samedi, 03 septembre 2011
LISEZ "LA BÊTE" de PIERRE BEARN
La Bête, de PIERRE BEARN est un petit récit très osé d’un auteur par ailleurs tout à fait estimable (poète, essayiste, romancier), récit supposé fait directement à l'auteur par la vieille femme que Sandrine est devenue au moment où il la rencontre. Ma foi, pourquoi pas ? Supposons donc que c'est vrai. Sandrine a donc 12 ans. Tout le monde la considère comme une vraie gourde. Sa mère est domestique, et cherche toujours à se placer, car elle est dans la précarité. Il s’avèrera que la gourde, c’est elle en définitive, car elle n’a aucune idée, et encore moins de pratique du monde dans lequel l’imaginaire de Sandrine évolue. Ici, le fossé des générations, c'est le fossé du sexuel. La mère bosse, la fille réfléchit, et pense à la vraie vie.
Il y a une cabane WC au fond du jardin. Elle est fascinée par Grand-Paul, qui bêche torse nu son propre jardin de l’autre côté de la clôture. Elle s’enferme dans la cabane, jusqu’à ce que l’autre s’approche et lui demande ce qu’elle attend de lui. Il se déboutonne, montrant sa « bête » en pleine glorieuse érection. Il ne tarde pas à se masturber sous ses yeux en prenant bien soin qu’elle ne perde pas une miette du spectacle, excepté la "crise" finale.
Il lui raconte ensuite le manège de sa voisine ; puis ses ébats avec une paysanne qui régulièrement se frottait le bas du ventre contre le manche de sa bêche ; une cueillette de cerises avec la dite voisine, en haut d’une échelle, en compagnie de deux fillettes : elle prend plaisir à cueillir vêtue de son seul jupon, les fesses et le sexe à l'air presque libre, provocatrice, en toute impudeur. Grand-Paul est au supplice ; il monte ; elle en profite alors pour se saisir de « la bête » et la manier sous les yeux des fillettes stupéfaites, puis ordonne à une des fillettes de monter en face de l’homme et lui fait empoigner la "bête" pour finir la besogne. Il raconte ça en même temps qu'il se finit.
Puis elle doit suivre sa mère, embauchée chez un banquier. Elle va à la plage avec deux garçons et une fille déjà déniaisés qui se livrent à quelques petits jeux dans une cabine (cunnilingus de Robert à Simone). Il y aura un jeu entre elle et le banquier, sur la base, tout d’abord, du « bain de monsieur », où il s’aperçoit qu’elle l’observe par la fente du rideau, puis dans son bureau, où elle s’accroupit sous le meuble, pour une séance de travaux manuels. "Et bientôt, tout le corps de l'homme éclata dans mes doigts gantés de miel". Est-ce que ce n'est pas bien dit ?
Puis on assiste au jeu avec le « frère de monsieur », obligé de coucher dans le même lit qu’elle et qui se couche nu. Il glisse sa « bête » entre les cuisses de Sandrine et se satisfait, éjaculant sur la cuisse. Elle retrouvera Grand-Paul, car la situation devient compromettante pour le banquier, qui congédie la mère. Un soir, elle passe de l’autre côté pour lui faire une branlette en direct. Il y aura encore un conducteur de charrette un jour de pluie. Assise entre sa mère et lui, elle tend la main, à l’abri de la bâche caoutchoutée, vers sa « bête », qu’elle va faire à son tour dégorger.
Bref, une fillette avertie en vaut deux, pourrait-on dire. En tout cas, elle peut à présent passer son brevet de pilote, parce qu'elle n'ignore rien du maniement du manche à balai. Pardon pour la facétie, un peu vulgaire, je le reconnais volontiers.
Bref, un récit d'initiation à la vie fort élégamment conduit et écrit. Je persiste à appeler cela de la littérature, tant c'est écrit dans une belle langue. J'imagine que Sandrine, si elle a existé, a raconté à l'auteur la suite de ses aventures. Mais si c'est le cas, il a gardé cette suite pour lui. Dommage que le texte soit un peu salopé par des négligences parfois grossières de l'éditeur (Editions Blanche, 2001).
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