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vendredi, 20 janvier 2017

MACRON LE PANACHE BLANC

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Photographie Frédéric Chambe.

Le voile protecteur posé sur l'échafaudage permet de mettre en évidence le rayonnement bleuté qui émane d'un lampadaire  de nouvelle génération et qui, en temps ordinaire, n'est pas perçu comme tel. Dernièrement dans Le Monde, un chirurgien des yeux pestait contre les écologistes aveugles qui, dans leur frénésie d'économies d'énergie, ne tiennent aucun compte des effets de ce rayonnement bleuté produit par les LED sur la rétine humaine, paraît-il dévastateur, et prometteur d'une future épidémie de DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l'Âge). Je livre tel quel cet avis d'un spécialiste. De bons philosophes savent, disent et professent qu'il ne peut y avoir de gain (ce qu'on appelle "Progrès") sans une perte équivalente. En réponse, comme Escartefigue répondant dans le Marius (III,5) de Pagnol, à je ne sais plus qui, « La marine française, elle te dit merde », avé l'assent), le "Progrès" répond, imperturbable et sûr de son bon droit : « Tu sais ce qu'il te dit, le Progrès ? ».

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Tiens, à propos de progrès, voilà ce qu'il nous dit, Le Progrès, mercredi 18 janvier :

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Devinette : quelle est la couleur du panache blanc de Macron ?

Une cinquantaine de socialistes du Rhône, dont le maire de Lyon Gérard Collomb, ont annoncé qu'ils ne participeraient pas à la primaire du Parti Socialiste (Belle Alliance Populaire dans sa version exotique, fleurie et odorante) et qu'il rejoignent en cohorte tous les ralliés qui ont déjà fait leur déclaration d'amour à Emmanuel Macron et à sa candidature.

Pour être franc, Emmanuel Macron, c'est quoi ? Quand des "experts" analysent la "trajectoire fulgurante" de ce type très propre sur lui, ils sont perplexes, ils répondent qu'ils ne savent pas bien, que les contours de sa "doctrine" sont pour l'instant un peu flou, qu'ils attendent de connaître les détails de son programme pour se prononcer.

L'intéressé ne semble pas pressé, c'est le moins qu'on puisse dire, de mettre ses cartes sur la table. Pour mon compte, j'ai tendance à me dire que, quand il estimera que ce jour est venu, il y a des chances qu'on assiste à un drôle de spectacle. Probable en effet que l'on verra la montagne accoucher d'une souris. Mieux, il est même possible qu'on voie ce jour-là, pour la première fois, une élégante mayonnaise accoucher de Mickey mouse.

Ce qui est sûr, c'est que le "petit nouveau" fonctionne à la façon d'un certain "panache blanc", d'illustre mémoire dans l'histoire de France. Aujourd'hui, c'est Macron qui fait le panache blanc.

L'image du miroir aux alouettes était également utilisable, quoique le message qui s'en dégage soit moins amusant. Ce qui est sûr, c'est qu'en ce moment, les dents longues de cette étrange émulsion médiatique croquent sans se gêner dans le gâteau que les enquêtes d'opinions sortent pour lui du four "à pleines pallerées" (Rabelais).

Convainquons-nous, au risque de doucher les enthousiastes, que le soufflé ne tardera pas à retomber : Macron est la pièce toute neuve (on dit "fleur de coin" chez les numismates) qui sort d'une machine à bout de souffle. Toutes les pièces qui sont sorties de la même chaîne de fabrication sont aujourd'hui bonnes pour la casse.  C'est la série entière qui doit renvoyée chez l'industriel pour malfaçon.

Dans ces conditions, sur quoi sont fondés les innombrables ralliements que collectionne dans son sillage la candidature de Macron ? Va comprendre ...

Mais il me vient tout à coup une petite idée, que partageront sans doute pas mal d'abstentionnistes endurcis. Derrière le défilé impressionnant des troupes qui emboîtent le pas, jour après jour, à ce premier de la classe à gueule de jeune premier (ça tombe bien), je vois s'allumer sur le mur du fond une enseigne au néon qui illumine la noblesse des intentions de tous ces suiveurs : 

À LA SOUPE !!!!

Les premiers ralliés nourrissant sûrement l'espoir d'être les premiers servis : il y aura des places à prendre au cas où .... Tous ces ralliés sont en train de jouer au loto. En clair : ils croient au père Noël, et ils voudraient très fort que nous fassions de même.

Je réponds à la façon de Donald Trump : NO WAY !!!

Le panache blanc d'Henri IV ("le chemin de la gloire et de l'honneur") avait tout de même une autre gueule.

vendredi, 13 janvier 2017

REVENU UNIVERSEL : L'AVEU

LE TRAVAIL NE REVIENDRA PAS

On entend ça sur toutes les ondes : le revenu universel est le dernier hochet à la mode, que se disputent et dont débattent gravement de savants économistes. Tel ou tel politicien (hier soir lors du débat la "Belle Alliance Populaire" (!), alias "la Primaire de la gauche", Benoît Hamon, mais aussi Yannick Jadot, …) en mal de programme électoral propose même de l’instaurer. A quel niveau doit-il être fixé, 500, 700 ou 900 euros par mois ? Trois cents milliards ou quatre cents ? Qui va payer ? Doit-il être donné de façon inconditionnelle ou sous condition de ressource ? Est-ce un bien ou un mal ? Est-ce une incitation à la paresse ? Serait-ce une défaite ou une victoire de la civilisation ?

Je laisse les débatteurs s’écharper : mon propos est ailleurs. Car l’irruption de ce thème sur les scènes politique, économique et médiatique (même si certains trouvent des précurseurs dans les autrefois) débarque comme la révélation d’une vérité qu’aucun responsable n’ose encore formuler explicitement : le seul fait que puisse être proposé sans rire de donner aux gens de l’argent sans rien attendre d’eux en échange révèle quelque chose qui est au cœur du monde contemporain. En un mot, c’est un aveu.

L’aveu de quoi, demandera-t-on ? C’est tout simple, c’est ce que j’affirmais crânement le 6 juin 2016 : non, le travail ne reviendra pas. Il est parti en Chine et ailleurs avec nos usines et nos machines. Si des patrons, des économistes, des hommes politiques en sont arrivés à faire la proposition du revenu universel, c’est qu’ils le savent et qu’ils n’ont même aucun doute à ce sujet. Et ceux qui voient une foutaise dans la proposition, ceux qui espèrent les relocalisations des entreprises, ceux qui promettent le retour de la « croissance » pour vaincre le chômage, ceux-là sont tout simplement des menteurs.

Si Mario Draghi, directeur de la Banque Centrale Européenne, a pu émettre (en 2016) sans se faire traiter de malade mental la suggestion (à moitié sérieuse quand même) de jeter des masses d’argent par hélicoptère sur les populations européennes, c’est qu’il le sait, lui aussi.

Tout ce beau monde sait parfaitement que, si un jour des tâches de production sont rapatriées sur notre territoire, ce sera sous forme de travail robotisé et qu’en lieu et place d’usines où des centaines, voire des milliers d’humains gagnaient leur vie (ci-dessous Renault, l’île Seguin, la sortie, « Il ne faut pas désespérer Billancourt », c’était il y a combien de siècles ?), il y aura bientôt des unités de production où les machines travailleront toutes seules, surveillées par une poignée de gens observant des cadrans et payés pour veiller au grain. La foule des autres ne servira plus à rien.

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Tout ce beau monde sait que le travail ne reviendra pas. Et si des hauts responsables de collectivités humaines, des gens sérieux, proposent aujourd’hui de payer les gens à ne rien faire, j’y vois, en même temps qu’une certitude, une résignation, voire un désespoir. Car cela doit être une épreuve intellectuelle et morale insoutenable que d’avoir à renoncer au travail, ce pilier des sociétés humaines depuis des millénaires, un pilier qu’on croyait éternel et inébranlable, puisque c’est autour de lui que les sociétés dites évoluées ont construit leur existence.

Cette révolution anthropologique ébranle les vérités qui structurent les individus et les sociétés sous toutes les latitudes depuis Mathusalem. La cause en est donc connue : la numérisation, l’automatisation, la robotisation, l’intelligence artificielle, l’avènement de machines capables d’apprendre en cours de fonctionnement grâce au « deep learning ».

La technique n’aura bientôt plus besoin de l’homme. Et c’est l’homme qui se lance avec enthousiasme dans la réalisation de ce projet ! Oui, l'homme est un loup pour l'homme (Plaute). Il ne fait plus le poids, et c’est lui qui, non content d’avoir fait la bombe atomique, a inventé ce monde totalement artificiel qui le dépasse, le détrône et, pour finir, ne va pas tarder à le chasser : une autre belle bombe en perspective !

Pourtant, il n'a pas manqué de Philippulus le Prophète pour annoncer le pire. Günther Anders l’a bien dit dans L’Obsolescence de l’homme (II) : plus la machine acquiert de compétences, plus le travailleur devient un simple spectateur, et même un serviteur de la machine. Paul Jorion ne prend même pas la peine d'étayer ce qui est pour lui une certitude, et tient pour acquise la perspective de l’extinction de l’humanité (Le Dernier qui s’en va éteint la lumière). Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, combien d’autres … (voir mon billet du 4 juin 2016). Tous prophètes de malheur, sauf que Philippulus retourne à l'asile, alors que le système se contente de répondre aux autres : « Cause toujours ».

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Quant aux oisifs définitifs, aux chômeurs à vie payés pour rester chez eux, à cette humanité rendue superflue par le « Progrès » technique, comment vont-ils pouvoir tuer les masses de temps libre qu’ils auront à l’horizon ? On dit souvent que les gens cherchent un bon boulot, c’est-à-dire un job qui les motive et les intéresse. Plus rarement entend-on formuler l’idée que s’il y a un travail, c’est parce qu’il remplit une fonction sociale, qu'il a une utilité sociale.

En travaillant, on a (au moins en théorie : un métier est plus qu'un travail, qui est plus qu'un boulot, qui est plus qu'un emploi, qui est lui-même plus qu'un job, sans parler des « bullshit jobs », les "boulots-bouse-de-vache" ou "boulots de merde") l’impression de se rendre utile. Le job ("AVS") qui consiste à servir de béquille aux très vieilles personnes, est-ce un métier ? Celui qui le fait se sent peut-être utile. Piètre consolation, car en général, le sentiment éprouvé par les chômeurs de longue durée est un sentiment de profonde inutilité.

A quoi je sers, se demandent-ils avec raison ? S'ils se sentent inutiles, c'est qu’ils sont de fait socialement inutiles. Pas besoin d’être psy pour savoir que c’est difficilement supportable, surtout dans la durée. L'humanité jetable. D'où l'utilité du concept de déchet utilisé par le sociologue Sigmund Baumann (qui vient de mourir) pour qualifier le statut de l'humain obligé de quitter sa maison et son pays pour des contrées, croit-il, moins menacées, mais aussi le statut de l'homme-consommateur, devenu déchet liquide à force de consommer.

Une société sans travail (ne parlons pas de ceux qui sont à découvert le 10 du mois), même dotée du revenu universel (payée pour vivre en grève illimitée !), a de bonne chance de devenir une cocotte-minute. Quelle soupape de sécurité va-t-on bien pouvoir mettre au point pour éviter l’explosion de la bombe ? Que faire pour éviter que les masses d'oisifs à perpétuité descendent dans la rue pour tout casser ?

Le Festivus festivus de Philippe Muray sera-t-il envoyé aux oubliettes par l'invasion du divertissement, non plus comme parenthèse ou échappatoire comme il le dénonçait, mais comme principe organisateur conditionnant tout notre mode de vie ? Faudra-t-il multiplier à l’infini les animations, les spectacles, les "événements", les écrans, les jeux vidéo, les casques de réalité virtuelle pour que les populations se tiennent tranquilles, et acceptent de ne pas mettre la société à feu et à sang ? Est-ce sous la forme de « société du divertissement obligatoire et permanent » que les concepteurs de la « société des loisirs » imaginaient celle-ci ?

Qu’est-ce que ça peut donner comme musique, un concert de bouches inutiles ?

« Non, je crois que la façon la plus sûre de tuer un homme,

C’est de l’empêcher de travailler en lui donnant de l’argent. »

C'est Félix Leclerc qui dit ça ("100.000 façons de tuer un homme


"). A transmettre aux promoteurs du revenu universel. J'aimerais pouvoir penser qu'il a tort. J'aimerais.

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 11 janvier 2017

LA GAUCHE COSMÉTIQUE 3

3/3 – Les nouveaux opprimés.

La gauche esthétique et cosmétique s'est introduite dans les consciences, et s'est reconvertie dans la "direction de conscience", vous savez, ce truc mis au point par l'Eglise catholique pour agir sur les individus, en particulier les femmes, par l'intermédiaire de leur confesseur. Le curé, chargé de la conscience des fidèles, était supposé conduire le troupeau de ses brebis dans la bonne direction en leur disant ce qu'il fallait ou non penser, en leur glissant dans l'oreille des « c'est très bien, mon fils » ou « ce n'est pas bien du tout, ma fille », et en leur donnant l'absolution, mais à condition qu'elles fissent pénitence, dissent leur acte de contrition, corrigeassent leurs mœurs et promissent de ne plus recommencer. La gauche cosmétique a adopté le principe mais, faute de curés, s'est tournée vers les juges, les tribunaux, le Code pénal. Il n'y eut plus d'encouragements, il n'est plus resté que le bâton.

Ayant délaissé l'essentiel au profit de l'accessoire et promu au premier rang de ses préoccupations l’attention portée aux relations entre les individus plutôt qu’aux archaïques, prosaïques et dépassés rapports de production, d’exploitation ou de domination de classe, on peut dire que la gauche cosmétique a inventé la moderne « police des mœurs », de la « police des mots », de la « police de la pensée », toutes au taquet pour surveiller comme du lait sur le feu la qualité du « vivre-ensemble », de la « solidarité », de la « tolérance », et prêtes à dénoncer la moindre infraction à ce code d’un nouveau genre sous l’appellation englobante et pratique de « discrimination » (voire pire). Si j'ose dire, "nous n'avons pas les mêmes valeurs" qu'auparavant.

Mieux : un peu comme dans l'ancienne RDA quadrillée par la Stasi, tout le monde s'est mis à surveiller et contrôler tout le monde, au nom de grilles de lectures corrigées, confectionnées par des sociologues, historiens, statisticiens, etc., mais aussi et surtout par de vigilants militants associatifs, activistes de toutes sortes de « causes », souvent influents car bien introduits tout près des lieux de décision. Les féministes se sont mises à guetter la moindre manifestation de machisme ou de sexisme, les juifs ont hurlé à l'antisémitisme, les homosexuels ont traqué le moindre signe d'homophobie, les musulmans se sont mis à l'affût de la moindre allusion islamophobe, les handicapés, obèses, noirs, nains, basanés, yeux bridés se sont mis à monter en épingle le moindre soupçon de discrimination (avec ses subdivisions "à l'embauche", "au logement", "au faciès", ...). Traqueur de "haine" est désormais un métier.

L'épiderme de chacune de ces « communautés » est devenu chatouilleux et d'une sensibilité d'écorché, et chacune n'a plus eu d'yeux que pour ses propres intérêts, klaxonnant dans les médias (très bien relayée par les journalistes) chaque fois qu'elle se sentait lésée, même si peu que ce soit : le « regard des autres » n'est pas encore un délit, mais ça ne saurait tarder (dans la cour de récré, les petites féministes de CE2 iront se plaindre : « Maîtresse, il m'a regardée ! »). 

Nul ne s'est inquiété de ce que pouvait devenir dans ces conditions le sentiment d'appartenance à la société française tout court. Les parties sont devenues plus importantes que le tout, enfin, pas toutes les parties, car il y a du favoritisme en la matière. Pendant ce temps, les puissants ont commencé à sourire, puis à ricaner, puis à rire grassement. En ce moment, ils se marrent à gorge déployée : tout le monde se dispute, tout le monde a oublié qu'ils existent et que c'est eux qui organisent le système et tirent profit des dissensions, ils peuvent dormir tranquilles.

Sous prétexte d'exiger le respect et le droit de ne pas être blessées dans leur être, les minorités, grâce à l'appui de la gauche morale, ont fini par devenir autant de pères fouettards, en se bâtissant sur l'obsession d'interdire à ceux qui ne sont pas d'accord le droit de dire qu'ils ne sont pas d'accord (cf. la citation rebattue de Voltaire : "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais ..."), et de punir ceux qui osent le faire, au moyen d'autant de lois "ad hoc". Les minorités se plaignirent en se présentant comme des victimes. Leur lobbying intense fait qu'elles sont aujourd'hui habilitées à porter plainte. De la plainte à la plainte, il n'y a qu'une petite polysémie à franchir : les « victimes » (1) sont devenues de vraies parties civiles qui réclament justice, sans oublier les dommages-intérêts. Et pendant que toutes les piétailles se chamaillent, les puissants sont au spectacle : les débats "sociétaux" les arrangent. Ça les divertit, de voir les petits s'étriper. Et ça leur donne tout le temps de s'occuper de faire fructifier leurs affaires.

Cette gauche de langage adore créer légalement des délits verbaux pour punir ceux qui ne pensent pas comme elle et qui osent égratigner la susceptibilité de ses protégés. La droite n’est pas exempte de ce genre de dérive : si je me souviens bien, c’est elle qui a ajouté le « négationnisme » à la liste des délits passibles du tribunal, comme s'il était interdit ou impossible de raconter l'histoire ("détail" compris) autrement qu'elle s'est déroulée : franchement, on se demande, parce que, depuis que l'histoire existe, je ne suis pas sûr qu'un seul historien ait fait l'unanimité sur sa façon de la raconter. Cela n'a pas empêché le collège des censeurs modernes d'inscrire au Code pénal des infractions légales comme « sexisme », « homophobie », « islamophobie », « discrimination » « incitation à la haine » (« raciale » ou du fait de l’ « orientation sexuelle »).

Qu’on se le dise : la gauche, tel un chevalier blanc, se porte naturellement au secours des opprimés. Mais chose très étrange : elle a changé d’opprimés. Comme si l’oppression ancienne avait disparu (huit millions de pauvres, pourtant, cela devrait "interpeller"), ou qu’elle avait changé de visage. Autrefois, on luttait pour de meilleurs salaires et une redistribution plus équitable de la richesse produite. Autrefois, personne ne discutait la légitimité de la régulation de l’économie et des lois sur le travail.

Foin de ces vieilles lunes ! Vous pensez, maintenant on est cul et chemise avec les patrons. Alors aujourd’hui, des travailleurs désenchantés peuvent se battre pour que le Code du travail ne soit pas trop mis en pièces ou que leur usine ne soit pas fermée. Manuel Valls n'a-t-il pas lancé cette déclaration d’amour : « Entreprises, je vous aime ! » ? Les nouveaux opprimés (les minorités), ceux qui sont défendus devant les tribunaux par les avocats de cette gauche (lilliputienne à tout point de vue, mais supérieurement armée de lois), sont de l'espèce dont les puissants raffolent : celle qui ne risque pas de faire vaciller le socle de leur pouvoir, juste parce qu'aucun de ces malheureux ne songerait à faire de ces puissants la cible d'un procès, d'un débat ou même d'une simple interrogation.

La classe ouvrière et les exploités du capitalisme déchaîné peuvent aller se rhabiller et s’inscrire à Pôle emploi (fusion de l'Agence Nationale Pour l'Emploi, ex-ANPE, et de l'Assurance Chômage, ex-UNEDIC, résultat : huit millions de pauvres !). Place à la promotion des « droits des minorités » et du « vivre ensemble ». Au PS, on se fout éperdument de combattre pour de meilleures conditions de vie. Au PS, il n’y en a plus que pour le combat des juifs, des femmes, des immigrés, des homosexuels (n’oublions pas les bi-, les trans- et les inter-), des musulmans, des handicapés, etc. (catégories pas tout à fait ad libitum : il faut réussir l'examen de passage).

On parle à satiété de « retisser du lien social », de « refaire société », mais la vérité est qu’une société n'est pas une liste des minorités qui la composent : que fait-on de la masse des gens normaux, repérables au fait tout bête qu’ils ne sont protégés par aucun des signes particuliers dont ils pourraient se targuer pour se proclamer victimes ? Les militants des minorités, en luttant pour faire reconnaître la justesse de leur cause particulière, ignorent-ils l'effet dissolvant que la promotion de celle-ci a sur le ciment social ? L'effet d'exclusion que leur revendication (finalement identitaire) entraîne sur toutes les catégories qui ne sont pas celle pour laquelle ils militent ? Non, de ça, les minorités se foutent comme de l'an quarante. Leur cri de ralliement : nous d'abord ! Les autres s'il en reste !

Question annexe, quand les individus ne sont plus reliés aux individus qu'ils côtoient par des liens de nécessité (les anciennes sociétés rurales), quand l'interdépendance bien concrète qui les attachait les uns aux autres se fait très indirecte, ténue et, pour ainsi dire, abstraite (comme c'est le cas aujourd'hui dans nos sociétés trop complexes), que reste-t-il du sentiment d'appartenance ? Quand les "communautés", qui sont aussi, après tout, des composantes de la société, interviennent en tant que telles pour inspirer les lois, que reste-t-il de la société au sens fort ? Passons.

La vérité est que la « question des minorités » est en France un vulgaire produit d’importation, car si aux Etats-Unis elle est cruciale pour des raisons historiques, la France n’est pas logée à la même enseigne. Et des groupes de militants (« minorités agissantes ») se sont jetés sur le produit américain pour calquer sur ce modèle leur vision, leurs croyances, leurs réseaux, leur organisation, leur stratégie, leur comportement et leurs revendications, pour profiter de cette aubaine inespérée et finalement tirer la couverture à eux. Et ont fait en sorte que certaines parties du tout surpassent le tout en efficience et en pouvoir. C'est chose faite. La "société", au moins en tant que sentiment d'appartenance, est en lambeaux. Au moins en reste-t-il les structures administratives.

Les minorités ? La mise au point de leur discours et de leur argumentaire a été longue et laborieuse, mais a fini, avec l’aide de quelques « grands intellectuels » (des noms ! des noms !), par circonvenir les esprits des responsables de la gauche morale, qui ont alors inscrit ces « légitimes revendications » d’un nouveau genre sur leur programme électoral. C’est ainsi que le sociétal (forcément « progressiste et émancipateur ») a supplanté le social (les conquêtes sociales, "avantages acquis", "privilèges", ...), que le verbe a chassé le réel et que les représentations des choses ont détrôné les choses.

Plus personne de sérieux pour défendre « la France qui se lève tôt ». L'exploité se retrouve à poil (pensons à la désillusion des "chauffeurs Uber").

Enfin désencombrée de tous les laborieux, la gauche esthétique peut s’occuper du plus important : rester au pouvoir.

Plus pour longtemps j'espère, mais pour être remplacée par quoi ?

Voilà ce que je dis, moi.

(1) Il en est beaucoup d'authentiques, mais des victimes, on a parfois l'impression qu'il en tombe de partout. Le plus curieux dans cette promotion de la « victime » en icône des dégâts et des cruautés du monde contemporain, c'est qu'on entend venir, aussitôt après l'appellation, l'exigence, devenue presque "naturelle", d'un « dédommagement » sonnant et trébuchant. Ce quasi-corollaire véhiculé par l'air de notre temps ne laisse pas que de m'interroger gravement. 

mardi, 10 janvier 2017

LA GAUCHE COSMÉTIQUE 2

2/3 – Le progrès sociétal.

Alors en quoi au juste consiste-t-il, ce « progrès sociétal » ? Une fois admise par les autoproclamés « ennemis de la finance » la primauté de l’argent comme valeur, une fois qu’on s’est délesté de la lourde et fastidieuse tâche de travailler à améliorer les conditions de la vie réelle des hommes, qu’est-ce qui reste à changer, qui puisse passer pour un « progrès » ? Eh bien puisqu’on a renoncé à changer les choses, peut-être pourrait-on proposer aux gens de changer les signes des choses, qu’est-ce que vous en dites, les gars ?

Moins risqué, plus facile à manier, ça aura l’avantage de faire un beau rideau de fumée qui masquera toutes les régressions et dégradations que ceux d’en face ont bien l’intention de faire subir à la réalité. Entre parenthèses, la conversion de la petite gauche à l'univers des signes plutôt qu'à celui des choses concrètes lui a permis de tourner carrément le dos à cette réalité dégradée et dégradante, lorsque l'économie financiarisée a trouvé plus juteux de vendre l'industrie française à la Chine et à quelques autres pour accroître les profits en faisant passer les salaires des travailleurs de la colonne "investissements" à la colonne "coûts".

C'était quoi le raisonnement de la gauche-croupion ?  En substance : on va délaisser l’action sur les choses. Place au discours sur les choses. Par exemple les « conquêtes sociales », on commencera par les renommer « avantages acquis » et, après maturation, on dira « privilèges ». Nous allons devenir une gauche de langage, une gauche de symboles, une gauche de l’abstraction républicaine. La grande euphémisation à laquelle nous allons procéder permettra de présenter les nécessaires mesures prises pour adapter l'économie à la compétition mondiale sous un jour plus souriant : un « licenciement collectif » deviendra un « plan social ». Si ça ne suffit pas, on ira jusqu'au « plan de restructuration ». La pilule amère paraîtra douce. Et d'autant plus douce qu'elle apparaîtra nécessaire.

Une gauche ainsi débarrassée du réel, et ne s’occupant plus de lui mais exclusivement de ses représentations. Une gauche enfin débarrassée de la classe ouvrière, comme le recommandait la fondation Terra Nova affiliée au Parti Socialiste. C’est ainsi que huit millions de pauvres dans la France d’aujourd’hui ne constituent plus un scandale dans sa doctrine, mais une « dure réalité ».

Si la gauche n’avait pas opéré ce retournement, elle aurait d'ailleurs très vite cessé de gouverner. On a vu Mitterrand se convertir, peu après 1981 (1983). On appelle ça le « tournant de la rigueur » (vous savez, TINA : « There Is No Alternative »). Il faut dire que la droite, quasiment putschiste dès le 11 mai 81 (« Maman, il m’a volé le pouvoir ! », pleurait Giscard qui, en quittant l’Elysée, l’avait vidé pour se venger de tout ce qui aurait pu être utile à son successeur : bravo pour le "sens de l'Etat" !), après un pilonnage en règle à l’artillerie lourde contre la légitimité républicaine de l'élection de Mitterrand, – la droite a eu la peau du programme, qui était en fait une liste un peu naïve d’idéaux et de cadeaux, limite clientélisme (c'est qu'il y avait les promesses des « 110 propositions »), plaqués sur une réalité pathologiquement rétive à la redistribution des richesses. La « revanche » du peuple a tourné court.

Cette gauche « de gouvernement » (c’est-à-dire « consciente des réalités économiques ») a dès lors pu claironner qu’elle « s’engageait dans la voie des réformes ». Oh attention, pas n’importe lesquelles : le clan ultralibéral a fait en sorte qu’elles aillent pour beaucoup dans le sens de l’ultralibéralisation de l’économie. Par exemple, Jospin a participé activement au dépouillement de l’Etat, en privatisant davantage en cinq ans que Balladur et Villepin réunis (quoique le coup des autoroutes soit dû à ce dernier, vous savez, ce coup qui a instauré le racket officiel sur les automobilistes). La « loi Travail », qui a permis à Hollande et Valls d’exprimer tout leur mépris pour la fonction parlementaire, étant la dernière en date des preuves de bonne volonté des « socialistes » à l’égard du capital.

En échange, la « gauche » symbolique a eu les mains (presque) libres pour agir à sa guise dans le bazar des symboles, c’est-à-dire pour mener à bien son programme de réformes sociétales, celles qui répondaient à des revendications issues de segments de la société qui se plaignaient d’être « injustement méprisés, marginalisés, stigmatisés ». Pour cela, elle a commencé par reléguer dans un grenier soigneusement verrouillé (dont elle s'est dépêchée de perdre la clé) tout le travail sur l'amélioration des conditions de vie concrètes du plus grand nombre, et s'est mise à brandir un imparable et tout-puissant « sésame ouvre-toi ! » en la personne morale nommée « Egalité », qu’elle a mise à toutes les sauces, et envoyée au feu pour faire taire les voix venues d’autres segments, ceux où l’on n’était pas d’accord. On est passé de la lutte dans la réalité à la lutte "morale". 

La gauche esthétique et symbolique a été assez habile et manipulatrice pour ériger l’ « Egalité » en idéologie, en évidence tellement indiscutable qu’elle n’est discutée par personne, sauf des négateurs et mauvais coucheurs, forcément de mauvaise foi, mais qu’il sera heureusement facile de renvoyer dans les ténèbres, en leur taillant le costume infamant du « réactionnaire », du « rétrograde », du « facho », du « macho », du « raciste » suivant le contexte (autres étiquettes disponibles : se renseigner en magasin).

Abandonnant la lutte pour une plus juste redistribution des richesses, désertant le champ de bataille de la lutte pour de meilleures conditions de la vie matérielle, fuyant à toutes jambes la problématique de la lutte contre les inégalités économiques, la gauche cosmétique a fait la prouesse de mettre le mot "égalité" au pluriel, et assuré la promotion d' « égalités » particulières, en compartimentant la société et en laissant plusieurs « Minorités » (avec majuscule de majesté) venir sur le devant de la scène et se présenter en « victimes » méritant « réparation ».

Avec pour effet secondaire de dresser les Français les uns contre les autres, comme on a pu le voir à plusieurs reprises au cours du quinquennat qui s'achève (l' « ABCD de l'égalité» de madame Vallaud-Belkacem, « mariage des homosexuels » de madame Taubira, « parité obligatoire homme-femme » aux élections, qui a joué aux femmes le bon tour de les obliger à se porter candidates). Ces « égalités particulières » qui escamotaient miraculeusement la lutte contre les inégalités sont donc à la base de mesures opérant des choix de société forcément « progressistes et émancipateurs ».

Cette gauche moralisatrice, cette gauche artificielle, cette gauche aux mains coupées, cette gauche bavarde, discoureuse, bla-blateuse, réduite aux paroles verbales, et dont les seules actions consistent à chambouler l'ordre symbolique, cette gauche est juste une infamie.

Sauf que ce n'est pas une gauche.

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 09 janvier 2017

LA GAUCHE COSMÉTIQUE 1

1/3 – La gauche esthétique.

Je dois être singulièrement bouché ou infirme de la comprenette. Voilà-t-il pas un commentateur politique qui, étudiant les affiliations politiques des jeunes (de tel âge à tel âge), déclare qu'une partie (sur quatre) rejoint les réacs, dont le chef de file s'appelle, d'après lui, Jean-Claude Michéa. Jean-Claude Michéa, un réac ! J'avoue que sur le moment, ça m'a bien fait rire. Pour quelle raison ? Je crois que, dans le fond, elle est assez claire.

Je commencerai par une remarque de vocabulaire : tous les journalistes, commentateurs et politiciens ont à la bouche la phrase de Camus : « Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde », mais aucun d'eux ne peut s'empêcher dans la phrase suivante d'ajouter aux malheurs du monde en posant de mauvais mots sur les choses. Ainsi du mot "réac", qui fonctionne aujourd'hui comme une insulte réduisant son destinataire à une pauvre petite chose idéologique, indigne de considération.

Pour répondre plus sérieusement à la question que je me suis posée, je dirai que, de façon insistante, Michéa, au fil de ses ouvrages, s'en prend en effet au mythe du progressisme sociétal. Il part d’une observation originale : les gens dits « de droite » (tenez, au hasard, François Fillon) sont rigoristes en matière de mœurs, mais favorables aux privatisations et à la dérégulation totale de l’économie. Ici la contradiction est directement perceptible : laisser-faire (« libérer les énergies », comme dit Pierre Gattaz) d’un côté, pérennité de traditions et d’interdits de l’autre (« fais pas ci fais pas ça », comme dit Jacques Dutronc).

L’IndiviDieu.

Les gens qui se proclament « de gauche », tout au contraire, voudraient encadrer la vie économique dans des lois et règlements, mais déréguler totalement les mœurs pour laisser libre cours aux désirs des individus. Ils se sont mis à promouvoir une démarche indéfiniment « progressiste et émancipatrice » : accroissement permanent des droits des individus, épanouissement personnel, accomplissement de soi-même,  et autres fables dans l’air du temps, fondées sur la conviction que les perspectives d’émancipation sont sans limite. Ce n’est même plus d’individu qu’il faut parler, mais d’IndiviDieu, sur le moindre désir duquel est façonnée la loi. C’est du sur-mesure.

Mais la contradiction, ici, est plus étrange. C’est en effet Margaret Thatcher qui, avec Ronald Reagan, a impulsé la "révolution financière" de l'économie, et remis en selle l'extrémisme capitaliste tel qu'il tyrannisait le petit peuple dans la deuxième moitié du XIX°siècle, qui déclarait qu’elle ne savait pas ce qu’était un « peuple », et qu’elle ne connaissait que des « individus ». L’ultralibéralisme ignore en effet ce qu’est une société : il n’existe pour lui que des collections d’individus. Cela tombait bien : la « gauche » s’est emparée du concept en l’appliquant cette fois à l’univers des mœurs. La contradiction (disons l'hypocrisie) ici consiste à adopter pour promouvoir une idée l'arme idéologique de l'adversaire que l'on combat.

Cette contradiction, partagée au fond par les tenants de la "gauche" et de la "droite", quoiqu'en sens inverse, est allègrement portée et colportée sans être vue comme telle par ceux qui la professent.

Or Jean-Claude Michéa (par exemple dans L'Empire du moindre mal) ne fait que mettre le doigt sur un manque évident de cohérence : comment peut-on sans se contredire condamner et combattre le libéralisme quand il s'agit d'économie, et en faire un éloge sans nuance en matière de mœurs ? A l'inverse, comment peut-on sans se contredire laisser financiers et actionnaires faire la loi, et prêcher en matière de mœurs un conservatisme rigoriste ? Il n'y a guère que les libertariens américains qui soient cohérents, puisqu'ils voudraient voir disparaître l'Etat régulateur en même temps qu'ils laissent aux individus toute liberté de mode de vie.

J'ai déjà dit (par exemple ici, ou ) que d'une part, selon moi, il n'y aura un minimum de justice sociale que sous la protection des lois et de l'Etat régulateur, mais que d'autre part tous mes désirs (avoir un enfant, m'envoyer en l'air, etc.) ne me donnent pas tous les droits. Tous les désirs ne sont pas légitimes du seul fait qu'on les éprouve, sinon il faudrait remettre en liberté séance tenante tous les pédophiles, violeurs, etc. Le point de cohérence de cette conception, c'est la notion de limite : il existe des limites qu'il n'est pas bon d'outrepasser. Mieux : il existe des limites qu'on n'a pas le droit d'outrepasser. Non, tout n'est pas permis, qu'on soit un Etat, une entreprise ou un individu. C'est une morale si l'on veut. C'est un choix anthropologique. C'est aussi ce qui fait de moi (et de quelques autres, heureusement) une anomalie politique, puisque cela me définit comme étant de "gauche-droite".

La gauche s'est mise à colporter ce mythe du progressisme sociétal le jour où elle s'est rendue à l'ennemi en rase campagne, en abandonnant toute perspective de progrès social (ne parlons même pas de perspective révolutionnaire, ça fait longtemps que). Le progrès social, qu'est-ce que c'est ? C'est une société qui chemine vers plus de justice, c'est-à-dire vers une diminution des inégalités au moyen d'une redistribution plus équitable des richesses produites. A cet égard, je suis resté obstinément attaché à la gauche aussi solidement que le byssus ancre la moule à son rocher.

Or à cet égard, rien ne va plus. Comme le disent quelques économistes (Thomas Piketty dans son Le Capital au XXI°siècle, ou Daniel Cohen), le tsunami des inégalités de revenus a tout emporté sur son passage : 1% de la population américaine a capté 50% de la production des richesses dans les trente dernières années. Pendant ce temps, les working poors se multiplient dans les pays développés (huit millions en France, chiffre INSEE). Que propose le Parti socialiste, cette salle des pas perdus qui incarna, paraît-il, les idéaux de gauche ? Et qu'a-t-il fait pour remédier à ce problème intolérable ? Rien.

Putasserie socialiste.

La véritable putasserie qui fait de la soi-disant gauche une monstruosité morale et idéologique, c'est qu'elle s'est livrée à un tour de passe-passe inouï (un véritable "coup de bonneteau"), quand elle a supprimé de son programme le progrès social pour y substituer le "progrès sociétal", une immondice en même temps qu'une imposture et une trahison, et qu'elle a cessé de prendre la défense de ceux qui sont dans la nécessité de travailler pour vivre (c'est-à-dire pas tout le monde, mais pas loin). Du coup, elle a détourné les yeux de la basse réalité, c'est-à-dire de la montée irrésistible de la pauvreté. Les socialos s'écrient, comme Jean Gabin dans La Traversée de Paris : « Salauds d'pauvres ! ».

Qu'est-ce qu'elle dit, cette gauche sociétale ? Elle enfume. En déclarant qu'elle accepte la société de marché, la soi-disant gauche s'est inclinée devant la loi du marché, vous savez, cet autre nom de la loi de la jungle. La gauche cosmétique a capitulé devant le capital. Pour la faire taire, le capitalisme financiarisé lui a laissé un os à ronger : le "progrès sociétal", une marchandise bourrée d’un fort potentiel d’innovation, pour qu'elle la boucle sur l'essentiel : la conservation de l'ordre marchand, priorité absolue de ceux qui détiennent la richesse et refusent de la partager. C’est à cette condition que le capital a laissé la « gauche » gouverner.

Ayant ainsi vendu son âme, c'est devenu une gauche purement esthétique et cosmétique. Sa seule ambition (du « changer la vie » de François Mitterrand au « le changement, c'est maintenant » de François Hollande) fut désormais de repeindre les boiseries et de changer les papiers peints, sans toucher aux fondations, ni même modifier l'architecture en quoi que ce soit. Son seul discours devint un pur baratin baratinant. Ce fut la gauche baratineuse.

Parmi toutes les hautes figures de faussaires engagés sous la bannière du Parti Socialiste, le plus brillant représentant fut indéniablement Jack Lang, figure indépassable de l’abjection et de la pourriture politiques, qui finit ses jours dans l'orgueilleuse opulence des dignités octroyées.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 07 janvier 2017

IN MEMORIAM CHARLIE

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DEUX ANS !

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CABU

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MARIS

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WOLINSKI

Et les autres.

Mais ce sont eux qui me manquent : Cabu et Wolinski pour leurs dessins, Maris pour sa vision lucide et critique de la pseudo-science économique. Oui, Cabu quand même, malgré ce que j'ai pu en écrire ici même à cause des magouilles de Philippe Val dans lesquelles il a accepté de tremper dans la conduite du deuxième Charlie Hebdo (cf. Mohicans de Denis Robert).

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mardi, 03 janvier 2017

FRANÇAIS, TIENS-TOI DROIT

 « Si devant l’Allemagne en armes et sûre de sa force, vous trahissez vos morts en penchant des fronts d’esclaves, l’Allemagne haussera les épaules et n’aura pour vous que mépris. Tiens-toi droit ! disions-nous à nos fils. Un Français de 1942 doit être Français et rien que Français … Nous voulons des Français debout … Debout, camarade, et tiens-toi droit ! ».

HENRI BÉRAUD

 

Remplacez "Allemagne" par "Etat islamique" et "1942" par "2017". A part ça, il n'y a pas un mot à changer.

Face à l'islam des tueurs, contre l'état d'urgence, pour l'état de droit, contre la présence policière, contre la lâcheté : 

un peu de fierté ! Tenons-nous droit. 

On raconte qu'entre 1939 et 1945 la France a tout entière résisté à l'Allemagne nazie. Tout le monde connaît la fable de la France résistante. Henri Béraud, qui savait ce que voulait vraiment dire la guerre des tranchées pour y avoir vécu entre 14 et 18, fut jugé, condamné à mort, puis relégué dans l'île de Ré, après la "Libération", comme "collabo". Voilà quand même ce qu'il écrivait en 1942 dans un journal autorisé par l'occupant. Pour un "collabo", il avait une drôle de façon de fraterniser avec l'ennemi pour oser écrire ça sous le nez des nazis. Henri Béraud avait des défauts, il n'a malheureusement pas choisi le camp des vainqueurs, on dira ce qu'on voudra, mais Henri Béraud, voilà un patriote, un vrai !

Moi, en cette période de terrorisme islamiste, je dis à François Hollande, je dis aux gens au pouvoir, je dis aux politiciens, aux députés, aux sénateurs, à tous les responsables de la collectivité nationale : "Messieurs, cessez de consoler la population ! Considérez les Français comme des hommes."

Donnez aux Français l'exemple de la fierté ! J'aime mieux risquer de mourir en vivant sans rien changer à mes façons de faire que tremblant, blotti derrière des rangées de militaires et de policiers armés. La meilleure façon de protéger les Français, c'est que l'armée fasse son boulot de faire la guerre et que la police fasse son métier de rechercher, de repérer et d'arrêter les tueurs avant qu'ils passent à l'acte (en ressuscitant les Renseignements Généraux assassinés par Sarkozy, par exemple). Pour le reste, vivons sans peur la vie qui est la nôtre.

"Nous voulons des Français debout".

Français, "TIENS-TOI DROIT".

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Merci Henri Béraud.

dimanche, 01 janvier 2017

RUE CHARIOT D'OR 3

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Photographie Frédéric Chambe.

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MEILLEURS VŒUX POUR 2017

Il paraît que ça se fait, donc ainsi soit-il fait, bien que ces vœux constituent l'archétype et même la caricature de ce qu'on appelle des "vœux pieux", et qu'il ne me semble pas qu'un seul exemplaire de ceux-ci aient changé une virgule ou un iota à ce que leurs bénéficiaires auraient vécu s'ils ne les avaient pas reçus. Je ne me lancerai pas dans un laïus comparable à celui qu'a proféré monsieur François Hollande hier soir. En entendant sa voix toute plate, sa voix désespérément inhabitée s'élever du poste, je me suis dit in petto : « Le pauvre garçon ! Pauvres Français ! Pauvre France ! Comment quiconque possède un reste de bon sens peut-il croire un instant que ce petit monsieur puisse émettre quelque prétention que ce soit à incarner l'idée que beaucoup de Français persistent à se faire de la France ? Dans quel état sont-ils pour avoir porté au pouvoir ce terne individu ? ». Je ne suis pas resté longtemps inactif : ma main intrépide s'est avancée, a saisi puis tourné le bouton du poste, rendant la voix déplorable au silence dont, depuis cinq ans et bien davantage, elle n'aurait pas dû pouvoir émerger. Bon vent, monsieur ! Quant à la France et aux Français, je croise les doigts en me susurrant mezza voce (je n'ose pas le dire trop fort) que le pire n'est pas toujours sûr.

 

mardi, 27 décembre 2016

PATRON, REMETTEZ-NOUS ÇA !

Islam, Coran, Mahomet : allez, patron, remettez-nous ça ! C'est ma tournée !

Mahmoud Hussein est le pseudonyme du tandem formé par les franco-égyptiens Bahgat El Nadi-Adel Rifaat. Pascal Galinier, dans Le Monde daté 24-26 décembre 2016, rend compte de leur dernier essai paru : Les Musulmans au défi de Daech (Gallimard). Mahmoud Hussein s'efforce, essai après essai, de promouvoir un islam qui admettrait enfin la nécessité de porter un regard critique sur le texte sacré du Coran. Tout le problème que pose l'islam dans le monde actuel vient de là, depuis que, il y a environ 1.000 ans, interdiction a été faite aux docteurs de la foi de toute glose, de toute démarche exégétique, de toute herméneutique qui soumettrait le texte même du livre à la critique. Depuis, c'est un commandement : "Touche pas à mon Coran !".

Or, Pascal Galinier dit une chose que tous les défenseurs de la "liberté religieuse" à tout prix devraient longuement méditer, ruminer, malaxer : « Le Livre saint est un texte hermétique pour le commun des mortels, donc sujet à d'infinies interprétations, chacun y piochant ce qu'il veut - à commencer par l'EI ». Merci monsieur Galinier, merci pour le mot "hermétique". Car le Coran, il m'a fallu faire un énorme effort, il y a exactement un an, pour arriver au bout de sa lecture. J'ai écrit un billet ici même (28 décembre 2015) pour rendre compte de cette lecture, qui n'avait aucune prétention savante, et même qui se revendiquait celle d'un pékin moyen, d'un citoyen français ordinaire qui veut en avoir le cœur net sur les salades qu'on lui sert à longueur de journée, et qui livre les impressions qu'il en a retirées. J'en ai tiré la conclusion que si Mahomet avait voulu plonger l'humanité dans l'angoisse en la lançant dans la construction d'une sorte de tour de Babel pour la jeter dans d'interminables dissensions, il ne s'y serait pas pris autrement. 

Car la caractéristique principale de ce texte du Coran est l'effet ahurissant de pulvérisation du sens qu'il produit. Je pense à Robert Musil, dont le casse-tête (ordre des chapitres finaux, achèvement de la rédaction de certains chapitres) de la fin de vie empêche à tout jamais les lecteurs de se faire une idée définitive de son chef d'œuvre, L'Homme sans qualités, même s'il s'en faut de pas tant que ça finalement, et que le résultat en fait une oeuvre, certes, terriblement complexe, mais qu'on peut dire à bon droit, sinon achevée, du moins "constituée".

Le Coran, c'est le même genre de casse-tête, mais porté à la puissance 10 ou 20. D'un bout à l'autre, c'est un invraisemblable assemblage de bribes et de lambeaux de phrases, un fouillis inextricable juxtaposant d'innombrables miettes et fragments disjoints, une improbable collection de pièces et de morceaux hétéroclites réunis à la diable. Dans le Coran, le discontinu règne en maître souverain. Impossible pour un esprit rationnel et soucieux de construction logique de s'y retrouver. La Bible, à cet égard, fait figure de traité scientifique abouti.

Pour les continuateurs du "guerrier-prophète" (attention : oxymore !) qui se sont donné pour tâche de mettre en forme ce salmigondis (le calife Uthman, ...), et de mettre un peu d'ordre (? ! ?) dans ce capharnaüm, il existait un seul et unique moyen de remédier à cette absence quasi-totale de lisibilité, de cohérence et d'unité : la répétition des formules, le rabâchage des sommations, la réitération des interdictions, la rengaine des menaces. Autre curiosité : le Coran n'est pas composé : on démarre très simplement de la plus longue sourate pour aller à la plus courte.  Avis aux braves intellectuels qui fustigent la pensée binaire et le manichéisme (forcément simpliste) : le Coran est une illustration parfaite, une caricature de tout ce que la pensée humaine peut produire de plus effréné en fait de binarisme et de manichéisme. 

C'est cet infâme bric-à-brac simpliste, totalisant et, tout compte fait, totalitaire, que les élèves des écoles coraniques sont sommés d'ingurgiter par cœur (700 pages in-quarto !!). C'est cet inimaginable patchwork qu'un milliard et demi d'individus considèrent aujourd'hui comme sacré, au point de faire mourir ceux qu'on soupçonne de lui avoir manqué de respect. Pour moi, pour avoir jugé sur pièce, cette vénération est rigoureusement incompréhensible. C'est peut-être aussi cette vénération superstitieuse qui, en terre autrefois chrétienne, fait de l'islam un corps de doctrine définitivement inassimilable. Si l'Europe existe encore.

Ce qu'il faut bien voir, c'est que le texte du Coran est tellement hermétique, tellement peu intelligible que le lecteur, même un peu averti, est contraint de s'en remettre à la compétence supposée de "spécialistes" pour ce qui est de la compréhension du message. Le croyant sincère est contraint de faire confiance à quelqu'un que la société lui présente comme une autorité. Pas de lecture autorisée du Coran sans recours à une autorité spécialement habilitée à délivrer des avis autorisés. 

Car, si tous les Européens admettent depuis deux ou trois siècles la liberté de conscience, il faut savoir qu'il n'y a pas de liberté de conscience en terre d'islam. Le Coran est un instrument entre les mains des gens qui sont au pouvoir ou qui veulent le conquérir. Le Coran est à leur service pour faire régner l'ordre : "soumettez-vous" est en fin de compte la formule d'une sommation qui pourrait résumer l'intégralité du "livre sacré". Il ne viendrait à l'esprit d'aucun musulman d'apostropher Mahomet et de lui enjoindre de répondre à la sommation : "Prouve-le !". Comme le dit le journaliste dans son article, le texte du Coran est « sujet à d'infinies interprétations ». Et malheureusement, ce ne sont pas les gens savants qui manquent. Le problème avec l'interprétation, c'est que plus il y a d'interprètes, plus il y a de versions différentes.

Or il n'y a rien de plus difficile que de mettre d'accord deux interprètes. Je n'insiste pas sur la gravité du vieux problème du conflit des interprétations (cf. Paul Ricœur). Rien que le mot "djihad", comment faut-il le traduire ? Désigne-t-il la guerre armée contre les infidèles ? Signifie-t-il la violence que l'individu est invité à se faire dans un but d'ascèse morale ? Si vous sacralisez le texte, dites-vous déjà que la métaphore vous est interdite, et que le sens littéral s'impose à vous, sous peine de. Même à mille quatre cent et quelques années de distance. Remarquez, les créationnistes américains sont bien persuadés que le monde a été créé en six jours. Alors ...

J'insisterai davantage sur la suite de la phrase de Pascal Galinier : « ... chacun y piochant ce qu'il veut ». Malek Chebel, spécialiste s'il en est, le disait déjà : « L'islam est une auberge espagnole ». C'est en effet moins sur la façon dont il faut comprendre telle ou telle phrase (encore que ...) que s'étripent les interprètes, que sur les éléments du texte sur lesquels l'accent est mis : de même que dans la Bible, on trouve dans le Coran, tour à tour et successivement, des appels à la paix et des prêches de chef de guerre. Au fond, le choix par l'interprète de ses priorités de lecture est un révélateur de ses intentions préalables.

Pour les musulmans évolués, pour l'immense majorité des musulmans que nous croisons tous les jours, le Coran est une référence. Pour les salafistes, les Frères musulmans, les wahabites, les tyrans de l'Etat islamique - et, en France, les femmes voilées -, le Coran est une arme de conquête massive.

Notre problème, en France et ailleurs, c'est qu'ils ont tous raison.

Voilà ce que je dis, moi. 

mercredi, 16 novembre 2016

DÉSOLÉ : ENCORE L’ISLAM 3/3

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Lettre grande ouverte à ceux qui gardent les yeux grands fermés (eyes wide shut).

3 – Les agissements des islamistes en France.

L’invention récente des « phobies » morales a donc ouvert un boulevard à un certain nombre de groupes islamiques (Frères, Salaf, Takfir, Wahab, Tabligh, …), activistes très militants et missionnaires prosélytes, qui se font une concurrence acharnée pour accroître leur influence au sein de toutes les communautés musulmanes, et la surface de leur emprise sur "la communauté des croyants". Elles sont là, les forces à l’œuvre dont l’action autorise à dire que l’islam est reparti à la conquête du monde. C’est reparti comme en 632 (victoire de Mahomet sur ses ennemis, qui précède la conquête de la moitié du monde connu à l'époque) ! Daech, avec son djihad, sa férocité, ses cruautés, ses bombes humaines, n’est que la forme la plus extrême de cette guerre.

Ces forces, en France, sans le crier sur les toits, restent bien à l’abri derrière la majorité silencieuse des musulmans qui, comme toutes les majorités silencieuses, tient d’abord et surtout à sa tranquillité. Les tolérantistes à tout crin, qui crient à la moindre critique à « l’amalgame », à la « stigmatisation », ont cependant raison sur un point : la plupart des musulmans qui vivent en France veulent vivre en paix, qu'ils soient pratiquants, juste croyants ou simplement "de culture musulmane".

En revanche, les femmes qui se voilent et les barbus en longue robe qu'on voit de plus en plus dans nos rues manifestent par leur tenue vestimentaire, au minimum, le refus de s’intégrer. Le refus de la France. C'est là que commence le problème de la France : avec l'ostentation de l'islam sur le sol national, s'installe, qu'on le veuille ou non, une forme d'extraterritorialité (dans les mosquées salafistes, notamment). Les autres religions se sont fondues dans le paysage. L'islam est la seule à rester ostentatoirement visible, comme en terrain conquis.

La preuve que c'est un vrai et gros problème nous est donnée régulièrement par les empoignades féroces (dernière en date : le "burkini") que cette ostentation provoque entre différentes composantes de la société. Empoignades qui font apparaître la France comme un pays profondément divisé (ce qui ne peut que réjouir les islamistes). Empoignades qui ont surtout l'avantage, en déplaçant le débat sur les questions de tolérance et de concurrence des définitions de la "laïcité", de laisser dans l'ombre le fait que, derrière le rideau des musulmans pacifiques et plus ou moins pieux, de vrais islamistes veillent et agissent.

Entre ce point minimal et celui qui marque le départ pour le djihad, il y a une foule de points intermédiaires qui, au total, forment un ensemble très flou, aux limites indécidables et multiformes. C’est dans ce flou et ce brouillard que nagent les poissons-pilotes, les sergents recruteurs de l’islam rigoriste, de l’islam prosélyte, de l'islam qui grignote l’espace national, et qui s’installe dans la république comme dans un fromage.

Toute la mouvance reste ainsi dissimulée, bien à l’abri 1 - derrière le rempart formé par les musulmans inoffensifs, bien à l'abri 2 - derrière l'accusation d' « islamophobie » toujours prête à être dégainée et à servir à flinguer l'adversaire, et bien à l’abri 3 - derrière les « grandes valeurs » de tolérance et de laïcité qui structurent, au moins sur le papier, la société française. Essayez donc de distinguer le pacifique du militant, dans ce magma ! Le sceptique du fanatique !

La preuve que ces gens malintentionnés sont bel et bien « En Marche » (bien plus que la nouvelle PME Macron, dont "En Marche" est la raison sociale) a été publiée dans Le Canard enchaîné du 2 novembre, dans un article de page 4 intitulé « Surtension de Coran dans les Yvelines ». Le contenu de l’article, qui a de quoi donner froid dans le dos, est ainsi résumé en sous-titre : « Coups de force salafistes dans les mosquées, infiltrations de Frères musulmans, multiplication des écoles intégristes : les barbus prolifèrent dans les anciens bastions ouvriers du département ».

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L’article cite quatre villes du département : Trappes, Guyancourt, Les Mureaux et Ecquevilly. Guyancourt est la seule, pour l’instant, à avoir échappé à l’emprise : quand les salafistes ont tenté un coup de force sur l’association des musulmans de la ville, la majorité des fidèles sont partis pour fonder une autre structure avec le soutien du maire PS. Les communautés musulmanes, dans les trois autres, sont désormais tenues bien en main, parfois avec le soutien complice des mairies, qui ne veut pas perdre un tel réservoir d’électeurs.

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Dessin d'Aurel dans Le Canard enchaîné du 3 novembre.

A Trappes, « les Frères musulmans ont pris le contrôle des plus importantes » associations de fidèles : l’UMT tient la grande mosquée d’une main molle, qui « a permis aux intégristes de devenir très influents à Trappes ». Les Frères enseignent la religion à 500 personnes, dont des enfants. L’enseignement à domicile a explosé (80 familles déclarées, combien au total ?). L’Education nationale et le maire PS (Guy Malandain, 79 ans) ferment les yeux et gardent le silence sur tous ces agissements. On dirait même qu’ils se félicitent de ce que l’installation de l’intégrisme aille de pair avec « une baisse générale de la petite délinquance ». Des élus républicains délèguent donc, dans une ville française, le maintien de l'ordre aux islamistes ! Encore bravo ! 

Aux Mureaux, la mosquée peut accueillir 1500 personnes, et contrôle une école hors contrat, où le programme d’enseignement est débarrassé de matières aussi futiles que les maths, l’anglais, l’histoire-géo, les sciences, et se soucie de procurer « une éducation basée sur les principes et les valeurs de l’islam ». François Garay est le maire, il est « divers-gauche », et tient aux voix des musulmans comme à la prunelle de ses yeux.

Moralité : il est trop content de laisser faire. Et l'Education Nationale de madame Najat Valaud-Belkacem accepte lâchement l'existence de ce qu'il faut bien appeler une ÉCOLE CORANIQUE, sur le territoire d'une république qui a inscrit l'instruction obligatoire au fronton de ses principes. Mesdames, messieurs, j'ai l'honneur de vous présenter la première école coranique installée en France avec la bénédiction du gouvernement de l'Etat. La suite suivra.

Ecquevilly est logé à la même enseigne : les barbus se pressent pour écouter les prêches de Youssef Abou Anas. Un élu est inquiet de constater que le groupe est tenu par à peine quelques personnes, mais « puissantes » (le mot interroge). L’imam ci-dessus refuse de serrer la main de la maire. La nouvelle équipe municipale a mis fin à une trouvaille de l’imam : il occupait le parc de la mairie « pour y célébrer la prière de l’Aïd ».

Voilà un tout petit bout d’état des lieux. Conclusion : on est en train d'assister à l'essor irrésistible d'une offensive qui vise à enrôler les musulmans de France (y compris les convertis) dans les rangs de l'islam le plus affirmé, le plus rigoriste, le plus à cheval sur les principes religieux. Le plus conquérant.

Je pose une question : en France, combien y a-t-il de départements des Yvelines ? Et la Seine-Saint-Denis ? Et ailleurs ? Combien de villes aux prises avec cette offensive mahométane ? A ceux qui le nieraient, j'oppose 1-le cas de Gilles Kepel, 2-l'instrumentalisation islamique des "phobies", 3-la situation en Yvelines telle que rapportée par Le Canard enchaîné. Difficile, je crois, de balayer ces éléments concrets d'un revers de main méprisant, aussi ténus qu'ils puissent sembler.

Entre l'aveuglement des politiques soucieux d'éviter les vagues et les motifs de division, et de maintenir la paix civile, la lâcheté électorale de certains maires et les appels incantatoires des bonnes âmes à la tolérance envers les "différences", le ver islamiste a encore de belles perspectives pour s'empiffrer du fruit français.

D'autant que la concurrence est rude.

Voilà ce que je dis, moi.

NB : on constatera que j'ai ici renoncé à utiliser comme argument le roman Soumission de Michel Houellebecq, bien que le recours à ce roman prophétique eût été tout à fait pertinent.

mardi, 15 novembre 2016

DÉSOLÉ : ENCORE L’ISLAM 2/3

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Lettre grande ouverte à ceux qui gardent les yeux grands fermés (eyes wide shut).

2 – Des « phobies » comme s’il en pleuvait.

« Islamophobie », quel mot formidable ! Et que d'opportunités argumentatives il offre  à tous les militants musulmans qui ont besoin de réduire leurs adversaires au silence ! Et si possible de les traduire en justice ! On ne compte plus, en effet, les officines (ce que les journalistes rassemblent, d'un bel effort synthétique, dans la nébuleuse « les associations ») qui se sont constituées pour dénoncer inlassablement la moindre virgule, le moindre guillemet sur lesquels elles pourraient coller l’étiquette, infamante et terriblement efficace, d’une quelconque « phobie ».

Et je ne parle pas des vieilles « phobies » classiques, des « phobies » médicalement éprouvées, des « phobies » qui ont pignon sur rue, mais de la floraison de variantes de cette pathologie "mentale" hors de la sphère psychiatrique. J’ai par exemple appris récemment l'invention d'une nouvelle « phobie », avec la création d’une « brigade anti-négrophobie » en banlieue parisienne. "Brigade" dit assez bien le caractère militaire ou policier (au choix) de l'opération d'enfumage. Je rappelle en passant que "phobos" (φόβος), en grec ancien, ne veut pas dire "haine", mais "crainte".

Il n’y a pas de doute : il pleut des « phobies ». La « phobie » se porte à merveille. Et les immondes que les « associations » mettent au pilori avec au cou la pancarte portant le vocable accusateur (il s’invente tous les jours des composés de « phobie ») sont invités à aller soigner leur pathologie grave dans l’hôpital le plus proche. On a compris que l’hôpital en question s’appelle le Tribunal Correctionnel. C'est en filigrane la menace formulée à l'encontre de Gilles Kepel lors de la réunion avec l'équipe du Bondy-blog (voir hier). 

Christine Boutin (voir hier) vient d’en faire les frais, condamnée en appel pour avoir qualifié l’homosexualité d’ « abomination », et s’être ainsi rendue coupable d’ « homophobie » (officiellement, ça s’appelle « incitation à la haine en raison de l’orientation sexuelle »). De quel incroyable Code pénal la France s’est-elle peu à peu dotée, depuis, me semble-t-il, qu’un ministre (Gayssot ?) a été saisi de la lubie d’y inscrire le délit de « négationnisme ».

Et au départ, on doit cette rafale de pénalisations au délire d'un seul bonhomme (Faurisson : "les chambres à gaz n'ont pas existé"), dont l'élucubration s'est vue instrumentalisée par un boutiquier (Le Pen : "un détail de l'histoire"), à la demande expresse des « associations » juives, et à la joie d'une foule d'autres « associations », censées représenter des « minorités », qui piaffaient d'impatience en attendant de s'engouffrer dans la voie pénale pour légaliser l'interdiction de parole.

La porte s’ouvrait alors toute grande pour faire inscrire dans le Code les délits d’opinion, les délits de pensée, les délits de parole. Dans une démocratie pur jus, exemplaire et qui sert paraît-il de modèle à tant d'autres, on n'a pas le droit de dire le fond de sa pensée, tout au moins quand le goût de ce fond fait tousser ou tordre le nez les gendarmes de l'esprit. Tout cela sous la surveillance vigilante des caméras policières des « associations », légalement habilitées à « se porter parties civiles » (pour tirer quelques marrons du feu dans lequel elles ont jeté ces opinions, ces pensées, ces paroles qui les défrisent).

Sans être d’accord sur l'hyperbole lancée par Boutin, on peut s’étonner que la plainte d’un « collectif LGBT », vous savez, ce panier à provisions plein  de « minorités opprimées », ait pu être jugée recevable. Attention, en France, il n’est pas conseillé d’être minoritophobique ! On pourrait aussi s’étonner que quatre lettres (L, G, B, T) aient à bas bruit érigé ce qui était catalogué « déviances » en autant de « normes ».

De la déviance à la norme, le pas est étonnamment aisé à franchir. Dans notre bienheureuse modernité, les « déviants » se sont faits législateurs. George Orwell n'avait sans doute pas prévu que sa novlangue trouverait une telle application. On pourrait appeler cela "inversion de la charge de la preuve".

Les anciens délinquants, ont été nommés policiers. On dit aussi « brigades anti-phobiques » (voir plus haut). Tremblez, « stéréotypes , préjugés, réacs ». Encore bravo ! Il fallait le faire ! Remarquez que le bagnard Vidocq a bien fini directeur de la police ! Les victimes se sont retournées en bourreaux. A cœur vaillant rien d’impossible. Magie du vocabulaire, capable d’engendrer, en même temps qu'il en est l'expression, le vaste désordre du supermarché intellectuel et moral qu'est devenue notre société.

Les composés de « phobie » sont donc devenus des armes entre les mains de toutes sortes de groupes, groupuscules, clans et tribus qui s’autoproclament représentatifs de « minorités injustement persécutées » (je voudrais bien savoir combien d’adhérents à jour de cotisation compte, par exemple, le CRAN (conseil « représentatif » des associations noires de France), ce sigle si commodément pompé sur le CRIF des juifs, qui a au moins, à défaut d'une plus grande légitimité, le mérite de l'antériorité). Représentatif mon œil !!! L'abus de langage est admis comme monnaie courante.

Sous la férule des caméras policières des « associations », l’ordre verbal doit régner. Et le mot "phobie" doit être imprimé au fer rouge sur l'épaule de tous les islamophobes, arachnophobes, homophobes, agoraphobes, gynophobes, herpétophobes, hydrophobes, anglophobes, prêtrophobes, photophobes, francophobes, éreutophobes, ornithophobes (j'arrête là, quoique je pourrais ...) : à n'en pas douter, les galères des royautés modernes ont des rameurs jusqu'à la fin des temps. "A regonfle", comme on disait à Lyon.

Charmante société de la haine des autres, fondée sur une charte consistant en une liste d'interdits draconiens, fabriquée au nom de l'altruisme moral (tolérance). Quand on a compris que les appels solennels, les hymnes médiatiques à la fraternité, à la solidarité, au respect des différences, les incantations à l'altruisme érigé en impératif administratif ou en Vérité révélée, produisent la haine, on se prend à rêver de revenir à des choses à portée d'une humanité rationnelle et raisonnable, genre "Contrat social".

La novlangue a changé de camp : c'est la gauche du révisionnisme moral à toute berzingue qui tient la queue d'la poêle (« Merd' v'là l'hiver et ses dur'tés, / V'là l'moment de pus s'mett'à poil. / V'là qu'ceuss' qui tiennent la queue d'la poêle / Dans l'midi vont s'carapater», on aura reconnu, je pense, le début du plus connu des poèmes de Jehan Rictus). 

Ah ça ira, ça ira, ça ira, / Les boni-"menteurs" à la lanterne !

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 04 novembre 2016

QUAND LA POLICE FAIT SA « NUIT DEBOUT »

Qu’est-ce qui leur prend aux policiers ? Ils font leur « Nuit debout » ? Comme les « révolutionnaires » de la place de la République à Paris au printemps ? Ils mettent leur souk ? Ils sèment leur zone ? Alors bon, de quoi est-ce qu’il retourne ?

Parce qu'au premier abord, on ne comprend pas. Ben oui, quoi, les abus commis par les policiers dans toutes sortes de circonstances sont innombrables. Dernièrement, un Parisien, maître de conférences, l’a appris à ses dépens dans je ne sais plus quelle gare de la capitale : témoin de l’interpellation très « musclée » d’une personne à peau noire, il sort son smartphone et filme la scène, car les flics n’y vont pas de main morte, à croire qu’ils ont mis la main sur quelque dangereux hors-la-loi.

Ma doué ! Il aurait mieux fait de s’abstenir. Voilà que des policiers s’approchent, lui tordent le bras dans le dos, lui mettent une « béquille », puis la main aux fesses, lui lancent des menaces de viol agrémentées de propos diversement fleuris, au motif qu’il « voulait jouer » avec la police. Le gars a pris un avocat et annoncé qu’il n’en restera pas là.

Probable qu’il se verra notifier le délit d’ « outrage et rébellion » : en quelques années, les cas d’outrage et rébellion ont été multipliés par cinq dans les affaires passant en correctionnelle. Aujourd’hui, si vous avez à faire à la police dans la rue, un seul conseil : fermez-la, ne posez aucune question, a fortiori n’élevez aucune protestation, sinon vous êtes passible d’un « outrage et rébellion » en bonne et due forme. Pour bien faire, portez ostensiblement un badge « J'aime la Police ! ». 

J’ai moi-même été témoin de petites scènes de la vie vécue, où la police en action montre jour après jour que la « mentalité cowboy » anime effectivement beaucoup de ses membres. A se demander si l’inculcation de cette mentalité dangereuse n’est pas incluse dans le programme de formation des policiers.

Oui, au fait, j’aimerais avoir une idée du « référentiel » qui sert de base doctrinale dans les écoles de police. Selon quelle logique est structuré le cerveau d’un policier ? Qu’est-ce qu’on lui enseigne réellement, et comment l’enseigne-t-on ? Voilà qui serait bien intéressant. J’attends le jour où un journaliste d’investigation se penchera sérieusement sur la question. Oui : comment forme-t-on (formate-t-on ?) nos policiers ?

On peut avoir une idée de la chose en se rappelant, entre autres catastrophes causées par Sarkozy à son arrivée au ministère de l’Intérieur, qu'il a supprimé la police de proximité, sous prétexte que le métier d’un policier "n’est pas de jouer au football avec des jeunes dans les quartiers défavorisés" (Sarko dixit, déclaration faite à Toulouse, je crois). Bien sûr, en même temps que la police, sur ordre, désertait les « quartiers », laissant le champ libre aux « commerces » et aux caïds, la décision révèle la façon dont ce petit chef envisageait la profession policière : priorité absolue à la répression sur la prévention. Pour Sarko-le-muscle, c'est "prévention-piège-à-con". Ne plus inspirer le respect, mais la crainte. L’uniforme de « robocop » serait un autre signe de cette "déontologie" d'un nouveau genre. Si c'est cela qui est enseigné aux jeunes policiers en formation, ça expliquerait bien des « bavures ».

Mais il ne faut pas s’en tenir à ce seul aspect. Car si les policiers ont manifesté par centaines (voire milliers) sans passer par leurs syndicats, donc en toute illégalité, on se doute qu’ils ont des raisons pour cela. Pour braver les foudres de la hiérarchie et de la loi, il faut que le vase de l’exaspération ait plus que débordé, mais il faut aussi un certain courage (ou culot).

A force de tourner autour des questions de sécurité, de liberté, de « service public à la française », j’ai fini par me dire qu’un ver était dans le fruit policier. Il est vrai que si on regarde l’hôpital, que si on regarde l’école, que si on regarde la justice, l'armée, on est tenté de penser que des tas de vers sont en train de s'en mettre plein la lampe en se goinfrant de cet autre fruit, qui s’appelle la France. Alors pourquoi la police serait-elle épargnée ? Et qu’on ne me dise pas qu’il faut s’adapter, qu’il faut réformer, qu’il faut se mondialiser sous peine de. 

Alors qu’est-ce qui dresse les policiers contre leurs conditions de travail, voire contre la haute hiérarchie ? Et d’une manière plus générale, quels sont ces vers voraces qui bouffent de l’intérieur des institutions aussi essentielles que l’hôpital, l’école, la justice, la police, l’armée ? Est-ce qu’il faut imputer tout le mal au « manque de moyens » ?

Restons-en à la police. Moi qui n'ai accès qu'aux informations accessibles à tout un chacun, je vois deux facteurs principaux : 1 – l’application d’une politique « managériale » à toute la structure hiérarchique de la police (autrement dit : à la gestion purement administrative et comptable de la police) ; 2 – la « politique du chiffre », inspirée de l’exigence d’évaluation des personnels, imposée dans tous les commissariats (typique de l'importation vassale des méthodes américaines de "gouvernance", cf. Alain Supiot, La Gouvernance par les nombres ; Olivier Rey, Quand le Monde s'est fait nombre).

Exemple : j’arrête un type à dreadlocks bariolé de vert-orange-rouge avec un pin’s en feuille à cinq folioles, je trouve sur lui dix grammes de « shit », je suis content. Plusieurs comme ça dans la journée, je suis aux anges. Dans mon rapport d’activité, ce soir, je pourrai cocher autant de cases dans la colonne « affaires ouvertes » que dans la colonne « affaires résolues » : efficacité 100%. Difficile de faire mieux. Promotion en vue. Pendant ce temps, les délinquants plus compliqués à trouver, plus longs à confondre et à arrêter, plus dangereux, ceux-là, ils peuvent courir. Il me faut du résultat, coco !

Quant à l’effet de la politique managériale (écoutez sonner le sous-entendu : priorité à la productivité du travail et à la rentabilité de l'action), on a très bien perçu lors des manifs de flics, le ressentiment de la « base » à l’encontre de la haute hiérarchie, syndicats compris, car perçus comme faisant partie intégrante du système (la même cogestion Etat-syndicats de l'institution qui a totalement décrédibilisé le SNES dans l'Educ.Nat.). Bon, c'est vrai, on a aussi entendu des « Justice laxiste », qui montrent une pure et simple ignorance de la réalité (doublement de la population carcérale en trente ans).

Que se passe-t-il ici ? Le même phénomène qui touche le personnel politique français : plus on monte dans la hiérarchie, plus on perd de vue le réel, le concret. Les hiérarques n’ont aucune idée de la façon dont ça se passe pour les gusses qui sont derrière la charrue à labourer le terrain. Pour faire vite : la base contre les élites. En haut, ils distribuent les ordres, et sont (grassement) payés pour pondre des circulaires, vérifier les bilans de l'action et distribuer les bons et mauvais points. En bas ? La valetaille exécutante.

Ajouté à tout ça que les commissaires sont paraît-il financièrement intéressés aux « résultats » obtenus par leur commissariat, au moyen de « primes » du même nom. Ajouté à cela le pied de guerre sur lequel sont maintenus tous les personnels depuis un an et demi, et l’épuisement bien compréhensible qui en découle. Ajouté à cela qu'on a vu, par exemple sous Sarkozy, avec Frédéric Péchenard (actuel directeur de sa campagne), Bernard Squarcini, ..., la connivence entre la très haute hiérarchie et certains gouvernants, tentés d'utiliser la police comme masse de manœuvre au service d'ambitions personnelles. Ajouté ... Non, j'arrête.

On constate tous les jours à l’hôpital les dégâts qu’a causés la réforme Sarkozy-Bachelot, avec en particulier la « rémunération à l’acte » (toujours la sacro-sainte politique du chiffre), adoptée pour que les « managers » hospitaliers (pas forcément des médecins, d'abord des administrateurs !) puissent se faire l’idée la plus précise de l’activité de l’établissement qu’ils « administrent », réforme qui soumet, là encore, sous couvert de "rationalisation", les personnels à une pression infernale. 

On se plaint des lenteurs de la justice, on se plaint de l’absentéisme des professeurs, on se plaint de la brutalité cowboy de certains policiers, on entend effaré les cris d'alarme des personnels hospitaliers. Quand une de ces institutions se porte mal, les mauvais comportements des individus qui les servent s’expliquent. Quand la façon dont ceux-ci sont littéralement poussés à bout, car sommés d'exécuter les consignes venues de l’autorité, on est tentés de comprendre qu’ils puissent sortir de leurs gonds.

Les policiers se plaignent d’être mal aimés de la population ? Pourquoi donc ne pas inclure dans leur formation initiale un enseignement vraiment républicain qui leur donnerait mission de ne pas considérer les gens et les passants comme autant de suspects potentiels (soixante millions de suspects, cf. les écoutes généralisées), mais comme autant de gens qu’ils doivent protéger ? Accessoirement, cela aurait le mérite de les éloigner des thèses du Front National, pour lequel ils sont paraît-il nombreux à voter.

La police française telle qu’elle se présente est le résultat d’un processus de fabrication. L’hostilité qui l’oppose à une partie non négligeable de l’opinion est aussi le résultat d'un processus de fabrication. Si la police veut regagner la confiance et retrouver l'adhésion de la population, il faut que le comportement des policiers reflète le respect qu'ils éprouvent pour les individus.

Alors, cette hostilité, est-ce qu'elle est un effet que les administrateurs n'avaient pas prévu de la politique mise en œuvre ? Ou plus sournoisement, ne serait-elle pas précisément le but recherché par les hauts responsables ? Comme si les hauts responsables politiques, les gens au pouvoir, les gouvernants, avaient peur de nous, la population de France (voir le traitement infligé aux manifestants du printemps) ? Comme s'ils estimaient de bonne politique, pour se rassurer, d'inspirer aux Français, par le biais de l'action policière, une peur assez forte pour les intimider, et paralyser leurs colères ?

Je pose juste la question.

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 26 octobre 2016

LE MONDE DANS LA VITRE

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Photographie Frédéric Chambe.

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Les facéties de l'actualité.

Au printemps, Nuit debout repeint le monde aux couleurs de la révolution.

A l'automne, voilà que c'est au tour de la police de faire sa Nuit debout.

mardi, 18 octobre 2016

ISLAM : ENCORE UNE COUCHE !

DERRIÈRE LES FRANÇAIS MUSULMANS 

Non, l’islam, de façon radicale, n’est pas une religion ni une croyance « comme les autres », dont il faudrait tolérer la pratique, à égalité avec toutes les autres, sur le territoire européen en général, et français en particulier. N’en déplaise à tous les tolérantistes enragés, toujours prêts à dégainer l’accusation d’islamophobie, la religion musulmane est inassimilable par l'estomac de la République.

Deux exemples entre bien d'autres : 1 – En Grande-Bretagne, pays où le communautarisme est la règle, les islamistes se sont infiltrés dans les rangs du parti travailliste (la tactique typiquement trotskiste de l’ « entrisme »), ce qui leur a permis de prendre progressivement le contrôle d’un certain nombre de municipalités. J’ai envie d’ajouter : pour commencer, et en attendant mieux.

2 – Une jeune française (Leïla ?) se réclamant du féminisme ose poster sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle déclare qu’elle considère l’islam, la religion dans laquelle elle a été élevée, comme une duperie et un mensonge, et qu’elle le rejette désormais, au même titre que toutes les autres religions, au motif qu’elle refuse de vivre dans la perspective d’un futur et hypothétique paradis, et veut vivre pleinement sa vie terrestre.

Une belle audace ! Mais que n’a-t-elle mesuré le risque avant de se lancer ? Aussitôt, en effet, elle voit déferler dans sa direction un Niagara d’insultes et même de menaces de mort. Elle se voit dans l’obligation de poster une autre vidéo, dans laquelle elle présente ses excuses à tous ceux qu’elle pourrait avoir blessés (une bande-son, entendue le 17/10 aux matins de France Culture). En matière de tolérance, messieurs les musulmans, tirez les premiers ! Mais j'ai l'impression qu'en la matière, on peut attendre qu'il pousse des dents aux poules.

Le seul musulman autorisé à quitter l’islam est le honteux qui tient surtout à ce que nul n'en sache rien : non seulement il ne se vante pas de ne pas faire le ramadan, voire de manger du jambon ou de s'envoyer un whisky, mais il ne tient pas à ce que ça se sache. En revanche, gare aux malotrus qui ont le toupet de crier sur les toits qu'il se soucient comme d'une guigne d'Allah, de Mahomet et du paradis promis. Le grand pianiste turc Fazil Say en sait quelque chose, lui qui a subi un procès pour blasphème envers l'islam parce qu'il avait osé déclarer publiquement qu'ils faisait aussi grand cas de celui-ci que de sa première chemise. Tant que les nations musulmanes laisseront inscrits à leur Code pénal les crimes de blasphème et d'apostasie, on ne pourra rien en attendre de bon. Et je ne parle pas de la "charia".

Je conclus de cette intolérance ahurissante (et potentiellement violente) que l’islam, que les Français sont invités à admettre comme une réalité banale, est une belle saloperie. J’ajoute que je dis ça d’autant plus volontiers que j’ai lu le Coran, invraisemblable puzzle fait de pièces et de morceaux sans queue ni tête, de sentences péremptoires et de rengaines obsessionnelles, et dont le message peut se résumer à cette commination : « Prosternez-vous, ou il vous en cuira ! ».

Soit dit en passant, je voudrais savoir à quoi ressemble le cerveau de tous ces enfants des écoles coraniques sommés d’apprendre par cœur un texte à ce point haché menu, et en combien de morceaux est fragmenté le dit cerveau. A ce sujet, il faudrait remettre en circulation la belle pensée de Thomas d’Aquin : « Timeo hominem unius libri » ("je crains l’homme d’un seul livre", a fortiori d’un seul Livre). Je crois fortement que les prêcheurs de tolérance sont avant tout des salopards, tout prêts à faire entrer la horde des loups dans la bergerie.

Non, trois fois non, la religion musulmane n’est pas comme les autres. Elle est organisée en réalité comme une mafia, qui punit sévèrement tous les membres qui montreraient des velléités de la quitter, comme si l’apostasie ressemblait en quoi que ce soit à la trahison d’une cause sacrée. Chez les catholiques au moins, ça fait belle lurette que l'excommunication ne défrise plus grand monde dans la population, et que l'autorité papale n'ose plus brandir cette arme devenue loufoque.

Cela dit, admettons par hypothèse désintéressée que les Français musulmans qui s’affichent comme tels sont sincères et seulement animés de bonnes intentions. Admettons. Cela ne doit pas nous amener à oublier à quoi tient l’expansion de l’islam depuis l’accession de Khomeiny au trône spirituel et temporel de l’Iran en 1979, et la transformation de la religion en instrument de conquête politique.

Cela ne doit pas nous faire oublier que, derrière tous ces bons musulmans sincères qui se disent français, s’agitent un certain nombre de forces, qui ne sont pas forcément animées des meilleures intentions du monde. Derrière les Français musulmans, on voit en effet à l’œuvre des réseaux d’influence qui ne veulent pas que du bien à l’Europe et à la France.

Ce n’est un mystère pour personne que beaucoup de mosquées construites chez nous depuis vingt ans et plus ont été financées par l’Arabie saoudite, le Qatar, le Maroc, que sais-je ; que les imams qui mènent le prêche, d’une part, le font souvent en arabe, et d’autre part, sont d’obédience wahabite ou salafiste, quand ils n’appartiennent pas à la secte des « frères musulmans ».

C’est cet islam-là, le plus rigoriste, le plus rétrograde, qui, sous couvert de piété et de stricte observance des préceptes de la foi, creuse peu à peu le fossé qui éloigne les Français musulmans des Français « de souche ». C’est cet islam-là qui, en provoquant l’adhésion des femmes, les amène à porter le voile soi-disant islamique, et à se faire ainsi, qu’elles le veuillent consciemment ou non, de simples propagandistes, de vulgaires "femmes-sandwichs" bénévoles, des militantes enthousiastes qui se chargent de faire la publicité gratuitement.

Le voile qui se répand dans nos villes n’est que le signe le plus visible de l’efficacité de la propagande conçue à l’extérieur de nos frontières, par des gens de pouvoir, calculateurs, qui se moquent bien des principes républicains en général, et de la laïcité française en particulier.

Des gens qui doivent se dire qu'il n'est jamais trop tard pour se venger de Poitiers, de 732, de Charles Martel et de toutes les « humiliations » subies au cours de l'histoire. La différence est que l'argent qui leur vient du pétrole qu'ils vendent leur donnent barre sur leurs clients, forcés d'être gentils avec eux (voir Hollande, voir Sarkozy), et leur permet, très pacifiquement cette fois, de poser une botte sur les démocraties. Quelle lâcheté, quel aveuglement, voire quelles compromissions guident ceux qui nient cette réalité qui fait pourtant tache d'huile ? 

Autant les croyances des individus sont respectables (quoique ça puisse se discuter), autant les calculs de ceux qui font de l’islam un instrument de conquête politique sont à combattre sans faiblesse, et surtout sans lâcheté. Les Français qui prêchent la tolérance à tout prix à l’égard des musulmans, qui brandissent le délit d’islamophobie à la moindre occasion, qui récitent les prières du bréviaire des bons sentiments, font semblant de ne pas voir, derrière la foi pourquoi pas sincère des individus, les manœuvres de ceux qui instrumentalisent la religion à des fins politiques.

Ils sont juste coupables de félonie envers la France.

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 27 septembre 2016

CA-LAIS ! CA-CA-LAID !!!!

Toutes les bonnes âmes qui vibrent pour le sort infâme fait aux migrants qui squattent la « jungle » de Calais condamnent l’inertie coupable du gouvernement. « Calais » est devenu un problème politique français, où les hauts responsables jugent indispensable d’aller se montrer et de se faire photographier. Les bonnes âmes ont raison, mais les bonnes âmes ont tort. Raison de s’élever contre l’inhumanité. Et tort de ne pas chercher les causes profondes.

Car les Français sont bien bons de s’apitoyer sur les malheurs de gens qui ne devraient pas se trouver là. Oui, les Français sont trop bons avec les Anglais. Tous ces gens laissés à l’abandon devraient en effet d’autant plus se trouver de l’autre côté du « Channel » que la plupart n’attendent que cela, et que c’est pour aller en Grande-Bretagne qu’ils sont venus là. Mais pourquoi les empêche-t-on de grimper dans les camions qui traversent, voire dans l’Eurostar ? La France n'a aucune raison d'endosser ce problème et de se déchirer autour de la verrue calaisienne.  

Oui, comment se fait-ce ? C’est bien simple : c’est la faute au Touquet et à l’année 2003, année où Chirac l’escroc était président, et Sarkozy l’hystérique ministre de l’intérieur. Je n’imagine pas qu’ils ne soient pour rien dans le fait que la France ait accepté de mettre sa signature au bas de l’ « Accord » bilatéral. C’est de cet accord avec un pays étranger que découle directement le problème. Je ne veux pas savoir dans quels termes est rédigé cet accord, je ne veux pas savoir s'il y a quelques clauses secrètes : je voudrais que les vrais responsables de la situation en dernier ressort soient officiellement désignés. Disons-le : c'est la faute aux Anglais. Il ont réussi à débarquer sur le sol français pour y planter une grosse verrue. Le plus fort, c'est que l'affaire semble devenue à 100% franco-française.

J’ai une seule chose à dire aux futurs candidats à la présidentielle : plutôt que de parachuter autoritairement (par voie préfectorale) cette population dans des communes qui n’ont rien demandé, et dont une bonne part de la population ne veut pas ; plutôt que de construire des barrières (et même un mur végétalisé !), engagez-vous à dénoncer l’accord du Touquet. Au besoin, menacez Londres de le dénoncer unilatéralement et d’ouvrir la frontière.

Que je sache, la frontière britannique est à Douvres ! Soyons "sport" : restituons dans un beau geste leur frontière à messieurs les Anglais.

Et vous, messieurs les Anglais, assumez ! On verra alors si vous êtes des hommes ! Et si vous osez bouter les migrants dans la mer !

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 19 septembre 2016

36 BALZAC : LE CURÉ DE VILLAGE (1837-1845)

UN ROMAN ÉDIFIANT.

1

Résumé : roman hybride, qui commence dans une misère assise sur un tas d’or, se poursuit en plaidoyer pour la peine de mort (« la peine de mort, ce grand soutien des sociétés », écrit Balzac au deuxième chapitre), continue par de hautes considérations sur l’état moral et matériel de la France, et se termine dans l’outrance religieuse, sur un dithyrambe catholique. 

Le vieux Sauviat, Auvergnat habitant à Limoges dans une maison à la limite de l’insalubre, exerce la profession de marchand forain. Il a épousé une demoiselle Champagnac (devenue ainsi « la Sauviat »), qui lui a plu parce qu’elle parlait le même patois que lui. Leur fille Véronique avait la beauté qu’on prête aux anges, mais la petite vérole l’a défigurée.

Le train de vie du ménage est d’une modestie telle qu’on pourrait le croire dans la misère, mais il n’en est rien : Sauviat, à force d’acheter et vendre de vieilles ferrailles, a pu, disons-le, amasser une petite fortune, qui permet de doter richement sa fille et de lui faire épouser M. Graslin, banquier limougeaud quarantenaire, ravi de faire une bonne affaire. Il n’est pas bien beau, souffrant d’éruptions cutanées liées à sa suractivité financière, heureusement épisodiques. Véronique va donc s’installer dans le superbe hôtel Graslin et devenir le centre d’attraction de la ville.

Au deuxième chapitre, changement radical de décor. Le bien nommé Pingret, vieil Harpagon, a été assassiné, en même temps que sa servante,  dans le jardin où, de nuit, il alimentait son trésor, consistant en pièces d’or contenues dans quatre jarres, qu’on retrouve évidemment brisées. Il y en a pour quatre-vingt mille francs, somme énorme. L’enquête conduit à un jeune ouvrier porcelainier, Jean-François Tascheron. On le soupçonne d’avoir commis son crime à cause d’une femme de la bonne société.

Tout le temps de l’enquête, et jusqu’à la fin du procès d’Assises, Tascheron reste muet sur le mobile de son acte et sur l’identité de la femme, mais suivez mon regard : Mme Graslin, à plusieurs reprises, et fort subtilement, émet des avis tendant à dédouaner le jeune homme, qui n'avouera qu'au curé Bonnet, en confession, ce qu'il a dissimulé à tous, à commencer par la cachette où repose l'or. Vaste débat en Limousin : certains vont jusqu’à juger Pingret responsable de son propre assassinat ! Personne cependant n’est effleuré par le moindre soupçon sur la conduite de la belle Mme Graslin.

Pourtant on aurait quelque raison de s’interroger. Pourquoi, après la condamnation de Tascheron à mort, et après le rejet de son recours en grâce, cette dernière dirige-t-elle sa haine massive contre M. de Granville qui, avocat général aux Assises, a obtenu la tête du criminel ? Pourquoi, après la mort de son banquier de mari, quitte-t-elle Limoges pour aller s’enterrer dans le château de Montégnac, que celui-ci a fait construire sur une hauteur de ce petit village pauvre, inhospitalier, et même déshérité, du fait d’une nature ingrate ?

C’est d’abord à cause de M. Bonnet, curé de Montégnac. Ce prêtre, d’une humilité exemplaire, a par son ministère fait d’une population de vauriens prêts à rançonner le voyageur qui se hasardait, voire pire, une population de catholiques fervents et de bons travailleurs, assidus à la messe (d'où le titre du roman, bien que le personnage principal soit Mme Graslin). Mais c’est aussi à cause du fait que Jean-François Tascheron est né là, et qu’il y sera bientôt enterré, à la demande de Mme Graslin, sitôt exaucée que formulée, tant sa réputation est immaculée.

Le roman tombe alors dans le schéma du Médecin de campagne, ce roman où éclate la volonté d'un homme énergique d'amener le bonheur et la prospérité dans une région démunie de Savoie, où le docteur Bénassis, grâce à son génie de l’organisation, et avec l’aide de quelques appuis, au premier rang desquels le colonel Genestas, a complètement transformé tout un coin de montagne. Au littérature,littérature française,honoré de balzac,le curé de village,limoges,peine de mort,catholiques,catholicisme,chrétien,église,balzac le médecin de campagne,docteur bénassis balzac,arthur hiller love story,france,société,ignace de loyolapassage, notons que Bénassis, dans sa générosité, a quand même fait déporter tous les crétins des Alpes (ci-contre un authentique) qui, en se reproduisant, perpétuaient l’arriération dans laquelle vivait la vallée, et interdisaient son essor économique, un essor fondé sur le labeur, l’intelligence et la volonté. Il faut savoir ce qu’on veut, que diable ! Comme dit l'autre, là où il y a une volonté, il y a un chemin !

A l’image de Bénassis, Véronique Graslin se fait la grande dispensatrice des bienfaits qui ne tarderont pas à faire de Montégnac une commune riche et prospère. Elle embauche Grégoire Gérard, jeune ingénieur ambitieux, frais émoulu de Polytechnique, qui se morfond dans la routine stérile de l’emploi que l’Etat lui a donné.

Appuyé sur l’investissement des sommes énormes que la châtelaine a empruntées grâce à son crédit, tout le monde se met à l’ouvrage et transforme le paysage, en traçant des chemins, plantant des arbres par centaines, construisant des barrages pour recueillir les eaux pour irriguer les sols et en prévision des futures sécheresses, faisant de landes stériles des terres à fourrage, sur lesquelles vaches et chevaux ne tardent pas à se multiplier. Le résultat, après quelques années, est spectaculaire, la région métamorphosée. Le paysage, enfin façonné de la main de l’homme, est devenu productif et utile à tous. Inutile de décrire la dévotion qui entoure de toutes parts la personne de Mme Graslin, considérée comme une véritable sainte. Mais …

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 29 août 2016

UNE PHOTO POUR L'ÉTÉ

Matières, textures, strates, reliefs, surfaces et autres aspects" - XII bis.

Un indice pour rendre intelligible la photo d'hier.

1 007.JPG

Et puis allez, la solution :

photographie

Dimensions horizontales "hors-tout" : 10,4 x 6,5 cm., verticales : 5,8.

Photographies Frédéric Chambe.

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DU BURKINI ET DU RESTE

La France est littéralement piégée. Ça commence à bien faire, le bombardement des populations à coups de gaz religieux de toutes sortes : quand on se bouche le nez pour ne pas respirer les encens catholiques, on voudrait fermer les yeux pour ne pas subir les costumes de carnaval des musulmanes. Qu'on me le dise en un mot, en dix ou en un épais Traité, on ne me fera pas changer d'avis. Comme le voile (hidjab, tchador, burka ou niqab), le burkini n'est pas un simple costume de bain, c'est un puissant moyen de propagande : les indiens se mettaient des couleurs sur le visage quand ils partaient en guerre ; les musulmanes (en réalité les musulmans) ont trouvé le burkini pour servir au même usage. Le burkini, comme le voile, est l'uniforme d'un guerrier, qui fait d'ailleurs penser à celui du ninja japonais. Faire une distinction entre musulmans djihadistes et musulmans modérés est un leurre : les seconds ne font que biner le terreau où pousseront les premiers. Il faut être aveugle pour ne pas voir que le grignotage du territoire républicain par le fait musulman n'a pas cessé depuis quinze ou vingt ans. Faire ce constat n'est pas un signe d'intolérance, mais résulte de la simple bonne foi. Si la France a dit merde à Rome et au pape en 1905, ce n'est pas pour aller aujourd'hui se prosterner à La Mecque.

Le seul principe auquel il faudrait que les pouvoirs se réfèrent, Conseil d'Etat compris, s'ils ont encore de la consistance et du courage, est le suivant : ce n'est pas à la France de se plier à l'islam, c'est aux musulmans à se soumettre à la France.

Voilà ce que je dis, moi.

dimanche, 28 août 2016

JOURNALISTES MINABLES (suite)

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Dans le train, les marchandises avariées.

Photo parue dans le journal Le Monde daté 28-29 août 2016.

 

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Le 12 août (on peut cliquer), j'ai écrit un billet sur les journalistes "politiques", que je qualifiais de "minables par fonction". La preuve (s'il en était encore besoin), voici la photo parue dans Le Monde (daté 28-29 août). Non mais regardez-les, les plumitifs ! Je devrais dire les esclaves. Aucune dignité, aucune fierté personnelle ou professionnelle. Des larves. Titre de l'article en une (avec renvoi en page intérieure) : "François Hollande, président chroniqueur". Sous-titre : "Le chef de l'Etat aime parler aux journalistes. Beaucoup et souvent." Du côté de Sarkozy, ce n'est pas mieux : les "journalistes" font pieusement écho à ses moindres discours et, à longueur de colonnes, délaient sur leurs tartines la confiture des chamailleries de bac à sable qui l'opposent à Juppé, Fillon, Lemaire, etc.

Je pointais dans mon billet la propagandite journalistique aiguë qui a contaminé ce segment de la profession : de simples chambres d'échos, des scribes au service de leurs majestés autoproclamées (Sarkozy, Hollande, ou comment qu'ils se nomment). Tout ce petit monde croit dur comme fer à la vérité de la foutaise inventée par John Langshaw Austin, résumée dans la formule sacramentelle de la cuistrerie linguistique déchaînée : « Dire, c'est faire », qui semble conférer au mot la même valeur d'efficience qu'au marteau, au tournevis et à la clé anglaise.

Ce refrain a quelque chose à voir avec l'enfance, car quand le supposé cow-boy crie "pan t'es mort" à l'indien supposé, celui-ci fait effectivement semblant de mourir : on est dans la cour de récréation. Le terrain de jeu préféré des politiciens français, où courent également leurs complices : les "journalistes" politiques. Mais le fromage doit être délectable, à voir les grappes d'affamés qui se jettent dessus.

Tout ce petit monde, prenant la formule au pied de la lettre, participe à ce tout petit jeu qui se joue dans un petit bocal, et qui consiste à faire croire, en en offrant le spectacle au bon peuple, que les mots sortis de l'orifice buccal des politiciens sont déjà des actes (j'appelle ainsi ce qui a quelque chance de modifier la structure de fonctionnement des sociétés humaines).

Et les politologues (je pouffe et je m'esclaffe) se font une joie et un métier de décortiquer les pets de travers, les rots de fin de repas et les coliques - frénétiques quoique calculées - de ces bambins qui courent et nous feraient rire s'il ne nous faisaient rager. Tous d'accord pour donner à leur show le titre ronflant de "Vie Politique", ces petits hommes qui battent l'estrade jouent sur scène à se donner la réplique dans l'espoir de se donner réciproquement de l'existence et de la consistance.

Ils sont à cent lieues de se rendre compte qu'ils sont juste ridicules. Ils font semblant de ne pas voir que les spectateurs désertent de plus en plus massivement le théâtre où ils s'exhibent.

Des larves, décidément. Pauvres gens ! Pauvre France !

Voilà ce que je dis, moi. 

vendredi, 12 août 2016

JOURNALISTES MINABLES

LE JOURNALISTE POLITIQUE EST UN MINABLE

Les pauvres gens, vraiment ! On a pitié d'eux en les voyant se précipiter, le doigt sur la couture du pantalon, au moindre claquement de doigts de nos "hauts responsables politiques". Prenez François Hollande ou Nicolas Sarkozy, c'est kif-kif la même chose. Convoqués, les journalistes politiques accourent, se mettent au garde-à-vous et répondent en chœur  : « Chef ! Oui chef ! », comme les bidasses face au "sergent La Terreur" de Full metal jacket. Même si les pisse-copie, eux, sont à l'affût des propos tenus « off the record », attendant comme le messie la petite révélation qui leur permettra de tartiner, le résultat est le même : ils sont "aux ordres".

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Hollande revient des JO et glisse quelques "confidences savamment dosées" dans l'oreille des folliculaires aux ordres, bidasses de la presse française, trop honorés d'avoir été admis dans l'avion du général en chef ? Echo garanti maximum, chers téléspectateurs et néanmoins (on le dit) citoyens !

Les intentions qui transparaissent dans les confidences, les discours, les déclarations de François Hollande peuvent-elles sérieusement être considérées comme des événements ? Des actions dont tout bon journaliste se fait naturellement un devoir de rendre compte ? 

Sarkozy "donne" une interview "choc" à une revue classée à droite de la droite (prière de noter le "positionnement" sur la carte électorale), où il remet en cause le droit du sol ? Echo maximum garanti, chers gogos électeurs et néanmoins (paraît-il) citoyens ! 

Les intentions qui transparaissent dans les déclarations et les interviews de Nicolas Sarkozy peuvent-elles être sérieusement considérées comme des événements ? Des actions dont tout vrai journaliste a évidemment à cœur de rendre compte ? 

La réponse aux deux questions ci-dessus est NON. 

Le journaliste politique se moque éperdument d'informer : il se goinfre et se repaît (et nous gave) de mots, de discours, de "petites phrases". Le journaliste politique s'efforce désespérément de transformer le monde virtuel où grenouille le marigot parisien en monde réel. Toute une entreprise (politiciens, journalistes, sondeurs, politologues, tous complices) travaille à donner corps et consistance à des ectoplasmes, tout comme des photographes astucieux donnaient corps à des apparitions fantomatiques, vers la fin du XIX° siècle. Une entreprise d'illusionnistes. 

En vérité, une entreprise de mystificateurs.

Pour montrer qu'il a tout compris, voulant passer pour un fin analyste de la chose, en bon faire-valoir, le journaliste politique invite en effet toutes sortes de politistes, politologues et autres directeurs d'instituts de sondage, pour s'efforcer de percer à jour les intentions des uns et des autres. Les VRP multicartes de la discipline se bousculent aux portillons des antennes : Stéphane Rozès, Roland Cayrol, Brice Teinturier et compagnie pour venir jouer les "madame Irma". 

Le journaliste spécialisé en politique intérieure et le journaliste sportif se ressemblent comme deux gouttes d'eau : ce dernier suppute les chances d'untel de faire cadeau à la France d'une médaille d'or, quitte, le lendemain de la défaite, à remâcher les espoirs déçus. Le journaliste politique dessine quant à lui la figure des lendemains qui nous attendent, quitte, le lendemain, à se déjuger sans vergogne en soutenant qu'il avait raison d'avoir tort. Alors que son tort principal est de faire semblant de considérer comme une "information" indispensable un propos qui n'est qu'une rumeur, que celui qui le tient voudrait bien voir considérée comme une vérité. Tant que le journaliste politique n'a pas renoncé à appeler la propagande par son nom, il se condamne à n'être qu'une chambre d'écho de celle-ci. Tant qu'il accepte de participer à ce petit jeu, qu'il le veuille ou non, il en est le complice. Il est le gardien vigilant du système à la conservation duquel il travaille.

Pauvre engeance, en vérité, que ces corbeaux plumitifs, que les vieux renards de la politique - vieux poissons, gros reptiles, perdreaux de l'année qui se rêvent en volatiles aguerris, ... -, font semblant de flatter (« Que vous me semblez beau ! »), pour mieux s'essuyer les pieds sur leur conscience, les mettre à leur service et "faire passer leurs messages".

Le journaliste politique aujourd'hui est un minable par fonction : c'est juste une antenne-relais, dont le rôle objectif consiste à perpétuer un système factice, moribond, vide de toute substance de vérité. Un propagandiste asservi à la tâche misérable de prodiguer les soins palliatifs à l'organisation politique de la France. Un urgentiste sommé de donner les apparences de la vie à une momie. Un « storyteller » avide de débiter les belles histoires féodales (adoubements et allégeances, fiefs électoraux, suzerains et vassaux, pieds à l'étrier, dynasties, ...) qui animent et déchirent les deux mafias rivales qui se disputent le gâteau "FRANCE".

Quelle pauvre presse, en vérité, qu'une presse gastéropode ! Heureusement, l'estomac des journalistes politiques n'est pas hérissé de pointes acérées comme la coque des oursins : les parquets des palais de la "République" n'y résisteraient pas longtemps. 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : si je ne parle pas d'un autre parti, que la rumeur (je veux dire les sondages) voit poussé irrésistiblement par un vent qui lui souffle en plein dans la poupe, c'est tout à fait intentionnel : on essaie de nous vendre comme un produit nouveau une vieille mécanique boutiquière, au prétexte que ce parti bousculerait les "lignes". Que ce parti bouscule les deux autres, je veux bien, mais dans le paysage politique sinistré de la France, il a tout l'air du petit malfrat qui vient marcher sur les plates-bandes des deux "familles" installées pour se faire une place au soleil. Je veux dire que le Front National est, dans ses visées comme dans ses façons de faire, sous ses airs de chien dans le jeu de quilles, une copie conforme du parti socialiste et de "les républicains", dont il est juste une caricature, qui a le seul défaut de ne pas bénéficier de la patine suave et veloutée que procure l'exercice du pouvoir dans la longue durée.

mercredi, 27 juillet 2016

UNE PHOTO POUR L'ÉTÉ

Dans la série "Verroteries".

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Photographie Frédéric Chambe (juillet 2016).

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J'ai déconnecté. Néanmoins, quelques échos du monde extérieur me parviennent. Ce que j'entends m'afflige, me révolte, mais ne me surprend pas. Et me décourage de me reconnecter.

1 - La France (mais aussi l'Allemagne, et d'autres) nourrit en son sein une innombrable armée de criminels potentiels, petits délinquants, loubards et autres, prêts à sortir les couteaux, à semer la mort dans leur environnement, pour la gloire d'Allah, contre les « Croisés ». Aux yeux de Daech, nous autres Français, catholiques ou non, nous sommes tous des Croisés. 

2 - Pendant ce temps, les serpillières qui se font passer pour nos responsables politiques épongent à qui mieux mieux la boue des égouts et des caniveaux en s'y vautrant avec délectation. Avec, je dois le reconnaître, une prime à la bassesse, à la veulerie et à la surenchère pour les Estrosi, Sarkozy et consort, qui se comportent comme s'ils étaient des lance-flammes ou des criminels de guerre.

Les immondices prennent la parole. Elles se moquent bien de mettre de l'huile sur le feu.

Où sont-ils, les hommes « à la hauteur de la France » ? 

vendredi, 15 juillet 2016

ENCORE COMBIEN DE MORTS ? ...

... FAUDRA-T-IL, AVANT QUE MONSIEUR HOLLANDE COMPRENNE QUE L'ÉTAT D'URGENCE NE SERT A RIEN ?

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jeudi, 23 juin 2016

HOLLANDE ET LES « RÉFORMES »

Avant de parler de François Hollande, rappelons quelques souvenirs cuisants du passage de Nicolas Sarkozy (le George W. Bush français, surnommé "le binaire", son esprit étant hermétique à la complexité du monde) à l’Elysée. Dans le bilan de ce sinistre individu qui menace la France de revenir au pouvoir pour finir de la vider de son contenu ancien, on peut compter (j’en omets, car on n’en finirait pas) :

- côté police, la désastreuse élimination de la « police de proximité » mise en place sous Jospin (il était encore ministre de l’Intérieur), qui avait montré son indéniable efficacité, mais surtout la dévastatrice fusion de la DST (Défense et Sécurité du Territoire, le contre-espionnage) et des RG (Renseignements Généraux, le renseignement intérieur « de terrain »), deux maisons aux « cultures » radicalement hétérogènes. Mohamed Merah fut le premier bébé né de cette fusion, avant beaucoup d’autres.

- la dévastatrice réforme de la carte judiciaire, menée non pas tambour battant, mais carrément au canon (et avec les dents), par Rachida Dati, qui avait vu descendre dans la rue d’inédits et impressionnants cortèges de robes noires, et même de robes rouges.

- et ce qui est à l’origine de ces deux naufrages des institutions françaises : l’immortelle RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques), qui refusait d’avouer dans son appellation qu’elle était vouée au but exclusif de saigner la Fonction Publique, toutes Administrations confondues, en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux au moment de son départ en retraite. On a pu vérifier dans les faits des quelques dernières années l’effet miraculeux de cette politique sur l’état économique, éducatif, politique et sécuritaire de la France. Ce qui n'a pas empêché les dépenses de l'Etat de croître et embellir.

Après le démolisseur est donc venu un César au petit pied, qui n’est entré à l’Elysée que parce qu’il s’était fabriqué pour l’occasion le masque d’un « Monsieur Tout-le-monde », qu’il n’a pas tardé à jeter, une fois refermées les portes du Palais sur la légalité irréfutable de cette confiscation pour cinq ans de presque tous les leviers du pouvoir.

Je ne retiendrai ici, dans le bilan de ce sinistre individu (la France est-elle maudite ?), que quelques « réformes », prises dans leur chronologie (j'en omets, car on n'en finirait pas) :

- la loi introduisant dans la société et dans les mairies françaises le mariage des homosexuels mâles avec leurs pareils, même chose pour les homosexuelles femelles, à égalité avec le mariage normal, je veux dire d’un homme et d’une femme, au mépris de l’avis d’une bonne moitié de la population normale, clairement exprimé dans les rues de nos villes (quels que soient les sondages et les calculs qu’on pouvait percevoir derrière certaines indignations).

- la loi instaurant le redécoupage des régions définies lors du vote sur l’ancienne loi Defferre, au mépris de l’avis de beaucoup d’élus et de l’incompréhension ou l’indifférence d’une majorité de la population devant tant de hâte et de précipitation à présenter une telle réforme, informe et impensée, comme cruciale, urgente et indispensable.

- dernière en date : la réforme du Code du travail, qui balaie d’un coup violent les digues qu’un lent processus avait, dans des relations conflictuelles, patiemment élevées pour protéger la faiblesse inhérente au statut de ceux qui ne possèdent que leur force de travail pour subvenir à leurs besoins.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les modalités de ces trois réformes sont strictement identiques sur un point essentiel : il s’agit de trois coups de force. Trois putschs légaux. Notre président est un putschiste. François Hollande, on le savait bien avant 2012, n’est pas un Homme d’État, ce n’est même pas un petit boutiquier, c’est un arrière-boutiquier, qui n’a aucune prise sur les événements et qui, pour cette raison, en est réduit à se livrer à des petites ruses, à des calculs d’épicier pour voir quel avantage il pourra tirer ou quel désavantage il pourra éviter.

Ce tout petit homme, quand il n’est pas obligé de se retirer du jeu de quilles la queue basse parce qu’il s’est emmêlé les pinceaux dans une banale opération de communication (cf. le bazar autour de la « déchéance de la nationalité »), il est contraint, pour faire passer ses lois, de les parachuter d’en haut, en flattant ou intimidant ses godillots du Parti Socialiste, et quand ce n’est pas possible, il n’hésite pas à se passer de l’avis du Parlement : il tire au calibre 49,3 en disant à ses rebelles : « Même pas cap’ de voter une motion de censure ! ». Bien que ce ne soit pas passé loin la dernière fois, gageons qu'ils se montreront disciplinés : ils pensent à leur législative de 2017 et à la carotte de l'investiture que le bâton du parti leur met déjà sous le nez.

C’est ce tout petit homme qui s’était pourtant fait élire en promettant (« croix de bois-croix de fer-si je mens je vais en enfer ») de promouvoir en toute circonstance le « Dialogue », l’ « Echange » et la « Concertation ». Le résultat, on l’a vu : monsieur Hollande a vite versé dans l'autoritarisme des faibles, vous savez, ces petits tyrans domestiques qui se vengent le soir sur la maisonnée des avanies et humiliations que leur supérieur leur a fait subir dans la journée. Le débat ? Fi donc ! Hollande est un champion du débat par la méthode forte. Et même brutale.

Non, personne ne saurait vous prendre au sérieux, monsieur Hollande. Les nouvelles régions, par exemple, le gouvernement aurait pu lancer dès 2012 une vaste concertation programmée, je ne sais pas, disons sur deux ans, délai qui aurait permis à tous les acteurs de terrain de s’entendre et, pourquoi pas de faire des propositions, de déplacer des limites de territoire. Trop compliqué. Et puis ça aurait eu le fâcheux inconvénient de laisser l’initiative à la population. Même chose pour le mariage homosexuel. Même chose pour la « loi Travail ». Non, il vaut mieux trancher, sinon on va encore se faire taxer de passivité, se dit-il. 

L’improvisation à laquelle a donné lieu la « réforme territoriale » et le grotesque dans lequel ont plongé les sordides discussions de marchands de tapis au sujet de leurs contours et de leur nombre illustrent à merveille l’incompétence d’un homme dépourvu de toute vision de l’avenir, et dont toute l’action « politique » consiste à caboter sans trop s’éloigner des côtes et à opérer « à vue » de savantes et retorses petites manœuvres pour esquiver au dernier moment la menace du rocher à fleur d'eau, qu'il n'avait pas aperçu. 

L'improvisation fait rage : acte I : Valls-Hollande menace de « prendre ses responsabilités » si la CGT appelle de nouveau à manifester malgré la présence de « casseurs » (question : quelles consignes ont été vraiment données aux forces de l'ordre, qui identifient en quelques heures des hooligans russes, et qui mettent les violences sur le compte des syndicalistes eux-mêmes) ; acte II : Valls-Hollande déconseille à la CGT (sept syndicats signent l'appel) d'organiser une nouvelle manifestation ; acte III : les syndicats persistent dans leur intention de manifester ; acte IV : la sentence tombe, la manifestation est purement et simplement interdite par le préfet (le plus libre de tous les hauts fonctionnaires, comme chacun sait) ; acte V (coup de théâtre, qui a pris de court le journal Le Monde, ça s'appelle "deus ex machina") : une heure à peine après l'interdiction : la manif est autorisée, sur un parcours court. C'est la panique à bord, il n'y a plus de pilote. Le bateau qui prend l'eau file sur son erre, hors de contôle.

Embrassons-nous Folleville : c'était donc une FARCE. Déconsidérés, couverts de crotte et de ridicule, Hollande et Valls devaient encore avoir un œil sur les sondages : le sondage électronique quotidien du Progrès indiquait, mardi 21 juin, 80% d'opposants à toute interdiction de manifester. Je ne veux rien dire, mais je me demande si le titre d'un vieux feuilleton radiophonique ne devient pas de la plus urgente actualité. Cela s'appelait "Ça va bouillir". Je crains, hélas, que le pays ne s'approche irrésistiblement d'un tel seuil de température. Que va-t-il rester de vous, monsieur Hollande ?

Non, décidément, monsieur Hollande, ce n’est pas ça, un Homme d’État. 

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 16 juin 2016

LA LIMACE ET LA TORTUE

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Magnifique travail de Morchoisne.

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dimanche, 29 mai 2016

NARCISSE SERA LE GENRE HUMAIN

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Les façons dont se manifeste le narcissisme de nos jours ont un peu (doux euphémisme) évolué depuis l’époque où Christopher Lasch publiait La Culture du narcissisme. L’auteur est mort en 1994. Depuis, le narcissisme a crû et embelli. L'auteur n’a donc pas eu le temps d’assister à l’essor fabuleux de l’industrie des écrans, au fleuve Amazone des images qu’ils nous assènent en permanence, au triomphe du numérique, à l’omniprésence de l’internet, à la foire aux smartphones, aux tablettes et aux ordinateurs portables, à la transformation de la « Connexion instantanée et géolocalisée » en mode de vie généralisé, permanent, institutionnalisé (combien de temps avant qu'être connecté soit devenu légalement obligatoire ?). 

Il n'a pas vu la fascination de ces hordes de piétons, de ces bataillons de consommateurs de supermarché, de ces garnisons au complet de clients attablés aux terrasses des cafés, aveugles et sourds à ce qui se passe autour d'eux, les yeux rivés au rectangle lumineux qui les met en contact avec là où ils ne sont pas.

Il n'a pas vu, disons-le, jusqu'où on peut pousser le narcissisme : il n'a pas lu le supplément "l'époque" (un alias de l'air-du-temps) du Monde daté dimanche 29-lundi 30 mai 2016, où l'on tombe sur un titre qui est une vraie pépite à haute teneur en minerai narcissique : « Une famille plus que parfaite : sur Instagram et Facebook, les supermamans sont devenues les attachées de presse de leur bonheur familial. Une mise en scène de l'épanouissement maternel, parfois jusqu'à l’écœurement ».

Une mère raconte ainsi la vie de sa petite fille et poste des photos d'elle, parce que « ça rend fière d'être maman », mais aussi « parce que ça pourrait attirer des internautes ». Jusqu'à ce que la fille (9 ans) réagisse : « Maman, arrête de raconter ma vie ! ». Il faut lire ce dossier hallucinant comme une signature du narcissisme triomphant : tout le monde est cordialement invité à se mirer dans les autres. Bon, n'ayant pas vu ça, Lasch est mort moins malheureux que ça aurait pu s'il était mort plus âgé. Comme dit Baudelaire : « Ô Mort, appareillons ! ». Mais on ne peut plus dire : "Plus narcissique, tu meurs" : aujourd'hui, le narcissisme n'a plus de limites. Merci, le "progrès" technique.

Lasch serait sans doute effaré de la rage du « selfie » qui a saisi les masses humaines. Pour ce qui est de la France (ailleurs, je ne sais pas), il considérerait peut-être avec commisération la rage de l' « auto-fiction » qui a saisi les gens qui font, paraît-il, métier d’écrire de la « littérature » (voir l’incroyable succès de Mémoire de fille, le dernier livre d’Annie Ernaux, le chiffre des ventes et les tombereaux d’hommages éblouis qui se sont abattus sur lui). Oui, on a bien assisté à la poursuite vertigineuse de ce que Lasch appelle « L’invasion de la société par le moi », qui fait apparaître la notion d’individu comme une pure et simple imposture : si tout le monde existe à travers la seule image de soi, tout le monde est insignifiant. C'est quoi, vivre ? Comptons sur le "progrès" technique pour nous éviter de nous poser cette question douloureuse.

L’auteur, cependant, n’est pas farouchement opposé à la « littérature du moi », mais pas à n’importe quelle condition : « La confession permet à un écrivain honnête, comme Exley ou Zweig de nous donner une description poignante de la désolation spirituelle de notre temps ; mais elle [je corrige un "il" manifestement erroné] permet aussi à l’écrivain paresseux de se complaire dans "le genre de révélations impudiques sur soi-même qui, finalement, cachent plus qu’elles ne découvrent". Les pseudo-aperçus de Narcisse sur sa condition, habituellement exprimés en termes de clichés parapsychiatriques, lui servent à détourner les critiques et à refuser la responsabilité de ses actions » (p.48). 

C’est certain : l’écrivain de l’auto-fiction évite ainsi de porter sur lui-même un jugement de valeur. Une telle littérature, voulue purement factuelle et neutre, n’est plus porteuse d’une quelconque signification collective, ne proposant aucune « lecture » du monde, aucun point de vue sur lui : les choses sont ainsi, c’est tout. C’est assez dire que la littérature, en renonçant à « dire le monde », ne croit plus en elle-même. Il s’agit simplement de susciter chez le lecteur le processus d’identification, et de déclencher chez lui un réflexe de projection émotionnelle (voir le succès en librairie du Mémé de l’acteur Philippe Torreton). Conception fusionnelle, régressive, infantile de la vie en société. 

Le biais du narcissisme amène Christopher Lasch à évoquer la transformation du travail : de moyen qu’il était de construire une vie et une société morale, faite de labeur, de sobriété et de probité, il s’est mué en un moyen d’aboutir à l’accomplissement de soi par la réussite matérielle : « Pour les puritains, un homme pieux travaillait dur, dans son métier, moins pour accumuler de la richesse personnelle que pour ajouter au confort et aux commodités de la communauté » (p.87). 

Et plus loin : « La poursuite de la richesse perdit les dernières apparences de sens moral, qu’elles avaient conservées jusque-là » (p.93). Et enfin : « Puis, la réussite apparut comme une fin en soi, la victoire sur des concurrents permettant seule d’assouvir la personnalité » (ibid., problème de traduction ? – que veut dire "assouvir la personnalité" ? Bon, on devine l’idée). On ne demande plus à la vie d’avoir un contenu ou un sens, on veut juste survivre. De l’aptitude à la sociabilité, on est passé à l’habileté à « se débrouiller ». 

Christopher Lasch balaie encore le champ de la transformation de l’existence en produit de fabrication, avec la médiatisation de tout (un écran s’interpose entre l’individu et sa propre vie) ; avec l’invasion de plus en plus tonitruante de la publicité, qui, pour l’auteur, vise moins à vendre telle ou telle marchandise particulière qu’à conditionner les esprits à la consommation comme mode de vie ; avec la théâtralisation de la politique et son usage outrancier de la propagande (aujourd’hui rhabillée en « communication »).

Je cite rien que pour le plaisir cette phrase : « La gauche, avec sa vision d’un bouleversement social, a toujours attiré plus que sa part de déséquilibrés » (p.120). Passons. Je passe aussi sur ce que Christopher Lasch dit du « déclin de l’esprit sportif », propos globalement très justes, mais je vois davantage un lien avec « la société du spectacle » de Guy Debord qu'avec la problématique du narcissisme. Il souligne toutefois ce que peut avoir de militaire l'enrôlement d'une jeunesse sous la bannière du sport, où l'on ne cesse de parler de "discipline". Comment ne pas penser à l'île de W imaginée par Georges Perec dans W ou le souvenir d'enfance, et à cet avatar du camp de concentration conçu comme un absolu de la rationalité ?

Il analyse ensuite la « décadence du système éducatif », mais en soulignant moins une faillite professionnelle que le fait que l’école est produite par la société dans laquelle elle s’insère (elle aurait du mal à faire autrement) : « L’enseignement traduit donc les profonds changements sociaux, qui sont à la base du système d’éducation et de la propagation de la stupidité qui en résulte » (p.169, on n’est pas obligé d’être d’accord avec certains termes, mais on s'esclaffe ou on se désole en entendant des ravis de la crèche soutenir mordicus que "le niveau monte"). 

Il conclut sur une perspective assez sombre : « S’il est vrai que les électeurs éduqués sont la meilleure défense d’une nation contre l’arbitraire d’un gouvernement, la survie des libertés politiques semble bien compromise » (p.171). Quand on voit les transferts de pouvoir qui s'opèrent depuis le 11 septembre 2001 de la justice vers la police et de la liberté vers la sécurité, on se dit que l'impeccable boule de cristal de Christopher Lasch avait tout vu !

S’ensuit une dévaluation de la culture elle-même : quand un système éducatif se donne pour mission de « mettre l’enfant au centre », pour « être au plus près des besoins de l’enfant », cela veut dire qu’il a (au sens propre) démissionné, et que le troupeau (le mot est de Lasch) des élèves seulement moyens est voué à stagner, végéter, déchoir. En plus de ça, on entend là le même blabla véhiculé par la grande distribution, qui veut « répondre au plus près à la demande du consommateur ». Donner aux enfants, aux jeunes ce qu'il attendent (ce dont ils croient avoir besoin), c'est le contraire de l'éducation : c'est les enfermer en eux-mêmes.

Bon, il y aurait encore bien des choses à dire au sujet de ce livre important, mais je ne vais pas insister : on a à peu près compris, j’espère, ce qui anime la démarche de Christopher Lasch. En gros, pour résumer, il est effaré de constater combien le système industriel, la production à tout va de biens et d’images, l’énorme effort de l’industrie publicitaire de gavage des populations et de conditionnement des esprits à la société des marchandises – combien tous ces éléments ont privé les individus de la maîtrise de leur existence. Le soi-disant "Progrès" qui guide notre "civilisation" devrait être renommé. Je propose "civilisation du RÉGRÈS" (qui ne veut pas dire "nostalgie", mais retour infantile à l'utérus maternel, autrement dit une civilisation gouvernée par le fantasme !). 

On pourrait imaginer un camp de travail où l’on forcerait tous les satanés optimistes et autres thuriféraires de ce système mortifère, à apprendre par cœur les livres de Christopher Lasch. 

Ça leur ferait les pieds, et ça redonnerait un peu d’espoir aux autres. Ce n'est sans doute pas pour demain.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : Christopher Lasch fait une remarque que je trouve pleine de sens sur le narcissisme, disant que Narcisse n'est pas amoureux de lui-même, puisqu'il ne sait pas que ce qu'il contemple, c'est son propre reflet. Bon, cela change-t-il quelque chose ?

Note : le blog va prendre un peu de repos. A bientôt.

lundi, 18 avril 2016

FINKIELKRAUT FASCISTE !!!

ALAIN FINKIELKRAUT CHEZ LES GENTILS DE "NUITS DEBOUT"

Qu’allait faire Alain Finkielkraut dans la galère de « Nuits debout » ? Qu'est-ce qui lui a pris d'aller y traîner ses guêtres ?

Il paraît donc que le professeur de philosophie (et peut-être philosophe, faut pas confondre) Alain Finkielkraut s’est fait sortir manu militari de la place de la République à Paris aux cris de « Finkielkraut fasciste ! ». Finkielkraut fasciste ! Ben en voilà, du nouveau qui vient de sortir ! Les bras m’en tombent et j’en reste sur le cul. Ainsi, le producteur de la célèbre émission Répliques, le samedi matin sur France Culture, que j’écoute régulièrement, mais pas toujours, pas forcément et surtout pas en opinant du bonnet (on peut (ré) écouter la dernière, samedi 16 avril, sur les combattants de 14-18, qui était absolument formidable), serait une résurrection dans l’ordre intellectuel de la figure de ce que fut Benito Mussolini dans l’ordre du muscle. Voilà où on en est ? Oui : voilà où on en est. M'enfin quoi, soyons sérieux.

Je ne vais pas me porter au-devant des ennemis de Finkielkraut pour lui servir de bouclier : je pense qu’il a appris à se défendre par lui-même. Ce qui m’intrigue davantage dans cette affaire, c’est la brutalité (en attendant la violence ?) du clivage qu’elle met en lumière. Politiquement, je ne sais pas comment analyser la chose. En revanche, si l’on se préoccupe de l’existence supposée, dans toute démocratie, d’un espace public pour les débats entre citoyens (agora, forum), je trouve ça très inquiétant. De quel côté de ce "fascisme" bien spécifique se trouvent les participants des « Nuits debout » ? 

L’alternative est celle-ci : en France, aujourd'hui, peut-on encore débattre entre gens raisonnables ? Ou bien existe-t-il une « vox populi » implicite et impérieuse qui impose silence aux dissidents ? Certains sont-ils interdits de parole au motif qu’ils sont catalogués parmi les « intellectuels médiatiques » ? Et au surplus dénoncés comme « réactionnaires » ? Dire, en plus, qu'on lit partout que ces "réactionnaires" attirent presque en exclusivité les caméras et les micros ! Que ces contempteurs du système sont quasiment devenus des moteurs du système ! Le "réactionnaire" élevé à la dignité de "Mutin de Panurge" (Philippe Muray) par on ne sait à la suite de quelles manipulations génétiques ! L'exception rebelle et libertaire s'érigeant en règle tyrannique !

Qu’est-ce que c’est, en réalité, « Nuits debout » ? A parler franchement, j’ai plutôt l’impression d’un symptôme que d’une promesse d’avenir. Je râle assez régulièrement contre la confiscation du débat par la caste des professionnels de la politique et par la démocratie représentative, ainsi que contre le musellement des voix des populations quand elles s’élèvent en dehors des échéances électorales, pour ne pas être intrigué par ce qui se passe la nuit sur la place de la République parisienne. 

« Nuits debout », c’est le symptôme (bénin) du cruel manque qui se fait sentir dans l’exercice concret de la démocratie du fait de la codification intégrale et rigide des formes du débat. Des autorités envisagent de construire un grand aéroport pour soulager une grande ville de l’ouest, mais dans une zone agricole et écologiquement précieuse ? Un barrage dans une zone humide pour alimenter en eau l’agriculture locale ? Un centre de loisirs dans une riche zone forestière ?

La réponse est chaque fois la même : la procédure légale a suivi son cours de façon imparable et ne peut donc être remise en question. Pour contester, suivez la voie hiérarchique, introduisez des recours devant les tribunaux compétents : ceux qui sont à l’origine du projet ont toute légitimité, se sont conformés à la loi et ont reçu l’approbation des élus du peuple. Peut-on faire plus démocratique ? Les protestataires n'ont aucune légitimité, ils ne parlent que pour eux-mêmes.

C’est là que le bât blesse : entre deux échéances électorales, la population est priée de la fermer. C’est à cette confiscation du légitime par le légal, au moyen d'une application administrative scrupuleuse des formes de la démocratie, au détriment de son contenu que réagissent les acteurs de "Nuits debout". Si la lettre de la loi a été respectée, si l'on ne peut repérer aucun "vice de forme", la procédure doit aller à son terme.

L'élection une fois intervenue, l'élu s'affranchit de toute limite à l'exercice du pouvoir qu'on lui a accordé. Sa légitimité découle la légalité : il a la loi pour lui. C'est à ça que cherche à répondre l’opération « Nuits debout ». L'intention est louable. Malheureusement, là où je commence à me méfier, c’est quand j’entends des reportages sur place, qui donnent la parole aux participants. Tout le monde est de bonne volonté, ouvert, convivial et soucieux de « faire avancer le débat ».

Mais pour parler franchement, on entend beaucoup de niaiseries générales, de propos indigents et de balourdises fumeuses. Et puis voilà que s'ajoute maintenant à la vacuité de ce "mouvement", la volonté de réduire au silence, et de chasser Alain Finkielkraut, au motif qu'il n'adhère pas spontanément et pleinement au beau "mouvement" "spontané", prometteur du futur "Empire du Bien" (encore Philippe Muray, décidément), et au motif qu'il tient à maintenir en exercice la plénitude de son esprit critique. Je répète la question : de quel côté, les "fascistes" ?

Et même le débat : sur quoi, le débat ? Une « nouvelle façon de faire de la politique » ? L’élaboration des bases d’une future société ? Un gros tas de chouettes copains ? Vraiment ? Allons donc, si c’est ça, « Nuits debout », c’est vraiment une plaisanterie, de la fumée, de la roupie de sansonnet. Le meilleur moyen pour se perdre dans les généralités, tirer des plans sur la comète et, dans le fond, alimenter en propos fumeux le « Café du Commerce ». Il faut avoir entendu Frédéric Lordon s’égosiller dans un micro et prononcer un discours enflammé sur de futurs lendemains qui chantent : c’est à se demander de quelle planète viennent les participants et sur quelle planète ils pensent avoir atterri. 

Je me demande si le terme désuet de « monôme », un peu condescendant je dois dire, prononcé par le très anodin Pascal Bruckner (auteur de La Sagesse de l’argent, et ancien copain d’Alain Finkielkraut pour Au Coin de la rue l'aventure), n’est pas plus apte à décrire cette manifestation - dont l’appellation (« Nuits debout ») semble au demeurant une "marque déposée" tout droit sortie du bureau d’études d’une agence marketing. Ce qu’il faut pour satisfaire l’appétit de la gent journalistique, toujours avide de formules chocs pour alimenter la Une en caractères gras (Libération : « Nuits debout, nuits débat », quelle trouvaille !). 

A ce propos, il y a quelque chose de stupéfiant dans l'ampleur donnée par les médias à ce qui ressemble fort à des blancs d’œufs montés en neige. On a vu qu'en quittant la place de la République, rien qu'en traversant la rue, on retombait dans ... dans quoi, au fait ? ... eh bien dans la vie ordinaire et quotidienne, qui continuait à se dérouler, imperturbable. C'est à se demander s'il est en train de se passer quelque chose sur la place de la République à Paris.

« Nuits debout », je vais vous dire, ça sent le feu de paille. « Nuits debout », franchement, ce n'est pas crédible : ça a plutôt à voir avec l'atmosphère de puérilité générale dans laquelle se confit l'époque. François Hollande, Manuel Valls, Nicolas Sarkozy peuvent dormir tranquilles : ce ne sont pas les trompettes de « Nuits debout » qui feront tomber les murs du Jéricho politique où la démocratie française agonise. 

On peut le regretter. 

Voilà ce que je dis, moi.