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samedi, 14 octobre 2017

QU'EST-CE QU'UN POLITICIEN ...

... DANS LES DICTIONNAIRES ?

Qu’est-ce qu’un politicien, en France, aujourd’hui ? Comment définir les individus qui en ont fait un métier et qui y font carrière ? C’est entendu : à l’instar d’un bien connu, quoique très controversé, chef de l’éphémère « Etat français », ils ont un jour héroïquement choisi de « faire don de leur personne à la France ». C’est du moins, en substance et en filigrane, ce qu’on entend quand ils évoquent, de l'air de fierté modeste qui n'appartient qu'à eux, la noblesse et la profondeur des motivations qui les habitent. Tels Jeanne d’Arc, ils se sont sentis appelés à vouer leur existence au service de la nation. Ils obéissent à une véritable vocation, ce qui les autorise, pensent-ils, à affirmer qu’ils accomplissent une mission. On est prié de ne pas douter ou ricaner.

Ce portrait est un peu chargé, j’en conviens, si on le rapporte, par exemple, à la définition qu’en donne le petit Larousse 2005 (édition du centenaire confiée, pour la déco, à Christian Lacroix, s’il vous plaît, c'est très chic) : « Personne qui fait de la politique, qui exerce des responsabilités politiques ». Il est vrai que le PLI ajoute aussitôt : « adj. Péjor. Qui relève d’une politique intrigante et intéressée », mais sans insister davantage. Le Grand Robert observe à peu près une neutralité comparable. Le Nouveau Larousse illustré (en sept gros volumes, 1903-1907) va à peine plus loin dans la prise de risque (quoique …) : « Personne qui s’occupe de politique. (Ne se dit guère qu’en mauvaise part) : On voit des politiciens de village régenter le monde ». Peu glorieux, en somme.

On en apprend plus dans le Robert « historique » (1992), qui envisage le mot comme nom et adjectif : « est emprunté (1779), avec adaptation du suffixe, à l’anglais politician n. (XVI° s.) qui désignait autrefois une personne intriguant en politique avant de désigner une personne versée en politique (1628) et, surtout en américain, une personne qui fait profession d’activités et d’intrigues politiques. Politician est dérivé de politic adj. lui-même emprunté au XV° s. au français politique. ◊ Le mot apparaît chez Beaumarchais (1779), déjà avec une nuance péjorative, associé au dépréciatif politiqueur. Il ne sera repris qu’en 1865 sous la forme anglaise politician, francisée en politicien (1868), appliqué à un contexte américain avant d’être acclimaté (1898) au contexte français. Employé adjectivement (1899), il n’était pas encore très courant ni même très admis vers 1900, où l’on trouve la variante politicier. Politicien est devenu courant, tant comme nom que comme adjectif, aujourd’hui avec une nuance péjorative (politique politicienne) ». On a compris que nul, dans la classe politique, ne peut considérer, même aujourd’hui, comme un compliment d’être qualifié de « politicien ».

On appréciera "dépréciatif" et "nuance péjorative" à leur juste valeur. Tout cela, évidemment, n’est pas rien, mais l’origine du mot ne développe toutes ses fragrances subtiles et délectables (je veux parler des « connotations ») nulle part ailleurs que dans le Littré : « Nom, aux Etats-Unis, de ceux qui s’occupent de diriger les affaires politiques, les élections, etc. Une municipalité sans foi [à New-York] a, dans maintes rencontres, impudemment empoché l’argent des contribuables pour le partager avec les politiciens qui l’avaient nommée, L. Simonin, Rev. des Deux-Mondes, 1er déc. 1874, p. 677. Une autre cause de dissolution [des Etats-Unis] à ses yeux, c’est l’influence des politiciens, sortes de déclassés des carrières régulières, se faisant une profession lucrative de la politique, Journ. Offic. 6 fév. 1876, p. 1079, 2° col. Channing frémit à l’idée de confier aux politiciens le soin de former et de façonner l’esprit public : les politiciens, dit-il, ne considèrent les hommes qu’à un seul point de vue : comme les instruments de leur ambition ; ils n’ont pas le savoir, la réflexion, le désintéressement qui doivent présider à un bon système d’éducation, Paul Leroy-Beaulieu, Journ. des Débats, 25 août 1876, 3° page, 6° col. ».

On voit par là que, « le temps passant sur les mémoires » (Tonton Georges) et le mot s’acclimatant en terre française, celui-ci a bien pris soin d’édulcorer les miasmes infamants de sa substance héritée de la pas si lointaine Amérique : si le mot n’est pas un compliment, il n’en est pas injurieux pour autant. On peut sans doute le regretter. Et dire que les politiciens s’étonnent aujourd’hui d’être souvent vilipendés ou haïs par la population : qu’on leur donne à lire l’article du Littré, ils verront de quelle fange ils sont issus !

Et je me dis que si l’on rapproche le sens établi par le grand linguiste (ou plutôt : lexicographe) du portrait que Balzac dresse des journalistes parisiens dans Illusions perdues, quarante ans avant, on est saisi du résultat de l’opération : il n’y en a pas un pour racheter l’autre, et tous se traînent dans une veulerie et une vénalité propres à dégoûter l’honnête homme d’ouvrir encore un journal. Le plus étonnant dans tout ça est cependant si l’on se remémore ces deux origines quand on observe l’air d’autorité que se donnent les princes des journalistes (genre Alain Duhamel ou Laurent Joffrin, vous savez, ceux qu'on appelle "éditorialistes", au résumé des propos desquels se réduisent bien souvent les (soi-disant) "revues de presse") quand ils délivrent analyses et oracles du haut de la chaire où ils se sont hissés. Un air qui n’a d’égale que la suffisance, l’arrogance et la certitude qu’affichent nos politiciens quand on leur présente un micro.

C’est me semble-t-il dans Lazarillo de Tormès, délicieux roman picaresque espagnol de 1554, qu’on trouve le portrait d’un gueux qui, voulant paraître gentilhomme, est obligé de se couvrir le dos d’une cape ou de se présenter de face vers les autres, au motif que l’arrière miteux et mité de son habit lui laisse les fesses à l’air.

On ne devrait jamais oublier Lazarillo de Tormès quand on assiste au spectacle donné par journalistes et politiciens dans l’exercice de leurs fonctions. A quelle considération spéciale ont-ils la prétention d'avoir droit de la part du public ? On aimerait davantage d'humilité, si au moins c'était possible.

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 14 avril 2017

TOUS DERRIÈRE FRANÇOIS

On peut ne pas aimer le style du dessinateur Lefred-Thouron, mais je dois dire que là, sa trouvaille m'a bien amusé. C'est dans le dernier numéro du Canard enchaîné.

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Très bien vu : si tous ceux qui ne l'aiment pas le suivaient en effet, sûr qu'il serait élu au premier tour, avec une majorité écrasante.

Soit dit en passant, tous ces guignols, politiciens, politologues, journalistes, après nous avoir gavé de sondages, après nous avoir avoué qu'ils avaient eu grand tort, sont repartis comme en quarante : tous nous serinent de nouveau le refrain des "enquêtes d'opinion", qu'il ne faut, ils ne cessent de le dire, considérer que comme des "photographies prises à l'instant t", mais qu'il ne faut pas les jeter à la poubelle a priori.

Tout ce petit monde moutonnier se comporte et parle comme s'il croyait dur comme fer que ce sont autant de vérités incontestables. Quant aux candidats, il considèrent les sondages comme une vaste fumisterie, sauf quand les résultats leur sont favorables. Remarquez que j'ai aussi entendu Brice Teinturier (sondeur en chef chez Ipsos) soutenir mordicus que les sondages ont annoncé l'hypothèse de l'élection de Donald Trump, alors ... Bon, on le comprend, il ne va pas cracher dans sa propre soupe.

Je ne sais pas quel nom on pourrait donner à cette inconséquence. Je retiens une leçon : ils se foutent de la gueule des électeurs. Mais aussi qu'ils ne savent plus à quelle branche ils peuvent se raccrocher qui ne soit pas pourrie. Tous paumés. Comptons sur eux, d'ici le 23 avril, pour monter la mayonnaise de la peur : je crois que tout ce petit monde pète de trouille, et qu'il ne voit qu'un moyen de se rassurer : la communiquer à tout le monde.

Il est vrai que, si l'on prend au sérieux la faiblesse des écarts entre les quatre "grands" candidats, il y a tout lieu de craindre que cet écart constitue la marge même de l'erreur que l'industrie des sondages se consent à elle-même. Dans ce cas, tout est possible en effet. S'il en est ainsi, il y a effectivement du mouron à se faire.

lundi, 09 juin 2014

MANUEL DE POLITICULTURE 2/2

Résumé : nous analysons, dans ce court Traité des mœurs politiques de la France, les méthodes politiculturales employées par les industriels de la politique pour la production et la sélection d’un produit bien de chez nous : le « politicien-français ».

 

Soyons précis : il n’est pas donné à tous les tubercules de recevoir sur la fesse gauche (à l'encre indélébile, le fer rouge étant sorti d'usage depuis quelques années, car le tubercule politique est devenu douillet), dès la sortie, l’estampille certifiée de cette appellation d'origine protégée (AOP) si convoitée.

 

Ils devront faire leurs preuves, remplir leur carnet d’adresses, accepter petites vexations et grosses humiliations, avaler la couleuvre quand elle passe, manger le chapeau qu'on leur fera porter (mais en prenant soin de tout noter, pour plus tard, on ne sait jamais, ça peut servir), et pour finir, rendre service aux puissants du moment, se rendre indispensables et prêter allégeance, s'ils veulent un jour se voir accorder une bonne place dans et autour de la gamelle. Et s'ils veulent espérer être un jour en mesure de trahir avec éclat le protecteur.

 

J’arrête ici le persiflage et l'ironie, ça risque de devenir lourdingue. Tout le monde a compris le message : la plupart des hommes politiques qui nous gouvernent aujourd’hui n’ont jamais eu à gagner leur vie comme les autres citoyens. Ils n’ont jamais été confrontés aux fins de mois difficiles. Ils n’ont jamais dû se battre pour se loger. Pour trouver du travail. Pour avoir un métier qui procure de quoi vivre. Quand quelque difficulté se présentait, ils décrochaient le téléphone.

 

Ce sont de purs produits des écoles, qui ne sont jamais sortis de l'école. On est frappé de cette vérité : notre personnel politique est passé directement du banc d'école à la chaire magistrale. Du statut de « premier-de-la-classe » à celui de « donneur-de-leçon ». On appellera ça, dans leur notice nécrologique, une « superbe carrière ».

 

En matière d'altérité humaine et de confrontation avec les espèces différentes, ils sont dans la chaise roulante des infirmes. Que dis-je : sur le grabat des grabataires. Leur handicap vient d'avoir subi très tôt une « alterectomie » préventive, n'ayant poussé qu'au milieu de leurs semblables. Aussi menteurs les uns que les autres, que ce soit par calcul, par tactique ou par servilité (ce qui revient à peu près au même).

 

Et ils ne le savent pas, convaincus que, étant juchés, en « hommes hors du commun », au plus haut des chars resplendissants des parades républicaines, ils sont à l'abri des aléas qui caractérisent les « hommes du commun » (Georges Brassens, Tonton Nestor). Il faut se le répéter  : très peu de nos hommes politiques les plus en vue aujourd'hui sont sortis de l'école avant d'exercer les responsabilités. Il me semble que cela devrait au moins interroger, non ?

 

Tout ce qu'ils sont capables de faire, quand ils sont arrivés aux affaires (comme ils disent), c'est de réciter, le plus souvent avec un bagou intarissable (en bois brut), parfois avec un talent indéniable, ce que d'autres - qui leur ressemblent étrangement, étant coulés dans le même moule - leur ont fait apprendre quand ils étaient à l'école. Et qu'on ne me tabuste point avec leurs mandats locaux, qui seraient preuve (soi-disant) d'un ancrage dans le terrain. Cette ancre-là est trop souvent déléguée pour servir de preuve. Aux petites mains locales tout le travail local. Aux gens importants les choses importantes.

 

Moi, quand j’ai pris la décision qui m’a donné la bien modeste place que j’ai conquise dans la société (place que je n'ai due à personne d'autre que moi), je sortais du service militaire. J’avais un parcours, et j’avais femme et enfant. Et quand je me suis vu, dans un champ du copain paysan de l’époque, en train d’arracher oignons et patates à la triandine, je me suis dit que ce n’était tout simplement pas possible de faire ça jusqu’à la retraite. Mon pote Roland peut raconter ça encore mieux, parce qu'il a fait ça plus longtemps et plus diversement. Et ça, je vais vous dire, ça rend le cuir épais et insensible à certaines façons de mentir sur soi, sur le monde et sur l'avenir de la société.

 

J’avais déjà conduit les poids-lourds de la STUR ; travaillé, dans la cave ammoniaquée, sur la tireuse de plans de Fauvet-Pélanjon ; livré les machines à écrire de M. Chappat ; charrié et vendu les fruits et légumes biologiques de Prairial (quand c'était rue du Dauphiné, avec le magasin au bout du cours Vitton), avec Dussuyer et Bonnefond, et puis je ne sais trop quoi. Cela me regarde, parce que c’est mon histoire à moi. Mais cela me donne aussi le droit de jauger (et juger) la façon de certains de se conduire quand ils sont aux commandes.

 

La caractéristique commune de presque tous les hommes politiques en vue aujourd’hui (je veux dire ceux qui ont accès à la signature et à la décision), c’est qu’ils n’ont jamais dû se battre au jour le jour pour assurer la pitance et payer le loyer. Prenez Jacques Chirac : les logements proprement personnels (je ne compte pas le château de Bity, qui vaudrait un chapitre à lui tout seul) qu'il a occupés se comptent sur les doigts d'une seule main (et encore, amputée de quelques doigts). Il aura passé presque toute sa vie logé aux frais de la République.

 

Grandis dans le vase clos de leur « milieu naturel », ils ont toujours été protégés de cette honteuse nécessité. Soit parce qu'ils étaient déjà des protégés, soit parce que leur famille suppléait, soit parce que le téléphone était là. Ces gens-là ne se sont jamais vus autrement qu'aux postes de commande. Quand Hollande visite un atelier de production industrielle, on voit bien qu'il vient en extraterrestre, et il a beau faire semblant ... Ces gens-là n'ont jamais considéré qu'ils étaient des citoyens comme les autres.

 

Ce sont des gens qui n’ont jamais connu les dures nécessités de la « réalité-ordinaire ». Aucun d'eux, par-dessus le marché, n'a la plus petite idée de ce qui s'appelait, dans la France désormais disparue, le sens de l'honneur. Ah, le sens de l'honneur ! 

 

Quoi que vous puissiez dire, je suis convaincu que le « politicien-français », ce légume tuberculiforme qui a opté soit pour la droite, soit pour la gauche (peu importe dans le fond, c’est juste au gré des opportunités de carrière), qui a poussé dans un terreau privilégié, bien qu'il ait la peau blanche, ne fait pas partie de ma race.

 

Je le renie. Je le conspue. Je le compisse. C'est un étranger. Il ne me représente pas.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Note : Je sais, j'ai tort, j’exagère, j’abuse, je simplifie, je généralise, je caricature. En plus je suis très injuste. La justesse de mon propos s'en ressent forcément. Il faudrait nuancer (ce qu'on appelle en France judiciaire "individualisation de la peine"). Je laisse ce soin à de plus subtils. Moi qui suis resté lourdaud, fruste et rudimentaire, je laisse à de plus raffinés le soin de passer les nuances. Je me contente des couleurs de base, qui sont, comme moi et comme on sait, primaires :

 

« Car nous voulons la Nuance encor,

Pas la Couleur, rien que la nuance !

Oh ! la nuance seule fiance

Le rêve au rêve et la flûte au cor ! »

 

Je ne suis pas Verlaine, moi. Je suis juste en colère.

 

 

vendredi, 24 février 2012

SAINT FIACRE HOLLANDE

LA VERITABLE ENFANCE DE NOS SAINTS POLITIQUES

 

 

INTRODUCTION

 

 

En cette période d’élections prochaines, il est bon de revenir sur la véritable carrière de quelques candidats qui briguent quelque poste exposé mais avantageux, et se présentent pour cela, courageusement, devant le tribunal du suffrage universel. Notons que, sans s’être donné le mot, tous ces candidats gardent sur une partie méconnue de leur carrière un silence de tous les instants.

 

 

Disons même qu’ils se gardent bien de s’en vanter. Allons-y carrément : de même que des héros célèbres (Tristan, Hercule, Gargantua, …) ont vécu ce qu’on appelle des « enfances », la plupart de nos saints politiciens, avant de tenir le haut du pavé médiatique, ont eu, eh oui, une sainte enfance.

 

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L'ENFANCE D'UN CHEF (nouvelle d'un certain J.-P. S.) 

 

Mais à la différence de ces saints héros (preuve qu’ils n’en sont sûrement pas), ils semblent l’avoir reniée, comme s’ils la considéraient comme une existence antérieure, sur laquelle la plus extrême prudence de parole doit être observée. A croire que cette existence première les couvrirait de honte si son déroulement effectif venait à être connu.

 

 

S’ils savaient, pourtant, toute la sympathie, toute l’empathie, toute la compassion, et disons-le toute la pitié qu’ils pourraient s’attirer de la part des foules, si celles-ci étaient mises au courant de la toute première partie édifiante de leur éminente carrière, ils ne tarderaient pas à commanditer de célèbres agences de communication publicitaire pour établir à leur juste valeur les « galops d’essai » qui préfigurent à jamais, à n’en pas douter, l’excellence future de leur parcours.

 

 

 

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SAINT FIACRE AVEC SA PELLE ET SON LIVRE

(à Saint Germain d'Auxerre)

 

Ayant déjà évoqué ces « galops », quoique trop allusivement, brièvement et fragmentairement, nous nous sentons le devoir de revenir, en les approfondissant, sur des trajectoires exceptionnelles, marquantes pour le genre humain tout entier, et pour tout dire, définitives. Des trajectoires aujourd’hui couronnées de la sainte appellation catholique de SAINT, même si les impétrants (mot désormais à la mode) se désistent de l’orgueil d’en réclamer le titre (toute fausse modestie mise à part, je trouve que cette phrase est assez bien tournée).

 

 

AUJOURD'HUI : SAINTE ENFANCE DE FRANÇOIS HOLLANDE

 

 

 

Nous commencerons la revue de ces célébrités trop modestes, par un coup d’œil jeté du côté du petit FRANÇOIS HOLLANDE, devenu sur le tard le désormais irremplaçable SAINT FIACRE HOLLANDE, que certains calomniateurs ont (heureusement en vain) tenté de faire passer pour un « fromage de Hollande ».

 

 

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L'AIR (FROID) DE LA CALOMNIE 

 

Le petit HOLLANDE naquit sans doute au début du 7ème siècle, quelque part en Irlande. Il est mort en Seine-et-Marne, en un lieu qui lui était prédestiné, puisqu’il s’agit de la commune bien connue de Saint-Fiacre-en-Brie. Cet événement funeste serait intervenu autour de 670 de notre ère (on sait qu’on ne peut être promu au grade de « SAINT » patenté avant l’ère qu’on appelle « chrétienne »).

 

 

Grâce à Saint Faron, lui-même fils d’une biche, d’où, évidemment, vient l’expression « faon Faron », dont la célébrité a atteint la Côte d’Azur puisqu’on a donné son nom à une montagne qui domine la ville de Toulon, SAINT FIACRE HOLLANDE fut autorisé à devenir ermite en forêt de Brie.

 

 

On ne sait comment grandit sa renommée. Toujours est-il qu’il reçut des visiteurs qu’il récompensait, en quelque sorte, en priant sur eux, et en distribuant consolations et bons conseils (je n’invente rien). Il lui arrivait de les guérir.

 

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NON , LE SUPPLICE DU PAL, C'EST PLUS GRAVE

 

Il les guérissait principalement des hémorroïdes, l’usage étant que le pèlerin qui souffrait précisément de ce « mal de SAINT FIACRE HOLLANDE » (parfois appelé « fic », on se demande pourquoi) s’asseyait sur la pierre où le saint s’était lui-même assis. On ne sait pas vraiment à quel épisode de sa vie se rattache cette tradition. Les archives ne disent pas tout. Mais en tout cas elles disent : « Loué soit Dieu, SAINT FIACRE HOLLANDE guérit les hémorroïdes. Après l’annus horribilis, l’anus hollandibilis ».

 

 

Il nourrissait en cas de besoin les pèlerins des légumes de son jardin, souvent des haricots. Ces jours-là étaient jours de fête. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle les jardiniers ont, le 30 août 1237, élu pour leur saint patron SAINT FIACRE HOLLANDE en personne. A l’unanimité. Toute parenté avec quelque hémorroïde que ce soit serait purement fortuite.

 

 

Principalement, il savait sur quel ton il fallait parler aux gens : toujours suave, toujours caressant, presque tendre, il atteignait ses auditeurs au fond de leur cœur, imperméable aux propos de quelques vilains jaloux qui ne se privaient pas de le brocarder de diverses expressions qui se seraient voulues blessantes.

 

 

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LE VERT BAVEUR

 

 

Heureusement, FIACRE HOLLANDE (qui n’était pas encore décrété saint), était au-dessus de cette bave crapaudesque, et allait son chemin vaillamment. Si certains lui auraient vu les manches de lustrine et le « rond de cuir » dont Courteline et Maupassant ont fait le symbole de la bureaucratie fin-de-siècle, il se voyait quant à lui sur la plus haute marche du podium électoral.

 

 

 

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Malheureusement, un journal d’opposition déterra une malheureuse affaire où un de ses ancêtres, QUINTIANUS HOLLANDUS, avec lequel il offre d'ailleurs une ressemblance de visage tout à fait spectaculaire, avait fait torturer celle qui devint plus tard SAINTE RITA ROYAL. Cette affaire lui coûta le poste de premier consul en 1798. Ce qui n’empêcha pas Anne d’Autruche, bien connue pour avaler n’importe quoi, d'avoir recours à ses miracles pour accoucher (enfin !) de LOUIS XIV.

 

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LE CENTURION (ADJUDANT) QUINTIANUS HOLLANDUS

 

C’est d’ailleurs de cette curieuse circonstance que s’autorisa un certain Monsieur SAUVAGE qui, en 1640, investit dans une compagnie de taxis (ça ne s’appelait pas ainsi, mais c’est pour donner l’idée), qu’il baptisa « voitures de Saint-Fiacre », tout ça parce qu’elles étaient attachées à l’hôtel de Saint-Fiacre. Les sceptiques, s’ils prennent la précaution de vérifier l’information, en seront pour leurs frais. Bien fait ! « Heureux celui qui croit sans avoir vu ». Ce n’est pas moi qui le dis.

 

 

Un auteur, savoureux autant que méconnu, ajoute même, sur un ton qui fait penser à ALEXANDRE VIALATTE, que « les fiacres étaient tirés par un vieux cheval désabusé, que conduisait un cocher haut-perché, armé d’un fouet, surmonté d’un gibus ».

 

 

Il va de soi que la plupart des données figurant dans cette note ont été puisées aux meilleures sources, même s'il est possible que se soient glissées, ici ou là, quelques approximations susceptibles de gauchir la stricte vérité.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.