mercredi, 10 août 2011
LISEZ "LES GRANDES ESPERANCES"
Voilà un bouquin formidable, que j'ai lu récemment. L'action se passe en Angleterre au milieu du 19 ème siècle. L'auteur s'appelle CHARLES DICKENS, excusez du peu.
Le héros s’appelle Pip (pour Philippe Pirrip). Il vit chez sa sœur, la femme du forgeron Joe Gargery. Elle gouverne la maison avec autorité, voire brutalité, ne passant rien à son jeune frère, ni d’ailleurs à son mari. A l’occasion, elle terrorise son monde. Mais pour les gens du bourg, Pip aura été « élevé à la cuiller », c’est-à-dire qu'ils le considèrent à jamais redevable à sa sœur des "bontés" qu’elle a eues pour lui, quelle que soit la réalité effectivement vécue par lui. Il y a aussi dans le voisinage Mme Hubble, M. Wopsle, qui finira dans un théâtre minable de Londres. Une complicité silencieuse lie en profondeur Pip et Joe, qui passe essentiellement par les regards qu’ils échangent.
Un jour, Pip va se promener dans les « maraîches ». On vient d’entendre le canon du ponton, qui signale, par deux fois, l’évasion de bagnards qui y sont enfermés. Pip rencontre l’un des deux, qui le terrorise et l’oblige à lui apporter du ravitaillement, ainsi qu’une lime pour se débarrasser de sa chaîne.
Pip dérobe à sa sœur tout ce qu’il faut, dont un succulent pâté et, au moment où il ravitaille le bagnard, il lui dit qu’il vient de rencontrer un autre homme lesté d'un boulet. L'autre se met en colère. Lorsque les soldats, qui ont encerclé le marais, mettent la main sur les deux fugitifs, le premier est en train, proprement, de casser la gueule à l’autre, voire de le tuer. Il s’appelle Magwitch, et s’accuse publiquement de s’être introduit chez Mme Gargery et de lui avoir dérobé des victuailles, dont un pâté. Pip s'interroge.
Pip n’entend plus parler de lui. Un jour, il est convoqué chez une vieille fille, Mlle Havisham, richissime héritière d’un domaine à l’abandon, dans lequel elle se cloître derrière les volets fermés et où elle sèche sur pied. Chez elle vit Estelle, fille absolument ravissante dont Pip tombe aussitôt amoureux, qui est sa protégée, et dont elle fera sa légataire universelle. Mais cela, on ne le sait pas pour l’instant.
Dans la maison, Pip est chargé de distraire l’attention de la vieille en lui faisant faire le tour de la pièce appuyée sur lui, et en jouant avec Estelle à des jeux de cartes où il perd sans arrêt honteusement. La vieille jouit du spectacle de la jeune fille éblouissante qui triomphe de la gent masculine.
Un jour au café, Pip et Joe sont attablés, lorsqu’un homme mystérieux annonce à Pip qu’il peut dès cet instant nourrir de « grandes espérances » et l’invite à son étude à Londres, où il lui dévoilera tout. Il n’en faut pas plus à Pip pour imaginer que c’est Mlle Havisham qui lui veut du bien. Un jour qu’il se trouve chez celle-ci, il est provoqué aux poings par un « jeune monsieur ». Ils se livrent plusieurs assauts, mais à chaque fois, c’est le jeune monsieur qui se retrouve par terre, et bientôt le visage en sang.
Estelle a tout vu et ce jour-là, elle autorise Pip à déposer un baiser sur sa joue. Ce « jeune monsieur » s’avèrera être Herbert qui, à Londres, deviendra son ami indéfectible. En attendant, il passe du temps chez la vieille fille avec Estelle, dont il comprend peu à peu qu’elle a été adoptée par elle, et ce dans le but unique de la venger de tous les hommes de ce que l’un d’eux lui a fait subir : ainsi s’explique l’attitude hautaine et dédaigneuse prise en permanence par la jeune fille.
Pip grandit et part pour Londres, où il retrouve donc le « jeune monsieur », Herbert, et Monsieur Jaggers, qui agit au nom de son bienfaiteur mystérieux, en qui il persiste à voir Mlle Havisham. Il dépense beaucoup d’argent, fait des dettes, va au théâtre. Il a tendance à oublier son vieux Joe, dont la femme finit par mourir, quelque temps après avoir subi une attaque cérébrale. Il se prend pour celui promis à « de grandes espérances », et méprise volontiers les gens de basse classe.
Un jour, M. Jaggers lui annonce que son bienfaiteur a annoncé son arrivée. Il découvre alors, terrorisé, qu’il n’est autre que l’ancien bagnard Magwitch, pourtant condamné au bannissement à vie. Bien obligé de l’admettre, il s’occupe du vieillard, qui s’est terriblement enrichi dans les colonies, avec l’idée fixe de faire de Pip un « grand monsieur ». Mais, malgré toutes les précautions prises, celui-ci est reconnu par Compeyson, l'ancien forçat avec lequel il s'était battu, et qui lui voue une haine inexpiable.
Aidé de Wemmick, le secrétaire de Jaggers, avec qui il a lié amitié, il s’efforce de faire évader Magwitch du sol britannique, mais le jour de l’évasion, les douaniers arraisonnent la yole avant qu’ils aient pu arrêter le vapeur qui devait les conduire à Hambourg. Compeyson se noie, Magwitch est repêché, et arrêté. Il s’avère alors que Magwitch est le père d’Estelle, fille qu’il croyait morte depuis longtemps.
Celle-ci avait épousé l’espèce de brute que haïssait Pip, qui l’avait horriblement fait souffrir, avant de mourir lui-même. Elle vend le domaine de Mlle Havisham et finira sa vie dans la tristesse et la solitude. Quant à Pip, après avoir risqué de se faire assassiner à coups de marteau par Orlick, qui l’a attiré dans un traquenard, puis failli mourir de pneumonie, maladie au cours de laquelle il a été scrupuleusement veillé par Joe, il abandonne toute vanité, ainsi que ses « grandes espérances », et retourne dans son village, où il travaillera à la forge.
Tous les personnages importants nourrissent de GRANDES ESPERANCES : Mlle Havisham, Magwitch, Estelle, Pip. Elles sont toutes déçues.
Livre absolument magnifique ! Lecture jubilatoire !
09:37 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, angleterre, littérature anglaise, charles dickens, londres
mardi, 09 août 2011
TOUS ACCROS A L'ADDICTION DE LA DEPENDANCE
Donc, je disais que se droguer, c’est manquer de sincérité. Ben oui, quoi : c’est tricher avec l’existence. Se réfugier dans son fantasme, c’est refuser de voir la réalité, et sa propre réalité dans le monde réel. Mais jouer au loto, c’est aussi avoir envie de tricher avec l’existence, c’est faire le premier pas dans cette direction. Quand tu reçois sur le crâne 285.000.000 d’euros comme ça s’est passé récemment à l’euromillion, tu viens de tricher. Tous ceux qui jouent au loto sont des tricheurs en puissance. Disons, tout simplement, des tricheurs.
De toute façon, notre monde est celui de la triche généralisée, il n’y a qu’à regarder sur les terrains de football, dans le peloton du Tour de France, en politique, en économie. Tout le monde a envie de tricher. Beaucoup y arrivent (voyez BERNARD TAPIE) sans que ça leur retombe dessus. Allez, ne niez pas. La preuve, le nombre de ceux qui jouent aux jeux de hasard. Et ce n’est pas pour rien qu’à ce propos, précisément, on parle d’ADDICTION. Mais dans les rangs, il faut différencier les gros et les petits, je dirai même les énormes et les minables.
Dans toute la tradition anthropologique, la drogue avait une véritable fonction, aussi bien sociale que religieuse. Dans notre civilisation déboussolée, perdue dans un univers désormais vide de sens, de deux choses l’une : chacun consomme une drogue dont il attend avant tout une ANESTHESIE, qui lui permet de continuer à vivre.
Il faut dire que le quotidien n’est pas triste : il est catastrophique. D’abord, il se définit presque exclusivement par la marchandise, il est essentiellement marchandise. L'homme, la femme eux-mêmes deviennent des marchandises. Je fais exprès d’exagérer. Ils sont définis par le travail ou par son absence, c'est-à-dire par leur capacité à acquérir des marchandises. Bon, je ne vais pas énumérer : tout cela n’est pas fait pour remonter le moral, quel que soit le résultat des sondages qui cherchent où en est le « moral des ménages ». Tout le monde a besoin de compensation, n’est-ce pas, c’est humain.
« Il faut subir ce qu’on ne peut empêcher », écrit JORGE LUIS BORGES dans une nouvelle. HENRI LABORIT donne un autre conseil, lui : quand on ne peut faire face à un environnement et à des conditions excessivement difficiles, il faut FUIR (Eloge de la fuite, Laffont, 1976). C’est lui, en passant, qui a introduit les neuroleptiques, s’il ne les a pas inventés lui-même. Or, quel meilleur moyen de fuir la réalité pour rendre la vie acceptable qu’une bonne drogue ?
Là, il faut le dire nettement : pourquoi cette discrimination qui renvoie dans l’illégal les substances immigrées ? D’abord le pavot à opium, le « papaver somniferum », à partir duquel on obtient la morphine, qui permet elle-même d’obtenir la diacétylmorphine, ou héroïne. Mais il n’y a pas que le pavot, dans la vie, car la nature ne manque pas de moyens : peyotl (mescaline), coca (cocaïne), khat, cannabis, évidemment, sous ses différentes formes (feuilles, résine, pollen), psilocybe, enfin, n’en jetez plus, la cour est pleine. Toutes ces substances ont en commun d'être exotiques.
Notre supermarché planétaire offre donc toutes sortes de produits capables de tendre, entre l’individu et le monde, un voile de sensations permettant au premier de supporter le second. Mais à tant faire de criminaliser ces drogues, si on était logique, il faudrait bannir TOUTES les drogues, c’est-à-dire TOUT ce qui, dans notre monde, donne un rêve aux gens pour un moment pour le rendre supportable. Car tous les moyens sont bons pous s'ANESTHESIER.
Alors il y aura évidemment l’alcool (« Géraaaaard ! ») et le tabac, mais ils seront entourés d’innombrables amis, à commencer par toutes ces substances chimiquement susceptibles de transformer la perception des choses par l’esprit, et que notre chère médecine française « deale » à qui mieux-mieux. C’est bien la France, paraît-il, qui détient le pompon en matière de consommation de tranquillisants, somnifères, anxiolytiques, hypnotiques, narcotiques, enfin tous les frères, cousins, neveux des substances PSYCHOTROPES. Si on interdit tout ça, ça va faire du monde. Et ça va faire du monde dans les asiles de fou et dans les prisons.
Mais il ne faudra pas s’arrêter en si bon chemin. La recherche technologique, au 20ème siècle, a produit par milliards ces instruments qui introduisent le fameux voile de sensations agréables qui permet d’oublier la réalité. Je veux parler des écrans. Oui, il faudra interdire, supprimer, détruire TOUS les écrans : cinéma, télévision, console de jeu, smartphone, téléphone portable. Au fait, je signale que le mot « écran », à 50 %, renvoie à quelque chose qui s’interpose entre vous et le monde, il n’y a qu’à regarder les gens dans la rue : même quand ils sont ensemble, ils ne sont pas ensemble, les yeux rivés à un rectangle plus ou moins coloré, lumineux, animé.
Le résultat de toutes ces interdictions ? C’est à prévoir, il faudra inscrire la REVOLUTION au programme. Quand chacun de ceux qui vivent dans la dépendance d’une (ou de plusieurs, car diverses addictions peuvent se combiner, c’est bien plus drôle) de ces drogues mettra le nez sur la vraie réalité, vous croyez qu’il va l’admettre ? Quelques hauts responsables risquent fort d’en souffrir. Ce ne sera que justice.
Le professeur BELPOMME avait publié en son temps La Société cancérigène. Il avait bien raison. Tiens, à propos, en Argentine, une des patries de ADOLF MONSANTO (voir ma note du 11 juin), et qui s'est convertie aux plantes "roundupready" (un O. G. M.) sur 17.000.000 d'hectares, les cancers ont augmenté de 30 % en dix ans (à San Jorge). Et dans la province de Chaco, le quartier d'Ituzaingo déplore 200 cas de cancer pour 5000 habitants.
Cette merveilleuse société qui nous procure tant de constant et pur bonheur, cette société enthousiasmante et si profondément désintéressée ne serait rien sans sa petite soeur : j'ai bien l'honneur de vous présenter la SOCIETE HALLUCINOGENE.
FIN
09:00 Publié dans UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, littérature, drogue, hallucinogène, addiction, jorge luis borges, henri laborit, psychotropes
lundi, 08 août 2011
TOUT LE MONDE SE DROGUE
J’ai vu à Bucarest, en juillet 1990, un magasin de chaussures féminines : extraordinaire ! En vitrine, 150 chaussures, peut-être plus. Génial, vous allez dire ! Attendez. Le seul choix qu’elles avaient, les clientes du magasin d’Etat, c’était la pointure. Pour le reste, les chaussures à talon étaient toutes, rigoureusement, faites sur un modèle unique, pas laid, mais si je me souviens bien, c’était un papier chiné rouge et blanc qui couvrait la structure. Affriolant, je vous dis.
La société « capitaliste » est nettement supérieure, n’est-ce pas ? On entre dans le superhypergigamarché, et on a tout, TOUT, à sa disposition. D’ailleurs, Angela, l’amie roumaine, a eu les larmes aux yeux quand on l’a emmenée visiter Carrefour, à Francheville : elle n’en revenait pas, c’était trop violent. Alors que le supermarché de Tulcea, leur ville, la principale à l’orée du delta du Danube, offrait, à nos regards ébahis d’occidentaux gavés, ses rayons quasiment vides. VIDES. Cela a changé. Eux aussi, maintenant, ils ont la liberté de choix. Alléluia.
Je reviens à mon sujet, excusez-moi. C’est vrai, je me laisse aller trop souvent à des ex-cursus et autres digressions, je divague, je parenthèse, je m’égare en à-côtés : bref, je manque de rigueur. Voilà : c’est vrai que le superhypergigamarché, pour ce qui est des substances licites, est abondamment fourni. Mais pour les substances immigrées, macache bono ! Il faut aller sur le supermarché clandestin. Pas évident.
Mais les jeunes, c’est vachement débrouillard. Et puis ils causent entre eux. Ça fait réseau, ça communique, on ne peut pas les empêcher. Et puis le clandestin, ils aiment ! Même ce qui n’a que l’apparence du clandestin, ça les attire. Et puis les jeunes, ça aime la nouveauté, ça adore découvrir, au point même que ce qui n’est pas foncièrement et radicalement nouveau n’aura l’aumône que d’un vague haussement de sourcil, méprisant à l’occasion. Le jeune – je parle en général – a du mal à commencer à conférer de l’existence à quelque chose qui a plus de cinq ans de plus que lui. Le reste, il le subit. Bon, on va dire que j’exagère.
Il n’empêche que l’environnement qui est le sien à la naissance, pour lui, c’est la NATURE, c’est là. Tout ce qui existe acquiert une existence naturelle. C’est comme si c’était là de toute éternité. Et il s’adapte, évidemment. Et ça ne l’empêche pas d’observer. Et qu’est-ce qu’il voit, en dehors de son MP3 et de son téléphone portable. Il voit des « grands ». Et qu’est-ce qu’ils font, les grands ? Maman fume. Papa est souvent au bistro avec les copains. Et puis il y a tout le café qu’ils boivent.
Bon, pour faire court, le gamin, il voit très tôt, sans comprendre aussitôt ce que tout ça recouvre. Il découvre, à son niveau que toutes les drogues sont en vente libre. Un peu plus tard, il verra que ce n’est pas tout à fait vrai, et que quelques-unes sont pourchassées par la maréchaussée. Par exemple, les gendarmes de tel coin des Vosges, chaque année à la même époque, se contentent de cueillir les étourdis qui se sont innocemment promenés dans un coin bien précis et en reviennent avec des psilocybes, vous savez, ces petits champignons qui produisent un effet maximum (hallucinogène).
Mais d’une manière générale, il sait assez tôt que tous les « grands » se droguent. Alors, c’est vrai, la plupart des substances qui circulent sont en vente libre, et font même l’objet de publicités dithyrambiques. Pour d’autres (les boissons fortes, le tabac, il y a des campagnes de « santé publique » comme disent les autorités. Le gamin, ça le fait bien marrer, l’expression « santé publique ». Il comprend ça très vite : les grands interdisent des choses aux petits, et font juste après ce qu’ils viennent d’interdire.
C’est vrai qu’il voit sa mère de temps en temps décrocher son téléphone en s’exclamant bientôt : « Ah c’est toi, ma chérie, j’allais justement t’appeler ! », tout en faisant pour son mari assis dans la pièce la mimique de passer plusieurs fois sur sa joue le dos de ses doigts, et raccrocher en poussant un : « Quelle poisse, celle-là ». Il en sait long sur la sincérité, le gamin, et très vite.
La drogue c’est exactement ça : le manque de sincérité. Il comprend, quand il étudie Le Misanthrope au lycée, qu’Alceste est du côté de la vérité, mais il comprend en même temps qu’il est déjà mort. Alceste est un personnage socialement impossible. Forcément, à dire ce qu’il pense vraiment, il s’attire tellement de procès et de duels qu’il est condamné à disparaître. Si le gamin a assez de force pour se convaincre que la vie en vaut la peine, il est convaincu que, puisque tout le monde ment, c’est comme ça qu’il faut faire.
(Fortsetzung folgt...)
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drogue, addiction, hallucinogène, santé publique, misanthrope
dimanche, 07 août 2011
LA DROGUE C'EST MODERNE
Le jazz, c’était évidemment une porte d’entrée. C'était un trompe-l'oeil, si vous voulez. En fait la question, c’est : « Comment vivre ? ». En fait, ça veut dire : « Comment vivre sans béquille ? ». C’est vrai, quoi ! Aucune société humaine n’a jamais fonctionné sans drogue. Il n’y a donc rien de nouveau. Rien ? Ah si, pourtant !
Si vous avez lu L’Herbe du diable et la petite fumée, de CARLOS CASTANEDA (éditions Le Soleil Noir), ce peut-être ethnologue qui raconte dans une longue suite d’ouvrages soi-disant spécialisés ses rencontres avec DON JUAN MATUS, ce peut-être sorcier Yaqui qui l’a adopté pour lui transmettre son « savoir », vous savez déjà qu’avec l’herbe du diable, il s’agit du Datura, un poison violent à l’état naturel.
C’est pourquoi il faut le préparer longuement, le faire macérer, chauffer, et tout et tout, avant de le rendre consommable, de façon aussi à ce qu’il produise tous ses effets. Après la séance, CASTANEDA demande à DON JUAN : « Est-ce que j’ai vraiment volé ? ». Il faut dire que dans son « trip », il s’est transformé en corbeau et qu’il en a vu du pays, et vu d’en haut. Apparemment, il en tenait une bonne ! J’ai lu trois ou quatre volumes (Voir, Le Voyage à Ixtlan, et Histoires de pouvoir, il me semble). J’ai arrêté quand il a parlé d’un œuf lumineux qui prenait racine au milieu du ventre et surtout quand il a vu DON JUAN MATUS grimper sans effort à un arbre en serrant simplement celui-ci entre ses jambes. Qu’est-ce qu’il avait encore pris ?
Tout ça pour dire que les drogues, depuis toujours, sont l’objet d’un savoir : le sorcier de la tribu est d’abord un excellent botaniste et un excellent chimiste, qui connaît la recette. Autant dire aussi que de tels « produits » ne s’absorbent pas n’importe quand et n’importe comment. Il y a partout des règles d’or, des moments. Quand la vie était encore ritualisée, on appelait ça comme ça : des rites. Ben oui, trop dangereux, vous comprenez. Il faut un cadre, une cérémonie, un ordre, quoi !
Mais c’étaient de vulgaires primitifs, ils n’étaient pas civilisés. Parce que nous, c’est bien connu, nous sommes LES civilisés. Les rites, c’était bon pour les ploucs, voyons. Moyennant quoi, on les a mis à la poubelle, tous, au motif que c’est ringard. N’exagérons pas : on en a installé de nouveaux, comme les bouchons le matin pour aller au boulot et le soir pour rentrer, le 20 heures de TF1, la plage en été. Mais il faut quand même dire que ça a moins de gueule, et surtout que c’est moins pittoresque.
Maintenant que la planète est devenue l’hypergigamarché que l’humanité attendait depuis le début, tout est devenu possible (vous n’avez pas oublié 2007 : « Ensemble, tout devient possible ! », et un peu plus tard : « Yes we can ! »). Et tout est devenu disponible, à commencer par les drogues, évidemment.
En passant, avez-vous remarqué qu’en matière de drogue, les occidentaux pratiquent une discrimination éhontée ? Il y a les autochtones, tout à fait licites et autorisées, et lourdement taxées d’ailleurs. Et puis il y a les immigrées, celles que la police pourchasse impitoyablement, enfin pas toujours très impitoyablement. « C’est injuste et fou, mais que voulez-vous qu’on y fasse ? » (Bien que l'ami GEORGES BRASSENS n'ait rien à faire ici).
D’un côté, les bonnes vieilles traditions. De l’autre le « fléau de la drogue ». COLUCHE (qui s’y connaissait dans les deux) en a fait un sketch, où le père complètement pété apostrophe son fils : « Géraaaard, alors monsieur fume du hakik ! ».
La vérité, c’est que si 100 % des Français ne sont pas drogués, c’est que c’est un apprentissage qui réclame un peu de temps, et que les bébés, puis les enfants sont souvent récalcitrants. Heureusement, à l’adolescence, vous êtes enfin en âge de comprendre qu’il faut se mettre au diapason de la société, et qu’il convient d’adopter les us et coutumes propres au pays qui vous a vu naître. Certains tardent à s’y mettre, mais c’est normal, dans toutes les classes il y a des cancres.
Ne vous faites pas de bile : ils y viendront. Forcément. Alors c’est vrai, dans le superhypergigamarché, ils n’iront pas au même rayon que les parents. On dit que les jeunes sont en révolte ! Ce qui est beau et magnifique, dans notre merveilleuse « société », c’est que la liberté est totale. Enfin, c’est une liberté particulière : c'est la liberté de choix ! Bon c’est vrai, c’est moins bien que la vraie liberté, la grande. Celle qui consiste à décider soi-même, en toute conscience, par volonté délibérée, de son propre sort. Par exemple de prendre la Bastille. Mais ce n’est déjà pas si mal, la liberté de choix.
(A suivre...)
09:10 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 06 août 2011
HARO SUR TOUTES LES DROGUES !
A propos de JAZZ, j’embraie sur l’annexe et le connexe.
« MEZZ » MEZZROW, le clarinettiste de jazz traditionnel, raconte, dans La Rage de vivre, qu’il dealait de la marijuana, « la meilleure sur le marché ». Il raconte aussi la première fois qu’il en a fumé, incité par un autre musicien. Revenu sur scène, il entend résonner sa clarinette à l’intérieur de lui-même. Du coup, il a l’impression de jouer bien mieux, avec une facilité, une virtuosité auxquelles il n’est pas habitué. C’était dans les années 1920 ou 1930. Je n’étais pas dans la salle, mais je doute de cette virtuosité.
Plus tard, invité par un copain, il se rend dans un « endroit » où il faut se coucher. « Attention, il faut inspirer toute la fumée d’un seul coup. » Il s’agit d’une pipe. Dedans, il y a une petite boule d’opium. Il est transporté par des visions colorées, il est heureux. Il revient un autre jour. Puis encore un autre.
Un matin, il se réveille la bouche sèche, avec des fourmis dans les doigts. Il n’est pas habitué, là non plus. Il se demande ce qu’il a, ou plutôt ce qui lui manque. Ça y est : il est « attrapé » par l’opium. Son calvaire va durer plusieurs années. Il est devenu incapable de souffler dans son « biniou ». Jusqu’au jour où il décide d’en finir. Il se fait attacher sur son lit et ordonne à sa femme, au cas où il exigerait sa dose, de ne surtout pas lui obéir. Son supplice dure plusieurs jours. Mais il gagne : il est sevré. C’en est fini.
Voilà le jazz, ce milieu réputé pour son redoutable laisser-aller à l’égard de toutes sortes de drogues. FATS WALLER (qui parlait de ses « foot-pedal extremities », tellement il avait de grands pieds), posait une bouteille de whisky par terre, pour la main gauche, une autre sur le piano, pour la main droite.
Remarquez, SAMSON FRANÇOIS avait tellement le trac avant d’entrer en scène qu’il lui fallait, paraît-il, une bouteille du même breuvage pour oser paraître. FERNAND RAYNAUD (qui en est peut-être mort, sur son mur de cimetière, au volant de sa Rolls) et STEPHANE GRAPPELLI (m’a-t-on dit) ne crachaient pas sur le whisky.
Mais c’est vrai que c’est dans le jazz (auquel s’ajoutent le rock, la pop, etc.) que la réputation d’addiction aux drogues est la plus répandue. On ne compte plus les cas : BILL EVANS, grandiose devant son piano, est mort à 51 ans. THELONIOUS MONK, génie du jazz, immense compositeur, le OLIVIER MESSIAEN du jazz, et excellent pianiste, quoi qu’en dise MARTIAL SOLAL (« Ce n’est pas un pianiste », dans Ma Vie sur un tabouret, Actes Sud, 2008) est mort à 65 ans, mais il a passé les dix dernières années de sa vie debout au milieu de la chambre (où il est mort) que la baronne PANNONICA DE KOENIGSWARTER lui prêtait, ravagé par tout ce qu’il avait absorbé. C’est chez la même baronne qu’est mort CHARLIE PARKER (tout au moins dans le film Bird), à l’âge de 35 ans.
CHET BAKER (en Italie où il a fini, il faisait venir son Palfium de la Suisse voisine), MILES DAVIS, je ne parle pas de BRIAN JONES, JIMMMY HENDRIX, JANIS JOPLIN (celle-ci, je n’ai jamais pu supporter sa voix crevarde de chambre à air trouée). La litanie du chemin de croix suivi par les musiciens du 20ème siècle (dans la musique « mauvais genre ») est interminable.
JOHN COLTRANE est mort à 31 ans, mais à quoi était dû son cancer du foie ? Chez les rockers, il y a les cyniques et ceux qui ont la foi. Les croyants meurent d’overdose, façon JIM MORRISON, les cyniques vivent vieux, façon MICK JAGGER ou KEITH RICHARDS. Bon, c’est vrai, l’analyse est un peu courte.
Au moins, étaient-ils tous des ARTISTES. C'est un peu la même chose que dans La Peau de chagrin. Plus tu vis intensément, plus ta vie est courte. Plus tu acceptes une vie terne, plus tu as des chances de devenir grand-père. Au moins jusqu’à « l’âge d’être grand-père », comme ne disait pas VICTOR HUGO. C’est la règle. C’est le jeu.
Tu peux finir centenaire, mais somme toute, qu’est-ce qu’il restera de toi ? NAPOLEON lui-même est mort jeune (autour de la cinquantaine). Mais quelle trace ! Mais quel panache ! Au point que des clampins anonymes et ridicules rejouent régulièrement Austerlitz ou Waterloo ! Un artiste, là encore ! Mais le culte qu’on lui voue, est-ce qu’il est seulement au courant ? Qu’est-ce que ça lui rapporte maintenant ?
(To be continued...)
vendredi, 05 août 2011
JAZZ : JAMAIS SANS MA DROGUE
Connaissez-vous MILTON MEZZROW, dit « MEZZ » MEZZROW, (ou « MEZZ » the prezz, pour « président ») ? Il a écrit La Rage de vivre, mauvaise traduction de Really the blues, qui est en fait un livre d’entretiens avec BERNARD WOLFE. Quand j’ai lu ce bouquin, pris au hasard sur un présentoir de la gare de Perrache, au début d’un été passé en Allemagne il y a bien longtemps, j’en suis resté marqué. « MEZZ » MEZZROW fut un clarinettiste de jazz américain, un blanc, à l’époque (il est né en 1899) où le jazz était une affaire presque exclusivement noire.
MEZZ MEZZROW fut, disons-le, un petit musicien de jazz. Sa clarinette a un son un peu étriqué, rien à voir avec JOHNNY DODDS, par exemple. Il a laissé quelques compositions agréables, dont "Really the blues". Je me souviens d'un bon morceau, construit dans les règles de l'art. Cela s'appelait "Swinging with Mezz". PANASSIÉ s'appuya sur lui pour lancer le New Orleans Revival dans les années 1940.
Si je suis devenu un vrai fondu de jazz, ne cherchez pas ailleurs que dans La Rage de vivre. L’auteur vous fait vivre dans tous les lieux de Chicago, puis de New York, où se faisait la musique, vous fait rencontrer tous les musiciens qui comptent, de BIX BEIDERBECKE à LOUIS ARMSTRONG (« Vache bagarre, Mezzie ! », ça, c’est après le dramatique contre-ut, à la fin de « Them there eyes »), en passant par JIMMY NOONE (qui jouait à l’Apex club) et l’impératrice du blues, BESSIE SMITH.
Il fut un temps lointain où je connaissais par cœur la composition de tel orchestre, où il me suffisait de trois secondes pour reconnaître TOMMY LADNIER ou SIDNEY DE PARIS. Bref, un vrai connaisseur. Cela a changé. C’est en passant devant un magasin de jouet que MEZZROW comprend ce qui sépare hermétiquement le jazz de la musique classique : il observe dans la vitrine un automate représentant un orchestre classique. Tous les musiciens bougent en cadence, sous la direction d’un petit personnage qui tient une baguette. Il y a là quelque chose de militaire. C’est raide, c’est compassé. Rien à voir donc.
Pour dire combien le jazz forme une autre planète, il raconte l’arrivée de LOUIS ARMSTRONG dans l’orchestre de KING OLIVER, dans les années 1920. Avant d’attaquer le premier morceau, il demande au chef : « C’est dans quelle tonalité ? ». Réponse du vieux : « Tu écoutes et tu te débrouilles ! ». ARMSTRONG, c’est déjà une autre époque : la musique est quelque chose qui s’écrit. Les anciens jouaient A L’OREILLE. Pas besoin de solfège. Pas besoin de fixer la ligne du contre-chant. Le vrai jazz, c’est celui où les musiciens s’écoutent mutuellement, discutent les uns avec les autres, en musique, s’apostrophent, se répondent, se provoquent. Un bon musicien, ici, c’est celui qui est doué pour donner la réplique.
Je me souviens d’un concert donné il y a des années dans la salle de l’Opéra. Quelle idée bizarre d’ailleurs, d’autant que la salle avait été remplie, pour une bonne partie, par les invitations d’une banque à ses bons clients : ce n’est pas fait pour former un public de connaisseurs. Or, pour qu’un concert de jazz soit bon, le public de connaisseurs est absolument indispensable. Parce qu’il sait apprécier la moindre trouvaille, la moindre saillie, et que ses réactions incitent (ou non) les musiciens à insister dans les interactions.
Au programme, en première partie, DANIEL HUMAIR, dont la batterie écrasait le piano de RENÉ URTREGER et la contrebasse, je crois, de PIERRE MICHELOT. Mais moi, j’étais venu pour quelqu’un d’autre : MARTIAL SOLAL en personne, qui jouait en duo avec, il me semble, JOHNNY GRIFFIN. Et ce duo fut un vrai régal. Pas la peine de redire que SOLAL est un immense virtuose du piano. Et GRIFFIN est un cador du saxophone.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est la malice du pianiste dans ses introductions, qui amenait souvent sur le visage du saxophoniste un rien de perplexité, parfois un rien d’angoisse. Visiblement, MARTIAL SOLAL s’amusait, il jouait avec les nerfs de son partenaire en changeant plusieurs fois de tonalité avant d’en venir au thème qui servait de base au morceau. Après chaque, il venait au micro pour récapituler la liste des titres qu’il avait cités en cours de route.
Parce qu’il faut dire que si, à la base, il part sur « I can’t give you anything but love », il est en mesure de faire apparaître successivement six ou sept autres thèmes, mais comme des sortes de fantômes. Inutile de dire que cette subtilité exige en face des oreilles habituées. Inutile de dire qu’elle passait, par rapport au public de ce soir-là, dans une stratosphère inaccessible. Plaisir d’initié, quoi !
Le problème du jazz, c'est qu'il a une histoire. Je ne vais pas la refaire. HUGUES PANASSIÉ, qui fonda la revue Jazz Hot, ne voulait pas démordre de la Nouvelle Orléans, incluant à la rigueur le style Chicago. THELONIOUS MONK, un génie musical du 20ème siècle, toutes musiques confondues, lui paraissait une monstruosité. Et je ne parle évidemment pas du Free Jazz.
Aujourd'hui, on est, comme pour tout le reste, sortis de l'histoire. Le jazz s'apprend dans les écoles de jazz, voire dans les conservatoires. Fini, l'aventure. C'est devenu un métier, si ce n'est même, comme pour tout le reste, un hypermarché, où chacun peut assembler à sa convenance les produits qu'il trouve tout prêts sur les rayons. Il y en a pour tous les goûts, on peut choisir son enclos, on peut même manger son herbe dans plusieurs enclos, à condition que ce soit successivement. Et même ça, ce n'est plus vrai.
Car on a même effacé les frontières, comme l'exige impérieusement notre époque de "métissage culturel" et de "créolisation du monde" : MICHEL PORTAL est capable de passer du concerto pour clarinette de MOZART à un groupe de jazz où il tient, par exemple, la clarinette basse. Et le célèbre KEITH JARRETT est capable d'enregistrer Le Clavier bien tempéré de JEAN-SEBASTIEN BACH, puis de produire une petite merveille de jazz comme Poinciana (dans l'album Whisper not), avec ses vieux complices GARY PEACOCK et JACK DE JOHNETTE. Et je vous parle des meilleurs. A qui se fier, désormais, mon pauvre monsieur ?
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jeudi, 04 août 2011
DECLARATION D'EXTRÊME OPINION (fin)
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. » VOLTAIRE
Je poursuis sur ma lancée.
Il n'existe donc aucun principe qui puisse établir des TABOUS D'OPINION. Il est, par exemple, honorable pour la démocratie de laisser monsieur THIERRY MEYSSAN délirer sa théorie du complot à propos des attentats du 11 septembre 2001.
En revanche, j'ai honte que, au pays, paraît-il, des « droits de l’homme » (cette expression me fait maintenant franchement marrer), des lois établissent des interdits de pensée et des interdits d’expression. Que la loi punisse des actes, je dirai évidemment que la loi fait son métier, en quelque sorte. Mais si elle s’insinue dans les cerveaux et dans les bouches pour poser des cadenas et des barreaux, la question se pose de savoir quel genre de régime politique est le nôtre. Ce n’est certainement pas une démocratie, en tout cas.
En disant : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites », VOLTAIRE affirme que le vrai démocrate respecte la personne qui pense et dit le contraire, aussi longtemps quelle se contente de le penser et de le dire, sans terroriser son contradicteur par guillotine interposée (on se rappelle SAINT-JUST : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »). La démocratie, si c’en est une, n’a pas le droit d’ôter aux gens le droit de dire n’importe quoi.
Si nous sommes en démocratie, j'ai le droit d'être con. La démocratie, si c’en est une, n’a pas le droit d’ôter aux gens le droit d’être cons, haineux, méprisants, envieux, méchants, menteurs. La démocratie doit s’interdire d’interdire aux noirs des Antilles de se hiérarchiser entre eux, comme ils le font dans la réalité, en fonction de la couleur plus ou moins foncée de leur peau. Faut-il interdire aux « jeunes issus de l’immigration » d’injurier les blancs en les appelant « fromages » (c'est la réalité, à côté de "sale Français") ? La démocratie doit s’interdire d’interdire aux opinions extrêmes d’être exprimées. Un point c’est tout.
Je vais même dire une énormité qui fera peut-être bondir certains : LOUIS-FERDINAND CELINE a le droit d’être antisémite (je dis ça, mais je ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas une loi pour ça). Le droit d’être l’auteur de Bagatelles pour un massacre (1937), son grand pamphlet antisémite. Mettez une fois le nez dedans, pour voir. Et sans vous le boucher. On le trouve sur internet. Cela pue, mais la puanteur est aussi une forme de la vie.
J’y ai mis le nez. Je dirai quant à moi que c’est surtout rasoir, et rasoir parce qu’antisémite. Mais aussi catastrophiquement imbécile. Comme dit le personnage Gustin : « On le sait que t’aimes pas les juifs. Tu nous les casses. ». Je cite de mémoire. LOUIS-FERDINAND CELINE, à ce que je sais, n’a commis aucun ACTE à l’encontre d’un juif. Chacun a le droit de ne pas aimer les juifs, s'il ne s'en prend pas à eux physiquement (j'inclus l'injure dans la notion d'agression physique ; de toute façon, comme disait monsieur PIERRE SAVINEL, mon professeur de français-latin-grec, dans un débat, le premier qui injurie l'autre a perdu la partie).
VICTOR HUGO dit quelque part : « Etre capable de subir l'opprobre est une force et un honneur ». Je cite en substance, comme on dit. Tous les groupes intolérants qui veulent interdire au nom de la tolérance devraient méditer cette phrase. Car je parle des juifs, mais c’est tout aussi valable à propos des arabes, des femmes, des homosexuels, des catholiques à l'occasion, tous ces groupes dont le poil se hérisse dès qu’une parole (une parole !) les prend – précisément – à rebrousse-poil, et dont la préoccupation est d’ériger des barrières d’interdits portant les pancartes « islamophobie », « sexisme », « homophobie », « antisémitisme ».
Marre de CETTE intolérance ! Après tout, il y a des noirs qui méprisent souverainement les blancs. Demandez à un Coréen qui travaille au Japon comment il est traité. Voyez ce que pensent l'un de l'autre un Hutu et un Tutsi.
Le problème de la démocratie, c’est que si elle se met à utiliser les mêmes armes que ceux qui veulent la détruire, elle s’engloutit et disparaît dans la contradiction. Voyez le « patriot act » aux Etats-Unis, Guantanamo et GEORGE WALKER BUSH après le 11 septembre 2001. Si, pour venir à bout du terrorisme, la démocratie use de moyens terroristes, elle est finie. Pourquoi ? Parce qu’elle se renie elle-même.
L’honneur du démocrate, s’il existe, c’est d’admettre toutes les OPINIONS, même celles de ceux qui voudraient détruire la démocratie, aussi longtemps qu’elles restent des OPINIONS et des paroles, mais aussi de faire des lois réprimant les ACTES qui entreprennent concrètement de la détruire en s’en prenant physiquement aux individus désignés comme objets de haine.
Assimiler des paroles à des ARMES (je n'inclus pas dans ces paroles les injures, évidemment), c'est d'abord un signe de faiblesse et de fragilité. C'est aussi un pur fantasme, qui rétrécit la démocratie en restreignant la notion même de liberté.
Tant que la PAROLE n'est pas confondue avec un ACTE, on reste en démocratie. Voilà ce qu'il dit, Alexipharmaque !
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mercredi, 03 août 2011
DECLARATION D'EXTRÊME OPINION
Jean-Marie Le Pen vient de faire parler de lui en évoquant la « naïveté » du gouvernement norvégien, après la tuerie d’Utheia, sous les coups de feu de Anders Behring Breivik. Cette « naïveté » est, selon le papa de mademoiselle Le Pen, plus grave que la tuerie, qu’il considère comme un « accident ».
Voulez-vous que je vous dise ce que j’en pense ? – Eh bien, je vais vous le dire quand même. Monsieur Pascal Perrineau (c’est un « politologue », donc c’est grave, docteur) juge qu’il s’agit d’un « retour du refoulé ». Mais contrairement à ce monsieur, je crois que, d’une part, c’est politiquement nul, et que, pour le simple bon sens d’autre part, c’est tout simplement une belle connerie. Monsieur Le Pen a tout simplement du mal à renoncer à faire parler de lui. Et pour ça, le meilleur moyen, c’est la provocation. Et ça marche.
Car c’est un commentaire qu’il destinait à ce que Raymond Barre appelait du très joli nom de « marigot », ce petit milieu parisien, aussi médiatique que politicien. Effet garanti, évidemment. Tous les chiens du quartier se sont jetés sur l’os qu’il a daigné leur jeter, tous rongent à qui mieux-mieux, grognent en retroussant les babines et en montrant les dents.
Et c’est à qui grognera le plus fort pour …, pour quoi, au fait ? Tout simplement pour se faire décerner le plus beau brevet possible de « vertu républicaine » par l’ « opinion publique ». Alors que le simple bon sens dicte, dans ces cas-là, de laisser dire. Malheureusement, il y a toujours des fouinards de journaleux qui traînent dans les parages, dans l’espoir de se faire un peu de gras. Ces gens n’ont pas encore bien compris à quoi ils servent.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée en 1948, affirme le principe de la liberté d’opinion (article 19). En gros, n’importe quel individu peut penser ce qu’il veut, même si c’est totalement contraire à ce que pense la majorité. Par voie de conséquence, n’importe quel individu peut exprimer ses opinions, en quelque lieu que ce soit et quelles que soient les circonstances. Supposons maintenant que Monsieur Le Pen était sincère (on peut cependant en douter) lorsqu’il a parlé de Anders Behring Breivik. Eh bien, quoi qu’il pense et quoi qu’il déclare, Jean-Marie Le Pen a le droit de le penser et de le déclarer. Bien sûr, tout le monde a le droit de ne pas être d’accord avec ce qu’il pense et déclare, et de le faire savoir.
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. » Voltaire
Je ne suis pas voltairien, mais cette phrase constitue une assez bonne définition de la démocratie, meilleure en tout cas que « le pire des régimes, à l’exception de tous les autres » (Winston Churchill). Le mot central de la citation, c’est le verbe "dire". « Je me battrai », ça signifie « avec des mots », bien sûr. D’ailleurs Voltaire n’aurait pas satisfait aux critères physiques pour se faire admettre dans quelque armée que ce soit pour commettre des actes guerriers. Il était bien plus dangereux avec sa plume.
Voilà, je le déclare solennellement : je suis d’extrême opinion. Chacun d’entre nous détient le droit de penser et de dire ce qu’il veut. Même si ce qu’il pense et dit est le pire imaginable. Aussi longtemps que cela reste de l’opinion et de la parole. A cet égard, je trouve hallucinant le consensus pseudo-républicain qui a jailli comme un geyser après la déclaration de Le Pen. Et comment s’appelle-t-il, ce membre que le Front National, qui n’est pas un parti interdit, je le signale, vient d’exclure pour la même raison ?
Et je trouve encore plus hallucinant que la loi française crée des délits de parole. Cela veut dire qu’il existerait chez nous des délits d'opinion ? Donc des délits de pensée ? Et ça se passe au pays dans lequel a été adoptée la Déclaration de 1948. Et qui l’a signée. Il est donc interdit de contester, par exemple, même à l’encontre des preuves les plus irréfutables et des témoignages les plus incontestables, l’existence des chambres à gaz ? C’est vrai qu’il y a les preuves et les témoignages, mais justement, pourquoi interdire une telle aberration, puisqu’on sait que c’est faux ? Au nom de quel tabou d'opinion ?
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mardi, 02 août 2011
QU'AS-TU FAIT DE TES FRERES ?
CLAUDE ARNAUD est l’auteur du livre qui porte ce titre. Editions Grasset, paru en 2010. Mon ami R. T. m’en avait dit grand bien. Comme c’est un vrai connaisseur, je l’ai cru. H. C., elle, a été emportée par l’enthousiasme. Littéralement. Même C. m’en a dit le plus grand bien. Il est libraire, c’est dire. Trois avis valent mieux qu’un, c’est certain. J’ai donc été convaincu que le livre était bon avant même de l’avoir ouvert.
Influencé par trois avis autorisés, je l’ai donc ouvert. J’aurais aussi bien fait de ne pas (vous savez, le célèbre « I would prefer not to » du Bartleby de MELVILLE). D’abord, qu’est-ce qui lui a pris d’appeler ça « roman » ? Le personnage principal, celui qui dit « je », s’appelle CLAUDE. Les deux frères, comme dans la vraie vie, s’appellent PIERRE ARNAUD et PHILIPPE ARNAUD. Le père, comme dans la vraie vie, s’appelle HUBERT ARNAUD.
Qu’est-ce qu’ils ont tous à étaler leur vie, celle de leurs proches, et surtout à appeler ça littérature ? Ce bouquin, c’est à la rigueur un récit de vie, récit autobiographique, ça va de soi. Mais pas un roman. Est-ce même de la littérature ? Pas sûr. J’en ai assez de la « littérature » française contemporaine. J’avais fait confiance au prix Goncourt, attribué en 1996 à Le Chasseur zéro, d’une certaine PASCALE ROZE. Une épouvantable nullité littéraire. Ce fut la dernière fois.
J’ai feuilleté MARIE DARRIEUSSECQ, CAMILLE LAURENS, CHRISTINE ANGOT et quelques autres. Même AMELIE NOTHOMB me « thombe » des mains. C’est moi qui dois être trop difficile. Parlez-moi de Moby Dick : je grimpe au rideau illico ! Au-Dessous du volcan, je plonge. Ulysse, je m’enflamme. Parlez-moi de littérature, enfin, ça marche.
La question qui se pose est : comment des livres nuls sont-ils achetés en masse ? « Nuls », pour moi, c’est le plat récit autobiographique de quelqu’un de peu intéressant qui trouve intéressant de raconter sa pauvre vie. « Nuls », c’est aussi le livre fabriqué selon un recette de cuisine bien huilée (ou bien beurrée, si vous préférez), comme sait si bien faire le cuisinier MARC LEVY. Pourquoi des masses de lecteurs se ruent-ils pour remplir le compte en banque de ce genre d’ « écrivain » ? Ce sont peut-être les mêmes qui regardent la télévision, allez savoir ?
Je renvoie au livre de PIERRE JOURDE et ERIC NAULLEAU : Le Jourde et Naulleau, Mango éditeur, 2008, pour les autres têtes de turc à démolir. Les auteurs alignent très correctement les gens cités précédemment, et ajoutent à la liste PHILIPPE SOLLERS et BERNARD-HENRI LEVY, ALEXANDRE JARDIN et MADELEINE CHAPSAL, et quelques autres. J’avais beaucoup aimé quelques livres du père JARDIN, PASCAL. Mais le style n’est pas dans les gènes.
Le problème actuel de la littérature en France, ou plutôt de sa diffusion, c’est la confusion des trois acteurs : écrivain, éditeur, critique littéraire. Et je ne parle pas de la « politique éditoriale », qui va au plus rentable. L’écrivain est souvent directeur de collection chez un éditeur. Le « critique » est souvent écrivain. Enfin, dans ce petit monde, qui fonctionne un peu comme le peloton du tour de France, sur base d’OMERTA et de service rendu, tout le monde sert la soupe à tour de rôle aux autres. Ils se tiennent tous par la barbichette.
En fait, ce qui manque à tous ces gens qui règnent, au moins médiatiquement, sur la littérature en France, c’est bien sûr le STYLE. Alors, peut-être est-ce tout à fait délibéré et volontaire de la part de CLAUDE ARNAUD, mais son récit est linéaire, chronologique, et les faits s’y succèdent selon le principe de l’absence de structure que constitue la juxtaposition des faits. Si l’auteur cherchait la platitude du style, alors son entreprise est couronnée de succès.
Alors maintenant, qu’est-ce que ça raconte ? En gros, les ravages accomplis sur toute une famille par les « événements » de mai 1968 et la suite. Le père est « à l’ancienne » (ça veut dire rigide, voire ringard). La mère, tiens, j’ai déjà oublié la figure de la mère. Pierre, l’aîné, est une « tête » brillantissime promise au plus brillant avenir. Philippe, c’est l’aventurier de la famille qui aura parcouru le monde en envoyant des « cartoline » à la famille « par à-coups ». Claude se définit lui-même comme un « Gavroche planant ».
Pierre, l’ « aventurier mental », finira mal, après avoir troqué les bibliothèques savantes pour des squats de plus en plus miteux, dans une espèce de long suicide social, qui deviendra suicide personnel du deuxième étage de l’hôpital psychiatrique où il a échoué. Philippe, le « penseur global », finira mal, lors d’une baignade où il se noie mystérieusement. Voilà pour l’explication du titre du bouquin. Mais même le père et la mère finissent par mourir ! Etonnant, non ? Qu’as-tu fait de ton père et de ta mère ?
Quant à Claude, il découvre la vie avec exaltation, et va goûter à tous les râteliers. Le râtelier sexuel d’abord, qui le conduit dans tous les lits possibles et imaginables, où il joutera avec les garçons et les filles, mais de préférence les garçons, si j’en juge par le nombre de pages (voir le chapitre « La chanson de Roland »). Le râtelier politique, évidemment, qui le conduit des trotskistes à la Gauche Prolétarienne, dont il vend la propagande sur les marchés. Le râtelier culturel et intellectuel, enfin, avec toutes les modes de l’époque.
Tout cela est exposé sérieusement, comme transcrit d’un journal tenu au jour le jour, et, je crois, honnêtement. Pour quelqu’un né au milieu des années 1950, il peut être rigolo de retrouver l’ambiance d’une période qui a marqué les esprits, de même que les vrais noms dont on parlait dans les années 1970 : ROLAND BARTHES, JEAN-FRANÇOIS LYOTARD, FREDERIC MITTERRAND et un certain nombre d’autres. Voilà, s’il vous manque un « tableau » de ce que furent mai 1968 et la suite, ce livre est fait pour vous.
Mais s’il vous faut un livre vraiment « écrit », passez votre chemin. C’est le gros reproche que je lui fais. Ce n’est donc certainement pas un « roman ». Je dirais presque que ce n’est même pas un « récit ». Ce serait plutôt le « compte-rendu » établi au cours même de la réunion du conseil d’administration par le secrétaire de séance. Reste la photo du bandeau, rigolote finalement, où l’on voit un homme souriant couché en travers des rails, mais rassurez-vous, la voie est désaffectée et l’herbe folle passe abondamment le nez à travers le ballast.
Maintenant, un question reste : pourquoi ce livre a-t-il été publié ? Première hypothèse : il dessine les traits d'une époque (mai 1968 et après) que NICOLAS SARKOZY a mise à la mode, et c'est ce tableau qui attire le lecteur avide de se faire une idée de ce qu'elle fut, voire de se replonger dans une ambiance qu'il a lui-même connue de près ou de loin.
Deuxième hypothèse : je note le tir groupé que forme la publication quasi-simultanée de plusieurs livres traitant approximativement du même sujet. Il y a d'abord le livre de MATHIEU LINDON, Ce qu'Aimer veut dire, que je n'ai pas lu, et où il raconte, paraît-il, son "amitié" passionnée avec le philosophe MICHEL FOUCAULT, dans son appartement de la rue de Vaugirard.
Il y a ensuite le livre de JEAN-MARC ROBERTS, François-Marie, où l'auteur s'adresse à son "ami" FRANÇOIS-MARIE BANIER, pour prendre sa défense. Même si celui-ci n'a jamais pu coucher avec celui-là, ils "fréquentaient main dans la main les boîtes gays de la rue Sainte-Anne" (site bibliobs).
Le tir groupé en question, le voilà : les années 1970 ont été celles de la fin du tabou homosexuel. Cela n'invalide pas du tout la première hypothèse. En fait, elles se télescopent. La mode, aujourd'hui, est à la "gay pride". J'ajoute que le Nouvel Observateur désigne JEAN-MARC ROBERTS comme un "membre influent" du milieu littéraire parisien (c'est-à-dire français).
Il convient donc que cela se sache : la "communauté homosexuelle" a désormais pignon sur rue, et sans doute pas seulement dans le milieu littéraire. Et ce n'est pas monsieur PIERRE BERGÉ qui me contredira.
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lundi, 01 août 2011
NORVEGE ET LIBERTE D'EXPRESSION
ANDERS BEHRING BREIVIK, vous connaissez, évidemment, comme tout le monde. Mais si, l’auteur maintenant célèbre d’un célèbre fait divers ! Il a tué entre 70 et 80 personnes à Oslo et Utheia. Par conviction d’Européen blanc et anticommuniste. A la bombe et au fusil. Cela s’appelle passer à l’action. La psychanalyse dirait « passer à l’acte ». ANDERS BEHRING BREIVIK a agi. Je veux dire qu’il n’a pas « exprimé » une opinion. Il a traduit une opinion dans une action concrète. Et criminelle.
Nous sommes, paraît-il, en démocratie. Nous jouissons, théoriquement, de la « liberté d’expression ». Mais qu’est-ce que la liberté d’expression ? En France, on le sait de moins en moins. J’ai dit beaucoup de mal, au sujet de la France, de la police de la pensée et de la police du langage qui se sont mises en place progressivement, à travers un certain nombre de lois qui punissent des délits de parole.
Cela s’est passé sous l’influence d’un certain nombre de groupes appelés « minorités ». Tout y passe, le sexe, la race, la religion. On ne peut plus émettre la moindre plaisanterie ni la moindre critique à l’égard des femmes, des arabes, des homosexuels, des juifs, sans se faire accuser de sexisme, de xénophobie (ou d’islamophobie), d’homophobie, d’antisémitisme.
En Norvège, le premier ministre vient de déclarer que le pays ne changera pas de politique en ce qui concerne l’expression des opinions, et que les opinions extrêmes ont tout à fait le droit de s’exprimer, aussi longtemps qu’il n’y a pas d’acte de violence. Retenez bien ça. Voilà une démocratie. En Norvège, l’extrême droite a le droit de s’exprimer, de formuler ses analyses, ses opinions, aussi extrêmes soient-elles. Elle n’a pas le droit de tuer. En Norvège, on fait la différence entre l’opinion et l’acte.
En France, ceux qui auraient envie de blaguer à propos de l’une des catégories mentionnées de la population s’exposent à l’accusation de PHOBIE, comme si leur cas relevait de la psychiatrie. Et s’exposent à des sanctions désormais légales, qui permettent à des « associations », des bonnes âmes certainement, de porter plainte, avec constitution de « partie civile ». En quoi cette négation française de la vraie liberté d’expression diffère-t-elle de ce que faisait l’U. R. S. S. brejnévienne en envoyant les opposants politiques dans des asiles de fous ?
Je ne citerai que pour mémoire cette phrase de VOLTAIRE, tellement rebattue qu’elle a perdu toute force et toute réalité : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Aujourd’hui, c’est devenu : « J’ai horreur de ce que vous dites, et je me battrai jusqu’à ce que le tribunal vous ait puni pour l’avoir dit ».
En 1784, PIERRE-AUGUSTIN CARON de BEAUMARCHAIS publie Le Mariage de Figaro. La tirade de Figaro au dernier acte est en principe (?) connue (?) des candidats bacheliers. Dans ce monologue, il dit, à propos de la liberté de la presse, quelque chose de parfaitement actuel : « On me dit que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs ».
Il faut croire qu’au 18ème siècle, sous l’ancien régime, on savait mieux ce qu’est la liberté que nous autres, qui vivons au 21ème siècle, en régime soi-disant démocratique.
En France, quand toutes les « minorités » auront gagné, on débouchera sur quoi ? C’est relativement aisé à saisir : la vie sociale tout entière sera codifiée selon, d’une part, la liste des interdits ; et d’autre part, la liste des obligations. Et la fonction de l’école sera de faire apprendre par cœur à tous les écoliers les listes de proscriptions et de prescriptions. Et la police veillera à l’observance du code. Au besoin, un bon petit appel à la délation pour vaincre les résistances.
J’ai déjà abordé le problème. J’y reviens. Comment ça se passe, donc ? Prenez un groupe particulier qui se définit lui-même à travers une identité, mettons, par exemple, les « anti-corrida ». C’est l’identité d’un MILITANT, qui part en guerre contre quelque chose qu’il déteste. Je note d’ailleurs la dissymétrie entre le combat du MILITANT, et le plaisir de l’AMATEUR de corrida. Le premier décrète face au second : tu n’as pas le droit d’éprouver ton plaisir. D'ailleurs, le premier a eu la peau de la corrida en Catalogne.
Notons en passant que c’est précisément la détestation maladive de quelque chose qui définit la notion de PHOBIE. Mais il faut impérativement dissimuler l’aspect phobique de la guerre entreprise. Et le moyen le plus sûr, c’est tout simplement l’inversion de la charge de la preuve. Faire en sorte que le phobique désigné soit non pas celui qui déteste, mais celui qu’il déteste. Pour cela, profiter de l’horreur unanime qui saisit tous ceux, à l’audition des paroles honnies, qui prêchent la tolérance, avec la bouche en cœur si possible. On imagine le système judiciaire où ce serait à la personne innocente de prouver qu’elle n’est pas coupable. Très pratique.
Autre urgence : ne pas attendre que des actes délictueux soient commis à l’encontre du groupe ainsi défini (il convient de dire aujourd’hui « minorité »), et s’attaquer à l’expression même, à la parole. On peut aussi se saisir, à l’occasion, des quelques actes déments commis contre tel groupe pour ériger le cas particulier en grave problème de société. On a profané un cimetière juif ou musulman ? Hurlez à l’antisémitisme, à l’islamophobie ! Présentez-vous collectivement comme une victime.
La France est donc pionnière en la matière (pour une fois qu’elle n’est pas « en retard » !). Le pays des droits de l’homme (je pouffe !) a réussi à faire de la parole un délit ! Et cette énormité apparaît aujourd’hui tellement évidente que (presque) tout le monde l’admet ! Alors que cela devrait être combattu. Ainsi s’instaure la société d’intolérance généralisée.
P. S. : Je crois utile de préciser malgré tout que je n’aime guère les extrémistes, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Je trouve par exemple très comique l’insurrection qui gagne les gauchistes dès que l’extrême droite manifeste dans la rue, obligeant les C. R. S. à s’interposer. Mais l’idée qu’il puisse y avoir des TABOUS D’OPINION m’est au moins aussi insupportable.
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dimanche, 31 juillet 2011
DE LA PROPRETE DANS LE TOUR DE FRANCE (2)
Le récit que fait WILLY VOET de son passage de la frontière belge en 1998 est réjouissant : les douaniers le font déshabiller, et il a beau finir par planquer dans son slip son flacon de « pot belge » (un gentil cocktail : amphétamines, cocaïne, caféine, antalgiques, héroïne, morphine), le pot aux roses est découvert. Ainsi commence l’affaire Festina, avec la désormais immortelle phrase de RICHARD VIRENQUE, qui s’était retrouvé dopé « à l’insu de son plein gré ».
Et voilà tous les responsables, y compris politiques, mués en chevaliers blancs. Cela devient le refrain à la mode : il faut en finir. L’U. C. I. le jure la main sur le cœur. Madame BUFFET, ministre, met en place l’A. F. L. D. Ça va saigner chez les tricheurs. Vous allez voir ce que vous allez voir. Et c’est vrai que c’est dans le cyclisme que les contrôles sont les plus nombreux, mais curieusement, les cas de dopage avéré sont extrêmement rares. Vous avez dit bizarre ?
En face de l’OMERTA qui règne chez tous ceux qui se nourrissent du Tour et leurs dénégations outragées, quand ce n’est pas l’enthousiasme lyrique qui leur fait déclarer qu’aujourd’hui le cyclisme n’a jamais été aussi « propre », il reste pas mal de sceptiques, mais on n’a aucune preuve. Et ça c’est bien embêtant, l’absence de preuve.
Eh bien si ! Des preuves, il y en a ! Et scientifiques, s’il vous plaît ! Et cela fait des années qu’un monsieur les administre, patiemment, avec ténacité. Ce monsieur s’appelle ANTOINE VAYER. Alors attention, je n’y connais rien en physique (ni en mathématiques, qu’on se rassure), et je suis incapable de reproduire ici les formules et les calculs qu’ANTOINE VAYER a mis au point. Mais c’est absolument imparable.
En gros, ce professeur d’E. P. S. et ancien entraîneur de l’équipe Festina se fiche complètement des analyses d’urine ou de sang, parce que, dit-il, les coureurs savent parfaitement contourner les contrôles. Comment fait-il, alors ? Eh bien il mesure en watts la puissance développée par un coureur par rapport à son poids et à sa vitesse (et plusieurs autres données). Il calcule par exemple sa capacité respiratoire (alias VO2 max, en millilitres d’air par minute et par kilo ; le chiffre qui commence à prouver le dopage se situe à 85 de VO2 max).
Dès lors, pour savoir si le cycliste est ou non dopé, il suffit de comparer sa performance avec la grille établie par ANTOINE VAYER. A partir de 410 watts, c’est le dopage avéré. A 430, c’est le dopage « miracle ». A 450, c’est le dopage « mutant ». C’est bien, les chiffres : c’est neutre. Et tout ça découle d’un calcul. Ici, personne ne peut être accusé de vouloir la fin du Tour.
Qu’est-ce qu’il dit, ANTOINE VAYER ? HORNER, à Mûr-de-Bretagne, développe « 453 watts pendant 4’16’’ dans la côte finale », c’est-à-dire un VO2 max de 87,5. Mais HORNER « s’est cassé le nez derrière huit coureurs "anaérobies" plus puissants à 515 watts » (cinq cent quinze !) ; « ils auraient au-delà de 95 » de VO2 max. Il voit 80 coureurs qui montent allègrement le col de la Croix à 393 watts, et il s’étonne. Il juge que « JEAN-CHRISTOPHE PERAUD, 27ème au classement général le 11 juillet, est peut-être le "vrai" maillot jaune », derrière 26 tricheurs.
« C’est 23 coureurs à 31 km/h de moyenne dans la pente finale de Super-Besse à 5,75 % de dénivelée, derrière Rui Costa, le vainqueur qui revient d’une suspension pour usage de Méthylhexanamine. C’est une foultitude d’Eddy Merckx côté potentiel athlétique qui mène la bande 2011 à 41,32 km/h de moyenne horaire après neuf étapes (quel cru !). ».
Tout ça, c’est mieux que les grandes déclarations, d’où qu’elles viennent, n’est-ce pas ? Dans le milieu, peu nombreux sont ceux qui apprécient ANTOINE VAYER. La preuve, c’est qu’on le trouve sur internet, et pas forcément pour son bien.
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samedi, 30 juillet 2011
DE LA PROPRETE DANS LE TOUR DE FRANCE
Le Tour de France est enfin fini. Ils ont fini par visiter « la plus belle avenue du monde », qu’on se le dise.
C’est génial, le Tour de France : c’est une vraie légende, c’est entendu. Depuis 1903 exactement. Au passage, je signale que, si une étape de 250 km est considérée aujourd’hui comme quasiment inhumaine, les cyclistes de 1903 étaient des surhommes. Pensez : seulement six étapes, dont la première, Montgeron – Lyon, fait 471 km. Et les vélos n’étaient pas les mêmes : plus de onze kilos (aujourd’hui, moins de sept).
Alors la légende, il y a ceux qui la font vivre, qui la propagent et la perpétuent. Ceux-ci se divisent deux groupes : les gros lards qui mangent leur casse-croûte sur le bord de la route, autrement dit les spectateurs, on pourrait aussi bien dire les « croyants » : ils vont comme à la messe. Les autres, ce sont tous ceux qui ont intérêt à ce que la légende perdure et se renforce : organisateurs, journalistes sportifs, cyclistes. Car plus elle perdure, plus ça leur rapporte.
Et puis il y a ceux qui ne peuvent pas supporter la farce de cet héroïsme en mie de pain, et qui se postent dans la côte du col des Montets pour que les coureurs aient bien le temps d’entendre les injures qu’ils leur décochent, au risque de prendre des coups de la part des fanatiques rangés le long de la route. C’est évidemment au dopage que je pense.
Alors, dopés ou pas dopés, les coureurs ? La réponse est claire : dopés, mon général ! Et CABU a raison de les dessiner avec plusieurs seringues plantées dans le dos. Et cela dès les débuts de la compétition. Les frères PELISSIER donnent la recette du « pot belge » au journaliste ALBERT LONDRES dès les années 1920. Son livre Les Forçats de la route paraît en 1924. Il paraît même qu’on utilisait un mélange à base de café et de strychnine (poison de formule C21 H22 N2 O2, stimulant à très faible dose).
Et pendant un demi-siècle, il valait mieux ne pas crier trop fort que le dopage était une honte : une nette majorité de gens était favorable à l’usage de substances capables d’ « aider » le sportif. DE GAULLE lui-même s’en fichait éperdument. La seule chose qui comptait pour lui, c’était la Marseillaise à l’arrivée. JACQUES ANQUETIL disait : « Laissez-moi tranquille. Tout le monde se dope. Pour savoir si je me dope, il suffit de regarder mes fesses et mes cuisses : de véritables écumoires. ». C’est à se demander pourquoi, aujourd’hui, le dopage est devenu un scandale inadmissible. Et punissable.
Allez, je m’offre une petite parenthèse sur JACQUES ANQUETIL, le crack des cracks. « Le crack », c’est le titre d’une délicieuse petite nouvelle qu’on trouve dans Les Athlètes dans leur tête, de PAUL FOURNEL (éditions Ramsay, 1988). L’action se passe à Yssingeaux. On est dans les critériums d’après Tour, « ces épuisantes et lucratives balades ».
Mais quelque chose cloche. « Il était livide, les yeux bordés de noir, les lèvres blanches. » L’équipier est aussi catastrophé que les organisateurs : « le grand Jacques », dans cet état pitoyable ! Lamentable ! Il est convenu que Jacques abandonnera discrètement, conduit par lui jusqu’à son hôtel. Il n’a jamais tant transpiré. Il vacille sur son vélo. Les gars du peloton viennent à tour de rôle contempler l’épave.
Mais à 500 mètres du but fixé, « je sentis son souffle et il vint se placer à ma hauteur. Je n’oublierai jamais le regard qu’il me lança : un regard glacé, tranchant, plein. Et il me posa cette question ahurissante : T’as pas deux sucres ? ». « Bien entendu, je ne le revis qu’après l’arrivée. Il gagna le critérium après avoir offert un festival au peloton médusé. Il volait. » La conclusion n’est pas triste : « Tout le monde apprit ce jour-là que le vrai crack, c’est celui qui est capable de cuver en pédalant une cuite à coucher un bataillon. Je m’en doutais déjà. ». PAUL FOURNEL est fondu de vélo. Je ferme la parenthèse.
Suite et fin au prochain numéro.
09:05 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tour de france, cyclisme, dopage, festina, littérature, société, antoine vayer, pot belge, albert londres, forçats de la route, jacques anquetil, paul fournel
vendredi, 15 juillet 2011
OGRE : UN METIER D'AVENIR ?
J'en étais resté à ces nouveaux ogres que sont Google et Microsoft.
Les deux marques citées disposent donc de ces « fermes de serveurs informatiques », dont certaines peuvent atteindre 100.000 m2. Et c’est là que ça devient le plus joli : la consommation électrique de chacune de ces plus grosses « fermes » équivaut à celle de villes comme Newcastle ou Strasbourg. Si j’ai bien compris, donc, dans ces fermes, non seulement les occupants ne produisent rien, mais ils bouffent, ils bâfrent, ils dévorent comme 267.000 (population de Strasbourg en 2005).
Ce n’est pas fini. La consommation de ces « fermes » a doublé entre 2000 et 2005. Mais gardez en réserve un peu d’admiration : les « data centers », en 2005, consommaient 1 % de l’électricité française, ce qui n’était déjà pas mal. Et aujourd’hui ? C’est monté à 7 % ! Farpaitement (ça, c’est Obélix dans Astérix chez les Helvètes). Ben mon colon ! Si je compte bien, leur consommation électrique a été multipliée par 7 !
Alors évidemment, certains essaient d’optimiser, parce que « nous ne sommes pas encore arrivés à un pic », déclare ALAIN ANGLADE. On a beau « optimiser », comme la demande explose, et que de nombreux pays investissent dans le « cloud computing », l’ogre en veut toujours plus. Ainsi, la Commission européenne prévoit que la consommation des « fermes informatiques » en Europe devrait passer de 56 milliards de kWh en 2007 à 100 milliards en 2020. Et youpi ! C’est vachement fun, les copains !
Mais en France, attention, on n’est pas des imbéciles ! Parce qu’on a l’Ademe, que le monde entier nous envierait s’il savait qu’on possède ça. L’Ademe, qu’ès aco ? Ça veut dire Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie. C’est-y pas merveilleux ? Ça doit quand même servir à quelque chose, non ? Eh bien oui, je crois que ça sert à quelque chose : endormir.
La preuve ? Elle vient de publier « les enseignements tirés d’une étude de la société de conseil Bio Intelligence Service ». Ah ! Les délices du partenariat public-privé ! « Enseignements » ? Pour réduire la consommation « liée aux usages informatiques », il faut envoyer un courriel à peu de destinataires, imprimer seulement quand c’est nécessaire, et recto-verso, vider régulièrement sa messagerie, compresser les gros documents avant envoi, adresser un lien hypertexte et non une pièce jointe, bref, et ça finit par « faire durer ses équipements ».
En dehors d’apprécier la poésie intrinsèque de cette liste, je me dis que ça ou vider la mer à la petite cuillère, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. On imagine bien les gars dans les bureaux, toujours dans l’urgence et la rentabilité de chaque seconde, passer du temps à observer ces consignes. J’admire le réalisme et le souci d’efficacité !
Le seul moyen d’éviter la surconsommation d’électricité, ce n’est pas de limiter la hausse, comme le propose le machin intitulé Ademe, c’est de diminuer la consommation. Voilà ! Bon, vous allez me dire, et je serai bien d’accord, qu’on n’est pas parti pour. Ben oui, quoi, vous voulez interdire aux quatre ou cinq milliards d’humains qui ne vivent pas comme nous de bénéficier de tous les « progrès » que les occidentaux ont apportés au monde ?
Conclusion ? La seule que je vois, c’est que le mur du fond se rapproche de plus en plus vite du pare-chocs, et qu'il a l'air bien dur.
Au fait, les premiers dégâts du personnage d'HUGUES et VULLIEZ, dont je parlais au début de cette note (hier), se produisent dans une centrale électrique américaine, qui va de proche en proche plonger dans le noir et paralyser les Etats-Unis, et accessoirement faire prendre une crise cardiaque au président.
« Celui qui atteste ces choses dit : oui, je viens bientôt. » (Apocalypse de Saint Jean, XXII, 20) Il est pas beau, le mur du fond ?
09:26 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : google, microsoft, électricité, consommation électrique, alain anglade, ademe
jeudi, 14 juillet 2011
OGRE : UN METIER D'AVENIR ?
Ces ogres ne sont pas dans un conte de fées. Ils ressemblent plutôt à ceux de la Bande Dessinée de HUGUES et VULLIEZ parue en 1981 : Le Grand chien, ça s’appelait. Pour vous résumer très vite l’histoire, ça se passe à l’époque où Américains et Russes (et Français !) faisaient éclater allègrement leurs bombes atomiques dans l’atmosphère. Un motard un peu spécial pénètre sur un terrain militaire étasunien où doit avoir lieu la prochaine explosion. Un décor de carton-pâte figure la cible, précédé de ce panneau menaçant : « You are entering Sodoma ! ».
L’avion porteur lâche sa dragée, ça pète (Sodome fut détruite par le feu). Devant un écran de radar, le bonhomme a été détecté, mais trop tard. Une équipe est dépêchée sur les lieux : il vit toujours. Comment a-t-il fait ? Mystère. Il est alors emmené dans un hôpital où la police fait bonne garde. Un journaliste un peu curieux parvient à photographier l’individu avant son hospitalisation, mais c’est bizarre, la pellicule réagit curieusement, comme si elle était voilée.
Le trop curieux journaliste veut en avoir le coeur net, et s’introduit par ruse dans la chambre pour interviewer cet inexplicable survivant. Mal lui en prend : il reçoit en touchant le drap du lit une puissante décharge électrique et s’écrase douze étages plus bas. L’homme en question n’est même pas un androïde, il est en personne l’Ange du Mal de l’Apocalypse, qui vient répandre la destruction à la surface de la Terre, comme le prédit le texte de Saint Jean. J’arrête là.
Bon, moi, ce que j’en dis, de la prochaine Apocalypse, celle dont tout le monde parle : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » (JACQUES CHIRAC). Je vous préviens, je ne suis pas de ceux (je suis gentil, je ne les qualifie pas) qui iront se réfugier sur le « pic de Bugarach » (Aude), une des « montagnes sacrées » qui seront épargnées, paraît-il, par la fin du monde prévue en 2012 par le calendrier maya.
Non, moi, l’Apocalypse que je vois venir, elle vient d’ailleurs. Et en tenant ce blog, je travaille à ça (oh, très modestement, mes moyens sont dérisoires et infinitésimaux comparés aux principaux concernés, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières). Vous allez comprendre.
Il faut d’abord opérer une actualisation ultrarapide du mot « ferme ». Partons du connu : j’ai « donné la main » comme on disait, quand j’étais gamin, puis adolescent, au père Pic, dans sa ferme de Haute-Loire, quand il conduisait l’attelage de bœufs et qu’il me laissait l’aiguillon. J’ai appris à traire les vaches dans celle de Joseph et Marie (authentique, évidemment). Alors cette ferme-là, je vous préviens, plus besoin d’en parler, ça n’existe plus. Ah, on me dit qu’il en reste ? Très bien.
Citons en passant de la « Ferme célébrités », qui en dit si long sur notre haut degré de civilisation. Venons-en au grand projet gouvernemental : 600 éoliennes en 2014, regroupées, donc, en un certain nombre de « fermes », et appelons ça des « fermes d’éoliennes ». J’imagine que c’est parce que le fermier va passer les traire tous les jours. Ah, on me dit que non ? Très bien.
Mais ma « ferme » à moi, c’est encore autre chose. Vous avez déjà entendu l’expression « économies d’énergie », n’est-ce pas ? Et « optimisation énergétique » des constructions ? Alors vous allez rire : pendant qu’on vous bassine, pardon, qu’on vous matraque de propagande pour que vous fassiez attention à l’environnement, à faire le "tri sélectif" de vos déchets et à ne pas consommer trop d’électricité, la vraie figure hideuse du système dans lequel nous vivons se montre dans ces « fermes » de la dernière mutation, et sans tambour ni trompette.
Les Américains (je n’y peux rien si c’est eux qui inventent ça) appellent ça du joli nom de « data centers ». C’est là que vous allez comprendre mon titre d’aujourd’hui : un « data center », ça a quelque chose à voir avec l’informatique. Cela sert au « cloud computing » (si si ! C'est comme ça qu'on dit.), c’est-à-dire au « traitement informatique déporté » (j’ignorais que cette déportation existât !). Microsoft et Google sont donc les « ogres » de ce moderne conte. Et moi, alors, je suis le Petit Poucet ?
Suite et fin au prochain épisode.
09:41 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : informatique, data center, apocalypse, bugarach, calendrier maya, la ferme, éoliennes, cloud computing, microsoft, google
dimanche, 10 juillet 2011
QUI VEUT LA PAIX AU PROCHE-ORIENT ?
Israël est-il un Etat juste ? Pour moi, la question se pose, et en dehors du fanatisme d’Ahmadinejad, du Hamas ou du Hezbollah qui en sont les ennemis, voire qui appellent à sa destruction. Tous ceux qui soufflent sur les braises de la haine sont des fauteurs de crime. J’inclus évidemment tous les organes de presse qui reprennent les vieilles thèses de Robert Faurisson (par ailleurs auteur, quand il était un universitaire français, d’un ridicule Rabelais, ou c’était pour rire) ou de Roger Garaudy.
Toute prétention à nier l’extermination est d’une bêtise tellement aveugle qu’elle n’a même pas besoin d’être réfutée. Cela dit, la commémoration de cette grande tragédie prendrait une valeur plus juste et surtout plus universelle si elle faisait une place aux tsiganes, qui me semblent un peu oubliés, ainsi qu’à d’autres « catégories » de la population européenne.
Pour autant, est-il normal de traiter d’antisémites des gens comme Pascal Boniface ou Edgar Morin ? Ou pire encore le juif franco-allemand Alfred Grosser ? Le premier a publié en 2003 Est-il permis de critiquer Israël ?. Le troisième avait rendu compte du livre en répondant par l’affirmative. Le deuxième s’était quant à lui ému en 2004 ou 2005 du sort injuste fait au peuple palestinien (au nom de la « sécurité » d’Israël).
Quelles volées de bois vert ils se sont prises sur le dos ! Y compris au tribunal ! Alors qu’il s’agissait de critiques d’ordre politique, portant sur le comportement d’un Etat politique !
Parlons de la France. Je cite Dominique Vidal : « Le C.R.I.F., sous sa direction [il parle du président, M. Prasquier], s’est mué en ambassade bis d’Israël. De surcroît, dirigé exclusivement par des hommes de droite, peut-il simultanément se présenter en porte-parole du judaïsme français dans son ensemble ? Parisiens ou provinciaux, ashkénazes ou séfarades, laïques ou religieux, partisans de la neutralité républicaine ou admirateurs du modèle communautaire américain, la « communauté juive » française n’a rien de monolithique. Or la direction du CRIF n’en reflète plus le pluralisme social, confessionnel, géographique, politique, etc. ».
Je résume : en France, les hommes qui ne veulent pas qu’on touche à Israël sont au pouvoir des groupes de pression. Ce sont uniquement des gens d'une droite musclée. L’association ne représente plus qu’elle-même.
Car le CRIF, c’est le Conseil Représentatif des Institutions juives de France. Est-il « représentatif » ? Vidal ajoute que « la "communauté juive organisée" au sein du CRIF ne rassemble qu’un dixième environ de la "communauté juive" tout court ». Cela en dit long sur la crispation identitaire qui s’est opérée. Sur l’ « ultrasensibilité » dont parle Alfred Grosser dans le texte qui lui fut reproché.
Je ne suis pas sûr que le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), voulu et mis en place par Nicolas Sarkozy, alors Sinistre de l’Intérieur, soit plus « représentatif » de je ne sais quelle « communauté musulmane ». J’ai du mal à comprendre les visées de ceux qui veulent « organiser » une NATION en « communautés ». Ou plutôt, je les pressens trop bien.
Une « communauté » n’est rien de plus qu’un groupe de pression parmi d’autres, qui cherche à influer sur les décisions publiques, et qui n'y arrive que par ce que les trotzkistes appelaient l' "entrisme", et par son pouvoir de nuisance. Autrement dit : les contacts de ses militants dans les médias. C'est ce qu'on appelle aussi une « minorité », vous savez, ces groupes qui "luttent" pour faire reconnaître leur "droit" à "l'égalité". Dans les médias, ça s'appelle même les "minorités visibles" : on ne voit pas assez de gens de couleur à la télévision, par exemple.
08:52 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ahmadinejad, hamas, hezbollah, israël, juifs, antisémitisme, faurisson, garaudy, pascal boniface, edgar morin, alfred grosser, crif, cfcm, nicolas sarkozy, communautarisme
samedi, 09 juillet 2011
L'UTOPIE DE LA PAIX AU PROCHE-ORIENT ?
Donc, Israël est un pays en guerre perpétuelle.
Je mets ça en relation avec les passionnants cours que donne HENRY LAURENS au Collège de France, dans lesquels il décortique année après année, mois après mois, voire jour après jour, la succession des événements : un monument d’information ! L’impression dominante qui reste près ça, c’est que le conflit israélo-arabe est insoluble. L’intuition romanesque de JEAN-PIERRE ANDREVON se vérifiera-t-elle ?
Je mets ça en relation avec ces deux rabbins israéliens, DOB LIOR et YAAKOV YOSSEF, qui viennent d’être brièvement arrêtés par la police. Ils avaient publiquement défendu les propos tenus dans La Torah du roi, livre interdit de diffusion, affirmant qu’il est légitime, en cas de guerre, de tuer préventivement des non-juifs. Leur arrestation a fait descendre dans la rue des manifestants, qui ont affronté la police.
Je mets ça en relation avec l’édification d’un mur séparant hermétiquement les populations arabe et israélienne, qui fait obligatoirement penser à un mot (disparu avec la chose), et qui signifiait « développement séparé des races ». Cela se passait en Afrique du sud il n’y a pas si longtemps. Vous avez reconnu le mot « apartheid ».
Je mets ça en relation avec un processus qui ne s’est, grosso modo, jamais arrêté depuis la fondation de l’Etat d’Israël en 1948 : la colonisation en Cisjordanie, le cas échéant avec destruction de maisons palestiniennes, ou de plantations d’oliviers. Mais aussi la colonisation de Jérusalem-est.
Je mets ça, évidemment, en relation avec l’actualité : la flottille bloquée en Grèce (et en Crète, pour le Dignité al-Karama), et la liste distribuée aux compagnies aériennes par Israël des indésirables qui voulaient manifester. Moyennant quoi le journal israélien Yediot Aharonot a titré le 7 juillet « Nous sommes devenus cinglés ». Moyennant quoi, dans le journal Haaretz, GIDEON LEVY dénonce « les réponses hystériques d’Israël ».
Alors je me méfie quand même : la case que les médias français accordent à Israël est tellement étiquetée « conflit du Proche-orient » que nous ne discernons plus rien d’autre dans cette société. Par exemple, l’écrivain GILLES ROZIER, en résidence à l’institut français de Tel-Aviv, tient un blog (http://uneteboulevardrothschild.blogspot.com). Sur quatre-vingts notes, il en consacre tout au plus deux ou trois à la situation politique. On a donc, nous autres, du mal à imaginer qu’il puisse y avoir, pour une majorité de gens, une vie quotidienne. C’est aussi bête que ça.
Mais quand même, il demeure des points que je n’arrive pas à comprendre. J’imagine que le peuple israélien aspire à vivre en paix. Mais je n’en suis pas si sûr, sinon pourquoi les élections empêcheraient-elles en permanence de gouverner en se passant de la droite la plus intransigeante, de l’extrême droite et de l’extrême religion. Pourquoi parle-t-on, depuis assez peu de temps je crois, non plus de l’Etat d’Israël, mais de l’ « Etat juif » ?
Pourquoi les électeurs israéliens confient-ils les rênes du pouvoir à des gens convaincus de vivre sur la « terre promise par Dieu au peuple élu » ? Convaincus qu’il faut l’occuper sans cesse davantage, au mépris des droits des populations qui y étaient implantées du fait d’un déroulement historique ? Comment se fait-il que les partisans de la paix arrivent aussi mal à se faire entendre ?
Plus de questions donc que de réponses. Quelque chose m’échappe. Mais quelque chose me dit par ailleurs qu'Israël n’est pas encore, en l’état actuel des choses, un Etat juste, mais injuste.
J'y reviendrai peut-être.
10:33 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : israël, juifs, antisémitisme, sionisme, apartheid, territoires occupés, cisjordanie, gaza
vendredi, 08 juillet 2011
D'ISRAËL ET DE LA PAIX DANS LE MONDE
Jean-Pierre Andrevon, écrivain de science-fiction, écrivait dans les années 1970 des histoires qui se passaient très loin dans le futur. Il y parlait en particulier des foyers de guerre permanents qui se profilaient vers la fin des "trente glorieuses". L'un de ces foyers était situé au Proche-Orient : la guerre entre Arabes et Israéliens. Je ne sais plus dans quelles années il situait l'action (2500 ?), mais on en a pris, semble-t-il, le chemin.
Avant de monter dans le train qui m’emmenait en Allemagne pour l’été, j’ai acheté au kiosque de la gare, absolument au hasard, un livre de Léon Uris, Exodus. J’avais dix-sept ans. Exalté et passionné, j’y ai découvert un monde que j’ignorais totalement. La difficile installation d’un peuple exilé sur un territoire. L’épreuve effroyable qu’il venait de traverser. La formation des premiers « kibboutzim » (c'est au pluriel). Le sinistre travail des « Sonderkommandos », chargés de débarrasser les chambres à gaz du monceau de cadavres nus après une exécution. Je n’ai jamais relu ce livre. Mais il me reste des images, quelques séquences.
L’un des personnages est un jeune garçon né en Palestine (?), que le père envoie livrer des denrées (de la farine ?), qu’il se fait régulièrement voler par de jeunes Arabes. Le père réfléchit, puis il enseigne à son fils le maniement du fouet de cuir, il veut lui apprendre à se défendre. Le fouet est lourd, la lanière est raide, l’apprentissage difficile. Le garçon a du mal, puis moins de mal, puis il arrive à faire claquer l’extrémité. Alors le père charge l’âne et confie à son fils la même mission. Les jeunes voleurs l’attendent. Mal leur en prend : le fouet leur enlève quelques bouts de peau, ils ne recommenceront pas.
Le livre date de 1958. Cette scène qui m’est restée (parmi d’autres) me semble symbolique de la façon dont les mentalités des juifs israéliens ont été façonnées : « Il faut se défendre » apparaît comme le maître-mot. C’est peut-être devenu un trait culturel fondamental, dont tous les juifs d’Israël sont vraisemblablement imprégnés. C’est peut-être un réflexe, à présent, de considérer la terre sur laquelle l'Etat d'Israël a été constitué comme globalement hostile.
Par parenthèse, qu'on ne me raconte pas que la Palestine est terre juive depuis 3000 ou 5000 ans : historiquement, c'est un mensonge tellement énorme et stupide que seuls des fanatiques peuvent donner dans le panneau. Hitler lui-même n'a-t-il pas envisagé de donner aux juifs, comme terre d'accueil, une partie de Madagascar ?
Et par parenthèse, je me refuse à parler d'Etat juif. Ce non-sens théocratique est une telle injure à l'idée que je me fais de la laïcité nécessaire d'un Etat, quel qu'il soit, ne peut avoir pour conséquence que de jeter de l'huile sur le feu du conflit.
J’avoue que j’ai été fasciné par l’Etat d’Israël. Je garde en mémoire l’éclair de feu que fut la guerre de 1967, si mal préparée par les ennemis du nouvel Etat que celui-ci en vint à bout avec une souveraine aisance. Est-ce dans Paris-Match que parut cette photo où l’on voyait les brodequins abandonnés sur le sable du désert par les soldats égyptiens, soi-disant pour s’enfuir plus vite ? Il n’en fut pas de même en 1973, où Israël eut bien du fil à retordre, du fait d’une préparation beaucoup plus soigneuse (et secrète) par Hafez El Assad et Anouar El Sadate.
17:55 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-pierre andrevon, science-fiction, guerre, juifs, israël, arabes, syrie, égypte, léon uris, exodus
mercredi, 06 juillet 2011
VICTIME : UN METIER D'AVENIR !
SUITE ET FIN
Maintenant la notion de victime. Le grand René Girard en a beaucoup parlé. Il en a même fait le centre (ou le point de départ) de sa théorie. Il a commencé dans Mensonge romantique et vérité romanesque, continué dans La Violence et le sacré. Après, je l’ai abandonné. A partir de Des Choses cachées depuis la fondation du monde. Je dirai pourquoi.
Pour faire clair et court, dans tous les groupes humains, chacun ne désire qu’un objet déjà désigné comme désirable par un autre. C’est la notion de « désir mimétique ». Dès lors, s’ensuit une rivalité mimétique du désir. Cette rivalité se répand de proche en proche, par « contagion », jusqu’à entraîner une « violence mimétique », qui augmente jusqu’à produire la « crise sacrificielle » : le groupe éprouve la nécessité de purger cette violence pour ne pas s’y autodétruire. C’est là qu’intervient la « victime émissaire », qui était de toute façon désignée pour ce moment. Par exemple un « bouc émissaire » chez les juifs de l’antiquité. On procède alors au rite du sacrifice, dans les formes, et la paix est alors restaurée, jusqu’à la prochaine fois.
Vous savez l’essentiel. J’avoue avoir été impressionné par ce livre, lu en 1977. Mais il m’a aussi « gonflé ». Girard est lui-même tellement impressionné par sa construction qu’elle devient la clé totale, qui ouvre toues les portes du mystère humain. Le dernier livre de lui (voir ci-dessus) que j’ai lu est une apologie du christianisme : il y soutient que la crucifixion de Jésus Christ est le premier sacrifice qui a échoué à restaurer la paix dans le groupe, les sacrificateurs se rendant compte que la « victime émissaire » n’était pas « émissaire », justement, mais innocente. Dès ce moment, l’humanité entre dans une ère nouvelle, promise au « salut ». Girard était mûr pour devenir professeur dans une université américaine. C’est évidemment ce qu’il a fait. Mais de tout ça, je retiens principalement que la victime, pour René Girard, a un statut d'une grande noblesse et dignité, et remplit une véritable fonction.
Car tout ça fait très intello. Redescendons un peu, et même beaucoup, à la hauteur des minuscules Sarkozy et Dati, qui n’ont aucune idée de ce qui précède, puisque l’œil fixé sur la seule prochaine échéance électorale. C’est net, pour brosser comme il faut le chien électoral, il est bon d’instrumentaliser la victime. C’est un « créneau porteur », comme on dit dans le marketing.
Parce que, quelque part, si personne ne se conçoit a priori comme un bourreau, tout le monde, quelque part, se sent un peu victime. « Quelque part au niveau du vrai cul. – Tu l’as dit bouffi ! » Cela crée une solidarité dans le malheur quotidien. Avec Madame Michu, la voisine, ça fait un vrai sujet de conversation. Bon, c’est vrai que ce n’est pas le salon de Madame du Deffand. Mais la tendance est là : « C’est pas une vie la vie qu’on vit. – A qui le dites-vous, ma pauv’dame ! ».
Il y a, dans toute foule, une forme de solidarité spontanée avec la victime. Elle est prompte à crier « à mort ». Elle s’identifie facilement à la victime. A entendre les propos de taverne (ou « brèves de comptoir »), elle endosserait volontiers l’uniforme du bourreau.
C’est d’ailleurs pour ça que, dans les grands débats de société, il est souvent très pratique d’endosser l’uniforme de la victime. Pour jouer sur ce réflexe de solidarité spontanée. Présenter comme une grave injustice l’interdiction faite aux homosexuels de se marier en tant qu’homosexuels, cela permet de se poser en victime, et c’est très pratique.
Présenter l’Etat d’Israël comme victime de racisme et d’antisémitisme quand on le critique politiquement, c’est très pratique (voir, il n’y a pas si longtemps, le cas d’Edgar Morin). Présenter toute plaisanterie sur les femmes, les homosexuels ou les handicapés comme une atteinte insupportable aux droits de ces personnes, elles-mêmes présentées comme des victimes (sexisme, homophobie et tout ça), c’est aussi très pratique.
Et pourquoi est-ce très pratique de se poser en victime, demandera-t-on ? La raison est très simple à comprendre : parce que ça autorise la victime à demander réparation. Ben oui, aujourd’hui, si vous racontez en public une blague, même mauvaise, sur les femmes, les juifs, les Arabes, vous allez voir tous les rapaces et les hyènes de toutes les « associations de victimes » se jeter sur vous pour se partager votre cadavre. C’est une image.
Ces associations se nomment LICRA, FIDH, Osez le féminisme, Les chiennes de garde, la fédération « LGBT », etc. Et elles se jettent sur vous par tribunal interposé. Elles portent plainte. Parce qu’on a fait les lois que toutes ces « victimes » réclamaient depuis longtemps, et qui leur permettent de se porter partie civile. Le moindre pet de travers ne doit pas rester impuni. Le glaive de la justice doit frapper.
On demande (on obtient) réparation du préjudice subi. Ici, ce sera une affiche de publicité « portant atteinte à la dignité des femmes ». Là, ce sera un propos montrant une intolérable intolérance à l’encontre des juifs, des Arabes, des homosexuels (rayer la mention inutile en fonction du cas rencontré). Tout cela doit être assimilé à de la délinquance. Le coupable doit payer.
L’irremplaçable Philippe Muray dénonce très souvent ce qu’il appelle « l’envie de pénal ». J’appellerais cela une tendance à la « pénalophilie ». Des juristes très sérieux s’inquiètent même de la dérive que cette omniprésence des « victimes » potentielles fait planer à court terme sur ce que les journalistes et politiciens appellent vilainement « le » vivre ensemble. Cela s’appelle « judiciarisation » de la vie en société. Bon, en France, les avocats ne sont pas encore, comme c’est le cas aux Etats-Unis, à faire du porte-à-porte pour s’enquérir des « préjudices » dont vous avez été « victime ». Mais la tendance est là.
Allez ! Foin de pessimisme ! En route vers le « meilleur des mondes ».
10:05 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rené girard, victime, victimisation, bouc émissaire, la violence et le sacré, désir mimétique, nicolas sarkozy, rachida dati, bourreau, femmes, homosexuels, handicapés, sexisme, homophobie, judiciaire, justice, philippe muray
mardi, 05 juillet 2011
VICTIME : UN METIER D'AVENIR !
« Le premier des droits de l’homme, c’est le droit des victimes ». Voilà : c’est carrément du lourd. On prend le boulet en pleine gueule ! Et apparemment, ELLE était à jeun quand elle a proféré l’énormité ci-dessus. ELLE était « à jeun » et « en fonctions » qui plus est. Qu’on se le dise, « Liberté », « Egalité », « Fraternité », c’est de la foutaise. Soyons modernes, que diable ! Désormais c’est : « Priorité aux victimes ! ». Mais on peut être « à jeun », « en fonctions » et complètement frapadingue en même temps.
ELLE ? Si vous suivez ce blog, reportez-vous à ma note du 3 mai dernier intitulée SAINTE RACHIDA SCHOLASTIQUE. Oui, c’est bien elle, RACHIDA DATI en personne. Celle de quelques lapsus mémorables. Et quand elle a prononcé la phrase citée ci-dessus, elle était « sinistre de la justice », elle-même sinistrée par ses soins. Vous me direz qu’en prenant ostensiblement parti pour les victimes, elle n’a fait que suivre la voie tracée par NICOLAS SARKOZY lorsqu’il était « sinistre de l’Intérieur ».
Bon, victime, je n’aime vraiment pas, mais alors pas du tout. Je sais par exemple et par expérience ce qu’on ressent quand la maison est cambriolée, vidée de tout un tas de choses qui, à force de constituer le décor quotidien, sans même parler de leur valeur, finissent par constituer une partie des personnes qui habitent là, et pour qui c’est aussi violent qu’une amputation. Pour les autres façons d’être victime, je ne peux qu’imaginer.
La loi française fait d’ailleurs une place à la victime. Cette place s’appelle « partie civile ». Et la partie civile peut être représentée au procès, quand il a lieu, bien sûr, c’est-à-dire quand l’auteur présumé des faits a été retrouvé et qu’il comparaît. Et si les faits ne peuvent évidemment pas être effacés sur l’ardoise, la victime, tout en restant victime, peut demander réparation du tort causé.
Mais alors, puisque la loi définit le statut de la victime et prévoit le dédommagement, la question qui me vient est : « Pourquoi NICOLAS SARKOZY fait-il du bruit autour du mot ? ». La réponse est trop facile : parce que, pour être élu, il faut attirer le plus grand nombre, et que le plus grand nombre ne sait pas trop ce qu’il y a déjà dans la loi. Cela porte un nom vieux comme la démocratie : démagogie. Il s’agit de flatter. Donc de caresser dans le bon sens le pelage du bon chien qui va bientôt voter.
Alors, pourquoi RACHIDA DATI, maintenant ? Disons que, à part le fait qu’elle a des talonnettes A LA FOIS aux chaussures et à la mâchoire supérieure, rien ne la différencie du patron. C’est « copie conforme ».
Réponse au prochain numéro.
20:37 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rachida dati, nicolas sarkozy, victime, justice, société, littérature
lundi, 04 juillet 2011
LE DELIRE HUMANITAIRE
FIN DE LA CONCLUSION
Donc, les associations « humanitaires », très souvent rebaptisées du si joli titre d’O. N. G. (un gros euphémisme, un de plus, pour ne pas dire « Entreprises de Charité Privées ») sont à considérer comme des sparadraps sur les blessures du monde, qui les empêchent de saigner ou de suppurer de façon trop insupportable aux yeux, aux oreilles et aux narines de la planète « civilisée ». N'empêche qu'à Port-au-Prince, le caca des ONG a bel et bien ajouté au caca ambiant.
L’ « humanitaire » altruiste, c’est le décor peint sur un mince contreplaqué de théâtre, qui masque les cuisines et les coulisses où se concoctent pour de vrai les saloperies qui se commettent. Pendant que les caméras sont braquées sur les camps de réfugiés, on oublie de regarder les massacreurs et les profiteurs. Passez muscade.
L’humanitaire a toujours un raisonnement d’urgentiste débordé : « Si personne ne fait rien, qu’est-ce qu’ils vont devenir ? On ne peut rester sans rien faire. ». Et son cœur saigne, si possible en direct. Car il faut "sensibiliser", n'est-ce pas, cela n'a donc rien à voir avec une simple propagande. Mine de rien, au passage, le fait qu'aujourd'hui il y ait l'image a beaucoup fait pour l'explosion humanitaire de l'humanité.
L'humanitaire est un mélange paradoxal de chevalier blanc et de fataliste. D’un côté, Don Quichotte au secours de la veuve et de l’orphelin. De l’autre, le résigné qui accepte que le système qui organise le monde reste irrémédiablement aussi moche. S’il voulait vraiment, intimement, profondément changer quelque chose au système, même un tout petit quelque chose pour l’améliorer, il s’y prendrait autrement.
Il essaierait par exemple de construire un raisonnement politique. Non, son discours est exclusivement, désespérément moral. S’il était tant soit peu politique, il prendrait conscience qu’il n’est qu’une marionnette, un fantoche entre les mains des pouvoirs et que, par définition et par principe, il est INSTRUMENTALISÉ par ces pouvoirs. C’est ainsi, en toute naïveté coupable, qu’il façonne lui-même sa statue de Commandeur, de sonnette d’alarme, de lanceur d’alerte. Le rôle inattaquable par excellence. Le rôle intenable de la VERTU défendant l’OPPRIMÉ.
C’est ainsi que l’U. R. S. S. commençante, avec le tyran LENINE et ses successeurs, tissa chez les intellectuels d’Europe et d’Amérique des réseaux de sympathisants qui organisaient bénévolement des manifestations de « soutien » (de PROPAGANDE, évidemment). LENINE le cynique appelait ces gens des IDIOTS UTILES.
L’ « humanitaire » est l’ « idiot utile » au service des pouvoirs qui font tout pour garder le pouvoir. Et qui, en tout état de cause, n’ont strictement rien à redouter de leurs « idiots utiles ». Et qui peuvent même les remercier. L'humanitaire est un bon rideau de fumée, parce qu'il se place volontiers, de lui-même, au premier plan, face à la caméra.
Au reste, qui veut changer quoi que ce soit à la façon dont le système fonctionne ? Il n’y a qu’à regarder les suites de la crise financière de 2008, et surtout les suites de toutes les grandes déclarations des « politiques » (je pouffe !) sur la nécessité de mettre fin aux paradis fiscaux, aux délires de la finance mathématique, mondialisée et déconnectée de toute « économie réelle », pour se rendre compte que les forces des « politiques » (je me gausse !) ne sont rien comparées à celles, démesurées, de tous les appétits insatiables qui veulent se goinfrer sans limite de tout ce qui, sur la planète, se mesure et se compte sous forme de pouvoir et de richesses matérielles. Là les « politiques » (je m’esclaffe !) sont restés totalement IMPUISSANTS.
Il y aurait bien une solution pour changer quelque chose à la marche absurde du système vers la consommation (au sens propre : disparition) de la planète. Mais vous allez encore dire que c’est moi qui délire. Il faut un petit effort d’imagination.
Oui, imaginez que tout ce qui est « humanitaire », tout ce qui « vient au secours des populations », tout ce qui est « altruiste » et « généreux », et ça fait énormément de monde, dans ce monde qui dégouline d’ « humanitaire », tous, en même temps de cette minute à la prochaine, cessent brutalement d’intervenir, arrêtent d’un seul coup de « secourir ». Qu’est-ce qui se passe ?
Vous voyez le tableau : camps de réfugiés du Darfour, du nord Kivu, « banques alimentaires », « restaurants du cœur », « Médecins sans frontières », « Amnesty », associations qui installent des pompes à eau au Burkina Faso ou qui aident à la construction d’une école au Bénin, jusqu’aux Foyers de Notre-Dame des Sans abri : tout ça qui ferme la porte et avale la clé. Des dizaines, des centaines de millions de gens sur le carreau, voués à la mort, à la famine, à tout le Mal du monde.
C’est complètement impensable, n’est-ce pas ? Bien sûr. Je rêve. Mais en même temps, ça pose le problème, et le problème, il est principalement POLITIQUE (et là, je ne ris plus). Ben oui, quoi : on aurait là un excellent moyen de « réhabiliter » (mais pour de vrai, cette fois) le POLITIQUE. Car qu’est-ce qu’ils font, les « humanitaires » ?
Ils accomplissent exactement les tâches qui incombent en priorité aux Etats : s’occuper des populations. Ce faisant, ils agissent pour dépolitiser la vie collective : d'un côté l'action, de l'autre la politique, bien séparées. C'est bien sûr marcher sur la tête. Eh bien c'est l'illusion qu'ils entretiennent dans l'esprit de tous ceux qui donnent ou qui font (ah, cette obsession de faire quelque chose !). Eh bien pour une fois, qu’ils les mettent au défi de faire ce pour quoi ils existent ! Qu'ils les mettent au défi de prendre leurs responsabilités !
Si les « politiques » (pour de rire) voulaient redevenir efficaces et agir concrètement sur la réalité du monde, ils chasseraient tous les « humanitaires » du paysage, pour reprendre à leur charge tout ce qui est du ressort de la puissance publique, ce qui est de sa responsabilité. Mais je crains beaucoup qu’ils ne le veuillent en aucun cas. Pensez donc, c’est tellement plus facile, pratique, et surtout, ça coûte beaucoup moins cher au budget de l’Etat.
Tout simplement parce que les « associations humanitaires » sont des entreprises privées, financées par des fonds privés : tous les gens qui ouvrent leur porte-monnaie dans la rue quand ça quête ou chez soi quand Adriana fait campagne (contre la faim dans le monde, contre le paludisme, etc.). Et quand je dis « entreprises », certaines ont vraiment le même fonctionnement qu’une grosse PME, et ça va jusqu’à la multinationale. Et il y a des « bac + 5 » qui s’y font des « plans de carrière ».
Et l’ « humanitaire » surabonde, l’ « humanitaire » pullule, l’ « humanitaire » se reproduit comme la vermine parce que les Etats, donc les « politiques » (pour du beurre) se désengagent toujours plus par souci d’économies budgétaires. C’est exactement proportionnel : plus les Etats se désengagent, plus on est sûr de ne plus pouvoir faire trois pas sans tomber sur un « humanitaire ». Puis deux. Puis un seul. On sera assailli, encerclé.
Le tableau final de ce monde-là, c’est une vraie bouillie picturale, et une épouvantable caricature. D’un côté, une poignée de vraiment puissants (des tyrans, des milliardaires détenant les vrais leviers du pouvoir : on appelle ça l’ « oligarchie »). D’un autre, des « personnels politiques » (pour de faux) achetés par les premiers et chargés de faire diversion en faisant croire à la télévision et dans les journaux qu’ils ont la situation bien en main. Ça, c’est pour la partie « les criminels et leurs complices ».
D’un troisième côté, la matière humaine prête à se faire bouffer ou écraser par la machine conduite par la poignée de criminels : mettons quelques milliards d’individus. Enfin, le quatrième côté du tableau est composé des autres quelques milliards d’individus moins défavorisés que les précédents, et vivement invités, encouragés à « porter secours aux populations ». Ça, c’est pour la partie jetable de l’humanité.
« Camarade blogueur, là c’est toi qui délires. – J’espère que tu dis vrai. Mais dis-moi au moins quelque chose qui pourrait me faire changer d’avis, je t’en prie. »
17:16 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ong, associations humanitaires, charité, altruisme, politique, société, littérature, idiot utile
dimanche, 03 juillet 2011
NON, NE NOUS REPENTONS PLUS !
CONCLUSION
Il est très clair que les repentances de JEAN-PAUL II et de BARACK OBAMA sont des opérations de communication, histoire de faire une concession qui, après tout, ne coûte rien, sans doute pour obtenir quelque chose en échange. BOUTEFLIKA, en Algérie, en réclamant une repentance à la France, fait aussi de la « com », tout en faisant politiquement pression. C’est de bonne guerre.
A propos de l’Algérie, les dirigeants, depuis l’indépendance, évitent de crier sur les toits un aspect resté méconnu de la « libération » du pays. En effet, quand le mouvement « de l’intérieur » a prétendu, au nom du terrible combat mené, avoir une vraie place dans le nouveau pouvoir, c’est bien l’armée « de l’extérieur », venue du Maroc, qui a, disons, « remis les choses en place », qui a, en clair, écrasé les rebelles officieux, et avec la brutalité qu’on imagine. Toujours l’histoire de la paille et de la poutre.
Franchement, à quoi sert concrètement de demander pardon au continent noir pour l’esclavage séculaire qu’ont pratiqué les méchants blancs ? A faire du symbole symbolique (c’est aussi fort que les paroles verbales).
Parlons du Libéria, par exemple. On parle peu de l’installation, à partir de 1822, d’esclaves noirs affranchis, aux frais de l’American Colonization Society, une société « philanthropique », paraît-il. La capitale a été appelée Monrovia en hommage à JAMES MONROE, l’homme politique et président des Etats-Unis.
Eh bien, les ESCLAVES libérés deviennent, du jour au lendemain, des MAÎTRES. Et les « autochtones », du jour au lendemain, de libres qu’ils étaient, deviennent les esclaves. Quand le pays devient une république, en 1847, le suffrage censitaire permet aux noirs « importés » de garder le pouvoir pendant un siècle. Et ils contraignent les « autochtones » au travail forcé, pour engraisser les multinationales du caoutchouc, au point que la SDN s’en émeut en 1931.
Ce n’est pas fini : en 1971, WILLIAM TOLBERT devient président, et fait tout ce qu’il peut pour accroître le clivage avec les autochtones. C'était hier. Voilà à quoi conduit la philanthropie. Voilà, entre autres, à quoi conduisent les « bonnes âmes », avec leurs « bons sentiments » et leurs infernales associations « humanitaires ». Je ne vois dans toute leur « générosité », dans tout leur « altruisme » qu’une manière de se donner le beau rôle, le rôle noble.
Vous avez compris ce qu’a de profondément répugnant l’idée seule de repentance. Il est frappant de constater la complète désynchronisation entre les deux mains de ce personnage paradoxal qu’on appelle l’Occident. La main « droite », c’est la prédatrice, celle qui colonise, qui tue, qui réduit en esclavage ; celle qui n’a qu’une obsession : en mettre le maximum dans la poche droite. C’est une main aussi dure que l’acier le plus dur. Une main impitoyable. Demandez à Goldman Sachs de vous montrer sa main droite.
Quant à la main gauche, c’est évidemment la main faible, celle du « cœur », celle des « sentiments », pardon, des « bons sentiments ». C’est une main molle. C’est une main tellement moite que ça dégouline. La « main gauche humanitaire » de l’Occident, personne d’autre, jamais et nulle part, n’avait inventé ce monstre. BERNARD KOUCHNER l’a inventé en 1968, pour le Biafra, et voyez maintenant la pourriture morale qui a commencé à lui sortir par les oreilles.
En 1973, l’immense GOTLIB (MARCEL GOTTLIEB) publiait La Rubrique-à-brac, tome 4. Dans l’intégrale, c’est à la page 366, sous le titre désamorçage. La guerre fait rage au Biaffrogalistan. « Chaque jour, des centaines d’enfants meurent de faim. » C’est la une des journaux, « en corps très gras ». C’est vrai que GOTLIB critique aussi l’ébullition médiatique, bientôt suivie de l’oubli complet (une salade chasse l’autre). Tout le monde s’est mobilisé. Avant de passer à la suite.
Pour être juste, il faut restituer la paternité de ce business à son véritable inventeur : HENRI DUNANT. Et le premier bébé à son papa s’appela la « Croix-Rouge ». C'est vrai que BARTOLOMÉ DE LAS CASAS avait commencé bien avant.
En plus, la « main gauche humanitaire » de l’Occident, aucun des plus grands salopards que la planète continue à porter n’aurait osé rêver un moyen aussi efficace de continuer à exercer leurs saloperies (exploiter, tuer, massacrer, torturer, et autres pratiques hautement humanistes).
Ben oui, rendez-vous compte : vous avez une dictature sur le feu ? Un génocide ? Vous faites la loi à votre profit, mettons au DARFOUR ? Pourquoi verriez-vous un inconvénient à ce que Médecins sans frontières récolte des fonds pour organiser des camps de toile pour les réfugiés qui espèrent échapper au massacre ?
Vous êtes un spéculateur, un énorme financier, genre WARREN BUFFETT ou GEORGES SOROS ? Pourquoi verriez-vous un inconvénient à ce que MICHEL COLUCCI fonde les « Restaurants du cœur » pour venir en aide aux victimes des délocalisations industrielles et de la rentabilité à tout prix des capitaux ?
Une épidémie ? Un tremblement de terre ? Une catastrophe ? Une tragédie ? La « main gauche humanitaire » de l’Occident se précipite au secours des populations. Et allez dire du mal de gens qui se portent au secours des populations… C’est pour le BIEN, on vous dit. C’est parce qu’ « on ne peut pas rester sans rien faire », voyons !
Pendant ce temps, les vrais responsables de tout le MAL qui se produit se bidonnent, ils se boyautent, se fendent la margoulette, se tirebouchonnent ; que dis-je, ils hennissent de joie. Il faut comprendre leur raisonnement : « Puisqu’il y a tous ces cons pour atténuer les conséquences de mes saloperies, pourquoi arrêterais-je ? ». Et ils redoublent d’énergie.
Car le responsable de tout le MAL dans le monde, il a compris à la virgule près le texte qu’écrit en douce la « main droite » de l’Occident, et le tranchant de l’acier de la plume qu’elle manie. Il a appris la leçon. Il sait son rôle. Il connaît la musique. On ne la lui fait pas. Lui aussi, il est du côté de la « main droite », il est la « main droite ». Et il se dit qu’il y aura toujours la « main gauche ». Il ne s’en fait pas. Et il continue à veiller à ses intérêts (le pouvoir, le territoire, l’argent,…).
Dans le fond, tous ces sparadraps sur les blessures du monde, ça permet au système tout entier de perdurer. L’homme vertueux, celui des « bons sentiments », le généreux, l’altruiste, il n’est rien d’autre qu’un complice de tous ceux qui veulent avant tout que RIEN NE CHANGE dans la marche du monde. Sous les dehors rutilants du costume de cirque des « bons sentiments », l’humanitaire est un salopard, une « main gauche » qui permet à la « main droite » de continuer à semer la mort et la ruine.
16:54 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : repentance, bouteflika, algérie, jean-paul ii, obama, politique, société, libéria, james monroe, esclaves, esclavage, bernard kouchner, médecins sans frontières, humanitaire, darfour, warren buffett, georges soros, coluche, restaurants du coeur
vendredi, 01 juillet 2011
OUI, NOUS NOUS REPENTONS ! (suite)
Alors la REPENTANCE, maintenant. Qu’est-ce que c’est, l’histoire ? Non : L’HISTOIRE ? Grossièrement, c’est l’ensemble des faits humains qui se sont produits depuis qu’on a les outils pour la raconter (et même plus avec l’archéo- et la paléontologie). Je pense qu’on sera d’accord : ce sont beaucoup de guerres, de famines, de crimes, de trahisons, de cruautés, et autres interminables joyeusetés. Voyez la vie de Caligula ou Néron chez Suétone. Pour faire passer son semblable de vie à trépas, l’ingéniosité de l’humain confine au génie inépuisable.
La colonisation fut une saloperie. L’Eglise catholique a fait des saloperies. Les soldats français en Indochine et en Algérie ont fait des saloperies. Les planteurs blancs du sud des Etats-Unis ont fait des saloperies, y compris une guerre à leurs frères nordistes qui voulaient les embêter à propos de « l’esclavage des nègres ». Vous cherchez des saloperies ? Mais l’histoire en surabonde, en regorge, elle en dégorge encore des cargaisons aujourd’hui. Pour ce qui s’est passé en Europe au 20ème siècle, on a l’embarras du choix.
En 1987 eut lieu le procès de KLAUS BARBIE, le nazi de Lyon (entre autres, l’arrestation de JEAN MOULIN, c’est lui). Eh bien BERTRAND POIROT-DELPECH a pu écrire un petit volume intitulé Monsieur Barbie n’a rien à dire, titre inspiré d’une phrase de l’avocat JACQUES VERGÈS. Le titre en dit long : vous avez dit « REPENTANCE » ? C’est quoi, ça ? Pas dans mon vocabulaire !
C’est simple, l’acte de repentance est une invention très récente (1994), même si le mot est ancien (« regret douloureux de ses péchés et de ses fautes » ; en 1077, l’empereur Henri IV, excommunié, passa trois jours en chemise de bure, dans la neige, avant que le pape Grégoire VII accepte de le recevoir : on a appelé ça « aller à Canossa » ; mais il faut dire que l’empereur avait fait des misères au pape, et continua ensuite).
Alors voici ce que je propose : on va faire la liste COMPLETE des saloperies commises depuis le début de l’histoire humaine, on va nommer le coupable de chacune, et l’on va sommer tous ses descendants de FAIRE REPENTANCE, publiquement et la corde au cou. Par exemple, on va exiger des descendants du consul romain CRASSUS de faire repentance pour les milliers de croix qui ont conclu la répression de la révolte de SPARTACUS, en – 71. Ce n’est qu’une menue proposition. Et ce n’est qu’un commencement.
Qu’on se le dise : toutes les atrocités de l’histoire ont été commises ! Et par des humains, s’il-vous-plaît ! Donc, à chaque saloperie, son coupable ! A chaque coupable, sa repentance ! Y a pas de raison ! Et ça va faire du monde, je vous garantis ! Ce serait gonflé, si on trouvait, parmi les six milliards actuels d’humains, un seul dont un ancêtre n’aurait pas commis une seule saloperie ! On va tous y passer !
Les avocats et les procureurs ont du boulot garanti pour quelques milliers d’années. Rendez-vous compte : six milliards de procès, et six milliards de repentances ! Il y a là un gisement sans fond. Mieux que le tonneau des Danaïdes, car celui-là, on a l’éternité devant nous avant qu’il soit, non pas rempli, mais vidé. Mieux : comme on est sûr qu’il se remplit au fur et à mesure qu’on le vide, c’est une éternité au carré !
Il y aura un bureau, avec des fonctionnaires payés pour ça. On pourra s’inscrire. Car si chaque saloperie est commise, ça veut dire qu’il y a un bourreau. S’il y a un bourreau, il y a une victime. Vous me suivez ? Ce serait bien le diable, en remontant parmi vos ancêtres, si vous ne trouviez pas une belle victime en état de marche, bien présentable.
Entre ancêtres et descendants de bourreaux, puis (il ne faut pas confondre) entre ancêtres et descendants de victimes, avec les six milliards d'humains, on devrait trouver (mais je ne suis pas bon en maths) douze millards au total. Ce serait salutaire, ne trouvez-vous pas ?
Mais si, cherchez bien ! Faites comme les inventeurs de la « psychogénéalogie » qui trouvent à tous les coups pourquoi vous n’allez pas bien : c’est parce que votre arrière-arrière-grand-père a violé votre arrière-grand-mère quand elle avait dix ans (authentique, pas le fait, mais la trouvaille ; elle a été faite par ANNE ANCELIN-SCHÜTZENBERGER, je la recommande).
08:57 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : repentance, colonisation, église catholique, esclavage, histoire, esclavage des nègres, europe, klaus barbie, nazi
jeudi, 30 juin 2011
OUI, NOUS NOUS REPENTONS ! (DEBUT)
Qu’on se le dise : l’heure est à la GRANDE REPENTANCE. La mode est à demander pardon. Voilà qu'il devient noble et généreux de s'agenouiller devant tous ceux qui ont été offensés par nos grands-pères, que dis-je, par nos aïeux ! Par nos ancêtres.
JEAN-PAUL II a été touché le premier par l’épidémie en demandant pardon pour les crimes commis par l’Eglise catholique. BOUTEFLIKA a demandé à la France de faire repentance pour tous les crimes qu’elle a commis pendant la guerre d’Algérie. OBAMA, dans l’île africaine de Gorée, a fait repentance au nom des Etats-Unis, pour le trafic d’esclaves.
L’Eglise catholique ? Elle a baptisé les « sauvages » de force, elle a brûlé les « hérétiques », bref elle a commis des horreurs. En Algérie, les soldats français (et l’O. A. S.) ont commis des horreurs. Réduire en esclavage les noirs d’Afrique et les déporter constituèrent des atrocités. Là-dessus, tout le monde est aujourd’hui d’accord. J’ajoute la colonisation, pour faire bon poids, qui en soi, a été une horreur. D'ailleurs, comme on le constate, maintenant qu’on en a fini avec ce fléau, les peuples autrefois colonisés en ont fini avec les horreurs, comme on le constate tous les jours.
Une page de BD, à présent. « Nous nous repentons !… Oui !... Nous nous repentons !... Oui !... Nous nous repentons !... ». Ils sont trois : le professeur Vernay, le journaliste Macomber, le juge Calvin, qui s’éloignent en se frappant la poitrine. Quel crime ont-ils commis ? L’un a démontré scientifiquement que la théorie du Dr. J. Wade sur l’onde « méga » est bouffonne ; l’autre s’est moqué de lui dans son journal ; le dernier a tranché un procès en sa défaveur. Devenu « Septimus », le Dr. fera tout pour se venger. Il y arrive.
Tout cela est dans La Marque jaune de l’immortel EDGARD PIERRE JACOBS, créateur de la série BD « Blake et Mortimer ». Exactement à la page 61. L’album date de 1956. Mais quelle prescience ! Quelle intuition d’un processus aujourd’hui en train de s’accomplir sous nos yeux !
Les soldats français ont torturé, et pas seulement en Algérie (n’oublions pas l’Indochine, le Cameroun, Madagascar et d’autres contrées aujourd’hui certainement idylliques). Mais il me semble que les « fellaghas » du F. L. N. n’étaient pas trop tendres non plus, et ne laissaient pas leur part de crimes aux chiens. Mais bien sûr, ils étaient « du bon côté », n’est-ce pas. De leur côté, les « pères blancs » et autres missionnaires étaient des militants chargés de convertir les « sauvages », mais ne dit-on pas que, « dans le missionnaire, il n’y a pas de bas morceau » ? Bon, l’Eglise peut bien en laisser manger quelques-uns, non ? C’est pure charité chrétienne.
Quant à l’esclavage, ce n’est pas l’Europe qui l’a inventé, c’est aussi simple que ça. Depuis le moment où l’homme du Néolithique a inventé la guerre, et jusqu’à une date récente, celui qui la perdait devenait ipso facto l’esclave du vainqueur quand il n’était pas tué. Et les femmes des vaincus étaient promues au rang d’épouses.
L’esclavage des Africains est aussi vieux que l’Afrique. La tribu noire la plus forte ne se gênait pas : ça faisait de la main d’œuvre pour les tâches pénibles. Et, que je sache, ce sont bien des noirs qui ont vendu des noirs aux blancs. Tout le monde, sauf les esclaves, y gagnait ! Tout le monde se livrait à cette occupation qu'on appelle le COMMERCE.
Et qui donc a envoyé pendant des siècles des caravanes à travers le Sahara pour ramener le plus possible d’esclaves sains ? Mais les Arabes, voyons.
Il semblerait que l'esclavage perdure, au grand dam des bonnes âmes. On voit bien, en France, de temps en temps, des procès pour esclavage. Et qui est coupable ? Il me semble que le dernier en date était un couple de Maliens. Il paraît que, au Niger et au Mali, posséder des esclaves, comme pratiquer l’ablation du clitoris chez les petites filles, est une coutume, une tradition ancestrale. Et pourquoi pas une pratique folklorique ?
Les pays de la péninsule arabique ne sont pas en reste, faisant venir des Philippines et de Malaisie des jeunes filles dont on entend parfois parler dans les faits divers. Et les ouvriers agricoles, dans certaines régions d’Amérique du sud, qui s’endettent envers leurs patrons à proportion qu’ils travaillent, à cause des « frais » occasionnés par leur hébergement et leur nourriture, ne sont-ils pas des esclaves ?
Allez, encore une page de BD. HERGÉ a-t-il sorti de sa seule imagination délirante la trame de Coke en stock (1956) ? Rappelez-vous, Haddock, Tintin et Szut, prisonniers d’Allan sur le « Ramona », prennent possession du navire, et délivrent la « cargaison » de noirs enfermée dans la cale. Ils vérifient ainsi que l’émir Ben Kalish Ezab ne leur a pas menti : l’infâme Di Gorgonzola se livre bien au trafic d’esclaves, des musulmans soudanais et sénégalais faisant leur pèlerinage à La Mecque.
Pour finir sur les esclaves, prenons les estimations de leur nombre au cours de l’histoire. Les chiffres sont évidemment hypothétiques. Reste que plusieurs historiens parlent de 15 à 17.000.000 du fait des Arabes, d’environ 14.000.000 du fait d’Africains aux dépens d’Africains, et de 13 à 15.000.000 du fait des Européens et des Américains. Il me semble que ça relativise, non ? Et on ne parle pas du statut des Coréens au Japon, ni de ce qui s’est passé en Asie et dans les pays du Pacifique.
J'en arrive à la REPENTANCE au prochain épisode, promis.
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mercredi, 29 juin 2011
SI LE MARIAGE EST GAY, RIS DONC ! (FIN)
Je ne connais pas monsieur JEAN BIRNBAUM. Il tient une chronique dans un magazine. Cela s’appelle « pop’philosophie ». Je ne sais pas pourquoi. C’est du « journalisme », peut-être ? Bref, tout ça pour dire que « ça pense » mais que c'est « branché » quand même. Il ne dit pas toujours des conneries. Mais là, sous le titre « A qui profitent les folles ? », je me pose la question.
Rendez-vous compte : le navire « civilisation » fait eau de toute part, les calottes glaciaires ont « le foie qu’est pas droit », les forêts tropicales ont « le ventre qui se rentre », la finance mondiale « a la rate qui s’dilate », KHADAFI « a le gésier anémié », ASSAD a « l’estomac bien trop bas », le Japon a « l’épigastre qui s’encastre », l’eau des océans a « les hanches qui se démanchent », le climat a « le nombril tout en vrille ». Bref, la planète peut chanter comme OUVRARD : « je ne suis pas bien portant ».
C’est le moment choisi par la « Gay Pride » pour avancer la revendication d’ « ouverture » de l’institution du mariage aux homosexuels. Entre parenthèses, je n’ai jamais bien compris comment on pouvait être « fier » de sa sexualité, quelle qu’elle soit. Ni « fier », ni « honteux », il me semble plutôt que « c’est comme ça », et puis c’est tout. C'est vrai qu'il vaut mieux en être content, sans ça c'est triste, mais fier ? Je trouve aussi louche le matamore qui étale sa collection de conquêtes féminines que l’homosexuel qui crie sur les toits qu’il est homosexuel, « coming out » ou pas.
BIRNBAUM, dans son article, aborde le thème du rapport entre homosexualité et ordre social. Attention, c’est du lourd. Il cite deux auteurs. JULIAN JACKSON a étudié un mouvement homosexuel français. Il s’y intéresse en relation avec la « normalité », et se demande ce qui est le plus subversif (il parle de « menace ») : « Le couple gay convenable qui fait ses courses au supermarché ? Ou le gay en cuir ? Ou le couple de gays en cuir au supermarché ? ». Moi je réponds, comme SARKOZY : "Ensemble, tout devient possible !"
BIRNBAUM évoque ensuite MICHEL FOUCAULT. Selon l'article, FOUCAULT affirmait une « dimension séditieuse de l’homosexualité ». Il se demandait ce qui « rend "troublante" l’homosexualité ». « Longtemps, les militants ont répondu en affirmant la portée révolutionnaire du désir homosexuel. » Dans ces conditions, le mariage est-il « un signe de ralliement au conformisme dominant ? ». « (…) Pour troubler l’ordre « hétérosexiste », mieux vaut-il radicaliser la différence gay ou, au contraire, se battre pour l’égalité, le droit de vivre comme tout le monde ? »
L’auteur ajoute : « Aujourd’hui, les choses ont évolué, et nombreux sont ceux qui pensent que pour perturber le modèle familial tel qu’il existe, il faut chercher à l’intégrer et à le bousculer plutôt qu’à le dynamiter ». C’est pour ça que les homosexuels veulent « investir l’institution matrimoniale et la diversifier en inventant de nouveaux styles de vie, bref s’emparer des symboles dominants (…) ». Voilà, on a à peu près tout.
Tout, ici, c’est quoi ? Eh bien vous l’avez sous les yeux : l’homosexualité est une menace ; l’homosexualité a une « dimension séditieuse » ; elle est « troublante » ; le désir homosexuel est « révolutionnaire » ; le mariage est un « signe de conformisme » ; l’ « ordre hétérosexiste » règne ; il s’agit de « perturber le modèle familial », en le bousculant plutôt qu’en le dynamitant ; et il s’agit d’ « investir l’institution matrimoniale » et de « s’emparer des symboles dominants ».
Qu’on se le dise donc : être homosexuel, c’est éminemment POLITIQUE. Mais ça commence à se savoir : MICHEL FOUCAULT est un escroc. On pourrait l'appeler MICHEL FAUX-CUL. Mine de rien, tout ça est intéressant, parce que ces idées (c’est tellement innocent, une idée), mises bout à bout, ont quelque chose de LENINISTE et ressemblent fort à un programme en vue d’une prise de pouvoir. On critique d'abord l’existant, présenté comme une sorte de régime dictatorial qui fait régner un ordre intolérable, où les insupportables dominants sont les odieux hétérosexuels.
Ensuite, qu’est-ce que ça veut dire, « s’emparer des symboles dominants » ? Il est frappant de remarquer que le point de départ de BIRNBAUM est une affiche pour la « Gay Pride » représentant « un coq dressant fièrement sa crête, le cou orné d’un élégant boa de plumes écarlates ». Si ce n’est pas du symbole, ça ! Bon, une association homosexuelle a obtenu très rapidement son retrait. Mais derrière tout ça, quelqu’un continue à pousser pour que ça tombe.
Qui pousse ? Parmi les homosexuels, car je ne suis pas sûr que le milieu soit politiquement homogène, des gens qui sont organisés (pas encore, toutefois, aussi bien que les bolcheviks de LENINE), qui disposent apparemment d’argent, d’organes de presse, qui obéissent à une logique, qui accèdent à des postes d’influence, principalement médiatiques et politiques, et qui développent une stratégie. Cela ressemble à ce qu’on trouve dans les bibles politico-militaires que sont SUN TSU, MACHIAVEL ou CLAUSEWITZ, vous ne trouvez pas ?
Cela ressemble à un programme de prise du pouvoir, au moins symbolique. Bon, pas d’affolement, ce n’est pas encore fait. Et ce ne le sera sans doute jamais. Car ce qui est tout à fait rigolo, dans l’affaire, c’est que « l’institution matrimoniale » n’a aucun besoin des homosexuels pour s’écrouler. Elle tombe toute seule, comme une grande, bien fatiguée, arrivée en bout de course, toute percluse de rhumatismes.
Et il n’y aura pas eu besoin d’offensives militaires ou politiques pour en venir à bout. Je l’ai dit, et ça se sait partout, on ne se marie pas, on se marie, on se démarie, on divorce, on revorce, on monoparentalise, on biparentalise provisoire, en couple à court terme, on se pacse (principalement des hétérosexuels, d’ailleurs), on se dépacse, on est demi-frère et demi-sœur (multiple à l’occasion), beau-père et belle-mère, on est FLUIDE (pas "glacial"), on est MODERNE, on est « dans le tourbillon de la vie » (JEANNE MOREAU). On est dans L'Empire de l'éphémère (GILLES LIPOVETSKY).
Bref : le mariage a du plomb dans l'aile (et dans la cuisse). Et l'offensive homosexuelle n'y sera pour rien, ou pour pas grand-chose. Il s'effondre sans que personne en particulier l'ait poussé, bousculé ou dynamité. Il n'y aura eu besoin d'aucune "sédition", d'aucune révolution. Il se dissout dans une sorte de consentement général. A l'instar de ce qu'on appelait des NORMES. Tiens, à propos de norme, dernier exemple en date : la mère qui reproche à sa fille de 10 ans (dix ans!) de ne pas s'habiller "assez sexy" (authentique).
Une norme comme le mariage, elle accepte de se laisser dissoudre, parce que, elle, elle n'a pas à s'exprimer en tant que norme pour s'exercer : une norme, c'est IMPLICITE. Une norme qui a besoin pour s'exercer de s'exprimer, ça s'appelle un règlement, un loi ou la police. Et cet implicite profond est la définition même de l'identité culturelle. Pourquoi croyez-vous que le "débat" sur l'identité nationale a foiré comme une bouse ? Parce que ce qui est implicite a quelque chose à voir, excusez le grand mot, avec le sacré.
Ils me font bien marrer, JULIAN JACKSON et MICHEL FOUCAULT : ils ont bonne mine. Ce qui me fait marrer, c’est que c’est à ce moment-là que des (pas « les » : je ne généralise pas) homosexuels partent à l’assaut de cette « institution matrimoniale » mal en point (mais pas moribonde, il ne faut pas exagérer). A la limite, c’est au moment où plus personne (j’exagère) n’en veut que les homosexuels veulent « s’emparer du symbole dominant ». Cela ressemble à une ironie.
Cela risque de devenir cocasse, voire comique. Vous imaginez ça ? Plus aucun mariage entre un homme et une femme devant monsieur le maire. Qui, devant monsieur le maire ? Plus que des hommes, par deux, et des femmes, par deux. Ce serait pas rigolo ? Ce serait eux les conformistes. Et on pourrait enfin se moquer d'eux, sans être accusé d'homophobie ! Et qui serait le plus libre ? Qui le plus subversif ? Comme chantait CLAUDE NOUGARO il y a fort longtemps : « Ce serait LA MUTATION ! (c'est le titre : 1967) ».
Allez, hétérosexuels mes frères, hétérosexuelles mes sœurs, soyons FIERS à notre tour, désertons en masse le « symbole dominant » du mariage et laissons benoîtement l’homosexualité s’en emparer.
Au fait, à quand une hétéro-pride ?
08:54 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean birnbaum, le monde, ouvrard, gay pride, homosexualité, sexualité, mariage gay, michel foucault, conformisme, politique, société
mardi, 28 juin 2011
SI LE MARIAGE EST GAY, RIS DONC ! (4)
Par ailleurs, il y a un drôle d’abus de langage dans la réduction de la norme conjugale française (hétérosexuelle) à la simple sexualité. L’union d’un homme et d’une femme devant la loi ne se réduit pas au fait qu’il leur arrive de forniquer ensemble, même si SAN ANTONIO, assistant à un mariage, parle des « grimpettes légitimes » auxquelles les époux vont pouvoir se livrer.
La loi envisage l’annulation du mariage en cas de non-consommation. Mais la norme conjugale n’est pas réductible à la copulation avec la personne de l’autre sexe qu’on a épousée. Ce n’est certainement pas la sexualité des mariés qui définit leur statut au premier chef. Se marier est d'abord un acte de LEGITIMATION sociale.
Faisons une comparaison. Dans un café, chez un coiffeur, dans un commerce où ne se voit aucun signe distinctif, la clientèle, c’est tout le monde : jeunes et vieux, hommes et femmes, des bien et des mal habillés, des beaux et des laids, des hétérosexuels et des homosexuels, des riches et des pauvres, peut-être des pédophiles et des zoophiles. Mais personne n’en sait rien.
Ce qui distinguera l’établissement, c’est un panneau arc-en-ciel, quand il est apposé. J’appelle ça afficher sa sexualité en vitrine, ce dont la « Gay Pride » est une illustration flagrante. Vous trouvez ça « normal » d'afficher sa sexualité en vitrine ? Alors vous devez aussi trouver « normaux » les piscines réservées aux femmes une fois par semaine, les gynécologues hommes rejetés par les patientes (souvent par le mari, d’ailleurs) ou le voile intégral en pleine rue.
Bon, c’est vrai, on voit bien ce que recouvre cette revendication : la filiation. Bien sûr, que ça pose question. Mais là encore, mon cerveau mesquin ne comprend pas comment on peut se déclarer ouvertement homosexuel et réclamer un très hypothétique « droit à l’enfant » au nom même de l’homosexualité.
Encore une fois, c’est « le beurre et l’argent du beurre ». Je sais bien que nous vivons à l'époque du « tout est permis » et que grâce aux prouesses de la technique, « tout devient possible » (dixit M. SARKOZY), des in vitro, des gestations pour autrui et des façons joyeusement innovantes d’inséminer la femme. Il reste que biaiser avec la parentalité ne saurait être innocent et inoffensif.
Voyez l’état dans lequel arrive la famille aujourd’hui, et rien n’est fait pour que ça s’arrange. Couples divorcés, familles monoparentales, familles recomposées, fratries de demi-frères et de demi-sœurs, des beaux-pères et des belles-mères comme s’il en pleuvait, comment les gamins peuvent-ils s’y retrouver ?
Et qu’on ne me dise pas qu’ils s’y retrouvent très bien. On s’en sort peut-être, mais à coups de « conseillers » et de « psys » divers pour soigner les troubles qui en découlent. L’état actuel de la « famille » est un assez bon révélateur de la désagrégation progressive de la notion même d’arbre généalogique et de la déliquescence de l’atmosphère dans laquelle baigne le gamin.
Alors bon, oui, on peut encore ajouter du dissolvant dans l’eau du bain, et c'est sans doute ce qui arrivera tôt ou tard. Mais merci de ne pas essayer de me faire croire que c’est BIEN, et de ne pas accuser le législateur français de RETARD en la matière. Il ne refuse pas un PROGRÈS, comme certains osent le prétendre : il est comme un certain village qui « résiste encore et toujours à l’envahisseur ». Mais fi donc ! Les Gaulois n’étaient qu’un tas de vils REACTIONNAIRES ! Qu’ils crèvent ! C’est fait.
08:10 Publié dans BOURRAGE DE CRÂNE, DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homosexualité, sexualité, mariage gay, littérature, homosexuels, gay pride, village gaulois, réactionnaire, famille recomposée, famille monoparentale