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jeudi, 25 mai 2023

MORT DE TINA TURNER


Oui, définitivement, Tina Turner, c'est Proud Mary ! en 1969, avec au second plan la belle voix mâle de son Ike — son découvreur et persécuteur — et les tenues super-extra-mini de la chanteuse et des choristes.
Oui mais, Tina Turner, c'est surtout et à jamais le Proud Mary sorti de la plume de Gotlib, dans les pages du mémorable Echo des savanes de la grande époque (1972, fondé avec ses complices Bretécher et Mandryka), avec la tumescence (puis détumescence) du micro de la dame. 

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samedi, 11 juin 2022

UNE FACÉTIE DE GOTLIB

Vous voulez un super-héros 100 % franchouillard et 0 % matière graisseuse de Marvel Comix ? Un super-héros en béret, marcel, charentaises et caleçon de flanelle ? Il existe. Les amateurs connaissent évidemment Superdupont né en 1972 dans la revue Pilote (source BDM) et qui figure dans le tome 5 de cette bible de "l'humour glacé et sophistiqué" qu'est la Rubrique-à-Brac, p.398 et suiv. de Rubrique-à-Brac l'Intégrale (Dargaud,2002).

En 1972, le dessinateur a commencé à s'éloigner de Pilote et de son génial patron René Goscinny, mort en 1977. Il a déjà fomenté, avec ses complices Claire Bretécher (Les Frustrés, Cellulite, etc.) et Mandryka (Le Concombre masqué, ...), la création de cette revue qui va chahuter, et même chambouler le petit monde de la B.D. : L'Echo des Savane. Pilote est une publication destinée à la jeunesse. Et visiblement, Gotlib a envie de s'adresser à un public adulte, de façon moins contrainte que dans cet hebdomadaire trop sage par force et par définition.

J'avoue que lorsque j'ai eu en main le premier numéro de L'Echo, j'ai senti le souffle jubilatoire de l'explosion, en particulier, dans le n°1, celle par laquelle Gotlib dynamitait à coups de sexe quelques-uns des contes pour enfants les plus connus (Blanche-Neige, Le Petit Poucet, Le Petit Chaperon Rouge, etc.). Il donnait aussi libre cours à quelques délires assez joyeux et débridés. Quand je me replonge aujourd'hui dans les B.D. nées de cette explosion, je dois cependant reconnaître que je trouve tout ça vieillot et lourd, voire presque vain. Et pas drôle. Pardon, Gotlib.

Mais trêve de bavardages, je reviens à mon Superdupont et à la facétie annoncée. Oh, ce n'est qu'un détail blotti dans un petit coin de la vignette, un détail fait pour passer (presque) inaperçu aux yeux de la censure vigilante. Regardez plutôt.

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Et maintenant, prenons notre loupe et braquons-la sur le détail visé (deuxième vignette : la colonne Morris abrite l'entrée du repaire de Superdupont, je laisse de côté le chien qui lève la patte).

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Un drôle d'autoportrait, comme une signature insolente placée sous les yeux de Goscinny le patron, juste avant de mettre les voiles vers de nouvelles aventures en compagnie de ses potes. Je dirais volontiers, malgré l'incongruité, que Gotlib fait un pied de nez au garçon sage qu'il a longtemps été pour lâcher les rênes à des fantasmes qui frappaient à la porte de plus en plus impérieusement. En même temps, il pète discrètement au nez de l'establishment de la B.D. jeunesse. 

vendredi, 14 février 2020

CLAIRE BRETÉCHER

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Pour moi, le grand oeuvre de Claire Bretécher se trouve dans Les Frustrés. Ci-dessous une planche intitulée La Bohême, où l'avachissement physique et moral du "Bobo" se lit sans peine.

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N°25 de Pilote, juillet 1976.

Je n'oublie pas que Bretécher a fondé L'Echo des savanes en compagnie de Gotlib et Mandryka. Ci-dessous, les trois fondateurs dans un petit roman-photos où les deux hommes se disputent les faveurs de la femme. Peine perdue : c'est un troisième larron (Gébé) qui emportera la jolie proie.

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Ci-dessous, quelques vignettes d'un "hommage" (aux petits oignons) de Gotlib à sa complice : "l'intervieweur" interroge la dessinatrice sur ses goûts cinématographiques.

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Ci-dessus, observer le "lancement" des deux lentilles de contact.

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J'ai appris incidemment que cette femme issue de la bonne bourgeoisie nantaise avait épousé l'immense constitutionnaliste Guy Carcassonne.

mardi, 02 avril 2019

PROUD MARY


Et l'interprétation de la même chanson par Marcel Gotlib dans l'inoubliable Echo des savanes (c'est le micro - qui devient macro - qu'il faut observer).

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Et pour ceux qui trouve la version ci-dessus trop tape-à-l'oreille.


Et pour les amateurs d'authentique : Creedence Clearwater Revival.


 

lundi, 05 décembre 2016

GOTLIB EST MORT !

Gotlib est mort ! Mauvais signe !

Non, je ne vais pas baratiner mon baratin ou délayer ma confiture au moment où le cher Marcel nous quitte. J'ai juste entendu : « Il était le père de Gai-Luron et de Super-Dupont ».

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Ces deux vignettes (qui se suivent et se répondent dans la planche) sont tirées des Dingodossiers.

Je me suis dit, avant même d'écouter la suite : « Ah bon ? Et Bougret-Charolles, alors ? Isaac Newton ? La coccinelle ? L'élève Chaprot ? Le professeur Blurp (note du 7 : toutes mes excuses au professeur Burp, dont j'ai estropié l'estimable patronyme) ? Et Hamster jovial ? L'hyène ? La girafe ? Le boueux de mon enfance (« Tu vois fiston ? Souple, la main ! ») ? Le capitaine Capitaine et le matou matheux ?  Le loup végétarien ? Fanchon la cruche (« Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se case ») ? Et la sœur Anne, celle qui "raque aux deux berges" ? Et "Si goret su goret pas venu" ? Et "lblésmoutilabiscouti" (réponse : oui, lblésmoulabiscou) ? Et le Biaffrogalistan ? Et le petit chaperon rouge dans la brousse africaine, avec ses dialogues en "petit nègre" ? Et Alain Delon dans sa lamasserie, converti au bouddhisme (« Lama Delon vient nous servir à boire ») ? ». L'accroche journalistique était prévisible, certes. Mais.

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Au centre, Bougret (avec la tête de Gébé) et Charolles (la tête de Gotlib). Tout autour du tandem héroïque, gravitent Tarzan (on note son pied gauche), le samouraï qui demande à Léon un petit blanc sec, pour la femme, j'ai oublié, puis le meunier qui ne rêve que d'aventures chevaleresques et sur le moulin duquel Don Quichotte vient se fracasser, Aristidès Othon Frédéric Wilfried, l'innocent à tête de Fred, l'enfant sauvage du docteur Itard-Truffaut, le chien du professeur Burp et Blondeaux Georges Jacques Babylas, le coupable à tête de Goscinny. Je n'ai pas parlé de la coccinelle, parce qu'on ne parle pas de la coccinelle, voyons !

On a beau savoir, on ne s'habitue pas. Le dernier en date, c'était Moebius. Un peu avant, c'était Fred. Pourquoi on ne s'habitue pas ? Eh bien c'est qu'on s'approche aussi, n'est-ce pas. Il avait quatre-vingt-deux ans. Il ne dessinait plus depuis longtemps, il avait fait le tour de son possible et de son désirable à lui. Ma foi, quand on est à l'heure du bilan (voyez François Hollande), on voit ce qui reste. Et quand on voit ce que Gotlib laisse derrière lui, alors là pardon, excusez du peu. Monsieur Hollande peut aller se rhabiller. Parce que Gai-Luron et Superdupont, je veux bien, mais il faut commencer par le commencement.

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En couverture du catalogue publié pour l'expo qui a eu lieu en 2014 au musée d'art et d'histoire du judaïsme. On n'y retrouve pas, malheureusement, les trois planches qui figuraient à l'expo, où Gotlib met en scène sa mère Régine qui vient s'asseoir devant le poste de télé, avec des copines, un soir où son fils intervient dans je ne sais plus quelle émission. Trois pages absolument formidables. Je crois qu'il a cessé de dessiner juste après la mort de cette mère.

Pour moi, le commencement, c'est Les Dingodossiers. Et le sommet, La Rubrique-à-brac. C'est-à-dire la période Pilote. Et puis il y a les revues : Pilote, L'Echo des savanes, Fluide glacial (magazine « d'umour et bandessinée »). Même si j'aime moins (rétrospectivement, s'entend) ce qu'il a fait après Pilote (revue pleine d'humour « glacé et sophistiqué »), dans L'Echo ou Fluide (plus à fond dans la dérision), je n'enlève rien, je prends tout. Comme dit Victor Hugo (mais c'est au sujet d'un certain William Shakespeare, c'est tout de même autre chose que de la B.D.) : « Dans un chef d'oeuvre, j'entre chapeau bas ».

Si je voulais évoquer ce que je préfère dans toute la production gotlibienne, j'aurais l'embarras du choix. Allez, arbitrairement, j'en reviens aux débuts avec Goscinny, avec deux doubles pages qui restent délectables : "Les grands enfants" et "Les petits hommes", où le scénariste doué imagine allègrement des adultes retournés à la communale, puis des enfants dotés de comportements plus raisonnables que leur âge.

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La dame respectable.

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Les respectables hommes d'affaires au restaurant.

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Le goûter des petites filles soucieuses de leur ligne.

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Les petits garçons qui ont bien l'intention d'arrêter la sucette.

Merci pour tout, monsieur Gotlib.

mardi, 01 juillet 2014

GOTLIB ET LE TEMPS

J'ai déjà dit tout le bien qu'il faut penser (et que je pense que tout le monde pense) du dessinateur Gotlib, inventeur des Dingodossiers (avec Goscinny), de La Rubrique-à-brac (tout seul), de Pervers pépère, de Cinémastock (avec Alexis), de L'Echo des savanes (avec Bretécher et Mandryka), de Fluide glacialumour et bandessinée ») : on n'en finirait pas. Inutile d'ajouter que je révise régulièrement (pour les amateurs et les autres, la formule qui introduit la présente phrase s'appelle une « prétérition », pour dire qu'on ne va pas dire ce qu'on va dire et qu'on dit quand même, c'est toujours amusant, enfin, souvent).

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Je ne vais pas énumérer mes innombrables pages préférées, il faudrait tout citer. Je m'arrête juste aujourd'hui sur le délire inspiré à Gotlib par le thème bien connu des amateurs de science-fiction : les voyages dans le temps. Et le paradoxe qu'il en tire me paraît toujours aussi rigolo. On trouve ces vignettes dans le volume ci-dessus.

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Bon, certains diront peut-être : « Œdipe, quand tu nous tient, les mères juives, ... » et tout ça. Excusez-moi, mais la psychanalyse, franchement... Ce qui est plus rigolo, c'est de constater aujourd'hui que Gotlib ne faisait qu'anticiper sans le savoir les énormes débats sur la filiation (adoption, mères porteuses, enfin non : « gestation pour autrui », vous savez ce truc où on apporte les ingrédients à la cuisinière qui vous vendra ensuite le gâteau qu'elle a concocté pour vous) qu'a suscités le vote de la loi sur le mariage homosexuel. On n'a peut-être pas fini de rigoler.

Je signale aux adeptes de Gotlib les excellentes adaptations radiophoniques que Gabriel Dufay propose en ce moment de la Rubrique-à-brac et de Trucs en vrac. C'est tous les jours sur France Culture à 11h 50. Il y en aura 10 en tout. Et ça s'arrête vendredi. Et on peut réécouter sur le site de France Culture. C'est très réussi.