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mercredi, 12 juin 2024

FRANÇOISE HARDY...

... PRÉSENTÉE PAR L'INOUBLIABLE MIREILLE

(sous le crayon moqueur de Marcel Gotlib, dans La Rubrique-à-brac).

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Je suis assez d'accord avec Gotlib et avec la grimace qu'il prête à la créatrice de l'émission "Le Petit Conservatoire de la Chanson", après la prestation de la chanteuse à la voix languissante, plaintive et tristounette sur son plateau. 

dimanche, 29 août 2021

DANS LA BOULE DE MADAME IRMA ...

... SOUS LE CRAYON DE GOUSSÉ.

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Sheila en cuisses et maillot de bain ; Vartan en habillé décontracté ; Hardy en crop-top.

***

Et voilà comment le dessinateur Goussé, alors à Pilote, voit l'avenir des trois Grâces.

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mercredi, 06 décembre 2017

JOHNNY A LA CROIX-ROUSSE

La Croix-Rousse n'est pas connue pour constituer le repaire central de la johnnylâtrie, c'est vrai, mais on y trouve le "Lorada bar", sorte de caverne au trésor, creusée il y a fort longtemps par le père du tenancier actuel dans un immeuble de la rue du Mail, qui avait la belle gueule et les santiags du rocker endurci, et qui a passé le flambeau il y a déjà plusieurs années. "Lorada" était le nom de la villa de 1000m² que Johnny avait à Ramatuelle. Quand il a succédé, le fiston a procédé à un nettoyage quasi industriel pour effacer les traces.

[En relisant ça, j'ai honte : j'aurais dû me renseigner un peu. Disons que le fiston, après avoir repris l'affaire, a repensé les lieux à sa façon personnelle. Mais je me demande quand même si, chez lui, Johnny est l'objet d'une passion aussi tonitruante que l'a vécue son père.] 

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Il faut dire que Papa, Bernard Page, n'avait pas lésiné : les murs étaient couverts des affiches de l'idole et des souvenirs glanés au fil du temps. Impossible d'échapper. Ce fan absolu avait même installé des tables dont le plateau de chacune, sans exception, portait, inclus dans l'épaisseur de la matière du plateau (si si ! enfin, il me semble), autant d'images du visage de Johnny Halliday. En entrant pour boire un verre, on n'avait pas intérêt à émettre le moindre commentaire désobligeant sur la déco. L'héritier a, en quelque sorte, "tué le père" en débarrassant les lieux de presque tous les souvenirs accumulés par Papa. Il a fait des lieux un café semblable à tous les autres.

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[Mes excuses au fiston, Cyril : après vérification, je reconnais qu'il a laissé aux murs des traces significatives de la passion de son père, et que la mort de l'idole a retenti comme un glas dans l'établissement, où le téléphone, paraît-il, n'a pas arrêté de sonner toute la journée.]

Sans être un fanatique de la "chanson de variété", comme j'écoutais beaucoup la radio, j'ai évidemment entendu Johnny Halliday, au moins dans ses succès successifs. Mais je me souviens comme si c'était hier de la première fois que j'ai entendu le chanteur mort cette nuit. C'était à la Croix-Rousse, déjà, mais dans le local des scouts de la 44ème Guy de Larigaudie, au 16 rue Pouteau, vous savez, la rue moitié chaussée moitié escaliers, sur les "Pentes", qui descend de la rue Jean-Baptiste Say à la rue Burdeau (et à la rue René-Leynaud par le passage Thiaffait ou le passage Mermet). 

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La rue Pouteau vue d'en bas.

Le 16 est presque en face de l'arrêt "Pouteau" de la ligne S6 (Hôtel de ville-Place Croix-rousse). A part ce détail, inutile de chercher le local : les lieux sont aujourd'hui méconnaissables, ils n'en reste que de pauvres moignons défigurés (il faut dire "modernisés"), et l'entrée est désormais bien à l'abri d'un digicode.

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On y accédait par une trentaine de marches qui conduisaient à une cour silencieuse, sauf quand le club des "Jeunes des Terreaux" se réunissait dans un autre local paroissial, voisin du nôtre. Qui avait apporté son Teppaz ? Qui avait acheté le 45 tours ? Aucune importance. Mais quand Marc, CP des "Ecureuils", a posé celui-ci sur l'appareil, puis le bras sur la galette, j'ai été, je dois le dire, saisi par le choc. Ce qui résonnait là s'appelait "Elle est terrible" (Regarde un peu celle qui vient, c'est la plus belle de tout le quartier, elle affole mes amis, même les plus petits ...). 

L'énergique tandem guitare basse-batterie qui domine le début venait de fracasser le mur de mes sons coutumiers. Les paupières de mes oreilles se sont ouvertes sur un monde qui est devenu un compartiment à part entière de ma passion pour la musique. C'était ma première aventure hors de l'univers Chopin-Beethoven. Celle-ci n'a pas réussi à faire de moi un converti monomaniaque et johnnylâtre, mais elle a créé un espace qui ne s'est pas refermé. Johnny, franchement, je ne porte aucun jugement, parce que je n'en pense rien.

Il se trouve que je n'ai jamais acheté un seul disque de celui que tout le monde reconnaît aujourd'hui comme une « bête de scène ». Mais il n'est pas sûr qu'on puisse le considérer comme un rocker pur et dur, tant il a chanté dans toutes sortes de styles. Johnny s'est adapté à toutes les modes qui marchaient, et n'est identifiable à aucun style en particulier. Classons-le plutôt dans la "variété". Or mon intérêt pour la "variété française", pour les yéyés et pour tout ce qui a suivi a toujours été poli et distant, et toujours par ondes radiophoniques interposées. Parmi les vrais rockers (et ce qui s'en rapproche) qui ont suivi, Duane Eddy et sa guitare spéciale (mais avec un saxo souvent bienvenu), le "Surfin' bird" des Trashmen (clip en costar chic et franchement bestial), et toute la smala d'Abd El Kader (ou la caravane d'Attila) des noms plus connus. Non, pas "toute", pour être sincère.

Version originale (ou presque).

Version "en public" (avec une prise de son catastrophique).

Et tiens, puisque j'en suis à Johnny, voilà que je retrouve une BD parue en 1973 (oui, çalyon,croix-rousse,johnny halliday,scoutisme,rue pouteau,croix-rousse les pentes,musique,rock'n roll,lorada,tourne-disque teppaz,johnny halliday elle est terrible,bande dessinée,revue pilote,pilote annuel 1973,jean-louis goussé,sylvie vartan,françoise hardy,sheila,claude françois commence à faire) dans le "Pilote annuel", sous la plume impertinente de Jean-Louis Goussé. Sous le titre "D'hier, d'aujourd'hui et de demain" : apparaissent quelques figures marquantes de la "Génération Yéyé" : Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Sheila et Claude François.

Mais au premier rang, à tout seigneur etc., sa majesté Johnny Halliday.

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Note : je me souviens d'une première version de "Dadou-ron-ron", qui était chantée par un certain Lucky Blondo (ou je ne sais qui d'autre).  Quand Johnny avait repris la chanson à son compte, grande avait été ma déconvenue. Et je sais toujours par cœur la première strophe de "L'idole des jeunes".

mercredi, 20 janvier 2016

DUTEURTRE REGARDE L'ÉPOQUE


DUTEURTRE.jpgBenoît Duteurtre est connu pour être producteur, sur France Musique. Il s'occupe de musiques dites "légères" et "de variété", dans son émission "Etonnez-moi, Benoît", excellent titre emprunté à la chanson que Patrick Modiano a écrite pour Françoise Hardy. Mais il paraît qu'il (Duteurtre) écrit par ailleurs des romans.

Voici ce qu’on peut lire dans Chemins de fer (Fayard, 2006). De la page 177 à la page 179. 

Jeudi 5 (janvier) 

A la télévision, un sociologue assure que notre société de « nantis » doit consentir des sacrifices. La « mondialisation, assure-t-il, n’autorise plus à penser égoïstement ». L’heure est venue de partager nos richesses avec la population des pays « émergents ». J’admire l’assurance avec laquelle cet homme de gauche, au nom de la générosité, explique aux salariés qu’ils ont trop profité et que cela ne peut plus durer. Sur le ton de la justice sociale, son discours rejoint celui des chefs d’entreprise : le moment est venu de renoncer à des avantages, à des horaires et à des salaires honteux qui font pâlir d’envie tous les pauvres de la Terre. Arc-boutés sur leur petit confort, les fonctionnaires manquent de grandeur d’âme ; ce sont eux qui ruinent la France, en refusant de sacrifier ce qu’on leur avait promis.  

J’ai grandi dans un autre monde, un autre système, qu’on appelait « social-démocratie ». Ce n’était pas une société égalitaire, mais l’inégalité y était moins grande. Mes parents, leurs amis, bénéficiaient pour la plupart d’emplois sûrs et d’avantages sociaux qui se renforçaient sans menacer les finances publiques ; les grands services assurés par l’Etat n’étaient pas soumis à la pression du marché ; la règle était l’équilibre entre le plus rentable et le moins rentable, et cela semblait promis à durer toujours. On nous assurait même que la croissance, l’innovation technique permettraient à chacun de mieux vivre en travaillant moins. 

Le rêve est passé. Tout ce qui n’est pas immédiatement rentable doit disparaître. Depuis trente ans, de mauvais choix en mauvaise solution, l’attention s’est polarisée sur un but unique : augmenter les marges et les profits, selon des normes comptables toujours plus exigeantes. Certains concepts sont devenus obsédants : concurrence, actionnaires, ouverture des frontières, et tout à commencé à se déliter. Depuis trente ans, des spécialistes annoncent que l’effort débouchera sur la « sortie du tunnel », mais le tunnel se prolonge et chacun doit consentir de nouveaux sacrifices, qui renforcent la précarité ; je me demande : pourquoi une société si stable devait-elle se décomposer ? Est-ce un choix que nous avons accompli ou que d’autres ont fait pour nous ? Les responsables ont-ils menti ? Se sont-ils continuellement trompés ? Ont-ils changé de cap sans en informer quiconque ?

Ce n'est, certes, qu'un roman. Je ne l'ai pas lu, c'est quelqu'un de bien intentionné qui m'a cafté le passage. C'est un petit roman, mais là, ça dit très simplement des choses très simples. Et bien vraies. Le propos n'est pas d'une portée vertigineuse, mais c'est toujours ça de pris.

Ce n'est pas être perclus de nostalgie que de n'avoir aucun mot à retrancher.

Voilà ce que je dis, moi.

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Note : Ah, les paroles écrites par Modiano pour Françoise Hardy : « Marchez sur les mains, avalez des pommes de pin, mangez des abeilles, etc. », tout ça parce qu'une pauvre fille s'ennuie ...