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dimanche, 07 août 2011

LA DROGUE C'EST MODERNE

Le jazz, c’était évidemment une porte d’entrée. C'était un trompe-l'oeil, si vous voulez. En fait la question, c’est : « Comment vivre ? ». En fait, ça veut dire : « Comment vivre sans béquille ? ». C’est vrai, quoi ! Aucune société humaine n’a jamais fonctionné sans drogue. Il n’y a donc rien de nouveau. Rien ? Ah si, pourtant !

 

 

Si vous avez lu L’Herbe du diable et la petite fumée, de CARLOS CASTANEDA (éditions Le Soleil Noir), ce peut-être ethnologue qui raconte dans une longue suite d’ouvrages soi-disant spécialisés ses rencontres avec DON JUAN MATUS, ce peut-être sorcier Yaqui qui l’a adopté pour lui transmettre son « savoir », vous savez déjà qu’avec l’herbe du diable, il s’agit du Datura, un poison violent à l’état naturel.

 

 

C’est pourquoi il faut le préparer longuement, le faire macérer, chauffer, et tout et tout, avant de le rendre consommable, de façon aussi à ce qu’il produise tous ses effets. Après la séance, CASTANEDA demande à DON JUAN : « Est-ce que j’ai vraiment volé ? ». Il faut dire que dans son « trip », il s’est transformé en corbeau et qu’il en a vu du pays, et vu d’en haut. Apparemment, il en tenait une bonne ! J’ai lu trois ou quatre volumes (Voir, Le Voyage à Ixtlan, et Histoires de pouvoir, il me semble). J’ai arrêté quand il a parlé d’un œuf lumineux qui prenait racine au milieu du ventre et surtout quand il a vu DON JUAN MATUS grimper sans effort à un arbre en serrant simplement celui-ci entre ses jambes. Qu’est-ce qu’il avait encore pris ?

 

 

Tout ça pour dire que les drogues, depuis toujours, sont l’objet d’un savoir : le sorcier de la tribu est d’abord un excellent botaniste et un excellent chimiste, qui connaît la recette. Autant dire aussi que de tels « produits » ne s’absorbent pas n’importe quand et n’importe comment. Il y a partout des règles d’or, des moments. Quand la vie était encore ritualisée, on appelait ça comme ça : des rites. Ben oui, trop dangereux, vous comprenez. Il faut un cadre, une cérémonie, un ordre, quoi !

 

 

Mais c’étaient de vulgaires primitifs, ils n’étaient pas civilisés. Parce que nous, c’est bien connu, nous sommes LES civilisés. Les rites, c’était bon pour les ploucs, voyons. Moyennant quoi, on les a mis à la poubelle, tous, au motif que c’est ringard. N’exagérons pas : on en a installé de nouveaux, comme les bouchons le matin pour aller au boulot et le soir pour rentrer, le 20 heures de TF1, la plage en été. Mais il faut quand même dire que ça a moins de gueule, et surtout que c’est moins pittoresque.

 

 

Maintenant que la planète est devenue l’hypergigamarché que l’humanité attendait depuis le début, tout est devenu possible (vous n’avez pas oublié 2007 : « Ensemble, tout devient possible ! », et un peu plus tard : « Yes we can ! »). Et tout est devenu disponible, à commencer par les drogues, évidemment.

 

 

En passant, avez-vous remarqué qu’en matière de drogue, les occidentaux pratiquent une discrimination éhontée ? Il y a les autochtones, tout à fait licites et autorisées, et lourdement taxées d’ailleurs. Et puis il y a les immigrées, celles que la police pourchasse impitoyablement, enfin pas toujours très impitoyablement. « C’est injuste et fou, mais que voulez-vous qu’on y fasse ? » (Bien que l'ami GEORGES BRASSENS n'ait rien à faire ici).

 

 

D’un côté, les bonnes vieilles traditions. De l’autre le « fléau de la drogue ». COLUCHE (qui s’y connaissait dans les deux) en a fait un sketch, où le père complètement pété apostrophe son fils : « Géraaaard, alors monsieur fume du hakik ! ».

 

 

La vérité, c’est que si 100 % des Français ne sont pas drogués, c’est que c’est un apprentissage qui réclame un peu de temps, et que les bébés, puis les enfants sont souvent récalcitrants. Heureusement, à l’adolescence, vous êtes enfin en âge de comprendre qu’il faut se mettre au diapason de la société, et qu’il convient d’adopter les us et coutumes propres au pays qui vous a vu naître. Certains tardent à s’y mettre, mais c’est normal, dans toutes les classes il y a des cancres.

 

 

Ne vous faites pas de bile : ils y viendront. Forcément. Alors c’est vrai, dans le superhypergigamarché, ils n’iront pas au même rayon que les parents. On dit que les jeunes sont en révolte ! Ce qui est beau et magnifique, dans notre merveilleuse « société », c’est que la liberté est totale. Enfin, c’est une liberté particulière : c'est la liberté de choix ! Bon c’est vrai, c’est moins bien que la vraie liberté, la grande. Celle qui consiste à décider soi-même, en toute conscience, par volonté délibérée, de son propre sort. Par exemple de prendre la Bastille. Mais ce n’est déjà pas si mal, la liberté de choix.

 

 

(A suivre...)

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