mercredi, 09 octobre 2019
ECOLOGIE ? VIVA LA MUERTE !
Jamais la lecture d’un livre ne m’avait mis dans un tel état de colère. Jamais, je crois, je n’avais autant bouilli de rage du fait de ce que je lisais. Je m’empresse d’ajouter que Stéphane Foucart, son auteur, n’y est pour rien : au contraire, son livre est un impeccable acte d'accusation contre tout ce qui tourne autour de l'industrie chimique appliquée à l'agriculture.
Ce qui est un peu désespérant, c'est le mal de chien que se donne l'auteur pour établir la vérité des faits, et pour réfuter avec patience, précaution et méthode les pseudo-arguments de gens qui ne sont rien d'autre que des ennemis de la vie : à quoi sert de faire du "fact-checking" et de disséquer les mensonges quand ceux-ci tiennent le haut du pavé ? Que peut un livre contre les puissances négatives ?
Foucart est loin d’être un inconnu pour les lecteurs du Monde avides d’informations sur l’état physiologique de la planète : il dirige la rubrique où atterrissent toutes les informations sur le réchauffement climatique, la déforestation, la fonte des glaciers, bref : la rubrique « Environnement ». On ne dira jamais assez de bien de cette partie du journal Le Monde : voilà du vrai journalisme !
Dans Et le Monde devint silencieux (Seuil, 2019, le titre rend hommage à Printemps silencieux, livre fondateur du combat écologique de Rachel Carson, paru je crois en 1962 – bientôt soixante ans !!), Stéphane Foucart décrit minutieusement le mécanisme d’un véritable crime contre l’humanité qui se commet impunément depuis les années 1990 dans le monde entier.
L’arme du crime porte un nom difficile : « néonicotinoïdes », souvent apocopé dans le livre en « néonics ». Il s’agit d’un ensemble de molécules mises sur le marché (1993 en France) pour éradiquer définitivement les ennemis désignés des agriculteurs et des récoltes : les insectes ravageurs. C'est nouveau : leur effet principal n'est pas directement létal (= mortel), mais "sublétal" : l'insecte est amoindri (immunité, activité, etc.), mais le résultat est finalement le même.
Ces produits portent des noms imprononçables : imidaclopride, thiaméthoxame, clothianidine, sulfoxaflor, etc. Le fipronil, quant à lui, s’il est un phénylpyrazole (encyclopédie en ligne), appartient à la même bande de tueurs à gages (c'est exactement ça). Cette mafia d’exécuteurs est dirigée par des parrains dont la raison d’être s’appelle l’agrochimie : Bayer, Syngenta, Dow, Monsanto, BASF et quelques autres.
Cette « confrérie » de gens sûrement désintéressés, qui n'est pas loin de monopoliser la production des semences (voir la réglementation européenne des semences), a une seule loi : se rendre indispensable au monde, et devenir son fournisseur exclusif, pour garantir sa mirobolante rente annuelle, celle des royalties énormes qui leur sont versées par le monde en échange de leurs trouvailles « scientifiques » (qualificatif obligé, mais je mets quand même des guillemets), dont quelques noms figurent ci-dessus. Et la planète est disciplinée : tout le monde s'y est mis.
La grande trouvaille que toutes ces entités industrielles ont couvée et fait éclore, et qui a envahi les terres cultivables du monde entier, c’est l’enrobage : chaque graine, au lieu d’être semée comme autrefois pour être aspergée ensuite de divers produits nécessitant le port d'un scaphandre de cosmonaute pour celui qui les répand, est enrobée d’une coque aux vives couleurs, destinée à faire d’elle, quand elle se développera, une plante dont toutes les parties seront toxiques pour les insectes (mais pas que, comme on va le voir). On appelle ça un « insecticide systémique ». On a inventé la plante insecticide ! Fallait y penser.
Le problème, c’est que s’il s’en prend effectivement aux ravageurs, cet insecticide est incapable de les distinguer des non-ravageurs, et que tous les insectes qui s’y frottent, s’y piquent de façon irréversible, quelque bonnes que soient leurs intentions : les effets sont tout à fait indiscriminés. Ce qui veut dire que tout le monde y passe, y compris et surtout la vaste peuplade des pollinisateurs, au milieu desquels on trouve les abeilles de ruche, les abeilles solitaires, les papillons et les bourdons (ceux qui fécondent les reines).
Les études scientifiques dont Stéphane Foucart rend compte mettent en évidence le caractère infinitésimal des doses de produit qui suffisent pour perturber le système de repères des insectes, avec pour point final la mort, parfois en tas, mettant à mal le dogme de Paracelse : « C’est la dose qui fait le poison ». Ainsi, les scientifiques des grandes sociétés agrochimiques se sont montrés excellents dans la recherche de moyens d’extermination de la vermine (tiens, l'expression me rappelle quelque chose). Comme disait une publicité pour lessive il y a quelques décennies : « Touti rikiki, mais maouss costaud ! ».
Le plus étonnant, c’est que le monde fait aujourd’hui mine de s’étonner, et même de se scandaliser (enfin, pas trop quand même) du fait qu’un insecticide accomplisse la tâche pour laquelle il a été fabriqué : tuer les insectes. Il faut savoir ce qu’on veut.
Ce qui me met dans une colère noire, à la lecture du livre de Foucart, c’est d’abord le cynisme des firmes et des « scientifiques » à leur service face aux effets dévastateurs de leurs produits. Le plus scandaleux, c’est l’aplomb avec lequel, non seulement elles mentent, mais se débrouillent par-dessus le marché pour donner à leurs mensonges l’air, le parfum et le goût de la vérité. Le culot des chimistes de l'agriculture va jusqu'à financer généreusement des organisations de défense de l'environnement (p.264).
Ce qui me met aussi en colère, ce sont les trésors de patience, de méthode, de recherche, d’argumentation qu’est obligé de dépenser Stéphane Foucart, à la suite des scientifiques réellement attachés à la manifestation de la vérité, pour démonter le mécanisme des « vérités alternatives » que voudrait imposer l’industrie agrochimique et pour défaire minutieusement les nœuds dont elle a embrouillé l’approche du problème.
J'enrage des précautions de Sioux que Foucart est obligé de prendre pour n'être pas pris en flagrant délit d'erreur, de négligence ou d'oubli par des bandits sans scrupule. Quelle énergie gaspillée dans le démêlage des écheveaux emberlificotés à dessein et à plaisir par les firmes industrielles !!! Les premiers abusés, bien sûr, c’est le public en général, mais aussi, pas loin derrière, les décideurs en dernière instance, pour le coup supposés s’être fait une opinion sur des bases solides avant d'apposer leur signature au bas d'un décret.
Les criminels ont développé pour cela des stratégies qui ont quelque chose de diabolique. La première est d’admettre que leurs produits ont peut-être des effets néfastes, mais de noyer cette cause possible dans un océan d’autres causes éventuelles (« causalités alternatives »). Je n'énumère pas, mais les chimistes ont en particulier désigné à la vindicte les ravages que fait dans les ruches une bestiole nommée « varroa », parasite effectivement peu sympathique, mais dont les dégâts sont loin de suffire à expliquer l’ampleur du désastre. Cela s'appelle "faire diversion".
La deuxième stratégie est tout aussi maligne. Elle consiste à constater, comme tout le monde, qu’il y a un problème, mais qu’en l’état actuel des connaissances dûment établies, on n’en sait pas assez pour trancher dans un sens ou dans l’autre. Il faut continuer la recherche, inlassablement (sous-entendu : interminablement). Il faut faire des efforts pour parvenir bientôt (?) à une certitude incontestable.
Encore un gros mensonge : les malfaiteurs s’efforcent en réalité, dans des articles qui ont toutes les apparences du sérieux, d’asséner benoîtement leurs vérités en occultant les dizaines ou les centaines d’études plus récentes parues dans des « revues à comité de lecture » qui prouvent à coup sûr que les coupables sont les néonicotinoïdes : « Les ressources de l'industrie des pesticides, sa capacité à générer de la controverse et à pénétrer le débat public pour créer le doute sont sans limites » (p.283).
La troisième stratégie, qui me met encore plus en rogne, prend pour cible les instances administratives et les cercles de la décision, qui ont en théorie le pouvoir (et le devoir) de réglementer les mises sur le marché, et d’interdire éventuellement tout ce qui est susceptible de nuire à la santé des hommes et à la qualité de leurs aliments et de leur environnement. Le seul message des industriels : entretenir le doute (voir Naomi Oreskes et Erik Conway, Les Marchands de doute, Le Pommier, 2012, commenté ici même en février 2012 ; à noter que, sauf erreur de ma part, Foucart ne mentionne nulle part ce livre important : c'est bizarre). Rien n'est sûr, faut voir, ptêt ben qu'oui, p'têt ben qu'non.
Administrateurs et politiciens sont obligés, pour les questions où ils sont incompétents, de s’en remettre à des connaisseurs, des professionnels, des spécialistes, bref, des experts. L’essentiel se passe alors au sein de comités (commissions, agences, cellules, etc.) chargés de rassembler une documentation complète et des informations sûres, puis de transmettre aux autorités le dossier, assorti d’un avis supposé autorisé. L'art des industriels consiste ici à introduire leurs affidés dans les instances officielles pour orienter les décisions. A cet égard, ils sont d'une remarquable efficacité.
Car il se passe quelque chose d’étrange dans la circulation des personnes qui composent ce comité : on appelle ça les « portes tournantes ». Telle spécialiste (le nom importe peu) reconnue par tous ses pairs dans sa discipline, après avoir travaillé pour telle grande firme, est désignée pour diriger le comité en question. avant de continuer sa belle carrière au sein d'une autre multinationale qui produit les insecticides en question. Comme par hasard, le rapport rendu au commanditaire n’est pas défavorable aux « néonics ». Que croyez-vous qu’il arrive ? L’interdiction attendra. Comment qu'on torde la chose, cela s'appelle être juge et partie (ou "conflit d'intérêts", ou "manger à deux râteliers" si vous voulez).
L'interdiction attendra d’autant plus longtemps que le comité en question suggère de « continuer la recherche ». On n’en sait jamais assez, n’est-ce pas. « More research », voilà une litanie qui permet aux industriels de la chimie agricole de gagner de précieuses années et de diffuser en abondance leurs produits de par le monde, quitte à rendre leur usage irréversible.
Dernier argument des chimistes : réfuter les expériences des scientifiques extérieurs aux entreprises sur les effets de leurs produits, au motif qu’elles se déroulent à l’abri des conditions réelles, derrière les murs des laboratoires, et non « en plein champ ». Or, et Foucart le sait, c’est là que le bât blesse. Comment en effet conduire un protocole expérimental en toute rigueur dans un environnement où abondent les interactions, les facteurs adventices, les données inanalysables ? C’est horriblement difficile : « "obtenir des preuves en situation réelle" signifie en réalité, bien souvent, "ne pas pouvoir obtenir de preuves" » (p.239).
Moi, je connais le seul moyen de contrer cette stratégie, mais je sais aussi qu’il est totalement utopique : ce serait d’inverser la charge de la preuve. Exiger des marchands de poisons qu’ils démontrent scientifiquement, avant de les mettre sur le marché, l’innocuité de leurs substances pour les populations, pour les sols, pour les insectes pollinisateurs – et pour les oiseaux. Ce n’est pas pour demain la veille. Et pourtant, il est incompréhensible qu'il soit plus facile de faire circuler dans la nature 100.000 (cent mille !!!) molécules chimiques que d'en interdire quelques-unes (projet REACH savamment torpillé).
Vous avez dit "Oiseaux" ? Après avoir méticuleusement exploré les raisons pour lesquelles les pare-brise de nos voitures sont encore transparents après des centaines de kilomètres, Stéphane Foucart complète le tableau avec un aperçu sur la conséquence logique de la disparition des insectes : la disparition des oiseaux. Cette conséquence est tellement évidente (les oiseaux de nos campagnes se nourrissent pour une bonne part d’insectes et de graines) qu’on devrait pouvoir se passer de la décrire. Mais les dégâts sont réels, et prouvés : l'assassin de la vie n'est pas un individu ou une entreprise, fût-elle de dimension mondiale. C'est un système : celui sur la base duquel tout notre mode de vie s'est édifié (pour faire court : industrialisation de tout).
Un espoir cependant. Certaines machines administratives sont particulièrement lourdes à mouvoir. Tout ce qui est institutionnel est, on l'a vu, susceptible d'être infiltré par des agents de l'agro-industrie. C'est pour contourner l'obstacle qu'un groupe de volontaires se met en place en 2010 : le Task Force on Systemic Pesticides, TFSP. D'abord une dizaine, le collectif s'étoffe, se structure et se propose d'inventorier tout le savoir sûr accumulé sur les néonicotinoïdes.
Deux personnes seulement connaissent la liste des membres : tout le monde sait la puissance de feu, d'intimidation, voire de terreur de l'industrie : « L'ampleur de l'influence des firmes sur les organismes de recherche ou d'expertise, nationaux ou internationaux, voire sur les grandes ONG de conservation de la nature, donne toute sa valeur à la TFSP » (p.268). Ces travaux (qu'il faut bien qualifier de militants, tant ils se déroulent en milieu hostile, pour ne pas dire guerrier : il faut avoir le courage bien accroché), quand ils sont publiés, suscitent des levées de boucliers, des accusations, des insinuations, des manœuvres douteuses, des campagnes malveillantes. On voit clairement qui est aux manettes.
Je le disais, le livre de Stéphane Foucart est un acte d'accusation. L'essai est irréfutable : sur les effets des "néonics", sur l'hallucinante guerre livrée par les firmes agrochimiques à la vérité scientifique et à la vie sur terre, sur l'exténuante lutte des gens honnêtes pour donner force de loi à la vérité scientifique, l'accumulation des données factuelles est telle qu'il est impossible de douter.
Et tout ça pour quel bénéfice agricole en fin de compte ? Le titre du dernier chapitre le laisse entrevoir : "Un mal inutile" (on est loin du petit conte scabreux de Voltaire : Un Petit mal pour un grand bien).
L'incroyable, l'inadmissible, le scandaleux, c'est que nous voilà un quart de siècle (1994) après les premières alertes sur les néonicotinoïdes par des apiculteurs français, et qu'une foule de décideurs en sont encore à pinailler sur les solutions, et même sur le diagnostic. Combien de claques faudra-t-il leur envoyer dans la figure avant qu'ils consentent à montrer un peu de courage ? Comment faire rendre gorge à des ennemis du genre humain qui ont fait des paysans des complices de leur crime ?
Je serais Greta Thunberg, j'aurais des sanglots dans la voix, et ça me ferait pleurer en public à la tribune de l'ONU. Bon, peut-être qu'elle devrait, mais étant au four du réchauffement climatique, elle ne peut pas être aussi au moulin de l'empoisonnement chimique. Il se trouve, heureusement, que je ne suis pas cette détestable comédienne (elle ose lancer : « How dare you ? You have stolen my dreams ! », et puis quoi encore ? On croit rêver.) qui se fait applaudir par les gens qu'elle vient d'accuser.
Avec mon optimisme légendaire, je me mets dans la peau de M. Monsanto-Bayer-Syngenta, et je pose la question stalinoïde et stalinoïforme : « Stéphane Foucart, combien de divisions ? ».
J'ai, hélas, la réponse.
Voilà ce que je dis, moi.
Note 1 : sur la prévision (qui n'est pas une prédiction) de la manifestation de l'effet de serre du fait des activités humaines, voir les terribles pages 19 et suivantes de Stéphane Foucart : « Dans les années 1980, toute la connaissance sur le réchauffement n'était certes pas réunie. Mais toute la connaissance nécessaire pour agir était là » (p.20). « L'échec de la lutte contre le changement climatique, c'est l'échec d'une médecine qui craint plus l'erreur de diagnostic que la mort du patient » p.22).
Note 2 : sur le programme du livre : « ... les firmes agrochimiques exercent aujourd'hui, directement ou non, une influence sur le financement de la recherche, sur l'expertise, sur la construction des normes réglementaires, sur la structuration du savoir au sein de sociétés savantes, des universités et des organismes de recherche publics. Et même sur les organismes de défense de la nature » (p. 25). On est tout de suite fixé, même si certaines turpitudes (c'est tout le contenu du livre) dépassent l'entendement.
09:00 Publié dans ECOLOGIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stéphane foucart, journal le monde, et le monde devint silencieux, éditions du seuil, écologie, défense de l'environnement, insecticides, néonicotinoïdes, imidaclopride, rachel carson, printemps silencieux, agrochimie, phytosanitaires, bayer, monsanto, syngenta, novartis, basf, collapsologie, effondrement des populations d'insectes, apiculteurs, c'est la dose qui fait le poison, naomi oreskes, les marchands de doute, néonics, greta thunberg
jeudi, 13 septembre 2018
FABRICE NICOLINO ...
...EN GUERRE CONTRE LES PESTICIDES.
Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde " (N°61).
J'ai entendu l'interview de Fabrice Nicolino par Guillaume Erner sur France Culture, dans laquelle il a défendu avec force et éloquence la cause de la vie. Cette fois, il a décidé de partir en guerre frontale contre la folie qui consiste à injecter des poisons dans les sols et dans les plantes, avant leur absorption consciencieuse par les humains dans leur assiette.
Je suis d'accord avec lui à 100% (seul le footballeur est assez crâneur pour affirmer qu'il est à 300% avant le match, après, c'est une autre affaire).
Discutant mercredi au marché du soir sur la petite place de la Croix-Rousse avec une apicultrice qui a 25 ruches sur le plateau du Jura (toute petite exploitation, une région a priori à l'écart des grands épandages de poisons, et donc à l'abri de leurs nuisances), j'ai appris en effet qu'elle n'était pas trop malheureuse. Pensez, elle n'a perdu "que" 30% de son cheptel l'an dernier. Bon, c'est vrai que dans certains endroits, ce sont 80% des abeilles qui ont été exterminées : elle peut donc s'estimer heureuse. Je ne parle pas de l'anéantissement des insectes qui s'écrasaient en masse sur nos pare-brise il y a quarante ans, et qui aujourd'hui les laissent immaculés. Je ne parle pas des masses de nos passereaux (et en particulier les fringilles, ces petits oiseaux qui peuplaient les haies) qui ont d'ores et déjà disparu ou sont en voie de disparition.
Je n'ai pas besoin de lire l'ouvrage que Fabrice Nicolino et François Veillerette viennent de consacrer au problème (éditions Les Liens qui Libèrent) pour savoir que parmi les urgences environnementales, il n'y a pas que le réchauffement climatique du fait du rejet aberrant de tous les gaz à effet de serre (nous consommons et détruisons – c'est la même chose – tellement d'énergie !), il y a aussi – et tout aussi immédiate – l'urgence de la menace d'empoisonnement par toutes sortes de pesticides de synthèse qui s'accumulent partout depuis un demi-siècle, avec des effets très largement méconnus par les savants.
En effet, la méthodologie qu'ils appliquent dans leurs études isole soigneusement chaque substance pour mesurer séparément son éventuelle toxicité. Ils n'ont aucune idée de ce qui se passe dans la réalité, quand deux ou plusieurs de ces molécules se rencontrent. Ils ignorent tout de la trilogie :
1 - Que produisent leurs interactions (que Nicolino appelle "effet cocktail") ?
2 - Quels effets ont les très faibles doses (allusion à la maxime de Paracelse qui s'est imposée comme une vérité absolue : « C'est la dose qui fait le poison ») ?
3 - De quelle manière varie l'effet de ces produits en fonction de la durée d'exposition ?
Ce que dit Fabrice Nicolino est d'une grande justesse : de toute façon, ce n'est plus la peine du tout de discuter avec les défenseurs de l'industrie chimique. Tout a été dit et répété. Ce n'est même pas la peine d'exiger que les chimistes fassent la preuve de l'innocuité de leurs produits avant qu'ils soient mis dans le commerce. Tout le monde sait parfaitement qu'un poison est un poison, et qu'il reste poison tout le temps de son existence. Il faut maintenant imposer l'arrêt de cette folie.
Je ne lirai pas le bouquin, étant – depuis quelques dizaines d'années – intimement convaincu que l'humanité creuse sa tombe en confiant la sécurité de son alimentation à l'industrie chimique : autant s'en remettre au bourreau ou au fossoyeur pour assurer sa bonne santé. En revanche, j'ai acheté le dernier numéro de Charlie Hebdo, spécialement consacré au lancement de la campagne contre les pesticides, où Nicolino intervient abondamment. Et là, je me permets une parenthèse, pour m'incliner devant le cercueil de Charlie Hebdo (†), autrefois hebdomadaire effervescent et incandescent, qui a fait mes délices il y a très longtemps. Je suis désolé de le dire, mais je suis stupéfait de la LAIDEUR qui se dégage aujourd'hui de Charlie Hebdo.
C'en est au point que je crains fort que le fait de confier la défense d'une cause comme celle des pesticides à une revue aussi moche revienne à la saboter purement et simplement (la cause). J'espère que Nicolino a mesuré les risques. Et je suis désolé de le dire, mais je crois que le côté repoussant de la chose incombe à tout ce que la revue compte comme dessinateurs, dont aucun n'arrive au bas de la cheville des grands anciens. La double page centrale est juste répugnante. On me dira que c'est le but de la manœuvre ? Certes.
Mais pour le dessinateur de presse, il s'agit, quoi qu'on en pense, en même temps qu'il veut faire ressentir le plus fort possible le répugnant de la chose qu'il veut dénoncer, de susciter l'adhésion la plus complète possible de ses lecteurs à la cause qu'il entend défendre (en général grâce au rire, donc à la virtuosité de son trait et à l'ingéniosité de son approche). Je ne doute pas de la force de la conviction des dessinateurs actuels de Charlie Hebdo, en revanche, je doute de leur capacité à susciter la même conviction chez le lecteur par le dessin qu'ils proposent. Or cela s'obtient – les jeunes rueurs dans les brancards ne le savent pas assez – par le travail et l'acquisition d'un style personnel.
Mais on ne ressuscitera pas Cabu (†), Gébé (†), Reiser (†), Fournier (†) ou Wolinski (†), qui possédaient à merveille ce qu'on appelle un style. Un STYLE, c'est-à-dire, dans leur cas, le génie d'une forme mise au service d'un esprit. On peut aussi appeler ça le TALENT. Par conséquent, je ne comprends absolument pas comment il se fait que les responsables de la revue laissent la médiocrité des dessins s'étaler grassement sur une telle surface de papier. Pour ce qui est du "visuel", le Charlie Hebdo d'aujourd'hui est encombré de petits tâcherons, autant d'infâmes barbouilleurs qui se contentent d'éjaculer la purulence de leurs humeurs mauvaises, et qui ne sont même pas drôles.
Seul le vieux Willem, vieux copain de Choron, tire encore son épingle du jeu. De profundis donc, et fermons la parenthèse.
Pour revenir à l'appel de Nicolino, oui, j'ai signé l'appel des 100 (ce qui m'a rappelé cet autre "Appel des cent" étourdiment signé en 1974, et qui m'avait valu de finir mon service militaire bien au frais dans un bataillon de chasseurs alpins). Celui d'aujourd'hui s'intitule "Nous voulons des coquelicots". Car c'est vrai, j'ai imprimé dans ma mémoire tellement de champs de blé ornés du bleu des bleuets et du rouge des coquelicots que la disparition de ces couleurs dans les cultures me donne juste envie de prendre le deuil. "Nous voulons des coquelicots" : je ne sais pas si ce titre peut "percuter". Cela m'est égal : j'y vais.
Cette vidéo, par les choix de mise en forme, a quelque chose d'horripilant, à commencer par la publicité inaugurale (on est chez L'OBS, hélas, je veux dire la gauche-bouse-de-vache, la "bullshit-gôche"), mais tant pis, il faut passer là-dessus : l'essentiel est dans le contenu.
Vas-y, Nicolino, fais péter : tu as la tchatche de Mélanchon, sans éprouver l'ivresse de l'orateur. Alors fonce dans le tas. Je te suis, et apparemment, je ne suis pas tout seul.
Je suis prêt à y croire (même si, comme Saint Thomas, j'ai besoin d'avoir vu pour croire).
14:14 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, fabrice nicolino, pesticides, nous voulons des coquelicots, charlie hebdo, guillaume erner, france culture, lyon, croix-rousse, néonicotinoïdes, apiculteurs, françois veillerette, cabu, gébé, reiser, fournier la gueule ouverte, wolinski, l'obs, le nouvel observateur, bullshit, professeur choron, willem
jeudi, 21 juin 2018
DIVERSIONS
Des nouvelles de l'état du monde (N°56).
« NOTRE MAISON BRÛLE, ET NOUS REGARDONS AILLEURS. »
Jacques Chirac, en 2002, à Johannesburg.
Qu'est-ce que c'est, faire de la politique, dans une démocratie de masse ? C'est d'une part agir sur le réel (ou plutôt donner l'impression qu'on est en mesure de modeler le réel pour le bien des masses), et d'autre part faire participer les dites masses à ces actions (ou plutôt donner l'impression aux masses qu'elles participent aux décisions qui les concernent). Macron, à la tête du pays, montre qu'en la matière, il est un grand virtuose. Et d'une manière qui m'incite à reformuler la formule creuse de Chirac.
« Pendant que nous mettons le feu à la maison, faisons en sorte que les masses regardent ailleurs. »
J'explique : l'habileté ahurissante de Macron consiste, pendant qu'il s'efforce de parachever l'entreprise de destruction de la maison commune, à agiter des chiffons rouges pour hypnotiser les foules. Il est passé maître dans cet art qui tient de la prestidigitation. D'un côté, il met le feu à tout ce qui ressemble encore à du "bien commun" (bientôt une insulte, vous allez voir), et de l'autre, il amuse la galerie .
La maison qui brûle ? La planète, bien sûr, mais pas que. Pas besoin de reprendre l'énumération, il suffit de se tenir au courant des événements pour se trouver noyé dans l'information. Tiens, cette baleine venue agoniser sur une plage de Thaïlande, le ventre plein de sacs plastique qui l'empêchaient de se nourrir.
La maison qui brûle ? Pêle-mêle (ça veut dire dans le plus grand désordre et dans toutes les directions, mais un tir méchamment groupé dans le temps), quelques titres dans le journal (avec les dates précises) :
Effondrement des colonies d'abeilles en France (les apiculteurs [happy-culteurs ?], en détresse, demandent au gouvernement un plan de soutien exceptionnel aux sinistrés) (8 juin) ;
Confronté à l'érosion des sols, le Rwanda reforeste massivement, (sous-titre : l'épuisement des terres menace la sécurité alimentaire du pays) (17 juin) ;
Touffeur et pollution extrêmes à New Dehli (sous-titre : une tempête de poussière piège la ville indienne) (17 juin) ;
En Chine, des citoyens sous surveillance (sous-titre : la ville de Suqian, un agglomération de cinq millions d'habitants, teste un système de notation des personnes et des entreprises censé instaurer une société plus fiable) (16 juin) ;
L'homme pousse les animaux à une vie nocturne (sous-titre : l'expansion humaine bouleverse les modes de vie des mammifères sur toute la planète) (16 juin) ;
Les Antilles face au désastre des sargasses (sous-titre : malgré un plan d'urgence annoncé par l'Etat pour lutter contre ces algues, la population se sent abandonnée) (15 juin) ;
Chute de l'intelligence (sous-titre : le QI, après avoir augmenté au cours du XX° siècle, régresse depuis 1995 dans les pays développés. Une étude sur des conscrits norvégiens permet d'attribuer cette baisse à des facteurs environnementaux et non à des causes génétiques) (13 juin) ;
Alerte, l'océan coule ! (sous-titre : Vice-première ministre de Suède, Isabella Lövin invite les autres nations à protéger l'océan pour éviter une catastrophe humanitaire mondiale) (13 juin) ;
Le métier d'enseignant ne fait plus rêver (sous-titre : les concours de recrutement de professeurs attirent moins de candidats) (13 juin) ;
Inégalités scolaires : la France montrée du doigt (sous-titre : les zones d'éducation prioritaire manquent de professeurs diplômés, selon l'OCDE) (13 juin) ;
Dans l'Utah, la bataille pour protéger Bears Ears (sous-titre : Donald Trump a ouvert à l'exploitation minière et pétrolière une région indienne classée par Barack Obama) (13 juin) ;
La France exposée aux migrations africaines (article qui souligne que les femmes africaines sont très prolifiques : entre trois et sept enfants chacune, à comparer avec les taux européens) (12 juin) ;
"La pire crise humanitaire depuis la seconde guerre" (sous-titre : La faim augmente de nouveau dans le monde, alerte le directeur du Programme alimentaire mondial) (12 juin) ;
Chlordécone : une honte d'Etat (intertitre : et cet empoisonnement a été décidé en connaissance de cause ; autre intertitre : plus de 90% des Antillais présentent des traces de ce perturbateur endocrinien) (10 juin) (commentaire : entre les algues et le chlordécone, les Antillais sont gâtés) ;
Climat : vers 4° à 5°C de plus à la fin du siècle à Paris (sous-titre : Météo France publie ses projections pour la capitale en fonction des scénarios d'émissions mondiales de CO2) (9 juin) ;
CAC 40 : la priorité aux actionnaires contestée (sous-titre : dans un rapport, l'ONG Oxfam dénonce un partage des profits devenu très défavorable aux salariés) (15 mai) ;
"La montée des inégalités s'impose comme une préoccupation" (15 mai) ;
Michel Aglietta, penseur des limites du capitalisme (sous-titre : alors qu'un colloque vient de lui être consacré à la banque de France, trois chercheurs estiment qu'il est temps de suivre les voies tracées par l'économiste pour échapper aux pathologies du système) (31 mai) ;
En Tanzanie, le tourisme chasse les Masai (sous-titre : les zones interdites au peuple semi-nomade se multiplient) (12 mai) ;
Comment les humains déclenchent des tremblements de terre (sous-titre : une étude montre les mécanismes par lesquels la fracturation hydraulique, la géothermie et l'extraction de gaz provoquent des séismes (12 mai) ;
Le fléau des batraciens venait de Corée (sous-titre : la pandémie, qui décime les amphibiens, s'est répandue à la faveur du commerce mondial) (16 mai) ;
Une hausse de plus de 1,5°C dévasterait la biodiversité (une étude montre que limiter le réchauffement est un enjeu vital pour les animaux et les plantes) (19 mai) ;
La France autorise une raffinerie qui va accentuer la déforestation (le préfet des Bouches-du-Rhône donne son feu vert à la bioraffinerie de La Mède, qui va exploiter 300.000 tonnes d'huile de palme par an) (19 mai) (commentaire : les deux pieds les deux mains dans La Mède) ;
La faune sauvage victime de la cybercriminalité (sous-titre : l'ONG IFAW révèle l'ampleur du commerce en ligne qui met en péril des espèces menacées d'extinction) (24 mai) ;
Bientôt des bébés à la carte ? (sous-titre : profitant des progrès des techniques de séquençage de l'ADN, des start-up américaines proposent aux particuliers, à grand renfort de marketing, une gamme de tests évaluant le risque pour eux d'avoir un enfant malade) ( 24 mai) ;
Nicolas Hulot "sonne le tocsin" (sous-titre : le ministre de la transition écologique présentera en juillet un plan d'action contre l'érosion du vivant, après une consultation du public) (20 mai) (commentaire : monsieur Alibi et monsieur Faux-Cul ne quitteront pas le navire : la place est trop bonne) ;
Les conflits environnementaux se multiplient en Inde (sous-titre : treize manifestants ont été tués par la police dans le sud du pays) (27 mai) ;
Quarante ans de financiarisation de l'économie (dans un dossier "Les actionnaires, profiteurs ou investisseurs ?" (27 mai) (commentaire : "chérie, devine qui vient piquer ton dîner ?") ;
La pollution industrielle imprègne les habitants de Fos-sur-Mer (sous-titre : une étude relève une surimprégnation, notamment en plomb, une surexposition aux particules ultrafines, et souligne un "effet cocktail") (30 mai) ;
L'interdiction du glyphosate rejetée par les députés (assez éloquent : pas besoin du sous-titre) (30 mai) ;
La loi alimentation enterre plusieurs promesses de Macron (sous-titre : malgré les avancées, le texte est jugé comme "un rendez-vous manqué" par de nombreux députés, y compris dans la majorité) (31 mai) (commentaire : en politique, tout dans le clairon) ;
Climat : les Américains ont enrayé la dynamique (pas besoin du sous-titre) (1 juin) ;
Donald Trump, portrait d'un tricheur (commentaire : cet homme est vraiment, et collectivement, dangereux : où il entraînera les USA, là il entraînera l'Occident) (1 juin) ;
Le modèle français du logement social en danger (sous-titre : les ponctions financières imposées au monde HLM, qui le fragilisent, ne seront qu'à moitié compensées) (5 juin) ;
Richesse : les écarts se creusent entre propriétaires et locataires (entre 1998 et 2015, l'envolée des prix de la pierre a gonflé de 133% le patrimoine des détenteurs d'un bien immobilier) (7 juin) ;
Chaque année, la contrefaçon fait perdre 60 milliards d'euros à l'Europe (7 juin).
Dernier arrivage :
Le vignoble français est menacé par le dépérissement (sous-titre : les maladies des ceps touchent un pied sur dix) (20 juin)
La grande distribution fait son beurre sur le dos des agriculteurs (sous-titre : les prix agricoles ont progressé de 3% en 2017, selon l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires) (20 juin) (commentaire : c'est beau, un "Observatoire") (détail : le kilo de jambon, en 2017, a rapporté 3,74€ à l'agriculteur et 4,17€ au distributeur, combien pour l'actionnaire ?)
Tous ces titres et sous-titres sont tirés, mot à mot, du journal Le Monde.
Bon courage à tout le monde !
Emmanuel Macron n'oublie pas de faire sa part : il continue à détruire ce qu'il reste de commun dans ce qu'on appelle les biens. Il continue à désengager l'Etat de toute responsabilité, et il continue sur la lancée de tous ses prédécesseurs : comme Jospin, comme Chirac-Villepin, comme Sarkozy, il vend les bijoux de famille (Aéroports de Paris, Engie, Française des jeux, sans compter tout ce qui est en train de pointer le bout de l'oreille : Orange, PSA, Renault, quoi encore ?), il achève de privatiser le bien public pour que ce qui nourrissait le budget de l'Etat rapporte enfin quelque chose aux propriétaires privés (je caricature, mais c'est la tendance : on se souvient de la privatisation des autoroutes).
Pendant qu'il fait son Néron au petit pied face à Rome incendiée, Macron, en artiste ("qualis artifex pereo", soupirait Néron au moment de mourir), pince les cordes des "débats de société" pour amuser la galerie : il est à fond pour qu'on réprime sévèrement le "harcèlement de rue". Il est à fond (enfin, ça dépend des sondages du jour) pour la libéralisation de la PMA pour les lesbiennes et de la GPA pour je ne sais plus qui. Il est à fond pour l'entente entre les religions de France (même s'il le pense, il a peur d'affirmer que l'islam ne saurait être une "religion de France"). Il est à fond contre le racisme et l'antisémitisme. Il est à fond contre les discriminations. J'oubliais la "limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes à doubles sens de circulation" !
J'ajoute aujourd'hui [28 juin] la réécriture de la Constitution avec disparition du mot "race", et en "écriture inclusive", s'il vous plaît.
Qu'on me pardonne, mais je ne vois dans ces bisbilles "culturelles" et concertées que des chiffons rouges, des rideaux de fumée destinés à empêcher les foules de porter leur attention sur ce qui, demain, rendra leur vie personnelle concrète plus difficile. Sur ce qui aggrave tous les jours l'état de la planète et de l'humanité. Pendant qu'on s'arrange pour que les mentalités individuelles et les subjectivités épidermiques se fassent la guerre, on ne touche pas aux processus de production, on ne touche pas à la structure de la machine : on laisse le rouleau compresseur avancer à son rythme imperturbable.
On ne m'excusera peut-être pas, mais tant pis : pendant que la réalité des conditions de vie se dégrade un peu plus tous les jours, Macron lance de très beaux, très vifs "Débats de Société". Résultat, les gens s'écharpent au sujet des comportements des uns, de l'identité des autres, de l'aspect des choses : affaire Weinstein, avec les traîtresses qui affirment leur "droit" à être "importunées" ; compétition entre les dénonciateurs de l'antisémitisme et les ennemis de l'islamophobie ; mise au ban de la société de tout ce qui est soupçonné de véhiculer l'homophobie.
Moralité : aussi longtemps que régnera la zizanie au sein de la population sur des sujets sociétaux, les auteurs des dégâts réels infligés à l'environnement, aux ressources alimentaires, à tout ce qui fait la vie humaine agréable et désirable, pourront dormir tranquilles et se sentiront encouragés à poursuivre leurs efforts de destruction.
Conclusion : l'art de la politique consiste à désigner la lune à la foule des badauds, pour que ceux-ci oublient de regarder le doigt qui appuie sur la détente.
Un bon politicien est un bon prestidigitateur : en donnant son spectacle, il abolit la réalité.
La prestidigitation ? Faire apparaître les choix individuels de vie comme plus importants que les conditions matérielles collectives de l'existence. Qui sont parfaitement mesurables et objectivables, elles. Ce qui n'est pas le cas des subjectivités.
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, société, emmanuel macron, jacques chirac, notre maison brûle et nous regardons ailleurs, environnement, inégalités, financiarisation de l'économie, apiculteurs, pollution, écologie, nicolas hulot, ministre de la transition écologique, donald trump, journal le monde