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lundi, 04 juillet 2022

L'INTELLO ET LA B.D.

GROENSTEEN THIERRY LE BOUQUIN DE LA BD.jpg

Belle couverture, massacrée par le hideux barbouillage d'un nommé Lewis Trondheim, auteur à la mode, paraît-il. Cela en dit long sur ce qu'est devenue la bande dessinée.

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LISTE EXHAUSTIVE DES COLLABORATEURS

Thierry Groensteen, Jean-Charles Andrieu de Levis, Raphaël Baroni, Camille Baurin, Evariste Blanchet, Alain Boillat, Elsa Caboche, Sébastien Charbonnier, Gilles Ciment, Benoît Crucifix, Pierre-Laurent Daurès, Erwin Dejasse, Philippe Delisle, Isabelle Delorme, Julie Demange, Agnès Deyzieux, Jacques Dürrenmatt, Henri Garric, Laurent Gerbier, Xavier Guilbert, Manuel Hirtz, Anne-Hélène Hoog, Nicolas Idier, Jean-Paul Jennequin, Bernard Joubert, Guillaume Laborie, Marion Lejeune, Clément Lemoine, Fabrice Leroy, Sylvain Lesage, Samuel Lévêque, Pierre Lungheretti, Vincent Marie, Jean-Philippe Martin, Jean-Pierre Mercier, Anne Miller, Benoît Mitaine, Harry Morgan,, Philippe Morin, Frédéric Paques, François Poudevigne, Gwendal Rannou, Maël Rannou, Camille Roelens, Nicolas Rouvière, Johanna Schipper, Bounthavy Suvilay, Nicolas Tellop, Philippe Videlier, Luc Vigier, Pascal Vimenet. Ouf !

Voilà, je ne vous ai rien épargné, je pense n'avoir oublié personne. Qui cela peut-il intéresser, franchement ? Cinquante et un noms, sauf erreur. Cinquante et un lampistes (notez que je n'ai pas dit "lumières") qui ont quelque chose à voir avec l'Université, de près ou de loin et du bas au haut échelon, chacun étant doté d'un palmarès éditorial plus ou moins fourni. Attention les yeux, on est prié de saluer bien bas. Je relève, en piochant au hasard, un maître de conférence auteur d'une thèse sur Aragon ; une doctorante qui étudie la circulation transnationale de récits transmédiatiques [là, je pouffe !!!] ; un titulaire d'un master de stylistique appliquée à la bande dessinée ; un agrégé d'histoire et normalien ; un maître de conférence en littérature à l'université Grenoble-Alpes ; un bibliothécaire à la Ville de Paris ; un professeur associé à l'université de Lausanne ; un spécialiste de didactique de la philosophie ; un professeur à Sorbonne université ; un diplômé d'une grande école d'ingénieur ; un directeur d'un ancien ministre de la Culture et de la Communication ; un historien de l'art ; une doctorante en histoire culturelle ; une chercheuse associée au Centre d'histoire de Sciences Po ... Pitié, n'en jetez plus. Rien que du beau monde ! Un Temple du Savoir. Ma parole, ce "Bouquin" « est un temple, où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ». Je confirme l'oracle de Baudelaire : souvent confuses, les paroles, et plus souvent qu'à leur tour. Paroles d'intellos, j'espère qu'on a compris. De quoi vous dégoûter de la bande dessinée !

Il fut un temps où Le Lombard, Dargaud, Casterman, Dupuis et de très rares autres éditeurs se contentaient de publier chaque année cent cinquante albums de bande dessinée, des livres destinés à la jeunesse, et qui trouvaient place dans un recoin vaguement honteux des bibliothèques de famille, où Papa allait jeter un œil quand les enfants étaient couchés. Aujourd'hui, il pleut des auteurs aussi dru que grenouilles en plaies d'Egypte, les éditeurs pullulent, les librairies spécialisées prospèrent et les albums de B.D. prolifèrent plus vite que la vermine au rythme de cinq mille (5.000 !) par an. 

Mais ce n'est pas pour autant que le prix de chaque album s'est effondré, au contraire : le plus grand soin est apporté à l'impression, le coût de fabrication s'en est ressenti. Sans parler des TT (tirages de tête, mais souvent à plus de 1.000 exemplaires !). Résultat : plus de Jerry Spring aux couleurs bavouillantes, plus de Gil Jourdan sur papier hygiénique, plus de Marc Dacier aux pages qui volent à la première lecture. Mais en contrepartie, plus question de se procurer toute la production. 

Plus de cinq mille B.D. dans une seule année, quand même, et sans parler de la qualité des scénarios et des dessins, il ne faut pas s'étonner si la plupart des auteurs n'arrivent pas à vivre de leur "art" et en sont réduits à toucher le R.S.A. ou à occuper des petits jobs un peu rémunérateurs : trop de marchandises sur un marché saturé, ça fait forcément baisser la valeur symbolique. La demande n'a pas suivi la croissance exponentielle de l'offre. Pour faire un peu mon cuistre, je dirai qu'en un demi-siècle, on est passé d'un marché très nettement oligopole à un marché outrageusement oligopsone. Et je ne compte pas ici les importations de quelques espèces invasives que sont les super-héros Marvel ou les mangas japonais (pardon pour le pléonasme !), dont les blockbusters trônent en tête de gondole. Il ne reste à la piétaille et aux troupiers ordinaires de la B.D. que les miettes d'un festin plantureux.

Aujourd'hui, donc, la Bande Dessinée s'est hissée au rang de genre presque noble. Comme le dit Nicolas Rouvière dans son article "Enseignement (1)" : « ... l'hostilité farouche a cédé la place à une intégration résignée, puis la récupération intéressée s'est transformée en légitimation affichée ». C'est assez correctement décrire les phases du processus qui a vu la B.D. se rapprocher de l'avant-scène pour finir par escalader le piédestal. C'est aussi montrer qu'on ne sait plus trop quoi étudier, puisqu'avec ce qui dort sur les dizaines de kilomètres de rayons des Archives, Bibliothèques publiques et autres réceptacles du "dépôt légal", on a l'impression que tout est dit, et qu'il est impossible et vain d'essayer de dénicher de nouveaux filons de recherche. C'est ainsi que le patron de thèse en est réduit à réorienter les futurs chercheurs : « Eh coco, si tu allais voir du côté de la B.D. ? ».

La conséquence de tout ça, c'est que les intellos et universitaires de tout poil, à commencer par les spécialistes de "sciences" humaines, ne croient plus déshonorant d'élever à la dignité d'objet de savoir classique ce soi-disant "neuvième art", qui aurait dû se contenter du statut d'art mineur réservé au passe-temps des petits et des grands enfants. Du coup, des savantasses se sont mis à gamberger, à baver du savoir et à produire des concepts forgés "ad hoc" par les boyaux de leurs têtes, faisant fleurir de grands jardins de prises de tête carabinées et d'abstractions incolores, inodores et sans saveur.

Tandis que Sylvain Lesage s'interroge douloureusement sur l'expression « éminemment problématique » d' "imagerie populaire", et que Nicolas Tellop découvre que, dans une bande dessinée où l'auteur adapte une œuvre littéraire, « l'économie narrative se déplace en grande partie du langage écrit vers celui du dessin » (mâtin ! quelle perspicacité !), Thierry Groensteen — le maître d'œuvre de toute l'entreprise — juge que « le propre du héros est d'aller s'empêtrer dans des histoires, pour mieux s'en dépêtrer au terme d'une intrigue fertile en rebondissements ». On ne saurait mieux dire le fond des choses, dirait Vialatte. Je signale juste à l'éminent "scientifique spécialisé dans la B.D." — je me marre ! — que Zantafio, le cousin malfaisant de Fantasio, se fait appeler le général Zantas, et non Zantos, dans Le Dictateur et le champignon, avouez que ça la fiche mal.

Bon, je pourrais passer un bon moment à brocarder les trouvailles lexicales, à me gausser des inventions sémantiques et à tourner en dérision les innovations intellectuelles dont la cinquantaine de balourds diplômés alourdit la barque de ce simple divertissement que doit rester la bande dessinée, mais on a mieux à faire, n'est-ce pas. Il reste que ce Bouquin de la bande dessinée est un livre fondamentalement inutile, et que j'ai dépensé 30€ en pure perte. J'aurais dû un peu regarder dedans avant. Cela me renforce dans ma conviction que l'obsession des sciences-humanistes, sorbonards, sorbonagres et sorbonicoles (merci maître François Rabelais) de transformer le moindre fait humain en objet de savoir digne d'attention est une duperie, et probablement une imposture. 

Accessoirement et au surplus, moi qui me considère simplement comme un vieil amateur, je me permets de regretter que l'édition de B.D. soit devenue cette forêt inextricable, cette jungle découpée en ghettos culturels délimités par de redoutables frontières de genre. D'éminents intellos auront beau me dire que les temps ont changé, que x, que y et que z, je n'en démords pas : un art mineur n'a aucun droit à être traité à l'égal d'un art majeur. Je me rappelle une dispute mémorable qui avait opposé Guy Béart et Serge Gainsbourg sur un plateau de télévision : le premier soutenait que la chanson est un art aussi noble que ceux appartenant au trivium et au quadrivium, ce dont le second se moquait ouvertement et avec force sarcasmes : imagine-t-on Charles Trenet ou Georges Brassens à l'Académie française ? C'est évidemment Gainsbourg qui avait raison. La B.D., après tout, ne se trouve-t-elle pas très à l'aise sur le second rayon ? Vous dites ? De quel droit je me permets de hiérarchiser ? Mais, cher monsieur, du même droit que vous vous permettez de m'affirmer le contraire ! 

Je conclurai cette petite diatribe par une modeste considération sur l'évolution du présent monde : on sait que les excellents pianistes surabondent, que les violonistes impeccables foisonnent, que les dessinateurs doués fourmillent et que la littérature souffre d'un surpeuplement de gens qui savent écrire correctement. Au point que, chacun dans sa spécialité, tout ce petit monde se trouve en butte à la saturation du marché de l'emploi. Trop de gens veulent jouer du piano, du violon, du pinceau (de la "tablette graphique" pour les plus "modernes") ou du stylo (pardon : du traitement de texte). Le nombre de clients intéressés n'est pas extensible à l'infini. Dans ces conditions, difficile de percer et de vivre convenablement de son art.

Il en est de même à l'Université : trop de gens ont l'ambition de devenir sociologues, historiens, philosophes, économistes, que sais-je. On ne sait plus où les fourrer. On ne sait plus quoi en faire ni quoi leur faire faire. On ne sait plus où donner de la "recherche" ou de la "spécialité". Comment occuper (et payer) tant de cerveaux ? L'Université déborde, étouffe, s'effondre sous son propre poids d'intelligence, obligée de développer une infinité de micro-domaines, de micro-spécialités et de micro-filières, autant de "champs" plus pointus que la voix de ma concierge et plus étroits que le jardin de mon oncle Symphorien.

Il y a tellement d'intelligences en exercice qu'elles se contredisent, s'annulent, et qu'il n'est plus possible de comprendre quoi que ce soit au monde tel qu'il vient. Face à ce Niagara de verbe et de savoirs qui voudrait m'expliquer ce que je dois penser de ce que j'aime ou déteste et pourquoi il faudrait que je pense autrement, je m'efforce de cultiver le tout petit bout de jardin respirable que la vie a ouvert autour de moi.

Voilà ce que je dis, moi.

Note 1 : Je m'abstiendrai de dire quoi que ce soit des articles "Colonialisme", "Femme (1)", "Femme (2)", "Homosexualité", où s'expriment en liberté, méticuleusement épouillés pour apparaître dans leur splendeur arrogante, les stéréotypes culturels à la mode, je veux dire ceux qui détiennent aujourd'hui l'autorité, je veux dire ceux qui font la police dans les avenues des opinions.

samedi, 11 juin 2022

UNE FACÉTIE DE GOTLIB

Vous voulez un super-héros 100 % franchouillard et 0 % matière graisseuse de Marvel Comix ? Un super-héros en béret, marcel, charentaises et caleçon de flanelle ? Il existe. Les amateurs connaissent évidemment Superdupont né en 1972 dans la revue Pilote (source BDM) et qui figure dans le tome 5 de cette bible de "l'humour glacé et sophistiqué" qu'est la Rubrique-à-Brac, p.398 et suiv. de Rubrique-à-Brac l'Intégrale (Dargaud,2002).

En 1972, le dessinateur a commencé à s'éloigner de Pilote et de son génial patron René Goscinny, mort en 1977. Il a déjà fomenté, avec ses complices Claire Bretécher (Les Frustrés, Cellulite, etc.) et Mandryka (Le Concombre masqué, ...), la création de cette revue qui va chahuter, et même chambouler le petit monde de la B.D. : L'Echo des Savane. Pilote est une publication destinée à la jeunesse. Et visiblement, Gotlib a envie de s'adresser à un public adulte, de façon moins contrainte que dans cet hebdomadaire trop sage par force et par définition.

J'avoue que lorsque j'ai eu en main le premier numéro de L'Echo, j'ai senti le souffle jubilatoire de l'explosion, en particulier, dans le n°1, celle par laquelle Gotlib dynamitait à coups de sexe quelques-uns des contes pour enfants les plus connus (Blanche-Neige, Le Petit Poucet, Le Petit Chaperon Rouge, etc.). Il donnait aussi libre cours à quelques délires assez joyeux et débridés. Quand je me replonge aujourd'hui dans les B.D. nées de cette explosion, je dois cependant reconnaître que je trouve tout ça vieillot et lourd, voire presque vain. Et pas drôle. Pardon, Gotlib.

Mais trêve de bavardages, je reviens à mon Superdupont et à la facétie annoncée. Oh, ce n'est qu'un détail blotti dans un petit coin de la vignette, un détail fait pour passer (presque) inaperçu aux yeux de la censure vigilante. Regardez plutôt.

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Et maintenant, prenons notre loupe et braquons-la sur le détail visé (deuxième vignette : la colonne Morris abrite l'entrée du repaire de Superdupont, je laisse de côté le chien qui lève la patte).

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Un drôle d'autoportrait, comme une signature insolente placée sous les yeux de Goscinny le patron, juste avant de mettre les voiles vers de nouvelles aventures en compagnie de ses potes. Je dirais volontiers, malgré l'incongruité, que Gotlib fait un pied de nez au garçon sage qu'il a longtemps été pour lâcher les rênes à des fantasmes qui frappaient à la porte de plus en plus impérieusement. En même temps, il pète discrètement au nez de l'establishment de la B.D. jeunesse. 

samedi, 21 mai 2022

NOUS ET NOTRE EXOSQUELETTE

Dans cette mine d'or à ciel ouvert qu'est l'ouvrage en bande dessinée Le Monde sans fin, de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain (Dargaud, 2021), je me régale des trouvailles de l'ingénieur-pédagogue pour aider le lecteur à se faire une idée concrète des problèmes complexes qu'il expose, servi tant bien que mal par les dessins de son acolyte. Pour l'amener en quelque sorte à visualiser ce qui apparaîtrait foutrement abstrait à force d'aridité.

Par exemple, pour expliquer les pouvoirs extraordinaires dont l'innovation technique incessante a doté le moindre individu mâle ou femelle de l'époque actuelle, il a eu l'idée de les représenter dans la figure genre "Marvel Comics" d'IRON MAN, conçue comme un facteur démultiplicateur de la simple force musculaire individuelle : « Le parc de machines qui travaillent pour nous est une sorte d'exosquelette qui a la même force mécanique que si notre puissance musculaire était multipliée par 200 » (p.43). Il va de soi que, hors de cet exosquelette, nous nous affaisserions comme des bouses, comme des êtres chétifs et pitoyables perdus dans la nature hostile. Iron Man, en quelque sorte, nous permet de vivre dans une redoutable ILLUSION de puissance.

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Je n'ai pas modifié le texte de la bulle : je l'ai juste bidouillé pour le rendre moins pénible à déchiffrer (un défaut du livre).

Iron Man — j'ajoute Iron Woman, parce que, pour les femmes, réputées musculairement moins avantagées, la chose est encore plus spectaculaire — peut tout, ou presque. Iron Man, c'est la personnification de l'ensemble des machines qui peuplent aujourd'hui le monde, et qui permettent d'une part de tout explorer, de tout exploiter, de tout fabriquer, de tout consommer, et d'autre part d'éviter aux individus qui en ont les moyens de « travailler à la sueur de leur front », de s'astreindre à des tâches rebutantes, fatigantes et jugées parfois dégradantes. Iron Man, c'est LE SYSTÈME machinique, industriel et, disons-le, capitaliste (tout à la fois abstraction anonyme et puissance concrète hégémonique), et c'est aussi l'innombrable masse des individus qui sont pris dans sa logique impériale et sont bien obligés de courber l'échine sous sa loi.

La contrepartie de cette toute-puissance, et qui a fini par faire sentir ses effets désagréables, puis nocifs, puis carrément délétères, c'est qu'Iron Man est un assoiffé pathologique, et qu'il faut lui injecter sans arrêt plus de pétrole si l'on ne veut pas qu'il cesse de fonctionner. L'ennemi d'Iron Man, c'est la panne sèche. Et la panne c'est notre angoisse, notre hantise et, peut-être bientôt, notre cauchemar : « Pourvu que rien ne vienne interrompre le flux énergétique qui nous alimente ! », nous disons-nous. « Pourvu que personne ne coupe le cordon ombilical par lequel nous arrive notre carburant vital ! »

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Vous les voyez, tous les enjeux géopolitiques ? Vous les voyez, les pétroles de schiste du Texas ? Les sables bitumineux de l'Alberta ? L'oléoduc russe Northstream II ? Toutes les menaces qui pèsent déjà sur l'équilibre instable du monde ? Bon, on me dira qu'on sait tout ça. Certes, rétorquerai-je, mais Jancovici et Blain ajoutent à ce savoir déjà enregistré, catalogué, mémorisé, une incomparable force de persuasion par le détour de la narration et de l'illustration. Quant à savoir si ce savoir suscitera une action en retour, va savoir ...

Car Jean-Marc Jancovici se veut avant tout vulgarisateur. Mais attention, pas le petit tâcheron capable de bousiller toute une discipline en prétendant la mettre à la portée du vulgum pecus. Ici, on est dans la grande vulgarisation, la sérieuse, celle qui pèse de tout son poids sur la diffusion des données scientifiques les plus importantes dans les plus larges couches de la population. Ce livre qui fait peur s'est déjà vendu à plus de 250.000 exemplaires (chiffre donné dans M. le Magazine du Monde daté 19 mars 2022). 

Je ne cesse d'apprendre ma leçon en revenant souvent à cette source de lucidité : plus ça va, moins je supporte les bonimenteurs, doreurs de pilules, beurreurs de tartines et autres passeurs de pommade et cireurs de grolles.

Voilà ce que je dis, moi.