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jeudi, 05 avril 2012

BOUALEM SANSAL CONTRE L'ISLAMISME

Là commence l’errance du frère aîné, qui veut refaire tout le père-iple du père, parce qu’il veut comprendre. Comprendre qui c’était, comment il a fait pour devenir ce qu’il fut, rouage dans une machine à exterminer pour commencer, pour finir « cheikh » respecté dans un minuscule bled algérien, où il est finalement massacré.

 

 

Le livre n’est pas seulement raté parce qu’il est « à thèse », mais aussi à cause de la forme de « journal » que l’auteur a choisie : le frère aîné, doué et brillant, rédige le journal de sa quête à la recherche du père dans une langue très maîtrisée ; mais le cadet, qui a failli virer voyou, en tenant lui-même son journal, ne peut espérer fournir au lecteur des outils d’analyse un peu sophistiqués, sous peine que le récit perde totalement en crédibilité : son niveau d’instruction l’interdit. Il en reste à l’instinct, aux réflexes primaires.

 

 

Ce qui manque donc au livre, pour devenir satisfaisant, c’est un point de vue englobant, plus élevé, capable d’entrer dans la question avec un peu de subtilité et d’intelligence. C’est tout à fait regrettable, car du coup, le récit reste à l’état de rudiment.

 

 

L’aîné, qui découvre la Shoah, a mené un recherche jusqu’au bout, pour « comprendre », comme dit le commissaire du quartier, Com’Dad, une recherche qui l’a conduit au suicide par asphyxie aux gaz d’échappement dans son propre garage. Il doit, comme il dit, « payer sans faute », pour son salaud de père.

 

 

Il faut bien dire que l’exposé de la découverte du nazisme du père par le fils a quelque chose de terriblement scolaire. L’auteur nous inflige ce que tout le monde sait sur des pages et des pages, et ne craint pas de donner l’impression d’un cruel ressassement.

 

 

Là où le récit acquiert de la force, à peu près au centre du livre, c’est quand Rachel explique la logique des nazis « de l’intérieur », comme un processus industriel rationnellement mis en place et en œuvre. L’examen froidement méthodique des capacités respiratoires d’un bébé et d’un adulte pour calculer les quantités de gaz « zyklon b » et le temps qu’ils mettront à mourir dans la chambre à gaz a quelque chose d’hallucinant, et pour tout dire, de très « culotté ».

 

 

Mais la thèse de BOUALEM SANSAL est découpée à la hache : que ce soit en Algérie ou dans les banlieues françaises, les islamistes djihadistes préparent pour l’humanité un système comparable à celui que les nazis ont fait subir au peuple juif, aux tziganes et à toutes sortes de « dégénérés » et d’ « Untermenschen ».

 

 

L’équation « islamistes = nazis » est aussi carrée que ça. Ce que confirme BOUALEM SANSAL lui-même, interviewé sur Youtube ou Dailymotion. On en pense ce qu’on veut évidemment. Par exemple, en Tunisie, RACHED GHANNOUCHI, le chef du parti islamiste Ennahda, a annoncé qu’il renonçait à inscrire la charia dans la constitution. En Egypte, ce n’est pas gagné, loin de là.

 

 

En tout cas, ce qui est clair, ce qui est sûr, c’est que, dans de nombreux pays musulmans, et à un moindre degré dans certaines banlieues françaises, des individus fanatiques, des groupes de musulmans extrémistes s’efforcent de grignoter du terrain jour après jour sur le territoire de la République. Et je n’ai qu’à moitié confiance, pour ce qui concerne la France, dans un gouvernement quel qu’il soit pour faire face au problème.

 

 

S’il y a un problème, ni MITTERRAND, ni CHIRAC, ni JOSPIN, ni SARKOZY ne l’ont résolu. Et ça fait trente ans que ça dure. Ça a commencé quand l’Etat français a démissionné de ses responsabilités en abandonnant la gestion « sociétale » (religion, activités culturelles ou sportives, etc.) des populations musulmanes aux « associations ». C’est-à-dire aux musulmans eux-mêmes. Les gouvernants auraient voulu entretenir un bouillon de culture anti-français, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Appelons ça de la lâcheté, et puis n’en parlons plus.

 

 

Et Monsieur NICOLAS SARKOZY a la mirobolante idée de fusionner les Renseignements Généraux et la DST pour faire la DCRI (donnée à son pote SQUARCINI) en même temps que des économies, deux services qui n’avaient ni la même finalité, ni le même mode de fonctionnement, ni la même « culture ».

 

 

Cela donne la catastrophe policière du groupe dit « de Tarnac », et cela donne la catastrophe policière et humaine de MOHAMED MEHRA, à Toulouse et Montauban. Encore bravo. Au fait, pourquoi le tireur d’élite a-t-il reçu l’ordre (on ne fait pas ça sans en avoir reçu l’ordre exprès) de viser la tête ? Est-ce que ça ne serait pas pour l’empêcher de parler ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

mercredi, 04 avril 2012

UN ALGERIEN JUGE LES ISLAMISTES

Je viens de lire Le Village de l’Allemand, de BOUALEM SANSAL. Pourquoi, me dira-t-on ? Eh bien l’occasion s’est présentée lors d’un précédent article au sujet de l’Islam. On trouve sur Internet un certain nombre de vidéos. J’ai visionné à tout hasard une interview de l’auteur, à propos de cet ouvrage, paru en 2008.  

 

 

Le journaliste lui demandait s’il n’exagérait pas en faisant dans son livre un parallèle strict entre les islamistes algérien des GIA et les nazis des camps de la mort. L’auteur répond par la négative : il voit dans le projet des musulmans les plus radicaux (les « djihadistes ») se profiler une vision totalitaire de la société.

 

 

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J’ai voulu en avoir le cœur net, en lisant le bouquin. Intuitivement, j’ai tendance à lui donner raison (voir le prêche plein de bonnes intentions totalement inopérantes (« nous devons nous maintenir vigilants ») d’ABDELWAHAB MEDDEB dans Libération du 2 avril, où il prononce lui-même le mot de « totalitaire », sans être forcé).

 

 

Ceci n’est pas exactement une note de lecture, et pour une raison simple : sur le plan romanesque, le livre est assez raté, alors que, par son sujet, il pose une question grave.

 

 

Comme bien souvent, quand un romancier se lance dans un livre « à thèse », le résultat est littérairement décevant, quand il n’est pas carrément nul. L’art fait toujours (ou presque) mauvais ménage avec la démonstration. Et aussi avec le militantisme. Car Le Village de l’Allemand (2008, disponible en Folio) est un roman « engagé ».

 

 

L’auteur s’insurge en effet, très fortement, contre l’infiltration de « guerriers » de l’Islam dans les banlieues françaises, depuis un certain (?) nombre d’années. On ne peut pas lui donner complètement tort. MARINE LE PEN a évidemment tort de souffler sur les braises des antagonismes, mais il y a de la vérité quand elle parle de « fascisme vert ».

 

 

Oui, il y a des « fascistes verts » en France. Que leur nombre (très faible) fasse « courir un risque à la République », c’est un fantasme d’une autre paire de manches, dont je me garderai de franchir le pas (comme dirait le Maire de Champignac). Mais on ne peut nier qu’il y a en France, aujourd’hui, des fanatiques.

 

 

Leur objectif est d’étendre leur emprise à visée totalitaire sur des parties de la population, disons pour aller vite, « d’origine maghrébine ». Ils se considèrent comme des soldats en guerre contre la civilisation européenne. J’en reparlerai prochainement.   

 

 

Alors le bouquin de BOUALEM SANSAL, maintenant. Rachel et Malrich sont deux frères, nés de mère algérienne et de père allemand. Aïcha Majdali, du village d’Aïn Deb, a épousé Hans Schiller. Rachel est la contraction de Rachid et d’Helmut ; Malrich, celle de Malek et Ulrich. La vraisemblance de tout ça est relative, mais enfin bon.

 

 

Le père pourrait s’appeler le père-iple, tant sa trajectoire est compliquée, avant de débarquer dans ce tout petit patelin. Il fut officier SS, en poste dans différents camps de la mort. A la Libération, il suit une filière compliquée d’exfiltration des anciens nazis, qui passe par la Turquie, l’Egypte, et qui l’amène en Algérie, où il rendra quelques « services », avant d’être remercié et de prendre une retraite bien méritée, sous le nom de Hassan Hans, dit Si Mourad. Bon, pourquoi pas, après tout ?

 

 

L’action du bouquin se passe pendant la sale guerre que se livrent le gouvernement algérien et les islamistes du GIA (60.000 à 150.000  morts selon les sources). C’est dans cet affrontement que le couple arabo-allemand est massacré, dans une tuerie collective nocturne. Rachel fait le voyage, et tombe sur les papiers laissés par son père.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

J’ai essayé de faire court, mais ça finit demain.

 

samedi, 24 mars 2012

L'ISLAM DE FRANCE : UN MYTHE ?

Résumé : l'espace public, en France, est envahi par des controverses autour de l'islam. Pour le citoyen ordinaire (et athée) que je suis, l'air est contaminé par des débats de nature insupportablement religieuse.

 

 

J’entends déjà les chiens de garde, souvent de gauche, hurler à l’islamophobie. Fausse route, selon moi, les amis ! Il n’y a pas d’islamophobie en France, qu’on se le dise. Et ce n’est pas les profanations de tombes musulmanes (mais surtout juives, soit dit en passant) qui me feront changer d’avis.

 

 

Ou alors, pour être équitable, et puisque le joli terme de phobie a tant de succès de nos jours, si certains disent qu’islamophobes nous sommes, il faut qu’ils reconnaissent la part de christianophobie, voire de francophobie (siffler la Marseillaise lors d’un match de football France-Algérie), et même de sémitophobie, qui anime ces islamophiles et un certain nombre de musulmans. C'est une vraie question : les musulmans de France sont-ils antisémites ou non ? Combien y a-t-il de francophobes ?

 

 

C’est une histoire de réciprocité. Au moment où les Européens sont mis en demeure de construire des mosquées, j’attends qu’on me dise combien d’églises catholiques, combien de temples protestants, combien de synagogues ont été construits en terre d’Islam depuis cinquante ans. Il me semble que dans les pays à majorité musulmane, tout ce qui est chrétien a tendance à être pourchassé (même racine latine que persécuté). Le nombre de chrétiens qui en ont été chassés me laisse augurer le pire. De quel côté est l’intolérance, nom de dieu ?

 

 

Si les européennes qui vont visiter l’Arabie saoudite sont obligées de se couvrir, qu’attendent les Européens pour exiger que les femmes arabes qui débarquent en Europe enlèvent leur voile, montrent leurs cheveux ou portent un chapeau ? Qu’attendent les Européens pour exiger l’application de la très simple règle de la RÉCIPROCITÉ ? Je ne vois aucune raison pour la refuser.

 

 

Les musulmans, dans cette circonstance, adoptent – et je trouve ça révélateur d’un « mode d’être » – la même stratégie que les homosexuels et les féministes : d’une part la revendication de droits, souvent agressive, et d’autre part les hurlements d’orfraie face à des « phobies » supposées, le plus souvent purement imaginaires, mais bien commodes quand on est devant les tribunaux, pour prendre la posture de la victime.

 

 

Car c’est un autre point commun, que PHILIPPE MURAY nommait très justement « l’envie du pénal », qui pousse tous ces gens à demander que justice leur soit publiquement et officiellement rendue par l’autorité judiciaire. Une justice où les dédommagements pécuniaires sont rarement refusés. 

 

 

J’aimerais cependant que tous ces gens qui crient qu’ils souffrent collectivement de l’injustice qui leur est faite, aient quelque chose de positif à proposer. C’est vrai ça, ils demandent, réclament, revendiquent, se répandent sur les ondes en considérations fielleuses, en proclamations atrabilaires, en protestations négatives. Vous n’avez pas remarqué l’uniformité de ce ton agressif et mécontent ? Ceux qui exigent du respect de la part d'autrui devraient s'attendre à ce qu'autrui exige, là aussi, la RÉCIPROCITÉ.

 

 

J’aimerais demander à tous ces individus (ne parlons pas du caractère le plus souvent collectif et « identitaire » (nous les …) des revendications) qui s’estiment lésés de quelque manière dans la façon dont les autres les considèrent dans la société, s’ils ont si envie que ça de vivre avec ces autres. Ils réclament beaucoup de ces autres, mais eux, qu’ont-ils à leur offrir ? Quel est leur projet de vie en commun avec eux ? Que souhaitent-ils leur apporter dans l’existence collective ? En quoi de concret consiste leur projet de vie en société, s’ils en ont un ?

 

 

J’aimerais à l’occasion entendre sortir de leur bouche des propos enfin POSITIFS. Il faut dire que c’est lassant, à la longue, d’entendre seriner, de « débat » d’idées en « débat » de société, les aigreurs d’estomac de ces soi-disant « mal-aimés ».

 

 

Dans la circonstance présente, où je retiens quand même que c’est un homme qui s'appelle MOHAMED qui a commis les crimes, il ne s’agit évidemment pas de « stigmatiser » tous les basanés musulmans de France. Les responsables de tout bord savent trop le risque qu’ils prendraient à allumer une mèche qui ferait exploser quatre millions de personnes, où quelques allumés du bulbe jouent le rôle d'étincelle à retardement.

 

 

Il est important de ne pas étendre à tous les musulmans de France l’horreur qu’inspirent les crimes de MOHAMED MEHRA. Comme disent avec componction, la mine grave, les « responsables » politique, « il ne faut pas faire d’amalgame ». Quelques dizaines, sans doute pas beaucoup plus, la veulent, la guerre. Mais éviter de mettre tous les musulmans de France dans le même sac, ça ne suffit pas. Il faut de l'explicite, du concret, du positif.

 

 

MUSULMANS, vous voulez vivre en paix avec tout le monde ? MONTREZ-LE. Plutôt que de sauter comme des cabris en « mettant en garde contre les amalgames », allez-y, dénoncez MOHAMED MEHRA, proclamez qu’il contrevient au Coran, qu’il n’est pas musulman, je ne sais pas, mais dites, affirmez clairement que celui-ci n’est pas des vôtres, que vous ne faites pas partie de cette engeance. Dénoncez les extrémistes, salafistes ou djihadistes qui appellent à la guerre de civilisation.

 

 

Vous adhérez au mode de vie à l’européenne ? MONTREZ-LE. Désolidarisez-vous publiquement, collectivement et en masse de tout de qui en est la négation. Tiens, et si vous organisiez, pour tous les musulmans de France, une grande manifestation nationale à Paris, de Bastille à République, ou de République à Nation, pour affirmer que l’Islam est une religion de paix. Et pendant qu’on y est, que les Arabes de France ne sont pas des sémitophobes. Tiens, chiche !

 

 

Dites-le, que vous aimez la France et les Français. Et pour faire bonne mesure, dites-le, que vous aimez les juifs. Tiens, chiche ! Sacré défi, non ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mercredi, 07 mars 2012

LA SAINTE TRINITE DES ECOLOGISTES (suite)

Résumé : quelques héros des temps modernes ont décidé au péril de leur vie de reconquérir les campagnes désertées depuis l'exode rural. C'est difficile. A cause du bouton électrique qu'on ne peut pas s'empêcher d'actionner chaque soir quand il fait sombre. C'est plus qu'un fil à la patte : c'est un cordon ombilical. Comment pourrait-on se défaire du progrès technique ? Telle est la question, mon cher Watson.

 

Autant dire qu’elles (les choses) font partie de nous, et que s’en séparer reviendrait à s’amputer. On pourrait presque soutenir, dans bien des cas, que l’humain est devenu la prothèse de ses gadgets techniques. Vivement un bon stage de survie en milieu hostile, organisé pour tout le staff de l’entreprise, qu’on puisse se confronter aux conditions de vie et aux épreuves les plus rudes, et retrouver le vrai sens de l’existence. Ça nous rappellera les paras. Eventuellement sous l’œil d’une caméra de Koh Lanta. Avant de retrouver, content de soi, mais content que ce soit fini, le canapé et le four à micro-ondes. 

 

L’avers de la médaille, c’est donc une vie rurale restaurée dans ses « fondamentaux », une vie collective réhabilitée, mais sans les pesanteurs paysannes d’autrefois, il ne faut pas exagérer. On a gardé le goût libertaire pour le partage des valeurs, des joints et des femmes (là non, j’exagère d’exagérer et j’abuse d’abuser, quand même, que c’en est odieux et caricatural, mais je pense à certains reportages anciens de Cabu sur les « communautés » installées en Ardèche, reportages qui ne dédaignaient pas de donner là-dedans, ne serait-ce que pour rigoler). 

 

Le revers de la médaille, eh bien, c’est toujours ce foutu cordon ombilical qui nous lie à la société. C’est pénible à avouer, mais personne n’est vraiment arrivé à le couper. Les plus drôles, à cet égard, sont ceux qui reviennent régulièrement sur les plateaux de télévision pour dire qu’ils l’ont coupé, eux, le cordon ! Voyez le sieur Antoin, des lunettes je ne sais plus quoi, rescapé régulier des Maldives (à moins que ce ne soit des Marquises, de toute façon, il y a beaucoup trop d’eau pour moi). 

 

C’est tout le débat qui eut lieu en Corse à une époque : à côté de ceux qui se contentaient de vivre comme ils pouvaient et de ceux qui étaient ravis d’engranger les subventions, il y avait les modérés, partisans de l’autonomie, et les jusqu’auboutistes, fervents défenseurs de l’indépendance.

 

Soit dit en passant, il y avait les cumulards, autonomistes ou indépendantistes, qui ne poussaient pas le militantisme jusqu’à refuser les subventions. Il a bien fallu en rabattre, sur les ambitions premières, et se contenter d’une autonomie relative. Les « moines-ermites » de l’écologie, ils en sont là. 

 

Comme « il faut bien vivre, mon pauv’monsieur », on trouve un boulot dans le coin, dans le « milieu associatif », dans le secteur qu’il est convenu d’appeler « économie sociale et solidaire ». Je schématise, mais il y a de ça. Parce qu’un vrai métier, ça occupe de vraies journées bien remplies. Et ça suppose des répartitions des rôles moins consensuelles. Je suis méchant, je sais. J'ai mauvais fond, que voulez-vous. Mais ce n’est pas complètement faux, quand même. 

 

Parce que, dans ce qui reste du cordon ombilical, le fluide vital qui circule et dont on n’aime pas parler, ce n’est rien d’autre que le salaire, indispensable pour se payer les allumettes en vue de la flambée du soir et les abonnements au réseau internet et au téléphone portable. Il y a aussi l’eau et l’électricité, sans doute l’essence, bref, les conditions du maintien sur place. L’argent, quoi. 

 

Le choix du « Fils », ce choix de « descendre sur terre », de s’incarner dans la figure du « néo-rural », je le respecte. Ce n’est pas le mien, mais il ne me dérange en rien, puisqu’il ne me demande rien. Je le respecte d’autant plus qu’il suppose un tas de renoncements divers, sans doute coûteux. Ce qu’on appelle les « commodités » offertes par la ville, les facilités apparentes – il faudrait plutôt parler des tentations constantes. Le « mouvement », la vitesse, le bruit, le nombre, les meubles ikea, qui donnent l’impression d’être la vie, et qu’on a tendance à prendre pour la vie. 

 

Je le respecte, ce choix, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il consiste, d’une certaine manière, à biaiser. « Puisque je ne peux pas changer le monde, dit cet écologiste-là, je vais changer de vie ». Pourquoi pas ? Biaiser, je ne suis pas contre a priori. Comme le chante Boby Lapointe : « Ça ne me mettait pas à l’aise De la savoir Antib(i)aise, Moi qui serais plutôt pour ». 

 

Mais que faire, quand se profile à l’horizon un aéroport pharaonique, comme par exemple, et depuis lurette, à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), sous les auspices du « socialiste » Jean-Marc Ayrault, camarade d’un certain autre « socialiste » du nom de François Hollande ? Le monde ne se laisse pas facilement oublier. La marée montante du « monde » guette le moindre « îlot de verdure ». Même si c’était une citadelle.

 

Moralité : l’écologiste du genre « moine-ermite », il fait rien qu’à biaiser. 

 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 06 mars 2012

LA SAINTE TRINITE DES ECOLOGISTES

Aujourd’hui, le « Fils ».

 

 

L’écologiste, aujourd’hui, présente de multiples visages. L’écologiste est devenu, en quelque sorte, un « Janus multifrons ». Parmi ces fronts multiples, il y en a quelques-uns qui ont le don, sinon de me courir sur le haricot, parce que, dans le fond, « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » (je cite le raffiné JACQUES CHIRAC en personne), du moins de laisser absolument intact mon scepticisme naturel.

 

 

Bon, c’est vrai que la société dans laquelle nous sommes immergés ne fait aucune place à l’écologiste. C’est injuste, mais c’est comme ça. Ça oblige celui-ci à rester souple. Mais là, ce n’est plus la souplesse du yoga, c’est du contorsionnisme. Je propose d’identifier, dans la nébuleuse écologiste, trois archétypes. Appelons-les, par exemple et au hasard, le « Père », le « Fils » et le « Saint-Esprit ».

 

 

Aujourd’hui, penchons-nous, sérieusement et tendrement, sur le « profil » du « moine-ermite », en qui le « Père » a mis toutes ses complaisances (traduction par le chanoine CRAMPON de la scène du baptême par Jean-Baptiste).

 

 

Comme dans les Evangiles, ce sera donc le « Fils », celui qui est « descendu sur terre », ou plutôt qui est « retourné à la terre ». Mes bien chers frères : « Tu retourneras en poussière », est-il dit quelque part. Comme il est dit ailleurs : « Ashes to ashes, Dust to dust, When the women don’t, The liquor must ».

 

 

Cette aimable phrase ouvre une version ancienne de Did’nt he ramble, par LOUIS ARMSTRONG et son groupe (le « hot seven »?). Je veux bien traduire en français, pour ceux qui ignorent le karakalpak et le monégasque : « Des cendres aux cendres, de la poussière à la poussière, si ce n’est pas les femmes, c’est l’alcool qui s’en chargera ». Amen.

 

 

Pour l'écologiste retourné à la terre, l’important, c’est de vivre « en accord avec ses principes », mais quand même pas jusqu’à la crucifixion. Ça veut dire, sans couper tous les ponts avec la société honnie, où l’on compte peut-être encore des amis, des parents. On achète et retape donc une vieille crèche dans un coin perdu. On en fait un lieu agréable et convivial. Le soir, comme il fait frais, on allume une belle flambée dans la belle cheminée. Avec des allumettes achetées à l’épicerie du bourg. Ça va plus vite que deux Solex, euh non, deux silex. C'est benêt, je sais, mais ça se veut une fine allusion au « retour à l'âge de pierre », dont la bouche des anti-écolo est pleine.   

 

 

L’écologiste est rejoint par quelques autres. Cela finit par former un « éco-village » (vérifiez, ça existe). Perdu au milieu de nulle part. Mais avec l’électricité. Pour la lumière quand il fait nuit, bien sûr, mais il faut pouvoir aussi rester en contact avec les autres « éco-villages » par internet. On est « modernes ». On a peut-être souscrit un abonnement « i-phone » si la « couverture » le permet. On a une forme de vie vraiment collective, tout simplement inimaginable en ville.

 

 

On cultive un sympathique potager qui fournit les légumes « bio ». On est peut-être végétarien, mais pas forcément. Certes, les paysans installés dans les alentours ne s’y sont pas encore mis, au « bio », mais à force d’en discuter avec eux, ils y viendront forcément. En attendant, ils aspergent leurs terres de saloperies, tout autour du potager « bio ». Il y a même l’eau courante. Sans doute fournie par Véolia ou Suez. Et puis, au cas où, on ne sait jamais, il y a un hôpital à distance raisonnable, une pharmacie, voire un supermarché.

 

 

Cela fait déjà quelques rudes concessions au système : on reste à part peut-être, mais pas trop loin quand même. De toute façon, difficile d’accoster à une île déserte dans un pays entièrement « civilisé », cartographié, quadrillé, n’est-ce pas.

 

 

Cela fait des concessions (des « contorsions » si l’on veut), mais en même temps, ça vous met, comme disent les conformistes, « en marge » de la société. C’est un « choix de vie », certainement. La distance ainsi prise avec, disons, le « monde connu », sans être infranchissable, est une séparation, et il faut la vouloir pour l’accepter. C’est évidemment une « cote mal taillée ».

 

 

Car il y a un cordon ombilical presque impossible à couper, c’est tout simplement le progrès technique : on est né et on a grandi dedans. Essayez de vous passer d’appuyer sur le bouton électrique quand vous rentrez chez vous, tiens. Pour voir ! Tant il est vrai que pour revenir à l’âge de pierre, il faudrait se dépouiller de tous ces choses qui, au cours du temps, se sont mises à nous entourer, au point de devenir indispensables. Indissociables même.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

 

samedi, 03 mars 2012

L'ECOLOGIE, C'EST VERT DE TERRE

Ce n’est pas parce qu’il y a désormais un « parti politique » dédié à l’écologie et à la défense de l’environnement, que l’état physique et moral de la planète a cessé de se dégrader. On pourrait même dire que, maintenant que les « verts » se sont constitués en « parti » (gaussons-nous, mes frères), c’est-à-dire en chose flasque inopérante, on va pouvoir enfin s’occuper de défendre l’environnement. Sans eux, surtout. Car il ne s’agirait pas que les gens qui ont à cœur de sauver leur petit bout de planète voient des « écologistes » venir leur marcher sur les arpions.

 

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Nous sommes d’accord : EVA JOLY n’est une bonne candidate écologiste à la présidentielle, qu’elle se mette de face ou de profil. J’imagine que si elle posait de dos à la façon de LOUIS ARMSTRONG pour la pochette d’un vieux 33 tours vinyle que j’avais aperçu dans les bacs de La Clinique du tourne-disque, rue Joseph-Serlin, c’est-à-dire complètement à poil, son corps ressemblerait sans doute (de loin et dans le brouillard, au crépuscule) à celui, impressionnant, du trompettiste et chanteur.

 

 

GROSSE.jpg 

EVA JOLY EN 1505

PORTRAIT PAR ALBRECHT DÜRER

 

Mais ce n’est pas parce qu’EVA JOLY ne ressemble pas à l’idée qu’on se fait des candidats à la présidentielle et des trompettistes de jazz qu’il faut cracher sur l’écologie. J’ai, quant à moi, été un écologiste à l’époque où la société se mettait l’index sur la tempe en disant « toc-toc » chaque fois qu’elle assistait à des actions menées au nom de la défense de l’environnement.

 

 

Je ne sais pas si l’expression « pylône de Heiteren » va dire quelque chose au lecteur. Pour situer dans le temps et dans l’espace, ça se passait avant la pose de la ligne à haute tension qui partait d’une modeste installation industrielle située dans un modeste patelin du nom de Fessenheim.

 

 

Ça vous revient, maintenant ? Cela pose un homme, n’est-ce pas ? Je suis rapidement devenu beaucoup moins écologiste, quand je me suis dit qu’il aurait fallu se mettre à militer. Et ça, c’est plus fort que moi : je ne peux pas. Et Fessenheim ne sait plus quoi faire du fric que lui rapporte la centrale.

 

 

écologie, politique, eva joly, eelv, louis armstrong,

 

Pour être militant, il faut être militaire (la seule différence consiste en l’uniforme, et encore, il y a des militants, on les dirait sous les drapeaux), et ça, c’est au-dessus de mes forces. Il y a les œillères à se mettre, la discipline à se soumettre, la réduction du monde à opérer en l’une, toute petite, de ses parties. Tout militant réduit le monde à la dimension de son obsession. Tiens, ça pourrait faire un bon proverbe bantou, non ?

 

 

Travailler à faire triompher une « cause », quelle qu’elle soit, c’est rendre le monde plus étroit, et en même temps, se donner à soi-même la dimension démesurée du monde et de tous ceux qui « y croient ». Et j’ai perdu très tôt toute aptitude à la croyance, au point que ceux qui « y croient » me paraissent au mieux pitoyables, au pire dangereux.

 

 

Depuis le « pylône d’Heiteren » et la centrale nucléaire de Fessenheim, il faut pourtant bien dire que la situation globale de l’environnement naturel ne s’est pas améliorée, loin s’en faut. Tiens, savez-vous que dans l’Etat de Coahuila, au Mexique, région aride s’il en est, certains gros entrepreneurs n’ont rien trouvé de mieux que d’élever 300.000 vaches laitières, qui produisent annuellement 7.000.000 de litres de lait ?

 

 

Pour fabriquer des prairies en zone quasi-désertique, on tire en masse la flotte du sous-sol. Mais il faut savoir que celui-ci est naturellement riche en arsenic. Ensuite, c’est mathématique : vu la surexploitation agricole de la ressource, la baisse du niveau des nappes phréatiques fait monter le taux d’arsenic dans l’eau que les gens boivent.

 

 

Résultat, il a fallu couper une jambe à MANUEL SUNIGA : « L’arsenic dans mon sang a d’abord affecté l’ongle de mon pied, puis ma jambe est devenue noire ». En plus, les vaches mexicaines sont des pisseuses de lait de la race Holstein.

 

 

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LA PISSEUSE VOUDRAIT REVOIR SA NORMANDIE

 

Je ne vais pas parler de la déforestation, du réchauffement climatique, de l’empoisonnement des sols par les industries « agro-alimentaires », de l’empoisonnement de l’air et de l’eau, des conséquences de l’usage des somnifères sur la durée de vie (voir la presse, ces derniers jours).

 

 

Je fais seulement observer que l’évolution vers un monde de plus en plus radicalement invivable (et pas seulement en restant dans le registre environnemental) s’est faite envers et contre tout, posément, pas à pas, implacablement. L’action des écologistes, de ce point de vue, débouche sur un échec retentissant. Cuisant si vous voulez.

 

 

Les écologistes sont la petite cuillère qui a pour ambition de vider la mer. Ou alors, pour reprendre un petit conte que j’ai beaucoup entendu ces temps-ci, ils sont le colibri qui se démène comme un malade pour aller jeter sa goutte d’eau sur l’incendie qui fait rage. Je ne crois ni à la petite cuillère courageuse, ni au colibri sauveur.

 

 

Je ne suis pas non plus de ceux qui traitent les écologistes de « khmers verts » (je crois bien que c’est GERARD COLLOMB, le « grand-maire » de Lyon) ou d’ « ayatollahs de la nature ». Il y a bien, parmi eux, des tendances à vouloir faire régner une sorte d’ « ordre naturel », à vouloir régenter la vie des autres. Mais si l’on veut faire l’inventaire de toutes les vocations policières qui ont aujourd’hui le vent en poupe, on n’a pas fini. En tout cas, le poids qu’ont pesé les écologistes dans la marche du monde depuis quarante ans, c’est « peau de balle et balai de crins ».

 

 

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C’est très logique. Le « petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur », c’est rigolo, ça fait plaisir, ça fait même rire. Mais dans le monde réel, il n’y a pas de potion magique. La logique veut – car nous sommes dans le monde capitaliste – qu’une complicité de nature fasse de l’argent et du pouvoir des alliés indéfectibles.

 

 

A cet égard, l’accès de NICOLAS SARKOZY, l’ami du Fouquet’s et du yacht de BOLLORÉ, à la présidence n’a rien d’incompréhensible. Si c’est particulièrement caricatural, c’est aussi pleinement logique. Même le très écologiste JACQUES CHIRAC n’avait pas beaucoup d’amis qui fussent pauvres. C’est d'ailleurs pour ça que, après avoir sans discontinuer, squatté les palais de la République (et je ne compte pas les entourloupes autour du château de Bity), il est en train de finir ses jours dans le luxueux appartement de la famille HARIRI.

 

 

L’écologie, c’est sûr, il y a à boire et à manger, à prendre et à laisser. Il y a de la chèvre et du chou. On ne peut pas tout avoir. A chaque jour suffit sa peine. Après la pluie le beau temps. On va le payer. Je ne vous le fais pas dire. Ainsi soit-il.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre...

 

 

* NOTE-A-BENNE : j'espérais ici même, le 1 mars, que l'humain resterait à jamais hors de la brevetabilité, c'est-à-dire hors de l'appropriation privée. Il faut croire que je suis encore un grand idéaliste, autrement dit, un naïf. Les laboratoires du monde entier, en réalité, sauf le Généthon, sont lancés dans une concurrence effrénée pour des séquences synthétiques d'ADN humain. Du vendable qui rapporte. Le champion de ce type de recherche s'appelle JOHN CRAIG VENTER. A suivre aussi.

 

 

vendredi, 24 février 2012

SAINT FIACRE HOLLANDE

LA VERITABLE ENFANCE DE NOS SAINTS POLITIQUES

 

 

INTRODUCTION

 

 

En cette période d’élections prochaines, il est bon de revenir sur la véritable carrière de quelques candidats qui briguent quelque poste exposé mais avantageux, et se présentent pour cela, courageusement, devant le tribunal du suffrage universel. Notons que, sans s’être donné le mot, tous ces candidats gardent sur une partie méconnue de leur carrière un silence de tous les instants.

 

 

Disons même qu’ils se gardent bien de s’en vanter. Allons-y carrément : de même que des héros célèbres (Tristan, Hercule, Gargantua, …) ont vécu ce qu’on appelle des « enfances », la plupart de nos saints politiciens, avant de tenir le haut du pavé médiatique, ont eu, eh oui, une sainte enfance.

 

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L'ENFANCE D'UN CHEF (nouvelle d'un certain J.-P. S.) 

 

Mais à la différence de ces saints héros (preuve qu’ils n’en sont sûrement pas), ils semblent l’avoir reniée, comme s’ils la considéraient comme une existence antérieure, sur laquelle la plus extrême prudence de parole doit être observée. A croire que cette existence première les couvrirait de honte si son déroulement effectif venait à être connu.

 

 

S’ils savaient, pourtant, toute la sympathie, toute l’empathie, toute la compassion, et disons-le toute la pitié qu’ils pourraient s’attirer de la part des foules, si celles-ci étaient mises au courant de la toute première partie édifiante de leur éminente carrière, ils ne tarderaient pas à commanditer de célèbres agences de communication publicitaire pour établir à leur juste valeur les « galops d’essai » qui préfigurent à jamais, à n’en pas douter, l’excellence future de leur parcours.

 

 

 

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SAINT FIACRE AVEC SA PELLE ET SON LIVRE

(à Saint Germain d'Auxerre)

 

Ayant déjà évoqué ces « galops », quoique trop allusivement, brièvement et fragmentairement, nous nous sentons le devoir de revenir, en les approfondissant, sur des trajectoires exceptionnelles, marquantes pour le genre humain tout entier, et pour tout dire, définitives. Des trajectoires aujourd’hui couronnées de la sainte appellation catholique de SAINT, même si les impétrants (mot désormais à la mode) se désistent de l’orgueil d’en réclamer le titre (toute fausse modestie mise à part, je trouve que cette phrase est assez bien tournée).

 

 

AUJOURD'HUI : SAINTE ENFANCE DE FRANÇOIS HOLLANDE

 

 

 

Nous commencerons la revue de ces célébrités trop modestes, par un coup d’œil jeté du côté du petit FRANÇOIS HOLLANDE, devenu sur le tard le désormais irremplaçable SAINT FIACRE HOLLANDE, que certains calomniateurs ont (heureusement en vain) tenté de faire passer pour un « fromage de Hollande ».

 

 

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L'AIR (FROID) DE LA CALOMNIE 

 

Le petit HOLLANDE naquit sans doute au début du 7ème siècle, quelque part en Irlande. Il est mort en Seine-et-Marne, en un lieu qui lui était prédestiné, puisqu’il s’agit de la commune bien connue de Saint-Fiacre-en-Brie. Cet événement funeste serait intervenu autour de 670 de notre ère (on sait qu’on ne peut être promu au grade de « SAINT » patenté avant l’ère qu’on appelle « chrétienne »).

 

 

Grâce à Saint Faron, lui-même fils d’une biche, d’où, évidemment, vient l’expression « faon Faron », dont la célébrité a atteint la Côte d’Azur puisqu’on a donné son nom à une montagne qui domine la ville de Toulon, SAINT FIACRE HOLLANDE fut autorisé à devenir ermite en forêt de Brie.

 

 

On ne sait comment grandit sa renommée. Toujours est-il qu’il reçut des visiteurs qu’il récompensait, en quelque sorte, en priant sur eux, et en distribuant consolations et bons conseils (je n’invente rien). Il lui arrivait de les guérir.

 

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NON , LE SUPPLICE DU PAL, C'EST PLUS GRAVE

 

Il les guérissait principalement des hémorroïdes, l’usage étant que le pèlerin qui souffrait précisément de ce « mal de SAINT FIACRE HOLLANDE » (parfois appelé « fic », on se demande pourquoi) s’asseyait sur la pierre où le saint s’était lui-même assis. On ne sait pas vraiment à quel épisode de sa vie se rattache cette tradition. Les archives ne disent pas tout. Mais en tout cas elles disent : « Loué soit Dieu, SAINT FIACRE HOLLANDE guérit les hémorroïdes. Après l’annus horribilis, l’anus hollandibilis ».

 

 

Il nourrissait en cas de besoin les pèlerins des légumes de son jardin, souvent des haricots. Ces jours-là étaient jours de fête. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle les jardiniers ont, le 30 août 1237, élu pour leur saint patron SAINT FIACRE HOLLANDE en personne. A l’unanimité. Toute parenté avec quelque hémorroïde que ce soit serait purement fortuite.

 

 

Principalement, il savait sur quel ton il fallait parler aux gens : toujours suave, toujours caressant, presque tendre, il atteignait ses auditeurs au fond de leur cœur, imperméable aux propos de quelques vilains jaloux qui ne se privaient pas de le brocarder de diverses expressions qui se seraient voulues blessantes.

 

 

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LE VERT BAVEUR

 

 

Heureusement, FIACRE HOLLANDE (qui n’était pas encore décrété saint), était au-dessus de cette bave crapaudesque, et allait son chemin vaillamment. Si certains lui auraient vu les manches de lustrine et le « rond de cuir » dont Courteline et Maupassant ont fait le symbole de la bureaucratie fin-de-siècle, il se voyait quant à lui sur la plus haute marche du podium électoral.

 

 

 

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Malheureusement, un journal d’opposition déterra une malheureuse affaire où un de ses ancêtres, QUINTIANUS HOLLANDUS, avec lequel il offre d'ailleurs une ressemblance de visage tout à fait spectaculaire, avait fait torturer celle qui devint plus tard SAINTE RITA ROYAL. Cette affaire lui coûta le poste de premier consul en 1798. Ce qui n’empêcha pas Anne d’Autruche, bien connue pour avaler n’importe quoi, d'avoir recours à ses miracles pour accoucher (enfin !) de LOUIS XIV.

 

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LE CENTURION (ADJUDANT) QUINTIANUS HOLLANDUS

 

C’est d’ailleurs de cette curieuse circonstance que s’autorisa un certain Monsieur SAUVAGE qui, en 1640, investit dans une compagnie de taxis (ça ne s’appelait pas ainsi, mais c’est pour donner l’idée), qu’il baptisa « voitures de Saint-Fiacre », tout ça parce qu’elles étaient attachées à l’hôtel de Saint-Fiacre. Les sceptiques, s’ils prennent la précaution de vérifier l’information, en seront pour leurs frais. Bien fait ! « Heureux celui qui croit sans avoir vu ». Ce n’est pas moi qui le dis.

 

 

Un auteur, savoureux autant que méconnu, ajoute même, sur un ton qui fait penser à ALEXANDRE VIALATTE, que « les fiacres étaient tirés par un vieux cheval désabusé, que conduisait un cocher haut-perché, armé d’un fouet, surmonté d’un gibus ».

 

 

Il va de soi que la plupart des données figurant dans cette note ont été puisées aux meilleures sources, même s'il est possible que se soient glissées, ici ou là, quelques approximations susceptibles de gauchir la stricte vérité.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

jeudi, 23 février 2012

DE L'ELECTEUR SPONGIEUX (suite et fin)

LE FLÉAU DU DROIT DE VOTE, ÉPISODE 6

 

 

Proverbe tibétain : « En période électorale, l'anus du candidat se pare de ses plus beaux atours ».

 

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DES ELECTEURS SPONGIEUX 

 

Résumé : seul un effort massif dans l’éducation est à même de faire naître une véritable société démocratique et de rendre les individus imperméables à la propagande.

 

 

Au lieu de la noble aspiration de CONDORCET, qu’est-ce que nous voyons ? Du côté de l’instruction, nous ne voyons hélas pas grand-chose, parce qu’il n’en reste pas grand-chose. Sans nous appesantir sur le débaptême de l’ « instruction » en « éducation », sur lequel il y aurait pourtant à dire, contentons-nous d’observer un savant et constant démantèlement de l’institution chargée de transmettre aux jeunes tous les savoirs nécessaires. [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Constatons l’opiniâtreté de certaines forces qui, sous couvert d’égalité, ont arasé, appauvri et uniformisé le niveau des matières contenues dans les crânes. Ecoutez, ça fait floc-floc. Pour détruire un système éducatif, commencez par le réformer à tout bout de champ. En gros, je vous conseille de conduire une réforme par an pendant cinquante ans : à la fin, vous êtes sûr que plus personne ne sait qui fait quoi, ni qui doit faire quoi. [Voix off : « mission accomplie »].

 

 

Reléguez les enseignements techniques au fond de la cour à côté des WC, puisque vous avez prévu la future division internationale du travail, que vous supputez les travaux sales en Chine, et que vous pensez attirer tous les emplois à « haute valeur ajoutée » – ah zut, ça délocalise à tout va ! Vite, clamez qu’il faut « réindustrialiser » ! Ah zut, on a déjà eu le temps de perdre les savoir-faire (aciéries, industrie textile, ...) ! Mondieu, mondieu, que de malchances successives ! [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Mettez l’accent non plus sur les contenus et les disciplines d’enseignement, mais sur les méthodes pédagogiques de ces salauds d’enseignants crispés sur leurs privilèges exorbitants et engourdis dans leurs routines crasseuses et paresseuses. Simultanément, faites comprendre aux élèves qu’ils ont eux aussi, après tout, des droits, et qu’il serait bon qu’ils le fissent sentir aux enseignants trop imbus de leurs personnes. [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

Vous aurez partie gagnée quand le cours commencera par une longue invocation au silence des élèves et se poursuivra par une harangue destinée à convaincre les dits élèves que ce qui sera dit pourra ne pas leur être complètement inutile. Certains esprits mal tournés pourraient penser que c’est le chaos ? [Voix off : « mission accomplie ».]

 

 

[Mine de rien, sous le masque habile de l’avocat du diable, l’auteur de ces lignes, pourtant en général d’un naturel épais, rustique et grossier, parfois même vulgaire, synthétise fort subtilement trois des nombreux problèmes qui ont commencé à envahir les enceintes scolaires – enceintes dont on ne sait trop de quelle catastrophe future elles accouchent – et à ébranler les fondations d’un système éducatif « que le monde entier nous envie ». Note de l’éditeur.]

 

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CE QUI SORT DE L'ANUS DU CANDIDAT

(merda d'artista, piero manzoni, 1961)

 

Conclusion : avec un système éducatif dans un état toujours plus flageolant, branlicotant et vacillant depuis une quarantaine d’années, si même il n’est pas déjà à l’état de ruine prémonitoire ou imminente, comment croire encore au talent de la mentalité française collective ?

 

 

 

Avec la télévision comme outil perfectionné de propagande à formater les esprits et machine à réduire les têtes, comment croire à la qualité de jugement collectif d’une population soumise à ce bombardement ? En quel honneur spécial, le Français échapperait-il à l'état spongieux qui caractérise tous les électorats démocratiques ?

 

 

Comment le « corps électoral » serait-il, dans ces conditions, autre chose qu’un niais, un gobe-mouche béat ? Comment le « corps électoral » pourrait-il ne pas être frappé de la crédulité médusée de la grenouille happée par la couleuvre ? Comment le « corps électoral » pourrait-il échapper à cet état spongieux qui fait tout avaler ?  Sinon, SARKOZY aurait-il été élu ? Remarquez que, si ç’avait été SEGOLENE, je n’aurais eu que le nom propre à modifier.

 

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GOBE-MOUCHE BEAT SANS COLLIER

(EN BEATITUDE)

 

A ceux qui m’accuseraient de partialité, je réponds en citant l’avis porté par EMMANUEL TODD sur les classes politiques occidentales en général : même s’il n’est pas une autorité infaillible, son point de vue reste intéressant. Il considère que, globalement, les personnels politiques du monde occidental sont d’une MÉDIOCRITÉ affligeante. Je pose donc la question : si les hommes politiques sont médiocres, cela ne vient-il pas du fait que les populations sont elles-mêmes médiocres ?

 

 

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L’un des facteurs de cette médiocrité foncière des « élites » censées être à même de gouverner serait donc la médiocrité des gouvernés eux-mêmes. Un autre facteur pourrait être l’extrême verrouillage du système politique, avec ses aiguillages, ses tiroirs, ses cases déjà toutes étiquetées, avec son fonctionnement désormais institutionnalisé, ses rouages trop bien huilés, en « carrières » dûment répertoriées.

 

 

Pourtant, malgré l’état de délabrement de ce « corps électoral », selon la stricte légalité, ce sont les membres de cette population progressivement décervelée qu’on persiste à appeler, contre tout bon sens, des citoyens. Et ce sont eux, gavés d’images publicitaires vantant des produits politiques, qui vont accomplir leur « devoir électoral ».

 

 

Comment voulez-vous, dans ces conditions, que le meilleur soit élu (au cas où ce « meilleur » existerait, ce qui n’est nullement avéré, voyez le sort réservé à EVA JOLY, celle qui n’a visiblement pas été coulée dans le moule, et quelque discutable que soit la personne) ?

 

 

Ce sont eux qui, en 2007, ont élu NICOLAS SARKOZY, sur la foi d’images et de discours méticuleusement manufacturés, ciselés, chantournés, limés, rabotés dans des ateliers de communication publicitaire de haute performance. Le quinquennat leur a ouvert les yeux. Mais en 2012, même « déçus du sarkozysme », auront-ils compris comment ça marche ?

 

 

Soumis au pilonnage en règle des médias qui vont nous faire bouffer de la présidentielle jusqu’à l'écoeurement, jusqu'à l’occlusion intestinale, leur esprit, réfugié au fond de la tranchée, saura-t-il résister au bombardement, aux nouveaux discours, aux nouvelles images qui vantent à longueur d’ « informations » le FRANÇOIS HOLLANDE nouveau et le NICOLAS SARKOZY, jeune perdreau qui vient de naître, bref, les « nouvelles » marchandises « politiques » ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

lundi, 20 février 2012

"VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS !" (suite et fin)

Résumé : les institutions légales de la République ont ceci de pratique pour le pouvoir qu’elles ont pour effet de museler le peuple auquel on demande de s’exprimer à travers des élections.

 

 

Juste une comparaison : au départ, un syndicat ouvrier, c'est fait pour organiser la lutte contre les exploiteurs qui abusent d'abuser. Qu'est-ce devenu, aujourd'hui, sinon un auxiliaire des puissants pour empêcher les révoltes ouvrières de se répandre en torrents furieux et surtout incontrôlés ? Le syndicat doit donc veiller à préserver son statut d'encadrement (disons de répression préventive) des jacqueries ouvrières.

 

 

Comme les syndicats, l'Assemblée Nationale est devenue une machine à faire taire le peuple. Les élections législatives sont devenues l'expression du consentement à la servitude. Alors moi, si je vis comme tout un chacun dans ce monde de servitude, j’espère qu’on ne me demandera pas, en plus, d’y consentir. Voilà pourquoi je prêche l’abstention.

 

 

Quant à voter pour des idées, pour un parti qui défend des idées, pour un idéal, je demande à ceux qui font cette aimable suggestion d’arrêter de se payer ma fiole. Il y a des limites au foutage de gueule.

 

 

Faire élire des députés, c’est enlever la parole au peuple. L’existence de l’Assemblée Nationale, c’est le mutisme assuré de quarante-quatre millions de personnes moins 577. La meilleure preuve en est donnée ces jours-ci en Grèce, où les députés votent des mesures contre leur propre peuple révolté contre leurs représentants, aussi facilement que BACHAR AL ASSAD envoie ses chars contre le sien.

 

 

Ecoutez ces gens bien intentionnés qui vous répliquent, quand vous râlez : « Mais vous avez les élections, pour vous exprimer ! ». Et ça vous ferme le clapet illico. Si nous avons les élections, c’est pour nous empêcher de nous exprimer.

 

 

Conclusion de la conclusion de la conclusion (se reporter à hier) : le député officinal n’a plus rien à voir avec le peuple. Il ne représente que lui-même, augmenté de quelques forces et de quelques intérêts qui ont besoin de lui (parti d’appartenance politique, entrepreneurs divers organisés en lobby, etc.). Pour le peuple qui est resté les deux pieds enfoncés dans la glèbe des villes, l’Assemblée Nationale est devenue une entité abstraite, une réalité virtuelle, une planète étrangère, qui a ses intérêts propres, autonomes.

 

 

« Alors que proposez-vous ? » J'entends crier cette pensée muette. Je réponds crânement : « Rien ». Pourquoi voudriez-vous que moi, qui ne suis rien ou presque, je sois en mesure de proposer quoi que ce soit ? Non, je n'ai rien à proposer. Je regarde, j'écoute, et la seule chose que j'aie envie de dire, c'est que rien, dans la façon dont les choses se présentent, ne m'encourage à participer, à m'intéresser personnellement à cette duperie. A m’en rendre complice.

 

 

Bartleby, ce personnage extraordinaire de HERMAN MELVILLE, avait résolu la question : « I would prefer not to ! ». Moi non plus, j'aimerais mieux pas. Mais lui aussi était un peu asocial, ça compense.

 

 

L'Assemblée Nationale a ses intérêts propres, autonomes. Elle est à elle-même sa propre machine. A ce titre, moi qui suis resté les deux pieds dans la riche glèbe argileuse des crottes de chien gisant sur les trottoirs de ma ville, je dénie formellement à l'un quelconque des 577 crânes de piaf qui y siègent le droit de prétendre qu'il représente MA voix. J'interdis à quiconque n'est pas moi de s'autoriser à s'exprimer en MON nom. Quoi, le système est organisé comme ça et pas comme ci ? Je dis : et alors ? So what ? Na, und ?

 

 

A la rigueur, on accepterait : « Benedictus qui venit un nomine Domini », mais ça ne marchera pas deux fois. Je récuse un système qui autorise un quidam à parler avec autorité AU NOM DE. Quoi, c'est une impasse ? Et alors ? So what ? Na, und ?

 

 

Venons-en à présent à la deuxième anomalie. Elle est d’ordre sociologique. Qui se fait élire ? En général, ce sont des gens qui sont nés du bon côté de la société. L’exception que constitue à lui tout seul MAXIME GREMETZ (ouvrier, mais depuis le temps qu’il est député, je demande à regarder l’état de ses mains et de ses ongles), c’est l’arbre qui cache le fond du puits, c’est le petit doigt qui cache la forêt.

 

 

Tenez-vous bien, la Chambre élue en 2002 comptait 81,45 % de cadres supérieurs, professions libérales et « professions intermédiaires », catégories comptant pour 23,3 % dans la société. Moins d’un quart de la population accapare (il n’y a pas d’autre mot) plus des quatre cinquièmes des sièges de députés. Ce scandale me fait penser aux Etats-Unis, où les 20 % les plus riches captent 55 % des richesses du pays. Les alluvions se déposent forcément sur les fonds vaseux qu'elles connaissent le mieux.

 

 

L’Assemblée Nationale française est donc constituée de bourgeois et de petits-bourgeois. J’ai tendance à penser que les 577 moineaux qui font plus que picorer au Palais Bourbon, chargés de légiférer « au nom du peuple français » (vaste blague), représentent en tout et pour tout 577 particuliers, augmentés de leurs affidés et de leurs débiteurs. Je l'affirme : je ne suis pas représenté !

 

 

Ce qui se passe en France, c'est que les gens sont plus ou moins formatés pour voter d'un côté plutôt que d'un autre, pour un parti, c'est-à-dire une espèce de monstre informe dont on ne sait finalement pas grand-chose. Rien que pour essayer, allez voir comment ça marche, un parti.

 

 

A peine avez-vous passé la porte que vous voilà happé, vous voilà devenu un petit moteur d'appoint, pris dans un système hiérarchique inébranlable. Un parti est une machine. Et le député n'est qu'un rouage de la machine. Quand il siège à l'Assemblée, il a déjà perdu un peu de sa propre existence individuelle. La Chambre des députés est elle-même une sorte d'alambic, une machine à évaporer la réalité. Le député est un arbre coupé de ses racines. Le député, dans le fond, est un arbre en pot.

 

 

 

Car à quoi il sert, le député, en principe ? Il a un mandat pour exprimer les idées des gens gens qui l'ont élu. Et qu'est-ce qu'il fait ? Il marche au pas, comme à l'armée, au même pas que tout le parti. Les électeurs, ils n'ont eu pour lui qu'une existence momentanée. Une fois élu, fini. L'électeur, avec ses attentes et ses espoirs, est un feu de paille.

 

 

Entre le feu de paille et l'arbre en pot, que reste-t-il de l'idée démocratique ?

 

 

Ajoutons pour faire bon poids que, comme je le disais, tous les « élus du peuple » sont des « bons élèves », des « premiers de la classe ». Quand j’étais au lycée, j’en ai connu, on les appelait des « polars », ça voulait dire « polarisés », à l’époque. Les temps changent. Je sais bien qu’aux Etats Généraux convoqués par LOUIS XVI en 1789, sur les 578 députés du Tiers Etat, 200 environ étaient des avocats.

 

 

Mais eux, ils avaient l’excuse de tous les événements qui ont suivi. Ils ont justifié la confiance que le peuple avait placée en eux. Certains ont fini raccourcis. Qui oserait aujourd’hui proclamer tout haut que le député officinal, garanti sans O. G. M., porte la voix du peuple dans les plus hautes instances instituées de la République ?

 

 

Les « premiers de la classe », depuis qu'il y a des délégués de classe, sont fort rarement choisis par leurs camarades pour assister aux conseils. Ils sont trop bien vus des profs et des autorités. Vous comprenez pourquoi c'est une anomalie scandaleuse qu'ils constituent le gros des troupes de députés ? On a réussi ce prodige de faire de la compétence (supposée) le critère essentiel de la sélection des représentants du peuple.

 

 

Les « premiers de la classe », il faut les comprendre, ils ont eu à subir les crachats des cancres, un juste sentiment de revanche sociale les meut. L’Assemblée Nationale est le lieu de la revanche des « premiers de la classe » sur les avanies que les cancres leur ont fait subir, des cancres dont ils vont, à chaque élection, tout en les méprisant chaleureusement, caresser le poil dans le bon sens, car ils sollicitent aujourd’hui, veules et pitoyables, leurs suffrages.

 

 

Dans ces conditions, je crois être encore plus fondé à déclarer, tranquillement, mais fermement à ces messieurs-dames (pensons aux 107 femmes) couverts par la légalité des ors de la République, retranchés dans leur souverain DÉPUTOIR légal : non, VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS.

 

 

Même quand, tout sourire, vous venez nous serrer la main sur le marché de la Croix-Rousse, et faire la bise aux dames et aux petits gones, je vais vous dire une bonne chose : vous êtes trop loin !!! Socialement, humainement, intellectuellement, vous êtes trop loin !!!

 

 

VOUS NE NOUS REPRÉSENTEZ PAS !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

dimanche, 19 février 2012

"VOUS NE NOUS REPRESENTEZ PAS !"

Disons-le d’emblée, j’éprouve une assez solide détestation pour Indignez-vous, ce factum pondu – pissé, vomi ou pété – par un certain STEPHANE HESSEL, grand notable tiré à quatre épingles, invité des plateaux de télévision qui, bien à l’abri dans son costume trois-pièces très smart et du haut des magnifiques rides courageuses que la sagesse de l’Histoire a déposées sur son beau visage parcheminé et buriné par les ans, donne tout bonnement au petit peuple l’ordre de l’insurrection.

 

 

Mais, pour sa défense, il se trouve que ceux qu’on a appelés (et qui se sont eux-mêmes appelés) « los indignados », ont crié, devant le députoir de Madrid, aux députés espagnols qui votaient des mesures de rigueur pour complaire aux « marchés » et aux « agences de notation », ils ont crié une phrase : « Vous ne nous représentez pas ! ». Cette expression n'est pas tombée dans l'œil d'un paralytique, je vous assure.

 

 

Car cette phrase, ce n’est pas la crier qu’il aurait fallu, c’est l’enfoncer dans le gosier des « élus du peuple » avec le genre de gaveuse électrique à vis sans fin qu’on utilise pour les oies destinées au foie gras. Cette phrase, ce n’est pas STEPHANE HESSEL qui l’a inventée. Ce n’est pas STEPHANE HESSEL qui l’a criée.

 

 

Certes, je n’ai rien par principe contre les « élus du peuple », les dignes « représentants », vous pensez bien, moi si neutre, si terne et si laborieux par nature. Mais je m’interroge : qu’est-ce que ça veut dire, qu’il faut un « représentant », un « élu », un « député » ? Ça veut dire, tout simplement, qu’il n’est pas possible d’asseoir quarante-quatre millions d’individus dans un même hémicycle.

 

 

C’est de cette éprouvette-là que sort le « député officinal », garanti sans O. G. M., dont l’espèce « en plein champ » est exténuée, mais dont la culture sous serre permet de prolonger artificiellement et indéfiniment l’existence disgracieuse, coûteuse, anémique et ripolinée.

 

 

C’est vrai, si tout le monde parle en même temps, il n’y a plus personne pour écouter. Trop de voix qui se chevauchent, ça fait une rumeur ample et profonde, comme un million de trains de millions de wagons qui passeraient sur un million de  voies ferrées à proximité : ce n’est plus une voix qui prononce des paroles, c’est un vacarme assourdissant qui les absorbe et qui les couvre toutes.

 

 

On est donc obligé de sélectionner. Etant obligé de sélectionner, on donne la parole à une voix particulière, qui sera chargée d’exprimer ce qu’auraient pu ou voulu dire les 76.256 voix qu’elle représente (j’ai juste divisé les électeurs par les députés, ça fait une moyenne). C’est la première anomalie.

 

 

Pour les sélectionner, on leur fait passer un concours. Enfin, il faudrait dire 577 concours. On y reçoit 577 pierrots, en général des bons élèves. Et même des premiers de la classe. Rien que ce détail devrait faire dresser l’oreille et heurter le bon sens. Vous trouvez ça normal, vous, qu’il n’y ait que des premiers de la classe à la Chambre des députés ? Moi pas. C’est la deuxième anomalie.

 

 

D’abord la première de ces anomalies. Comment voulez-vous qu’il fasse, le pauvre bougre ? C’est quasiment l’envoyer au casse-pipe. Il faut bien comprendre la chose : il a collecté 76.256 bouts de papier avec des idées, des revendications, des doléances, des suggestions, des conneries, des blagues pas drôles, des blagues salaces, bref, tout ce qui peut sortir de 76.256 cerveaux plus ou moins en bonne santé.

 

 

Déjà et d’une, aucun ordinateur, même surpuissant, n’est en mesure de faire la synthèse, même en quatre pages écrites serré. Alors vous pensez bien qu’un député … ! Il pourrait se contenter de faire la liste, mais là, on en a jusqu’à la nuit des temps. Autre possibilité, il pratique la « lecture rapide », dite aussi « lecture par balayage » ou « lecture de repérage », et il sélectionne ce qui lui semble, à lui, intéressant.

 

 

Réfléchissez : on lui donne un stock de voix et qu’est-ce qu’il fait ? Il commence par lui faire subir un brutal amaigrissement, dans une sélection arbitraire, opérée sur le mode subjectif. Et si on s’interroge sur le nombre de petits papiers qu’il a sélectionnés, ça devient de la folie furieuse. Qu’est-ce qui l’empêche de ne prendre que ceux fournis par les copains, la famille, les obligés, les solliciteurs ? Qu’est-ce qui l’empêche de ne puiser que dans ses propres données personnelles ?

 

 

Conclusion, qu’est-ce qu’il représente, le représentant, le député officinal, garanti sans O. G. M. ? L’élection lui donne, certes, le droit de parler au nom de 76.256 personnes, mais en réalité, c’est la parole de qui, qui arrive à l’Assemblée Nationale ? C’est celle et seulement celle du député lui-même, amplifiée du petit cercle qui l’entoure, le protège et mange au même râtelier.

 

 

Conclusion de la conclusion : les 76.255 (76.256 - 1) personnes qui n’iront pas à l’Assemblée Nationale n’ont plus qu’à fermer leur gueule. Elles ont effectivement – et l’expression est d’une vérité et d’une cruauté incroyables –, donné leur voix.

 

 

Or les enfants le disent bien : « Donner c’est donner, reprendre c’est voler ». Si je donne ma voix, ça veut dire que je ne l’ai plus. Voter, c’est-à-dire déléguer quelqu’un en son lieu et place, c’est perdre sa voix. Et c’est vrai que l’électeur, entre deux élections, n’a qu’une possibilité : la fermer, la boucler, en un mot s’écraser. Les élections législatives rendent le peuple APHONE. Je commence depuis quelque temps à me dire que c'est précisément fait pour ça.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre et à finir demain.


 

samedi, 18 février 2012

ENVOYEZ UN DEPUTE AU DEPUTOIR

Considérations oiseuses sur la vie politique moderne.

 

 

C’est beau, une chambre des députés, vous ne trouvez pas, avec ses sièges en hémicycle, les uns à gauche, les autres à droite pour respecter les clivages sacrés hérités de l’histoire, avec son velours rouge, ses appariteurs, ses rituels républicains, ses discours et débats, ses duels au couteau, au pistolet, au canon de 75,  ses rigoles en pente prévues pour l’écoulement du sang jusqu’au trou d’évacuation donnant sur un gros bidon qui devait être régulièrement renouvelé ? L’inconvénient de ce système était la fréquence anormale des élections et la consommation excessive de citoyens éligibles.

 

 

Certains vieux parlementaires ayant échappé par miracle aux épouvantables étripades de cette époque héroïque racontent qu’un boucher parisien avait passé un contrat avec l’institution pour collecter le sang après les séances particulièrement houleuses, et qu’il en fabriquait un renommé « boudin de député » absolument délectable, que les meilleures « fines gueules » de la capitale se disputaient, le sang de député étant particulièrement riche du fait d'un protocole très étudié de nourrissage.

 

 

Passons sur ces temps hélas révolus. Je serais quant à moi assez curieux de goûter. Comme quoi il ne faudrait pas laisser perdre certaines traditions. Je ne m’interdis pas de revenir à l’occasion sur telle ou telle recette permettant d’accommoder au mieux le « boudin de député ». Bref, venons-en au sujet du jour.

 

 

Quel architecte sera assez audacieux pour dessiner des plans pour qu’un bâtiment accueille quarante-quatre millions de représentants du peuple ? Car quarante-quatre millions d’électeurs ayant le droit de vote, cela fait, si je compte bien, quarante-quatre millions de citoyens éligibles. Vous vous rendez compte ?

 

 

 

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FRANÇOIS SCHUITEN, ARCHITECTE PARLEMENTAIRE ? 

 

Qu’on se le dise, élire un député constitue à n’en pas douter une censure imposée au peuple. Elire qui que ce soit est un stratagème imaginé pour faire taire la population. Pour l’empêcher de dire ce qu’elle a sur le cœur. Désigner le mandataire ne sert qu’à museler le mandateur. Je m’étonne que ce point de vue ne soit pas plus répandu de nos jours.

 

 

C’est vrai que, s’il a fallu un territoire de plus de 500.000 km² pour loger tout le monde, on se rend vite compte qu’on ne va pas pouvoir construire un monument contenant quarante-quatre millions de sièges. Même en compressant chaque citoyen éligible sous forme de brique empilable. Pourquoi un tel monument ? Pour les débats parlementaires, voyons !

 

 

Imaginez ça : un bureau de vote aussi grand qu’un parlement. Encore plus fort : un parlement aussi grand que la nation. Un seul endroit pour décider de qui et de quoi. Un vaisseau spatial de mille kilomètres de côté, comme dans Le Monde des Ā, d’ALFRED ELTON (A. E.) VAN VOGT, ce roman de science-fiction qui s’efforce de modifier les échelles dans l’esprit des lecteurs, sans rien modifier d’autre dans les histoires.

 

 

C’est vrai qu’un romancier, s’il veut vendre quelques exemplaires, a intérêt à ne modifier qu’un ou deux paramètres des codes narratifs, pas plus. Sinon, ça devient de la littérature expérimentale, et on tombe vite dans des Finnegan’s wake, voire des Tombeaux pour cinq cent mille soldats. Et l’on ne peut plus remonter du fond du trou. Passons.

 

 

Le territoire entier comme parlement, on a pu voir ça, éventuellement, sur des confettis politiques du genre de Genève au temps de Calvin, ou sous l’arbre à palabres des villages de la brousse africaine aux temps anciens. En France, 65.000.000 d’habitants, 44.000.000 d’électeurs potentiels (soyons poli, il faut dire « inscrits »), vous imaginez ça ? Impossible. Rigoureusement inenvisageable.

 

 

Et un pays de 300.000.000 d’électeurs ? Dans la célèbre fourmilière géante du Japon (ce n’est pas un gag, c’est une vraie fourmilière avec de vraies fourmis), qui détient ce record d’habitants au m², heureusement, les fourmis n’ont pas le droit de vote, sans ça, c’est l’anarchie. De toute façon, je l’ai dit il y a quelques jours ici même, plus on est nombreux, moins l’individu existe. Quand le nombre des individus tend vers l’infini, l’importance de chacun tend vers zéro.

 

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Mais chez les fourmis, il n’y a pas d’individus, ou plutôt, ils sont interchangeables. Chez la fourmi, pas d’état d’âme, pas de conflit œdipien, pas de jalousie amoureuse, pas de duels fratricides, on se demande même si c’est bien humain, une fourmi. Rien qu’une fonction sociale. Pas une personne, juste une fonction. Au moins, tout le monde est utile, les seuls chômeurs, ce sont les morts.

 

 

La société capitaliste a remédié à cette carence manifeste : elle a inventé l’individu inutile, autrement dit la personne démunie de toute fonction. La société humaine capitaliste est peut-être la seule à avoir inventé l’individu qui ne sert à rien. Elle a longtemps dépensé beaucoup d’énergie à pourchasser à coups de lois, voire à persécuter à coups de police ces gens superflus qu’elle avait elle-même créés.

 

 

Comme on ne peut toujours pas les faire disparaître, malgré tous les perfectionnements techniques à disposition et l'évolution favorable des mentalités – pourtant ce n’est pas l’envie qui en manque à certains, mais il paraît que ça ne se pratique pas encore beaucoup, du moins officiellement et en public –, on  les annihile, on les anesthésie, on les achète avec des R. M. I., des R. S. A., des Restos du Cœur et des Banques alimentaires. Comme ça au moins, on est sûr qu’ils ont honte et qu’ils se tiennent tranquilles.

 

 

Comme le chante sobrement FÉLIX LECLERC, « l’infaillible façon de tuer un homme, c’est de le payer pour être chômeur, et puis c’est gai dans une ville, ça fait des morts qui marchent ». Et surtout, on leur fait croire qu’ils gardent envers et contre tout leur « dignité » en leur laissant le droit de vote, il ne faut pas exagérer : bouche inutile, certes, mais s’agissant d’élections, chaque voix compte. Même celle des « morts ».

 

 

Les seuls qui sont interdits de vote, chez nous, ce sont les S. D. F. Ben oui, quoi, tu reçois une carte d’électeur seulement si tu habites. Si la police peut te retrouver à une vraie adresse, répertoriée. A la mairie, sur la liste, tu ne peux pas te faire enregistrer comme habitant sous le pont Lafayette. C’est trop précaire, comme adresse. C’est sujet à divers aléas.

 

 

D’abord et d’une, où est-ce qu’elle est, la clé ? Et la porte ? Tu ne peux même pas fermer les fenêtres pour arrêter les courants d’air. On a donc bien raison de faire comme s’ils n’existaient pas, les S. D. F. Je vais vous dire : électoralement, les S. D. F., c’est du vent. C’est vrai qu’il y a onze députés représentant les Français de l’étranger, mais qui aurait l’idée de donner des députés aux S. D. F. ? Ils n’en ont pas besoin, ils se suffisent à eux-mêmes, en quelque sorte.

 

 

Conclusion, seuls les citoyens en état de marche sont habilités à députer. Divagations à suivre. Ça s’appellera peut-être « des électeurs qui députent », « députer » étant un verbe (si si !) du premier groupe, dont je propose la définition suivante : « envoyer au députoir ».

 

 

Puisqu’on parle d’urnes, jetez donc un œil sur la « Gazette de Solko n° 18 », et pendant que vous y êtes, sur « les Dupondt sont en campagne ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 17 février 2012

LE DEPUTE, RAPPORT QUALITE / PRIX

Qu'est-ce qu'un DEPUTÉ, dans le fond, quand on pose la question sous l'angle du rapport qualité / prix ?

 

 

Dans le commerce, dans notre merveilleuse société de consommation, pour toute marchandise vendue, on est en mesure de calculer le « rapport qualité / prix ». A cet égard, n’importe quel objet vraiment durable, et vendu à prix modique, peut être considérée comme d’un bon rapport qualité / prix. De ce point de vue, le coût d’un député peut être jugé exorbitant.

 

 

Le rapport qualité / prix du député ne se mesure pas tout à fait comme celui d’un produit de lavage, parce que la date limite de vente est fixée une fois pour toutes à cinq ans. Mais renouvelables. Indéfiniment renouvelables, pour être précis. Certains députés sont des rentiers.

 

 

Observons le député commun, le député officinal, pour ainsi dire, certifié sans O. G. M. Qu’est-ce qu’il rapporte, au consommateur qui l’a acheté (« élu » est le terme habituel) ? Il rapporte des lois. Du moins il est supposé le faire. Voyons cela.

 

 

Vous avez désormais pris l’habitude de voir le Président, NICOLAS SARKOZY, sauter sur chaque fait divers dramatique pour rassurer l’opinion publique alarmée par « la montée de l’insécurité ».  Vite fait sur le gaz, vite écrite sur un coin de table, il fait rapidement pondre par quelques volailles une loi « ad hoc » (ou « loi de circonstance »), la fait inscrire et voter selon la procédure « d’urgence » (une seule lecture) au Parlement.

 

 

La télévision est contente, elle a eu sa dose de spectacle, de discours martiaux du Président et de ses sbires gouvernementaux, genre « je ne tolérerai plus », et le soufflé n’a pas eu le temps de retomber que – abracadabra ! – la loi est votée et l’opinion publique rassurée. « Trop fort ! », s’exclame-t-on unanimement dans la salle commune de la maison de retraite, lieu habituel, on le sait, de déchaînement soudain de la violence aveugle.

 

 

Or ce qu’il faut savoir, c’est que, quand une loi est votée, elle reste lettre morte si son adoption n’est pas suivie de la signature de divers décrets d’application et arrêtés. Vous vous souvenez de l’élu présidentiel de 2007 ? Faut-il vraiment redire son nom ici ?

 

 

Eh bien c’est tout simple, pour l’année 2007-2008, 24,6 % des textes réglementaires sont entrés en application. Pour les lois déclarées en « urgence », le taux d’application tombe à 10 %. Résultat ? Les lois n’entrent pas en vigueur (source : Sénat). Et je ne crois pas que le rendement, les années suivantes, se soit beaucoup amélioré.

 

 

Certains députés se sont émus de la chose, disant qu’on leur faisait faire un travail de singe, à voter dans la précipitation des textes de loi mal rédigés et qui n’ont guère de chances d’entrer en vigueur faute des décrets d’application subséquents.

 

 

Conclusion, quant à la « qualité », le député officinal se situe très bas sur l’échelle. Des esprits malintentionnés pourraient même aller jusqu’à interpeller le député officinal et lui demander : « A quoi sers-tu ? ». Je ne pense pas me tromper beaucoup en supposant qu’il protesterait énergiquement.

 

 

On le comprend, on ne quitterait pas sans de vifs regrets une table où le menu offre invariablement fromage ET dessert. Le repas est si plantureux qu’il sert, forcément et par définition, à quelque chose.

 

 

Il faudrait ajouter, pour être honnête, que la Constitution de la 5ème République ne place pas le député, mais le Président au premier plan. Le gouvernement apporte des « projets de loi », les députés apportent des « propositions de loi ». Mais combien de « propositions » sont en fait des « projets », induits par les amicales pressions du Président ou susurrés à tel ou tel par le gouvernement ?

 

 

De toute façon, quand on voit la discipline quasi-militaire que fait régner le pouvoir dans la majorité parlementaire, en usant tour à tour du charme (« si tu es gentil, je peux te faire avoir un poste intéressant à la Cour des Comptes ») et de la menace (« si tu n’es pas gentil, tu sais que j’ai la haute main sur la commission de validation des candidatures aux prochaines législatives, réfléchis bien »), on a tendance à voir dans le député un « obscur », un « sans-grade », simple masse de manœuvre mise en place grâce à une pure et simple légalité.

 

 

Au surplus, une petite moitié des lois votées sont seulement des transpositions de directives européennes dans le droit français. J’ai envie de dire : n’en jetez plus. D’ici qu’on ne voie dans le député français qu’une potiche, un simple décor de théâtre, il n’y a pas loin. L’efficacité du député tend vers zéro. Nous allons voir maintenant que son coût, s’il ne tend pas vers l’infini, en prend le chemin.

 

 

Oui, après la « qualité », examinons le « prix » : l’indemnité d’un parlementaire en France est de 7100 €, cumulable avec une indemnité reçue à titre local dans la limite de 8272 € et une queue de cerise. GERARD COLLOMB, qui est sénateur et maire de la ville de Lyon, perçoit donc cette somme. Il est également Président de la COmmunauté URbaine de LYon, mais ses services refusent de communiquer sur le sujet.

 

 

Le site Politiquemania indique cependant le chiffre de 5.512 €. Je vous laisse faire le calcul. Je ne me trompais pas trop en parlant de fromage ET dessert, mais là, s’il les touche effectivement, c’est carrément la « ronde des desserts ».

 

 

On comprend que monsieur GERARD COLLOMB soit un farouche partisan du cumul des mandats. On n’est pas obligé de croire monsieur GERARD FACON (http://lafitte-vigordane-le-citoyen-vigile.over-blog.com/article-voyage-chez-les-forcats-de-la-republique-96735508.html), qui évalue sur son blog les sommes reçues chaque mois par GERARD COLLOMB à 19.385 €. Sûrement un jaloux. Un élu, un notable de la « surface » de COLLOMB peut-il s’affranchir de la règle du plafonnement ? Je pose juste la question.

 

 

Loin de moi l’intention de jeter l’anathème sur la fonction d’élu du peuple, mais, une fois rassemblées les quelques données ci-dessus, je finirais presque par trouver que le député est décidément hors de prix.

 

 

Et je me pose la question : « Est-ce que, au prix qu’elle la paie et vu la faible qualité des résultats obtenus, la France a les moyens de rester une démocratie ? ». Oui, la France ne vit-elle pas au-dessus de ses moyens en entretenant des institutions coûteuses et surtout lourdes et  inefficaces ? Sans parler de la « crise » …

 

 

Je me rassure en me disant que, de toute façon, l’idée démocratique elle-même est dans un tel état que, un peu plus, un peu moins …

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

lundi, 13 février 2012

LOI DU NOMBRE ET DEMOCRATIE

Je pose aujourd’hui une question puissante, attention les yeux, ça va décoiffer : qu’est-ce que la démocratie ? Je vous préviens, on n’est pas à Sciences-Po. Je pars du ras des pâquerettes, et j’y resterai peut-être, allez savoir. La démocratie ? Jusque-là, rien à dire, ça reste assez simple : l’expression de la « volonté générale ». A partir de là, vous allez voir, la volonté « générale », elle n’arrête pas de vous serrer le kiki et la ceinture.

 

 

Parce que là où ça se complique, c’est quand on demande : c’est quoi, la « volonté générale » ? Naïvement, je réponds, déjà embarrassé : c’est la volonté de tous, du peuple, de tout le peuple, je veux dire  de chacun des membres du peuple, que sais-je ? C’est le « peuple souverain », bien connu de sa concierge.

 

 

Oui, mais comment vous allez savoir ce que c’est, la volonté de chacun ? La réponse est tout bonnement impossible. En 1789, la France comptait 27.600.000 habitants, « en comptant les femmes et les petits enfants » (FRANÇOIS RABELAIS). Comment veux-tu faire ? Le NOMBRE est en soi un obstacle à la démocratie. Je ne parle pas ici de délégation et de représentation, notez bien, juste du NOMBRE.

 

 

Parenthèse sur « La démocratie culinaire » (inspiré par Les Petits plats dans les grands, « La méthode illustrée par l’exemple », HENRI-PIERRE D’ACREMANT, Firmin-Didot éd., 1884, beau frontispice en couleur, plusieurs chromolithographies hors-texte, nombreuses gravures in-texte, jamais réédité).

 

 

Suppose que c’est toi qui es dans la cuisine. Mettons qu’autour de la table, ils ne sont pas trop nombreux, disons vingt. Le problème, c’est que chacun est venu avec son menu à lui. Vingt menus complètement différents : vingt entrées, vingt plats, vingt desserts. Comment tu fais, toi, devant ton piano et tes gamelles ? Le problème de la démocratie, il n’est pas ailleurs, il est là.

 

 

Alors on simplifie. Tiens, regarde les repas que tu fais entre collègues, en fin d’année ou à l’occasion d’un départ ou d’une retraite, comment ça se passe. Ça dépend du restaurant, mais ça m’étonnerait qu’on aille au-delà de trois propositions de menus. Ça fait trois entrées, trois plats, trois desserts. Ce n’est pas beaucoup, mais les gens considèrent que ce n’est déjà pas mal. Chacun, donc, avant même d’être à table, a déjà intériorisé l’idée qu’il va falloir qu’il restreigne ses désirs. Fermeture de la parenthèse.

 

 

La démocratie, c’est exactement ça : comme on est trop nombreux, la cuisine ne peut plus suivre. On est obligé de réduire le choix. La démocratie, c’est d’abord une restriction de chacun à des dimensions plus modestes que son individu individuel. Le serrage de ceinture, il commence là : plus on est nombreux, moins chacun a de surface démocratique individuelle.

 

 

Plus on est nombreux, moins on compte, et moins on existe. C’est mathématique et inversement proportionnel : ta part de vie dans le nombre décroît quand le nombre croît. Comme au loto : plus il y a de combinaisons possibles, plus les chances de gagner diminuent.

 

 

D’un point de vue démocratique, un Chinois, en comptant un milliard d’inscrits (en supposant que …), existe à peu près vingt-cinq fois moins qu’un Français (quarante millions). Moralité : plus tu es nombreux, plus la démocratie t’écrase, toi, individu ! Qu’est-ce que c’est, finalement, un individu ?

 

 

Oui, nous sommes trop nombreux pour que chacun de nous ait une véritable existence politique. Et c'est d'autant plus vrai depuis que la montée en puissance de l'Europe aux dépens des nations a rendu encore plus évanescent le pouvoir de chaque individu sur la marche des choses.

 

 

Alors la démocratie ? Tiens, comment ils ont fait, en 1789 ? Ils ont fait comme pour la pyramide : plus tu montes, plus c’est étroit, et moins il reste de place pour toi. Appelons ça la réduction de l’individu (façon réducteurs de tête). Au départ, soyons franc, tu as l’impression que tout est possible. La base s’exprime. Tout le monde frétille de la queue (ou du croupion, c’est selon). A l’arrivée, même pas un atome de croupion.

 

 

Il arrive la même chose aux molécules en homéopathie, vous savez, les CH (« centésimale hahnemannienne »), la mémoire de l’eau (les tribulations « scientifiques » de JACQUES BENVENISTE) et tout le tremblement : au départ, une molécule en pleine possession de ses moyens, bien vaillante et prête à l’emploi.

 

 

A l’arrivée, qu’est-ce qui reste, sinon rien ? Car 9 CH, c’est un centième répété neuf fois, je vous laisse calculer tous les 0 que ça fait après la virgule, pour ce qui reste d’actif dans le tube à essais. Mais je ne voudrais pas déclencher une polémique.

 

 

Pour un phénomène analogue d’évanouissement de la réalité dans sa quintessence abstraite et virtuelle, on pourra préférer la page 441 de l’intégrale de la Rubrique-à-Brac de GOTLIB, où l’escargot disparaît carrément par le fond de sa coquille, et où le cher professeur Burp se lamente : « Escargot mon ami, qu’as-tu fait de ta vie ? ».

 

 

 

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N'AYANT PAS TROUVE L'ESCARGOT,  JE VOUS PRESENTE

LE PROFESSEUR BURP EN COMPAGNIE DE L'HYENE

(si si, c'est comme ça qu'on dit et qu'on écrit)

 

La loi du nombre, appelons ça le point extrême de la dilution. Je vais vous donner un exemple. J’ai vu construire une « pyramide » en 2003 dans l’Education Nationale : tous les « partenaires » de la « communauté éducative » se réunissent en différentes commissions, dont chacune rédige un document résumant les idées émises. Cela fait une dizaine de commissions dans chacun des 11375 établissements (public + privé) du second degré. Je vous laisse calculer le nombre de documents.

 

 

Puis ces synthèses sont rassemblées par le chef, qui les envoie au rectorat. Les fonctionnaires rectoraux rédigent une synthèse académique et l’envoient à Paris. Là, des fonctionnaires ministériels élaborent, à destination du ministre, un document qui synthétise l’ensemble.

 

 

La « Commission THELOT », ça s’appelait. « Quelle école pour demain ? », ça demandait. Résultat, la bouche du ministre de l’époque a laissé tomber face aux caméras une bouse de vache, et tout est retombé dans le silence. Comme dit la sagesse populaire, c’est la montagne qui accouche d’une bouse de vache. Ce qu’on pourrait appeler une synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse … « Mammouth mon ami, qu’as-tu fait de ta vie ? », se lamente le professeur CLAUDE ALL… euh, non, le professeur Burp.

 

 

Et, bonne pomme, je n’ai même pas tenu compte du fait que les conclusions étaient déjà toutes prêtes et connues du ministre avant l’élaboration de la montagne pondeuse de bouses de vache par ministre interposé. J’ai fait comme si tout ça n’était pas un simple cinéma à grand spectacle pour dire au bon peuple spectateur qu’on a les dossiers bien en main. Au moins, personne ne pourra dire que le système n’est pas démocratique. Les personnels ont été consultés, on leur a demandé leur avis, c’est sûr. Qu’on s’asseye dessus ensuite, tout le monde s’en fiche.

 

 

Dans la loi du nombre, elle est là, la mort démocratique. L’individu infinitésimal, molécule vivante diluée des millions de fois dans le tube à essais électoral, qu’il dise quelque chose ou qu’il ne dise rien, cela revient au même. Pesé grain de sable après grain de sable sur les balances de précision de la machine statistique, l’individu infinitésimal n’existe plus. On aura beau me seriner que l’individu est la pierre angulaire de l’édifice démocratique, je persisterai à me gausser.

 

 

« Tu te rends compte, si tout le monde faisait comme toi ? » Oui, je me rends compte. Et alors ? Beaucoup de gens font d’ores et déjà comme moi. Ils s’abstiennent de voter. Ils ont peut-être pris conscience de la fiction que leur existence politique constitue, va savoir. Le char d'assaut médiatique a beau leur rouler sur les neurones avec ses obus chargés de devoirs civiques, ils ont cessé d'y croire, à cette histoire : « Chaque voix compte, la tienne est aussi importante que toutes les autres, tu ne vas pas nous faire ça ».

 

 

Et puis il faut aussi comprendre une chose : quelle existence politique ont eue, après 2007, les 17.000.000 d'électeurs qui ont voté SEGOLENE ? Rien, que dalle ! Qu'est-ce que c'est, aussi, ce système où une quasi-moitié du corps électoral est écrasée purement et simplement ? Qu'est-ce que c'est, la loi de la majorité ? Un moyen de faire taire la minorité. « Vous n'avez qu'à être majoritaires », entend-on. Mais j'y reviendrai, sur le scandale majoritaire.

 

 

Qu’est-ce qui leur manque, à ceux qui votent avec leurs pieds aux élections ? Il leur manque l’impression toute simple d'exister politiquement, de peser, d’être pour quelque chose dans la marche des choses, de voir leur volonté (pas leur opinion) prise en compte dans les décisions. Ce n’est pas avec des « débats participatifs » à la SEGOLENE, avec des « comités de quartier » qu’on arrivera à leur donner cette impression. C’est en leur donnant un pouvoir de décision, un vrai. Comment ? Ah, je l’ai dit au début : on n’est pas à Sciences-Po. Vous n'avez qu'à demander aux experts. Ils savent tout.   

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

APRES-PROPOS : l'actualité nous montre une curieuse parenté qui s'installe entre deux pays pourtant à des années-lumières l'un de l'autre. Pendant que la « communauté internationale » élève la voix contre le meurtre collectif d'Etat commis par le régime syrien contre son propre peuple et fait quelques efforts pour l'empêcher, la « communauté européenne » abat la griffe de son autorité sur le pouvoir grec pour obliger celui-ci à réduire son propre peuple à la misère. C'est la logique droit-de-l'hommiste contre la logique financière. Devinez qui va gagner. Les deux, mon général. JANUS BIFRONS aura encore frappé.

 

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LA GUERRE OU LA GUERRE ?

PILE JE GAGNE, FACE TU PERDS

 

 

 

jeudi, 09 février 2012

PARLEMENT : AU THEATRE CE SOIR

Franchement, vous y croyez, à cette histoire, à ce clash en pleine Assemblée Nationale ? SERGE LETCHIMY, Français de Martinique, a été, selon FRANÇOIS HOLLANDE, « blessé » par les propos de CLAUDE GUEANT sur l’inégalité des civilisations. Moi, j’ai plutôt l’impression d’une curieuse mise en scène opérée dans la complicité par les deux « grands partis » qui se partagent les pouvoirs en France.

 

 

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C. G. EN CAMPAGNE  

 

Hypothèse hasardeuse ? Peut-être. Mais vu les sondages, n’auraient-ils pas eu l’idée, assis sur la pétoche d’un nouveau 21 avril 2002, de la jouer « stratégie d’affrontement » bloc contre bloc, la Gauche majuscule d’enluminure contre la Droite capitale d’imprimerie, comme dans le bon vieux temps, mon frère.

 

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N. S. EN CAMPAGNE

 

Comme dans le bon vieux temps, on va les bouter, les extrêmes, dans les marges d’où elles n’auraient jamais dû sortir. En un mot, c’est pour la galerie, pour impressionner le bon peuple hésitant sur la couleur « politique » à glisser dans l’urne. Une stratégie genre « rappel des troupes sous les drapeaux », pour décourager la dissidence militante, dans l’espoir de rendre écrasant le « vote utile ».

 

 

 

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F. H. EN CAMPAGNE  

 

Parce que le GUEANT des familles, c’est clair comme de l’eau de roche, son truc de « civilisations inégales » : il sait ce qu’il vise, il vise bien, il feinte le gardien, il met le ballon dans les filets. Le Parti « Socialiste » ne peut rester sans réagir. Il débusque son Martiniquais (qui n'a pas honte de nous la jouer « héritier d’AIMÉ CÉSAIRE ») qu’il envoie illico sur le front, livrer la vieille et rebattue bataille des camps de concentration et des nazis.

 

 

 

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M. L. P. EN CAMPAGNE

 

Au passage, je signale que le premier camp de concentration date de la fin du 19ème siècle, et qu’il fut construit par les Anglais, pour les Boers, auxquels ils faisaient la guerre en Afrique du Sud. Le progrès technique indéniable que marqua l’invention du fil de fer barbelé le rendait possible. Or on sait bien que ce qui est techniquement possible est tôt ou tard réalisé. 

 

 

 

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J.-L. M. EN CAMPAGNE  

 

SERGE LETCHIMY, député de Martinique, n’a sans doute pas osé aller jusqu’à parler de « camps d’extermination », qu’aucun historien ne saurait confondre. Si je me souviens bien, on compte une demi-douzaine de camps d’extermination. Ajoutons le Struthof. Mais la force du mot « concentration », particulièrement symbolique, est de vibrer largement au-delà de sa signification stricte et de faire résonner toutes sortes de connotations qu’un contexte favorable permet sans effort de convoquer dans l’esprit des gens.

 

 

 

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F. B. EN CAMPAGNE 

 

Personnellement, je suis assez convaincu que monsieur LETCHIMY était, en la circonstance, en service commandé – et en plus, j'en ai la conviction, à cause de sa couleur de peau, brillamment instrumentalisée par un Parti « Socialiste » en mal de vraies idées économiques et politiques.

 

 

Le but de la manœuvre de Gauche absolue + Droite intégrale, main dans la main, barbichette dans barbichette, est de prouver qu’à l’Assemblée Nationale, il se passe quelque chose, au moins, et nulle part ailleurs. Le message, non-dit, mais très audible, que dit-il ? Il dit : « Nous n’allons pas nous laisser manger la laine du Pouvoir sur le dos électoral par quelques jean-foutres tout juste capables de mettre le bousin dans nos domaines de grands propriétaires ». C'est exactement la logique des latifundiaires en Argentine.

 

 

C’est de la bonne « Communication » : créer l’événement, en focalisant l’attention, rejette tous les autres (adversaires, rivaux, alliés potentiels) dans un bienfaisant « hors-champ », dont la parole est rendue inaudible aussi longtemps que l’événement dure. Et le journaliste, dressé à bouffer de l’événement et rien d’autre, se précipite sur celui-ci pour le faire durer le plus possible, parce qu’après tout, c’est de ça qu’il vit. Comment BAYROU, MELANCHON, LE PEN pourraient-ils réagir face à ce ballet des poids-lourds ?

 

 

 

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UN ELU DU PEUPLE, VRAIMENT ?

 

 

Si c'étaient des entreprises, on appellerait ça un délit d'entente illicite. Cela sert en général à se partager le marché en préservant de juteuses marges bénéficiaires. La même raison pour laquelle les opérateurs de téléphonie ont payé, il n'y a pas si longtemps, 570 millions d'euros d'amende.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mercredi, 08 février 2012

DU MAGMA DEMOCRATIQUE

C’est vrai, ça, pourquoi est-il généralement admis qu’il faut voter ? La première remarque qui me vient, c’est le nombre. Quarante millions d’inscrits, vous vous rendez compte de ce que ça fait ? De quel poids est le bulletin de chaque quarante millionième de voix que constitue un individu ? Peau de zébi, mon frère. Ou peu s’en faut. Et on s’étonne qu’il y en ait qui s’abstiennent !

 

 

Prenez le loto : pour une grille jouée, vous avez exactement une chance sur 19.068.840 (j’ai pompé la probabilité sur un site, rassurez-vous). Alors quarante millions, vous pensez ! Bon, c’est vrai, pour accroître les chances de gagner le gros lot, on a réduit le nombre des numéros éligibles : on est passé de 49 à 4 ou 5. Remarquez, comme gros lot, franchement, vous vous voyez rentrer chez vous avec un SARKOZY ou un HOLLANDE sous le bras ? Ou alors passer à la banque pour le déposer sur votre compte ? Qu’est-ce que ça peut rapporter ? Ça risque juste de vous bouffer vos économies. 

 

 

D’autant plus que, sur les 10 ou 12 candidats déclarés (+ 1 candidat « présumé », merveilleuse trouvaille du CSA), la moitié sont à considérer comme fictifs, et prêts à monnayer leur ralliement à tel ou tel pour un strapontin, un portefeuille, enfin, une place au chaud. VILLEPIN et CHEVENEMENT, apparemment, ont déjà trouvé : ils ont renoncé. Avec quoi en échange ? Mystère.

 

 

Quarante millions d’électeurs inscrits, vous vous rendez compte ? Ça ne vous fait pas peur, vous, d’être une goutte d’eau dans la mer ? Moi si. La goutte, elle est noyée. Surtout que beaucoup ne sont pas d’accord avec moi, c’est sûr, puisque moi non plus, je ne suis pas d’accord avec eux. Ce n’est plus une harde, ni une meute, même pas une foule, c’est une masse. 

 

 

Et l’on veut nous faire croire que nous sommes des individus ? Regardez La Bataille d’Alexandre, d’ALBRECHT ALTDORFER : est-ce que vous reconnaissez un ami, dans cet amas d’armures pressées les unes contre les autres ? Ah, vous n’étiez pas né en 1529 ? Moi non plus.

 

 

 

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LA BATAILLE D'ALEXANDRE 

 

Bon, alors regardez un élevage de volailles en batterie, en faisant comme au cinéma : gros plan pour commencer sur la tête de ce poulet précis, avec sa crête et son air d’ahuri définitif, puis faites un zoom arrière bien progressif, jusqu’à embrasser tout l’entrepôt d’un seul coup d’œil : vous le repérez toujours, le poulet précis ? Non, il n’existe plus.

 

 

 

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C'EST LES VACANCES, LE CITADIN SE FAIT BRONZER SUR LA PLAGE 

 

Mon ami RENÉ S. s’adonne à la colombophilie, vous savez, cette passion des pigeons voyageurs telle qu’elle se pratique encore tout le long de la frontière nord de la France. Il en possède entre 400 et 500, je ne sais plus. Plusieurs sont des athlètes, quelques-uns des champions. Lui, oui, il est capable de reconnaître chacun individuellement, les barres alaires, le tour de l’œil, la caroncule, tout. Moi, j’en vois un plus blanc, l’autre plus bleu, et c’est tout. C’est comme les Chinois : ils se ressemblent tous. Encore que les Chinois, je suis sûr qu’en y regardant de plus près …

 

 

Eh bien voilà, l’individu, ce n’est qu’une question de distance focale. Au téléobjectif, vous distinguez les moindres traits de son visage, de ses humeurs, de ses sentiments. Au grand angle, vous voyez une fourmi parmi d’autres fourmis. Encore que les fourmis, je suis sûr qu’en y regardant de plus près …

 

 

Et vous, moi, quiconque et quelconque, nous avons sur nous-mêmes un œil téléobjectif. Notez que chacun de nous est le seul à l’avoir, le téléobjectif, pour son propre compte. Braqué sur le vilain pli que fait la peau à cet endroit, sur ce point noir au milieu du nez, sur ce bourrelet qu’il va falloir perdre avant la plage et les conquêtes féminines.

 

 

Nous n’avons communiqué la liste des détails qu’à de très rares personnes, en général celles qui nous supportent vaillamment, jour après jour, depuis, depuis … un certain temps. En dehors, c’est sûr, personne n’est au courant. Disons même que tout le monde s’en contrefiche, parce que tout le monde ignore notre existence. L’œil téléobjectif est du côté de l’unique.

 

 

Maintenant, adoptez l’œil grand angle. Regardez l’usine à poulets dans son ensemble, comme si c’était vous qui faisiez marcher la boutique. Ce n’est pas seulement la liste des détails qui a disparu corps et biens, mais l’idée même de votre existence individuelle. A la limite, on pourrait vous tatouer un numéro sur l'avant-bras. On dénigre des gens comme HITLER ou MAO TSE TOUNG au motif qu’ils ont prétendu faire disparaître l’individu dans la masse. Mais il faut comprendre que c’est maintenant chose faite. Chez nous. L’œil grand angle, il est du côté du nombre et de la masse.

 

 

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NI UN DEFILE NAZI, NI UN HOMMAGE DE MASSE AU PRESIDENT MAO,

NI L'USINE A POULETS

 

L’œil grand angle, c’est, ni plus ni moins, l’administration. Quand vous êtes au guichet, votre affaire à vous, c’est la plus importante, elle vous embête, vous rend la vie impossible, elle est urgente, il n’y a rien de plus pressé que votre affaire unique. C’est l’œil téléobjectif.

 

 

La personne de l’autre côté du guichet, des cas comme celui-là, il en a treize à la douzaine dans l’heure, il ne traite même que ça, des affaires urgentes. Les cas particuliers, c’est son métier. Mais lui, il a sa grille, il a ses consignes, il a ses procédures, il a ses supérieurs. Tout ce qui vient doit y entrer, dans les cases de sa grille. S’il a un peu de bouteille, ça va tout seul, l’aiguillage est mis en pilote automatique. C’est la loi du grand nombre et de la masse. Il a l’œil grand angle.

 

 

Si on reprend le fil électoral, maintenant, et qu’on applique cette histoire de distance focale, qu’est-ce qu’on voit ? Quarante millions d’individus qui vont être « appelés aux urnes », qui ont du mal à trouver le sommeil, qui digèrent mal, qui sont plus ou moins heureux, qui ont plus ou moins de problèmes de couple, de travail, de salaire.

 

 

Quarante millions d’individus plus ou moins bêtes, plus ou moins méchants, plus ou moins sales, plus ou moins mal habillés, plus ou moins jaloux, plus ou moins laids. Chacun a une physionomie qui lui est propre, plus ou moins mal dessinée. Vu de ce côté, on est les quarante millions d’uniques.

 

 

L’œil téléobjectif, qu’est-ce qu’il regarde ? Il regarde le menteur de 2007 qui déclarait la main sur le cœur qu’au grand jamais il ne lui mentirait. Il regarde le capitaine de pédalo qui se prend pour un amiral aux commandes d’un croiseur en route pour l’océan de l’Avenir. Il regarde l’homme droit et raisonnable qui a du mal à se faire prendre au sérieux, comme une tranche de jambon racorni entre deux tranches de pain sec. Il regarde la Walkyrie qui promet de tout chambouler dans la cambuse et de rendre justice au peuple bafoué. Il regarde le trublion, acteur un peu sur le retour, qui essaie de se faire une ligne politique avec son côté fort-en-gueule. L’œil téléobjectif, il est braqué sur quelques uniques.

 

 

En face de ces quarante millions de téléobjectifs braqués, il y a l’œil grand angle, l’administration, le directeur du marketing politique, l’entreprise de sondages et ses clients (les candidats). Qu’est-ce qu’il regarde, l’œil grand angle ? Il est fixé sur les statistiques, sur la loi du nombre et du multiple. Quand je parle de statistiques, soyons juste : il ne faut pas confondre les statistiques et les sondages, quand même. Il reste un peu de réalité dans la statistique.

 

 

 

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LE GENIAL GENIE DES ALPAGES

(MERCI F'MURRR) 

 

Le monstre administratif (et tous les clients qui l’utilisent) ne voit jamais d’individus autrement que par  paquets de cent mille, allez, dix mille pour être gentil. L’œil grand angle ne raisonne qu’en masse. Il est comme le satellite qui sait mesurer une hausse de un demi-millimètre du niveau des océans du haut de son piédestal de quarante kilomètres.

 

 

L’administration regarde ce qui se passe à la surface du magma électoral, aucune ride ne lui échappe, le moindre friselis, la moindre bulle qui éclate sont fiévreusement analysés, disséqués, décortiqués, dans une perpétuelle expérience de laboratoire en temps réel. Et l’on fait croire à tout le monde que le laboratoire a les dimensions de la nature tout entière et de la réalité pure et simple.

 

 

Tout ce travail invisible se traduit en retour par des « réponses » appropriées, élaborées par les équipes de communication : là, coco, change de cravate, entre sur scène avec les bras soulevés par l’enthousiasme, va causer avec les ouvriers de Shampoing-sur-Mayonnaise menacés de fermeture, embrasse deux ou trois enfants sous l’œil attendri des caméras. Bref, tout un tas de « trucs ».

 

 

Pendant que tous les « trucs » se passent, le satellite, avec son œil grand angle, il observe et enregistre les données, tout ce qui se passe à la surface du magma. En bas, les équipes de com. attendent les données pour aviser, ajuster, peaufiner, corriger la trajectoire. Et attendent de pouvoir comparer la hauteur des piles de petits papiers blancs imprimés sur une face, un certain dimanche soir.

 

 

De quoi, franchement, vous dégoûter des petits papiers blancs imprimés sur une face.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

mardi, 07 février 2012

UN PAS DE GUEANT POUR L'HUMANITE

« Toutes les civilisations ne se valent pas », a dit, paraît-il, Claude Guéant, sinistre de l’Intérieur, devant le gratin syndical des étudiants de droite réunis sous la bannière de l’Union Nationale Interuniversitaire, propos incendiaire aussitôt et soigneusement twitté vers l’extérieur par un militant U. M. P. sans doute en service commandé.

 

Sur le Parti « Socialiste », sur toutes les belles âmes de la gauche tiers-mondialisée et sur tous les chevaliers blancs défenseurs de la vertu de la veuve de guerre des civilisations et de l’orphelin opprimé (je ratisse large), ces propos – savamment mis en scène et montés en mayonnaise par un service de communication très professionnel – jouent le même rôle qu’un lumignon allumé dans une nuit d’été sur les phalènes et autres insectes nocturnes, le même rôle catalyseur que l’électricité sur la moelle épinière, le même rôle d’appât que le chiffon rouge sur la grenouille et le taureau. 

 

Un seul mot d’ordre : on fonce ! peut être satisfait, Nicolas Sarkozy peut le féliciter : mission accomplie, soldat Guéant, c’est l’ébullition dans la fourmilière, le branle-bas dans Landerneau, les coups de feu dans la sierra, la panique sur la ville, les règlements de compte à OK Corral. François Hollande n'a pas encore fait part de son indignation, mais ça ne saurait tarder. 

 

Claude Guéant, honnêtement, j’éprouve pour ce personnage considérable la même quantité de sympathie que pour la limule, qui est aussi un crustacé très laid et antipathique. Pour une raison très simple, directement et a contrario déduite de celle qui fait que « les amis de mes amis sont mes amis ». J’espère que vous suivez.

 

La limule mérite quelque précision. Saint Alfred Jarry en donne, quand il essaie de comparer la physionomie d'Ubu : « S'il ressemble à un animal, il a surtout la face porcine, le nez semblable à la mâchoire du crocodile, et l'ensemble de son caparaçonnage de carton le fait en tout le frère de la bête marine la plus esthétiquement horrible, la limule ».

 

C'est vrai que la limule est globalement et en détail assez répugnante, et que je n'aimerais pas me prélasser sur les plages qu'elle fréquente.

 

Revenons à monsieur Claude Guéant. Qu’a-t-il dit exactement ? Si j’ai bien compris, il y a deux aspects dans les propos du sinistre : d’une part, il établit une hiérarchie entre les civilisations. Voyons cela. Cette idée bien propre à hérisser le poil des égalitaristes à tout crin, est-elle si choquante, si l’on regarde d’un peu près ? 

 

Toutes les civilisations se considèrent, de leur point de vue, comme le nec plus ultra, le fin du fin. Je signale qu’en général, dans les langues du monde, tous les peuples se sont désignés eux-mêmes comme les seuls « êtres humains », nommant dans la foulée tous ceux qui leur étaient étrangers des « chiures », des « cloportes », des « sous-hommes » et toutes sortes d’animaux répugnants. 

 

Le voyageur Jean de Léry raconte en 1578 comment les « Toüoupinambaoults » du Brésil étaient par principe en guerre perpétuelle contre les « Margajas », qu’ils s’efforçaient de tuer en grand nombre avant d’en faire cuire les morceaux sur leurs « boucans » : « Voilà donc, ainsi que j’ai vu, comme les sauvages Américains font cuire la chair de leurs prisonniers pris en guerre, à savoir boucaner, qui est une façon de rôtir à nous inconnue » (C’est dans la passionnante Histoire d’un voyage en terre de Brésil, Livre de poche, p. 364).

 

Nous préférons, nous autres Européens, battre la coulpe de l'Europe en nous en prenant aux Grecs, qui appelaient « barbares » les non-Grecs, et en dégradant allègrement leur triple A, qu’historiens et philosophes attribuent traditionnellement à ce peuple qui n’a pas fait grand-chose, en dehors d’inventer un « menu détail » : la civilisation européenne et la démocratie. 

 

Si monsieur Claude Guéant est raciste, il ne l’est ni plus ni moins que tous les peuples du monde depuis l’origine de l’humanité. Qu’il soit, en disant cela, parti à la pêche aux voix du Front National ne fait aucun doute, c’est une chose bien établie. Il reste que tous les peuples du monde ont été et sont aussi racistes que monsieur Claude Guéant. 

 

Que les glapisseurs de bons sentiments aillent voir la façon dont les Coréens sont considérés et traités au Japon, et, accessoirement, la façon dont les Noirs très noirs de peau sont considérés par les Noirs moins noirs, en Guadeloupe et en Martinique. 

 

« C’est pas bien ! », disent, en faisant les gros yeux, les bonnes âmes altruistes pressées de déverser hors d’elles-mêmes les tonnes de sentiment de culpabilité qui les poussent à toutes sortes d’errements. J’ai le plus grand mal à garder mon calme, pourtant olympien et légendaire, quand j’entends hurler les antiracistes vertueux en général, et Clémentine Autain en particulier, qui s’indigne qu’un sinistre de la République ose s’exprimer ainsi dans la France du 21ème siècle.

 

Clémentine Autain, flamberge au vent (prenez une colichemarde si vous préférez, c’est aussi efficace pour découper l’adversaire en lamelles), fonce comme tout le monde sur le sinistre de l’Intérieur, sans doute parce qu’il est assis sur le fauteuil qu’elle voudrait occuper. Ça viendra peut-être, mais pas trop tôt, j’espère. Il y a du flic chez Clémentine Autain, comme il y a du flic chez tous ceux, antiracistes compris, qui glapissent à la loi pour museler l’expression libre des individus. 

 

(Soit dit entre parenthèses, un autre beau démocrate et républicain s’est manifesté dans Libération l’autre jour en se félicitant par avance que Madame Le Pen ne puisse pas se présenter à la présidentielle. J’ai nommé Pierre Marcelle, qui ose ce titre, qui serait inquiétant en cas de victoire de la gauche : « Le Pen inéligible honorerait la démocratie ». Qu’un « démocrate » auto-proclamé s’exprime ainsi montre juste que l’auto-proclamation est un mensonge.) 

 

Qu’on se le dise, ce genre de militants des « justes causes » en général, et les antiracistes en particulier (puisque c’est de ça qu’on cause en ce moment dans les chaumières), les antiracistes et autres flics démocrates bon teint, donc, me font royalement chier. Excusez-moi de le dire sans dissimuler le mot derrière trois petits points, mais la vertu auto-proclamée me semble une des belles impostures de notre époque, qui n’en manque pas, il est vrai. A la niche, les « Vertueux » ! 

 

A la niche, les flics de la liberté d’expression ! Voltaire, lui au moins, déclarait : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Non, eux, leur mot d’ordre, ils le prennent chez Fouquier-Tinville, vous savez, l’accusateur public qui organisait les charrettes pour la guillotine : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Ou encore : « La République n’a pas besoin de savants », en envoyant Lavoisier à l’échafaud. On choisit son saint patron, n’est-ce pas.

 

Tous les flics en civil qui n'ont pour dimension libidinale que la guillotine du désir de museler toute expression qui n'est pas la leur ou qui enfreint je ne sais quelles Tables de la Loi, forment le coeur compact de la nouvelle bien-pensance, sorte de pensée unique par défaut, en creux, tracée au repoussoir. On n'ose plus dire "politiquement correct". Le regretté Philippe Muray en dévorait un tous les matins au petit-déjeuner, de ces militaires sans uniforme qu'on appelle les militants.  

 

L’autre aspect des propos de Claude Guéant, curieusement passé au second plan dans la polémique, est beaucoup plus restreint et spécifique, puisqu’il parle de la République Française, avec son Liberté-Egalité-Fraternité, comparée à, mettons, l’Arabie Séoudite, et au statut social des femmes dans ce pays et d’autres analogues (ça veut dire bien musulmans, n’ayons pas peur du mot), aux obligations et interdictions vestimentaires et autres. 

 

Alors là, vous voulez que je vous dise, je ne comprends plus rien. Bon, je sais bien que les foutraques de Besancenot et compagnie avaient présenté à des municipales une femme « issue de l’immigration » couverte du « voile islamique ». Mais reprenez-vous, la gauche républicaine, atterrissez, quelle est cette fureur qui vous saisit tout à coup ?

 

Clémentine Autain, reprends tes esprits : Claude Guéant prend la défense des femmes en terre d’Islam. Qu’est-ce que tu attends pour applaudir ? Pour embrasser le sinistre et le remercier de prendre le parti de « la femme » ? Un sinistre qui, rends-toi compte, embrasse la cause des féministes. 

 

Pour conclure, certes, il y a de l’opération politique de la part de Claude Guéant, qui voudrait bien faire reconduire celui qui l’a fait sinistre et lui a donné sa soupe et son fromage, et qu’il y a là une provocation en « bonnet difforme », autant qu’une tentative de récupération de voix. 

 

Mais la bêtise et l’hypocrisie des « bonnes âmes » et autres chevaliers blancs de la « gauche » auto-proclamée (s’ils sont à gauche, je m’appelle Benoît XVI, et si c'est ça, être de gauche, alors j'accepte avec empressement l'étiquette droitiste, même si c'est faux, je ne voudrais surtout pas qu'on me confonde), sont trop flagrantes pour que j'accorde à Clémentine Autain et autres flics du même acabit autre chose qu’un pitié lointaine.

 

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 06 février 2012

LE FLEAU DU DROIT DE VOTE (4)

DEMOCRATIE MONDIALE

 

 

Tiens, encore une curiosité du droit de vote. C’est génial, l’O. N. U. D’abord parce qu’elle est éminemment démocratique. La preuve ? Mais c’est évident : un Etat dispose d’une voix, à égalité exacte avec tout autre Etat du monde. Dans le principe, rien à dire, c’est parfait. Soit dit comme ça en passant, puisqu'on parle d'égalité, allez donc voir le billet de SOLKO du 2 février.

 

 

 

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UNE LUMIERE NOIRE

TYPIQUEMENT SOLKIENNE

 

Depuis l’intégration du Soudan du Sud, on en compte 193, d'Etats. Avec les îles Kiribati, qui n’envoient pas d’ambassadeur, disons 194. Le cas du Vatican (0,44 km², 738 habitants), des îles Cook (capitale Avarua) et de Niue (capitale Alofi) reste à part : ces « Etats » n’ont qu’un statut d'observateur, bien qu’ils soient reconnus officiellement. Tous égaux, c’est-y pas merveilleux ? A un minuscule détail près : est-ce que vous avez jeté un œil précis sur les Etats qui siègent ? C’est très intéressant.

 

 

Tout le monde connaît, c’est certain, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et quelques autres dont les médias nous rebattent les oreilles, les vedettes, celles qui roulent des mécaniques à l'avant-scène. Mettons une centaine d’Etats.  Les choses se compliquent avec quelques autres. Tiens, par exemple, quand les journaux parlent-ils du Malawi, du Belize, de la Gambie, du Lesotho, de la Micronésie ? Pas très souvent, reconnaissez-le.

 

 

 

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ON DIT QUE J'AI D'BELLES GAMBIETTES !

CÉVRAI !

(accent parigot de ménilmuche si possible) 

 

Alors allons plus loin : qui a entendu parler de ces six Etats qui ont nom Nauru, Palau, Tuvalu, St-Kitts-et-Nevis, Kiribati, Barbade ? Vous pouvez vérifier, ça existe. Ce sont les Etats qu’il faut un microscope pour les apercevoir sur la carte. Et c’est là que ça devient drôle.

 

 

 

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Y A QUELQU'UN QUI M'A DIT KIRIBATI 

(air connu) 

 

Notez que j’aurais pu en prendre douze, et même quinze (Andorre, Antigua, La Dominique, Grenade, Liechtenstein, Marshall, Monaco, et autres confettis).  Parce que si vous comparez les six nommés plus haut, allez, soyons gentil, avec les quatre plus gros Etats du monde (Chine, Inde, Etats-Unis, Russie), l’anomalie époustouflante vous saute aux yeux.

 

 

A priori, sur un ring de boxe, six contre quatre, c’est plus que jouable, l’affaire est quasiment dans la poche. D’un côté du ring, vous avez un peu plus de 400.000 habitants (quatre cent mille) casés sur un peu plus de 2.000 km² (deux mille, et encore, faut-il compter la flotte liquide dans la surface d’un archipel du Pacifique ?).

 

 

De l’autre côté du ring, vous avez à peu près 3.000.000.000 d’individus (trois milliards) qui occupent un peu moins de 40.000.000 (quarante millions) de kilomètres carrés des terres émergées. Comparez : 7.500 fois plus d’individus sur 200.000 fois plus de terres. Cherchez l’erreur. Les six confettis se font écraser par les quatre mastodontes.

 

 

Tiens, tout d’un coup, à propos de ring de boxe, je pense à Des Barbelés sur la prairie, épisode des aventures de Lucky Luke, des immortels RENÉ GOSCINNY et ALBERT UDERZO. Dans la lutte sans merci que les éleveurs mènent contre les cultivateurs, pour empêcher ceux-ci de poser leurs barbelés protecteurs, les premiers, tous des hommes à la corpulence considérable, sont réunis sur une estrade pour se congratuler.

 

 

 

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L'INFÂME CASEY

 

Le gag, ici, c’est le bouquet que la petite fille est chargée d’offrir, et dont le poids, une fois dans les mains du gros plein de beefsteack, suffit à faire céder l’échafaudage. Eh bien nos six Etats microscopiques, c’est un peu ce bouquet de fleurs offert aux mastodontes. Et il n’est pas sûr que les fleurs ne finissent pas entre deux rangées de molaires. Et que le ring ne s'écroule pas.

 

 

Question bête : à quoi servent-ils, les quarante micro-Etats du monde ? A rien. Que pèsent-ils ? Presque rien. Pourquoi leur a-t-on donné un siège d’ambassadeur à l’O. N. U. ? Le seul argument valable, c'est qu'ils existent et qu'il n'y a pas de motif assez fort pour les faire disparaître. Tiens, et le Bhoutan et le Sikkim, qui se soucie du Bhoutan et du Sikkim ?

 

 

 

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ÇA FAIT UN BHOUTAN, DIS DONC !

 

 

Pourquoi fait-on croire à tout le monde qu’il y a 194 Etats ? A quoi et à qui est utile cette fiction ? Est-ce une prime aux « minorités visibles » ? Ainsi, la voix de l’obèse ne pèserait pas plus lourd que celle de l’anorexique ? Même si leurs places dans l’avion sont différemment mesurées ?

 

 

Même si, dans l’économie mondiale, la voix de mon épicier de quartier valait autant que Hilton, Virgin ou Nestlé, qui sont ce qu’on appelle des multinationales, ce qui n’est pas près d’arriver ? A qui fera-t-on croire que la voix de l’obèse ne pèse pas plus lourd que celle de l’anorexique ? Pas en droit, n’est-ce pas, mais en fait ?

 

 

La preuve qu’on nous enfume, c’est que les « gros » de l’immédiat après-guerre se sont arrangés entre eux, avec d’une part le Conseil de Sécurité (quinze membres, dont dix temporaires), et d’autre part la désignation (cooptation) des membres permanents de ce Conseil (les « quatre » vainqueurs du nazisme, merci DE GAULLE, + la Chine). Il y a les voix qui comptent (une dizaine d’Etats « installés » et « émergents », pas beaucoup plus), et celles qui ne comptent pas (tous les autres, ça fait une palanquée). Oui, comme disait DE GAULLE, l’O. N. U., c’est vraiment un « machin ».

 

 

Soit dit en passant et entre parenthèses, les quarante micro-Etats qui siègent à l’O. N. U., comme on s’en doute, ont beaucoup servi, pendant la guerre froide. Avec un net avantage aux Etats-Unis, qui ont impunément acheté leurs voix. Ils formaient une belle main d’œuvre d’appoint, une belle masse de manœuvre, les confettis.

 

 

Conclusion ? Une bonne démocratie est une démocratie « tempérée », modérée, restreinte, et pour tout dire, pas trop démocratique, justement. Pour que la démocratie puisse hisser fièrement à son mât d’apparat le drapeau de la LIBERTÉ (en lettres de feu sur la nuit), il ne faut pas que la « liberté », dans le fonctionnement réel, se croie tout permis. Il ne faudrait pas que les petits et les sans-grade le prennent au pied de la lettre, le mot de « liberté ». Sans ça, tout le monde se retrouverait bientôt sans-culotte.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

vendredi, 03 février 2012

LE FLEAU DU DROIT DE VOTE (2)

Les tribulations d’un bulletin de vote français.

 

 

On est donc en période électorale. Il importe d’avoir des lectures « citoyennes ». La Journée d’un scrutateur, ça s’appelle. Si vous ne l’avez pas encore lu et que vous avez une petite heure à perdre, la petite heure ne sera pas perdue, promis. ITALO CALVINO, entre quelques chefs-d’œuvre, a écrit ce bijou de tout petit bouquin (une centaine de pages) sur les mœurs « civiques » en démocratie.

 

 

 

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ITALO CALVINO, 'PATAPHYSICIEN EMERITE 

 

Comment, en démocratie, les gens au pouvoir s’arrangent pour le garder, y compris en faisant voter quelques vieux décatis hébergés dans les hôpitaux, quelques aliénés de l’asile, quelques vieilles bonnes sœurs grabataires, toutes bonnes gens dont la main est soigneusement guidée vers le bon bulletin de vote. Il faut voir les gars balader l’urne d’hospice en maison de retraite et les vieux de leur grabat jusqu’à l’urne. Livre réjouissant et lugubre.

 

 

Ce n’est pas en France, je n’apprends rien à personne, qu’on verrait s’étaler pareilles turpitudes. La France est – tout le monde en est d’accord – au-dessus de ces miasmes de bas étage. Bon, c’est vrai qu’aux élections municipales de 2008 à Perpignan, un certain GEORGES GARCIA, président d’un bureau de vote, a été vu avec plein de bulletins de vote dans ses poches et ses chaussettes. Simple anicroche. Billevesée.

 

 

D’ailleurs, qu’on se rassure : il a été dûment condamné – avec sursis, faut pas exagérer. Le maire sortant, JEAN-PAUL ALDUY, a été, quant à lui, confirmé dans sa réélection (il a démissionné en 2009). Ce n’est pas l’existence de quelques brebis galeuses qui vont autoriser quelque obscur blogueur pamphlétaire vindicatif – réactionnaire vaguement gauchiste (ou l'inverse) –, éventuellement doté au surplus de tendances paranoïaques, à s’en prendre au troupeau électoral dans son entier. Que cela soit dit une bonne fois pour toutes : le troupeau électoral français est fondamentalement sain.

 

 

On me fait remarquer dans mon oreillette que JEAN TIBERI, autrefois maire de Paris, a inventé (sans s'attribuer la paternité de l'invention, par modestie sans doute) l'électeur fantôme, plus souvent appelé « faux électeur ». Oh, rien de bien grave : juste il demandait à un réseau d'amis de s'inscrire sur la liste électorale de son 5ème arrondissement de Paris, même et surtout s'ils habitaient ailleurs.

 

 

 

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LA, ON N'EST PAS LOIN D'UN TRIBUNAL

ON LUI DONNERAIT LE BON DIEU

A BOIRE AVEC UNE PAILLE

TOUT LE SECRET EST DANS LA BRECHE

 

Les soirs d'élection, ces témoignages d'amitié et de solidarité lui donnaient un bon matelas d'avance sur ses rivaux, n'est-ce pas, Mme LYNE COHEN-SOLAL ? A propos de laquelle j'ai cru voir mentionner dans les journaux, il y a quelque temps, quelques turpitudes commises en compagnie de M. JACQUES MELLICK, rendu célèbre dans les années 1990, à côté d'un certain BERNARD TAPIE, le monde judiciaire n'est pas si petit.

 

 

 

Il aurait même tendance à s'étendre, si on le laissait faire. Mais nous le disons bien haut et bien fort : nous ne nous laisserons pas faire ! Nous ne laisserons pas la dent mauvaise de la calomnie rouler impunément, avec la semelle immonde de ses intentions ténébreuses,  sur nos réputations immaculées ! Nous ne laisserons pas la langue de vipère de la subversion et de la haine fouler au pied la poutre faîtière de notre intégrité sans faille (merci, monsieur le maire de Champignac).

 

 

Mais baste ! Simples anicroches ! Billevesées !

 

 

De toute façon, en France, pays de vieille démocratie, paraît-il, les camps opposés s’observent avec tant d’attention jalouse, les soirs d’élection, lors du dépouillement, que, si quelqu’un veut frauder, c’est excessivement difficile, c’est immédiatement rendu public, c’est donc rarissime, vu que les adversaires se tiennent mutuellement en joue, même si c’est courtoisement fait.

 

 

A la place du démocrate blanchi sous le harnois qui est en train de me lire, je garderais quand même un œil fixé, pour les prochaines législatives, sur la façon dont sont « gérés » les électeurs appelés « Français de l’étranger ». NICOLAS SARKOZY et ses sbires veillent sur eux comme sur du lait qui ne va pas tarder à bouillir.

 

 

Ils ont bien onze sièges de députés à pourvoir, ce qui n’est pas négligeable du tout (les curieux peuvent aller voir (http://www.politiquemania.com/forum/2012-legislatives-f31/les-circonscriptions-des-francais-etablis-hors-france-t469.html). Cela fait 90.909 électeurs pour un député. La moyenne nationale tourne autour de 70.000. Qui est avantagé a priori ? Et qui, a posteriori ?

 

 

 

Qui se souvient de CHARLES PASQUA et de ses merveilleux redécoupages à la petite scie (ça c'est pour les lecteurs de La Vie mode d'emploi, de GEORGES PEREC) de toutes les circonscriptions de députés ? Personne n'a jamais fait mieux que CHARLES PASQUA pour biaiser le résultat du suffrage universel. Finalement, c'est lui, THE ARTIST.

 

 

 

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LE MAÎTRE DANS L'ART DE LA DECOUPE ELECTORALE.

(UN REMARQUABLE IMPUNI) 

 

Revenons aux formalités. Je ne sais pas si vous avez participé à des dépouillements, mais rien n’est à la fois aussi fastidieux (ouvrir l’enveloppe, dire le nom, cocher au crayon chaque voix dans la colonne qui lui revient) et aussi électrique (en cas d’enjeu particulier, de basculement possible, de résultat spécialement serré, …).

 

 

 

Le fastidieux, c'est pour les petites mains consciencieuses, les citoyens ordinaires et bénévoles. Ceux qui y croient. L'électrique, c'est pour le chef shooté à l'adrénaline (mais, hmmmmm ! c'est si bon, l'adrénaline !) qui appelle pour la dix-huitième fois alors qu'on n'en est qu'à 52 % du dépouillement complet.  

 

 

Je signale, en passant, dans le cadre électoral, la curiosité de l’emploi du mot « dépouillement », qui signifie au départ « priver quelqu’un de ses vêtements » (Dictionnaire historique d’ALAIN REY). Certains citeraient aussitôt l’expression « déshabiller Pierre pour habiller Paul ». Pas moi. Cela n'a aucun rapport et n'a aucun sens. On a sa dignité.

 

 

Le problème, en France, ce n’est évidemment plus de conquérir le droit de vote. Tous les bébés français sont nés avec la cuillère électorale en argent dans la bouche. Ce serait plutôt de le reconquérir. C’est comme les règles de la politesse : quand on a oublié que ça existe, on ne sait plus à quoi ça servait. Et on le jette. Moi, je m'abstiens parce que j'ai perdu le Nord démocratique et républicain.

 

 

 

Quand un individu fait irruption sur cette terre, c’est compréhensible et humain, il a tendance à considérer tous les éléments de son paysage comme des parties de la Nature éternelle. Comme des évidences et des points de départ. C'est donné. Et le bébé français, avec sa cuillère en argent dans la bouche, il se rend pas compte.

 

 

Et il a tendance à voir les individus un peu plus âgés que lui comme des croulants faisant partie des meubles, des murs et des galeries d’ancêtres, voire des PPH (Passera Pas l’Hiver), qui ont fait leur temps, tu comprends, ils datent de l’époque où le téléphone servait seulement à téléphoner. Ce qu’on se marre.

 

 

Aux yeux des jeunots, les un peu plus anciens qu’eux prennent des airs paléontologiques. « Dégage » est désormais leur cri de ralliement. Le bulletin de vote fait partie de ce décor poussiéreux qu’ils éternuent.

 

 

Le problème électoral …

 

 

Ah zut, mon manquier m'avise à l'instant que j’ai un découvert à mon compte en manque de mots, juste maintenant. Bon, je réapprovisionne, et vous avez la suite.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre, les tribulations d’un bulletin de vote en Afrique et ailleurs.


 

jeudi, 02 février 2012

C'ETAIT ZOLA

EPISODE 5 (et dernier, ça commençait à faire)

 

 

Nous arrivons à Son Excellence Eugène Rougon. Oui, je crois que ZOLA est béat d’admiration devant cette catégorie d’hommes hors du commun qui appartiennent à l’espèce des « grands fauves » (voir le Haverkamp de JULES ROMAINS). Il fait tout en tout cas pour que le lecteur épouse la cause de Rougon.

 

 

Son seul truc à lui, c’est le même que NICOLAS SARKOZY : la conquête du pouvoir politique. On verra plusieurs fois l’empereur NAPOLEON III apparaître, dont une pour refuser la démission de Rougon, une autre pour l’accepter. Comme SARKOZY, il a peu d’appétit à table. Il n’a pas d’appétit non plus au lit. SARKOZY en a-t-il vraiment, ou s’est-il contenté de faire courir le bruit ?

 

 

 

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EMILE ZOLA ADORAIT FAIRE DES PHOTOS 

 

Eugène Rougon est un roué. Une petite bande s’est agglutinée autour de cet homme fascinant parce que puissant : Kahn, Charbonnel, Delestang, Du Poizat, Bouchard, … C’est un clan tout ce qu’il y a de minable, répugnant de mauvaise foi. Ils gravitent autour du maître auquel ils s’accrochent pour en tirer le bénéfice maximum, et dont ils se détournent dès qu’il est affaibli.

 

 

Il aura fort à faire avec la belle et dangereuse Clorinde, une aventurière ambitieuse qui voudrait bien, mais en vain, se faire épouser. On plaint cet Hercule à l’occasion, mais quelle idée de se laisser dominer par cette femme mystérieuse et intelligente, qui sait tracer son chemin, mais qui reste insaisissable. Quoi qu’il en soit, c’est un couple qui fait à merveille fonctionner cette machine romanesque.

 

 

Il est certain que Rougon se sent faible face à Clorinde, capable dans je ne sais plus quelle occasion de poser en Diane quasiment nue devant les hommes. Rougon, fasciné, s’abandonne, va jusqu’à lui expliquer les secrets de sa stratégie, alors qu’il ne sait pas grand-chose d’elle. La scène de la cravache dans l’écurie est excellente.

 

 

Les femmes jouent un rôle dans l’ascension des hommes : Clorinde, Madame Bouchard, Mme de Combelot. Elles sont soit vertueuses, soit belles. ZOLA ne craint pas la dichotomie, le contraste, voire l’antithèse. Vertueuses, elles seront intrigantes, méchantes, envieuses, cancanières. Belles, elles sont promises à tous les lits possibles, soit pour le plaisir, soit par calcul.

 

 

C’est DE GAULLE, paraît-il, qui disait : « Il y a deux sortes d’hommes, ceux qui pensent qu’il y a deux sortes d’hommes, … et les autres », avec un clin d’œil en direction de MALRAUX. En tout cas, pour le romancier ZOLA, les ressorts qui meuvent l’humanité en général, et la gent féminine en particulier, sont assez simples, pour ne pas dire rudimentaires. Il force toujours la note, peut-être par crainte de manquer l’effet.

 

 

Son Excellence Eugène Rougon est un livre remarquable. Par le tableau politique d’une époque, dont je me demande s’il n’est pas de toutes les époques. De bons personnages secondaires, comme Merle, le majordome, ou Flaminio, le domestique à tête de bandit. Ce que ZOLA s’efforce de montrer, c’est le vide sidéral des idées politiques (ça ne vous dit rien ?). Seules comptent ces deux règles : « s’enrichir et conserver » et « le pouvoir pour le pouvoir ».

 

 

***

 

 

Résultats des courses ? C’est vrai, je n’ai pas dit un mot, ou presque, de La Bête humaine, de Germinal, de L’Assommoir. Je crois qu’il n’y a pas de hasard si ce sont aujourd’hui les œuvres les plus célèbres d’EMILE ZOLA, les plus étudiées au lycée, les plus appréciées peut-être. Est-ce que ce sont les plus réussies ? Qui peut le dire ?

 

 

1 – On sait que ZOLA accumulait des montagnes de notes documentaires avant d’attaquer un roman. Qu’il savait tout de la Bourse et des mouvements financiers quand il a écrit L’Argent. Qu’il a voulu monter dans une locomotive pour écrire La Bête humaine. Qu’il a étudié dans le détail la guerre franco-prussienne de 1870 pour écrire La Débâcle. Tout comme ça. C’est très bien, et je le félicite.

 

 

2 – Sans compter que Monsieur ZOLA a quelque chose à démontrer. C’est d’ailleurs, en plus de toutes les thèses sociales, tout le travail du Docteur Pascal, dans le dernier volume de la série des Rougon-Macquart. C’est sûr qu’il s’en est donné, du mal, pour illustrer ses thèses. Le problème, c’est justement que ce sont des thèses (anticléricalisme, naturalisme, etc.).

 

 

Documentation + thèses à démontrer : double handicap. C’est sûr, en maints endroits la corde de ce travail n’a pas été couverte par l’enduit de la composition romanesque. Trop souvent, il ne laisse guère de place, dans la cage thoracique du roman, pour la respiration vivante des personnages. Tout romancier est forcément confronté à ce problème. Où se situe le point d’équilibre ?

 

 

D’une part, il doit donner coûte que coûte au lecteur l’impression que les personnages vivent de leur vie propre, autonome. D’autre part, s’il tient à ce que son livre soit « ancré dans la réalité » (comme on dit), il est obligé de se documenter. Voilà, tout est là. Après, c’est une affaire de mayonnaise : ça prend ou ça ne prend pas.

 

 

Il y a un troisième facteur, délicat à définir. Je crois que ZOLA, tout « naturaliste » qu’il se définisse, n’échappe pas à ses tentations subjectives : il y a des personnages qu’il doit traiter, mais qu’il n’aime pas, et il y en a vers lesquels il se sent spontanément « porté », des personnages qu’il « sent » mieux. Ceux qu'il n'aime pas prennent une silhouette scolaire, théorique. Ceux qu'il « sent » acquièrent une vie personnelle beaucoup plus intense.

 

 

Je crois qu’à ces trois égards, il y a des Rougon-Macquart réussis, et d’autres plus ou moins ratés, voire carrément H-I-É. J’ai fait mon choix, j’ai mes préférences, j’ai dit pourquoi. Ce n’est pas moi qui vais déboulonner la statue. Je n’ai rien à ajouter.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 01 février 2012

LE FLEAU DU DROIT DE VOTE (1)

C'est très beau, le droit de vote. C'est magnifique. Le monde entier nous l'envie. C'est le résultat glorieux de siècles de combat contre l'obscurité, contre l'obscurantisme, contre l'obscuration, contre l'obscurcissement, et allez tiens, tant que j'y suis, contre l'obscurisme. Parfaitement.

 

 

Et conquis de haute lutte, au prix d'efforts prométhéens et de sacrifices, humains, surhumains, inhumains. Et nous, qui « entrerons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus, nous y trouverons leur poussière et la cendre de leur vertu », et nous avons le sacré devoir et le devoir sacré de faire honneur à leur héroïsme et de perpétuer leur mémoire. Moi je dis : « Certes ».

 

 

Mais je dirais aussi volontiers : « Je suis celui qui passe à côté des fanfares, et qui chante en sourdine un petit air frondeur » (tout le monde a reconnu Le Pluriel, de tonton GEORGES BRASSENS). Il paraît même que c'est un devoir. Que tu es coupable si tu le remplis pas. Il faut que tu dises, tous les cinq ou six ans, si tu veux que ce soit M. ou Mme Foncoutu, ou M. ou Mme Coutufon qui tienne les commandes. Aux prochaines élections syndicales, sera-ce FRANÇOIS HOLLANDE ou NICOLAS SARKOZY qui sera élu Délégué du Personnel ?

 

 

Ah c'est sûr, on me fait beaucoup d'honneur en me demandant mon avis chaque fois qu'il y a une élection. D'autant plus d'honneur qu'on se fout bien de ce que je pense pendant les cinq ans moins un jour qui suivent. Cela me fait penser au 8 mars, vous savez, qu'on appelle la Journée de la Femme : « un jour pour y penser, 364 jours pour l'oublier ». Et les syndicats UMP et Parti « Socialiste » se replient sur des positions préparées à l’avance, derrière la muraille de la légalité démocratique.

 

 

Cela vaut évidemment pour la journée des maladies contagieuses, celle sans voiture, celle sans tabac, bref, il ne reste qu'à inventer la Journée de la Journée, pour qu'on puisse oublier les autres journées. Le droit de vote, c'est pareil. A quand une Journée du Vote, pour oublier qu'on oublie les électeurs tout le reste du temps ?

 

 

La démocratie est la plus merveilleuse des choses, c’est entendu. « Le pire de tous les systèmes à l’exception de tous les autres », selon WINSTON CHURCHILL. Il paraît qu’on y vit en liberté. Je dis « il paraît », parce qu’il existe de puissants moyens d’orienter cette liberté dans des directions précises, comme j’ai eu l’honneur de le narrer ici même il y a peu (voir mes notes récentes sur la manipulation).

 

 

La plus merveilleuse invention de la démocratie, donc, avant même la Liberté-Egalité-Fraternité, c’est le DROIT DE VOTE. Elle est le signe merveilleusement ineffaçable d’une dictature – quand elle s’effondre. Bon, c’est vrai que si c’est les islamistes qui s’assoient sur le trône, et pas celui des cabinets, c’est embêtant, mais bon, on va pas chipoter, hein, quand la démocratie gagne, ça veut dire que c’est la démocratie qui a gagné, hein. Enfin, c'est ce qu'ils disent. Et ça ressemble à du vrai.

 

 

Qu’est-ce qui a été gagné ? Par qui ? Là, c’est beaucoup moins clair. Et si, au fond du fond, le droit de vote était tout bonnement un FLÉAU ?

 

 

Précision liminaire : je hais le théoricien qui a mis au jour et en équations les structures des sociétés et qui peut tout vous expliquer parce qu'il a tout lu. Cela lui permet de pérorer doctement du haut d'un savoir qu'il a lui-même contribué à édifier, et qu'il a en grande partie hérité de théoriciens qui l'ont précédé et ensemencé.

 

 

Ce faisant, il tient à distance respectable le « vulgum pecus », auquel j'appartiens, considéré comme inculte et ignare. Je veux parler, évidemment, du SPECIALISTE, de l'EXPERT. Je dirai une autre fois les raisons et les caractéristiques de cette haine de la race des « experts », quelque chatoyante qu’en apparaisse l’espèce mordorée et pavanante.

 

 

L'être humain à peine social que je suis au présent, essaie dans la mesure de son maigre possible, de comprendre le monde dans le bouillon duquel il a été mis à mijoter. Du fond de ma boîte, j’ai vu, entendu, vécu deux ou trois petites choses. Et je me demande comment il se fait que notre système politique, a priori sérieux, m’apparaît aujourd’hui comme une énorme FARCE.  

 

 

En dehors de facteurs qui ne dépendent que de moi, et qui ne regardent que moi, comment diable se fait-il que le simple fait de voter ressemble à mes yeux, trait pour trait, à une comédie sinistre, à une aimable fumisterie, à une entourloupe de foire, à une vaste usine à fabriquer de l’imposture ? Je tâche de comprendre. A haute voix. 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A venir, les tribulations d’un bulletin de vote français.


 

vendredi, 27 janvier 2012

PROPAGANDE ET DEMOCRATIE (fin)

Résumé : les succès de SARKOZY sont bâtis sur une grosse machine à PROPAGANDE. Le Parti Socialiste a beaucoup réfléchi et, après mûre réflexion, a fini par se dire : « Pourquoi pas moi ? ».

 

 

Donc cette fois, qu’est-ce qu’on a mis en face de NICOLAS SARKOZY, comme produit ? On a troqué la preuse (ben oui, pourquoi y aurait pas de féminin à « preux » ? Vous voyez que j’ai l’esprit et la grammaire larges) héroïne nationale, SEGOLENE ROYAL, contre un fromage de HOLLANDE qui, à vue de nez, ne sort pas tout frais de la fabrique.

 

 

 

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LA BLAGUE EST UN PEU FACILE, MAIS INEVITABLE 

 

Ce n’est pas faute de conseillers en communication (chargés précisément du packaging du produit). Mais cette fois, promis, on va faire moins amateurs. Bon, c’est vrai, le moteur tourne de temps en temps sur « trois pattes », mais on a des bons mécanos dans l’équipe. Vous allez voir ce que vous allez voir. Roule Raoul.

 

 

Ce qui est sûr, c’est que la com’ de SARKOZY en 2007 n’est pas tombée dans l’œil d’un paralytique, et que le verrouillage des images n’est pas tombé dans l’oreille d’un aveugle. Au « grand meeting inaugural de la campagne de FRANÇOIS HOLLANDE », au Bourget, dimanche dernier, c’est une officine du Parti « Socialiste » (ou payée par lui) qui a exclusivement fourni les images offertes par la télévision dans la soirée. Exactement ce qu'avait fait SARKOZY en 2007. Entre eux, ils se piquent les trucs qui marchent. Enfin, ils espèrent que ça marche.

 

 

Ouverture de la parenthèse sur la bande-son du « meeting-du-Bourget-de-FRANÇOIS-HOLLANDE ».

 

 

C’est sûr qu’elle a été particulièrement soignée. On se serait cru chez STANLEY KUBRICK en personne, l’orfèvre en matière de bande-son, un des rares cinéastes à avoir fait des films qui « s’écoutent » vraiment. Tiens, regardez voir Eyes wide shut, et écoutez le piano obsédant de GYÖRGY LIGETI.

 

 

Au Bourget, je ne sais pas si vous avez fait attention à ça. Vous entendez l’orateur – mais est-ce que FRANÇOIS HOLLANDE est un orateur ? Ecoutez bien, vous entendez autre chose en même temps : la foule l’acclame pendant qu’il parle. C’est une acclamation EN CONTINU. Etonnant, la clameur collective semble ne jamais s’interrompre. Un sourd rugissement, venu du fond des êtres, sert de socle constant aux envolées du candidat du Parti « Socialiste ».

 

 

La foule trépigne donc sur place. L’orateur, pour donner l’impression que c’est lui qui déclenche cet enthousiasme, en même temps qu’il domine la situation, doit pousser sa voix. Le public est si heureux d’avoir trouvé le chef charismatique, qu’il l’incite à se dépasser, et le chef est tellement charismatique qu’il déclenche l’hystérie du public. La clameur le dispute à l’orateur dans des assauts alternés d’intensité et d’enchantement. J’ai trouvé ça spectaculaire.

 

 

Dans la tradition du discours de campagne, le public laissait sagement le chef développer un thème. Puis, lorsque le point culminant avait été atteint et que des mots qui marqueront forcément l’histoire avaient été prononcés, dans un élan lyrique particulièrement réussi, il laissait jaillir son allégresse comme un « sonneztrompettes éclatantes, taratata, taratata » (chœur des enfants au début de Carmen).

 

 

Ici, me semble-t-il, le Parti « Socialiste » a mis au point dans ses laboratoires de propagande une belle innovation : la manifestation permanente d’un enthousiasme collectif qui ne demande qu’à se répandre, à se propager dans la population entière, après avoir été dûment enregistrée dans la boîte aux images. On n'arrête pas un peuple enthousiaste qui déferle sur la place Tahrir. C'est l'effet de masse. Le peuple en marche est irrésistible. C'est le message des communicants du Parti « Socialiste ».

 

 

Tout cela est très au point, vraiment. Car évidemment destiné au sacro-saint « 20 heures » de TF1. C'est important, l’élaboration de la bande-son. J’espère que les « chauffeurs de salle » ont été dûment rémunérés, voire récompensés. Qu’on se le dise : le Parti « Socialiste » non plus, ne laissera rien au hasard, en 2012, pour ce qui est de la « communication ».

 

 

Clôture de la parenthèse.

 

 

Cela veut dire une chose : la machine à PROPAGANDE, qu’on soit à gauche ou à droite, tourne à plein régime. Bon, c’est vrai, je me suis déjà interrogé sur l’épaisseur de la feuille de papier à cigarettes qui sépare la droite de la gauche.

 

 

 

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C'EST-Y PAS BEAU ?

(le candidat avant son régime)

 

Et BERNARD ACCOYER peut toujours dire que si FRANÇOIS HOLLANDE est élu, la France subira un désastre comparable à celui d’une guerre. « Paroles verbales ». Mauvais cinéma. Gesticulation théâtrale. Car il faut posséder un nuancier excessivement précis, ou une balance de revendeur de haschich pour apprécier ou peser la différence entre P. S. et U. M. P.

 

 

Oui, je sais, on va encore me dire que j’exagère. Que le bipartisme existe toujours bel et bien en France. Et patali et patala. C’est vrai, on met une pincée de social et de redistributif d’un côté, on insiste de l’autre sur la sécurité et la performance économique.

 

 

Mais regardez 1983 : c’est bien le Parti « Socialiste » et FRANÇOIS MITTERRAND qui se sont convertis une fois pour toutes à l’économie de marché, à la concurrence « libre et non faussée », bref, à l’ultralibéralisme. Et qu’ils ont froidement laissé tomber, disons le mot : trahi les « couches populaires ».

 

 

Ce faisant, il faut le reconnaître, ils ont bien anticipé la chute du Mur de Berlin, la défaite du (soi-disant) « communisme » et le triomphe aveuglant du capitalisme, du libéralisme et de la finance débridée. Ont-ils pour autant eu raison de le faire ? Moi, je dis non.

 

 

Du coup, comme il n’y a plus qu’un seul système, mais que ça serait compliqué et risqué de le dire, gauche et droite sont obligés de faire comme si la guerre froide continuait. Ils sont tous obligés d’aller fouiller dans les poubelles de l’Histoire pour dénicher des « thèmes » qui les démarqueront de l’adversaire. A condition de ne pas se les faire piquer (cf. les GUY MÔQUET, JEAN JAURÈS sortis de la bouche de SARKOZY ; remarquez, MARINE LE PEN s’est bien mise à parler de « justice sociale » et de « redistribution »).

 

 

On n’est plus dans la politique. On est bien dans l’argumentation publicitaire. En débat public, ils haussent le ton comme au théâtre pour faire croire qu’ils s’engueulent et que de vraies « convictions » antagonistes les habitent et les opposent, irréconciliables. Mais regardez-les, les larrons en foire, les margoulins qui surveillent les clôtures des prés où leurs bêtes pâturent. S’agirait pas que le maquignon d’en face me pique la Blanchette, sinon qu’est-ce qui va me rester comme fromage ?

 

 

Il y a quand même quelques indices qui laisseraient presque des raisons d’espérer. Je ne sais pas si j’ai raison, mais il me semble que, si la machine à PROPAGANDE turbine plus fort que jamais, son rendement baisse de façon spectaculaire. Comme si la production d’automobiles régressait vers ses premiers âges, quand on faisait des moteurs de 200 CV qui tiraient péniblement la bagnole à 40 km / h.

 

 

Je ne voudrais pas trop m’aventurer, mais j’ai comme l’impression que le BARATIN a un peu plus de mal à faire de l’effet. Alors je voudrais vous dire que si, le 22 avril 2012, soir du premier tour de la présidentielle, j’entends qu’au deuxième tour, ce sera BAYROU contre LE PEN, je débouche le champagne.

 

 

Vrai, si les deux GEOLIERS (les deux GARDE-CHIOURME, si vous préférez) de la vie politique en France se font blackbouler, le lendemain matin, les flics pourront à bon droit et raison me placer en cellule de dégrisement pour une semaine. Et je redeviens OPTIMISTE, promis, juré, craché. Même si je ne me berce de nulle illusion quant à la nature profonde de FRANÇOIS BAYROU et de MARINE LE PEN.

 

 

Rien que la perspective d’un Parti Socialiste dans les choux et d’un U. M. P. dans les pommes, ça me donnerait une de ces patates !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 26 janvier 2012

PROPAGANDE ET DEMOCRATIE

C’est très curieux, une campagne électorale. Regardez celle de 2007 : tout est verrouillé, autour de NICOLAS SARKOZY. Je pense à cette photo de lui à cheval, en Camargue, paradant à proximité d’une charrette à foin tirée par un tracteur, sur laquelle la foule des photographes de presse a été vivement invitée à monter, au point que plusieurs sont en équilibre instable. Pas une image ne doit montrer le bout du nez en dehors de celles prévues par l’U. M. P. (ou l’officine de prod. qui en tenait lieu).

 

 

Car SARKOZY avait inventé, enfin, non, plutôt piqué aux Américains, le contrôle intégral des images distribuées dans les médias : une boîte de production payée par l’U. M. P. avait fabriqué 100 % des images vues alors à la télévision.

 

 

 

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NICOLAS SARKOZY A LA MAIN HEUREUSE QUI LE DEMANGE

 

 

Une manière de dire aux médias : vous êtes des moins que rien. Si vous croyez pouvoir jeter un œil critique sur notre campagne, vous vous fourrez le doigt dedans. C’est nous qui sommes chargés de la publicité. Et personne d’autre. Sur la base du principe : « Qui maîtrise les images maîtrise la réalité ».

 

 

Résultat, les gens n’ont vu que du papier millimétré, intégralement élaboré dans le laboratoire d’une officine privée, spécifiquement rémunérée pour ça. Ils n’ont rien vu d’autre, dans le pays qui célèbre régulièrement la liberté de la presse, que des images plus lisses et brillantes que des fesses de bébé sorti du bain. Cela signifie une chose précise et inquiétante : nous vivons désormais à l’ère de la PROPAGANDE, et d’une propagande qui s’affiche de plus en plus éhontément comme telle.

 

 

Pas du subliminal, non, de l’explicite bien net et bien franc. Enfin pas tout à fait, parce qu’il fallait être au courant des secrets de fabrication, sinon, on était devant ces images comme devant un film de cinéma ou une pause publicitaire : on gobait, un point c’est tout.

 

 

Parce qu’au cinéma, si vous n’êtes pas du métier, vous ne vous demandez pas si le plan est rapproché, américain ou éloigné, de quelle façon le film a été monté ou quels sont les angles préférés du cinéaste : un film, ça marche ou ça ne marche pas. Si ça marche, vous gobez, sinon, vous sortez. Sauf si vous vous dites que c’est bête d’avoir payé la place pour rien.

 

 

En face, en 2007, c’est sûr, ça faisait un peu amateur. SEGOLENE ROYAL, on a tout su de la conception et de la réalisation de sa campagne. On a su qu’elle avait un metteur en scène de cirque pour ses meetings, un habilleur, et tout le toutim. On n’a rien ignoré du nouveau flou de ses cheveux et de sa longue tunique, de la symbolique de ses couleurs, le bleu et le blanc de JEANNE D’ARC, j’en passe, et des meilleures, comme disait VICTOR HUGO (Hernani, III, 6).

 

 

On a tout su de ce qui se passait dans les coulisses de la candidate. On n’a rien su de la fabrique des images qui a vendu celle du produit NICOLAS SARKOZY. Le « marketing », le « merchandising », le « packaging » du détergent miracle ont fonctionné de façon absolument impeccable.

 

 

Comme le camelot et le produit étaient un seul individu, passez muscade, comme disent les petits escrocs de rue, avec leur bonneteau. Les électeurs ont acheté. Il leur a fallu quelques années pour déballer le détergent révolutionnaire, et se rendre compte que c’était de la poudre de perlimpinpin. Cela prouve une chose : que la PROPAGANDE, ça marche.

 

 

 

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L'HYENE VOUS SALUE BIEN

 

 

 

Et ce n’est pas fini. NICOLAS SARKOZY nous la joue en ce moment « homme-courageux-qui-a-ses-faiblesses », sur le mode « si je perds, je quitte la politique », qui ne veut dire qu’une chose : « aimez-moi, je vous en supplie », sanglotez, violons !

 

 

Le packaging va forcément être révisé, la révision des cinq ans, je vous la rends comme neuve. Mais la poudre est toujours la même perlimpinpin, celle de la fée qui transforme la citrouille en carrosse et Cendrillon en princesse, attention, jusqu’à minuit pas plus. Après, tant pis pour toi. Tu reviens à pinces.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Demain, promis, on goûte le fromage de HOLLANDE. Est-ce du Gouda (prononcer raouda, comme la ville), du frison, du leyden, du leerdamer, de la mimolette, du limbourg ? Le suspense est à son comble.

 


 

samedi, 21 janvier 2012

ET UNE TÊTE DE ROI SAUCE GRIBICHE !

Résumé : la « décollation » (c’est comme ça qu’on dit) de LOUIS XVI a créé de l’irréversible. Je voulais évidemment marquer la date mémorable du  21 JANVIER 1793.

 

 

 

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UNE TÊTE DE LOUIS XVI 

 

Comment en est-on arrivé là ? On n’est pas au cours d’histoire. Mais il y a quand même un truc qui me frappe. Lors de la Révolution, les députés qui entendaient changer quelque chose à l’ordre des choses se sont assis les premiers dans la partie gauche de l’hémicycle. Ceux qui voulaient le conserver plus ou moins tel quel, dans la partie droite. C’est depuis ça qu’on parle de « droite » et de « gauche ». Je parle de l’aspect général, pas des détails, des nuances et des moments.

 

 

Tout le 19ème siècle a vu cet affrontement (1848, 1871, affaire Dreyfus, laïcité, …). Il ne faut pas s’imaginer que l’ordre ancien se laisse badibulguer sans résistance. Parce que 360 bonshommes, c’est un tout petit peu moins de la moitié des voix, mais ils ne vont pas sans regimber se laisser guillotiner par 361 régicides. Chez les loups, les vrais, on est bien plus avisé : le moins fort adopte rapidement la position de soumission. La Révolution n’a certes pas inventé la guerre sociale, mais elle l’a drôlement structurée, je trouve.

 

 

J’ai en effet l’impression que toute l’histoire récente (1789 en général et 1945 en particulier) de la France a dépendu de cet abîme creusé entre deux France antagonistes par ceux qui ont raccourci le roi en 1793. Comme si la Révolution avait définitivement crispé deux muscles dans un bras-de-fer éternel entre le bras droit et le bras gauche du même corps. Bon, on va dire que je suis en train d'inventer l'eau tiède. J'avoue, mais attendez la fin quand même.

 

 

Je n’en suis pas à dire « Embrassons-nous Folleville » (EUGÈNE LABICHE) ! Je ne suis même pas loin de penser que ce ne sont pas deux bras d’un même corps, mais attachés aux troncs de deux individus différents, qui revendiquent chacun la possession d’une seule identité : la leur. J’ai l’impression que, depuis la Révolution, c’est l’identité française qui est divisée et qui dit : « Ma main droite te caresse, et ma main gauche te gifle ».

 

 

Parce que la Révolution, ça a été drôlement indécis, si on regarde la durée, rien que depuis les Etats-Généraux jusqu'au 9 Thermidor : 5 ans. CINQ ANS ! Les « révolutionnaires arabes » qui la ramènent, c’est rien que des blancs-becs. On verra dans quatre ans, tiens, où ils en sont. Je me dis que les nôtres, c’est un peu comme des couvreurs qui, en zigouillant le roi et tout le paquet de sacré qui allait avec, auraient eux-mêmes fait tomber l’échelle avec laquelle ils sont montés sur le toit : pour redescendre sur terre, il ne reste plus qu’à sauter. Dans l’inconnu.

 

 

En 1793, l’échelle, c’est la tête du roi. C’est un raisonnement du genre « tout ou rien ». Du genre « pacte de sang » : tous complices, donc tous solidaires. Aucun rachat possible. Si c’est une faute, elle est inexpiable. Sinon, on appellera ça un « acte fondateur ». Un peu comme le meurtre rituel du roi chez les « primitifs », dont parle RENÉ GIRARD dans La Violence et le sacré. Le meurtre qui unifie tous les membres de la nation.

 

 

Sauf qu’ici, on est dans un schéma « mythe contre mythe ». La Révolution contre l’Ancien Régime. Le nouveau mythe (la République) n’a pas arraché les racines de l’ancien (le Roi), et pour cause : quoi que tu fasses, le second fait partie du passé collectif. Difficile de s’amputer ou de se déraciner soi-même. Comment unifier les contraires ? ALFRED JARRY a accompli l’exploit de cet oxymore réalisé (dans la ’pataphysique). Mais la gauche et la droite, ce n’est pas envisageable.

 

 

 

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ALFRED JARRY, INVENTEUR DE LA 'PATAPHYSIQUE

GRAVURE SUR BOIS DE FELIX VALLOTTON 

 

Que serait-il arrivé si le roi n’avait pas été décapité ? Là, tu m’en demandes trop. Peut-être que ses partisans, aidés de tous ses « cousins » couronnés d’Europe, auraient eu la peau des Révolutionnaires. Va savoir. Et on ne serait peut-être pas là pour en parler. Toujours est-il que, depuis, droite et gauche demeurent irréconciliables. Je sens que je vous apprends quelque chose, non ?

 

 

La seule solution, c’est de dissoudre. Quoi ? Mais précisément : la gauche et la droite, voyons ! S’il n’y a plus ni gauche ni droite, où sera le problème ? C’est comme le cercle de BLAISE PASCAL et de quelques autres qui l’ont précédé : le centre est partout, la circonférence nulle part. Dit autrement : tout est dans tout, et réciproquement.

 

 

Mais dis-moi au moins, blogueur patafiolé, dissoudre, pourquoi pas, mais par quel miracle ? Mais, cher lecteur, par le miracle de l’économie de marché, de la concurrence « libre et non faussée » et de l’Ecole Nationale d’Administration, que toutes les planètes habitées nous envient. Les révolutionnaires n’avaient rien compris. Ils croyaient que leurs idées devaient triompher, et ils étaient prêts à se faire étriper pour ça. C’est fini. Maintenant que MARX a définitivement perdu la bataille, et même la guerre, c'est fini.

 

 

Tu élimines les idées, autrement dit, tu fais de la politique sans politique, et tu apprends aux futurs politiciens à bien gérer, à bien administrer les affaires d’un pays. Tu les mets sur les mêmes bancs de la même école. Ils apprennent les mêmes choses, à s’apprécier, à se tutoyer. Tant que la « politique » ne s’apprenait pas à l’école, c’est sûr, le pire était à craindre, le pays à feu et à sang et tout ça.

 

 

On a remédié à cette tare : ils ont tous appris à « gérer » les affaires. C’est le service comptable qui est aux commandes. Elle est bien oubliée, la tête du roi. Elle ne peut même plus servir d'épouvantail. Elle est devenue, au sens propre, INSIGNIFIANTE. Et la droite et la gauche ont cessé d’être des adversaires, voire des ennemis, et ne sont plus que des rivales dans la conquête et la conservation du POUVOIR. La gestion a eu raison des idées politiques. Maintenant, "gauche" et "droite" sont de simples éléments d'un décor de théâtre.

 

 

La mort du roi LOUIS XVI, aussi longtemps que j’ai cru qu’on était en République, je l’ai fêtée dignement, commémorée fidèlement, célébrée pieusement, évoquée religieusement. Et joyeusement, s’il vous plaît. Avec le saucisson (ou la tête de veau gribiche) et le vin rouge républicains, s’il vous plaît. Et le bonnet phrygien de rigueur. Avec la fanfare, la clique et l’harmonie pour le « ça ira », « la carmagnole » et tout le saint frusquin.

 

 

Et puis voilà que, maintenant, je me demande ce qui m’arrive, je n’ai plus le cœur à ça. Fini, vidé de sa substance, le 21 janvier. Qu’est-ce qui m’arrive ? Me voilà comme GEORGES BRASSENS le 22 septembre : « Un vingte-deux septembre, au diable vous partîtes, et depuis, chaque année, à la date susdite, je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous. Or nous y revoilà, et je reste de pierre, pas une seule larme à me mettre aux paupières. Le 22 septembre, aujourd’hui, je m’en fous ».

 

 

 

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Voilà, c’est arrivé. J’ai mis le temps, vous me direz. Certes. Je n’ai même plus envie d’aller me foutre de la gueule des royalistes et de leur messe commémorative, avec leur folklore, leur latin et leurs déguisements. La technique, la finance et le spectacle ont pris le pouvoir. Plus besoin des idées politiques. Et la mort de LOUIS XVI, aujourd’hui, je m’en fous. Et après tout, pourquoi pas royaliste ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

samedi, 14 janvier 2012

DIS-MOI QUI TE MANIPULE (suite)

Résumé : JEAN-LEON BEAUVOIS et ROBERT-VINCENT JOULE ont publié Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, en 1987. Il est assez facile d’agir sur le comportement des gens.  

 

 

Mon bon copain Grand Robert m’a dit récemment qu’une manipulation est une « emprise occulte exercée sur un groupe (ou un individu) ». Tudieu, c’était donc ça ! Si je comprends bien, alors, c’est quelque chose de vraiment pas bien. On va voir qu’au contraire, pour B. & J., tout baigne.

 

 

 

MANIPULATION MALKOVITCH.jpg


PORTRAIT DE JOHN MALKOVITCH

 

 

Un individu est donc d’autant plus « engagé » dans une action qu’il a l’impression d’avoir pris la décision lui-même. Et plus son « engagement » sera fort, plus il aura tendance à persévérer dans sa décision. Dit autrement : plus j’ai l’impression d’être libre, plus je m’engage dans ce que je décide, et plus j’aurai du mal à renoncer à ma décision. Notez bien le mot « impression ».

 

 

Inversement, plus j’agis pour exécuter un ordre (l’adjudant m’envoie nettoyer les chiottes, qu’il faut que même la merde brille, pour prendre un exemple d’une époque révolue), plus j’ai envie de tirer au flanc. Car je sais que là, je ne suis pas libre du tout. Ce n’est pas une simple impression.

 

 

De toute façon, tout le monde vous le dira : adjudant, ça ne se fait plus. A l’époque merveilleuse que nous sommes en train de vivre, rien n’est plus moche que de ne pas être libre. Enfin presque : de ne pas avoir « l’impression » d’être libre. Résultat : tout le monde a décidé qu’il est libre. Enfin, c’est ce qu’ils disent, tout le monde. On ne pourra pas leur enlever ça, aux gens : ils ont dur comme fer l’impression d’être libres.

 

 

Parce que les compères B. & J. montrent comment des gens très sérieux, dans des laboratoires, ont prouvé scientifiquement combien il était facile de « manipuler » les gens pour que, justement, ils en soient convaincus, qu’ils sont libres, alors même qu’ils faisaient des choses inspirées par des volontés extérieures.

 

 

B. & J. appellent ça la « soumission librement consentie ». Bon, on voit bien que c’est un oxymore, autrement dit une contradiction dans les termes. Ça ne les gêne pas, B. & J. Au contraire, ils trouvent ça parfait. Tout en maintenant le mot « manipulation » dans leur titre. Un peu faux-culs sur les bords, les compères.

 

 

Un certain ETIENNE DE LA BOETIE (oui, le même que « parce que c’était lui, parce que c’était moi ») appelait ça la « servitude volontaire ». C’était plus franc, moins sournois. Mais le yaourt LA BOETIE  porte une date de péremption dépassée depuis tellement longtemps … que tout le monde a oublié ce que veut dire « servitude ».

 

 

Parenthèse en train de s'ouvrir :

 

 

Tout le management d’entreprise, depuis des dizaines d’années, a consisté à faire entrer dans le fonctionnement journalier de l’entreprise les techniques de manipulation. Le but avoué ? Faire disparaître du paysage directement visible le PRINCIPE D’AUTORITÉ.

 

 

C’est ainsi qu’il n’y a plus d’employés, mais des « collaborateurs ». Que le patron se balade en chemise. Que tout le monde se tutoie et s’appelle par son prénom, que t'as vraiment l'impression qu'il n'y a plus de hiérarchie, que tout le monde est sur un pied d'égalité.

 

 

Qu'on fait, tiens-toi bien, au cours des « stages de remotivation de l'équipe », du saut à l'élastique, des opérations survie, du parachute, pour montrer qu'on est tous un gros tas de chouettes copains, et qu'on est prêts à se défoncer pour l'entreprise. Mais tout le monde a beau jouer la comédie, tout le monde sait qu’il s’agit d’une simple opération d’escamotage du dit PRINCIPE D'AUTORITÉ.

 

 

Parce qu'il est increvable, dans ce système, le principe d'autorité.

 

 

Parenthèse qui se ferme.

 

 

Donc, nous disions qu'il s’agit de faire agir quelqu’un dans un sens souhaité. Dans les techniques de manipulation dévoilées par B. & J., figure en bonne place le « pied-dans-la-porte ». Dans la rue, par exemple, il est recommandé de demander l’heure avant de demander une pièce de monnaie.

 

 

De même, si une ménagère accepte d’apposer sur sa vitre de cuisine un auto-collant en faveur de la sécurité routière, elle acceptera plus volontiers qu’on installe dans son jardin un grand panneau sur le même thème. Demander petit au début pour obtenir gros à la fin, disons que ce sont de bons débuts dans la manipulation.

 

 

Une autre technique qui marche assez bien : la promesse non tenue. Enfin, en termes de « psychologie sociale », ils appellent ça « l’amorçage ». On pourrait aussi appeler ça « publicité mensongère ».

 

 

Vous vendez des voitures ? Annoncez une réduction de 15 %. Quand les gogos ont afflué sur place, dites-leur que ce sera finalement 3 %. Eh bien tenez-vous bien, un nombre respectable des gogos persiste. En gros, vous provoquez une attente, un désir, que vous décevez, mais pas trop. Normalement, il reste des gogos : ceux qui n’ont pas la sagesse de faire un trait sur le désir qu’on a fait naître en eux. 

 

 

 

MANIPULATION CLE.jpg

 

 

 

Bon, je ne vais pas résumer le livre de B. & J. Disons simplement qu’ils exposent un certain nombre de techniques, expérimentées dans un cadre universitaire, donc scientifique, parmi lesquelles certaines sont croquignolettes, par exemple, celle où des étudiants, à la suite de manœuvres tortueuses, acceptent de manger un ver de terre. Il y a aussi l’animateur de supermarché qui aiguille les clients vers le rayon pizza en leur touchant ou non l’avant-bras avec la main : ceux qui ont été touchés achèteront bien plus de pizzas que les autres.  

 

 

Les gens, c’est maintenant prouvé, on peut leur enlever une partie de leur liberté sans qu’ils s’en aperçoivent. C’est sans doute ce que B. & J nomment le « libre consentement ». Des hypocrites cauteleux, des papelards chafouins, finalement, les compères B. & J. Même « librement consentie », j’appelle la soumission « servitude ». Tout ça montre assez bien qu’on ne sait plus trop ce que c’est, la liberté.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre…bientôt.


 

vendredi, 13 janvier 2012

DIS-MOI QUI TE MANIPULE

Je l’ai déjà dit ici, la Bande Dessinée forme une part non négligeable de l’humus sur lequel l’Egopode podagraire ou le Centranthe rouge, bref, la mauvaise herbe que je suis, a poussé. « C’est pas moi qu’on rumine et c’est pas moi qu’on met en gerbe », dit quelqu’un de bien. Je suis resté Egopode podagraire ou Centranthe rouge, bon gré mal gré.

 

 

Dans les rares séries B. D. actuelles où mes circuits trouvent encore un peu de sève pour alimenter leur course alentie (on dirait du Verlaine, vous ne trouvez pas ?), il s’en trouve une qui emporte l’unanimité de mon suffrage, c’est la série Alpha.

 

 

Bien sûr, pas pour le surhumain cornichon vaguement courge qui vient à bout de tout sans être défrisé (c’est la loi du genre). Mais pour des scénarios impeccablement construits, qui réjouissent l’esprit du lecteur presque autant que le scénario inoubliable du Retournement, roman de VLADIMIR VOLKOFF (1979), que vous avez sûrement lu.

 

 

Parmi les épisodes, on trouve l’histoire d’une arnaque diaboliquement vicieuse visant à assassiner le président des Etats-Unis en personne. Un Irlandais nationaliste (engagé dans l'I. R. A. ?) rentre paisiblement chez lui, découvre sa famille assassinée. Le cadavre d’un agent de la C. I. A. laissé sur place laisse penser que ce sont les Américains qui ont fait le coup. L’Irlandais est convenablement aiguillé (et aiguillonné) par des salopards vers une vengeance impitoyable à l’encontre du grand responsable, qui ressemble ici à GEORGE W. BUSH.

 

 

Sauf que le coup a été monté par le patron des services secrets de Sa Majesté, qui aimerait bien venger ainsi la mort tragique de son fils, précisément en Irlande. Il échoue au dernier moment, grâce au héros, évidemment. Inutile de dire que l’Irlandais devait exploser en même temps que la voiture généreusement offerte par les salopards. Pas de traces, chez les salopards.  

 

 

Le procédé utilisé par les barbouzes anglais porte le label d’origine contrôlée MANIPULATION. Il se résume à une question : comment faire que  quelqu’un obéisse à un ordre en croyant accomplir sa seule volonté ? Comment l’amener à adhérer au désir qu’un autre a eu à sa place ? Comment lui faire prendre à son insu la décision qu’un autre a prise à sa place ?

 

 

 

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Messieurs BEAUVOIS et JOULE (JEAN-LEON BEAUVOIS et ROBERT-VINCENT JOULE, que j’abrègerai en B. & J.) ont publié un intéressant petit livre en 1987 (ce n’est pas un perdreau de l’année, mais moi non plus, donc …), qui s’intitule précisément Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens.

 

 

C’est un livre de « psychologie sociale » qui acclimate sur le sol français une théorie qui a vu le jour sur le sol américain : la théorie de « l’engagement ». Acclimatation réussie, semble-t-il : 250.000 exemplaires vendus.

 

 

La théorie postule quelque chose de central : quand le colonel du régiment fait un discours sur les méfaits de l’alcool et de la drogue, c’est sûr qu’aucun bidasse ne va le contredire, mais c’est sûr aussi que chacun va continuer comme si rien ne s’était passé. En revanche, si vous arrivez à obtenir d’une personne qu’elle traduise en acte effectif, même minime, une décision qu’elle accepte de prendre, cette action aura tendance à perdurer dans le temps. Le discours est inefficace à long terme, au contraire de l'acte effectif.

 

 

Ce qui est rigolo, ici, c’est de penser aux vieux manuels de philo, qui étaient traditionnellement structurés selon la dichotomie « la pensée » / « l’action », et qu’on a tous, à une époque, appris que la pensée précède (et domine) l’action. L'hypothèse des auteurs est que ceci est un mythe aimablement colporté par une tradition, disons « humaniste ».

 

 

B. & J. soutiennent en effet que la persuasion (discours oral) est par nature inefficace. C’est, dans leurs termes, la méthode « cognitiviste », traditionnelle, qui s’adresse au cerveau, à la raison, à la compréhension, à l’intelligence, et qui suppose que l’esprit commande, selon la vieille image qu’on se fait de la liberté humaine (priorité à la pensée). Cette méthode ne vaut rien.   

 

 

Car si vous voulez que des choses changent en réalité, il vaut mieux essayer d’obtenir des actes de la part des personnes, parce que celles-ci se sentiront beaucoup plus engagées (elles auront fait). La méthode est ici « comportementale » (ça, c'est bien américain), et repose sur l’idée que l’individu est davantage dans ce qu’il fait que dans ce qu’il pense (priorité à l’action).

 

 

Ça va même plus loin, puisque les auteurs montrent que plus l’action réalisée a coûté à l’individu (parce qu’elle allait à l’encontre de ses convictions), plus celui-ci fera un effort mental et réarrangera ses propres convictions pour qu’elles reviennent en cohésion avec l’acte accompli. En clair : si vous réussissez à lui faire accomplir un acte auquel il n'adhère pas, vous réussirez ipso facto à le faire changer d’avis. La manipulation est là.

 

 

 

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Quelqu’un qui fait quelque chose qui lui coûte provoque en lui-même une dissonance, comme une fissure intérieure qui le rendrait rapidement schizophrène s’il n’y mettait bon ordre : il est plus facile de changer la conviction que d’effacer l’acte déjà accompli. A ce stade, on peut donc se dire que la manipulation a réussi son coup.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.