lundi, 19 février 2024
A BAS LES HOMMES !
J'ai commencé à acheter le journal Le Monde en 1968, plus précisément après le choc qu'ont été pour moi les "événements de mai". Si je me souviens bien, c'étaient encore les 24 pages voulues par le fondateur Hubert Beuve-Méry pour que n'importe quel homme curieux de s'informer puisse en venir à bout dans la journée.
Presque 100% de texte sur une surface de papier nettement supérieure à ce que le journal est devenu, question de format. C'est ça, le "Journal de Référence", certes un peu austère, mais du sérieux, du solide et du nourrissant.
Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un souvenir. Il faut paraît-il au public des dessins, des photos, des couleurs, des publicités, de la mode, du luxe, bref : toutes sortes de meubles visuels qui satisfassent le besoin de futilité qui anime l'homme moderne.
Il a bien fallu que je subisse et que je m'habitue à toutes les évolutions, car Le Monde, ça restait quand même Le Monde : une référence. Mais est-on bien sûr que cette situation somme toute enviable perdure ?
La réponse n'est plus aussi évidente. Car la France est bien malade. Vous voulez un symptôme ? Je croyais que ce genre de pratique journalistique était réservé aux journaux "people", aux feuilles à scandales et autres torchons. Eh bien pas du tout ! Même le journal Le Monde s'y est mis : le "journal de référence" est en voie de torchonnisation accélérée. Pensez, sans remonter très loin (je pense, entre autres, à la spectaculaire rage d'Adèle Haenel au simple prononcé du nom de Roman Polanski), à l'offensive massive contre Gérard Depardieu, pour cause de.
Le Monde s'est apparemment fait le partenaire et le relais actif des milices hargneuses dont l'unique raison sociale est désormais : « Vengeance ! ».
Regardez-la, l'oiselle, comme elle est belle, avec les yeux perdus dans le ciel. A regarder cette photo de Florence Brochoire (Le Monde du 8 février), je lui délivre spontanément le diplôme d'oie blanche, d'immaculée conception et de virginale entité supraterrestre. Une photo qui, mise en regard des titres d'articles (voir plus haut), hurle : « Innocente ! » aux oreilles des immondes salauds qui ont osé flétrir la jeunesse de la jolie fleur au moment même où ses charmes ne demandaient qu'à s'épanouir. « How dare you ? », disait en d'autres circonstances la petite Greta Thunberg : comment osez-vous ?
Eh bien moi, je trouve précisément que l'ordure, l'immonde et l'excrément, ici, sont du côté du journal qui ose publier une image qui, en soi et confrontée aux titres des articles, est une claire mise en accusation publique des prédateurs mentionnés comme tels. J'en conclus que le journal Le Monde s'est converti à la délation, putasserie ordinaire qui gangrène des pans de plus en plus larges de la société, façon réseaux sociaux.
Regardez bien cette formulation : « Benoît Jacquot : la prédation sous le couvert du cinéma ». "Sous le couvert" ! Oui, mesdames et messieurs, ce déchet humain qui se dit cinéaste ne fait pas des films pour célébrer l'art cinématographique, mais pour procurer à ses appétits bestiaux la chair fraîche de brebis trop ignorantes encore pour se méfier des horribles penchants des messieurs qui "pervertissent la jeunesse" (cf. Socrate).
Pourtant, à y regarder de plus près, j'ai l'impression que l'affaire est un peu plus compliquée que ça. Que Jacquot (comme Doillon) ait été sensible au charme juvénile de la donzelle, c'est indéniable, et ce n'est pas nouveau. Mais en général, tout se finit dans la correction et le respect, il y a les freins, le surmoi, le qu'en-dira-t-on, et puis il y a surtout la loi. Tout ça dit : « Pas touche ! ». C'était en d'autres temps. L'époque présente a dérivé allègrement vers la libre expression des désirs par des individus affranchis des antiques contraintes.
Ecoutez Brassens : « ... et je ne suis pas chaud pour tâter de la paille humide des cachots » (La Princesse et le croque-note). Ecoutez Ferré : « Quand sous ta robe il n'y aura plus le Code Pénal » (Petite). Ecoutez Serge Reggiani : « Il suffirait de presque rien pour que je te dise "je t'aime" » (Il suffirait de presque rien).
Les vénérables de la chanson française savaient se tenir et ne pas céder trop facilement à la tentation. Jacquot, Doillon et consort, c'est une autre génération. Je pense aussi à Patrick Font qui, quand il faisait des colos, laissait les adolescentes lui monter sur les genoux (« ... et même pire ... »). Il a payé pour ça.
Mais avant de condamner, je veux en savoir plus. Par exemple, on me dit que la petite Judith Godrèche a vécu en couple avec le cinéaste. Ah bon ??? En couple ??? Une fille de quatorze ou quinze ans ??? Avec un mec âgé de trente-neuf ans ??? Ah bon ???
Alors moi je demande la comparution des parents : ont-ils porté plainte pour détournement de mineur ? J'espère au moins qu'il leur a fallu de solides raisons pour ne pas le faire. Et elle, Judith, pourquoi n'a-t-elle jamais pensé à porter plainte contre ses propres parents, qui l'ont laissée errer, abandonnée au milieu des flots ? Qu'ils soient plus ou moins psys, qu'ils se soient séparés, que la jeune Judith en ait été déboussolée, je veux bien. Mais cela ne les dégage en aucun cas de leurs responsabilités de parents, que je sache !
Ben non : qu'est-ce qu'ils ont fait, les parents de Judith Godrèche ??? Ils ont laissé faire !!! Voilà !!! Va, ma fille, vis ta vie à ta guise ! Tu veux faire du cinéma ? Mais vas-y franco ! Et fais ce qu'il faut pour faire carrière !!! Nos voeux t'accompagnent. Vous les trouvez pas sympas comme tout, les parents ? Ouverts à toutes les perspectives, à toutes les expériences, à toutes les aventures ? En voilà, du parent moderne !
Et puis je vois autre chose : Judith Godrèche (avec la meute qui est en train de se former derrière elle) crache aujourd'hui sur Benoît Jacquot et Jacques Doillon ? La belle affaire, vraiment ! Si cette dame a pu imposer son nom dans le monde du cinéma et devenir une actrice fêtée et récompensée dans les festivals et autres cérémonies, n'est-ce pas aussi parce que ces vilains lui ont donné sa chance ? Mis le pied à l'étrier, comme on dit ?
Sa carrière, elle la doit sans doute à son talent, c'est entendu. Mais pas que : elle la doit à des personnes. Or comment se faire choisir par les bonnes personnes ? Il faut bien faire quelque chose, non ? Taper au moins dans le bon œil ? C'est incontournable : sur le marché des jeunes actrices, la concurrence est extrêmement rude. Qu'est-ce qu'on n'est pas prêt(e) à faire pour avoir une chance de percer ?
Pensez seulement à toutes ces filles (les "starlettes") qui se mettaient très volontiers à poil sur les plages du festival de Cannes sous l'œil d'une meute de photographes, dans l'espoir de décrocher un contrat : personne ne les contraignait. C'est ce que reproche le gros mafieux russe (géorgien ?) Rachmiel Dekanidzé à son ami Josif, tombé raide amoureux de l'hystérique, schizophrène et droguée Béa, au point de mettre tout le réseau en danger. Cela finira dans un bain de sang.
Bon, je sais bien que c'est de la fiction (série Luka, de Mezzomo et Lapière, vol.6, "Les actrices ne font pas le printemps"), mais on ne peut pas dire que c'est tout à fait faux.
Et puis il y a encore un autre aspect à examiner : qu'est-ce que c'est, le cinéma, finalement ? J'espère que tout le monde tombera d'accord pour dire que c'est une extraordinaire usine à fabriquer du rêve, le merveilleux instrument qui nous sert à façonner nos autres vies, une énorme machine à projeter sur grand écran les désirs de toutes sortes qui sommeillent en chacun de nous.
Le voilà, le moteur, le carburant et le pilote, le maître et le valet, le remède et le poison, le tyran et l'esclave : DÉSIR, et pas besoin pour ça du tramway de Tennessee Williams. Ôtez le désir, il n'y a plus de cinéma. Et même pire : plus de littérature, plus d'art, plus d'amour, en un mot : plus grand-chose. Allez, autant dire plus rien, quoi ! Une telle humanité vous donnerait envie de vivre ? Eh ben pas moi. Or, qu'est-ce qu'il fait, principalement, le désir ? Ben c'est un peu ballot : il circule. Toutes les cultures du monde sont une démonstration permanente de cette vérité.
Alors vous l'imaginez, à l'arrivée au studio, l'écriteau sommant tous les gens intervenant sur le film : « On est prié d'accrocher manteaux et désirs à la patère avant d'entrer sur le plateau » ? Oui, je sais, faut pas confondre la personne et la fonction, mais qui dira où passe la ligne de démarcation à l'intérieur d'un bonhomme. Non, c'est trop idiot. Il faut faire avec, voilà tout. Comment elles feront, maintenant qu'un puritanisme sourcilleux est en train de gagner la France, les "petites actrices", pour se faire attribuer des rôles ? Comment ils feront, les cinéastes, casteurs et autres chasseurs de talents cachés, pour trouver la perle rare ?
Ensuite, qu'il se passe des trucs, des machins, des bidules entre les êtres vivants ici présents, quoi de plus compréhensible ? J'ajoute : quoi de plus normal ? Même Judith Godrèche, j'ai un peu de mal à gober son histoire : n'a-t-elle tiré de ses expériences aucun épisode lumineux ? N'a-t-elle pas été un peu contente, heureuse de vivre son aventure à certains moments ? Peut-on croire à ce noir absolu ? Qu'est-ce qu'ils comprennent à tout ça, les amateurs d'autodafés ? Ce qui me choque le plus dans toute cette histoire, c'est le caractère tranchant et tranché des réactions. Vous la voyez, la foule debout, dans l'amphithéâtre romain, hurlant sa haine, le pouce en bas ?
Encore un mot, au sujet du chœur des inquisiteurs, y compris ceux qui battent leur coulpe (Télérama, Cahiers du cinéma) parce qu'ils ont fermé les yeux sur les turpitudes des mâles dominants. Je trouve incroyable et inadmissible l'unanimité du jury médiatique qui cloue Jacquot et Doillon au pilori : où et quand est-ce qu'on entendra prononcer le mot de cet immense principe, pilier de l'état de droit : « La parole est à la défense » ? Même Klaus Barbie, un criminel d'une autre dimension, y a eu droit (c'était en 1987).
Mais non, dans ce consensus terrorisé, personne n'ose plus bouger une oreille et ouvrir une bouche qui s'inscrirait en faux face au Niagara des forces dominantes. Les uns sont tout blancs, les autres sont tout noirs !!! Vous l'entendez, le George W. Bush, l'intégriste qui se cachait derrière le président U.S. ? « Je ne veux voir que deux têtes : l'Axe du Bien et l'Axe du Mal. Celui qui n'est pas avec nous est contre nous. Pas d'entre-deux : si t'es pas ami, t'es ennemi. »
Plus de débat entre adversaires courtois et démocrates, mais un état de guerre entre ennemis cherchant à détruire l'autre, vécu comme une menace. C'était la logique de Carl Schmitt, un des penseurs du nazisme. Il m'arrive cependant de me rassurer (on fait ce qu'on peut) en me disant qu'après tout, cette unanimité de la vox populi émane probablement d'un groupe de personnes assez homogène et fonctionnant dans le bocal médiatique parisien, où tout le monde respire le même air. Mais de quels pouvoirs ne disposent-ils pas !!! Et quelle propagande !!!
Je laisse à d'autres le soin de s'interroger sur les mirobolantes « nouvelles masculinités » chères à l'écrivain Ivan Jablonka, et de promettre le fer et le feu aux affreux attardés « masculinistes », aux infâmes « mâles blancs suprémacistes », « virilistes », « prédateurs ». Et vous ne pouvez pas savoir à quel point d'hilarité désopilée me porte la seule idée de passer moi-même pour un de ces monstres.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal le monde, mai 68, hubert beuve-méry, journal de référence, benoît jacquot, jacques doillon, judith godrèche, anna mouglalis, isild le besco, adèle haenel, roman polanski, gérard depardieu, florence brochoire, georges brassens, la princesse et le croque-note, léo ferré petite, serve reggiani, il suffirait de presque rien, patrick font, autorité parentale, bande dessinée, messomo lapière, luka, les actrices ne font pas le printemps, tennessee williams, télérama, cahiers du cinéma, ivan jablonka, masculinisme, suprémacistes, virilistes, mâle prédateur
dimanche, 06 août 2023
DES NOUVELLES D'ADÈLE HAENEL
Non, elle n'est pas morte, Adèle ! La preuve, c'est qu'elle nous a passé un coup de téléphone à la rédaction pour nous dire où elle en était et quels étaient ses intentions et ses projets d'avenir. Que des nouvelles encourageantes et rassurantes !!! Si si !!! On vous jure !!! Ben regardez plutôt cette photo si vous nous croyez pas.
Roman Polanski, Gérard Depardieu et autres cibles de toute une police morale extrémiste vont pouvoir dormir tranquilles et vaquer de nouveau à leurs petites affaires en toute quiétude. Le commerce de boissons fortes et l'industrie du cinéma dans leur ensemble ne pourront que s'en porter infiniment mieux.
***
Note
On trouve la vignette ci-dessus à la page 31 de Élise et les nouveaux partisans, où Jacques Tardi retrace le parcours — je devrais dire les aventures et méchantes tribulations — de la chanteuse et militante d'extrême gauche Dominique Grange, qui est devenue sa compagne. J'ai un peu "arrangé" à ma sauce le texte de Tardi : j'espère qu'il ne m'en voudra pas trop de ce détournement.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : adèle haenel, cinéma, gérard depardieu, féminisme, agression sexuelle, bande dessinée, jacques tardi, élise et les nouveaux partisans, dominique grange, roman polanski
lundi, 05 avril 2021
LA PAROLE "LIBÉRÉE" ?
UNE SEULE INTERMINABLE PLAINTE.
*
... CHEZ LES FÉMINISTES 1.
... ET CHEZ LES FÉMINISTES 2.
... ET CHEZ ADÈLE HAENEL, VIRGINIE DESPENTES ET LES ACTRICES DE CINÉMA.
... ET CHEZ LES ACTIVISTES MUSULMANS.
... ET CHEZ LES FRANÇAIS A PEAU NOIRE.
... ET CHEZ LES HOMOSEXUELS.
QUEL CONCERT !
Nom de dieu, un vrai concert de perroquets qui nous hurlent dans les oreilles, dirait un observateur impartial !!! Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à crier de la sorte ? Eh bien voilà.
Que ce soit pour appeler au secours ou pousser des cris de rage, ce n'est qu'une seule longue plainte : le grand chœur des récriminations d'un peuple de victimes qui ont toutes une souffrance à faire valoir, qui ont toutes quelque chose à reprocher à quelqu'un, qui ont toutes des droits imprescriptibles à faire enfin reconnaître, qui ont toutes à dénoncer les graves injustices qui leur sont faites par une autre partie de la population. Et qui, toutes, attendent réparation du préjudice. En faisant fermer leur gueule à tous ceux qui ne sont pas d'accord.
Un peuple totalement désuni, divisé en "communautés" de sexe, de couleur, de religion, de race, de "genre", de "territoires", de "préférences sexuelles", dont les revendications se font une concurrence féroce à coups d'intrusions sur les plateaux médiatiques ou auprès des instances étatiques, quand ce n'est pas devant les tribunaux. Ces forces qui tirent à hue et à dia, animées par la rancune et la frustration, produisent un climat de haine qui se diffuse dans les rapports sociaux. Et dire qu'on n'a jamais autant entendu parler de "résilience" ! Quel paradoxe !
Un peuple qui a perdu toute perspective de construction collective d'une collectivité aspirant au bonheur et à la prospérité du plus grand nombre. Un peuple définitivement fragmenté en groupes hostiles seulement préoccupés de la défense de leurs propres intérêts et soucieux de tirer à leur profit exclusif toute la couverture (médiatique, cela va de soi). Comment voulez-vous que, dans ces conditions, on ait des chances de se retrouver dans une seule France ? Une France indivisible ?
Le séparatisme n'est plus une crainte à avoir, c'est un fait qu'il faut constater. Ce n'est plus un peuple : c'est bel et bien une collection de groupes et d'individus. C'est la mère Thatcher, vous savez, la "dame de fer", qui doit bien ricaner. Avec son vieux compère Reagan, c'est elle qui a gagné la guerre de civilisation. Le capitalisme peut dormir tranquille : la société telle qu'elle est organisée actuellement, n'est pas près de troubler son sommeil.
Oui, Jérôme Fourquet a bien raison, bien qu'il travaille dans l'entreprise de sondages IFOP, de parler d' « archipel français ». Comme dit un personnage de sniper dans la dernière partie de L'Oiseau bariolé de Jerzy Kosinski : « Les hommes sont comme les sommets des montagnes : ils se voient de loin, mais ils sont séparés par des précipices infranchissables » (citation de mémoire, très approximative, mais l'esprit est à peu près là).
J'ai envie de dire à la foule des gens qui se plaignent ou qui portent plainte (c'est la même chose en deux modes différents) :
« Garde toujours le souvenir des avanies subies, n'oublie rien ni personne, mais avant tout tiens-toi droit, cesse de te plaindre et garde en toute circonstance le souci de ta dignité, au lieu de passer ton énergie et ton temps à quémander, à te livrer ainsi à la mendicité, quand ce n'est pas à te comporter en roquet agressif et policier ! ».
De façon plus politique, il faut aussi se dire que plus un pays s'emberlificote dans les luttes intestines, moins il pense à sa place dans le reste du monde. A Lyon, vous imaginez Guignol et Gnafron se foutre sur la gueule ? Regardez comme le cornu-griffu ricane (image FB, B. Jaouen).
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la parole libérée, féministes, féminisme, roman polanski, adèle haenel, islam, musulmans, islamophobes, esclavage, colonialisme, homosexuels, homophobie, gay pride, balance ton porc, #metoo, patriarcat, phallocrate, macho, sexiste, jérôme fourquet, l'archipel français
mardi, 03 mars 2020
DES NOUVELLES DE FRANCE
1 – Lors de la soirée des Césars, si Adèle Haenel, Céline Sciamma, Virginie Despentes, Florence Foresti, Vanessa Springora et quelques autres djihadistes du féminisme avaient eu une guillotine, on aurait vu quelques têtes de messieurs rouler dans la sciure. Fini la justice : l'heure qui voit triompher la « sororité » est à la vengeance. A mort les salauds de mecs ! VENGEANCE !
2 – Pendant que les médias dégorgent à force d'être bourrés de la catastrophe coronavirale et nous serinent leurs conseils de méfiance, l'épidémie normale de la grippe normale continue à éclaircir en silence les rangs silencieux des personnes normalement vulnérables. Et pendant que le vacarme coronaviral occupe l'attention des Français, le gouvernement d'Edouard Philippe et Emmanuel Macron fait passer la réforme des retraites à grands coups d'article 49 alinéa 3 de la Constitution.
Il faut dire que les olibrius de l'opposition fanatisée sous la houlette de l'Olibrius en chef Jean-Luc Mélenchon ont tout fait pour discréditer la notion même de débat parlementaire, en déposant, entre 40.000 autres reformulations sans doute aussi subtiles, un amendement remplaçant dans le texte "annuel" par "chaque année".
Mais les olibrius de l'opposition ont tout à fait raison de répliquer que les bonimenteurs du gouvernement n'avaient qu'à pas commencer par les provoquer en demandant que soit examinée en "procédure accélérée" (pas de navette, mais un aller-retour entre les deux Chambres) une loi horriblement complexe à mettre en application, et qui concernera TOUS les individus français. Une loi au surplus que les bonimenteurs ont méticuleusement fait semblant de préparer en "concertation", mais qui, selon les avis les plus avisés (Dominique Rousseau, constitutionnaliste), souffre d'une IMPRÉPARATION congénitale.
Elle est pas belle, la France éternelle, dans le miroir des médias ?
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman polanski, cinéma français, j'accuse, adèle haenel, céline sciamma, virginie despentes, florence foresti, vanessa springora, soirée des césars, édouard philippe, emmanuel macron, réforme des retraits, jean-luc mélenchon, la france insoumise, chambre des députés, sénat, débat parlementaire, dominique rousseau
samedi, 04 janvier 2020
2020 : DES MECS A ABATTRE
Ecrit en pensant à Christophe Ruggia, à Roman Polanski, à Gabriel Matzneff et à tous ceux qui attendent le couperet dans l’antichambre de la guillotine médiatique.
Je hais l'idée qu'un adulte ose concevoir les enfants comme des partenaires amoureux, mais je refuse de hurler avec les louves : je déteste encore plus les charognards.
On l'a peut-être oublié, mais il fut un temps pas si lointain (2001) où le célèbre Daniel Cohn-Bendit fut désagréablement chatouillé sous les aisselles par une presse qui venait de déterrer quelques déclarations où le désormais retraité des navigations politico-médiatiques se gardait de condamner l'amour avec les enfants, alors qu’il travaillait dans une « école alternative ». Les vautours de la "morale", les obsédés de "l'envie de pénal" étaient en train de prendre leur essor, comme l'avait déjà noté notre cher Philippe Muray.
Je précise tout de suite que l'on s'en prend à quelque chose qui était assez banal dans les milieux qu'on disait à l'époque (la queue de comète de Mai 68) « avancés en matière de mœurs ». Cette tendance à ce qui est désormais souillé du nom de l'infamie (« pédophilie ») avait des pages ouvertes jusque dans les journaux les plus vendus à l'époque, et même à la télévision.
Je ne me rappelle plus en quelle année j'avais capté un morceau d'une émission consacrée au sujet, où des amoureux des enfants (c’était ce que les Grecs de l’antiquité regroupaient sous le nom de « pédérastie », lire Le Banquet de Platon) s'étaient présentés sur le plateau de façon à ne pas pouvoir être identifiés (j'imagine que l'époque ne se prêtait déjà plus trop à l'étalage de telles préférences). Je mentionne pour mémoire un livre de Tony Duvert (Quand Mourut Jonathan, Minuit, 1978), où le personnage principal, un artiste, se borne à une sodomie superficielle avec le jeune garçon qui lui est confié pour un temps par sa famille.
J'ai encore dans mes archives quelques exemples de ces « faits sociaux » qui atterriraient aujourd'hui directement sur les unes des journaux, sur le banc des prévenus en correctionnelle et derrière les barreaux des centres de détention (j'ai entendu quelque part : « Ça mérite perpète »). J'en fournirai peut-être des images, mais seulement après les avoir "expurgées".
Dessin du groupe "Bazooka Production" (Chapiron ? Kiki Picasso ?). Recueilli dans les pages "Petites Annonces" (annonces "taulards" si je ne me trompe pas) du journal Libération daté 5 novembre 1978. Vous imaginez ça, aujourd'hui ? Moi non. La liberté d'expression est très mal en point : d'innombrables sortes de gens, pour d'innombrables raisons qui leur sont particulières, considèrent que nul n'a le droit de
HEURTER LEUR SENSIBILITÉ.
A croire que les épidermes contemporains sont devenus hypersensibles, voire allergiques.
D'innombrables sortes de gens ont les moyens de faire taire les gens libres. C'est de ça qu'elle est en train de crever, la liberté d'expression. C'est de ça qu'elle va crever, la liberté.
Même le journal Libération, qui a grandi dans les flammes de tous les non-conformismes amoureux, dont il a longuement fait la publicité dans ses pages « Petites Annonces », se repent à présent, à grand bruit et à grands renforts de "mea culpa" sonores, d'avoir donné de l’audience aux goûts de Gabriel Matzneff en matière sexuelle.
Ses goûts ? En dehors des 1.800 conquêtes féminines (« Ma in ispagna son gia mille tre ») du Don Giovanni de Mozart-Da Ponte, le célèbre "air du catalogue" chanté par Leporello les précisait : « Sua passion predominante È la giovin principiante » (ce que Don Juan préfère, c’est la "jeune débutante").
Il faut le dire : il y eut "table ouverte" dans les médias pour les formes non-conformes de sexualité dans toutes sortes de milieux plus ou moins considérés comme "progressistes". Combien de temps a duré la levée de ce tabou ? Difficile à dire. Je dirais à vue de nez que les quinze à vingt ans qui ont suivi mai 68 ont été propices à toutes sortes d’expérimentations dans ce domaine (y compris l’arrivée de Mitterrand au pouvoir le 10 mai 1981).
Un exemple : je me souviens d’avoir lu, au début des années 1970, Journal d’un éducastreur (si, si, vous avez bien lu), écrit par un certain Jules Celma (éditions Champ libre, 1971). Il est instituteur remplaçant. Je vous cite une phrase de la notice que lui consacre l’encyclopédie en ligne : « Il laisse à ses élèves une liberté totale afin d'encourager leur épanouissement et leur expression non autocensurée ».
Le résultat ne se fait pas attendre : au cours d’un jeu qui se déroule dans la classe, les gamins se mettent à mimer des scènes de sodomie, parfumées d’un zeste de sadisme. Celma lui-même en restait baba d’admiration. Il considérait que toute éducation appauvrit drastiquement le potentiel créatif de l’enfant ! Et on a vu de drôle de trucs au sein des « Ecoles Nouvelles » fondées par des gens qui avaient mal digéré la lecture de Libres enfants de Summerhill (A.S. Neill).
Toujours dans les mêmes années, j’ai lu Douze poèmes pour Francesca (1977). Je n’ai gardé aucun souvenir des textes écrits par Gabriel Matzneff (oui, oui, le même qu’aujourd’hui). Ce qui est sûr, c’est que la Francesca en question ne devait avoir guère plus de quinze ans. Matzneff aimait les très jeunes filles, et en plus, il ne s’en cachait pas du tout.
Celui que de bonnes âmes traitent aujourd’hui de monstre était couramment reçu par Bernard Pivot sur le plateau d’Apostrophes. Il avait même écrit une pétition de soutien à trois pédophiles qui passaient alors en correctionnelle, et celle-ci avait été signée, entre autres, par Simone de Beauvoir et Louis Aragon, pour dire la carrure de quelques signataires. On peut en trouver ces jours-ci une resucée sur le site internet de Libération.
Le cas de Roman Polanski est-il si différent ? La fille de 13 ans (en 1977 ?) qui avait porté plainte contre lui après une nuit « agitée » a abandonné toute poursuite contre lui. C’est la vindicte d’un procureur particulier qui a réveillé l’affaire : les Américains sont, paraît-il, intransigeants sur la morale et intraitables avec les actes « inappropriés ». Et c’est au moment où sort en France son film J’Accuse qu’un livre de Valentine Monnier vient opportunément dénoncer l’inqualifiable comportement que le cinéaste a eu à l’égard de celle qui n’était alors qu’une très jeune fille.
Christophe Ruggia, cinéaste lui aussi, subit les foudres de l’actrice Adèle Haenel depuis que celle-ci s’est souvenue qu’il avait eu, lorsqu’elle avait 12 ans, des gestes totalement déplacés. Elle est née en 1989, la fin trouble des années 1970, elle ne connaît pas, c’est certain.
Mais là, je dis : où étaient les parents, au moment où elle se faisait peloter, voire pire ? Pareil pour la très jeune Vanessa Springora, tombée entre les griffes du pervers quand elle avait 14-15 ans : où étaient les parents ? Que je sache, la majorité est à 18 ans : avant, c’est aux parents qu’il faut s’en prendre pour les fautes dont leurs enfants ont été victimes.
Non, j'ai beau haïr l'instrumentalisation du corps des enfants par des adultes anormaux, je trouve que cette atmosphère devient vraiment irrespirable. Je ne supporte plus cette « levée en masse » des justiciers qui crient « A mort ! » contre des gens qui ont, il y a quarante ans, pris au mot le graffiti soixante-huitard « Il est interdit d’interdire ». Le slogan est insensé, je suis d’accord. Mais tout ça ressemble à des vengeances rétrospectives et à des représailles par procuration. Tout ça me fait horreur. Et la présente unanimité des glapisseurs de la morale me semble de très mauvais augure pour les partisans de la liberté.
La censure s'est démocratisée. Je veux dire qu'elle s'est universalisée : tout individu est un censeur en puissance. Et il ne s'en prive pas.
Voilà ce que je dis, moi.
***
Note.
La BD était évidemment au diapason de cette époque post-soixante-huitarde qui subit aujourd'hui toutes les diatribes et indignations vertueuses. A commencer par la très féministe (quoiqu'éphémère) revue Ah Nana ! Ci-dessous la couverture du n°9, le dernier, paru en septembre 1978. Les tentations étaient certes nombreuses et multiples, sans parler de l'envie des jeunes pubères de tester leur pouvoir.
Le grand Robert Crumb lui-même allait encore plus loin (je crois que c'était dans les pages de la revue Actuel).
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christophe ruggia, roman polanski, gabriel matzneff, pédophilie, féminisme, il est interdit d'interdire, adèle haenel, vanessa springora, polanski j'accuse, valentine monnier, mai 68, bernard pivot apostrophes, matzneff douze poèmes pour francesca, simone de beauvoir, louis aragon, libres enfants de summerhill a s neill, jules celma journal d'un éducastreur, don giovanni mozart, journal libération, daniel cohn-bendit, presse, journalistes, société, politique, france, liberté d'expression, bazooka production, bazooka chapiron, bazooka kiki picasso, philippe muray
samedi, 21 janvier 2017
C'EST QUOI, FÉMINISTE ?
Rue de Nuits.
Photographie Frédéric Chambe.
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FÉMINISTE ? C'EST ÇA ?
Le Progrès, 20 janvier 2017.
Ben oui, c'est ça : avoir passé le concours d'entrée dans les forces de l'ordre pour pouvoir manier le gros bâton. Je me moque de Roman Polanski : c'est peut-être un homme très antipathique. J'ai seulement vu quelques-uns de ses films. J'observe seulement que les faits (l' "affaire" Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans qui est, après tout, l'âge de l'héroïne du Lolita de Nabokov, le modèle s'il en est de la pubère délurée, qui s'ingénie à rendre fou le pauvre Humbert Humbert) se sont produits il y a maintenant quarante ans, qu'ils se sont passés aux Etats-Unis, pays malade de moralisme et de juridisme, où règne l'espèce de dictature qu'on appelle "politiquement correct". Il faut d'ailleurs préciser que la principale intéressée, lorsque le procureur Roger Gunson a déterré l'affaire, a déclaré qu'elle ne voulait pas qu'on lui ressorte la chose "ad vitam aeternam" et que le passé est le passé.
Mais féministe, en cette occurrence, ce n'est pas seulement entrer chez les flics, c'est aussi entrer chez les juges, mais des juges qui n'ont à leur répertoire qu'une seule peine au bout de leur verdict : la perpétuité. Philippe Muray s'en prenait très régulièrement à tous les "militants" des "minorités" (ce que ne sont pas, évidemment, les femmes, mais le réflexe est le même), qui n'ont qu'une seule bave aux lèvres : la punition des "coupables". La situation s'est aggravée depuis. Ni rémission, ni rédemption, ni réduction de peine. C'est d'ailleurs leur projet : rendre imprescriptible le crime de viol sur mineur.
A propos de viol, on ne dit pas assez que l'accusation de deux Suédoises à l'encontre de Julian Assange repose sur un dossier assez mince, puisque les deux femmes reconnaissent que la relation sexuelle était consentie. Elles lui reprochent maintenant, en tout et pour tout, d'avoir enlevé le préservatif pendant l'acte. Je me rappelle même avoir lu à l'époque (où ?) que le préservatif s'est en fait déchiré au cours de l'acte.
Peut-on appeler ça du viol ? Les féministes ont d'ores et déjà répondu : la définition du viol sera la plus extensive possible. Et la menace du pénal planera sur les coupables jusqu'à leur dernier instant. Il n'y a guère de différence, en fin de compte, entre les féministes qui jugent Polanski définitivement impardonnable et les hordes populaires qui guettent la fin du procès pour crier « A mort ! » au passage du condamné. Punir, punir, punir : c'est vraiment ça, être féministe ? Est-ce la haine, la motivation des féministes ? J'ai du mal à m'y faire.
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