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mercredi, 17 août 2022

PARLEZ-VOUS INDONÉSIEN ?

PARLEZ-VOUS INDONÉSIEN ?

Pas moi. Je suis donc obligé de m'en remettre, en cas de besoin, aux moyens offerts par les facilités techniques modernes. Mais cela pose question. En l'occurrence, quelle confiance faut-il accorder au système de traduction automatique de Google, si l'on essaie de comprendre quelques phrases qu'Hergé a placées, aux pages 15, 30 et 41, dans la bouche de "Sondonésiens" (Indonésiens des îles de la Sonde ?) dans le vingt-deuxième album des aventures de Tintin, Vol 714 pour Sidney ? Ci-dessous, une vignette de la page 15.

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Bon courage à ceux qui voudraient voir le film en V.O. Pour les sous-titres, voici la traduction qu'en donne Google, selon l'ami Sylvain. Libre à chacun d'accorder la confiance qu'il veut à la machine de traduction de Google et de penser ce qu'il veut du résultat. Pour moi, c'est la cocasserie qui domine : Hergé était bien capable de telles facéties, accessibles aux seuls initiés.

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dimanche, 14 août 2022

VACANCE

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samedi, 13 août 2022

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vendredi, 12 août 2022

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jeudi, 11 août 2022

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mercredi, 10 août 2022

VACANCE

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mardi, 12 juillet 2022

FRANCE : L'ART DU CONSENSUS

ENCOURAGÉ DE LA VOIX ET DU GESTE PAR BRIGITTE MACRON EN PERSONNE, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EMMANUEL MACRON PART À LA RECHERCHE D'UN CONSENSUS POLITIQUE QUI PERMETTE DE GOUVERNER LA FRANCE AVEC LE SÉRIEUX ET LA GRAVITÉ REQUIS.

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samedi, 09 juillet 2022

FRANCE : L'ART DU COMPROMIS EN POLITIQUE

MINISTRES DU GOUVERNEMENT D'ÉLISABETH BORNE CHERCHANT UN TERRAIN D'ENTENTE AVEC LES PARTIS D'OPPOSITION.

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lundi, 04 juillet 2022

L'INTELLO ET LA B.D.

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Belle couverture, massacrée par le hideux barbouillage d'un nommé Lewis Trondheim, auteur à la mode, paraît-il. Cela en dit long sur ce qu'est devenue la bande dessinée.

***

LISTE EXHAUSTIVE DES COLLABORATEURS

Thierry Groensteen, Jean-Charles Andrieu de Levis, Raphaël Baroni, Camille Baurin, Evariste Blanchet, Alain Boillat, Elsa Caboche, Sébastien Charbonnier, Gilles Ciment, Benoît Crucifix, Pierre-Laurent Daurès, Erwin Dejasse, Philippe Delisle, Isabelle Delorme, Julie Demange, Agnès Deyzieux, Jacques Dürrenmatt, Henri Garric, Laurent Gerbier, Xavier Guilbert, Manuel Hirtz, Anne-Hélène Hoog, Nicolas Idier, Jean-Paul Jennequin, Bernard Joubert, Guillaume Laborie, Marion Lejeune, Clément Lemoine, Fabrice Leroy, Sylvain Lesage, Samuel Lévêque, Pierre Lungheretti, Vincent Marie, Jean-Philippe Martin, Jean-Pierre Mercier, Anne Miller, Benoît Mitaine, Harry Morgan,, Philippe Morin, Frédéric Paques, François Poudevigne, Gwendal Rannou, Maël Rannou, Camille Roelens, Nicolas Rouvière, Johanna Schipper, Bounthavy Suvilay, Nicolas Tellop, Philippe Videlier, Luc Vigier, Pascal Vimenet. Ouf !

Voilà, je ne vous ai rien épargné, je pense n'avoir oublié personne. Qui cela peut-il intéresser, franchement ? Cinquante et un noms, sauf erreur. Cinquante et un lampistes (notez que je n'ai pas dit "lumières") qui ont quelque chose à voir avec l'Université, de près ou de loin et du bas au haut échelon, chacun étant doté d'un palmarès éditorial plus ou moins fourni. Attention les yeux, on est prié de saluer bien bas. Je relève, en piochant au hasard, un maître de conférence auteur d'une thèse sur Aragon ; une doctorante qui étudie la circulation transnationale de récits transmédiatiques [là, je pouffe !!!] ; un titulaire d'un master de stylistique appliquée à la bande dessinée ; un agrégé d'histoire et normalien ; un maître de conférence en littérature à l'université Grenoble-Alpes ; un bibliothécaire à la Ville de Paris ; un professeur associé à l'université de Lausanne ; un spécialiste de didactique de la philosophie ; un professeur à Sorbonne université ; un diplômé d'une grande école d'ingénieur ; un directeur d'un ancien ministre de la Culture et de la Communication ; un historien de l'art ; une doctorante en histoire culturelle ; une chercheuse associée au Centre d'histoire de Sciences Po ... Pitié, n'en jetez plus. Rien que du beau monde ! Un Temple du Savoir. Ma parole, ce "Bouquin" « est un temple, où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ». Je confirme l'oracle de Baudelaire : souvent confuses, les paroles, et plus souvent qu'à leur tour. Paroles d'intellos, j'espère qu'on a compris. De quoi vous dégoûter de la bande dessinée !

Il fut un temps où Le Lombard, Dargaud, Casterman, Dupuis et de très rares autres éditeurs se contentaient de publier chaque année cent cinquante albums de bande dessinée, des livres destinés à la jeunesse, et qui trouvaient place dans un recoin vaguement honteux des bibliothèques de famille, où Papa allait jeter un œil quand les enfants étaient couchés. Aujourd'hui, il pleut des auteurs aussi dru que grenouilles en plaies d'Egypte, les éditeurs pullulent, les librairies spécialisées prospèrent et les albums de B.D. prolifèrent plus vite que la vermine au rythme de cinq mille (5.000 !) par an. 

Mais ce n'est pas pour autant que le prix de chaque album s'est effondré, au contraire : le plus grand soin est apporté à l'impression, le coût de fabrication s'en est ressenti. Sans parler des TT (tirages de tête, mais souvent à plus de 1.000 exemplaires !). Résultat : plus de Jerry Spring aux couleurs bavouillantes, plus de Gil Jourdan sur papier hygiénique, plus de Marc Dacier aux pages qui volent à la première lecture. Mais en contrepartie, plus question de se procurer toute la production. 

Plus de cinq mille B.D. dans une seule année, quand même, et sans parler de la qualité des scénarios et des dessins, il ne faut pas s'étonner si la plupart des auteurs n'arrivent pas à vivre de leur "art" et en sont réduits à toucher le R.S.A. ou à occuper des petits jobs un peu rémunérateurs : trop de marchandises sur un marché saturé, ça fait forcément baisser la valeur symbolique. La demande n'a pas suivi la croissance exponentielle de l'offre. Pour faire un peu mon cuistre, je dirai qu'en un demi-siècle, on est passé d'un marché très nettement oligopole à un marché outrageusement oligopsone. Et je ne compte pas ici les importations de quelques espèces invasives que sont les super-héros Marvel ou les mangas japonais (pardon pour le pléonasme !), dont les blockbusters trônent en tête de gondole. Il ne reste à la piétaille et aux troupiers ordinaires de la B.D. que les miettes d'un festin plantureux.

Aujourd'hui, donc, la Bande Dessinée s'est hissée au rang de genre presque noble. Comme le dit Nicolas Rouvière dans son article "Enseignement (1)" : « ... l'hostilité farouche a cédé la place à une intégration résignée, puis la récupération intéressée s'est transformée en légitimation affichée ». C'est assez correctement décrire les phases du processus qui a vu la B.D. se rapprocher de l'avant-scène pour finir par escalader le piédestal. C'est aussi montrer qu'on ne sait plus trop quoi étudier, puisqu'avec ce qui dort sur les dizaines de kilomètres de rayons des Archives, Bibliothèques publiques et autres réceptacles du "dépôt légal", on a l'impression que tout est dit, et qu'il est impossible et vain d'essayer de dénicher de nouveaux filons de recherche. C'est ainsi que le patron de thèse en est réduit à réorienter les futurs chercheurs : « Eh coco, si tu allais voir du côté de la B.D. ? ».

La conséquence de tout ça, c'est que les intellos et universitaires de tout poil, à commencer par les spécialistes de "sciences" humaines, ne croient plus déshonorant d'élever à la dignité d'objet de savoir classique ce soi-disant "neuvième art", qui aurait dû se contenter du statut d'art mineur réservé au passe-temps des petits et des grands enfants. Du coup, des savantasses se sont mis à gamberger, à baver du savoir et à produire des concepts forgés "ad hoc" par les boyaux de leurs têtes, faisant fleurir de grands jardins de prises de tête carabinées et d'abstractions incolores, inodores et sans saveur.

Tandis que Sylvain Lesage s'interroge douloureusement sur l'expression « éminemment problématique » d' "imagerie populaire", et que Nicolas Tellop découvre que, dans une bande dessinée où l'auteur adapte une œuvre littéraire, « l'économie narrative se déplace en grande partie du langage écrit vers celui du dessin » (mâtin ! quelle perspicacité !), Thierry Groensteen — le maître d'œuvre de toute l'entreprise — juge que « le propre du héros est d'aller s'empêtrer dans des histoires, pour mieux s'en dépêtrer au terme d'une intrigue fertile en rebondissements ». On ne saurait mieux dire le fond des choses, dirait Vialatte. Je signale juste à l'éminent "scientifique spécialisé dans la B.D." — je me marre ! — que Zantafio, le cousin malfaisant de Fantasio, se fait appeler le général Zantas, et non Zantos, dans Le Dictateur et le champignon, avouez que ça la fiche mal.

Bon, je pourrais passer un bon moment à brocarder les trouvailles lexicales, à me gausser des inventions sémantiques et à tourner en dérision les innovations intellectuelles dont la cinquantaine de balourds diplômés alourdit la barque de ce simple divertissement que doit rester la bande dessinée, mais on a mieux à faire, n'est-ce pas. Il reste que ce Bouquin de la bande dessinée est un livre fondamentalement inutile, et que j'ai dépensé 30€ en pure perte. J'aurais dû un peu regarder dedans avant. Cela me renforce dans ma conviction que l'obsession des sciences-humanistes, sorbonards, sorbonagres et sorbonicoles (merci maître François Rabelais) de transformer le moindre fait humain en objet de savoir digne d'attention est une duperie, et probablement une imposture. 

Accessoirement et au surplus, moi qui me considère simplement comme un vieil amateur, je me permets de regretter que l'édition de B.D. soit devenue cette forêt inextricable, cette jungle découpée en ghettos culturels délimités par de redoutables frontières de genre. D'éminents intellos auront beau me dire que les temps ont changé, que x, que y et que z, je n'en démords pas : un art mineur n'a aucun droit à être traité à l'égal d'un art majeur. Je me rappelle une dispute mémorable qui avait opposé Guy Béart et Serge Gainsbourg sur un plateau de télévision : le premier soutenait que la chanson est un art aussi noble que ceux appartenant au trivium et au quadrivium, ce dont le second se moquait ouvertement et avec force sarcasmes : imagine-t-on Charles Trenet ou Georges Brassens à l'Académie française ? C'est évidemment Gainsbourg qui avait raison. La B.D., après tout, ne se trouve-t-elle pas très à l'aise sur le second rayon ? Vous dites ? De quel droit je me permets de hiérarchiser ? Mais, cher monsieur, du même droit que vous vous permettez de m'affirmer le contraire ! 

Je conclurai cette petite diatribe par une modeste considération sur l'évolution du présent monde : on sait que les excellents pianistes surabondent, que les violonistes impeccables foisonnent, que les dessinateurs doués fourmillent et que la littérature souffre d'un surpeuplement de gens qui savent écrire correctement. Au point que, chacun dans sa spécialité, tout ce petit monde se trouve en butte à la saturation du marché de l'emploi. Trop de gens veulent jouer du piano, du violon, du pinceau (de la "tablette graphique" pour les plus "modernes") ou du stylo (pardon : du traitement de texte). Le nombre de clients intéressés n'est pas extensible à l'infini. Dans ces conditions, difficile de percer et de vivre convenablement de son art.

Il en est de même à l'Université : trop de gens ont l'ambition de devenir sociologues, historiens, philosophes, économistes, que sais-je. On ne sait plus où les fourrer. On ne sait plus quoi en faire ni quoi leur faire faire. On ne sait plus où donner de la "recherche" ou de la "spécialité". Comment occuper (et payer) tant de cerveaux ? L'Université déborde, étouffe, s'effondre sous son propre poids d'intelligence, obligée de développer une infinité de micro-domaines, de micro-spécialités et de micro-filières, autant de "champs" plus pointus que la voix de ma concierge et plus étroits que le jardin de mon oncle Symphorien.

Il y a tellement d'intelligences en exercice qu'elles se contredisent, s'annulent, et qu'il n'est plus possible de comprendre quoi que ce soit au monde tel qu'il vient. Face à ce Niagara de verbe et de savoirs qui voudrait m'expliquer ce que je dois penser de ce que j'aime ou déteste et pourquoi il faudrait que je pense autrement, je m'efforce de cultiver le tout petit bout de jardin respirable que la vie a ouvert autour de moi.

Voilà ce que je dis, moi.

Note 1 : Je m'abstiendrai de dire quoi que ce soit des articles "Colonialisme", "Femme (1)", "Femme (2)", "Homosexualité", où s'expriment en liberté, méticuleusement épouillés pour apparaître dans leur splendeur arrogante, les stéréotypes culturels à la mode, je veux dire ceux qui détiennent aujourd'hui l'autorité, je veux dire ceux qui font la police dans les avenues des opinions.

dimanche, 03 juillet 2022

POURQUOI ?

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Y a-t-il d'autres questions ? Je suis sérieux.

jeudi, 23 juin 2022

MENUE LEÇON DE PHILOSOPHIE

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Pouvez pas le louper.

mercredi, 22 juin 2022

MACRON DANS UNE IMPASSE ? ...

... UNE IMPASSE EN CUL-DE-SAC SANS ISSUE DONT IL NE PEUT SORTIR ?

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mardi, 21 juin 2022

COMMENT GOUVERNER ...

... AVEC DES DÉPUTÉS INGOUVERNABLES ?

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Mais ça pourrait aussi être le conseil des ministres.

lundi, 20 juin 2022

MÉLENCHON EN PLEINE FORME

Mélenchon voit l'avenir en éléphant rose.

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N'empêche que le père Mélenchon qui, en formant la N.U.P.E.S., avait dans l'idée d'exercer sur les 131 députés élus sous la nouvelle bannière une hégémonie sans partage via La France Insoumise, il l'a "in the baba" : sollicitées pour ne former qu'un groupe parlementaire étiqueté NUPES, les autres composantes ont répondu "Niet" avec une belle unanimité. 

vendredi, 17 juin 2022

MAIGRET + BOURREL = BOUGRET

Le Commissaire Maigret est plus connu que le Commissaire Bourrel, et ce n'est que justice. Car Maigret est un véritable, authentique, incontestable personnage littéraire, auquel j'ai ici même rendu hommage à de nombreuses reprises. Alors que Bourrel est une gentille et familiale fabrication télévisuelle, dont les deux meilleurs moments me semblent toujours être la géniale trompette du générique (vous savez, cette entrée en matière comme un envol vers les sommets de l'aigu, musique de Marc Lanjean, trompette de Pierre Thibaud) et le "Bon dieu mais c'est bien sûr" de la fin, devenu "Bon sang mais c'est bien sûr", sans doute après protestations de l'Eglise catholique, encore puissante à l'époque.

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De ces deux archétypes du policier à la française (qui vaut mieux que le germanique "Inspecteur Derrick", avouez-le), Gotlib a fait une sorte de synthèse hautement délirante et sophistiquée, autant par les stéréotypes assumés que par les déductions suprêmement pataphysiques de l'excellent commissaire Bougret, assisté de l'excellent inspecteur Charolles.

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C'est justement de lui qu'il sera question ici. Attention, pas dans ses occupations principales d'adjoint policier du Commissaire Bougret, mais dans l'obscurité des coulisses administratives de la police judiciaire et du quai des Orfèvres, je veux parler des relations qu'il entretient au fil des épisodes avec la délicieuse Germaine, secrétaire-dactylo de la P.J. On constatera que ces relations, sans suivre une trajectoire bien nette, sont marquées par une mutuelle attraction, parfois passionnée, toujours brutalement interrompue par l'irruption du grand chef, dont on voit la silhouette se découper dans la vitre de la porte.

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Qu'on ne cherche pas, en général, de l'originalité dans les aventures de Bougret et Charolles. Au contraire, Gotlib se vautre avec délectation dans les stéréotypes, auxquels il fait subir, de vignette en vignette, des distorsions légères, quoique lourdes de plein de significations socio-psycho-économo-chrono-logiques.

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Ainsi de ces répliques qui reviennent dans presque chaque épisode : « Comme indice, c'est plutôt faible » ; « Tu me les convoques demain matin pour un interrogatoire » ; « Ah patron, c'que vous êtes fort » ; « En route vers de nouvelles aventures ! », etc.

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Répliques plantées comme des balises, comme des refrains, comme des amers autour desquels viennent danser les variations inventées par l'auteur pour la jubilation du lecteur pour raconter les enquêtes aussi fulgurantes qu'irrésistibles du commissaire Bougret et de l'infatigable et placide inspecteur Charolles, stoïque souffre-douleur à l'occasion.

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Leurs aventures, dans La Rubrique-à-Brac, ne comportent guère plus de sept épisodes, auxquels il faut ajouter celui de "Sherlock Bougres", qui s'éloigne, par anglomanie galopante, des "canons" de la série, et celui de "Bougrex", qui pastiche le film-feuilleton de Louis Feuillade en 1916, au temps du cinéma muet.

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Je ne sais pas si le tandem Bougret-Charolles est la figure la plus marquante de l'univers gotlibien, car mine de rien, le dessinateur est tout de même le père du professeur Burp, zoologiste célèbre quoique, disons ... original, de Superdupont, le super-héros 100% franchouillard et patriote, et de quelques autres personnages bien sentis sortis de son cerveau fertile et de sa main habile.

Pour ceux qui ne sont pas des mordus de Gotlib en général, de la Rubrique-à-Brac en particulier et spécifiquement du Commissaire Bougret, il est bon de savoir que Gotlib, pour les besoins de la série, rassemble quelques copains à lui. Il donne sa propre bobine à l'inspecteur Charolles (qu'il affuble d'une moustache baladeuse et hitléro-compatible) et celle de Gébé (Georges Blondeaux à l'état-civil) au commissaire.humour,bande dessinée,gotlib,revue pilote,rubrique-à-brac,commissaire bougret,

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L'un des suspects, celui que l' "enquête" innocente systématiquement, Aristidès Othon Frédéric Wilfrid, est Fred, auteur de la magnifique série Philémon, reconnaissable à sa moustache, et dont c'est le vrai nom. L'autre a la tête de coupable par prédestination de René Goscinny, patron de la revue Pilote. L'intérêt de la chose, c'est que celui-ci porte ici le nom de Blondeaux Georges, qui se trouve être le patronyme de Gébé, qui a la tête du commissaire – j'espère que vous suivez. Inutile de préciser que Gotlib fait subir à tous ces personnages des traitements graphiques et des métamorphoses variés, incongrus, déroutants et inattendus. 

jeudi, 16 juin 2022

MÉLENCHON ET LA POLICE

DISPONIBLES DANS NOTRE GRANDE SÉRIE : 

LES AVENTURES DE JEAN-LUC MÉLENCHON.

1 - MÉLENCHON PERSISTE ET SIGNE.
2 - MÉLENCHON A LA PLAGE.
3 - MÉLENCHON AGGRAVE SON CAS.
4 - MÉLENCHON FAIT DU SKI.
5 - MÉLENCHON SE FAIT BEAUCOUP D'AMIS.
6 - MÉLENCHON PART EN VACANCES AU VÉNÉZUELA.
7 - MÉLENCHON COSMONAUTE.
8 - MÉLENCHON DÉTECTIVE.
9 - MÉLENCHON SE FAIT ENCORE REMARQUER.
10 - MÉLENCHON JOUE DU PIPEAU.
11 - MÉLENCHON FAIT UNE EXCELLENTE TÊTE DE GONDOLE (suggéré le 17/6 par H., après discussion avec un membre actif de la NUPES au marché).

(Rayez les mentions indésirables et ajoutez autant de titres qu'il vous semblera nécessaire. On pourrait peut-être lancer un concours, non ?) 

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C'est évidemment un dessin de Marcel Gotlib (La Rubrique-à-brac). J'ai juste enlevé deux petites bulles.

mardi, 14 juin 2022

AH VOUS DIRAI-JE MAMAN ...

... OU : COMMENT LA DÉRISION FRACASSE LE RÊVE.

Voilà comment les choses se présentent : Gotlib prend une chansonnette traditionnelle ancienne. Il sait que Mozart en a fait une de ses œuvres les plus connues, avec sa mélodie simplissime qui, dans une tout premier temps, peut faire croire aux apprentis pianistes que l'avenir leur appartient, mais dont les variations qui suivent se chargent très vite de donner une fessée carabinée à leurs chimères.

C'est un peu la même chose avec la double page dans laquelle Gotlib nous livre deux traductions dessinées de la chansonnette. La page 426 est couverte de fioritures, guirlandes, rubans de satin, petites fleurs, petits cœurs, petits oiseaux, petits amours, gracieusetés et courbettes galantes. La page 427, maintenant, se charge d'administrer une volée de bois vert à ces rêveries adolescentes et à la page précédente.

Et Gotlib n'y va pas de main morte. Pour mieux « éparpiller par petits bouts façon puzzle » les jolis sentiments, les bonnes manières et le "bon-goût" exquis hérités du très vieux temps, il nous emmène brutalement dans une cambrousse profonde plus vraie et plus crasse que nature, la France de la glèbe épaisse, de la bouse de vache, des sabots de bois et de la rudesse des vieilles mœurs paysannes. On trouvera ci-dessous quelques-unes de ces vignettes, placées deux à deux en antithèses.

LE RÊVE

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LA RÉALITÉ

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Conclusion, Moralité et Résultat des Courses.

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Gotlib, briseur de rêves ! Bousilleur d'idylles ! Saccageur de mignardises ! Broyeur d'amourettes ! — Bon, cela dit, certains diront peut-être que ce sont la bergère et son gominé perruqué qui euphémisent outrageusement la réalité. Car concrètement, qu'y a-t-il derrière le « Andiam » ("Allons-y !", traduction libre) que le roué Don Giovanni lance à la « giovin principiante » Zerline dans l'opéra de Mozart ?

Et que va-t-il se passer dans le "Temple de l'Amour" dessiné par Gotlib dans l'avant-avant-dernière vignette, celle où - entre autres - un angelot déverse sur les amoureux tout un pot de confiture de groseille (c'est écrit sur l'étiquette) ? Et celle qui suit, où l'Anatole, cul-terreux de profession, par son comportement, explicite clairement l'intention jusque-là cachée de l'innocente chansonnette ? 

Hein ! On sait comment ça finit, ce genre d'histoires ! Vils suborneurs ! Enfin, nous vivons par bonheur à une époque où ça ne risque plus d'arriver : le terrible dragon [#metoo] mène une veille vigilante et griffue. Les jeunes filles naïves et innocentes qui sortent tout juste des couvents ou des pensionnats d'aujourd'hui peuvent être rassurées.

lundi, 13 juin 2022

UNE FACÉTIE DE GOTLIB

ÊTRE LÉONARD (A BRETELLES) OU RIEN.

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Voilà ce qu'on trouve en couverture du gros volume recensant toutes les pièces du grand-œuvre de Maître Gotlib, et rassemblant les cinq volumes immarcescibles de la Rubrique-à-Brac. Je passe sur son "Homme de Vitruve" (Léonard de Vinci) à la bretelle pendante et au "marcel" tire-bouchonné, de même que sur le doigt d'honneur adressé à Adam par Dieu en personne sur le plafond de la Sixtine et en page de garde. Intéressons-nous, pour le moment, à la ligne d'écriture que la coccinelle examine à la loupe et qui est ici rigoureusement illisible. Voici ce que ça donne avec la bonne longueur d'onde (compactée pour rester lisible dans la largeur).

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Même avec une bonne loupe, ça reste hiéroglyphique. Et maintenant, retournons l'énigme, et qu'apparaît-il sous nos yeux ébahis ?

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Voilà Gotlib : il a juste oublié sa liste des courses en pleine façade de son monument (car l'intégrale de la Rubrique-à-brac est un monument). Et pour corser la chose, il nous la donne à lire dans un miroir. Bon, c'est de l'humour. Juste une facétie. Pas besoin d'épiloguer.

dimanche, 12 juin 2022

J'AI LA GUIBOLLE LÉGISLATIVE

ÉLECTION DES DÉPUTÉS, PARFOIS VÉRITABLES LÉGISLATEURS, LE PLUS SOUVENT FIDÈLES, ET MÊME SERVILES EXÉCUTANTS.
***
— QUELLE PROPORTION DE TOUTES LES LOIS VOTÉES PAR LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS ONT ETE RÉDIGÉES PAR CES SOI-DISANT LÉGISLATEURS ?
— SI PEU QUE RIEN.

ALORS...

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Dessin de Gotlib (je me suis permis d'effacer quelques infimes détails, superflus pour mon propos).

samedi, 11 juin 2022

UNE FACÉTIE DE GOTLIB

Vous voulez un super-héros 100 % franchouillard et 0 % matière graisseuse de Marvel Comix ? Un super-héros en béret, marcel, charentaises et caleçon de flanelle ? Il existe. Les amateurs connaissent évidemment Superdupont né en 1972 dans la revue Pilote (source BDM) et qui figure dans le tome 5 de cette bible de "l'humour glacé et sophistiqué" qu'est la Rubrique-à-Brac, p.398 et suiv. de Rubrique-à-Brac l'Intégrale (Dargaud,2002).

En 1972, le dessinateur a commencé à s'éloigner de Pilote et de son génial patron René Goscinny, mort en 1977. Il a déjà fomenté, avec ses complices Claire Bretécher (Les Frustrés, Cellulite, etc.) et Mandryka (Le Concombre masqué, ...), la création de cette revue qui va chahuter, et même chambouler le petit monde de la B.D. : L'Echo des Savane. Pilote est une publication destinée à la jeunesse. Et visiblement, Gotlib a envie de s'adresser à un public adulte, de façon moins contrainte que dans cet hebdomadaire trop sage par force et par définition.

J'avoue que lorsque j'ai eu en main le premier numéro de L'Echo, j'ai senti le souffle jubilatoire de l'explosion, en particulier, dans le n°1, celle par laquelle Gotlib dynamitait à coups de sexe quelques-uns des contes pour enfants les plus connus (Blanche-Neige, Le Petit Poucet, Le Petit Chaperon Rouge, etc.). Il donnait aussi libre cours à quelques délires assez joyeux et débridés. Quand je me replonge aujourd'hui dans les B.D. nées de cette explosion, je dois cependant reconnaître que je trouve tout ça vieillot et lourd, voire presque vain. Et pas drôle. Pardon, Gotlib.

Mais trêve de bavardages, je reviens à mon Superdupont et à la facétie annoncée. Oh, ce n'est qu'un détail blotti dans un petit coin de la vignette, un détail fait pour passer (presque) inaperçu aux yeux de la censure vigilante. Regardez plutôt.

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Et maintenant, prenons notre loupe et braquons-la sur le détail visé (deuxième vignette : la colonne Morris abrite l'entrée du repaire de Superdupont, je laisse de côté le chien qui lève la patte).

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Un drôle d'autoportrait, comme une signature insolente placée sous les yeux de Goscinny le patron, juste avant de mettre les voiles vers de nouvelles aventures en compagnie de ses potes. Je dirais volontiers, malgré l'incongruité, que Gotlib fait un pied de nez au garçon sage qu'il a longtemps été pour lâcher les rênes à des fantasmes qui frappaient à la porte de plus en plus impérieusement. En même temps, il pète discrètement au nez de l'establishment de la B.D. jeunesse. 

vendredi, 10 juin 2022

VERS LE VRAI TARZAN

Tout le monde connaît, de près ou de loin, le personnage de Tarzan, cette icône sortie de l'imagination d'Edgar Rice Burroughs en 1912. On sait sans doute aussi qu'une kyrielle de dessinateurs (Foster, Rex Maxon, Juhré, ...) se sont ensuite appliqués, à partir de 1928, à traduire ses aventures en "comic strips" (bandes dessinées). Je passerai sur toutes les aventures cinématographiques du héros, à commencer par son incarnation par Johnny Weissmuller (douze films entre 1930 et 1940).

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Le plus célèbre reste Burne Hogarth (ci-dessus), sans doute à cause de sa façon fort académique de magnifier l'anatomie musculaire du héros. C'est Hogarth qui a définitivement fixé les canons de l'esthétique tarzanienne (tarzanesque ? tarzaniale ? tarzanoïde ? tarzaniforme ?). Il venait apporter la touche finale à tout un processus d'élaboration, dont les multiples et tortueuses étapes qui en ont précédé l'achèvement sont un peu tombées dans l'oubli.

C'est grâce aux patientes et inlassables recherches du professeur Gotlib que nous sommes aujourd'hui en mesure de reconstituer le long et laborieux cheminement de la figure de Tarzan, de la première ébauche malgracieuse à la perfection finale du héros populaire.

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Grolarzan.

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Maigrichonzan.

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Tatarzanzan, le primate archaïque.

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Et puis enfin Tarzan, l'homme civilisé de la forêt.

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Le voilà, le vrai Tarzan : c'est celui qui passe le balai dans la jungle. Encore merci, professeur Gotlib.

***

Note à l'intention des puristes tarzanolâtres : oui, je sais que d'autres artistes sont venus après Hogarth, pour perpétuer l'existence du héros de papier. Oui, les travaux de Dan Barry, de Bob Lubbers, et même de Russ Manning ne sont pas négligeables. Mais j'espère qu'on me permettra de marquer ici une préférence indéfectible (ci-dessous, Tarzan contre les Métabélés : ça, c'est du dessin).

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Note à l'intention des puristes gotlibolâtres : si je me suis permis d'effacer, dans les quelques vignettes retenues, ce qui n'est que décor anecdotique, c'est dans l'intention de laisser jaillir l'essentiel du trait, pour que paraisse dans toute sa force le génie du grand Marcel Gotlib. Halley louïa ! Gloria !

Note à l'intention des mêmes : Grolarzan et Maigrichonzan sont des inventions de Gotlib en personne. L'élucubration Tatarzanzan, c'est "tout de mon cru" (citation du Transcendant Satrape Luc Etienne). 

jeudi, 09 juin 2022

LA REPRODUCTION CHEZ LES AMIBES

Conférence du professeur Gotlib (interdite aux – de 18 ans, vu le caractère très cru de certaines images, à la limite du pornographique).

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Merci, professeur Gotllib, de nous faire partager vos merveilleuses connaissances.

mardi, 17 mai 2022

TOUCHE PAS A MON GASTON !!!

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J'entends sur les ondes qu'il se passe une bataille judiciaire, au motif que des margoulins ont, une fois de plus, flairé la bonne affaire. Après le nouvel Astérix (avec l'aval d'Uderzo), après le nouveau Lucky Luke, après les nouveaux Blake et Mortimer, après les nouveaux Spirou et Fantasio (Fournier et tous les suivants, mais le personnage du groom appartient dè l'origine à la revue Spirou) et quelques autres coups de vice, voilà qu'on nous prépare un nouvel attentat, et cette fois contre un impérissable, contre un indestructible, contre un immarcescible héros de nos jours et de de nos nuits, j'ai nommé GASTON LAGAFFE. Et moi je dis : touche pas à mon Gaston.

L'éditeur (Dupuis) a convaincu l'ayant-droit (François Moyersoen) de passer à l'attaque et de demander à Delaf (Marc Delafontaine), citoyen québécois doté d'un assez joli trait de plume, de prendre en main le destin de notre inclassable favori, qui n'était présenté à ses débuts que comme une sorte de Bartleby en BD (bien que Gaston n'ait jamais prononcé le fatidique : « I would prefer not to »), et que le génie de Franquin a métamorphosé en figure absolument centrale de la littérature dessinée à destination de la jeunesse. Et une figure dont je constate l'increvable durée de vie dans les principaux centres d'intérêt de la dernière génération de mon entourage immédiat (je traduis en français : mes petits-enfants en raffolent).

Voulant en avoir le cœur net avant le jugement judiciaire "sur le fond" — puisque l'éditeur a repoussé la parution de l'album controversé à 2023, après le dit jugement "sur le fond" —, j'ai demandé au principal intéressé ce qu'il pensait de cette opération commerciale qui s'opère en fin de compte à ses dépens. Voici sa réponse, en exclusivité, saisie au moment même où il apprend la nouvelle.

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Prunelle, tout miel, fait le maximum pour rassurer le futur dessinateur de la série. Il ne se doute pas de la menace qui pèse sur le projet. On n'a jamais vu Gaston dans cet état.

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Et vlan ! C'est dans le numéro 850 des aventures de Gaston qu'on trouve ces deux images ahurissantes. Franquin a dessiné entre 900 et 1000 pages "Gaston Lagaffe". On est donc dans les derniers temps : Franquin lâche la bride à son héros.

Sérieusement, si c'est possible, pour trouver une page où l'on trouve un Gaston Lagaffe vraiment en colère, il a fallu que je révise l'intégralité de ma collection des albums. Car si Gaston manifeste quelques mouvements d'humeur au cours de ses aventures (ci-dessous), il faut noter que c'est aux gens qui l'entourent (Fantasio, Prunelle, Lebrac, l'agent Longtarin, M. de Mesmaeker, et même l'austère et placide M. Boulier et quelques autres) que la moutarde monte au nez. J'ai déjà évoqué ces moments d'explosion provoqués par les étourderies, les dégâts ou les idées malencontreuses de notre héros. Gaston, lui, ne se met jamais dans une véritable colère : il est par essence de bonne composition. 

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Notez que l'onomatopée est la même qu'au 606ème gag suivant (850-244).

Car Gaston est le prototype même de l'être équanime, doux, pacifique et heureux de vivre, pourvu qu'on ne l'empêche pas de dormir, ou d'inventer le gaffophone, ou encore de préparer un délectable plat de morue aux fraises. Les deux vignettes montrant Gaston rouge de colère figurent dans le n°13. Il faut que ce gros balourd de M. de Mesmaeker, débarque dans l'île et dans le rêve pour y faire régner la terreur au moment même où Gaston est en train de vivre un idylle parfait, sensuel et exotique avec 'Moiselle Jeanne (ci-dessous), pour qu'il perde tout contrôle et montre enfin sa façon de penser à l'intrus.

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Où et avec qui était Gaston dans son rêve : c'est-y pas gentil ? On comprend le coup de sang contre M. de Mesmaeker, non ? 

De toute façon et quoi qu'il en soit, voici, en exclusivité, le traitement que fait subir le fantôme d'André Franquin à l'album de M. Delaf, quand je lui spirito-télépathe que l' "ami" auquel il a vendu les droits de son personnage, peut-être dans un moment de gêne ou de dépression, s'est décidé à en confier la continuation à ce jeune-dessinateur-plein-de-talent.

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SANS AMBIGUÏTÉ : C'EST NON !!!

samedi, 23 avril 2022

DES RUSSES ET DES UKRAINIENS

LES SECRETS DE LA MER NOIRE.

(Dupuis, 1994, scénario Jacques de Douhet, dessin Francis Bergèse)

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Le navire "Ladoznskoye", commandé par le capitaine Stornik, appartient au K.G.B. (aujourd'hui F.S.B.) et participe au complot qui ne vise rien de moins que d'assassiner Gorbatchev, le promoteur de la "glasnost" et de la "perestroïka" honni par toute la "vieille garde", c'est-à-dire tous les "vrais communistes".

L'histoire racontée par les deux auteurs se situe entre juillet et août 1991, période cruciale qui a vu dans la réalité ce qui fut l'immense U.R.S.S. sombrer et passer à deux doigts de voir accéder au pouvoir des fascistes, avant qu'un certain Boris Eltsine parvienne in extremis à écarter le danger. Ce n'est qu'ensuite qu'a émergé la figure d'un certain Vladimir Poutine.

Il s'agit, pour les comploteurs de la B.D., d'en finir avec tous ceux qui s'éloignent du modèle "communiste" pur et dur, et de renouer avec l'époque où, magnifiquement dirigée par le camarade Brejnev, le digne héritier et successeur du camarade Staline, le "Soleil Rouge" de la fière nation soviétique faisait peur aux horribles impérialistes américains.

En face, les forces du Bien et du Progrès se concentrent autour du porte-avions Kousnetzov, commandé par l'amiral Frondze, vieux militaire dans l'âme et qui se sent un peu dépassé par les événements qui se présentent à l'horizon (« Rien de ma vie ou de ma carrière ne m'y a préparé », dit-il p.36).

Bergèse et De Douhet jettent dans ce panier de crabes l'intrépide colonel Buck Danny. A la suite d'un vilain stratagème, celui-ci est fait prisonnier à bord du Ladoznskoye. Dans les plans de Stornik et de ses affidés, il faut qu'aux yeux du monde entier le colonel passe pour l'assassin de Gorbatchev, même si ça doit déclencher la troisième guerre mondiale. Qu'on se rassure, le complot échouera lamentablement, grâce à l'intervention de l'enseigne Platypov, alias "Nicolayev 17", l'agent infiltré de l'amiral américain Farell qui est à l'origine de la mission de Danny.

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Ce qui m'intéresse dans ces quelques vignettes, c'est ce qui est dit des rapports entre les Russes authentiques ("de souche" ?) et les Ukrainiens. Le Kremlin présentait ces derniers, il y a encore peu de temps comme des "petits frères", mais ce gros bobard, la guerre déclenchée par Poutine s'est empressée de le démentir.

Je ne sais pas quel degré de véracité il faut accorder aux expressions « C'est un Ukrainien stupide », « ... un imbécile d'Ukrainien comme toi ». Je trouve cependant intéressant de replacer ces propos fictifs dans le contexte — tristement réel celui-ci — qui se développe aujourd'hui sous nos yeux.

La question me semble valide : quel regard les Russes dans leur ensemble portent-ils sur les Ukrainiens ? J'ignore s'il est facile de répondre à cette question, et même si c'est possible, mais quand on entend Poutine vanter son entreprise de "dénazification" pour aller guerroyer en Ukraine, peut-être cela nous autorise-t-il à voir dans ces répliques un reflet plus ou moins fidèle de la réalité.

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Cette bande dessinée a été publiée en 1994, alors que la situation et les rapports de force commençaient à se clarifier (?) dans la nouvelle Russie.

vendredi, 22 avril 2022

LA GRANDE OCCASION MANQUÉE ?

LES SECRETS DE LA MER NOIRE

(Dupuis, 1994, scénario Jacques de Douhet, dessin Francis Bergèse)

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Ahurissante banderole de l'accueil réservé à l'Américain dans le grand salon du porte-avions Kousnetzov, commandé par l'amiral Frondze.

Une intéressante et curieuse bande dessinée, où l'on trouve peut-être l'explication de la façon dont l'histoire a tourné après la dislocation du bloc soviétique. Le scénariste Jacques de Douhet imagine (pas sûr d'ailleurs que ce soit seulement imaginaire) que les deux camps, l'Américain et le communiste, sont eux-mêmes scindés en deux partis qui s'opposent plus ou moins radicalement. Un scénario non sans résonances dans notre actualité, à mon avis.

Côté américain, l'amiral Farell, qui ne croit pas à la sincérité de Gorbatchev (« Je suis persuadé qu'ils trichent ! », déclare-t-il), partisan de la manière forte et qui figure l'ambiance toujours belliqueuse qui règne au Pentagone, face au sénateur Smight, le politicien persuadé que l'URSS est au bout du rouleau et qu'il est temps pour les deux grands pays de tourner la page de la guerre froide. Et que, accessoirement, les Etats-Unis n'ayant plus d'adversaire, ils peuvent impunément poser le pied sur la dépouille du fauve terrassé.

Côté soviétique, les partisans de la détente, du désarmement et de la paix, parmi lesquels on trouve l'aéronavale (la vignette du haut idéalise peut-être cette période – août 1991 – pour les besoins du récit) et en général des éléments du haut commandement militaire, face aux tenants de la "ligne dure" où l'on trouve, pêle-mêle, des nostalgiques de Brejnev et de l'ordre communiste, les patriotes-nationalistes-fascistes, les polices du KGB, GRU, NKVD et autres services secrets, qui prospéraient sans obstacle grâce au climat d'hostilité et procuraient à leurs membres un pouvoir dont ils se faisaient un plaisir d'user et abuser. Et que la "glasnost" et la "perestroïka" chères à Gorbatchev menaçaient de mettre au chômage.

Ce qui est frappant après-coup, c'est que, entre les faucons et les colombes, les Américains et les Russes semblent s'être mis d'accord pour que ce soient les rapaces qui prennent l'avantage sur les oiseaux de paix.

Côté américain, les avertissements de Brzeszinski, puis ceux de John Mearsheimer n'ont servi à rien et ont été mis à la poubelle par le belliciste George W. Bush et son entourage de menteurs (Powell, entre autres). 

Côté russe, la hâte manifestée par l'OTAN (en français : les Etats-Unis) pour intégrer à toute vitesse les anciens satellites de l'URSS (les Baltes, Pologne et même Géorgie !) a très vite indisposé les autorités émergentes des ex-soviétiques de Moscou, à la tête desquelles s'est porté un certain Vladimir Poutine, qui voyait déjà d'un œil furieux se former dans son "étranger proche" un glacis d'Etats libérés de son emprise, et même passés à l'ennemi. 

Voilà où, selon moi, nous en sommes : dans les deux camps, ce sont les faucons qui ont gagné et qui tiennent les manettes. Dans les deux camps, tout se passe comme si les partisans de la détente avaient été sommés de la fermer sous peine de. Je note en passant que l'Europe n'a pas son mot à dire, et même qu'elle compte pour du beurre. Si la guerre en Ukraine s'étend (j'ai entendu Hervé Juvin, membre éminent du Rassemblement National de Marine Le Pen, exprimer sa crainte d'une prochaine guerre mondiale), l'Europe, en tant que continent, n'y sera certes pour rien, mais elle en sera à coup sûr le théâtre des opérations. Je ne peux quant à moi me défendre contre l'impression qu'il y eut, à divers moments, dans les années 1990, des fenêtres qui se sont entrouvertes et des mains qui se sont tendues, mais qui, pour des raisons qui me dépassent et que j'ignore, se sont refermées.

Ce qui est sûr, c'est que nous avons tout à craindre de militaires qui s'ennuient et qui ne rêvent que d'essayer plein de nouveaux joujoux déposés dans leurs bottes fourrées par le dernier Père Noël.

Merci d'avance à tous ces braves gens.

Voilà ce que je dis, moi.