise bien prise. En attendant, ils espèrent donner à espérer aux gens qu'ils représentent, qu'ils emploient ou qu'ils administrent. Ils espèrent raconter l'histoire assez bien pour que les gens y croient.

 

 

 

Comment s’appelle-t-il, ce « responsable » politique qui vient de déclarer qu’il fallait d’urgence s’efforcer de rendre le territoire français séduisant pour les investisseurs étrangers ? C'est vrai ça, qu'est-ce qu'il a contre des investisseurs français ? Peut-être qu'il n'y en a pas ? Et n’est-ce pas une façon de croiser les doigts et d’espérer un miracle venu d'ailleurs ?

 

 

C’est sûr, FRANÇOIS HOLLANDE va prochainement, devant les caméras, et en présence de toutes les Françaises et de tous les Français, « guérir des écrouelles » un chômeur en fin de droits. A quand, après ceux de Saint LOUIS, le miracle de Saint FRANÇOIS ?

 

 

Et juste après, promis-juré, le Président HOLLANDE, il marche A LA FOIS sur les mains et sur les eaux.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

samedi, 14 juillet 2012

DES EMPLOIS, S'IL VOUS PLAÎT

Tiens, avant de commencer, à propos de MOHAMED MEHRA : je n'ai aucun scoop à diffuser, seulement une question. Les flics qui étaient sur place étaient des superflics, surentraînés, supercompétents. Les plus pointus, n'est-ce pas ? Comment se fait-il qu'aucun tireur d'élite, un sniper, vous savez, ces gars capables de percer une pièce d'un euro à 1000 mètres, n'a été en mesure de BLESSER MEHRA (épaule, jambe, ou autre) ? Ma question, c'est : quelqu'un a-t-il donné l'ordre d'abattre MOHAMED MEHRA ? Fin du préambule.

 

 

Résumé de l'épisode précédent : les contrats industriels avec « transferts de technologie », signé avec la Chine (et d’autres) ont vidé la France d’une bonne part de sa capacité de « production de richesses ».

 

 

Les (ir)responsables politiques et industriels français ont ainsi rêvé d’une division mondiale du travail : les boulots de pauvres (production, fabrication, saleté) dans les pays pauvres. Les boulots nobles (= col blanc, créativité à fortes retombées sonnantes) devaient continuer à enrichir les pays riches. Le boulot noble, ce n’est pas celui qui salit les mains, n’est-ce pas ? C’est celui qui trace sur le papier les équations, les lignes, les projets. On appelle ça la CONCEPTION. Des industries sans usines, on vous dit. Et des usines sans ouvriers.

 

 

Toutes les entreprises d’une certaine taille ont un Bureau de Recherche et Développement (abrégé en R & D). C’est là qu’on pense le futur. C’est là qu’il y a de l’espionnage industriel (pardon, il faut dire « intelligence économique »). Mais les Chinois, ils ont compris : ils produisent (ainsi que les Indiens) dix ou trente (ou cent, ou mille) fois plus d’ingénieurs que la France. Et la France n’a plus les moyens (mais a-t-elle seulement l'envie ?) d’éduquer correctement ses jeunes. Vous devinez l’avenir ? Moi, oui, et pourtant je ne suis pas devin.

 

 

Moralité, les richesses, il faut les PRODUIRE. Je ne sors pas de là. Si vous ne les produisez pas, vous devez les acheter (pour les besoins vrais, mais aussi les « besoins » que les publicitaires nous ont fait découvrir qu'on avait). La France doit acheter ce qu’elle ne produit pas, et dont elle a cependant besoin (ou « besoin »). Exemple, le pétrole, les ananas, l’huile (oui !), mais aussi, les écrans plats, les iphones et tout le toutim.

 

 

Or, tout tend à prouver que la France a renoncé à produire. Je connais quelqu’un (vaguement apparenté) dont le métier a consisté, pendant des années, à vendre des machines-outils à la Bulgarie, à la Turquie, voire plus loin. Je peux vous dire que ça a bien marché, et pendant des années, et qu'avec ça, il a bien gagné sa vie. Des machines-outils qui venaient d’usines parfaitement françaises, mais dont plus personne ne voulait. Il y a bien eu un choix du renoncement à produire de la richesse.

 

 

Alors revenons à la Grande Conférence Sociale de FRANÇOIS HOLLANDE et au souriceau fripé dont la montagne va accoucher. Qu’est-ce qui va se passer ? Ceux qui ont RAISON, c’est ceux qui disent qu’il faut réindustrialiser la France. Il faut remettre en route les hauts fourneaux. Il faut que les usines automobiles Peugeot, Citroën et Renault produisent en France. Il faut …, il faut …, il faut … Enfin, il faudrait. Même qu'il faudrait peut-être. Va savoir.

 

 

Vous avez compris. Qu’est-ce qui va se passer ? Mais c’est tout vu, voyons ! Monsieur LAKSHMI MITTAL, milliardaire indien qui possède pas mal de hauts fourneaux en Europe, a décidé d’en arrêter pas mal, dont celui de Florange, qui a cessé depuis longtemps d’alimenter les poches de sa famille des 30 % de bénéfices qu’il avait décidé d’y déposer régulièrement. A votre avis, est-ce qu’il a très envie de le voir redémarrer ? La réponse est NON.

 

 

Un haut-fourneau, attention, en soi, c’est une usine verticale, avec ses 70 mètres de hauteur, qui fonctionne 24 heures sur 24, et avec des dimensions pareilles, ça manque de souplesse : on ne peut pas l’arrêter et le remettre en route comme une plaque de cuisson. Il réclame des délais respectables pour les changements de régime.

 

 

Ça se conduirait plutôt comme un super-porte-containers : pour prendre le prochain virage, il convient d’anticiper quelques dizaines de kilomètres avant (j’exagère sûrement). Et les virages industriels, ça prend plusieurs dizaines d’années. Il vaut mieux ne pas se tromper d’angle d’attaque. Et là, je regrette qu’on n’ait plus la possibilité juridique de brandir la tête des « responsables » au bout d’une pique. Si possible avec du persil dans les narines.

 

 

Parce que, franchement, vous ne sentez pas un peu de moutarde vous les chatouiller, les narines, quand vous vous dites que la situation actuelle, vous la devez à des décideurs d'il y a vingt et trente ans. Pour eux, c'était un rêve : une industrie sans usines, des usines sans ouvriers. Et qui dit "sans ouvriers", dit "sans emmerdeurs syndicaux". La solution ? Elle tenait dans trois mots : ROBOTISATION, INFORMATISATION, DELOCALISATION. En disant aux pays alors pauvres : démerdez-vous avec la production et les mains sales, nous gardons toutes les tâches de conception. A haute valeur ajoutée.

 

 

Moralité : nous avons perdu les ignobles tâches de production de richesses. Mais ça ne nous a pas empêché de perdre les nobles tâches de conception, conditions de la production de richesses. Enfin, pour le moment, pas toutes.

 

 

Car, pour pousser le pion de la conception généralisée et arriver au Graal d'un emploi noble pour tout le monde, il faut un énorme effort collectif pour élever le niveau de formation des jeunes. Or, j'exagère à peine en affirmant que le système éducatif français n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut, et qu'il menace ruine. A commencer par les filières techniques, qui ont été passées au lance-flammes. Quand ce n'est pas au lance-flammes qu'on les a passées, c'est au broyeur, voire au sani-broyeur.

 

 

 

La preuve de la déconfiture nationale ? Cette année, 85 % des jeunes français ont suivi une classe de terminale (certains ont suivi de très loin). Et 77 % des jeunes français ont obtenu ce que l'on n'appelle plus depuis très longtemps une "peau d'âne". Je plains, certes, les 23 % qui ne l'ont pas obtenue, mais je pense qu'ils étaient très, très, très NULS. Qu'est-ce qu'il faut être, et qu'est-ce qu'il faut NE PAS FAIRE, pour rater le cadeau Bonux ? Disons : pour rater le Père Noël (c'est plus consensuel, le cadeau Bonux ne survivant que dans le sketch de COLUCHE) ?

 

 

 

J'ai gardé une oreille dans le système éducatif, et j'y en reçois quelques échos qui me font dire qu'il faut vraiment être très, très, très CON pour ne pas avoir le bac. Avec de futures pareilles recrues (qui n'ont acquis à l'école qu'un goût très, très, très modéré pour le travail et l'effort), la future industrie productive française, que le monde entier nous envie, n'a qu'à bien se tenir. Ce qui en reste debout ne s'en remettra pas.

 

 

Subséquemment et par voie de conséquence, c'est très logiquement le moment de redresser la tête, de bomber fièrement le torse, de se dresser sur ses ergots, les pieds dans le tas de fumier, d'inspirer un grand coup, et de chanter à tue-tête un retentissant COCORICO. Avant d'entonner martialement une Marseillaise endiablée. Ben oui quoi : c'est le QUATORZE JUILLET. C'est le moment d'être fiers de notre grande nation. Et moi, qu'on se le dise, j'ai la fibre patriotique. Enfin, je l'ai eue.

 

 

C'est pourquoi, chers concitoyens, je vous dis : Vive la République, Vive la France ! Et le reste.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Suitetfin demain.


 

mardi, 10 juillet 2012

DES GOGUES ET DES GAGS

Pensée du jour : « Le vrai est trop beau ou trop triste pour qu’il ne faille pas lui donner l’air d’une plaisanterie. » ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Résumé de l’épisode précédent : une société de masse est une énorme usine à produire de la fiente, de la crotte, de la déjection, de la fèce, de la selle, voire de la scybale ou du fécalome, pour ne rien dire du colombin, du pruneau, du rondin ou de la tartissure.

 

 

Et en même temps, la solution de l’évacuation industrielle de toute cette matière humaine fait disparaître celle-ci aux yeux de tous, au point que, excepté les chiens sur les trottoirs bien aimés de nos villes, nul n’est prêt à offrir en spectacle public son derrière en pleine action expulsatoire, et que chacun prend soin, au contraire, de verrouiller la porte.

 

 

C’est d’ailleurs cette espèce de tabou qui ouvre la voie à quelques joyeux transgresseurs, professionnels ou non. La scatologie, tout le monde sait ce que c’est, et tout le monde a tendance à mépriser. Il n’en a pas toujours été ainsi, et il suffit de se tourner vers RABELAIS ou BEROALDE DE VERVILLE pour se rendre compte que le caca faisait partie du quotidien. La merde faisait partie intégrante de la vie de tous les jours. Le tuyau d'évacuation, l'égout, le collecteur et la station d'épuration ont expédié ce moyen âge dans les poubelles de l'histoire.

 

 

Tout le monde, de nos jours, sait que le Versailles de Louis XIV était dépourvu de toilettes et que toute la cour qui y déambulait baignait dans des arômes qui nous feraient fuir. Je n’ose imaginer ce que cela pouvait être les jours de grande chaleur. Mais au moins, c’était une odeur familière, à laquelle on était bien obligé de s’habituer. Nous sommes devenus hypersensibles. C’est le Tarzan de GOTLIB, dans le n° 1 de L’Echo des savanes (1972), qui le dit : « Hommes civilisés bien délicats ».

 

 

C’est certain : on a fait un chemin prodigieux, depuis Versailles, où les mieux équipés possédaient une « chaise d’affaires », encore appelée « chaise percée » ou « cabinet d’aisance ». Le meuble, qui pouvait être luxueux, couvert de laque du Japon, était rangé dans la « garde-robe », d’où, par métonymie, cette curieuse appellation (« Monsieur est à sa garde-robe »). Au moins, on savait manier les images et les figures de rhétorique.

 

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CHAISE D'AFFAIRE, OBSERVEZ LE STYLE LOUIS XVI

 

Et je ne suis pas remonté aux Romains, qui ne se formalisaient guère de quelque atteinte à la bienséance, et allaient sans façon dans des lieux collectifs, où chacun pouvait, en quelque sorte « faire son trou ».

 

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LE DERNIER SALON OÙ L'ON CAUSE 

 

Aujourd’hui, nous sommes devenus à cet égard d’une pusillanimité presque drôle, et le moindre remugle de toilettes sales nous chatouille les narines désagréablement et nous fait déserter un établissement dont l’installation laisse à désirer pour ce qui est de l’hygiène et de la propreté. J’ai connu une personne qui, quand elle entrait dans un restaurant, n’avait rien de plus pressé que de vérifier l’état des lieux et, en cas de répugnance, de partir en courant. Je l’ai dit : il y a comme du tabou dans la chose. Et ce ne sont pas les directives de la Commission (la grosse ?) Européenne qui vont arranger les choses.

 

 

C’est ce tabou qui permet, par exemple, à COLUCHE de faire hurler de rire son public qui se lâche (« Respirez par le nez, madame ! »), en racontant, dans La Publicité, à sa façon, la « campagne jumelée » des dragées Fuca et d’Ajax WC. Je n’y reviens pas, tout le monde connaît ça par cœur. J’ajoute seulement que le vraiment scato n’arrive qu’à la 6ème minute dans la vidéo Youtube (8’25).

 

 

Moins connue peut-être, une scène du Fantôme de la liberté, de LUIS BUÑUEL. Le cinéaste ne se bouscule pas l’intellect : en bon surréaliste, il se contente d’inverser les perspectives et le code des convenances, un peu comme des ethnologues africains ou amazoniens (formés dans des universités européennes ou européennes, je le note en passant) viennent aujourd’hui étudier les peuplades européennes et leurs coutumes – forcément exotiques en diable, puisqu’elles se sont étendues à toute la planète.

 

 

 

 

Voici la scène en question (pas trop longue) qui, à la reniflée à plusieurs dizaines d’années de distance (1974), sent terriblement son mai 68. J’y vois quant à moi l’extraordinaire et veule facilité du procédé hérité de l’Oulipo, qui consiste à poser comme hypothèse : « Et si on inversait tout ? ». Oui, on peut tout inverser, sauf dans la réalité.

 

 

Avant d’en finir avec ces modestes considérations sur les « matières » et sur les « lieux », je propose un petit détour par le Japon. Ce pays, en effet, est célèbre pour sa vénération profonde des questions d’hygiène, ainsi que pour les recherches poussées qu’il a menées s’agissant des questions d’évacuation.

 

 

 

Commençons par ce  petit film d’animation merveilleusement conçu, destiné à habituer l’enfant à déposer son obole quotidienne dans un lieu réservé à cet effet, mais aussi à consentir à s’en séparer chaque fois à jamais (les psychologues sont passés par là). C'est pédagogique et moderne en diable.

 

 

 

 

Poursuivons avec un aperçu, certes non exhaustif, mais néanmoins pittoresque des toilettes justement renommées qu’on trouve aujourd’hui sur l’archipel, du rustique moderne … 

 

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ET IL FAUT SE TOURNER VERS LE CÔTE INCURVE

 

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ET AVEC LE MODE D'EMPLOI, S'IL VOUS PLAÎT

(y compris la mise en garde contre les pertes d'équilibre) 

 

Jusqu’au dernier cri du « high tech ».

 

 

 

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JUSTE APRES, C'EST LE TABLEAU DE BORD DU CONCORDE 

 

Et pour finir, quelques gags amoureusement concoctés par quelques facétieux nippons, 

 

 

 

 

Qui, comme on le voit, n’hésitent pas, dans certaines occasions, à déployer des moyens logistiques considérables.

 

 

 

 

 

Certains pensent que le Mal n’est pas dans la technique, mais dans l’usage qu’on en fait. Ils oublient que le drôle peut faire partie des acquis de la technique. Bon, c'est vrai que ça va un moment, pas trop plus. On n'est pas obligé d'y passer autant d'heures que les types qui ont imaginé et réalisé tout ça. Au fond, la technique n’a pas que des mauvais côtés et offre parfois quelque menue compensation.

 

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

 

 

lundi, 09 juillet 2012

DES GOGUES ET DE LA CIVILISATION

Pensée du jour : « Non loin de là il y a le lac de cratère : des ténèbres au fond d'un trou. Le résineux obscur alterne sur la rive avec le sombre conifère. Ils se mirent dans l'eau comme la houille dans l'anthracite ». C'est ALEXANDRE VIALATTE qui a écrit ça. Quoi, ce n'est pas vraiment une pensée ? Et alors ? Je m'en fiche, c'est du VIALATTE. Et c'est beau. Comment voulez-vous qu'on résiste à : ils se mirent dans l'eau comme la houille dans l'anthracite ?

 

Avant de reprendre le fil de mon thème "goguenard", un mot sur la grande CONFERENCE SOCIALE qui se tient à Paris. Juste pour signaler que SARKOZY avait fait, paraît-il, un GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT, montagne qui a accouché même pas d'une souris, à peine d'une musaraigne pygmée (5 cm, sans la queue).

 

Disons que, pendant les quelques premières centaines de milliers d’années de son existence, l’humanité a eu recours au plus rustique des moyens : s’accroupir, déféquer et puis se nettoyer comme elle pouvait, d’une pierre, polie dans la mesure du possible, d’un bouquet d’orties fraîches ou d’un « oison bien dumeté, pourveu qu’on luy tienne la teste entre les jambes » (Gargantua, chapitre 13). 

 

Et disons-le nettement : il n’y eut aucun problème particulier pendant deux ou trois cent mille ans. Tout le monde savait, dans les bourgs et dans les villes du néolithique (quoi, j'exagère ?), qu’il fallait faire, quand on marchait dans la rue, attention à ce qui tombait des fenêtres le matin, comme l’apprit un jour à ses dépens le bon LOUIS IX, alias Saint Louis, et, plus tard, je ne sais plus quelle grande dame qui déambulait étourdiment juste sous les fenêtres de Versailles, dans une robe du dernier chic qui avait coûté les yeux de la tête à ses fermiers et métayers. 

 

Les difficultés surgissent avec la concentration urbaine des hommes et la croissance verticale des villes. Les solutions artisanales s’avèrent très vite totalement dépassées, comme le montrent quelques ébauches théâtrales d’ALFRED JARRY jeune, qui vécut à une époque de transition, où l'on est passé (lentement) de la "collecte" à l'ancienne à une "évacuation" moderne. Je ne m'attarderai pas sur les péripéties. Cela s'appelle Les Antliaclastes (traduction : les briseurs de pompe à merde).

 

Il y met en scène les membres du Club-Antliator, autrement dit les « vidangeurs au tonneau », qui ne sont autres que les adeptes de la (« parlant par respect », dirait NIZIER DU PUITSPELU) pompe à merde, c’est-à-dire, en quelque sorte, les fervents de la tradition et de la vieille école, avec ses savoir-faire inimitables et ses tours de main amoureusement préservés et transmis. Les tenants de l'amour du métier et du travail bien fait, quoi.

 

 

Ces « militants de la pompe » sont en guerre contre les « Antliaclastes », partisans quant à eux de l’ « herpétologie ahénéenne » (= les « serpents d’airain » = les tuyaux métalliques), de la chasse d'eau, des tuyaux de descente et de l'égout, en somme, de l’évacuation industrielle, technique, anonyme et déshumanisée, qui coupe l’homme de tout contact avec sa propre activité et, disons-le, avec la « vraie vie », et qui, du jour au lendemain, a fait disparaître aux yeux de tous l’œuvre la plus constante que, jour après jour, l’homme confectionnait (qu'il y consentît ou qu'il y regimbât), qu’il neigeât, qu’il ventât ou qu’il grêlât (notez la rafale de subjonctifs imparfaits), depuis la nuit des temps. 

 

Dans ce combat proprement homérique, c’est évidemment l’anonymat industriel et déshumanisé qui a triomphé. Il faut dire que la lutte était foncièrement inégale. Rendez-vous compte de tout ce qu’une tour haute de 400 mètres (on pense évidemment à celles du World Trade Center de Manhattan) peut produire d’ « eaux noires » (c’est le terme spécialisé, par opposition aux « eaux grises », qui viennent de l’évier, du lavabo et de la douche). La rationalisation a triomphé sans trop de mal : nécessité fait loi.  

 

Qui pourrait imaginer la grande ville d'aujourd'hui, couverte de buildings, avec des "vidangeurs au tonneau" qui passeraient dans les rues pour vider les fosses ? La société de masse commande des solutions de masse, des solutions industrielles de masse. Regardez ce qui se passe à Marseille, à Lyon ou à Naples, dès que les éboueurs décident de cesser le travail, et imaginez la même chose, pas avec les poubelles, mais avec les « matières ». On pourrait vraiment dire, au sens « propre » (!!!), qu'on est dans la merde. 

 

Dans les célèbres tours du WTC, désormais abolies par un décret d’Allah en personne (c'est ce que dit la rumeur) comme symboles du Mal, travaillaient 50.000 personnes. Non mais, vous vous rendez compte ? Chaque jour débaroulaient jusqu’aux égouts soixante-quinze tonnes d’excréments (il faut compter 3 livres en moyenne par personne).

 

Quand vous saurez qu’à la fin du 19ème siècle, des gens excessivement sérieux, en Angleterre, ont calculé, avec la plus grande exactitude, que pour évacuer la seule matière solide, il fallait 9 litres d’eau, vous saurez ipso facto que le World Trade Center de Manhattan dépensait 675.000 litres d’eau par jour. BEN LADEN se voulait peut-être un bienfaiteur de la planète ?

 

 

Petite pause anecdotique : on raconte que les Américains, quand ils ont attaqué l'archipel d'Okinawa, ont largement surestimé le nombre des Japonais embusqués, en se fiant aux tas de fiente que ceux-ci laissaient, et qu'ils ont en conséquence acheminé des effectifs beaucoup plus copieux. Comme disent les Italiens : se non è vero, è ben trovato. Fin de l'anecdote. 

 

Le plus dur à supporter dans cette affaire, c’est que ce qui évacue l’ « engrais humain » vers les océans, c’est, ni plus ni moins, de l’EAU POTABLE. Parfaitement : DE L'EAU POTABLE. Ben évidemment, vous imaginez ce que ça coûterait, de doubler les canalisations d’eau, l’une pour acheminer ce qui se boit, l’autre pour acheminer l'eau non-potable, vouée à l'évacuation de l’indigeste et du non-digéré ? Explosé, le budget d’investissement ! Quel financier désintéressé et philanthrope scierait ainsi sa propre branche ? 

 

Pensez juste un instant que toute l’eau que vous jetez dans la cuvette en appuyant sur le bouton, c’est de l’EAU POTABLE. Dites-vous, oh, juste un instant, que vous pourriez mettre votre verre quand vous tirez la chasse, et que l’eau, oui, vous pourriez la BOIRE ! Franchement, est-ce qu’il n’y a pas de quoi se dire qu’avec un tel gaspillage, démocratiquement étendu à 6 milliards et demi d’humains, c’est exactement, concrètement et très efficacement annoncer l’impossibilité totale de la civilisation qui a promu ce gaspillage ? 

 

Soyons clair : un tel gaspillage n’est possible et envisageable que s’il est réservé à un tout petit nombre. Soyons même tranchant : une vraie démocratie, une démocratie avérée, authentique est le régime de la médiocrité pour tous. Le gaspillage est un luxe, et de ce fait reste définitivement hors de portée du vulgum pecus. 

 

 

A cet égard, on peut accuser la planète Terre de vivre comme les grands seigneurs de la cour à Versailles. Sauf que tous les manants, tous les vilains et tous les roturiers de la planète ont pour seul désir et objectif de pouvoir se comporter en grands seigneurs. Il paraît que c'est ça, la démocratie. Jadis, je n'aurais demandé qu'à le croire. Maintenant, j'avoue que j'ai du mal. Aujourd'hui, manants, vilains, roturiers et sans-culotte ont pour ambition suprême d'imiter les ci-devant aristocrates.  Tout au moins d'en imiter certains gestes. Les plus coûteux. 

 

La planète Terre est folle, elle ne se rend pas compte : elle a totalement perdu de vue les excréments qu’elle produit (ne parlons pas des autres déchets). Parce qu’elle a le regard fixé (par la publicité, la propagande, la télévision) sur la portion de Terre vierge, pure et momentanément préservée où elle va pouvoir se ressourcer, avant les onze mois de galère que va lui coûter le pavillon qu’elle s’est offert dans la banlieue de Saint-Brévin-les-pins. 

 

C’est sans conteste cette raison (50.000 personnes obligées chaque jour de pisser et de chier du haut de leurs 400 mètres de béton, de verre et d’acier de toutes les tours du World Trade Center) qui a décidé OUSSAMA BEN LADEN, un écologiste de pointe et un démocrate interminable et péremptoire, à faire raser par quelques personnes fatiguées de vivre ce monument du non-sens de l’orgueil consumériste qu’étaient les tours du World Trade Center. On ne peut nier qu’il a visé juste. Le tout serait d’en tirer les bonnes leçons, ce qui semble loin d’être fait.

 

 

Le World Trade Center était exactement ce qu'on appelle le défaut de l'armure. La faille dans le système. La paille dans l'acier. Ce que les Grecs anciens appelaient l'ubris (la démesure, le défi aux dieux), et ce que les chrétiens ont traduit par la Tour de Babel.

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

A suivre.

dimanche, 08 juillet 2012

DES GOG ET DES MAGOG

Alors il semblerait que je n’aie fait qu’effleurer le sujet dans un récent billet. Quelques esprits avisés m’ont incité à le développer. Il était, si je me souviens bien, entre parenthèses. Je m’y efforçais de célébrer « les lieux », cet endroit où l’être humain « civilisé » (paraît-il) s’enferme pour méditer pendant qu’il se livre à des expulsions nécessaires, activité tenue en piètre estime par le commun des mortels.

 

 

Injustement sans doute, si j’en crois le santon acheté voilà quelques années : admirez les lignes, les couleurs, le modelé, la position. Et il tient en équilibre. Encore bravo à l’ingénieux et audacieux sculpteur, qui a tâché vaillamment de rendre un peu de lustre à cette fonction humaine, à laquelle nul ne saurait se soustraire sans dommages ou lésions.

SANTON CHIEUR.JPG 

JE VOUS PRESENTE LE SANTON CHIEUR

 

« Les lieux », comme on disait dans les autres fois et comme les nomme très justement ROGER-HENRI GUERRAND dans son Histoire des commodités, ne méritent ni cet excès de déshonneur, ni cette indignité. La preuve en est le très savant ouvrage que ce monsieur a écrit. La preuve en est également l’assez divertissant et documenté ouvrage d’ISABELLE MONROZIER, Où sont les toilettes ? (Ramsay, 1990).

 

 

Je ferai à l’auteur un léger reproche tout de même. Elle écrit en effet (p. 59) : « Les deux bombes qui ont explosé dans des établissements scolaires à Décines-Chartrieu [sic] près de Lyon et dans le 14ème arrondissement de Paris en janvier 1988, avaient été placées derrière les réservoirs des chasses ».

 

 

Loin de moi l’idée de nier des faits dûment avérés, mais a-t-on le droit d’estropier ainsi le nom d’une commune péri-lyonnaise ? Ceux qui connaissent l’avenue Godard à Décines-Charpieu (je parle d’une élite) s’en trouvent légitimement froissés. Jusqu’ici, le maire de Décines-Charpieu n’a toutefois pas porté plainte contre ce lâche attentat. Il est bien bon. Certains, moins miséricordieux, taxeront cela de faiblesse, éventuellement coupable, qu’ils menacent d’ores et déjà de punir prochainement dans les urnes.

 

 

Cela dit, on trouve chez MONROZIER une foule d’informations utiles, ... et scientifiques. Parmi bien d’autres, les règles militaires d’installation des latrines pour une armée en campagne : « pour une centaine d’hommes, cinq trous, de 30 cm de large sur 60 de long, espacés de 90 cm pour éviter que les cuisses des soldats ne se frôlent ». On voit par là qu’un colonel en campagne se doit de parer à toute éventualité et ne saurait négliger aucun détail, fût-il le moindre, susceptible d’affaiblir l’ardeur guerrière du combattant, à travers de coupables distractions. Notons que la profondeur des trous n'est pas indiquée : coupable négligence, mon colonel !

 

 

ISABELLE MONROZIER nous narre par le menu l’histoire de CLAIRE, 25 ans, et de quelques-unes des activités qui sont les siennes quand elle s’enferme dans « les lieux » : « Essayez de me raconter. – A chaque fois, j’accouche dans les W.-C. Je ne sais pas… C’est d’instinct… Je ne sais pas… Je me mets sur les W.-C… Je ne me souviens plus de ce qui se passe. (Elle éclate en sanglots.) C’est horrible, c’est une immense panique… – Vous pouvez me parler de cette panique ? – Je ne sais pas… Je ne m’en souviens pas… Cela va très mal pendant une demi-heure… Je ne sais pas… – Et tous les quatre, de même ? – Oui, c’est horrible… J’aime tellement les bébés… C’est mon métier ». Si j'ai bien compris, elle est sage-femme, infirmière ou puéricultrice. Pourtant, je sais qu'il y en a des bien. J'en connais. On se demande parfois pourquoi les rouleaux de papier défilent à toute allure dans une maison où il y a pas mal de femmes, mais on tient peut-être là une explication décisive, non ?

 

 

MONROZIER tente d’épuiser la question, si j’ose m’exprimer ainsi, en parlant du problème de l’évacuation des « matières » dans les prisons, de la plus moderne à la plus archaïque, et de la plus civilisée à la plus barbare ; à 8.000 mètres d’altitude, quand il faut commencer par ôter quelques épaisseurs, en commençant par les diverses couches de gants ; sur une planche à voile, comme STEPHANE PEYRON, qui y a passé 46 jours ; sur un bateau en général : « Au petit matin, l’été, aux mouillages de Port-Cros ou de Porquerolles par exemple, les bateaux nagent au milieu des étrons qui flottent ». Délicieux paysage au moment de tremper son croissant dans le café, vous ne trouvez pas ? Voilà peut-être pourquoi j’ai toujours évité de voyager sur des coquilles de noix.

 

 

Mais elle ne parle pas, la malheureuse MONROZIER, de la « course des dix mille milles » qui a lieu dans Le Surmâle d’ALFRED JARRY, ni de la quintuplette à laquelle sont enchaînés, de l’arrière vers l’avant, Ted Oxborrow, Jewey Jacobs, George Webb, Sammy White, (un nègre, le roman date de 1902), et Corporal Gilbey.  

 

QUINTUPLETTE.jpg

SI, SI, JE VOUS DIS QUE ÇA EXISTE

 

Ils sont lancés, face à un train, dans une course d’environ quinze mille km, et sont nourris exclusivement de la « Perpetual Motion Food » du professeur Elson. Comme ils sont enchaînés, et ne peuvent donc descendre de leur machine, ils sont obligés de faire « l’un et l’autre besoin dans de la terre à foulon », dont les propriétés bien connues sont d’être à la fois saponifère, détersive, dégraissante et moussante. N’en veuillons pas à ISABELLE MONROZIER, et continuons notre petit tour de piste, d’ivoire et d’horizon (pour l’ivoire, un doute me vient).

 

 

Car reconnaissons-le, quelque phénoménal progrès que l’homme ait fait depuis l’aube des temps, il n’a pas encore trouvé le moyen d’échapper à cette dure nécessité quotidienne et à se libérer de son emprise : évacuer hors de soi quelque 1.500 grammes (c’est une moyenne statistique) de matières tant liquides que solides.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

lundi, 02 juillet 2012

DES (MAUVAISES) NOUVELLES DE LA FRANCE

J’espère que vous n’avez pas mis trop de temps à vous rendre compte que, sous HOLLANDE, ça n’a pas duré pour qu’il en aille tout autrement que sous SARKOZY, c’est-à-dire, évidemment, que tout est comme avant et que rien n’a changé.

 

 

Une seule chose a disparu du paysage, et c’est déjà un drôle de soulagement : le plaisir de sale gosse de NICOLAS SARKOZY qui consistait, patiemment, jour après jour, à dénicher une nouvelle fourmilière pour y foutre un grand coup de tatane, à seule fin de jouir en ricanant méchamment du spectacle du grouillement innombrable et affolé des insectes. La fourmilière pouvait s'appeler "carte judiciaire", "RGPP", "Hôpital public", "Ecole", "Police", peu importait. Reste à voir comment HOLLANDE va réparer tout ça.

 

 

C’est vrai que SARKOZY avait érigé en méthode de gouvernement l’ébahissement permanent des foules : « Oh non, quand même, ça, il n’osera pas ! – Ben si, qu’est-ce que vous croyez ? ». C’en était très curieux, d’ailleurs, de voir SARKOZY dans son déguisement de président, trop grand pour lui. C’était ça le plus sidérant : le voir déguisé en président, avide de voir les visages des Français sidérés, ahuris, jour après jour, de voir une fourmilière après l’autre démolie à coups de bottes par le sale gosse caractériel.

 

 

Dans le fond, SARKOZY, pendant cinq ans, a fait diversion. Il a inventé le quinquennat de la diversion : pendant qu’il s’agitait au premier plan, les bottes cloutées de ses cabinets ministériels attaquaient une nouvelle fourmilière, en prévoyant déjà leur cible suivante, et en se demandant s’ils allaient l’attaquer de la pointe ou du talon. On va pouvoir quitter des yeux l’écran et sortir de la salle pour aller se soulager la vessie. Est-ce que ce sera reposant pour autant ? Pas sûr, Arthur.

 

 

Ah si, quand même, avec la présidence HOLLANDE, ce sera plus reposant pour les journalistes. Les rédacteurs en chef ont déjà cessé d’éditorialiser à tout va au moindre battement de cil de l’époux de CARLA, que j’avais presque envie (dans mes temps morts) d’appeler « monsieur BRUNI ». Et ils ont cessé d'envoyer leurs journalistes en rafales de grappes d'escadrilles aux trousses de l'agité de la focale. C’est sûr, FRANÇOIS HOLLANDE souffre moins pathologiquement de n’être pas constamment au centre des conversations.

 

 

Mais franchement, vous croyez qu’il va faire mieux que le sidérateur professionnel qui l’a précédé ? Les finances, l’activité industrielle, le « pouvoir d’achat des Françaises-et-des-Français », vous croyez que ça va s’arranger ? Personnellement, je dis que non, et que le pire est à venir.

 

 

Pour une bonne raison (qui est très mauvaise en soi), c’est que la logique du spéculateur est une logique proprement USURAIRE. Ceux que les « journalistes » économiques (si on peut nommer cette engeance) appellent mensongèrement des « investisseurs », ne sont rien d’autre que des usuriers, de la même espèce que l’affreux Gobseck inventé (et observé) par BALZAC. Avec les dettes souveraines, ils ont trouvé un prodigieux gisement à se faire du gras.

 

 

 

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Je signale à ceux qui ne se tiendraient pas au courant que le taux maximum possible (défini par l'Etat, au-delà c'est de l'usure), pratiqué par les banques, en France, pour un emprunt de 1524 euros (c’est précis), est de 20,65 %, soit 1,72 % par mois. Et que ça passe à 19,5 %, jusqu’à 3000 €, pour les crédits renouvelables (vous savez, les "revolvings"). Donc ça reste juteux (pour qui ?). Le Figaro.fr du 9 mai 2012 indique que la Grèce pourrait emprunter « sur les marchés » au joli taux (à dix ans) de 22 %. CQFD.

 

 

Les prétendus « investisseurs » des « journalistes » sont bel et bien des USURIERS à qui toutes les autorités politiques du monde ont décidé de laisser impunément la bride sur le cou. Et qu’on se le dise, depuis que l’Etat français n’a plus le droit d’emprunter à 0 % auprès de sa banque centrale, depuis la scandaleuse loi de GISCARD et POMPIDOU (1973), l’Etat français a été obligé de se tourner vers les USURIERS pour financer les salaires et les retraites des fonctionnaires, mais aussi les cadeaux fiscaux faits à droite et à gauche.

 

 

Sans que ça l'empêche de brader les bijoux de famille de l'Etat lui-même (patrimoine immobilier, autoroutes, privatisation des grands services publics, mis au rencart au nom de la très européenne "concurrence libre et non faussée", etc.).

 

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CE CROCHU-LÀ EST PEINT PAR QUENTIN METSYS

 

Je note que ni MITTERRAND ni JOSPIN n’ont touché à cette loi scélérate. Gauche et droite sont un seul et même bateau. Cette loi a passé autour du cou de tous les dirigeants politiques, quelles que fussent leurs couleurs et leurs paroles, un nœud coulant, dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’il est passé autour du cou de tous les contribuables.

 

 

Tout ça pour dire que, avec HOLLANDE ou SARKOZY à la barre, c’est kif-kif bourricot et du pareil au même. Et qu’ils obéissent au doigt et à l’œil, sous peine d’étranglement, à la sacro-sainte « loi du marché », qu’on peut tout bonnement appeler la LOI DE LA JUNGLE. L’un comme l’autre, ils sont au garde-à-vous, le petit doigt sur la couture du pantalon, en attendant les verdicts éminemment « rationnels » (!!!!!) de Wall Street et des entreprises qui gagnent leur vie en vendant des opinions (on les appelle couramment des « agences de notation »).

 

 

Non, je ne suis pas optimiste. « Tu vas pas mourir de rire, Et c’est pas rien de le dire » (Mickey 3 D).

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

vendredi, 29 juin 2012

HARO SUR LE CHIEN DE VILLE !!!!

LE CHIEN DE VILLE

 

 

Qu’on se le dise : j’aime les chiens. Plus que les chats, même, c’est vous dire. Le premier que j’eus dans mon voisinage était un Setter Gordon. Adorable. Il supportait tout, quand nous étions enfants. C’était chez mes grands-parents. Fool, il s’appelait. On lui adjoignit un peu plus tard Korrigane, une femelle Gordon également.

 

 

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Les Gordon sont des chiens de chasse, résistants et courageux, paraît-il, mais Fool devait avoir subi un traumatisme car, lorsqu’il partit pour sa première chasse, il détala au premier coup de fusil, pas pour rapporter le gibier, mais pour mettre entre lui et l’arme le maximum de distance et le plus vite possible. Sa loi à lui, c’était la prudence.

 

 

Nous l’avons récupéré à grand-peine, à bonne distance. La sécurité n’a pas de prix. C’est sûr, le Setter Gordon est très bon pour le galop et l’endurance. Il est noir sur la majeure partie du corps et « feu » au museau, au poitrail et aux pattes, avec une petite tache de 2 cm² au-dessus des yeux.

 

 

Après une balade dans les champs ou les chemins, c’était la plaie : il fallait inspecter les oreilles attentivement, un vrai râteau à saletés diverses. La nuit aussi, c’était pénible, il n’aimait pas être enfermé dans l’enclos de sa niche, mais il finissait par se fatiguer d’aboyer. En dehors de ça, une crème de chien, adorable et charmant.

 

 

Il y eut d’autres setters gordon (Souska), mais aussi des cockers (Olaf, sale caractère, imprévisible et caractériel), un basset (Whisky) anodin et pitoyable, un braque allemand (Scud). Quand le général CHAMBE venait passer quelques jours chez son frère au retour de ses chasses au coq de bruyère, du côté de Champagny, il rapportait régulièrement le quatuor des plumes caudales caractéristiques du petit tétras. Mais surtout, il venait avec ses chiens.

 

 

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ADMIREZ JUSTE LE SETTER IRLANDAIS

(il ne va pas tarder à se mettre en arrêt)

 

Il fallait anticiper, car la cohabitation était difficile, et il y eut des coups de dents de part et d’autre. Il y avait Zoom, un magnifique et ombrageux setter irlandais, dont j’hésitais à m’approcher, tant il veillait jalousement sur la sécurité de son maître, couché en travers de la porte de sa chambre. Celui, entre tous, que j’ai préféré était un griffon Korthals du nom de Brack (Braque ?).

 

 

 

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VOILA, LUI, IL EST EN ARRÊT 

 

Le point commun de tous ces animaux était le vaste jardin de mes grands-parents, où ils pouvaient s’ébattre et courir à leur gré (et au nôtre), fourrer leur nez dans tous les buissons à la recherche de lézards, et leurs griffes dans les taupinières.

 

 

J’aime donc les chiens. Y compris ce « golden retriever » (race aujourd’hui très à la mode, et souvent abâtardie), du nom de Théo, joueur et mélancolique, qui se met à revivre quand on le « cherche ». Il y a aussi cet épagneul français dont j’ai oublié le nom, qui n’avait pas de loi (donc pas de maître), mais que j’ai eu vite fait de « recadrer » discrètement et fermement : le chien comprend très bien un certain nombre de gestes, surtout cette race, qui mémorise fort bien. J’arrête là, on a compris ma phrase du début. J’aime les chiens. Si c’est à la campagne. Autrement, c'est non.

 

 

Bon, c’est vrai qu’en ville, on peut tolérer le chien, mais seulement du chihuahua jusqu’au caniche, en passant par le pékinois. Je dis qu’au-delà du caniche, pour le chien, la ville est un enfer. Posséder un chien, même de taille moyenne, quand on habite en ville, c’est de l’égoïsme. C’est même pire : du sadisme. Je plains sincèrement le dogue allemand qui « vit » dans un 40 m² du quartier, et auquel son « maître » consent à faire faire, deux ou trois fois par jour, le tour de quelques pâtés de maisons.

 

 

Quand on a vu une fois la gigantesque foulée du dogue allemand au galop, on pense obligatoirement à ce corbeau capturé, dont une vieille tante avait coupé à la moitié toutes les rémiges primaires pour qu’il tînt dans la cage d’un précédent et décédé canari. Ce corbeau puait comme cent diables. Je plains fort le sort du dogue allemand.

 

 

On m’a compris : la ville est un fléau pour le chien, y compris de taille moyenne. Faire de chiens fabriqués exclusivement pour le plein air des « animaux de compagnie » est détestable. C’est le vice de tous ceux qui croient caresser leur chien quand ils utilisent leur bête pour se caresser eux-mêmes, tout en se muant en tortionnaire.

 

 

A partir d’une certaine taille, le chien de ville est purement masturbatoire. Je ne dis pas qu’il ne faut pas se consoler comme on peut de quelque absence ou carence affective, mais s’il y a une injustice à l’égard des bêtes, c’est bien de les faire vivre dans un milieu pour lequel elles ne sont pas faites.

 

 

Il ne s’agit pas de dénoncer la possession de chiens « dangereux » (Rottweiler, Pittbull, Staffordshire Terrier, toutes races qui n’ont besoin que d’une « direction » douce et exacte, mais qui ne supportent pas l’imprécision, c’est-à-dire le manque de caractère), encore que certaines rencontres de hasard ne manquent pas de piquant, comme celle à laquelle je viens d’assister, entre une femelle berger allemand et un pittbull en mal d’amour.

 

 

Il s’agit de dénoncer la cruauté de pauvres gens qui se croient « maîtres » d’un animal qui, en réalité, les domine, et qui, en général, souffre de sa situation. Je suis par exemple désolé du sort que subit ce très beau chien, qui tient du setter anglais, et qui vit dans les 18 m² de la studette de son « maître », juste à côté de chez moi.

 

 

Le propriétaire de chien, en ville, de deux choses l’une, est soit une personne seule qui a besoin chez elle de la présence d’un être vivant (besoin de compagnie), et dans ce cas, il faut des chiens qui tiennent le minimum de place (allons jusqu’au caniche), soit une personne égoïste qui n’a aucune idée des besoins propres de la bête et ne pense qu’à sa propre satisfaction.

 

 

Je ne veux pas savoir combien de propriétaires sont vraiment maîtres de leur chien, ce que je sais, c’est que passer dans la rue et assister au spectacle du chien qui baisse le cul (vers le trottoir ou vers le caniveau, les deux se valent) pour en laisser échapper un cylindre coloré, tour à tour tirant sur le brun, sur le rouge (régime de carottes) ou sur le jaune, tour à tour compact ou mollasson, tour à tour abondant ou constipé, tour à tour énorme ou lilliputien, suivant la taille de la bête, est devenu un aspect rédhibitoire de la vie en ville.

 

 

C’est comme la fumée des fumeurs pour les non-fumeurs (et même pour eux-mêmes, paraît-il). Quelques possesseurs d’un chien se munissent d’un sachet qui permettra de faire disparaître l’objet merdique dans une poubelle : l’attitude est éminemment louable. C’est néanmoins une humiliation, à laquelle la plupart des « maîtres » refusent orgueilleusement de se soumettre.

 

 

Quelques-uns, même, se plantent arrogamment au milieu du trottoir pendant que l’animal défèque, et, du regard, mettent le passant au défi d’exprimer la moindre marque de dégoût ou de réprobation. Certains cacas de chiens constituent, à la limite, des insultes parfaitement préméditées.

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Entre ces deux extrêmes, il faut bien dire qu’une écrasante majorité, sans doute pressée par le temps (le matin c’est le bus à prendre, le soir, c’est le J.T. à ne pas manquer), agit avec ce qu’on est bien obligé de qualifier de légèreté et de désinvolture.

 

 

Il reste, quoi qu’il en soit, au passant innocent à regarder où il met les pieds, en se bouchant le nez les jours de chaleur. Il faut le dire, LE CACA DE CHIEN EST UN ETRON, UNE MERDE. Avez-vous remarqué qu’on peut suivre à la trace certains passants, au nombre de pas qu’ils ont fait avec, collée à la chaussure, la crotte plus ou moins gluante d’un chien anonyme ? Quand obligera-t-on le propriétaire à tirer la chasse d’eau là où son chien a déposé sa merde ? Moi je dis que le plus tôt sera le mieux.

 

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Est-il à ce point politiquement suicidaire de revenir à la taxe municipale sur la possession d’animaux domestiques ?

 

 

Vous qui habitez en ville, vous avez compris pour quelle raison je tolère le chien jusqu’à la taille du caniche, mais pas au-delà ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

samedi, 16 juin 2012

AUJOURD'HUI, C'EST REPOS !

Aujourd'hui, samedi, c'est le week-end, la grasse matinée, le câlin du matin. Il n'y a pas longtemps, je parlais de l'humanité génétiquement modifiée. Les exemplaires d'humanité femelle que je propose aujourd'hui comme modèles ne sont pas franchement OGM, mais ça en prend le chemin, à coups de stéroïdes anabolisants. Attention, ça décoiffe.

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JUSTE POUR SE METTRE EN APPETIT

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ON A MÊME DEGAGE LE MAILLOT

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AVOUEZ QUE ÇA EN JETTE !

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VOUS NE TROUVEZ PAS QUE LA TÊTE A L'AIR DE RAPETISSER ?

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IL FAUT UN NOUVEAU MANET POUR UN AUTRE "DEJEUNER SUR L'HERBE"

 

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ET UN NOUVEAU GODARD POUR UNE AUTRE "CHINOISE"

 

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QUEL LABEUR DE CHEVAL IL Y A DERRIERE ÇA

Bon, je vais essayer d'équilibrer un chouïa, avec les merveilles que des exemplaires mâles de l'humanité sont capables, eux aussi, de produire.

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QUEL GENRE DE VÊTEMENTS FAUT-IL POUR S'HABILLER ?

EST-CE QUE C'EST SYMETRIQUE ?

(désolé, je ne peux pas faire plus grand, sinon, ça perd en netteté)

 

Voilà. je n'ai pas très envie de commenter. Ce que je trouve très curieux, c'est qu'il ne m'est jamais arrivé de croiser de telles personnes dans la rue. Et je me dis que, si l'on est féministe, on doit être découragé, devant la montagne de boulot qui reste à accomplir.

 

Et j'imagine très bien le couple qui rentre de la salle de muscu : « Chérie, tu n'as pas oublié de travailler ton sterno-cleïdo-mastoïdien ? - Penses-tu ! Et toi, mamour, tu as bien pensé à ton grand dentelé et à ton premier adducteur ? ». Moralité : un rien peut suffire à souder un couple.

 

Pour finir, saurez-vous me dire où l'on trouve ces deux répliques immortelles ? « Quel beau couple ! - Comme ils ont l'air heureux ! » Ceux qui sèchent peuvent réviser leurs aventures de Babar, spécialement Le Roi Babar. Tiens, c'est curieux, c'est le royaume des éléphants.

 

Nous vivons décidément une époque formidable.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

jeudi, 14 juin 2012

LE DROIT DE VOTE AUX LEGUMES !

Résumé : alors on ne sait plus si un livre qualifié de "roman" est un roman, mais on ne sait plus non plus si l'homme, c’est du petit homme ou du grand singe. 

 

Comme je suis revenu sur la question animale, et comme j'ai l'esprit de justice,  je m’en voudrais de ne pas revenir sur la question végétale. Car il faut savoir que la question végétale se pose. Tiens, pas plus tard que le 31 mai, c’est Madame Carolyn Christov-Bakargiev qui l’a soulevée, dans une interview vibrante. Il faut dire que la dame n’est pas n’importe qui : c’est elle qui dirige la célèbre exposition « Documenta » de Kassel, le fin du fin en matière d’art contemporain. Je vous jure, voilà une magnifique (et double) illustration (quasiment une caricature) pour ma « thèse » sur la porosité !

 

Et il faut dire aussi qu’en matière de sérieux pondéré, de rationalité éclairée et de « bon sens près de chez vous », les artistes contemporains en connaissent un sacré rayon, c’est un très vieil ami, presque un spécialiste des Beaux arts et des Laids arts qui vous le dit. 

 

Qu’est-ce qu’elle dit donc, Madame Carolyn Christov-Bakargiev ? D’abord, elle dénonce l’anthropocentrisme, c'est bien le moins. Jusque-là, rien d’épastrouillant (comme dit Marcel Proust en personne, j'ai les preuves), beaucoup de gens l’on précédée dans cette voie. Mais enfin, c’est déjà ça, elle milite pour rabattre le caquet de l’homme, cette espèce puante de prétention. Elle ne s’arrête cependant pas en si bon chemin. 

 

Voici ce qu’elle déclare à la Süddeutsche Zeitung, accrochez-vous aux poignées et aux barres : « La question n’est pas de savoir si nous devons accorder le droit de vote aux chiens ou aux fraises, mais comment une fraise peut faire part de son intention politique ». Vous avez bien lu : l'intention politique de la fraise. Non, non, qu’allez-vous penser ? Il paraît qu’elle était à jeun, et qu’elle est en général considérée, sinon comme parfaitement saine d’esprit, du moins comme inoffensive.

 

 

Elle ne veut pas seulement « protéger » animaux et plantes, elle réclame très haut et très fort leur pleine émancipation en tant que citoyens à part entière, en comparant leur situation à celle des femmes d’avant le droit de vote : « Pourquoi les chiens doivent-ils pouvoir voter comme les femmes ? – Pourquoi pas ? Le monde appartient-il moins aux chiens qu’aux femmes ? ». L’argumentation semble très travaillée, vous en conviendrez. On a bien compris qu'il s'agit d'élever le boeuf, l'âne et la tomate au rang de citoyens.

 

 

Et ce n’est pas fini : « Il n’y a aucune différence fondamentale entre les femmes et les chiens, ni entre les hommes et les chiens. Il n’y en a pas non plus entre les chiens et les atomes qui constituent mon bracelet. Je pense que tout a sa culture. La production culturelle d’un plant de tomate est la tomate ». J'adore, moi aussi, en général, la production culturelle des plants de tomate. Car la distance n’est pas grande de la Culture à l’agriculture, chère madame. Tout le monde a relevé l’expression « aucune différence », n'est-ce pas.

 

 

Attendez, le meilleur est à venir, car c'est dans le domaine de l’art que Madame Carolyn Christov-Bakargiev fait le moins de différence (évidemment) entre l’art humain et des produits créés par les animaux. On comprend aussitôt pourquoi c'est elle qui a été nommée directrice de la « Documenta » de Kassel : « Construire une ruche a aussi un sens supérieur ». Gilbert Bécaud chanterait aujourd'hui : « L'important, c'est la ruche l'important, c'est la ruche l'important, c'est la ruche, crois-moi » (message à transmettre aux adeptes « socialistes » de la rose.

 

 

Notez bien que j'admire aussi grandement les abeilles, depuis que j'ai accompagné le bossu et charmant Monsieur Guigon pour prélever les cadres de deux ou trois ruches blotties dans la Garenne, et que je l'ai vu manier la centrifugeuse pour extraire le miel, après la désoperculation. Mais l'idée que les abeilles sont des artistes ne m'aurait pas effleuré si la dame machin n'avait pas parlé à la Süddeutsche Zeitung.

 

 

Je signale en passant qu'on trouve, dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Animal (Unesco, 1978), une phrase qui m'a plongé dans des abîmes de réflexion : « Le massacre des animaux sauvages, la pollution et la destruction des biotopes sont des génocides » (article 8). Vous avez bien lu : génocides. Ça, c'est pour ceux qui douteraient encore de la toute-puissance des forces de la porosité. Mais qu'est-ce qu'elle attend, Carolyn Christov-Bakargiev, pour interpeller la Cour Pénale Internationale ?

 

 

Question du journaliste : « N’y aurait-il rien de spécifique à l’art humain ? – Rien. Rien ou tout [alors là, franchement, il faudrait savoir !]. Vous dites qu’il y a un lien entre une peinture rupestre et un Mondrian parce que vous venez de l’histoire de l’art et non de la physique quantique. Mais quand vous regardez pourquoi les hommes des cavernes peignaient [ah, elle est donc au courant, elle en sait donc beaucoup plus qu'André Leroi-Gourhan, l'immense patriarche de la paléontologie moderne, qui avouait ne pas très bien savoir], cela ne se différencie pas fondamentalement de la raison pour laquelle l’araignée tisse sa toile ». Mais comment donc !

 

 

Voilà le travail, messieurs-dames ! Vous avez repéré que ce qui m’intéresse ici, c’est « ne se différencie pas ». La prochaine Déclaration à l'ONU proclamera fièrement : « Tous les hommes, tous les chiens, toutes les tomates naissent libres et égaux en droits ». Voici venir la grande équivalence de tout dans tout. Je reconnais que c’est plus facile en présence d’un cas aussi aigu d’extrémisme poreux, de fanatisme du perméable. Et cette dame exerce des responsabilités, heureusement non politiques. Vous imaginez l’Allemagne avec elle, en lieu et place de Merkel ? C’est sûr que ça serait plus croustillant et folklorique.

 

 

Détail qui ne manquera pas d'intéresser nombre des lecteurs de ce blog, j'imagine que la dame dont je viens de parler appartient à un mouvement, bien implanté, apparemment, en Allemagne, et basé en France dans la belle ville d'Orléans : le Véganisme. Non seulement ils sont végétaLiens (sic), mais ils dénoncent tous les usages que les humains font des animaux (vêtements, etc.).

 

 

Attention, ça ne rigole pas, chez les « vegans » (ça veut sans doute dire veg-étal + an-imal) : il ne faut pas confondre végétaRien et végétaLien. Ce dernier s'interdit, en plus des oeufs et du lait, le miel (tiens, on parlait pas des ruches, tout à l'heure ?). Oui, le miel. Vous savez, le miel, cette substance vaguement répugnante produite par des pauvres petites bêtes qui volent et qui vont dans les fleurs se charger les pattes d'excréments sexuels (sont on ignore le plus souvent « l'orientation »).

 

Pour résumer et conclure cette série de billets consacrée à la subversion constante de l’ordre établi par la société du NOUVEAU, et à la porosité de tout par rapport à tout, je récapitule les exemples proposés : porosité du temps (habits du dimanche, lolitas), porosité de l’espace (gadgets numériques procurant un semblant d’ubiquité), porosité du sexe (l’un est l’autre), porosité de la patrie (les frontières), porosité des droits (homme, enfant, animal, plantes), porosité du roman (en est-ce un, oui ou non ?), porosité des barrières d’espèces (homme / animal, homme / plantes) et, pour finir, porosité de l’Art (est-ce de l’art ou de la réalité, du lard ou du cochon, de la chèvre ou du chou ?). Pour parler franchement, je trouve que ce n’est déjà pas mal, comme faisceau de présomptions, comme on dit chez le juge d’instruction.

 

Bon, c’est vrai, j’ai opté pour la porosité. J’aurais pu prendre l’idée de hiérarchie des valeurs, chère à Alain Finkielkraut, de son abolition, du nivellement de tout, du relativisme généralisé, mais elle n’était pas libre, elle était invitée partout, à droite et à gauche, et n’avait plus aucune place pour moi dans son agenda. J’ai bien été obligé de me rabattre sur une image moins rebattue. Après tout, ce qui est vertical dans la hiérarchie est horizontal dans la porosité. Ce qui finit par revenir au même. Enfin, à mon idée. 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Cette fois, c'est la fin du feuilleton. So long, pals ! Et portez-vous bien. Et soyez forts.

mercredi, 13 juin 2012

DE LA POROSITE DANS LES CATEGORIES

Résumé : après les catégories du temps et de l’espace, on a constaté que la POROSITÉ a atteint la frontière entre les sexes. Voyons à présent si cette porosité fait tache d’huile (la porosité qui fait tache d'huile, ça vaut bien un discours du maire de Champignac, non ?).

 

 

Un autre exemple de ce totalitarisme soft de la POROSITÉ est à trouver dans une immense et impérieuse revendication venue du fond des âges coloniaux et des peuples opprimés, de tout ce qui tourne autour de la revendication du métissage culturel, de la « diversité », de la voix des « minorités », de la créolisation du monde, de la controverse sur le multiculturalisme. Ce sont AMADOU et MARIAM qui chantent : « Ouvrez les frontières, ouvrez les frontières, ouvrez les frontières ». Qu’est-ce d’autre que réclamer une POROSITÉ accrue ? Soyez poreux, les Européens,  devenez POREUX, vous, les blancs !

 

 

Allez, j’aggrave mon cas, et je propose comme exemple un cas extrême : la Déclaration des Droits. Tout le monde a au moins entendu parler de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Cela date du 26 août 1789. Dix-sept articles lumineux, simples et précis. Passons sur celle de 1948, qui n’a de différent que son affirmation d’être universelle, quand la première, sans le dire, l’était déjà (elle comporte quand même 13 articles de plus, on sent le juridisme ambiant qui commence son grignotage épouvantablement énumératif, qu'on trouve dans tous les baux de location et les contrats d'assurance).

 

 

Mais mentionnons celle de 1959, celle des « Droits de l’enfant », dont je me demande ce qu’elle apporte de spécifique. Quoi, franchement ? Et que penserez-vous de la Déclaration Universelle des Droits de l’Animal (Unesco, 1978) ? Et de la Déclaration Universelle des Droits des Plantes (authentique) ? Je dirai rien de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, rédigée par OLYMPE DE GOUGES en 1791, parce que je me ferais incendier par les féministes.

 

 

Et moi je dis que, pour revenir aux plantes, il serait pour le moins juste et équitable de proclamer solennellement les Droits des Carottes. Et dans la foulée, des Pommes de Terre. Et pourquoi pas des Navets ? Je sens que la Déclaration des Droits va pulluler et surabonder, comme la ’Pataphysique. Elle va régner dans tous les jardins potagers. Vous allez voir, la vie des jardiniers va devenir impossible.

 

 

Vous allez voir, les manifs de poireaux, les choux indignés qui vont aller camper sur de nouvelles « Places Tahrir » pour réclamer. Pour réclamer quoi, on s'en fout. Réclamer, c'est le principe. Les Droits débordent de partout. En France, les Droits suintent, débordent des femmes, des musulmans, des noirs, des homosexuels, des enfants, des animaux (même les cloportes et les limules ?), des plantes (même le lamier amplexicaule, la pulicaire dysentérique et la germandrée scorodoine ?).

 

 

Il faut donc saluer solennellement l'émergence, le surgissement, que dis-je, l'épiphanie des Droits solennels et infrangibles. Je sens que la foule fraternelle des plantes va entourer l'humanité génétiquement modifiée, de toute la tendresse de ses vrilles et de ses inflorescences, de toute la force de son affection végétale, et de toute la sincérité de sa sympathie légumière et autocuite.

 

 

Vous en voulez, d’autres exemples de POROSITÉ ? Je vous propose un petit viron dans la littérature. Qu’est que c’est, un roman ? Et d’abord, qu’est-ce que n’est pas un roman ? Prenez LAURENT BINET, auteur de HHhH (Grasset, 2010), il paraît. Le pauvre bouquin – que je n’ai pas lu –, l’autre semaine, a été mis sur le gril par un savant professeur (PETER TAME), qui a déclaré d'entrée de jeu, lors d’un colloque international (« Après Vichy : l’écriture occupée ») : « Ceci n’est pas un roman ».

 

 

Franchement, je me fous de savoir si le livre mérite ou non d’être appelé « roman ». Ce qui m’intéresse, c’est la plaidoirie présentée par JACQUES LECARME, illustre spécialiste de la littérature française contemporaine, pour le défendre. Il a soutenu que, depuis 1950, le roman était « le lieu de l’indétermination générique et désormais celui de l’hybridation ». « Indétermination générique », « hybridation », je n’en demandais pas tant : n’est-ce pas qu’on est exactement dans ce que j’appelle POROSITÉ ?

 

 

Et je n’ai pas examiné le cas de CHRISTINE ANGOT, d’ANNIE ERNAUX, de MARIE DARRIEUSSECQ, de CAMILLE LAURENS, de PASCALE ROZE (je m’excuse, ces noms de femmes sont les seuls qui me viennent présentement à l’esprit, ah si, tiens, il me vient CLAUDE ARNAUD, le très mauvais auteur d'un livre à succès, Qu’as-tu Fait de tes frères ?), des romans d’un nouveau genre qu’on promeut sous l’appellation d’ « autofictions ». Le problème, avec ceux-là, est double. L’ « autofiction » est-elle du roman ? Et tous les livres de ces gens-là sont-ils des livres pour des raisons autres que le seul fait d'avoir été fabriqués, édités, publiés ?

 

 

Toujours pour creuser le sillon de la POROSITÉ régnante, je reviens sur la question animale. Prenez PASCAL PICQ, un grand spécialiste de l’histoire archaïque de l’humanité (on dit « paléoanthropologue »). Il se demande depuis longtemps en quoi consiste la frontière qui sépare le règne animal (surtout les grands singes, à commencer par les chimpanzés) et le règne humain.

 

 

Or, tout son travail semble consister à brouiller les cartes, les pistes, les lignes. Son idée, pour simplifier et résumer, c’est de repérer ce qui chez le singe fait penser à l’homme, et inversement. La preuve ? Il a publié fin 2011 un livre dont le titre parle de lui-même : L’Homme est-il un grand singe politique ? (Odile Jacob), dans lequel il observe, dans un groupe de singes, ce qui pourrait faire penser à des comportements politiques.

 

 

Parfaitement : politiques. Si PASCAL PICQ voulait que l’échelle des valeurs en usage dans l’humanité soit réévaluée au bénéfice des animaux, il ne s’y prendrait pas autrement. En gros, l'homme n'a rien inventé, et il ne mérite pas tant d'égards. Accessoirement, je fais remarquer que le paléoanthropologue est un adepte de la POROSITÉ des frontières. Remarquez, avec le prion et le H5N1 (vache folle, grippe aviaire souvenez-vous), certaines maladies ont déjà franchi la « barrière entre les espèces ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

La suite et puis la fin, promis, demain sans faute.

 

 

mardi, 12 juin 2012

POROSITE, DISSOLUTION

Résumé : les parois entre les mots, entre les choses, ne sont plus étanches, ont perdu en consistance, en densité. Elles sont devenues POREUSES. Cela vaut pour la catégorie du temps. Cela vaut aussi pour d'autres catégories.

 

 

Vous en voulez encore un, d’exemple de la POROSITÉ qui nous gouverne ? Après le temps qui n’est plus le temps qui passe, mais celui qui devrait ne jamais passer ou être déjà passé depuis lurette, voici l’espace, je veux dire la négation de l’espace, et plus particulièrement de la distance. A quoi sert cette terrible trouvaille qu'est le téléphone portable ? L’iphone ? Le smartphone ? Le lecteur MP3 ? Mais ça sert tout simplement à ne pas être là où l’on est. De même que la fillette est la femme, l’ici est l’ailleurs. Le temps est sans être. L’espace existe sans exister.

 

 

Ce n’est pas que ça donne l’ubiquité, ça non. C’est juste un paradoxe : l’individu n’est pas où il est. Vous ne trouvez pas intolérable et humiliant, d’être attablé avec un copain, et d’assister au spectacle du copain parti, par la magie de son portable, très loin de vous, dans un ailleurs inaccessible, aussi longtemps qu’il le voudra ? Je trouve ça inamical, voire méprisant. Le téléphone portable réalise le paradoxe en nous permettant de vivre dans l'oxymore.

 

 

La POROSITÉ qui nous gouverne se situe au cœur du verbe être, qui instaure un signe d’équivalence absolue entre ce qui est devant et ce qui vient derrière. Regardez le monde changer de planète, entre le film de 1966 (Un Homme et une femme, CLAUDE LELOUCH), et le film de 1998 (L’Homme est une femme comme les autres, JEAN-JACQUES ZILBERMANN). Je ne parle évidemment que des titres, qui sont avant tout des symptômes.

 

 

Voyez la magie opérée par le passage de la copule (si, si, c'est le mot juste) de coordination et à l’affirmation de l’identité des contraires, par la simple magie du verbe être. N’attendez pas maintenant de moi que je me lance dans une nouvelle diatribe contre les fanatiques qui voudraient bien substituer je ne sais quel « genre » à mon sexe.

 

 

Si vous insistez, je veux bien envisager de faire un effort. En attendant, je me contenterai de redire quelques mots à ces intégristes. Ils voudraient bien convaincre le monde que l’homme est un être 100 % « culturel », intégralement et de A à Z façonné par ses seuls acquis. Que l’homme ne contient plus la moindre parcelle de « nature » innée, sorte d'impureté, de scorie, de déchet qui pourraient lui rester attachés (pour traduire : son sexe physique, anatomique).

 

 

Les adeptes du GENRE voudraient bien que soit réalisé le voeu de BAUDELAIRE, qui faisait de la Nature la matrice de tout le Mal qui fût au monde : « ... la nature n'enseigne rien, ou presque rien, c'est-à-dire qu'elle contraint l'homme à dormir, à boire, à manger, et à se garantir, tant bien que mal, contre les hostilités de l'atmosphère. C'est elle aussi qui pousse l'homme à tuer son semblable, à le manger, à le séquestrer, à le torturer; car, sitôt que nous sortons de l'ordre des nécessités et des besoins pour entrer dans celui du luxe et des plaisirs, nous voyons que la nature ne peut conseiller que le crime. C'est cette infaillible nature qui a créé le parricide et l'anthropophagie, et mille autres abominations que la pudeur et la délicatesse nous empêchent de nommer ». Cela surprend ? C'est dans Le Peintre de la vie moderne. Sois désormais exaucé, CHARLES !

 

 

Au fond, les adeptes du GENRE ne sont que des ayatollahs à la sauce « moderne ». De plus, ils travaillent exactement à accélérer le processus dont je parle ici, le processus de cette POROSITÉ toujours plus marquée entre les contraires, à abolir le pouvoir discriminant de ce qu’on appelle des critères, donc à abolir ( = à interdire), en même temps que les différences, la possibilité du jugement.

 

 

Ils sont les victimes de graves attaques phobiques d’une urticaire morale virulente et géante dès que sonnent à leurs oreilles les mots de « limite », « démarcation », « seuil », « frontière », « cloisonnement », « compartimentation », « séparation », « distinction », etc. En revanche (nonobstant et subséquemment, gendarme Mirliflore), ils se retrouvent à l’aise et baignent dans leur jus quand ils croisent L’Un est l’autre (notez le verbe être), ouvrage bien connu d’ELISABETH BADINTER (1986).

 

 

La logique qui est à l’œuvre dans leur raisonnement est : « Tout est dans tout et réciproquement, parce que tout découle d’une construction sociale, donc d’un arbitraire insupportable qu’il s’agit d’urgence de déconstruire, à commencer par le carcan de l'identité et de la différence sexuelles ». N’est-ce pas, que j’ai bien résumé les thèses de JUDITH BUTLER ? Presque pas de caricature.

 

 

La toile de fond, l’horizon de cette pensée « genriste » (qui n'est qu'une idéologie, une doctrine) n’est rien d’autre que l’homme 100 % artificiel, une « humanité de synthèse », en quelque sorte. Je signale que le grand romancier MICHEL HOUELLEBECQ n’a pas peint un autre tableau quand il a publié Les Particules élémentaires (1998), avec son projet d’espèce humaine génétiquement modifiée et contrôlée, dès lors débarrassée du sentiment, de l’affectivité, et donc inaccessible à toute souffrance morale ou psychologique.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Allez, vous en reprendrez bien une louche ?

 

 

 

 

 

 

 

lundi, 11 juin 2012

LA POROSITE SUBVERSIVE

Résumé : quand on n’est pas dans la science dure, une vérité qui change n’est plus une vérité. Dans la science, quand la vérité change, c’est qu’elle s’améliore, qu’elle s’approche de l’exactitude par rapport à son objet, même si elle se complique, parce qu’une vérité plus forte remplace une vérité devenue faible.

 

 

Partout ailleurs, pour qu’il y ait une vérité, il faut de la durée. L’idéal étant évidemment l’éternité. Mais voilà, la durée de la vérité s’est raccourcie, le changement impose le nouveau comme autre forme du vrai. Du coup,  la vérité est devenue POREUSE, disparaît dans sa propre précarité, et se laisse contaminer par ce qui n’est pas elle. L’époque actuelle, dans les mœurs, dans les arts, dans les symboles, dans les esprits, s’est mise à évoluer à mort. Pour tout vous dire, l’époque actuelle « change de vrai » comme de chemise.

 

 

C'est ce qui faisait le confort intérieur des esprits, à l'époque de l'absolu de la religion et de la royauté. Mais, tel Zorro, « EINSTEIN est arrivé sans se presser », et il a mis sur le trône la relativité généralisée. Si quelque chose de vraiment vrai, c'est-à-dire d'éternel, avait pu exister auparavant, c'en était définitivement fini. Car si le vrai n'est pas éternel, c'est qu'il n'est pas vrai, qu'il en porte le masque, pas plus. Qu'il y a d'autres vrais, une pluralité de vrais, de la concurrence entre les vrais. Allez savoir à quel vrai vous avez affaire. On ne sait plus à quel vrai se vouer, mon pauvre monsieur.

 

 

Au point que le changement n’a plus du tout besoin de vrai pour être une valeur en soi. Si ça change, c’est qu’il y a  une bonne raison pour cela, de même qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu ». Si ça change, c’est que ce qui est remplacé devait donc être remplacé (et jeté à la poubelle, ou vendu pour presque rien dans un vide-grenier).

 

 

Et l’on s’étonne que les gens soient paumés, et qu’ils aient perdu tout point de repère. C’est le refrain « de mon temps », que j’ai entendu très récemment au grand vide-grenier de la Croix Rousse, dans la bouche d’un monsieur assez âgé, un tantinet exalté, fils de tisseur et ancien propriétaire d’une auto-école, qui vendait des épingles de cravates anciennes. Je me suis éloigné ostensiblement, sans ça, j’y serais encore. « De mon temps, disait-il en substance, il y avait des points de repère,et ce qui était noir n’était pas blanc ».

 

 

Le brave homme n’avait pas complètement tort, en dénonçant les tenues des passants et des exposants, et en les qualifiant de « débraillées ». C’est vrai que les gens n’ont guère aujourd’hui le souci de la qualité de leur « toilette » (mot désuet), et ce n’est pas un problème d’argent. C’était, à sa manière, un éloge de la paroi étanche qui séparait il n’y a pas si longtemps (qu’est-ce que c’est, cinquante ans ?) le dimanche des autres jours de la semaine.

 

 

On se demande quel hurluberlu, aujourd’hui, aurait l’idée bizarre de s’ « habiller en dimanche ». Si, c’est vrai que, plusieurs dimanches de suite, dans le métro, j’ai vu un noir, très grand et très mince, qui tenait religieusement une bible à la main. Disons que, rien qu’à sa façon de la tenir, on voyait qu’il était dans un moment d’intense piété.  

 

 

Eh bien, il était tiré à quatre épingles, costume impeccable, chemise très blanche, cravate, chaussures méticuleusement cirées. Il rejoignait sans doute son assemblée de fidèles, son pasteur, son temple. Mais c’est une exception. La plupart des gens négligent leur apparence vestimentaire, y compris le dimanche.

 

 

Voilà un tout petit exemple de la POROSITÉ qui a gagné nos vies dans la multiplicité de ses aspects. Les parois qui séparaient le dimanche des six autres jours, l’un et l’autre, le même et le différent, qui délimitaient le sens des mots, ont perdu en consistance, en épaisseur, en densité.

 

 

Vous voulez un autre exemple ? Tiens, prenons les âges de la vie, de l’enfance à l’âge mûr. Ne parlons pas du désir de jeunesse et de l’envie de plaire d’une femme, disons « après le retour », vous savez, quand les glandes commencent à se tarir et sécher, une femme qui, pour cela, va couvrir son corps et son visage du masque épouvantable d’un âge qui l’a désertée. N’en parlons pas, parce que c’est trop triste.

 

 

Parlons de ces nombreuses mères de famille qui meurent d’envie de donner à leur propre fille, dès l’âge de 8 ou 10 ans, toute l’apparence d’une femme fatale, d’une séductrice, d’une – comme on dit – « Lolita » (quel archétype a inventé là VLADIMIR NABOKOV ! Quelle prescience ! C'est si rare, un nom propre qui devient un nom commun. Chapeau l’artiste !), parfois aidées en cela par des poussées hormonales précoces très à même d’entretenir la confusion. J’appelle ça la POROSITÉ des âges. Il y aurait d’autres exemples (adolescence prolongée genre Tanguy, infantilisme des adultes et des parents, etc.).

 

 

Je ne sais plus dans quelle émission d’une nommée MIREILLE DUMAS regardée par hasard, j’avais assisté à la mise en scène de la petite, fardée et accoutrée en pute (il n’y a pas d’autre mot), et j’y avais trouvé quelque chose de tragique. L’idée, c’est que dans la fillette, même prépubère (mot qui veut dire « avant les poils », pour ceux qui n’ont pas fait de latin), il y a déjà la jeune fille, la belle adolescente, presque la jeune femme. Pour un peu, on la verrait bien en mère. Et je dis : pourquoi pas en mère-grand ("comme vous avez de grands yeux, mademoiselle !") Disons que c’est une invitation à l’inceste et au viol, et n’en parlons plus.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Allez, on va encore jouer les prolongations.

 

 

dimanche, 10 juin 2012

NOUS, ON VEUT CHANGER DE VRAI !

Résumé : nul ne saurait résumer la fin du monde.

 

 

Ne lâchez pas la truelle : nous allons passer notre temps à tenter de reconstruire quelque chose d’humain et de vivable, pendant que les secousses sismiques continueront, s’accentueront, s’aggraveront, et fendilleront les murs à mesure que nous colmaterons les brèches. Nous allons y passernotre temps, à colmater les brèches. Nous allons passer notre temps (nos loisirs ?) à édifier les belles ruines d’un monde qui s’auto-détruit.

 

 

Le tremblement de terre qui a détruit une bonne partie de Port-au-Prince le 13 janvier 2010 doit être considéré comme une métaphore. La destruction des palais et cathédrales historiques d’Emilie-Romagne, ces tout derniers temps, doit être considérée, sinon comme une punition du ciel (Dieu nous en préserve !), du moins comme une métaphore de quelque chose qui pourrait se formuler : « une civilisation en fin de vie ».

 

 

Pensez au fait qu’au Brésil, la protection de la forêt d’Amazonie est le cadet des soucis de la plupart des gens, préoccupés par l’accession de leur pays au statut de « pays développé » (à coups de cultures OGM, évidemment, et de destruction de la forêt, avec transformation subséquente de tout le sol en latérite, qui est une sorte d’argile cuite au four, sur laquelle il va être un peu difficile de faire pousser quoi que ce soit), revanche sur l’époque d’une évidemment infâme colonisation. Je vais vous dire : les gens qui parlent encore aujourd’hui de néo-colonialisme se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au trou du cul. Et j'espère que ça leur fait mal.

 

 

La secousse sismique est devenue la base de notre civilisation, la mère de nos « points de repère ». Je vais vous dire : les « points de repère », chacun a intérêt à les garder pour soi, s’il ne veut pas que le NOUVEAU les rende bientôt obsolètes. Nous vivons, il faut le savoir, sous la dictature du NOUVEAU. Or, il faut le savoir, le NOUVEAU, quand ça vient à son heure, c’est globalement bienvenu, cela comble un besoin qui commençait à se faire sentir.

 

 

Mais quand le nouveau devient la LOI ? Comment voulez-vous vous en sortir ? Vous étouffez sous l’exigence. Soyez nouveaux ! Faites du nouveau ! Impossible. Toujours ce slogan marxiste : « Du Passé faisons table rase ! ». Les semelles des fils doivent écraser jusqu’à l'ombre de la silhouette des pères. L’oubli du passé préside au passage de témoin. Veut dire qu’il ne saurait plus y avoir de passage de témoin. Fini, la transmission.

 

 

Du coup, chacun est renvoyé à soi-même, sans avant et sans après, individu perdu au milieu de 7 milliards d’autres individus perdus, dans un présent perpétuel en train de vibrionner dans tous les sens. Et le présent perpétuel, c'est exactement le séisme. Le flux de l'eau en train de couler, si vous préférez, quoique l'image soit moins exacte. La secousse sismique est devenue un mode de vie : on s’habitue à tout. Enfin, c'est ce que j'ai entendu dire. Mais il n’est pas sûr qu’on s’habitue à ce qui vient.

 

 

Et ce qui vient, c’est quoi, exactement ? Pour parler franchement, je n’en sais pas vraiment quelque chose. Ce sont des impressions, des perceptions, des réflexions. Mais je crois qu’on peut les résumer dans une revendication, la grande revendication du temps, que je propose de formuler de la manière suivante : « Non, les choses ne sont pas ce que l’on croit qu’elles sont. Elles peuvent aussi être leur CONTRAIRE ».

 

 

C’est ce que j’appelle, dans mes bons jours, la « migration des définitions ». Je pourrais aussi bien appeler ça l’abolition de la définition. Mais on pourrait aussi bien appeler ça la POROSITÉ des définitions. On n’a pas idée de ce que tout est devenu poreux. Les choses en ont marre, de la délimitation du sens des mots. Il y en a marre des frontières, des parois étanches, des séparations, des cloisons, des compartiments. Disons-le carrément : il y en a marre des différences. Plongeons, joyeusement ivres, dans la grande méga-fusion de tout dans tout.

 

 

 C’est vrai, quoi, si les mots signifient quelque chose de stable, où va-t-on ? Il y en a marre de la dictature de la définition. Qu’on se le dise, 1 – les définitions sont des frontières, 2 – or les frontières sont une image du Mal (mais RÉGIS DEBRAY dit le contraire dans Eloge des frontières), 3 – donc il faut se débarrasser des définitions. C’est très logique. Cela s’appelle même un syllogisme (majeure, mineure, conclusion).

 

 

Dans les anciens temps, pour que quelque chose soit reconnu pour vrai, il fallait laisser passer une certaine durée. Disons même la plus longue durée possible. Franchement, c’est du bon sens : si on est constamment obligé de changer de « vrai », il y a de quoi être vite perdu.

 

 

Le « vrai » qui change, ce n’est pas forcément du faux, mais avouez qu’il y a de quoi douter de la solidité. La vessie est peut-être une lanterne, allez savoir. Et nous, aujourd’hui, on n’arrête pas de changer de vrai. Ce que le faux penseur de la modernité qui a nom GILLES LIPOVETSKI a fait mine d’appeler L’Empire de l’éphémère. Mais il n'a peut-être pas aussi tort que je fais mine de le croire.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Allez, c'est encore à suivre, désolé.