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jeudi, 12 avril 2012

HARO SUR L'HUMANITAIRE !

La France est un pays merveilleux, c’est entendu, le monde entier nous l’envie. Les Français sont des gens merveilleux, c’est entendu, le monde entier nous les envie. Même que beaucoup d’étrangers voudraient devenir des Français, ou à tout le moins travailler sur le territoire des Français. A défaut d’en trouver, ils voudraient bien avoir un toit au-dessus de leur tête, en France.

 

 

Mais rendez-vous compte : il n’y a même pas besoin de ne pas être Français pour ne pas avoir de travail et pour ne pas avoir de logement. Ceux qui sont dans ce cas s’appellent selon les cas des « chômeurs » ou des « sans-domicile-fixe ». On est prié de n’appeler « sans-papiers » que les étrangers entrés irrégulièrement.

 

 

A ces diverses catégories de l’humanité s’ajoute la cohorte de ceux qui vivent dans des taudis, des immeubles pourris et insalubres. Appelons-les des « mal-logés », ou « sans-logement-décent ». En ajoutant tout ça, ça finit par faire beaucoup, vous ne trouvez pas ?

 

 

Heureusement, nous sommes en France, pays renommé pour le « bon-cœur » de ses habitants, « bon-cœur ». Il suffit donc de faire appel au bon cœur des Français pour trouver aide et réconfort. Je traduis : pour trouver de l’argent. Etonnant comme l’argent à lui seul est capable de procurer aide et réconfort. Alors on ne se prive pas d’en demander. Ce genre  de demande est devenu une habitude, presque une coutume, bref : un réflexe.

 

 

Je signale en passant un détail assez piquant : personne n’aurait l’idée d’appeler de telles demandes des « quêtes ». La quête, c’était bon pour le curé, le dimanche à l’église. C’est dépassé. Désormais, cous l’avez sûrement noté, il est plus décent de parler de « collectes ». Après tout, on parle bien de « collecte des impôts ». C’est peut-être pour rassurer la population, toujours si à cheval sur le bon usage des « deniers publics ».

 

 

Le motif des « collectes » est toujours noble, on l’appelle une « cause ». Organiser une « collecte », quelle que soit la « cause », sanctifie celle-ci automatiquement. Les promoteurs s’intronisent pacifiquement « défenseurs de cause ». Et des « causes », il y en a pour tous les goûts, des vertes et des pas mûres, mais aussi des opulentes, des arrivées à maturité, resplendissantes d’insolente santé, la « cause » fût-elle celle des maladies les plus graves. 

 

 

Dans ce tableau de la générosité humaine, nous allions oublier celui sans lequel rien ne serait possible, la cheville ouvrière, le héros modeste, l’obscur et indispensable sans-grade des modernes batailles humanitaires, j’ai nommé : LE BÉNÉVOLE. L’espèce tend à proliférer depuis quelques décennies. Certains la considèrent comme invasive.

 

 

Le bénévole, au sens propre, c’est « l’homme de bonne volonté ». Paix sur la terre à lui et à ses semblables. Longue vie au bénévole. Qu’il soit béni jusqu’à la septième génération. Lui au moins, il donne. Il donne de son temps. Il donne de son énergie. En un mot, il donne de lui-même. Sans rien attendre en retour. C’est beau, c’est grand, c’est généreux, comme disait le Général DE GAULLE, quoique dans un contexte tant soit peu différent.

 

 

Il est à noter que le bénévole n’évolue jamais en solitaire dans son milieu ambiant, mais que son instinct le pousse au contraire à s’agglutiner en bandes, au sein d’un groupe de congénères. Les ethnologues ont appelé ces agglutinats des « associations ». Ils ne sont, à ce jour, pas arrivés à établir le principe qui préside à leur naissance, mais penchent pour une forme de « génération spontanée ».

 

 

Car des associations, il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs. La race se caractérise par un polymorphisme exacerbé, au point qu’on peut affirmer qu’il n’en existe pas deux pareilles. Certains en estiment le nombre, en France, à 1.000.000.000 ; d’autres n’hésitent pas à franchir le cap du double. L’internet n’est pas une science exacte.

 

 

Ce qui est certain, c’est que la race est en perpétuelle évolution et a subi diverses mutations, somme toute relativement récentes. Le développement le plus notable des dernières décennies est l’explosion des associations « sans frontières », qui se donnent pour mission d’exporter en « kits mains libres », qui des médecins, qui des reporters, qui des avocats, qui des sportifs, qui des pharmaciens. Il existe même des « clowns sans frontières ». Vous pouvez vérifier.

 

 

Si l’on ajoute au bénévole ses deux excroissances, l’ « association » comme main droite et le « sans frontières » comme main gauche, on voit émerger le grand mutant de l’évolution récente : L’HUMANITAIRE. Et là, je cesse de persifler, je reprends mon sérieux, car on a passé en revue, à peu de choses près, l’ensemble des données du problème.

 

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

 

A finir demain.  

 

 

jeudi, 22 mars 2012

QUE SERAIT LE MAL SANS L'HUMANITAIRE ?

Allez, j’ai bien envie de choquer, de heurter de nouveau quelques âmes sensibles et de bonne foi, mais tant pis. Voilà, il faut que je le dise : si le bénévolat et l’aide humanitaire pullulent aujourd’hui comme de la vermine, ça veut dire que le pire est en train d’accroître son emprise sur l’humanité.

 

 

L’humanitaire, le généreux, l’altruiste et le bénévole, enfin tout ce qu’on regroupe souvent sous le terme générique « les associatifs », sont nés il y a moins d’un demi-siècle (je ne parle pas des « grands anciens », genre Croix-Rouge), et depuis un demi-siècle, ça s’est mis à proliférer, au point, aujourd’hui, d’occuper le devant de la scène.

 

 

La Syrie donne un assez bon exemple de la place exacte qu’occupe  l’humanitaire dans la réalité, tout à fait différente de la surface médiatique que les acteurs de la propagande humanitaire s’efforcent de lui donner.

 

 

On voit ici les grands principes venir s’échouer comme une vaguelette mourante sur la falaise de la réalité économique, politique et géopolitique, qui n’a jamais été mue par les sentiments, au grand dam de nos modernes croisés des droits de l’homme.

 

 

La gesticulation humanitaire est évidemment destinée aux caméras de télévision, autrement dit, à « l’opinion publique ». Ce n’est ni plus ni moins que de la propagande. On me dira que c’est pour la bonne cause. Ça reste à voir.

 

 

MICHEL COLUCCI, dit COLUCHE, affirmait que les « Restos du cœur » auraient gagné la partie le jour où ils disparaîtraient. Et il avait bien raison : cela aurait voulu dire que le problème à l’origine des « Restos du cœur » a tout simplement, lui aussi, disparu.

 

 

Or que voyons-nous, d’année en année ? La demande d’aide à la simple survie explose. Pas seulement pour le « droit au logement », pas seulement pour le « droit au travail ». Mais pour le droit de manger à sa faim. Non seulement le problème n’a pas disparu, mais il s’est aggravé, et il ne cesse de s’aggraver, comme poussé par une force maléfique irrésistible.  

 

 

On ne compte plus les quêtes pour la « banque alimentaire », les « sans abri » et autres associations à but caritatif. Dites, ça ne vous impressionne pas, que le caritatif explose comme jamais, que la bienfaisance mobilise en masses toujours plus compactes,  que le tsunami de la bonté referme sa mâchoire en acier humanitaire sur le malheur des gens ? Moi, je me permets de trouver ça louche.

 

 

Et j’ai fini par me poser une question incongrue, voire scandaleuse : « Est-ce que par hasard ce n’est pas à cause des « restos du cœur » que la situation devient pire de jour en jour ? ». Ou plutôt, est-ce que ce n'est pas parce qu'ils existent, et que certains malintentionnés savent qu'ils existent, que ça s'aggrave ? On pourrait appeler ça les « effets pervers de la bonne volonté ». 

 

 

La vraie question ?  « Il y a des margoulins prêts à tout, pour qui COLUCHE et ses semblables fonctionnent comme des PERMIS DE NUIRE, car ils voient qu'il y aura toujours, quels que soient leurs forfaits, « les gens de bonne volonté », « la société civile », « les associations » pour réparer les dégâts qu’entraînent leurs activités trop salopes pour être avouées ».

 

 

Est-ce que ce n’est pas à cause de l’existence d’un tissu associatif de plus en plus serré et préoccupé de la « solidarité » que des gangsters sont en train de se dire : « Tranquille, Mimile, on peut y aller à fond les manettes, ils n’ont encore rien vu ». COLUCHE, mais avant lui KOUCHNER & BRAUMAN (et avant eux HENRI DUNANT) ont inventé la petite cuillère du bon cœur à vider la marée montante de la haine et du mépris.

 

 

Car disons-le, l’humanitaire et le bénévole sont profondément bêtes par nature. Intrinsèquement bornés. Viscéralement obtus. Bon, quelqu’un a dit : « Heureux les pauvres d’esprit, car le royaume des cieux est à eux ». Ne soyons donc pas moins miséricordieux que la miséricorde.

 

 

Non, je n’insulte personne, je dis les choses comme elles sont. L’humanitaire et le bénévole sont exactement comme le cycliste dans l’ascension du Tourmalet : ils ont le nez dans le bitume juste devant la roue, et rien d’autre. Le paysage, connais pas. Le bitume, on appellera ça le « terrain ».

 

 

On appellera le paysage « compréhension de la situation », comme une carte, qui sert à comprendre un territoire. L’humanitaire, lui, a le nez dans le bitume, le terrain, il est celui qui se trouve ou se rend « sur-le-terrain ». Il sert à ça : ne pas comprendre. Il sert tout au plus à taper à l'émotion. L'humanitaire, c'est le tripal et le lacrymal.

 

 

A cet égard, l’humanitaire et le bénévole ne sont rien d’autre que les alibis du système en place. Ils sont les avatars modernes des Dames Patronnesses qui, autrefois, avaient « leurs pauvres », qu’elles visitaient et dont elles s’efforçaient, gentiment apitoyées, de « soulager le sort misérable ». Et qui permettaient au système de se conforter, aux inégalités criantes entre richissimes et misérables de perdurer.

 

 

Je manque peut-être d’esprit de tolérance, mais je n’ai pas l’intransigeance absolue et terrible de LEON BLOY. S’il arrivait à des humanitaires la même chose qu’aux aristocratiques dames patronnesses mortes dans l’incendie du Bazar de la Charité (130 morts), le 4 mai 1897, je n’irais certes pas jusqu’à écrire, comme le « mendiant ingrat » dans son Journal :

 

 

« J’espère, mon cher André, ne pas vous scandaliser en vous disant qu’à la lecture des premières nouvelles de cet événement épouvantable, j’ai eu la sensation nette et délicieuse d’un poids immense dont on aurait délivré mon cœur. Le petit nombre des victimes, il est vrai, limitait ma joie » (lettre du 9 mai).

 

 

 

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Il fallait oser. Mais c'est vrai que la charité, le caritatif et tout ce qui y ressemble, ne sont qu'un sinistre bazar.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.