mercredi, 25 avril 2012
DU MONTAIGNE ? COMBIEN DE TRANCHES ?
Oui, j'en étais à la difficulté culturelle que représente aujourd'hui la syntaxe d'un auteur vieux de bientôt cinq siècles : MONTAIGNE. Une syntaxe riche, complexe et fleurie qui nous rend sa lecture difficile d'accès, à nous dont les phrases sont devenues tellement sèches, plates et pauvres. Notre époque semble donc éprouver de la haine pour la complexité.
Bon, autant vous prévenir, MONTAIGNE viendra, mais pas tout de suite. En attendant, voici au moins sa photo, prise autour de 1577.

Plus le réel échappe à notre emprise, je veux dire à notre emprise à nous autres, individus, plus notre langue s’appauvrit, plus nos phrases s’étiolent et cèdent à la marcescence qui accompagne la fleur dans sa procession du matin jusqu’au soir (vous savez, « la rose qui ce matin avait déclose sa robe de pourpre au soleil a point perdu cette vesprée les plis de sa robe pourprée et son teint au vôtre pareil », même que ça commence par « Mignonne allons voir si »). Sauf que notre langue, ce n’est pas une fleur.
Et puis, si un individu ne peut plus grand-chose sur le monde qui l’entoure, il faut dire aussi que nous nous sommes laissés gagner par l’impression, peut-être la certitude que nous sommes de moins en moins des individus. Trop d’individus tue l’individu, en quelque sorte. J'ajoute que trop d'objets et trop de marchandises, ça vide aussi l'individu de sa substance. Comment voulez-vous, dans ces conditions, entrer dans MONTAIGNE, lui qui représente l’essence même, que dis-je : l’âge d’or de l’individu ?
Ce décharnement, qui donne leur épouvantable aspect étique de grandes filles anorexiques, voire cachectiques, aux phrases qui sortent de nos bouches, de nos plumes ou de nos pouces (eh oui !), certains l’attribuent à tous ces menus objets, devenus des prothèses de nos corps, que l’on dit porteurs de la crème des progrès techniques : le texto, le SMS, le tweet feraient selon eux subir une terrible cure d’amaigrissement à la syntaxe disponible dans les cerveaux actuels, dans l’état où les a laissés Monsieur PATRICK LE LAY, de TF1. C’est possible.
Je me demande quant à moi si la raison de cet appauvrissement n’est pas à la fois beaucoup plus simple et beaucoup plus inquiétante, pour ne pas dire tragique. Si on ne fait plus de la syntaxe à la petite scie d’artiste, de la phrase complexe au burin subtil de graveur, c’est peut-être qu’on n’a plus grand-chose à y mettre, dans la syntaxe. Pour articuler des idées au sein d’une phrase un tant soit peu complexe, encore faut-il en avoir, des idées.
Quand la matière du contenu du pot a séché, fût-elle fécale, elle devient dure et cassante, et tout à fait impropre à s’incurver dans les méandres sinueux d’un flux verbal (il fut un temps où l’on disait « raisonnement ») tant soit peu élaboré (je ne dis même pas « raffiné », notez bien). Quelque chose qui ressemble à du vivant qui sait vivre, quoi.
Ce qui découle de tout ça, c’est que notre passé nous devient étranger. Nous perdons la mémoire. Et je ne parle pas de l’orthographe (adjectifs de couleur, mots composés, consonnes doubles, etc.) ou de l’accord du participe passé. Je parle de la syntaxe. La syntaxe, qu'on se le dise, met de l’ordre dans la pensée, parce qu’elle met de l’ordre dans les phrases.
Nous sommes en mesure, à l’ère du numérique, d’archiver et de dater à la seconde près le moindre pet de notre pensée, ou de traquer une fourmi dans sa fourmilière, nous sommes matériellement capables de mémoriser tout ce qui arrive, et nous perdons notre langue, qui est tout simplement l’âme, la mémoire et le socle de notre civilisation.
De même que le christianisme fut, selon MARCEL GAUCHET (Le Désenchantement du monde, 1985), « la religion de sortie de la religion », dira-t-on que notre civilisation est celle de la sortie de la civilisation ?
N’y a-t-il pas quelque chose de symbolique dans le succès mondial grandissant remporté depuis vingt ans par la maladie d’Alzheimer, qui « vide » la personne de sa personne ? Car cette maladie de civilisation n'est pas une maladie de la mémoire, c'est une maladie de la personne. C'est autrement plus grave. Plus central. Plus terrible.
Les « maladies de civilisation » ne sont pas très nombreuses : il y eut le « tabès dorsalis » à partir du 16ème siècle. Tout le monde a reconnu le « mal français », ou « napolitain », dû à l’infection par le « tréponème pâle », autrement dit la syphilis, ou « grosse vérole » (par opposition à la « petite », celle qui touche Madame de Merteuil à la fin des Liaisons dangereuses, autrement dit la variole).
Le 19ème siècle fut celui de la tuberculose (voir SUSAN SONTAG, La Maladie comme métaphore (1978)). Le 20ème a vu émerger, croître et embellir le cancer. Sur la fin, il a produit le sida. N’oublions pas le nombre des cas d’autisme, qui a été multiplié par 17 en cinquante ans. Il n’y a donc aucune raison pour dénier à la maladie d’Alzheimer le droit de se développer massivement.

IL A L'AIR CONTENT, LE DOCTEUR
ALOIS ALZHEIMER,
D'AVOIR INVENTE UNE SACREE MALADIE
L’affaire est en marche : la France compte à peu près 900.000 malades (dont certain, illustre, occupe gracieusement un appartement de la famille HARIRI, 3 quai Voltaire, à Paris). Une telle adhésion au processus d'enrichissement pathologique ne saurait être considérée autrement que comme un encouragement pour l’avenir. La maladie d’Alzheimer est bien partie pour réaliser la promesse du chant, bien connu sous le titre de L’Internationale : « Du passé faisons table rase ». Comme on dit en Espagne : « Alegria ! Alegria ! ».
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, société, montaigne, politique, syntaxe, langue française, ronsard, mignonne allons voir si la rose, individu, patrick le lay, temps de cerveau disponible, marcel gauchet, le désenchantement du monde, alzheimer, vérole, syphilis, les liaisons dangereuses, choderlos de laclos, tuberculose, cancer, sida, autisme, rafic hariri, jacques chirac, l'internationale, du passé faisons table rase
mardi, 24 avril 2012
CAMPAGNE DEUXIEME TOUR
Oyez, oyez, braves gens, le président-candidat (en même temps que candidat-président, c'est subtil, faut suivre) va donc organiser une GRANDE MANIFESTATION le premier mai, jour de la fête du Travail (avec majuscule). Il espère réunir des foules considérables pour célébrer, tenez-vous bien, à la une, à la deux, à la trois : LE VRAI TRAVAIL.
Alors, je vois qu'il faut lui rafraîchir la mémoire. Rappelez-vous : « Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas », qu'il disait ; rappelez-vous : « Travailler plus pour gagner plus ».
Je lui propose donc de relire un classique de la grande littérature française.

Dans son cas à lui, c'est aussi bien que La Princesse de Clèves, non ? Et au moins, c'est à sa portée.
Voilà ce que je lui dis, moi.
DU MONTAIGNE ? COMBIEN DE TRANCHES ?
Je préviens tout de suite, MONTAIGNE, ça va venir, mais pas tout de suite. Patience et longueur de temps, comme on dit.
Bon, je ne vais pas la ramener et faire le fier, car il n’y a pas de quoi, mais un jour, j’ai hardiment décidé de me colleter avec les Essais de MONTAIGNE. Je ne dirai pas que c’est un Everest. Je dirai plutôt que c’est une île, voire un archipel situé à quelque distance du continent, et que pour faire la traversée, il faut accepter de se mettre à l’eau et de faire le voyage. Et il se trouve qu’un jour, j’ai décidé de m’embarquer pour de bon.
Ce n’est pas un Everest, parce que pour l’Everest, les choses sérieuses commencent à 6000 mètres. Bien trop haut pour MONTAIGNE, qui n’aime guère quitter le plancher des vaches, si ce n’est pour monter à cheval. Ne parlons pas d’archipel. Je comparerais plutôt les Essais avec la carcasse du bœuf de boucherie : il y a les morceaux nobles : filet, aloyau, rumsteack, …, et les morceaux ignobles (désolé, c’est le contraire de noble ; bon, disons : « moins nobles » pour les amateurs d’euphémisme) : plat de côte, paleron, jarret …

Chez MONTAIGNE, on va dire qu’il y en a pour tous les goûts, qu’il y a à boire et à manger, qu’il y a les pleins et les déliés, les hauts et les bas, les jours avec et les jours sans. Il y a les essais tout petits, et puis il y a les essentiels. Et puis il y a l’éléphantesque chapitre 12 du Livre II, faussement intitulé « Apologie de Raimond Sebond » (174 pages à lui tout seul, en Pléiade).
En fait, c’est une très longue visite de ce qui, sur terre, tend à prouver que tout est relatif, à commencer par l’homme, comparé aux animaux, dont les performances, réelles ou fantasmées, y sont longuement vantées. Cette variété est d’autant plus délicate à saisir que mon essentiel à moi ne sera pas forcément celui de mon voisin. Il y a les petites choses, et puis il y a les grandes.
Et puis je vais vous dire autre chose : il y a les bondieuseries de passages obligés, les extraits « lagardémichardisés », « les cannibales », « de l’institution des enfants », « des coches ». La « tête plutôt bien faite que bien pleine » (je signale d’ailleurs que la phrase continue par « et qu’on y requît tous les deux », contrairement à ce que le lycéen moyen a d’habitude enregistré). Ça, c’est, en quelque sorte, le MONTAIGNE congelé, et réchauffé au four à micro-ondes.
« Des coches », parlons-en. Monsieur GENDROT (des manuels GENDROT et EUSTACHE) m’avait collé l’explication de texte. Je n’y avais strictement rien compris. Mais rien entravé, que dalle, que pouic. Et pour cause : le chapitre en question parle de tout sauf des « coches », mais ça, je l’ai su bien après. Les ai-je maudits, ces « coches » ! Pourtant, j’avais l’impression d’être normal, je vous jure.
Et puis ne nous voilons pas la face : il y a la langue, la grammaire, l’orthographe. Oh, MONTAIGNE ne s’affolait pas du tout, pour l’orthographe. Il ne s’embêtait pas, quand il voulait écrire « à cette heure », ça donnait « asteure », voire « asture ». Même VOLTAIRE, 200 ans après, écrivait le même mot différemment à quelques pages de distance. Reste que la langue du 16ème siècle, si on ne peut pas dire que c’est de l’ancien français (« Ha, Galaad, este vo ce ? – Sire ce sui je » ou « Au departir, andui son mornes », ça, c'est du 12ème siècle), ça reste ardu.
D’autant qu’il y a aussi les phrases. Important, les phrases. Contournées, ondulantes, sinusoïdales. Et il faut bien reconnaître que ça réclame un entraînement, une habitude. Quand on en manque, il se peut qu’arrivé au bout d’une, il faille revenir au début. La raison en est horriblement simple : c’est que nos phrases à nous, de nos jours d’aujourd’hui, sont désespérément simples, d’une platitude effrayante, d’une petitesse abyssale. Nos phrases privilégient le segment de droite, et le plus court possible, voire le point.
L’onomatopée, l’apocope font régner leur terreur : il faut élaguer, raccourcir, on vous dit. Pas de longueur : 140 signes au maximum. Pourquoi croyez-vous que les jeunes ne lisent plus les romans de BALZAC ? Des longueurs, on vous dit. Dès qu’on ajoute à la proposition principale une subordonnée relative, ça commence à s’agiter nerveusement dans les rangs. Quand on entre dans les complétives et les circonstancielles, on ne peut plus compter sur personne. Alors je ne vous dis pas la panique d’horreur d’affolement quand une participiale pointe une oreille. Et je n’ai même pas abordé le subjonctif imparfait.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, société, langue, montaigne, les essais de montaigne, éverest, apologie de raimond sebond, langue française, france, culture générale, orthographe, voltaire, ancien français, balzac, onomatopée, apocope, syntaxe, grammaire
dimanche, 22 avril 2012
BALKANY ET SARKOZY
On ne le sait pas assez : Patrick Balkany est un des meilleurs potes de Nicolas Sarkozy. Il n’aurait pas voulu manquer – et pour rien au monde – l’énorme meeting du « président-candidat » place de la Concorde. Ça tombait bien, figurez-vous.
Ça tombait même à merveille : figurez-vous que l’Hôtel Crillon domine la place de la Concorde de toute éternité (enfin presque). Devinez ce qu’il fait, Patrick Balkany, allez. Eh bien, il loue une chambre à l’hôtel Crillon la veille du meeting. Rien de plus naturel, non ? Mais bien sûr, c’est tout naturel, mon prince.
Sauf que la chambre n’est pas une chambre, mais une « suite ». En l’occurrence, il s’agit de la « suite Marie-Antoinette ». Le tarif n’est pas très élevé : juste 9.500 euros la nuit. Moi, j’y passe trois minutes, et je suis rincé. Neuf mille cinq cents euros la nuit ? Oui, oui. La terrasse fait 100 m². Le plus merveilleux de l’affaire, c’est que les Balkany ont excipé de leur 36ème anniversaire de mariage pour justifier de tels frais. Comme c’est attendrissant ! Enfin, quand on a les moyens ...
Ce n’est pas pour rien que le peintre James Tissot a situé dans ce qui s'appelait alors le "pavillon Gabriel" son tableau « Le Cercle de la Rue Royale », dans les années 1880, tableau mentionné dans A la Recherche du temps perdu (dans La Prisonnière, ou dans La Fugitive ?), et où figure un nommé Charles Haas, qui fut un des humains qui inspirèrent le personnage de Swann, dans l’œuvre de Marcel Proust (hommage dont l’auteur se rengorge, d’ailleurs, je vous dirai ça, si je retrouve la page).
On ne le sait pas assez, les cinquante plus gros donateurs du « Premier Cercle » (les riches mécènes de la ploutocratie régnante, c’est-à-dire du parti présidentiel) ont été réunis aux frais de l’UMP dans les salons de l’hôtel Crillon juste avant le meeting de la Concorde. Pour les remercier. Ce fut plus discret qu’au Fouquet’s en 2007.
Allez, un petit effort, votez pour les gens qui vous plument, braves gens.
Voilà ce que je dis, moi.
14:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
PRESIDENTIELLE, C'EST JOUR DE FÊTE
« Le jour de la présidentielle,
Je reste dans mon violoncelle.
Une élection qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas. »
D’après TONTON GEORGES
Quand je vois passer une ELECTION PRESIDENTIELLE, qu’est-ce que je fais ? Je l’ignore superbement.
JE M’ABSTIENS
Vous ne voudriez quand même pas que je vote pour ça ?

Ou même pour ça ?

Alors vous, vous voteriez pour ça ?

Non, ne me dites pas que vous voteriez pour PASQUAL PINON, pas vous, pas ça, quand même ?

Je n'ose pas imaginer que quelqu'un pourrait apporter son suffrage à cette bête-là ?

Entre deux étrons, il faut choisir le moindre, comme disait presque l’ennuyeux PAUL VALERY.

Et quelque virulentes que soient les vociférations des

ou des

sachez-le, je m'abstiens ! Hyène je suis, hyène je reste, et je ricane.

Voilà ce que je dis, moi.
Mais quand je vois passer le procès de
Monsieur ANDERS BEHRING BREIVIK,
qu’est-ce que je fais ?

J’applaudis la Norvège, qui a le courage de donner à un fasciste, peut-être même un nazi, et au surplus un grand criminel, le droit de s’exprimer publiquement. Ce n’est pas en France qu’on verrait ça.
Je dis : « Bravo la Norvège. Ça au moins, c’est de la liberté d’expression ».
Pour moi, c'est ça, la démocratie. C'est même de la démocratie de grande classe. En France, pays des « droits de l'homme », qu'ils disent, heureusement, on a adopté le couvercle hermétique du POLITIQUEMENT CORRECT. Et les bonnes âmes s'étonnent des presque 20 % de Madame LE PEN. On n'est pas au bout des surprises.
Voilà aussi ce que je dis, moi.
08:44 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, politique, société, france, georges brassens, dimanche, littérature, paul valéry, anders breivik, norvège
samedi, 21 avril 2012
LA CHASSE ET LA LITTERATURE
PIERRE MOINOT est un très bon écrivain. J’ai beaucoup apprécié deux romans de lui, deux romans de chasse, La Chasse royale, dont je vais parler ici, et Le Guetteur d’ombre, beaucoup plus crépusculaire et symbolique, aussi majestueux que le cerf que le héros poursuit est pour lui une sorte de Moby Dick, d’idéal métaphysique inaccessible, sauf qu’à la fin, il accepte la défaite. Il est même obligé d’accepter que l’animal soit tué, très injustement, par la jeune femme totalement néophyte, innocente et ignorante.

CELA NE L'EMPÊCHE PAS D'ECRIRE TRES BIEN
Je dédie ce billet à tous ceux qui ne comprendront jamais rien à la beauté de la chasse. Je ne parle pas du « tir aux pipes », en quoi consiste aujourd’hui, en général, une « ouverture » de la chasse. Je parle de la vraie, évidemment. Celle qu’on appelle la (ou le, je ne sais plus) « pirsch ». Qui consiste d’abord à connaître la bête, son lieu de vie, ses habitudes, ses voies. Et ça, ça s’apprend. C’est une sacrée école. D’accord, ce genre de chasse est plutôt l’exception que la règle. Pour une raisons simple : il faut avoir les moyens.
Sur un sentier des Vosges, en montagne, la jeune Hélène Servance suit, en se cachant, Henri Guifred et Philippe Lussac, armés de fusils, qui rejoignent le garde-chasse Charles Metzer, qui les emmène plus loin dans la montagne en se tenant sans cesse sur ses gardes, jusqu’à la Bestmiss, où ils découvrent tout un dispositif de braconniers.
Plus tard, au Schweissel, Philippe prend l’affût, voit une chevrette qu’il ne tire pas, puis une jeune fille, qu’il observe intensément. Il redescend bredouille, rencontre Studer, qui se méfie. Au retour chez Metzer, c’est le repas en compagnie de la vieille et charmante Germaine. Ensuite Metzer raconte aux deux jeunes gens tout ce qu’il sait des braconniers qui déciment le gibier de la région.
Après des recherches vaines, Metzer organise une traque où le petit Zeppi rabat le gibier et où Philippe montre un « joli coup de fusil », redécouvrant la joie d’être là, voyeur et chasseur. Deuxième traque, infructueuse. Henri et Philippe voient la jeune fille au moment où elle bat sa chienne, puis la suivent jusque chez elle. Henri raconte l’histoire de la famille Servance, où il n’y a plus que des femmes, Céline, Marthe et Hélène, sa fille.
Arrivés à Haudrenne (Oderen ?), ils déposent le chevreuil qu’ils ont tué devant la porte des Servance, comme le stipule le bail de chasse. Au retour, Philippe manque de se faire pendre à un collet de braconnier. Marthe Servance est aliénée au souvenir de son mari René, dont elle refuse la mort. Apparaît Céline, la vraie maîtresse de maison. A la découverte du chevreuil, elle annonce un repas de chasse, comme autrefois. Hélène réagit et, avec sa tante Céline, évoque le passé : à son contraire, elle aime le changement.
Zeppi aiguille les recherches de Metzer sur Ludovic Rambert. Le garde monte à Wolfrain, coupe de bûcheronnage, et apprend de Ludovic que c’est Grieb qui lui a fourni un sanglier pour un repas de chasse. Metzer, Studer et Zeppi descendent chez Grieb. Un faux client sort de son restaurant « L’homme vert », et Studer lui emboîte le pas. Metzer entre chez Grieb, et arrive à lui faire signer une reconnaissance de dette, aux termes de laquelle il promet de ne plus vendre de gibier braconné. Metzer retrouve ensuite le malicieux Zeppi.
Le repas de chasse à Haudrenne. Céline, auparavant, se souvient, à l’arrivée des chasseurs, devine comment il faut leur parler. Le repas se déroule agréablement. Les caractères se dessinent. Philippe regarde Marthe, dont il comprend les malheurs. Céline se comporte en vraie maîtresse de maison. La soirée est douce. Hélène et Philippe ont un long dialogue empreint de la plus grande sincérité. Puis Metzer sonne joyeusement dans sa trompe les grandes sonneries traditionnelles. Henri et Philippe rentrent chez eux.
On cherche vainement les braconniers. Lors d’un nouvel affût, Philippe, de nouveau, ne tire pas. C’était le « grand brocard ». Il pense à Hélène. Henri lui lit un passage d’un livre de chasse, dans lequel il se retrouve. Nouvel affût : Philippe tente de résister à son amour pour Hélène. Puis on entend les appels de la trompe de Metzer.
Cette fois, c’est sérieux : Zeppi les a repérés. Il descend prévenir Henri et Philippe, après être allé chercher le fusil de Metzer, malgré l’opposition d’Hélène, qui était au courant des braconnages. Les hommes, accompagnés du chien de Metzer, César, tendent l’embuscade à la Bestmiss. Dans l’obscurité compacte, on entend brusquement Metzer crier à son chien : « Au braco ! Tue ! Tue ! ».
Suit un moment d’anthologie, passage haletant, superbement écrit. C’est la bataille : les braconniers sont mis en déroute, mais Philippe est blessé, de même que César, auquel le braconnier sur lequel il sautait a ouvert le ventre au couteau : les intestins sortent. Après le retour au Herrenberg, c’est la séance de soins. Hélène est là.
Metzer s’occupe de son chien, dont il lave soigneusement les intestins, avant de laisser couler dans la blessure du beurre qu’il a fondu en le malaxant, puis de recoudre le tout. Quand Metzer ôte à Philippe les plombs reçus, Hélène le laisse lui mordre la main. Henri et Philippe raccompagnent Hélène à Haudrenne. Elle avoue son amour à Philippe, qui hésite encore. Une fois rentrée, elle raconte tout ce qu’elle a sur le cœur à Céline, qui se sent bien seule.
Tout le monde se repose. Henri et Philippe montent à la « fontaine aux coqs », puis déjeunent à Wolfrain. Henri trouve que Philippe a « quelque chose de brisé ». Celui-ci pense qu’avec Hélène, c’est fini. Mais Céline monte avec effort, et vient pour le convaincre d’accepter cet amour. En montant elle a réfléchi au moyen de le persuader.
Pendant la chasse au grand brocard, Philippe ne peut « s’échapper » d’Hélène. Puis c’est la traque d’un « grand vieux sanglier », dont Studer a repéré les « routes ». Il indique à Metzer, Henri et Philippe, le poste qu’ils devront occuper. Les « traqueurs » Studer et Zeppi chasse le sanglier devant eux, Philippe le blesse, et c’est Henri qui l’achève. Ils apportent ‘animal pendu à une perche, que les quatre portent alternativement.
Philippe, après avoir préparé dans les moindres détails leur départ pour le lendemain, vient dire à Hélène qu’il la prend. En quittant Haudrenne, il monte dans la pente pour se calmer, arrive jusqu’à la clairière où le grand bocard « dansait dans le dernier soleil autour de sa femelle ». Il le « cloue » d’une balle à la base du cou, le vide et le bourre de fougère, le prenant sur son dos. En bas, Henri lui jette : « Ah ! Je te pardonne tout, mon vieux Philippe, mon chasseur ! ».

CE N'EST PAS UN BROCARD, MAIS QU'EST-CE QUE C'EST BEAU !
Metzer sonne alors toutes ses fanfares, pendant que César se traîne jusqu’au chevreuil et lèche son pelage. Metzer a appris que les braconniers le cherchent pour lui faire un mauvais sort, alors il décide de passer à l’action : cela se passera chez Grieb. Ils seront assez de trois, et n’ont donc pas besoin de Philippe, à qui ils cacheront cette dernière expédition, avant son départ définitif avec Hélène. Il laisse à Henri sa carabine et son fusil. Et pendant que tous deux s’éloignent, ils entendent retentir le calibre douze de Metzer.
Puissant éloge de la belle, de la grande chasse. Bon, c'est vrai, l'histoire d'amour, on y croit ou on n'y croit pas. Il faut bien reconnaître que c'est un prétexte. L'essentiel se passe dans les pentes de la fôrêt vosgienne. Je me demande même si la forêt vosgienne n'est pas le sujet principal du livre. Non, j'exagère.

Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, chasse, pierre moinot, la chasse royale, le guetteur d'ombre, académie française, vosges, braconnier, garde-chasse, pirsch
jeudi, 19 avril 2012
N'AYEZ PAS PEUR ! (fin)
Résumé : il était question d’un certain NICOLAS SARKOZY, qui passe sa vie à faire semblant de s’occuper de tout.

TU ME CHERCHES, TOI ?
Ce qu’il réussira peut-être, au point qu’on peut se demander si ce n’est pas là sa seule véritable stratégie, sa seule « pensée profonde » (sic !), c’est l’entreprise à laquelle il se consacre depuis cinq ans avec sérieux, application et persévérance, inspiré par ses amis milliardaires, je veux dire le parachèvement de la destruction de l’Etat, tout en proclamant : « N'AYEZ PAS PEUR ! ».
La destruction de l'Etat, comme tu y vas, blogueur effréné ! Je réponds que c’est ma conviction, mais que je ne suis pas tout seul, et qu'il y a même des gens très bien qui le disent, et qui écrivent des livres pour le dire. Lisez pour vous en convaincre L’Etat blessé, de JEAN-NOËL JEANNENEY (Flammarion, « Café Voltaire », 138 pages, 12 €). L’auteur a peur que SARKOZY soit réélu, car dans ce cas, l’Etat, tel « un arbre dont sont rongées les racines », pourrait « s’affaisse[r] dans un craquement affreux ».
De toute façon, ce ne sont plus les dirigeants français qui gouvernent la France. Les deux autorités qui la gouvernent en réalité, c’est d’une part les intérêts économiques et financiers (les « marchés », les agences de notation, la City, les « investisseurs », l'autre nom des fonds de spéculation financière, etc.), et d’autre part, la Commission Européenne, qui ne comporte, comme par hasard, aucun élu, et qui, au surplus, est la passoire (le porte-voix, si vous préférez) des groupes d’intérêts économiques et financiers.
Tiens, au sujet des intentions les plus certaines de SARKOZY, prenez l’affaire Areva. Eh bien il semblerait que tous les micmacs sarkozystes autour d’ANNE LAUVERGEON et d’HENRI PROGLIO aient précisément à voir avec la privatisation de l’Etat. Quels sont au juste les liens exacts, entre NICOLAS SARKOZY et HENRI PROGLIO ? Quelles sont leurs véritables intentions ?

LES COPAINS ? OU LES COQUINS ?
Mais tout simplement, en ligne de mire, ils ont la privatisation de toute la filière nucléaire française et sa transformation en juteux bénéfices. Il y a un certain intérêt à écouter ce que dit ANNE LAUVERGEON. Vous voulez que je vous dise ? Sa façon de s’exprimer rend le même son de vérité (inaudible ?) que celle de NICOLAS DUPONT-AIGNAN. A priori.
PROGLIO et SARKOZY, c’est clair, sont favorables au démantèlement de tout ce qui s’appelle l’Etat et de tout ce qui dépend de lui. Cela passe par le détournement à des fins privées de la puissance étatique, seule instance porteuse de justice et capable de redistribution.
Le démantèlement de ce qui reste de l'Etat français (pas d'Etat sans souveraineté nationale, or celle-ci appartient au passé), c’est le seul fil conducteur véritable que je vois dans l’activité vibrionnante, incohérente et anarchique du petit mec qui gouverne depuis cinq ans.
Les Français, en 2007, ont élu à la tête de l’Etat un type qui veut la mort de l’Etat, et dont la seule pensée profonde, la seule stratégie à long terme se rapproche de ce que souhaitent les « libertariens » aux Etats-Unis, qui disent : « L’Etat n’est pas la solution, c’est le problème ».
Quand SARKOZY dit, avec son imperturbable aplomb : « N’ayez pas peur », je pense à cette réplique du bourreau nazi qu’on voit dans Marathon man (avec DUSTIN HOFFMAN), qui s’apprête, avec tout le matériel adéquat, à s’en prendre aux dents du héros attaché à un fauteuil de dentiste : « N’ayez pas peur. C’est sans danger ». « C’est sans danger », vraiment ?

L'ETAT FRANÇAIS ? OU LE PEUPLE FRANÇAIS ? LES DEUX, MON GÉNÉRAL !
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas sarkozy, élection présidentielle, ump, françois hollande, parti socialiste, politique, france, société, jean-noël jeanneney, anne lauvergeon, henri proglio, nicolas dupont-aignan, dustin hoffman, marathon man
mercredi, 18 avril 2012
N'AYEZ PAS PEUR !
Allez, aujourd'hui, je reviens à l'actualité.
J’en ai soupé depuis le début, de l’élection présidentielle, depuis qu’elle a commencé, non, depuis qu’elle a été annoncée, non, depuis que son profil impérieux s’est imprimé au loin sur l’horizon de la « République Française ». Le vainqueur sera-t-il Monsieur MENTEUR EN CHEF (NICOLAS SARKOZY) ? Sera-t-il Monsieur CHAMPION DES BLUFFEURS (FRANÇOIS HOLLANDE) ?
En tout cas, les professionnels du brassage de vent que sont les entrepreneurs de sondages nous le promettent : n’ayez pas peur, ce sera « bluffeur » ou « menteur ». Le premier tour est plié, on vous dit. Moi, je vous le dis, si je votais, ce que je n’ai pas l’intention de faire, j’apporterais ma voix à un des candidats que les sondeurs créditent actuellement d’environ 1 % des voix. C’est vous dire si ce serait un « vote utile ».
Vous aimeriez que je vous dise, hein, bande de curieux. N’ayez pas peur, je vais vous le dire : si je votais, ce serait pour le seul qui ne bluffe pas, même si l’on peut trouver qu’il rêve un peu : NICOLAS DUPONT-AIGNAN.
C’est le seul à ne pas baratiner (avec POUTOU ?). C’est le seul (avec MELENCHON ? Avec LE PEN ?) à mettre à son programme l’abrogation de la loi de 1973, qui oblige l’Etat français à emprunter au prix fort aux banques privées, aux dépens des contribuables, et qui lui interdit d’emprunter à 0 % à la Banque de France. C’est le seul à voir où il reste encore quelques traces de ce qu’on appela autrefois l’aujourd’hui défunte « souveraineté nationale ».
Ceux qui n’en parlent pas, de deux choses l’une : soit ils ignorent totalement ce point, soit ils ne veulent surtout pas toucher au système (rappelez-vous SARKOZY annonçant une grande offensive contre les paradis fiscaux, dont les paradis en question se gondolent encore). En tout cas, quand j’ouvre les écoutilles sur la présente « campagne », ça me les pollue vilainement, les écoutilles, car j’entends du blabla, et encore du blabla.
C’est à qui bonira les plus belles craques de camelot. Pour les gens surpris par « bonira », je rappelle qu’OSS 117, le vrai, celui de JEAN BRUCE, s’appelle, de son « vrai » nom, Hubert Bonisseur de la Bath. Or le « bonisseur » (même racine que boniment), c’est le gars, en général jovial et sympathique, qui est fait (parce qu’il dégoise à merveille) pour vous vendre, sur les marchés, le produit vaisselle miracle, le coupe-légumes miracle, la serpillière miracle. Je propose de traduire la vraie fonction du personnage par la vieille expression : « Vous me la baillez belle ».
Autrement dit : « Mon œil ! ». Et cette campagne, c’est la foire aux bonisseurs de la bath. Quoi, ça a toujours été ? Bien sûr ! Mais ce qui change, aujourd'hui, c'est le côté abyssal du décalage entre les mots et la réalité. Ils ont beau se dire "modernes", les candidats usent (médias à l'appui) de ficelles archaïques. De ficelles usées jusqu'à la la corde, si l'on me pardonne l'expression.
Dans ce flot de blablateries et de trouducuteries, il arrive cependant que les quatre pattes fatiguées de mon œil morne dressent un moment l’oreille, au détour d’une phrase. C’est ainsi que s’est dessiné, sur le champ de labour de ma pauvre face ravinée par les pluies de promesses démagogiques, épuisée du spectacle donné par les deux clowns « principaux » qui s’efforcent, à grands coups de cabinets de communication, de faire rire le public enfantin, infantile et puéril réuni autour d’eux, au choix, sur le parking de la Concorde ou sur le parking de Vincennes, le dernier des rares sourires crispés qu’est arrivée jusque-là à me tirer cette « campagne » (pour ceux qui ont du mal avec cette phrase, "sourires" est sujet du verbe "s'est dessiné").
Ce fut une phrase prononcée par NICOLAS SARKOZY, dimanche 15 avril. C’est d’ailleurs ce qui me fait dire que si le comble du culot et du mensonge cynique portait un nom, ce serait celui de l’actuel président, dont le patrimoine personnel a augmenté, durant son quinquennat, de 600.000 euros (et le pouce). Tudieu, c'était donc ça, le « Travailler plus pour gagner plus » ! C'était donc ça, bugne que j'étais !
Il y eut, rappelez-vous, JEAN JAURÈS, GUY MÔQUET, LEON BLUM et quelques autres. Et là, qu’est-ce qu’il ose sortir ? La première parole qu’ait prononcée JEAN-PAUL II après son élection, place Saint-Pierre : « Non abbiate paoura ! ». « N’ayez pas peur ». Et SARKOZY l’a dit, il a osé le dire, il n’a pas eu honte, puisqu’il n’a tellement honte de rien qu’on peut dire que c’est un « SANS VERGOGNE ». Il a dit : « N’AYEZ PAS PEUR ». Sauf que là, il le dit avant l’élection. Ça laisse un espoir ?

EH, LES MAMIES, IL NE VOUS FAIT PAS PEUR, CE TYPE ?
C’est une démarche assez désespérée, je trouve. Oui, je sais, le but, c’est de donner successivement à toutes les catégories de la population l’impression qu’on s’adresse à chacune en particulier. Mais à force de piocher, de prendre du fourrage sur toute l’étendue de la mangeoire électorale, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche en passant par la religion, vous ne croyez pas qu’à la longue, les électeurs de droite, de gauche, de devant et de derrière vont avoir du « shimmy » dans la vision (capitaine Haddock, Les Bijoux de la Castafiore, p. 50, je tiens à être précis dans le choix et la source de mes références) ?
Du trouble dans le bulletin de vote ? Du pêle-mêle dans la réception du message ? A force de vouloir représenter à lui tout seul l’intégralité de l’offre électorale, tout ce qu’il réussit à faire, NICOLAS SARKOZY, c’est de transformer la campagne en hypermarché. Pas sûr que la demande suive, parce qu’à la longue, ça finit par gaver. N’ayez pas peur. NICOLAS SARKOZY, quoi qu’il arrive, continuera à FAIRE SEMBLANT de s’occuper de tout.
Voilà ce que je dis, moi.
A finir demain.
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mardi, 17 avril 2012
QUE C'EST BEAU, UNE CARABINE !
De là vient sans doute mon attrait pour les armes à feu en général. Dans le placard du grenier, parmi d’autres objets abandonnés, il y avait par exemple une boîte en carton assez déglinguée. Dans la boîte, un curieux objet en bois de forme allongée, mince d’un côté et muni, de l’autre d’une sorte de couvercle monté sur charnières, et qu’on ouvrait en appuyant sur un bouton-pression à la surface quadrillée. Quelque chose dépassait du couvercle, à travers un orifice minutieusement ménagé : c’était la crosse.
Le pistolet s’extrayait aisément de cet étui. Pas n’importe quel pistolet : un Mauser C 96, calibre 7,62, sans doute rapporté par le grand-oncle général, à son retour d’Allemagne en 1945. Seul dans le grenier, je jouais avec l’arme – je ne m’en vante pas, je raconte juste, j’avais douze ou treize ans – à tirer la culasse vers l’arrière, dans un bruit complexe, à constater l’absence de munitions, à la relâcher, à actionner la détente. J’ai encore dans l’oreille le bruit métallique, très sec, produit par le chien se rabattant.

Où est aujourd’hui cet objet ? Mystère. C’était une arme d’autant plus fascinante que, fixée par une rainure métallique à la crosse du pistolet, l’étui devenait la crosse très commode d’une carabine puissante. Bref, on a les jeux qu’on peut, quand on est gamin.
Oui, je l’avoue, je trouve de la beauté dans une belle arme. Qu’on le veuille ou non, l’homme a investi dans la conception d’un mécanisme savant autant d’ingéniosité qu’un graveur a mis à rendre, sur sa plaque métallique la complexité du dessin d’un artiste. Tout ça pour dire que mon goût pour les armes à feu, c’est d’abord une question d’héritage.
Tiens, à propos d’héritage, cette carabine « PAUL REUSS », du nom d’un artisan installé à Stuttgart (encore un butin de guerre, dira-t-on), au calibre invraisemblable (8,15 x 46 R), il n’est pas beau, son mécanisme à bloc basculant et levier de sous garde ? La détente, si je me souviens bien, était difficile à régler, il fallait se méfier, elle était sèche.
La plus belle, cependant, était sans conteste une carabine « Mannlicher-Schönauer » de calibre 8 x 60 magnum, arme autrichienne de très belle facture, avec son fût long orné à son extrémité d’une meule de bois de chamois. Elle comportait un barillet intérieur façonné de manière extraordinaire. Avec celle-là, on a intérêt à avoir une épaule solide.
Bref, j’arrête sur le sujet. D’autant plus que je ne suis pas collectionneur, et que toutes ces armes ont disparu dans la nature lors d’un cambriolage resté comme un traumatisme familial. Envolée, l'armurerie. Envolés, les tableaux. Mais bon, je ne veux pas remuer.
Inutile de dire que je ne m’étais pas privé de m’en servir abondamment auparavant, de ces deux armes. Et que j'ai passé de longues heures à les démonter et à les remonter minutieusement, ce qui m'a permis de me familiariser avec leur habileté de conception, la qualité de leur fabrication, et finalement la beauté de la chose.
A ce sujet, je ne comprends pas les gens qui collectionnent des armes dites « démilitarisées », c’est-à-dire dans le canon desquelles on a foré des trous pour être sûr d’éviter les tentations. Cela me fait penser aux tribulations d’Octave, dans l’Armance de Stendhal : il est amoureux de sa cousine, mais il refuse de l’épouser, car il serait alors obligé d’avouer qu’il est impuissant. La honte. Stendhal appelait cela, à l’italienne, le « babilanisme ». Quelle femme aimerait un eunuque ?
Je reviens à la chasse, pour un souvenir particulier, situé dans la plaine de la Bourbre, entre les « marais » et la « garenne ». A l’époque où il y avait des grives en abondance (c'était avant les pesticides et autres friandises), les hommes, en fin d’après-midi, s’alignaient à distance les uns des autres, sur la « route du haut », dos à la « garenne », attendant que les oiseaux, s’étant désaltérés dans la rivière, viennent s’abriter dans le bois touffus pour la nuit.
C’est un coup à prendre, ce n’est pas très difficile : l’oiseau arrive dans votre direction, en ligne droite, il suffit de tirer un peu devant lui pour toucher. Ensuite, c’est aux chiens de se débrouiller. Il n’y a pas beaucoup de viande, sur la grive, mais c’est absolument délicieux. Mais que ce soit un lièvre, un faisan ou une grive, attention aux petits plombs, quand vous dégustez.
Je ne m’attarde pas sur le grand-oncle, chasseur infatigable devant l’éternel, qui montait à l’assaut du coq de bruyère sur les hauteurs dominant Champagny-en-Vanoise, et qui accomplissait allégrement dans la journée ses 2000 ou 3000 mètres de dénivelé. La dernière fois qu’il s’est livré à cette « passion », il avait environ quatre-vingt-cinq ans. Pour dire le caractère du bonhomme : inflexible.
Il était accompagné de ses trois chiens : je me souviens surtout de Brake, le griffon Korthals, que j’adorais, et de Zoum, le magnifique et ombrageux setter irlandais. J’ai longtemps gardé la parure, qu'on dit en forme de lyre, des plumes caudales d’un petit tétras qu’il avait sans doute tué au bois de la Roche, sur les pentes inférieures du mont Jovet.
J’aimais le suivre quand il partait errer dans les « marais », parmi les plantations d’osier, les broussailles, les champs de maïs, les haies à franchir. Il avait le coup de fusil infaillible.
Voilà, tout ça pour dire que, sans donner raison aux militants de l’extrême chasse qui forcent la loi pour occuper la point de Grave, le col de l’Escrinet ou la baie de Somme, je comprends encore moins les extrémistes qui voudraient interdire la chasse, je ne comprends pas qu’ils ne comprennent pas et n’acceptent pas que des individus trouvent simplement du plaisir dans les loisirs qu’ils pratiquent, qu’il s’agisse du spectacle de la corrida ou de l’ouverture de la chasse.
Je mets dans le même sac tous ceux qui s’érigent en FLICS des plaisirs des autres, et qui affirment péremptoirement : ce plaisir-là doit être interdit, vous n'avez pas le droit de l'éprouver : corrida et chasse, c’est entendu, mais aussi tabac, alcool, sexe, etc. Et qui veulent imposer, somme toute, leur intégrisme. Je les trouve louches et suspects, et au surplus insupportables, tous ces policiers et gendarmes sans uniforme qui s’attaquent aux plaisirs des autres, qui ne supportent pas les plaisirs des autres.
Qui s’insurgent contre le fait qu’on puisse trouver du plaisir au spectacle d’un beau combat entre un homme et un taureau. Du plaisir à marcher dans un espace naturel avec un fusil à la main. Je ne suis même pas sûr qu'ils aiment ça, le plaisir.
Tous ces gens qui s’en prennent au fait que d’autres qu’eux éprouvent un plaisir dans une activité qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne supportent pas, qu’ils veulent interdire, ils ont le nœud coulant à la main, et le resserrent autour du cou de notre espace de liberté en personne. Le tableau d’une telle société future, où la vie personnelle de chacun serait escortée d’une liste copieuse d’interdictions, de vetos et de prohibitions, est tout simplement effrayant.
GENEVIEVE GAILLARD et MURIEL MARLAND-MILITELLO, députées, ont paraît-il déposé une proposition de loi tendant à interdire la corrida sur tout le territoire français. Je note que l’une porte bien son nom militaire (le militant est un militaire sans uniforme), mais que, malheureusement pour les deux élues, la corrida vient d’être inscrite au patrimoine culturel immatériel de la France.
Voilà ce que je dis, moi.
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lundi, 16 avril 2012
VIVE LA CHASSE !
Oui, eh bien voilà, après la corrida, la chasse. Ça risque de heurter les gens qui n’aiment pas la chasse, qui la combattent, qui rêvent de l’interdire, qui sait. Encore des militants, tiens ! Les anti-chasseurs, face aux chasseurs, sont dans une totale incompréhension mutuelle. Comme à propos de la corrida, les deux mondes se font face, les deux visions du monde s’opposent frontalement, les deux « philosophies » de la vie s’excluent mutuellement.
J’aimais bien le dessinateur GÉBÉ, à cause de l’affûté de ses dessins, de l’utopique de ses rêves (« On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste », de L’An 01, qui a débouché sur un minuscule film de JACQUES DOILLON, et sur quelques groupuscules de n’importe quoi), du juste de ses critiques. Mais je ne l’ai jamais suivi quand il a lancé son slogan : « Chasseurs tristes cons ». Même sentiment à l’égard de SINÉ, qui se réjouit chaque fois qu’un accident de chasse tue un porteur de fusil (il publie l’entrefilet en se pourléchant les babines).

Certes, on ne peut pas leur donner complètement tort, quand on voit l’état actuel du gibier. Du gibier ? Mais il n’y en a plus ! Même que les sociétés de chasse sont obligées d’en fabriquer, du gibier, dans des « élevages de gibier » (oxymore, évidemment). La honte, quoi.
Des bêtes que, quinze jours avant l’ouverture, on lâche dans une nature dont elles ignorent absolument tout. Quand on s’y promène, dans la nature, vers cette époque de l’année, on rencontre des faisans qui ne demandent qu’une chose, c’est de venir vers vous, voir ce que vous avez de bon à leur jeter.
Je ne parle évidemment pas de ce vulgaire ersatz de ce que certains osent encore appeler la chasse. La chasse, c’est autre chose. Je ne parle pas non plus des gens qui se contentent de consommer cette contrefaçon, qu’on leur vend (cher) sous l’appellation de « chasse » et de « tradition » : ils se contentent de peu, et sont sans doute du genre à se satisfaire en solitaires en regardant les filles à poil d’une revue X.
Oui, je sais, ça leur fait aussi des bambanes dans la campagne, au « grand air », avec les potes, et le kil de rouge au moment de la pause. Attention ensuite à ne pas vous trouver dans le champ. SINÉ serait trop content de publier l’entrefilet.
Je ne parle pas de la chasse au gibier domestique, mais du seul vrai gibier, le sauvage. Et d’une époque où les chasseurs ne massacraient pas systématiquement, laissant les rescapés apprendre les ruses de la vie en prévision de l’ouverture suivante. Je n’ai d’ailleurs pas beaucoup chassé, personnellement. A cela une raison : une regrettable myopie. C’est ainsi que je peux affirmer à bon droit que dans ma vie de chasseur, j’ai sauvé la vie à bien des animaux.
Je signale en passant qu’on célèbre toujours, dans la nuit du 4 août 1789, un événement connu comme « l’abolition des privilèges ». Mais, outre qu’on a beaucoup brodé, amplifié, mythifié à partir d’un soi-disant « assaut de générosités », il se trouve que, dans les deux mois qui ont suivi cette date fatidique, la France a vu la plus grande extermination d’animaux sauvages à plumes et à poils de l’histoire.
Les raisons pour lesquelles je ne suis pas un adversaire de la chasse sont diverses. La première, peut-être même la seule, est que j’ai de lourds ascendants et antécédents dans le domaine, tant côté paternel que maternel. Une belle photo montre un grand-père médecin avançant sur un chemin forestier, l’air rigolard, tenant dans la main droite le fusil reposant sur l’épaule, et dans la gauche, par les pattes, deux ou trois volatiles.
De l’autre côté familial, on peut dire qu’il y avait une sorte d’armurerie, dans l’armoire en haut de l’escalier. Oh, tout n’était pas en état de tirer, mais il y en avait pour bien des goûts, des fusils et des carabines de chasse et de tir. Je me rappelle en particulier un bockdrilling, vous savez, ce fusil à deux canons lisses juxtaposés et un canon rayé situé juste en dessous, au cas on l’on rencontre inopinément un sanglier ou un chevreuil.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre demain.
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samedi, 14 avril 2012
VIVE LA CORRIDA !
« Les taureaux s’ennuient le dimanche ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est JACQUES BREL. Franchement, je la trouve très bête, cette chanson. La preuve ? La féria de Nîmes, lors de fêtes de la Pentecôte 1971.
Je ne vais pas me faire que des amis : j’aime la corrida. Ça ne fera sûrement pas plaisir à D., qui a collé sur sa vitre, au rez-de-chaussée, des affiches annonçant que « Le ridicule tue », et montrant des femmes en tenue légère portant des culottes en fourrure animale. Elle idolâtre les chats et milite pour la cause animale.
J’espère qu’à table, elle s’interdit la viande, halal ou pas, mais aussi le lait, les œufs, le beurre, le fromage. Comme toutes les âmes sensibles qui ne supportent pas même l’idée que ce qu’elles sont en train de manger était, il n’y a pas si longtemps, sur deux ou quatre pattes, était doté d’un cœur qui battait.
Je le dis tout de suite : je ne suis pas un aficionado, je ne suis pas un adepte de la corrida. Je ne milite surtout pas pour la corrida : les lecteurs de ce blog savent ce que je pense du militant en général. Je n’ai même pas de jugement sur la corrida.
Mais j’ai un jugement sur ceux qui veulent la mort de la corrida. Comme sur tous ceux, en général, qui veulent interdire. Qui s'auto-proclament les censeurs, qui prétendent s'arroger le droit de dicter leurs volontés à tout le monde. Je considère comme des imbéciles les exaltés du CRAC (Comité Radicalement Anti-Corrida, dire qu'en les citant, je leur fais de la pub...). Mais pour me consoler, je me dis qu’ils ne le font pas exprès. Et je ne sais pas si les aficionados sont plus intelligents.
J’aime donc ça, et pourtant, j’ai assisté, en tout et pour tout, à une seule et unique corrida dans ma vie. C’était à Nîmes, en 1971. Vous dire si ça remonte. J’étais descendu en stop, en compagnie de mon ami JEAN T., pour la féria de la Pentecôte. Je ne savais pas du tout ce que j’allais voir.

Il y avait six taureaux au programme, deux par torero. De cinq des taureaux, je n’ai gardé strictement aucun souvenir, sinon ceux de l’attelage qui vient à la fin retirer le cadavre, et du gars qui vient recouvrir de sable le sang versé.
Donc, je ne suis vraiment pas un aficionado. Je n’y connais absolument rien, ni dans les termes spécialisés qu’affectionne JACQUES DURAND, l’émérite chroniqueur « corrida » du journal Libération, ni dans le code des gestes accomplis par l’artiste à l’épée.
De deux des toreros, je ne me souviens strictement de rien, mais alors là, le noir total. C’est du troisième que je veux parler. Il s’appelait EL CORDOBÈS. Et ce qu’il a fait ce jour-là est resté pour moi absolument inoubliable. Il toréait le dernier animal. J’en suis encore soufflé, j’en suis encore estomaqué.

EL CORDOBES
A côté de nous était assis un habitué, un vieux complètement sympathique et édenté, qui entreprit de nous instruire, quand il s’aperçut que nous étions carrément ignares en la matière. Inutile de dire que ses efforts ressemblèrent à la goutte de pluie qui rencontre un tas de sable dans le Sahara, par 50° à l’ombre (à l’ombre de quoi, on se demande). Qu’importe. Il y avait un orchestre sur notre droite, qui devait jouer, j’imagine, un paso doble.
EL CORDOBÈS avait une certaine renommée, il était peut-être célèbre à l’époque. Peut-être même était-il la tête d’affiche de la féria cette année-là. Quand il est entré pour le dernier taureau (je devrais écrire « toro », pour faire initié), j’ai trouvé qu’il se pavanait, qu’il bombait un peu trop le torse, enfin bon.

TOUJOURS LUI
Le combat s’engage, tranquille, peinard. Tout d’un coup, je ne sais pas comment, le taureau, tête baissée, crochète avec le bout de sa corne le bas de la jambe d’EL CORDOBÈS et envoie valdinguer le torero dans les airs. Toutes les arènes pétrifiées, mes amis ! Intervention des assistants, qui s’efforcent de détourner l’attention de la bête. Le grand EL CORDOBÈS a été envoyé au tapis. Il a mordu la poussière, tout vêtu qu’il est de son « habit de lumière ».
Il est à plat ventre, il a lâché la cape, il lève la tête. Et puis il se remet debout, reprend ses esprits, la cape, l’épée, tout ce qu’il faut. Et il revient face au taureau. Alors là, les amis, je plains à jamais les gens qui n’ont pas vu le grandiose, l’extraordinaire, le magique qui a suivi. Moi qui n’y connaissais rien, j’ai été emporté par la folie furieuse qui a gagné les arènes à partir de ce moment.
On aurait pu traduire ce qui s’était passé dans la tête du CORDOBÈS : « Ah mon ami, tu m’as humilié devant mon public ? Eh bien tu vas voir de quoi je suis capable ! ». Il a alors enchaîné les passes, tournant autour de l’animal, ou l’obligeant à tourner autour de lui, je ne saurais dire. Tous les deux ont véritablement dansé une valse extraordinaire, très méthodique, très harmonieuse, très géométrique, tout autour de l’arène.

LE MÊME
L’homme pouvait être debout, loin du taureau ou alors tout contre lui, il pouvait mettre un genou en terre, offrir son ventre ou sa poitrine, quoi, il pouvait tout faire. Dans les cercles successifs de la danse, EL CORDOBÈS amena progressivement son taureau juste en dessous de la tribune officielle, après une succession de passes absolument magistrales. Inutile de dire que les arènes de Nîmes vibraient, étaient debout, transportées à hurler des « olé » d’extase.
Inutile de dire que moi, qui n’avais jamais vu de corrida, qui n’y connaissais rien, j’étais plus debout que tout le monde et je criais « olé » plus fort que tout le monde, comme tout le monde. En fait non, pas comme tout le monde : bizarrement, j’avais l’impression d’être tout seul face au spectacle de ce combat.

EL CORDOBES, UN DERNIER POUR LA ROUTE
Oui, bizarre. Je n’ai jamais éprouvé à ce point l’impression d’être à ce point seul au milieu d’une foule. Très étrange : j’étais tellement possédé par l’intensité et la beauté de ce que je voyais, que je ne voyais plus rien d’autre. Une beauté qui me soulevait d’enthousiasme, et je pense qu’il en était de même pour chacun des milliers d’individus qui étaient rassemblés dans le lieu.
Je ne peux rien dire d’autre : ce jour-là, j’ai été projeté dans la BEAUTÉ. Je n’explique rien. Je témoigne. Et comment dire ? Une beauté qui serait au-delà de l’esthétique.
Je ne suis jamais retourné voir un spectacle de corrida. Maintenant, on peut me raconter ce qu’on veut sur la cruauté de la chose, sur la souffrance animale. Vous voulez que je vous dise ? JE M’EN FOUS. Ce que j’ai vu à Nîmes en 1971, lors des fêtes de la Pentecôte, c’est gravé dans le marbre de ma mémoire, c’est de l’encre indélébile, et seule la maladie inventée par le Docteur ALZHEIMER aura la force de l’en déloger.
Je ne dis pas que toutes les corridas sont splendides en soi. Je ne dis pas que la corrida est belle et bonne en soi. Beaucoup sont sans doute de bas niveau, voire carrément ratées et laides. Je dis seulement que ce que j’ai vu ce jour-là m’a transporté au-delà de ce que j’aurais pu imaginer. C’est peut-être un peu hasardeux de parler d’orgasme, mais il doit y avoir de ça. Inattendu, c’est certain, exceptionnel, sans doute.
Disons que j’ai eu de la chance. Finalement, je ne sais pas si j’aime la corrida. Ce que je sais, c’est que j’étais là ce jour-là. Je ne sais même pas si j’ai vu une corrida. Ce dont je suis sûr, en revanche, c’est que depuis ce jour-là, je sais ce que c’est, LA corrida. Voilà, c’est ça : j’ai eu la chance de voir LA corrida. La quintessence. Le chef d’œuvre. LA CORRIDA ABSOLUE. La preuve, c’est que je n’ai plus eu besoin d’en voir une seule, depuis.
Quoi, je n’ai pas parlé de la mise à mort ? Mais je m’en tape, de la mise à mort. Vous voulez que je vous dise ? « Et je l’ai vue toute petite partir gaiement vers mon oubli ». Ce n’est pas moi qui le dis. C’est GEORGES BRASSENS, bien sûr. Tout ce qui compte, ça tient entre un danseur et sa partenaire, entre le « croche-patte » et le moment où il ramène sa cavalière (entre 450 et 500 kilos quand même) à ses parents. Le reste ne compte pas.
Voilà ce que je dis, moi.
09:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : taureau, corrida, matador, torero, toro, toréador, féria de nîmes, el cordobès, jacques brel, crac, aficionado, jacques durand, libération, georges brassens
vendredi, 13 avril 2012
L'HUMANITAIRE, SIGNE DE POURRITURE
J’ai déjà, dans des notes pas trop vieilles, abordé le problème des associations humanitaires, dont certaines se font appeler Organisation Non Gouvernementales (O.N.G.), pour en dire un mal que je me suis efforcé de nourrir d’arguments divers. Mais parmi les arguments possibles, il en est un que j’avais oublié, ou plutôt dont je n’avais pas compris qu’il pouvait et devait constituer mon argument en dernier ressort.
Réfléchissons : créer une association, c’est facile, c’est pas cher et – au moins dans la plupart des cas – ça ne rapporte rien. Mais, en tout état de cause, cela relève de l’initiative PRIVÉE. Et quand je me suis penché sur cette caractéristique, j’en ai été impressionné. C’est bête, je sais, mais je suis très long à la comprenette. Car en fin de compte, une association, c’est une entreprise privée. Sans but lucratif, en principe. UNE ASSOCIATION EST UNE ENTREPRISE PRIVÉE. Et c’est pas de ma faute, je vous assure.
L’initiative privée. Franchement, je n’ai rien contre, en soi. Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger. Oui : comment se fait-ce ? Qu’est-ce qui fait que l’initiative individuelle et non rémunérée ait à ce point explosé ? Ait pris tant de place, au point d’occuper, en certaines occasions, les rues et places publiques, les plateaux de télévision, les sorties de supermarchés ?
Comment se fait-il qu’on ait vu sans sourciller se mettre en place et se pérenniser, croître et embellir les « Restos du cœur », les « Banques alimentaires », « Emmaüs » ? Cela fourmille d’actions généreuses, dans toutes les directions où va le vent. Et tout ça pour quoi ? Pour que triomphe le principe de l’ENTREPRISE PRIVÉE. La « charité » a vaincu la « justice ». Car les gens comme BILL GATES distribuent LEUR argent à LEUR gré. La « charité » est arbitraire. Si PIERRE BERGÉ a lancé et s’occupe du « sidaction », c’est qu’il en a décidé ainsi, et que personne ne saurait le convaincre de faire autre chose.
L’humanitaire, c’est ça. Et je ne peux m’empêcher de trouver du tragique dans cette situation. Car cela signifie qu’il n’y a plus grand-chose de BIEN à attendre de la puissance PUBLIQUE. Le mouvement actuel, qui voit la prolifération des initiatives généreuses engagées par les « associations » considérées comme des entreprises privées sans but lucratif, montre que ce qu’on a appelé l’ETAT est en train de mourir sous nos yeux.
L’incroyable pullulement des associations à visée caritative et/ou humanitaire signifie que le monde est en train de procéder à la plus grande PRIVATISATION qui ait jamais eu lieu. Le triomphe de l’humanitaire et du caritatif signe la disparition de ce qui s’est appelé « Etat », « puissance publique », « bien commun ». Et atteste de la PRIVATISATION du monde.
Quand LIONEL JOSPIN gouvernait la France, entre 1997 et 2002, on a assez dit qu’il avait privatisé davantage à lui tout seul, lui, l’homme « de gauche », qu’ALAIN JUPPÉ et EDOUARD BALLADUR réunis. DOMINIQUE DE VILLEPIN a bradé les autoroutes françaises à des entreprises privées.
L’Education Nationale est en train, inexorablement, de se dissoudre en tant que principal vecteur et promoteur de l’action publique, et l’on voit fleurir les entreprises privées d’enseignement. L’hôpital public, à qui l’on demande de fonctionner selon une logique d’entreprise, est en train de voir croître et embellir, en face de lui, les hôpitaux privés. Les compagnies de sécurité privées deviennent un élément indispensable de nos décors urbains et marchands.
Des Etats (Madagascar et d’autres) vendent (c’est ce que veut dire un bail de location à 99 ans) leurs terres agricoles à la Chine, l’Inde ou la Corée. Des économistes en sont venus à calculer le montant des services rendus par la Nature (forêts primaires, océans, bientôt peut-être l’air qu’on respire).
La logique de cet immense mouvement historique de PRIVATISATION du monde est claire : ce qui appartient à une personne privée rapporte plus qu’un bien collectif (voir, dans l’histoire britannique, l’affaire des « enclosures »). Et cette privatisation de TOUT au profit de quelques-uns, la floraison des entreprises humanitaires et caritatives n’en sont qu’un des signes multiples, mais un signe indubitable.
Parmi les candidats à la présidentielle, seul NICOLAS DUPONT-AIGNAN parle de ça, à travers sa proposition d’abroger la loi de 1973. Mine de rien, cette vieille loi est un des premiers signes de la PRIVATISATION qui gouverne le monde de plus en plus impitoyablement.
Que dit-elle, cette vieille loi ? Entre autres choses, elle interdit à l’Etat français d’emprunter de l’argent à la Banque de France, et l’oblige à emprunter aux banques privées. L’argument, à l’époque, était une rationalisation de la politique budgétaire de l’Etat.
Que dit-il, NICOLAS DUPONT-AIGNAN, en proposant d’abroger cette loi ? Que l’Etat français pourrait emprunter de l’argent à 0 %. Au lieu d’engraisser honteusement des banques sur le dos des contribuables. Et de courir à leur secours quand elles se sont elles-mêmes mises dans la panade à force de folie spéculative, et toujours aux dépens des contribuables. Mine de rien, il met le doigt sur l’origine du mal qui nous menace tous : la PRIVATISATION de tout. La confiscation de tout ce qui était collectif.
Voilà ce que je dis, moi.
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jeudi, 12 avril 2012
HARO SUR L'HUMANITAIRE !
La France est un pays merveilleux, c’est entendu, le monde entier nous l’envie. Les Français sont des gens merveilleux, c’est entendu, le monde entier nous les envie. Même que beaucoup d’étrangers voudraient devenir des Français, ou à tout le moins travailler sur le territoire des Français. A défaut d’en trouver, ils voudraient bien avoir un toit au-dessus de leur tête, en France.
Mais rendez-vous compte : il n’y a même pas besoin de ne pas être Français pour ne pas avoir de travail et pour ne pas avoir de logement. Ceux qui sont dans ce cas s’appellent selon les cas des « chômeurs » ou des « sans-domicile-fixe ». On est prié de n’appeler « sans-papiers » que les étrangers entrés irrégulièrement.
A ces diverses catégories de l’humanité s’ajoute la cohorte de ceux qui vivent dans des taudis, des immeubles pourris et insalubres. Appelons-les des « mal-logés », ou « sans-logement-décent ». En ajoutant tout ça, ça finit par faire beaucoup, vous ne trouvez pas ?
Heureusement, nous sommes en France, pays renommé pour le « bon-cœur » de ses habitants, « bon-cœur ». Il suffit donc de faire appel au bon cœur des Français pour trouver aide et réconfort. Je traduis : pour trouver de l’argent. Etonnant comme l’argent à lui seul est capable de procurer aide et réconfort. Alors on ne se prive pas d’en demander. Ce genre de demande est devenu une habitude, presque une coutume, bref : un réflexe.
Je signale en passant un détail assez piquant : personne n’aurait l’idée d’appeler de telles demandes des « quêtes ». La quête, c’était bon pour le curé, le dimanche à l’église. C’est dépassé. Désormais, cous l’avez sûrement noté, il est plus décent de parler de « collectes ». Après tout, on parle bien de « collecte des impôts ». C’est peut-être pour rassurer la population, toujours si à cheval sur le bon usage des « deniers publics ».
Le motif des « collectes » est toujours noble, on l’appelle une « cause ». Organiser une « collecte », quelle que soit la « cause », sanctifie celle-ci automatiquement. Les promoteurs s’intronisent pacifiquement « défenseurs de cause ». Et des « causes », il y en a pour tous les goûts, des vertes et des pas mûres, mais aussi des opulentes, des arrivées à maturité, resplendissantes d’insolente santé, la « cause » fût-elle celle des maladies les plus graves.
Dans ce tableau de la générosité humaine, nous allions oublier celui sans lequel rien ne serait possible, la cheville ouvrière, le héros modeste, l’obscur et indispensable sans-grade des modernes batailles humanitaires, j’ai nommé : LE BÉNÉVOLE. L’espèce tend à proliférer depuis quelques décennies. Certains la considèrent comme invasive.
Le bénévole, au sens propre, c’est « l’homme de bonne volonté ». Paix sur la terre à lui et à ses semblables. Longue vie au bénévole. Qu’il soit béni jusqu’à la septième génération. Lui au moins, il donne. Il donne de son temps. Il donne de son énergie. En un mot, il donne de lui-même. Sans rien attendre en retour. C’est beau, c’est grand, c’est généreux, comme disait le Général DE GAULLE, quoique dans un contexte tant soit peu différent.
Il est à noter que le bénévole n’évolue jamais en solitaire dans son milieu ambiant, mais que son instinct le pousse au contraire à s’agglutiner en bandes, au sein d’un groupe de congénères. Les ethnologues ont appelé ces agglutinats des « associations ». Ils ne sont, à ce jour, pas arrivés à établir le principe qui préside à leur naissance, mais penchent pour une forme de « génération spontanée ».
Car des associations, il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs. La race se caractérise par un polymorphisme exacerbé, au point qu’on peut affirmer qu’il n’en existe pas deux pareilles. Certains en estiment le nombre, en France, à 1.000.000.000 ; d’autres n’hésitent pas à franchir le cap du double. L’internet n’est pas une science exacte.
Ce qui est certain, c’est que la race est en perpétuelle évolution et a subi diverses mutations, somme toute relativement récentes. Le développement le plus notable des dernières décennies est l’explosion des associations « sans frontières », qui se donnent pour mission d’exporter en « kits mains libres », qui des médecins, qui des reporters, qui des avocats, qui des sportifs, qui des pharmaciens. Il existe même des « clowns sans frontières ». Vous pouvez vérifier.
Si l’on ajoute au bénévole ses deux excroissances, l’ « association » comme main droite et le « sans frontières » comme main gauche, on voit émerger le grand mutant de l’évolution récente : L’HUMANITAIRE. Et là, je cesse de persifler, je reprends mon sérieux, car on a passé en revue, à peu de choses près, l’ensemble des données du problème.
Voilà ce que je dis, moi.
A finir demain.
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mardi, 10 avril 2012
ISLAM ET TOTALITARISME (fin)
L'islam diffère aujourd'hui du christianisme en ce qu'il ne fait pas de différence entre le temporel et le spirituel. Mahomet lui-même fut un chef religieux, évidemment, mais aussi politique et militaire. Le christianisme a cessé d'être une religion totalisante pour x raisons (encore que le "in god we trust" figure sur chaque billet vert). L'islam est resté une religion totalisante. Quelle distance sépare « totalisante » et « totalitaire » ?
Une autre chose qui différencie absolument islam et christianisme, c’est la notion de schisme. Dès le concile de Nicée, en 325, les chrétiens surveillent comme du lait sur le feu l’orthodoxie de la foi catholique (καθολικος veut dire « à visée universelle »), et pourchassent les façons hétérodoxes de croire en Dieu.
C’est ainsi qu’est apparue la notion d’hérésie. L’Eglise catholique a donc fonctionné sur l’exclusion des hérétiques. On a appelé ça l’excommunication. L’hérétique est retranché de la communauté des croyants. Sans parler du grand schisme de 1054 entre l’Eglise d’Occident et l’Eglise d’Orient. L’Eglise catholique a donc, au cours de l’histoire, parallèlement à son entreprise de conversion forcée de l’humanité, pratiqué avec constance la soustraction.
Maintenant, si on regarde l’Islam, que voit-on ? On voit exactement l’inverse : tout sauf la soustraction. Très curieusement, les musulmans se sont ramifiés en un certain nombre de sectes, au nombre de soixante-treize d'après mes sources, mais des sectes admises par l’orthodoxie. C’est ce qu’ils appellent l’ « Oumma », la « communauté des croyants ». Toute les ramifications s'additionnent (sauf quelques groupuscules microscopiques bizarres).
Il y a donc d'innombrables manières d’être musulman. Mais il y a, entre tous les musulmans du monde, au moins UN point commun : le monument appelé la « Kaaba », situé à La Mecque. J'ai failli oublier le Coran. Le christianisme a suivi un processus de fragmentation, fondé sur des bisbilles byzantines et abstraites concernant des points obscurs de la théologie, et donc inaccessibles au commun des mortels, pour qui c'était soit du chinois, soit de l'hébreu.
L’islam, au contraire, a suivi un processus d’englobement. S’il s’est ramifié en de multiples tendances (sunnites, chiites, soufis, kharidjisme, et autres), il est resté ancré sur un socle commun, concrétisé par la Kaaba de La Mecque, et dont les données principales sont très simples à comprendre par tout un chacun : les cinq piliers (profession de foi, cinq prières quotidiennes, aumône, jeûne de Ramadan, pèlerinage à La Mecque). Une simplicité accessible même aux imbéciles.
Vous pouvez être le soufi le plus mystique et contemplatif, mais vous pouvez aussi vous considérer comme le plus terrible des soldats de l'islam.
Historiquement, c’est une trouvaille géniale. Et c’est ce qui rend très compliquée la perception qu’on peut en avoir de l’extérieur. Quand les autorités musulmanes de France appellent à « éviter les amalgames », à s’interdire toute « stigmatisation » des musulmans français, c’est à ce point de vue qu’ils se placent : un musulman est avant tout un membre de l' « Oumma ». Mais vu de l’extérieur, disons du point de vue d'un "français de souche", cela reste très compliqué.
Le gros problème qui demeure, c’est que les bombes qui explosent à la sortie des églises chrétiennes, au Nigéria, en Egypte et ailleurs, ont été posées par des gens qui se réclament de l’islam. Vu de l’extérieur, c’est rigoureusement incompréhensible. On se dit : alors c'est quoi, un musulman ? Est-ce que c'est celui qui dit que l'islam, c'est la paix ?
Est-ce que le "vrai musulman" est celui qui déclare la guerre à la civilisation occidentale et chrétienne ? Ils sont tous, vus de l'extérieur, des "vrais musulmans". Comment voulez-vous qu'on s'y reconnaisse ? Parce qu'après tout, c'est très facile, pour eux, cette situation, c'est très commode, c'est très pratique. Ils disent : « Pas touche à mon frère qui a posé la bombe, car c'est à tout l'islam que tu t'attaques. Si tu t'en prends à lui, c'est nous tous que tu agresses ».
Je n’ai pas parlé des attentats suicides, des têtes coupées des moines de Tibéhirine, accessoirement de la guerre que se livrent en Irak les sunnites et les chiites, et de toutes sortes de manifestations de la pire intolérance qui soit, où les crimes de Mohamed Merah ne dessinent qu’un point culminant dans une série de points culminants.
Les musulmans sont pénétrés, imprégnés d’une exigence : il est interdit de diviser l’ « Oumma », la communauté des croyants. Il est interdit d’attenter à l’ « unité des croyants ». C’est pourquoi il est finalement vain de demander aux autorités musulmanes de France de condamner les actes de Mohamed Merah.
Autrement dit, les musulmans extrémistes, les musulmans qui se suicident à l'explosif dans un bus en Israël, les musulmans violents au nom de l’islam, les musulmans intégristes et les fondamentalistes, ils font partie de la « communauté des croyants ». Condamner l'un de ces « fous de Dieu », c'est condamner l'ensemble de la "communauté".
La conclusion ? Elle est assez simple. Messieurs, si vous ne condamnez pas les actes barbares commis au nom de l’islam, alors c'est que vous en assumez la responsabilité. Car cette responsabilité devient alors collective.
Si les musulmans modérés et pacifiques se considèrent D'ABORD comme les frères de ceux qui assassinent et posent des bombes, et qu'ils s'interdisent de les condamner avec horreur, au prétexte qu'il ne faut pas DIVISER la communauté des croyants (« Oumma »), alors ne vous étonnez pas que les musulmans, EN BLOC, fassent l’objet d’un rejet. Ne vous étonnez pas qu'il y ait une stigmatisation. Ne vous étonnez pas des amalgames. Dans le fond, vous l'aurez bien cherché. Et ne venez pas vous plaindre.
Voilà ce que je dis, moi.
Post scriptum : les quelques ébauches d'analyses que j'ai livrées ici depuis quelques jours sont l'aboutissement, non pas de ce qu'un expert, un spécialiste, un théologien quelconque aurait appris dans des livres, mais d'une réflexion personnelle, laborieusement bricolée à partir de ce qu'offre la suite des événements récents, tant dans les pays arabes et/ou musulmans que sur le territoire français.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islam, musulman, la mecque, tolérance, christianisme, oumma, hérésies, kaaba, antisémitisme, excommunication, égypte, nigéria, mohamed mehra, tibéhirine
lundi, 09 avril 2012
ALORS, L'ISLAM : TOTALITAIRE ?
L’Islam est-il totalitaire par nature ? Evidemment non, mais il faudrait y regarder de plus près. Y a-t-il des musulmans qui ont des visées totalitaires ? La réponse est : oui.
Rien qu’à la façon dont se sont instaurées les trois religions du « Livre », tiens, on peut s’en apercevoir. Je ne vais pas remonter aux origines de la religion juive. Ici, le peuple se confond avec la religion qu’il pratique. Et si je ne me trompe pas, il n’y a jamais eu de prosélytisme juif. Aucun juif, sauf erreur de ma part, n’a jamais essayé de faire que d’autres se convertissent au judaïsme.
Il me semble même plutôt que les juifs (à la fois en tant que peuple et que croyants) ont toujours cherché à préserver l’homogénéité (la « pureté », si l’on veut, du « peuple élu ») de leur communauté et de leurs dogmes. La philosophe HANNAH ARENDT insiste assez sur cette caractéristique des juifs (vivre entre soi) dans sa préface au monumental Les Origines du totalitarisme.
Il est de notoriété publique que le mariage entre des hommes ou des femmes juifs et des « goyim », c’est compliqué (je pense à la modeste comédie La Vérité si je mens). La ligne directrice des juifs, c’est plutôt la logique du « vase clos » : restons entre nous, ne nous mélangeons pas. Une preuve en est donnée par la floraison d’établissements confessionnels (Ozar Hatorah, entre autres) réservés aux juifs.
En passant, je signale que le seul concept d' « école coranique » me fait frémir. Mais pas plus que celui d' « école catholique » : en France, pourtant, les écoles catholiques ensiegnent autre chose que la Bible, et sont obligées de respecter les programmes imposés par le ministère de l'Instruction Publique (je déteste l'expression "éducation nationale").
La façon dont le christianisme est arrivé et a fini par s’imposer dans l’antiquité est toute différente : Jésus, c’est l’homme de la paix et de l’amour, jusqu’au sacrifice de soi. Bon, qu’il soit « fils de Dieu », pourquoi pas ? L’essentiel est que le message du christ est essentiellement pacifique.
A cet égard, certains analystes vont jusqu’à le considérer comme le seul vrai chrétien dans l’histoire. Car le véritable fondateur du christianisme, c’est un soldat qu’on appellera plus tard Saint Paul. Qui prendra au pied de la lettre l’expression : « Allez enseigner toutes les nations ». Ce premier prosélytisme massif se déroule de façon pacifique pendant plusieurs siècles. C’est la période des persécutions et des martyrs.
Le christianisme change de nature en devenant avec Constantin un rouage de l’Etat, un instrument du pouvoir, en quelque sorte. Dès lors, il a eu vocation à s’étendre par le prosélytisme et la conversion. Le christianisme, pacifique au départ, est devenu guerrier, quand le temporel et le spirituel se sont fondus pour exercer le pouvoir. Inutile de revenir sur les conversions forcées, massives qui ont accompagné les conquêtes coloniales, par le « bois » et le « fer » (la croix et l’épée). La terreur, quoi.
Pour l’Islam, c’est différent, dès le départ. Les Kuraïchis (tribu bédouine à laquelle appartenait Mahomet) persécutèrent celui qui prétendait parler au nom d’Allah, et le chassèrent de La Mecque en 622 (début de l’hégire, qui est aussi celui du calendrier musulman).
Mais le 10ème jour du mois de ramadan de l’an 8 de l’hégire (= 11 janvier 630), il se met à la tête d’une armée de 10.000 hommes et conquiert la ville, dont il fait le centre absolu de la nouvelle religion. L’Islam a donc démarré dans l’histoire par un acte de guerre, même si la légende prétend que la bataille s’acheva sans qu’une goutte de sang eût été versée. Il y a du guerrier potentiel dans tout musulman. Il ne faut jamais l’oublier.
Aujourd’hui, les musulmans qui interprètent au pied de la lettre l’appel au « djihad » formulé dans le Coran sont nombreux. Cela donne les massacres de chrétiens dans le nord du Nigéria. Cela donne les violences contre les coptes dans l’Egypte « révolutionnaire ».
Cela donne diverses persécutions dans les pays du Proche et du Moyen Orient, en particulier en Irak, où les chrétiens préfèrent s’exiler. J’aurais tendance à en conclure que les musulmans, en général, n’aiment pas les chrétiens. Et je ne parle pas de l’antisémitisme, largement partagé parmi les musulmans.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
09:19 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islam, religion, catholique, juif, tolérance, antisémitisme, intolérance, musulmans, totalitaire, prosélytisme, la vérité si je mens, goy, jésus, ozar hatorah, saint paul, mahomet, hégire, la mecque, hannah arendt
dimanche, 08 avril 2012
LES "PETITS BLANCS" D'ERSKINE CALDWELL
Lisons Le Petit arpent du Bon Dieu, d’ERSKINE CALDWELL
Dans l’Etat de Georgie, pays natal de l’auteur, le vieux fermier Ty Ty Walden est persuadé que sa terre recèle une mine d’or. Depuis quinze ans, il néglige de la cultiver, et creuse d’énormes trous tout autour de sa maison, déplaçant régulièrement « le petit arpent du bon dieu », dont il est supposé réserver le « produit » (= 0) à l’Eglise.
Sa fille Darling Jill, est une jolie fille, qui ne fait aucune difficulté pour faire l’amour avec tous les hommes qui lui plaisent. Sa belle-fille, Griselda, a un corps splendide, que Ty Ty ne se fait pas faute d’admirer par la porte entrouverte chaque fois qu’elle se déshabille, et ne perd aucune occasion de faire publiquement l’éloge de ce corps, en particulier de ses seins, à la grande confusion de celle-ci. Elle fait tourner la tête de tous les hommes.
Darling Jill et Griselda font vivre les hommes Walden dans un climat d’érotisme exacerbé. Ty Ty a deux fils, Buck et Shaw, qui l’aident à creuser les trous. Le second ne songe qu’à aller voir les filles en ville. Buck, mari de Griselda, est follement jaloux. Pluto Swint, gros homme naïf et mou, sue beaucoup et a deux ambitions : se faire élire sherif et obtenir la main de Darling Jill, qui n’est pas du tout pressée.
Il convainc Ty Ty que les hommes albinos ont le pouvoir de détecter les mines d’or. Or, il y en a un dans le coin. Le vieux fermier décide d’aller le capturer. Ayant besoin de tout son monde, il envoie Pluto et Darling Jill à Scottsville chercher son autre fille Rosamond, mariée à Will Thompson, ouvrier tisserand. L’albinos est capturé, ligoté et ramené à la maison triomphalement.
Entre-temps, à Scottsville (p.78), Darling Jill se glisse dans le lit de Will, profitant de l’absence momentanée de Rosamond. Celle-ci les surprend, et se venge sur leurs fesses à coups de brosse à cheveux. Mais c’est en excellents termes que le trio rejoint la ferme. Là, Dave et Darling Jill ne cessent de se regarder. Elle l’entraîne à l’extérieur. Ne voyant plus son albinos magique, Ty Ty est furieux, croyant que l’albinos s’est enfui. Mais à la lumière de sa lanterne, il les découvre sous un chêne en train de faire l’amour.
Ty Ty se retrouvant sans le sou, il décide d’aller en ville demander de l’argent à Jim Leslie, son autre fils, qui a réussi dans les affaires, mais ne veut plus entendre parler de sa famille. Pour l’ « attendrir », il se fait accompagner de Darling Jill et de Griselda, pénètre dans la demeure cossue de son fils et finit par lui soutirer de l’argent, en faisant de nouveau un éloge outrancier des charmes de Griselda.
Jim Leslie, aiguillonné, se prend d’une soudaine et brutale passion pour Griselda, qui lui échappe à grand-peine (p.166). Tout juste déchire-t-il la robe jusqu’à la taille. Par la suite, un violent antagonisme oppose Will et les deux frères Walden : c’est le monde ouvrier contre le monde paysan. Will aggrave la situation en faisant très ouvertement la cour à Griselda, excitant la fureur de Buck.
Will et Rosamond rentrent chez eux en ville, accompagnés par Darling Jill et Griselda, dans la voiture de Pluto. Will va assister à une réunion syndicale : son usine est en lock out, surveillée par des vigiles armés, et son intention est de rebrancher le courant dès le lendemain, quoi qu’il arrive, mais les autres votent pour l’arbitrage. Il rentre chez lui tard.
Griselda est fascinée par Will,comme envoûtée par un charme puissant. Will, sous les yeux des trois autres, annonce son intention et la met à exécution : il se met à déchirer les vêtements de Griselda en morceaux minuscules, puis lui fait l’amour toute la nuit, toutes portes ouvertes. C’est ce qui se passe. Darling Jill n’a jamais été aussi excitée devant cette manifestation de deux désirs à l’état brut. Rosamond, l’épouse, reste étonnamment tranquille.
Tous trois entendent les voix des amants, « fortes et distinctes » (p.207). Le lendemain matin, comme promis, Will se propose de remettre les machines en route, mais il est tué par un vigile. Quelques jours plus tard, Jim Leslie se rend à la ferme pour emmener Griselda, mais Buck l’abat d’un coup de fusil sur l’arpent du bon dieu avant de se diriger vers la forêt. Ty Ty est effondré de ce déchaînement de violence sur sa terre. « Dieu nous a mis dans des corps d’animaux, et il prétend que nous agissions comme des hommes. »
Bon roman sur le monde des « petits blancs » du Sud des Etats-Unis.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature américaine, erskine caldwell, le petit arpent du bon dieu, petits blancs, amérique
samedi, 07 avril 2012
ISLAM ET TOTALITARISME
Résumé : le père CHARLES PALIARD parle d'islamisation rampante, et on est en 1987.
2 ) – Le deuxième signe est tout récent. C’est de mon ami R. que je le tiens. Partant pour se rendre sur son lieu de travail, il monte dans le bus, et s’assied à une place libre. Son attention est d’abord attirée par l’odeur épouvantable qui émane de l’homme qui lui fait face. Il n'a pas dû prendre de douche ni changer de vêtements depuis trois semaines. Mais l’olfactif laisse bientôt place à l’auditif, car l’homme marmonne entre ses dents, sans s’arrêter.
L’homme a une barbe très dense, très fournie. Il est vêtu d’une longue robe. Autant dire qu’il est en uniforme. Et ce qu’il dit a de quoi inquiéter le plus équanime des philosophes : « Si j’avais un flingue, je t’éclaterais la tête ». Le discours ne s’adresse pas précisément à R., l’homme parle, en quelque sorte « à la cantonade », et les passagers ne sont pas tranquilles, c’est le moins qu’on puisse dire.
Il évoque des « voyages ». Dans l’ensemble, selon mon ami, les propos sont extrêmement décousus, passant sans prévenir d’un sujet à l’autre, mais en même temps extrêmement cohérents, se tenant fermement à une ligne directrice.
Ces deux qualificatifs accolés m’ont fait penser à un ouvrage très célèbre, mais très peu lu, qui possède ces mêmes caractéristiques de style : à la fois « décousu » et « cohérent » : un certain Mein Kampf, d’un certain ADOLF HITLER.
3 ) – Le troisième signe est donné régulièrement, dans les journaux qui parlent de la situation des pays ayant connu la « révolution », en Tunisie par exemple. Tiens, dernièrement, voilà quelques propos lus dans Le Monde. Je précise qu’ils sont tenus dans les milieux salafistes, mais pas par la tendance des « quiétistes », pas drôles du tout, mais qui ne feront de mal à personne, mais par la tendance « djihadiste » qui, elle, regroupe les gens qui sont entrés en guerre contre la civilisation européenne et occidentale.
Le cheikh tunisien s’appelle AL KHATIB IDRISSI. Il déclare : « Toute personne qui fait obstacle à la charia n’est pas musulmane ». Bon, disons que c’est, dans son cahier des charges, le minimum syndical. Mais il ajoute : « Il ne faut pas diviser la société musulmane ». Et là, il faut lire entre les lignes. Il s’efforce de faire croire qu’il existe une « oumma » (communauté des croyants), et que cette communauté est unie. C’est bien entendu une fumisterie, à voir le nombre de schismes que l’Islam a connus.
Quant au « il ne faut pas », il peut apparaître comme une menace proférée à l’encontre de ceux qui prendraient la responsabilité d’être des « diviseurs ». Le sous-entendu me paraît clair : rangez-vous derrière MA bannière. Comme les centristes français, qui appellent au « rassemblement », à condition que ce soit derrière leur personne.
Et puis, après les chefs, il faut toujours regarder les troufions qui forment les troupes. Madame LE PEN est en elle-même « inoffensive », entre autres qualificatifs qu’on peut lui appliquer. Il en va tout autrement des fronts bas qui constituent la base de ses troupes et qui grenouillent dans son entourage. En Tunisie, c’est la même chose. Ainsi, quand on interroge WAEL R. sur ce qu’il est prêt à faire, il répond : « Nous ne souhaitons pas en arriver là, mais nous sommes prêts à mourir et à tuer ». C’est tout simple, c’est très net. Cela veut dire : « Je suis prêt au sacrifice ». Sous-entendu "de moi", mais aussi "de tous ceux qui ne sont pas d'accord".
4 ) – Le quatrième signe, il est donné par des témoins obscurs, fondus dans la « société civile », qui racontent, ici, que des religieuses, en France, ont été obligées de partir de leur établissement, chassées par des pressions constantes et quotidiennes ; là, qu’on interdit à un enfant de serrer la main d’un autre au motif qu’il est chrétien. Pauvres exemples infinitésimaux. Mais il y en a combien des comme ça ?
Et je ne parle pas de la banalisation, dans le paysage de nos rues, des femmes qui circulent impunément voilées. Le problème de l’Islam (surtout l’Islam militant), c’est qu’il doit s’afficher. C’est peut-être ça qui le rend inassimilable, après tout ?
5) – Le dernier signe qui me semble confirmer la thèse de l’offensive islamiste sur le territoire français est donné par l’écrivain BOUALEM SANSAL, dont je commentais il y a peu Le Village de l’Allemand. L’auteur, qui est algérien, je le rappelle, voit les islamistes partis à la conquête du monde. Il assimile le discours islamiste au discours nazi.
Et quand, en réunion publique, il s’adresse à un public français, il prévient les gens : vous ne vous rendez pas compte, dit-il, de ce qui est en train de se passer dans vos banlieues. Les dirigeants français font semblant de ne pas voir ce qui arrive, et gardent la tête dans le sable.
Le minuscule coup de balai qui vient d’avoir lieu, dans la foulée de l’affaire MOHAMED MEHRA, ressemble à un message pré-électoral : il faut se dire qu’ils sont plus de trois, les imams qui prêchent la haine dans les mosquées.
La stratégie fait penser à celle de MAO TSE TOUNG, avant qu’il prenne le pouvoir en Chine, en 1949 : il avait étendu son emprise, progressivement, sur les campagnes. Résultat, au bout d’un certain temps, les villes sont « tombées comme des fruits mûrs ». Remplacez « campagnes » par « banlieues », et attendez. Oh, ce n’est pas pour demain. Mais songez que cette stratégie est à long terme. Disons même que c’est la stratégie de l’éternité.
Les cinq points énumérés ci-dessus présentent malheureusement, en même temps qu'une importance en soi dérisoire, un caractère précis : la convergence. Vous avez remarqué ? Ils vont tous dans le même sens. Les responsables français, je pense, sont correctement informés. Ils savent.
Mais ils pètent tellement de trouille à l’idée de mettre le feu aux banlieues qu’ils font tout leur possible pour laisser le couvercle sur la cocotte. Oui, « il ne faut pas faire des amalgames », « il ne faut pas stigmatiser ». Mais qu’est-ce qui les empêche d’appeler un chat un chat ? Et d’agir en conséquence ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islamisme, terrorisme, fanatisme, mohamed mehra, religion, politique, société, islam, musulmans, hitler, mein kampf, coran, tunisie, le monde, marine le pen, djihad, boualem sansal, le village de l'allemand
vendredi, 06 avril 2012
MUSULMAN ET TOTALITAIRE ?
Avant de commencer, je veux dire qu’on n’a pas assez noté, à mon avis, que, parmi les quatre victimes militaires que Mohamed Merah a flinguées pour de bon, trois portent des noms arabes : Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Imad Ibn Ziaten. Le quatrième – est-il encore vivant, au fait ? – porte un nom latin, Loïc Liber, et la peau noire de sa naissance guadeloupéenne. Il est donc pour le moins étonnant qu’on n’ait plus parlé que de crimes « antisémites ». Cela ressemble à une confiscation du deuil.
Je signale que l’armée française compte, aux dernières nouvelles, environ huit mille recrues « issues de l’immigration » et musulmanes, une « intégration » sans tambour ni trompettes, un recrutement bien plus discret, mais combien plus efficace que les légions d’Al Qaeda (vous connaissez le refrain de Pierre Perret, qui ne parlait pas des camps d’entraînement du Waziristan : « Les jolies colonies de vacances (…) tous les ans, je voudrais que ça recommence, youkaïdi aïdi al qaïda »).
Pourquoi je voulais le faire remarquer particulièrement ? Tout simplement, parce que ce type qui a tué des enfants juifs, soi-disant pour venger les enfants palestiniens tués par les Israéliens, il a commencé par tuer des types aussi musulmans que lui. Des Français, peut-être, qui servent dans l’armée française, peut-être, mais qui sont d’origine arabe, et de religion musulmane. Si quelqu’un peut m’expliquer ce sac de nœuds, il est le bienvenu.
Maintenant, venons-en au sujet du jour. Y a-t-il une « offensive islamiste » en France ? La réponse est « oui ». Je me réfère à ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie, en Lybie, et maintenant au Mali, où l’offensive islamiste est patente, avérée, officielle. Il n’y a pas de raison pour que l’Europe, en particulier la France, où vivent beaucoup de musulmans, reste en dehors de ce mouvement de fond.
Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi un certain nombre de signes.
1 ) – Le premier me vient d’un prêtre catholique qui s’appelait CHARLES PALIARD. Moi qui suis athée, je dis tout de suite, à son sujet, que je n’ai jamais vu personne d’aussi peu doctrinaire, d’aussi peu dogmatique. D’aussi peu crispé sur une idéologie. Et pour tout dire, d’aussi ouvert. Certaines mauvaises langues diraient « d’aussi œcuménique ».
Curé dans la paroisse de Saint Priest, il est mort en 1992. Ses propos datent donc de bien avant, mettons vingt-cinq ans, et s’ils étaient dépourvus de crainte ou de haine, ils étaient très nets : il parlait de l’islamisation rampante à l’œuvre dans cette ville de la banlieue lyonnaise, où la population d’origine arabe est nombreuse.
Il ne semble pas que le processus à l’œuvre, qu’il constatait il y a vingt-cinq ans se soit interrompu. Bien au contraire, l’Islam, en France, a pris de la place, de plus en plus de place. Le mouvement s’est amplifié, a crû et embelli, est devenu tellement visible qu’il a fini par poser un vrai problème (voile, prières en public, etc…), au point d’envahir le devant de la scène.
Quand on regarde ainsi le phénomène sur la longue durée, il est raisonnable de s’interroger, et même de s’inquiéter. Et de se dire, rationnellement et posément, que la France, non seulement n’est pas à l’abri d’une « offensive islamiste », mais qu’elle constitue pour celle-ci un terrain de jeu privilégié, sans doute à cause, d’une part, du nombre d’adeptes, d’autre part, de la place qu’y tient la laïcité, dont les musulmans – et même pas les plus radicaux – ne veulent à aucun prix.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
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jeudi, 05 avril 2012
BOUALEM SANSAL CONTRE L'ISLAMISME
Là commence l’errance du frère aîné, qui veut refaire tout le père-iple du père, parce qu’il veut comprendre. Comprendre qui c’était, comment il a fait pour devenir ce qu’il fut, rouage dans une machine à exterminer pour commencer, pour finir « cheikh » respecté dans un minuscule bled algérien, où il est finalement massacré.
Le livre n’est pas seulement raté parce qu’il est « à thèse », mais aussi à cause de la forme de « journal » que l’auteur a choisie : le frère aîné, doué et brillant, rédige le journal de sa quête à la recherche du père dans une langue très maîtrisée ; mais le cadet, qui a failli virer voyou, en tenant lui-même son journal, ne peut espérer fournir au lecteur des outils d’analyse un peu sophistiqués, sous peine que le récit perde totalement en crédibilité : son niveau d’instruction l’interdit. Il en reste à l’instinct, aux réflexes primaires.
Ce qui manque donc au livre, pour devenir satisfaisant, c’est un point de vue englobant, plus élevé, capable d’entrer dans la question avec un peu de subtilité et d’intelligence. C’est tout à fait regrettable, car du coup, le récit reste à l’état de rudiment.
L’aîné, qui découvre la Shoah, a mené un recherche jusqu’au bout, pour « comprendre », comme dit le commissaire du quartier, Com’Dad, une recherche qui l’a conduit au suicide par asphyxie aux gaz d’échappement dans son propre garage. Il doit, comme il dit, « payer sans faute », pour son salaud de père.
Il faut bien dire que l’exposé de la découverte du nazisme du père par le fils a quelque chose de terriblement scolaire. L’auteur nous inflige ce que tout le monde sait sur des pages et des pages, et ne craint pas de donner l’impression d’un cruel ressassement.
Là où le récit acquiert de la force, à peu près au centre du livre, c’est quand Rachel explique la logique des nazis « de l’intérieur », comme un processus industriel rationnellement mis en place et en œuvre. L’examen froidement méthodique des capacités respiratoires d’un bébé et d’un adulte pour calculer les quantités de gaz « zyklon b » et le temps qu’ils mettront à mourir dans la chambre à gaz a quelque chose d’hallucinant, et pour tout dire, de très « culotté ».
Mais la thèse de BOUALEM SANSAL est découpée à la hache : que ce soit en Algérie ou dans les banlieues françaises, les islamistes djihadistes préparent pour l’humanité un système comparable à celui que les nazis ont fait subir au peuple juif, aux tziganes et à toutes sortes de « dégénérés » et d’ « Untermenschen ».
L’équation « islamistes = nazis » est aussi carrée que ça. Ce que confirme BOUALEM SANSAL lui-même, interviewé sur Youtube ou Dailymotion. On en pense ce qu’on veut évidemment. Par exemple, en Tunisie, RACHED GHANNOUCHI, le chef du parti islamiste Ennahda, a annoncé qu’il renonçait à inscrire la charia dans la constitution. En Egypte, ce n’est pas gagné, loin de là.
En tout cas, ce qui est clair, ce qui est sûr, c’est que, dans de nombreux pays musulmans, et à un moindre degré dans certaines banlieues françaises, des individus fanatiques, des groupes de musulmans extrémistes s’efforcent de grignoter du terrain jour après jour sur le territoire de la République. Et je n’ai qu’à moitié confiance, pour ce qui concerne la France, dans un gouvernement quel qu’il soit pour faire face au problème.
S’il y a un problème, ni MITTERRAND, ni CHIRAC, ni JOSPIN, ni SARKOZY ne l’ont résolu. Et ça fait trente ans que ça dure. Ça a commencé quand l’Etat français a démissionné de ses responsabilités en abandonnant la gestion « sociétale » (religion, activités culturelles ou sportives, etc.) des populations musulmanes aux « associations ». C’est-à-dire aux musulmans eux-mêmes. Les gouvernants auraient voulu entretenir un bouillon de culture anti-français, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Appelons ça de la lâcheté, et puis n’en parlons plus.
Et Monsieur NICOLAS SARKOZY a la mirobolante idée de fusionner les Renseignements Généraux et la DST pour faire la DCRI (donnée à son pote SQUARCINI) en même temps que des économies, deux services qui n’avaient ni la même finalité, ni le même mode de fonctionnement, ni la même « culture ».
Cela donne la catastrophe policière du groupe dit « de Tarnac », et cela donne la catastrophe policière et humaine de MOHAMED MEHRA, à Toulouse et Montauban. Encore bravo. Au fait, pourquoi le tireur d’élite a-t-il reçu l’ordre (on ne fait pas ça sans en avoir reçu l’ordre exprès) de viser la tête ? Est-ce que ça ne serait pas pour l’empêcher de parler ?
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, société, religion, fanatisme, fondamentalisme, imam, cheikh, banlieue, salafiste, djihad, boualem sansal, algérie, shoah, nazisme, nazi, zyklon b, juif, tzigane, rached ghannouchi, ennahda, égypte, tunisie, musulman, islam, islamiste, mitterrand, jospin, chirac, sarkozy, hollande, dcri, mohamed mehra, toulouse, montauban
mercredi, 04 avril 2012
UN ALGERIEN JUGE LES ISLAMISTES
Je viens de lire Le Village de l’Allemand, de BOUALEM SANSAL. Pourquoi, me dira-t-on ? Eh bien l’occasion s’est présentée lors d’un précédent article au sujet de l’Islam. On trouve sur Internet un certain nombre de vidéos. J’ai visionné à tout hasard une interview de l’auteur, à propos de cet ouvrage, paru en 2008.
Le journaliste lui demandait s’il n’exagérait pas en faisant dans son livre un parallèle strict entre les islamistes algérien des GIA et les nazis des camps de la mort. L’auteur répond par la négative : il voit dans le projet des musulmans les plus radicaux (les « djihadistes ») se profiler une vision totalitaire de la société.
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J’ai voulu en avoir le cœur net, en lisant le bouquin. Intuitivement, j’ai tendance à lui donner raison (voir le prêche plein de bonnes intentions totalement inopérantes (« nous devons nous maintenir vigilants ») d’ABDELWAHAB MEDDEB dans Libération du 2 avril, où il prononce lui-même le mot de « totalitaire », sans être forcé).
Ceci n’est pas exactement une note de lecture, et pour une raison simple : sur le plan romanesque, le livre est assez raté, alors que, par son sujet, il pose une question grave.
Comme bien souvent, quand un romancier se lance dans un livre « à thèse », le résultat est littérairement décevant, quand il n’est pas carrément nul. L’art fait toujours (ou presque) mauvais ménage avec la démonstration. Et aussi avec le militantisme. Car Le Village de l’Allemand (2008, disponible en Folio) est un roman « engagé ».
L’auteur s’insurge en effet, très fortement, contre l’infiltration de « guerriers » de l’Islam dans les banlieues françaises, depuis un certain (?) nombre d’années. On ne peut pas lui donner complètement tort. MARINE LE PEN a évidemment tort de souffler sur les braises des antagonismes, mais il y a de la vérité quand elle parle de « fascisme vert ».
Oui, il y a des « fascistes verts » en France. Que leur nombre (très faible) fasse « courir un risque à la République », c’est un fantasme d’une autre paire de manches, dont je me garderai de franchir le pas (comme dirait le Maire de Champignac). Mais on ne peut nier qu’il y a en France, aujourd’hui, des fanatiques.
Leur objectif est d’étendre leur emprise à visée totalitaire sur des parties de la population, disons pour aller vite, « d’origine maghrébine ». Ils se considèrent comme des soldats en guerre contre la civilisation européenne. J’en reparlerai prochainement.
Alors le bouquin de BOUALEM SANSAL, maintenant. Rachel et Malrich sont deux frères, nés de mère algérienne et de père allemand. Aïcha Majdali, du village d’Aïn Deb, a épousé Hans Schiller. Rachel est la contraction de Rachid et d’Helmut ; Malrich, celle de Malek et Ulrich. La vraisemblance de tout ça est relative, mais enfin bon.
Le père pourrait s’appeler le père-iple, tant sa trajectoire est compliquée, avant de débarquer dans ce tout petit patelin. Il fut officier SS, en poste dans différents camps de la mort. A la Libération, il suit une filière compliquée d’exfiltration des anciens nazis, qui passe par la Turquie, l’Egypte, et qui l’amène en Algérie, où il rendra quelques « services », avant d’être remercié et de prendre une retraite bien méritée, sous le nom de Hassan Hans, dit Si Mourad. Bon, pourquoi pas, après tout ?
L’action du bouquin se passe pendant la sale guerre que se livrent le gouvernement algérien et les islamistes du GIA (60.000 à 150.000 morts selon les sources). C’est dans cet affrontement que le couple arabo-allemand est massacré, dans une tuerie collective nocturne. Rachel fait le voyage, et tombe sur les papiers laissés par son père.
Voilà ce que je dis, moi.
J’ai essayé de faire court, mais ça finit demain.
09:00 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boualem sansal, algérie, islam, islamisme, musulman, extrémiste, djihad, salafiste, salafisme, le village de l'allemand, gia, guerre civile, religion, fanatisme, abdelwahab meddeb, libération, presse, journaux, totalitaire, totalitarisme, nazi, nazisme, marine le pen, politique, société, mohamed mehra
samedi, 31 mars 2012
GABRIEL
IL S’APPELLE
GABRIEL
Au moment où les photos ont été prises, il était âgé d’au moins 15 heures. Il est beau. Il sait déjà téter. Dans quelque temps, il saura tout faire. Et même plus.
PAULINE et XAVIER
sont de grands artistes.
Voilà ce que je dis, moi.
19:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 25 mars 2012
SANS LE MAL, PAS D'HUMANITAIRE
Résumé : l’humanitaire est aveugle de nature, de naissance et de fonction.
L’humanitaire et le bénévole sont le masque de bonne foi dont l’hyène des affaires et le requin des finances ont besoin de s’affubler pour sanctifier le système qui les fait grossir. C’est toujours l’histoire du gars dont la main droite ignore avec fermeté ce que fait sa main gauche.
Le système est pareil : pour la galerie et la scène médiatique, la mise en scène de tous les « gens-à-bonnes-intentions », disons la main gauche, celle du cœur. Et puis, pour les affaires, le pouvoir, bref pour les « choses sérieuses », la main droite du rouleau compresseur des « intérêts bien compris ».
L’humanitaire et le bénévole forment sans le vouloir (quoique …) la figure hypocrite qui permet à la population des hommes injustes, avides et cruels d’accomplir leurs forfaits, de croître et d’embellir, et qui plus est, en toute bonne conscience, puisqu’ils savent que de bonnes âmes passeront derrière pour soulager la misère dont ils auront été la cause directe.
L’humanitaire et le bénévole, en s’attaquant à la partie émergée de l’iceberg des conséquences, font semblant de ne pas voir l’énorme masse des causes, ou plutôt évitent soigneusement d’affronter celles-ci de face.
L’humanitaire et le bénévole sont l’avers ô combien généreux et moralement présentable de la médaille dont le revers porte la hideuse griffe des intérêts exacerbés des créatures abstraites et monstrueuses qui laissent les forces du Mal mettre en coupe réglée ce qui reste d’humain dans le monde (n’est-ce pas que c’est bien tourné, monsieur le maire de Champignac ?).
L’humanitaire et le bénévole ont vu les grands yeux du petit « Biaffrogalistanais » au gros ventre (merci MARCEL GOTLIB, voir la double page « Désamorçage », Rubrique-à-brac, l’intégrale, p. 366-367) qui crève de faim. Leur estomac s’est retourné d’émotion. Et ils se sont dit : « Il faut faire quelque chose ».

EN ILLISIBLE : CHAQUE JOUR DES CENTAINES D'ENFANTS MEURENT DE FAIM
(le message finit par s'effacer complètement à la fin de la double planche)
Voilà : ils ont été touchés par la grâce, ils ont voulu intervenir « sur-le-terrain ». C’est comme ça qu’est née l’association « Médecins sans frontières ». On ne peut pas laisser s’accomplir les horreurs qui s’annoncent. Inutile de dire que le sentiment qui anime ces personnes les honore. Mais je m’excuse de vous demander pardon : c’est profondément débile, c’est abyssalement stupide, c’est fossedesmariannement déraisonnable.
Le raisonnement de l’humanitaire et du bénévole est le suivant : puisque nous ne pouvons pas guérir le malade, prodiguons-lui des soins palliatifs. Des soins d’accompagnement. Si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal.
L’humanitaire et le bénévole ont, disons depuis l’aventure biafraise (1968) qui a vu RONY BRAUMAN et BERNARD KOUCHNER fonder Médecins sans Frontières, donné naissance à une gigantesque usine à pansements, qui a vu sa vocation initiale (secourir dans l’urgence) se muer en une gigantesque entreprise de ramassage et de recyclage des déchets de l’histoire en train de se faire.
L’existence de ce qui est devenu « l’action humanitaire » marque un échec retentissant. Celui de l’universalité des droits de l’homme. Et pour une raison relativement simple : à chaque fois que « l’action humanitaire » se sent obligée d’intervenir, elle est obligée de s’efforcer de convaincre les différents acteurs qu’elle ne veut surtout pas intervenir comme une « partie » dans un conflit.
Non, non, je vous assure, nous nous contentons de « secourir les victimes ». Si, si, nous sommes « neutres ». Nous sommes, pour ainsi dire, des plantes « hors-sol », cultivées sous serre, « au-dessus des partis ».
Voilà le hic : l’ONG, elle est obligée d’essayer de persuader des malfaisants qu’ils ont tort de mal faire. Et c’est là que les malfaisants rigolent. Quelle tête il fait, BACHAR EL ASSAD, quand KOFI ANNAN débarque à Damas pour une mission « bons offices » et « bons sentiments », sa mission droits-de-l’hommiste ?
Je crains que les dessinateurs qui s’en donnent à cœur-joie pour caricaturer BACHAR EL ASSAD à qui mieux-mieux en bourreau sanguinaire, n’aient pas la plus petite idée de ce qu’est un rapport de forces international, de ce en quoi consiste la plus élémentaire géostratégie.
Pris de vitesse, ils barbouillent à l’émotion, griffonnent aux sentiments, badigeonnent aux droits de l’homme. Faute de mieux. Faute d’efficacité, il est important pour l’amour-propre de se donner bonne conscience. Et il est « vendeur » de donner une bonne conscience identique au lecteur.
Soit dit en passant, certaines des associations qu’il est convenu d’appeler des « Organisations Non Gouvernementales » (sans doute pour marquer leur strict apolitisme), sont devenues de véritables multinationales de la charité organisée, avec pignon sur rue, porte-parole prestigieux et ambassadeurs de renom.
Un certain nombre de diplômés des Grandes Ecoles, genre HEC, ESSEC et autres SupdeCo, envisagent avec le plus grand sérieux d’amorcer une carrière qu’ils espèrent éblouissante en acceptant des postes à responsabilités au sein de telles ONG.
Pas d’y passer leur vie, certes, car il est bon d’en sortir et de passer ensuite aux choses sérieuses. Mais après tout, ça ne fait pas mal du tout, sur un CV, d’être passé par les champs d’épandage de la générosité rémunérée. C’est ce qu’on appelle une astucieuse « stratégie individuelle ». Qu’importe le bilan, pourvu qu’on ait l’adresse.
Et c’est ce genre de multinationale du sentiment qui vient faire de la publicité dans les médias et lancer des appels touchants aux dons des donateurs, aux bienfaits des bienfaiteurs et au bénévolat des volontaires de la charité et des petits soldats de la bonne volonté (mais il y avait déjà un Benvolio dans Romeo et Juliette), à la façon d’une secte draguant des adeptes.
Voilà ce que je dis, moi.
Peut-être à suivre, on verra plus tard. Pour le moment, je prends quelques jours de vacances. A bientôt.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 24 mars 2012
L'ISLAM DE FRANCE : UN MYTHE ?
Résumé : l'espace public, en France, est envahi par des controverses autour de l'islam. Pour le citoyen ordinaire (et athée) que je suis, l'air est contaminé par des débats de nature insupportablement religieuse.
J’entends déjà les chiens de garde, souvent de gauche, hurler à l’islamophobie. Fausse route, selon moi, les amis ! Il n’y a pas d’islamophobie en France, qu’on se le dise. Et ce n’est pas les profanations de tombes musulmanes (mais surtout juives, soit dit en passant) qui me feront changer d’avis.
Ou alors, pour être équitable, et puisque le joli terme de phobie a tant de succès de nos jours, si certains disent qu’islamophobes nous sommes, il faut qu’ils reconnaissent la part de christianophobie, voire de francophobie (siffler la Marseillaise lors d’un match de football France-Algérie), et même de sémitophobie, qui anime ces islamophiles et un certain nombre de musulmans. C'est une vraie question : les musulmans de France sont-ils antisémites ou non ? Combien y a-t-il de francophobes ?
C’est une histoire de réciprocité. Au moment où les Européens sont mis en demeure de construire des mosquées, j’attends qu’on me dise combien d’églises catholiques, combien de temples protestants, combien de synagogues ont été construits en terre d’Islam depuis cinquante ans. Il me semble que dans les pays à majorité musulmane, tout ce qui est chrétien a tendance à être pourchassé (même racine latine que persécuté). Le nombre de chrétiens qui en ont été chassés me laisse augurer le pire. De quel côté est l’intolérance, nom de dieu ?
Si les européennes qui vont visiter l’Arabie saoudite sont obligées de se couvrir, qu’attendent les Européens pour exiger que les femmes arabes qui débarquent en Europe enlèvent leur voile, montrent leurs cheveux ou portent un chapeau ? Qu’attendent les Européens pour exiger l’application de la très simple règle de la RÉCIPROCITÉ ? Je ne vois aucune raison pour la refuser.
Les musulmans, dans cette circonstance, adoptent – et je trouve ça révélateur d’un « mode d’être » – la même stratégie que les homosexuels et les féministes : d’une part la revendication de droits, souvent agressive, et d’autre part les hurlements d’orfraie face à des « phobies » supposées, le plus souvent purement imaginaires, mais bien commodes quand on est devant les tribunaux, pour prendre la posture de la victime.
Car c’est un autre point commun, que PHILIPPE MURAY nommait très justement « l’envie du pénal », qui pousse tous ces gens à demander que justice leur soit publiquement et officiellement rendue par l’autorité judiciaire. Une justice où les dédommagements pécuniaires sont rarement refusés.
J’aimerais cependant que tous ces gens qui crient qu’ils souffrent collectivement de l’injustice qui leur est faite, aient quelque chose de positif à proposer. C’est vrai ça, ils demandent, réclament, revendiquent, se répandent sur les ondes en considérations fielleuses, en proclamations atrabilaires, en protestations négatives. Vous n’avez pas remarqué l’uniformité de ce ton agressif et mécontent ? Ceux qui exigent du respect de la part d'autrui devraient s'attendre à ce qu'autrui exige, là aussi, la RÉCIPROCITÉ.
J’aimerais demander à tous ces individus (ne parlons pas du caractère le plus souvent collectif et « identitaire » (nous les …) des revendications) qui s’estiment lésés de quelque manière dans la façon dont les autres les considèrent dans la société, s’ils ont si envie que ça de vivre avec ces autres. Ils réclament beaucoup de ces autres, mais eux, qu’ont-ils à leur offrir ? Quel est leur projet de vie en commun avec eux ? Que souhaitent-ils leur apporter dans l’existence collective ? En quoi de concret consiste leur projet de vie en société, s’ils en ont un ?
J’aimerais à l’occasion entendre sortir de leur bouche des propos enfin POSITIFS. Il faut dire que c’est lassant, à la longue, d’entendre seriner, de « débat » d’idées en « débat » de société, les aigreurs d’estomac de ces soi-disant « mal-aimés ».
Dans la circonstance présente, où je retiens quand même que c’est un homme qui s'appelle MOHAMED qui a commis les crimes, il ne s’agit évidemment pas de « stigmatiser » tous les basanés musulmans de France. Les responsables de tout bord savent trop le risque qu’ils prendraient à allumer une mèche qui ferait exploser quatre millions de personnes, où quelques allumés du bulbe jouent le rôle d'étincelle à retardement.
Il est important de ne pas étendre à tous les musulmans de France l’horreur qu’inspirent les crimes de MOHAMED MEHRA. Comme disent avec componction, la mine grave, les « responsables » politique, « il ne faut pas faire d’amalgame ». Quelques dizaines, sans doute pas beaucoup plus, la veulent, la guerre. Mais éviter de mettre tous les musulmans de France dans le même sac, ça ne suffit pas. Il faut de l'explicite, du concret, du positif.
MUSULMANS, vous voulez vivre en paix avec tout le monde ? MONTREZ-LE. Plutôt que de sauter comme des cabris en « mettant en garde contre les amalgames », allez-y, dénoncez MOHAMED MEHRA, proclamez qu’il contrevient au Coran, qu’il n’est pas musulman, je ne sais pas, mais dites, affirmez clairement que celui-ci n’est pas des vôtres, que vous ne faites pas partie de cette engeance. Dénoncez les extrémistes, salafistes ou djihadistes qui appellent à la guerre de civilisation.
Vous adhérez au mode de vie à l’européenne ? MONTREZ-LE. Désolidarisez-vous publiquement, collectivement et en masse de tout de qui en est la négation. Tiens, et si vous organisiez, pour tous les musulmans de France, une grande manifestation nationale à Paris, de Bastille à République, ou de République à Nation, pour affirmer que l’Islam est une religion de paix. Et pendant qu’on y est, que les Arabes de France ne sont pas des sémitophobes. Tiens, chiche !
Dites-le, que vous aimez la France et les Français. Et pour faire bonne mesure, dites-le, que vous aimez les juifs. Tiens, chiche ! Sacré défi, non ?
Voilà ce que je dis, moi.
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vendredi, 23 mars 2012
MOHAMED MEHRA, MUSULMAN DE FRANCE ?
Musulmans de France, avant toute autre considération, vomissez publiquement et officiellement MOHAMED MEHRA ! Dites une bonne fois qu'il n'est pas musulman. C’est une condition pour vivre en paix.
Introduction
En France, les homosexuels de tous les sexes, les femmes de tous les « genres », y compris le genre féministe, les musulmans de tous les islams réclament l’égalité de traitement avec les autres sexes, les autres genres, les autres religions.
Tous ces gens crient à l’égorgement, voire au crime historique, quand on fait mine de s’en prendre, par exemple et au hasard, aux cinq prières de l’Islam, quand elles ont lieu dans la rue ; ou bien quand une des deux lesbiennes d’un couple se voit refuser l’autorité parentale par un tribunal ; ou encore quand une agence de publicité lance (c’était il y a déjà un moment) une célèbre campagne de publicité pour la crème fraîche semi-épaisse Candia « Babette » :
« Babette, je la lie, je la fouette,
et parfois elle passe à la casserole ».
Dans les trois cas, la catastrophe, mes amis ! Si vous aviez vu les chiens (et les chiennes) de garde se déchaîner en concerts d’aboiements rageurs et haineux. Le paradoxe, qui n’est pas du tout amusant, c’est que tous ces gens avaient l’énorme culot de se présenter comme des « victimes » et de hurler à la « stigmatisation ».
Il est aussi arrivé que les critiques de mode ne soient pas tendres, mais alors pas tendres du tout, avec certaines manifestations publiques de la dernière mode vestimentaire coranique. Pourtant, nombreuses étaient les voix qui acclamaient les superbes modèles, inspirés par Allah, retouchés par son prophète, caractérisés par l’ampleur des lignes, la profondeur des plis, le moiré des tissus.
Et cette fente dans les étoffes, si habilement conçue pour donner tout son éclat à l’intensité du regard, soulignée par le trait charbonnant du khôl du meilleur goût, ah, quelle trouvaille ! Ah, cette fente dans les étoffes, qui fait trépider le cœur du fiancé le soir des noces : « Vais-je dénuder Vénus en personne ? Vais-je tomber sur un boudin moustachu ? ». On ne dira jamais assez combien il est nécessaire de préserver le mystère de l’amour jusqu’au dernier moment.
Bon, je cesse de tourner autour du pot tout en noyant le poisson, c’est de l’Islam que j’avais l’intention de parler. Pour dire mon ras-le-bol. Islam par-ci, musulman par là, mosquée par ailleurs : la nausée, je vous dis ! On nous fait bouffer de l’imam, de l’UOIF, du CFCM, du DALIL BOUBAKEUR, de l’islamisme fondamentaliste, du Frère Musulman et du salafiste jusqu’à nous en fourrer dans les trous de nez.
Plus possible d’écouter la radio ou de regarder la télévision sans se faire apostropher sur le « nécessaire dialogue des religions ». Plus possible de déambuler en ville sans tomber sur ces insultes ambulantes que constituent des femmes couvertes de tissu et des hommes habillés d’une grosse barbe et d’une longue robe. Je me dis : « Il est en train de se passer quelque chose ».
Je vais vous dire, moi, le « dialogue des religions », je m’en tape, pour la bonne raison que les religions, toutes les religions, déjà et d’une, je m’en tape. Et que j’estime avoir le droit de vivre et de marcher dans la rue sans me faire bassiner par des religieux, quelle que soit la mitre dont ils sont coiffés.
L’Europe n’a pas réussi, après de longs siècles de travail guerrier, à se laïciser, pour que des outrecuidants, le plus souvent venus d’ailleurs (c’est le simple constat d’une vérité de fait), viennent piétiner en rangs serrés le devant de la scène médiatique. Si les outrecuidants parviennent à y rester, sur le devant de la scène, c’est qu’il se passe quelque chose. Quoi ?
Voilà ce que je dis, moi.
A finir demain.
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jeudi, 22 mars 2012
QUE SERAIT LE MAL SANS L'HUMANITAIRE ?
Allez, j’ai bien envie de choquer, de heurter de nouveau quelques âmes sensibles et de bonne foi, mais tant pis. Voilà, il faut que je le dise : si le bénévolat et l’aide humanitaire pullulent aujourd’hui comme de la vermine, ça veut dire que le pire est en train d’accroître son emprise sur l’humanité.
L’humanitaire, le généreux, l’altruiste et le bénévole, enfin tout ce qu’on regroupe souvent sous le terme générique « les associatifs », sont nés il y a moins d’un demi-siècle (je ne parle pas des « grands anciens », genre Croix-Rouge), et depuis un demi-siècle, ça s’est mis à proliférer, au point, aujourd’hui, d’occuper le devant de la scène.
La Syrie donne un assez bon exemple de la place exacte qu’occupe l’humanitaire dans la réalité, tout à fait différente de la surface médiatique que les acteurs de la propagande humanitaire s’efforcent de lui donner.
On voit ici les grands principes venir s’échouer comme une vaguelette mourante sur la falaise de la réalité économique, politique et géopolitique, qui n’a jamais été mue par les sentiments, au grand dam de nos modernes croisés des droits de l’homme.
La gesticulation humanitaire est évidemment destinée aux caméras de télévision, autrement dit, à « l’opinion publique ». Ce n’est ni plus ni moins que de la propagande. On me dira que c’est pour la bonne cause. Ça reste à voir.
MICHEL COLUCCI, dit COLUCHE, affirmait que les « Restos du cœur » auraient gagné la partie le jour où ils disparaîtraient. Et il avait bien raison : cela aurait voulu dire que le problème à l’origine des « Restos du cœur » a tout simplement, lui aussi, disparu.
Or que voyons-nous, d’année en année ? La demande d’aide à la simple survie explose. Pas seulement pour le « droit au logement », pas seulement pour le « droit au travail ». Mais pour le droit de manger à sa faim. Non seulement le problème n’a pas disparu, mais il s’est aggravé, et il ne cesse de s’aggraver, comme poussé par une force maléfique irrésistible.
On ne compte plus les quêtes pour la « banque alimentaire », les « sans abri » et autres associations à but caritatif. Dites, ça ne vous impressionne pas, que le caritatif explose comme jamais, que la bienfaisance mobilise en masses toujours plus compactes, que le tsunami de la bonté referme sa mâchoire en acier humanitaire sur le malheur des gens ? Moi, je me permets de trouver ça louche.
Et j’ai fini par me poser une question incongrue, voire scandaleuse : « Est-ce que par hasard ce n’est pas à cause des « restos du cœur » que la situation devient pire de jour en jour ? ». Ou plutôt, est-ce que ce n'est pas parce qu'ils existent, et que certains malintentionnés savent qu'ils existent, que ça s'aggrave ? On pourrait appeler ça les « effets pervers de la bonne volonté ».
La vraie question ? « Il y a des margoulins prêts à tout, pour qui COLUCHE et ses semblables fonctionnent comme des PERMIS DE NUIRE, car ils voient qu'il y aura toujours, quels que soient leurs forfaits, « les gens de bonne volonté », « la société civile », « les associations » pour réparer les dégâts qu’entraînent leurs activités trop salopes pour être avouées ».
Est-ce que ce n’est pas à cause de l’existence d’un tissu associatif de plus en plus serré et préoccupé de la « solidarité » que des gangsters sont en train de se dire : « Tranquille, Mimile, on peut y aller à fond les manettes, ils n’ont encore rien vu ». COLUCHE, mais avant lui KOUCHNER & BRAUMAN (et avant eux HENRI DUNANT) ont inventé la petite cuillère du bon cœur à vider la marée montante de la haine et du mépris.
Car disons-le, l’humanitaire et le bénévole sont profondément bêtes par nature. Intrinsèquement bornés. Viscéralement obtus. Bon, quelqu’un a dit : « Heureux les pauvres d’esprit, car le royaume des cieux est à eux ». Ne soyons donc pas moins miséricordieux que la miséricorde.
Non, je n’insulte personne, je dis les choses comme elles sont. L’humanitaire et le bénévole sont exactement comme le cycliste dans l’ascension du Tourmalet : ils ont le nez dans le bitume juste devant la roue, et rien d’autre. Le paysage, connais pas. Le bitume, on appellera ça le « terrain ».
On appellera le paysage « compréhension de la situation », comme une carte, qui sert à comprendre un territoire. L’humanitaire, lui, a le nez dans le bitume, le terrain, il est celui qui se trouve ou se rend « sur-le-terrain ». Il sert à ça : ne pas comprendre. Il sert tout au plus à taper à l'émotion. L'humanitaire, c'est le tripal et le lacrymal.
A cet égard, l’humanitaire et le bénévole ne sont rien d’autre que les alibis du système en place. Ils sont les avatars modernes des Dames Patronnesses qui, autrefois, avaient « leurs pauvres », qu’elles visitaient et dont elles s’efforçaient, gentiment apitoyées, de « soulager le sort misérable ». Et qui permettaient au système de se conforter, aux inégalités criantes entre richissimes et misérables de perdurer.
Je manque peut-être d’esprit de tolérance, mais je n’ai pas l’intransigeance absolue et terrible de LEON BLOY. S’il arrivait à des humanitaires la même chose qu’aux aristocratiques dames patronnesses mortes dans l’incendie du Bazar de la Charité (130 morts), le 4 mai 1897, je n’irais certes pas jusqu’à écrire, comme le « mendiant ingrat » dans son Journal :
« J’espère, mon cher André, ne pas vous scandaliser en vous disant qu’à la lecture des premières nouvelles de cet événement épouvantable, j’ai eu la sensation nette et délicieuse d’un poids immense dont on aurait délivré mon cœur. Le petit nombre des victimes, il est vrai, limitait ma joie » (lettre du 9 mai).

Il fallait oser. Mais c'est vrai que la charité, le caritatif et tout ce qui y ressemble, ne sont qu'un sinistre bazar.
Voilà ce que je dis, moi.
A suivre.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humanitaire, société, monde associatif, bénévole, altruisme, syrie, coluche, restos du coeur, banque alimentaire

