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jeudi, 25 mai 2023

MORT DE TINA TURNER


Oui, définitivement, Tina Turner, c'est Proud Mary ! en 1969, avec au second plan la belle voix mâle de son Ike — son découvreur et persécuteur — et les tenues super-extra-mini de la chanteuse et des choristes.
Oui mais, Tina Turner, c'est surtout et à jamais le Proud Mary sorti de la plume de Gotlib, dans les pages du mémorable Echo des savanes de la grande époque (1972, fondé avec ses complices Bretécher et Mandryka), avec la tumescence (puis détumescence) du micro de la dame. 

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mercredi, 06 décembre 2017

JOHNNY A LA CROIX-ROUSSE

La Croix-Rousse n'est pas connue pour constituer le repaire central de la johnnylâtrie, c'est vrai, mais on y trouve le "Lorada bar", sorte de caverne au trésor, creusée il y a fort longtemps par le père du tenancier actuel dans un immeuble de la rue du Mail, qui avait la belle gueule et les santiags du rocker endurci, et qui a passé le flambeau il y a déjà plusieurs années. "Lorada" était le nom de la villa de 1000m² que Johnny avait à Ramatuelle. Quand il a succédé, le fiston a procédé à un nettoyage quasi industriel pour effacer les traces.

[En relisant ça, j'ai honte : j'aurais dû me renseigner un peu. Disons que le fiston, après avoir repris l'affaire, a repensé les lieux à sa façon personnelle. Mais je me demande quand même si, chez lui, Johnny est l'objet d'une passion aussi tonitruante que l'a vécue son père.] 

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Il faut dire que Papa, Bernard Page, n'avait pas lésiné : les murs étaient couverts des affiches de l'idole et des souvenirs glanés au fil du temps. Impossible d'échapper. Ce fan absolu avait même installé des tables dont le plateau de chacune, sans exception, portait, inclus dans l'épaisseur de la matière du plateau (si si ! enfin, il me semble), autant d'images du visage de Johnny Halliday. En entrant pour boire un verre, on n'avait pas intérêt à émettre le moindre commentaire désobligeant sur la déco. L'héritier a, en quelque sorte, "tué le père" en débarrassant les lieux de presque tous les souvenirs accumulés par Papa. Il a fait des lieux un café semblable à tous les autres.

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[Mes excuses au fiston, Cyril : après vérification, je reconnais qu'il a laissé aux murs des traces significatives de la passion de son père, et que la mort de l'idole a retenti comme un glas dans l'établissement, où le téléphone, paraît-il, n'a pas arrêté de sonner toute la journée.]

Sans être un fanatique de la "chanson de variété", comme j'écoutais beaucoup la radio, j'ai évidemment entendu Johnny Halliday, au moins dans ses succès successifs. Mais je me souviens comme si c'était hier de la première fois que j'ai entendu le chanteur mort cette nuit. C'était à la Croix-Rousse, déjà, mais dans le local des scouts de la 44ème Guy de Larigaudie, au 16 rue Pouteau, vous savez, la rue moitié chaussée moitié escaliers, sur les "Pentes", qui descend de la rue Jean-Baptiste Say à la rue Burdeau (et à la rue René-Leynaud par le passage Thiaffait ou le passage Mermet). 

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La rue Pouteau vue d'en bas.

Le 16 est presque en face de l'arrêt "Pouteau" de la ligne S6 (Hôtel de ville-Place Croix-rousse). A part ce détail, inutile de chercher le local : les lieux sont aujourd'hui méconnaissables, ils n'en reste que de pauvres moignons défigurés (il faut dire "modernisés"), et l'entrée est désormais bien à l'abri d'un digicode.

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On y accédait par une trentaine de marches qui conduisaient à une cour silencieuse, sauf quand le club des "Jeunes des Terreaux" se réunissait dans un autre local paroissial, voisin du nôtre. Qui avait apporté son Teppaz ? Qui avait acheté le 45 tours ? Aucune importance. Mais quand Marc, CP des "Ecureuils", a posé celui-ci sur l'appareil, puis le bras sur la galette, j'ai été, je dois le dire, saisi par le choc. Ce qui résonnait là s'appelait "Elle est terrible" (Regarde un peu celle qui vient, c'est la plus belle de tout le quartier, elle affole mes amis, même les plus petits ...). 

L'énergique tandem guitare basse-batterie qui domine le début venait de fracasser le mur de mes sons coutumiers. Les paupières de mes oreilles se sont ouvertes sur un monde qui est devenu un compartiment à part entière de ma passion pour la musique. C'était ma première aventure hors de l'univers Chopin-Beethoven. Celle-ci n'a pas réussi à faire de moi un converti monomaniaque et johnnylâtre, mais elle a créé un espace qui ne s'est pas refermé. Johnny, franchement, je ne porte aucun jugement, parce que je n'en pense rien.

Il se trouve que je n'ai jamais acheté un seul disque de celui que tout le monde reconnaît aujourd'hui comme une « bête de scène ». Mais il n'est pas sûr qu'on puisse le considérer comme un rocker pur et dur, tant il a chanté dans toutes sortes de styles. Johnny s'est adapté à toutes les modes qui marchaient, et n'est identifiable à aucun style en particulier. Classons-le plutôt dans la "variété". Or mon intérêt pour la "variété française", pour les yéyés et pour tout ce qui a suivi a toujours été poli et distant, et toujours par ondes radiophoniques interposées. Parmi les vrais rockers (et ce qui s'en rapproche) qui ont suivi, Duane Eddy et sa guitare spéciale (mais avec un saxo souvent bienvenu), le "Surfin' bird" des Trashmen (clip en costar chic et franchement bestial), et toute la smala d'Abd El Kader (ou la caravane d'Attila) des noms plus connus. Non, pas "toute", pour être sincère.

Version originale (ou presque).

Version "en public" (avec une prise de son catastrophique).

Et tiens, puisque j'en suis à Johnny, voilà que je retrouve une BD parue en 1973 (oui, çalyon,croix-rousse,johnny halliday,scoutisme,rue pouteau,croix-rousse les pentes,musique,rock'n roll,lorada,tourne-disque teppaz,johnny halliday elle est terrible,bande dessinée,revue pilote,pilote annuel 1973,jean-louis goussé,sylvie vartan,françoise hardy,sheila,claude françois commence à faire) dans le "Pilote annuel", sous la plume impertinente de Jean-Louis Goussé. Sous le titre "D'hier, d'aujourd'hui et de demain" : apparaissent quelques figures marquantes de la "Génération Yéyé" : Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Sheila et Claude François.

Mais au premier rang, à tout seigneur etc., sa majesté Johnny Halliday.

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Note : je me souviens d'une première version de "Dadou-ron-ron", qui était chantée par un certain Lucky Blondo (ou je ne sais qui d'autre).  Quand Johnny avait repris la chanson à son compte, grande avait été ma déconvenue. Et je sais toujours par cœur la première strophe de "L'idole des jeunes".

dimanche, 19 février 2017

MON AMI "BEACH BOYS"

Je ne suis pas un fondu de pop music : sorti de l'autoroute Beatles et du Boulevard Rolling Stones, j'avoue un illettrisme qui m'empêche de déchiffrer les panneaux plus petits et de me repérer à travers les multiples voies. Je fais pourtant une exception pour les Beach Boys, même si c'est avec des réserves. Ce n'est pas en effet sans un certain agacement que j'entends les "Garçons de plage" se complaire dans des textes d'une grande niaiserie, où il est question de bagnoles, de filles splendides et de garçons athlétiques qui se font bronzer et qui vont taquiner les vagues debout sur des planches, avant d'aller draguer en boîte (variante de "sea sex and sun"). La musique, en revanche, m'intéresse, essentiellement pour ses harmonies vocales, qui sont un peu leur signature.

C'est ainsi que quelques-unes de leurs chansons ont franchi la frontière de mes répugnances et pour elles, la douane de mon oreille a consenti à lever la barrière. L'une de ces belles chansons à s'être gravée dans l'oreille de mon esprit est "Sloop John B.". 


La première et la dernière reste cependant "Heroes and villains". C'est une chanson complexe, découpée en séquences nettement différenciées et aux harmonies successives déroutantes, qui semble porter un message à visée morale (je dis "semble"). Un truc absolument pas dansable : un truc de musique pure, de cheminement d'un événement sonore à l'autre, d'une ambiance acoustique à l'autre, d'un état sensoriel à l'autre (même une séquence "a cappella").


Brian Wilson (l'âme des Beach Boys) avait du génie. Il a eu la malchance de vivre à la même époque que les Beatles. Son ambition était de faire plus fort qu'eux. Mais il a eu beau s'atteler à la tâche titanesque de surpasser l'inventivité de Lennon-McCartney (sans oublier George Martin), il eut à faire face à Revolver, premier objet non identifié sorti d'Abbey Road (je ne compte pas ce qui précède, bien que ...), et il eut beau se lancer dans le défi de Smile (qui devait terrasser l'adversaire admiré), il fut terrassé par Sergent Pepper's lonely hearts club band, qui l'envoya à l'asile psychiatrique pour longtemps (et qui, accessoirement, tua la pop music pour un moment). C'est vrai qu'il avait pour cela des prédispositions chimiques. Et une longue expérience de ça.