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samedi, 25 mai 2024

TAYLOR SWIFT ET LE MICRO

 

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Vu dans Le Progrès daté 24 mai 2024 (photo Shutterstock/Sipa). La chanteuse se prépare aux meetings qui auront lieu bientôt à Lyon (en fait à Décines). Vu l'emplacement et l'orientation du micro, je soupçonne une facétie, peut-être, du photographe, mais du journal, plus certainement. Et puis il y a mon esprit mal tourné. 

dimanche, 19 février 2017

MON AMI "BEACH BOYS"

Je ne suis pas un fondu de pop music : sorti de l'autoroute Beatles et du Boulevard Rolling Stones, j'avoue un illettrisme qui m'empêche de déchiffrer les panneaux plus petits et de me repérer à travers les multiples voies. Je fais pourtant une exception pour les Beach Boys, même si c'est avec des réserves. Ce n'est pas en effet sans un certain agacement que j'entends les "Garçons de plage" se complaire dans des textes d'une grande niaiserie, où il est question de bagnoles, de filles splendides et de garçons athlétiques qui se font bronzer et qui vont taquiner les vagues debout sur des planches, avant d'aller draguer en boîte (variante de "sea sex and sun"). La musique, en revanche, m'intéresse, essentiellement pour ses harmonies vocales, qui sont un peu leur signature.

C'est ainsi que quelques-unes de leurs chansons ont franchi la frontière de mes répugnances et pour elles, la douane de mon oreille a consenti à lever la barrière. L'une de ces belles chansons à s'être gravée dans l'oreille de mon esprit est "Sloop John B.". 


La première et la dernière reste cependant "Heroes and villains". C'est une chanson complexe, découpée en séquences nettement différenciées et aux harmonies successives déroutantes, qui semble porter un message à visée morale (je dis "semble"). Un truc absolument pas dansable : un truc de musique pure, de cheminement d'un événement sonore à l'autre, d'une ambiance acoustique à l'autre, d'un état sensoriel à l'autre (même une séquence "a cappella").


Brian Wilson (l'âme des Beach Boys) avait du génie. Il a eu la malchance de vivre à la même époque que les Beatles. Son ambition était de faire plus fort qu'eux. Mais il a eu beau s'atteler à la tâche titanesque de surpasser l'inventivité de Lennon-McCartney (sans oublier George Martin), il eut à faire face à Revolver, premier objet non identifié sorti d'Abbey Road (je ne compte pas ce qui précède, bien que ...), et il eut beau se lancer dans le défi de Smile (qui devait terrasser l'adversaire admiré), il fut terrassé par Sergent Pepper's lonely hearts club band, qui l'envoya à l'asile psychiatrique pour longtemps (et qui, accessoirement, tua la pop music pour un moment). C'est vrai qu'il avait pour cela des prédispositions chimiques. Et une longue expérience de ça. 

jeudi, 14 janvier 2016

DAVID BOWIE, HÉROS BAROQUE

Je veux rendre hommage, à mon tour, à un grand disparu. Enfin, quand je dis "hommage", j’exagère. Pour être franc, je n’ai jamais beaucoup aimé la musique de David Bowie. Question de génération sans doute. Moi, ma pop music, c’était Beatles-Rolling Stones. Le personnage non plus ne m’a guère intéressé. Doit-on vraiment la chanson « Angie » des Rolling Stones au fait que la dite Angie, mariée à David Bowie à l’époque, a surpris celui-ci au lit en pleine partie de jambes en l’air avec Mick Jagger ? Je m’en contrefiche. De toute façon, je préférerais plutôt "Sympathy for the devil" (hou-hou). 

VILLA 1 NELLCOTE.jpgNon plus que ne m’intéresse tout ce qui s’est passédavid bowie,rock and roll,pop musiic,beatles,rolling stones,angie mick jagger,sympathy for the devil,exile on main stret,jean rousset,la littérature de l'âge baroque,anthologie de la poésie baroque française,vauquelin des yveteaux,circé et le paon, (baise, défonce, bourrage de gueule, ...) dans une superbe villa de la côte d’Azur, en marge de l’enregistrement du meilleur disque des Rolling Stones, je veux parler d’Exile on Main Street (une ambiance de fièvre absolue). Ce que laissent les personnes derrière elles me semble plus important que leurs faits et gestes ou les personnages qu’elles jouent dans la vraie vie. Les œuvres qu'on laisse derrière soi, plutôt que le bonhomme, dans la peau où il a vécu. Cela se discute, je sais : la vie ... l'œuvre ... tout ça.

Je laisse aux groupies et aux paparazzi le soin de fouiller dans les à-côtés, les poubelles, les coulisses, les alcôves, les bas-fonds, les arrière-cours, les dessous de cartes, affriolants ou puants, pour en remonter les petits faits vrais, les anecdotes croustillantes et autres détritus qui rempliront les revues people et les journaux à sensations : c’est là pâture abjecte de curiosités mal placées. J’ai mieux à faire : je me contente des œuvres.

Le reste n’est que spectacle pour des gens qui préfèrent rêver, tuer le temps, s’ennuyer - ou ne savent quoi faire de leur vie, ce qui revient au même. Aimer la musique des Beatles ne m'a jamais incité à les prendre pour modèle. Je ne suis pas sûr que la qualité et l'inventivité de la musique soit liée, de près ou de loin, au mode de vie de ceux qui la créent. Si c'était le cas, on serait envahi de musiciens et de musiques d'une qualité égale à celle des "Fab Four", ce qui n'est évidemment pas le cas. Que des millions d'adolescents aient pu être façonné par la musique, mais aussi par le personnage de David Bowie me laisse perplexe et incrédule.

C’est vrai que David Bowie, le spectacle, il savait ce que c’est, puisqu’il a tenté de faire de sa vie un spectacle total. Et c’est précisément ce qui m’a donné l’idée du présent petit « hommage ». De tout ce qui m’est parvenu de l’artiste et du personnage, à travers les propos de divers amateurs qui lui attribuent des talents de toutes sortes, j’ai retenu au moins une remarque : quand il sentait que ses fans avaient admis et enregistré sa « nouvelle identité », Bowie jetait aussitôt la défroque aux orties pour se saisir d’une autre, toute différente. Ce qui a pu lui faire dire que tout ce que la culture occidentale pouvait offrir, il l’avait expérimenté. Je veux bien. Pourquoi pas ? J'ai quand même tendance à croire qu'il se vante.

Autrement dit, ce qu’on retiendra de David Bowie, c’est qu’il aura été, d’une part, un maître en exhibition de soi, et d’autre part, un maître en métamorphoses. Or il m’est arrivé de lire, dans les anciens temps, un livre jubilatoire, par l'impeccable façon dont l'auteur parvenait à caractériser une puissante et longue tendance qui a animé une période artistique et littéraire en France : ce qu'on appelle l'"âge baroque". Un livre qui célébrait la gloire de « Circé et le paon » (c'est le sous-titre).  

D’un côté, le paon, qui fait parade de sa prodigieuse queue ocellée pour séduire sa paonne préférée, en faisant vibrer frénétiquement les longs et chatoyants arguments de ses appendices caudaux, dans un curieux froissement sonore. D’un autre côté, Circé la magicienne, cette fée amoureuse qui transforme en porcs les compagnons d’Ulysse, apparaît comme la reine des métamorphoses. Circé, c’est la reine du transformisme. Circé et le paon, c’est la parade ostentatoire jointe aux identités successives de la personne-personnage.

C'est la jouissance de l’ostentation ajoutée à l’orgasme du changement d’être. Une synthèse réalisée par David Bowie.

Le titre de ce livre savant ? La Littérature de l’âge baroque en France. C’est paru chez José Corti en 1954. L’auteur en est Jean Rousset, un digne universitaire. Et d’autant plus digne que son zèle l’a incité à adjoindre à sa thèse une Anthologie de la poésie baroque française (Armand Colin, 1968). 

A ceux qui s’étonneraient d’une telle association d’idées, touchant la vedette hypermédiatique David Bowie, je rétorquerai tout uniment, un rien condescendant, que David Bowie est la réincarnation flagrante, en plein 20ème siècle finissant, de ce que Jean Rousset appelle « l’homme baroque ». Vous en voulez une preuve ? Voici ce que Jean Rousset écrit : « Un fourmillement de grotesques, un pêle-mêle de masques délirants, une bacchanale de silhouettes multiformes : voilà ce qui se révèle au premier regard » (p.14).

Et plus loin : « Bien plus que le contre-pied de la constance, c'est le plaisir de s'éparpiller à tous les vents, de se multiplier en une suite impatiente d'identités de rechange dont la succession sans repos les étourdit ; ils perdent pied, comme au plus fort d'une danse trop rapide : "Et me trouvant partout, je ne suis en nul lieu".

   Un vertige qui les allège de leur poids : voilà ce qu'ils demandent à l'Inconstance, souvent invoquée comme une déesse, dont la figure symbolique pare plus d'un carrefour de l'époque : déesse légère et fugitive, fille de l'air, née de l'onde, prise entre la marche et le vol, vêtue de plumes ou de miroirs, enveloppée de vents, de feuilles, de nuages ; elle est l'âme du monde, sise "partout et nulle part" » (p. 44-45). Vous commencez à saisir ? N'est-ce pas le portrait de David Bowie tout craché ?

Le succès fulgurant de David Bowie dans l’univers médiatisé de la musique et du spectacle marque l’accomplissement et le triomphe paradoxal d’un des principaux courants de pensée qui a vu le jour au 16ème siècle, et que l’équilibre du classicisme officiel et symétrique de l’esthétique louis quatorzième a fini par étouffer : le baroque. Et voici le sonnet qui m’est revenu à l’esprit en écoutant le déluge de témoignages tombé sur la planète lors de la mort de la vedette. 

 

Avecque mon amour naît l’amour de changer ;

J’en ayme une au matin ; l’autre au soir me possede,

Premier qu’avoir le mal, je cerche le remede,

N’attendant estre pris pour me des-engager.

 

Sous un espoir trop long je ne puis m’affliger ;

Quand une fait la brave, une autre luy succede ;

Et n’ayme plus long-temps la belle que la laide :

Car dessous telles loix je ne veux me ranger.

 

Si j’ay moins de faveur, j’ay moins de frenesie ;

Chassant les passions hors de ma fantaisie,

A deux en mesme jour, je m’offre et dis adieu.

 

Mettant en divers lieux l’heur de mes esperances,

Je fay peu d’amitiez et bien des cognoissances ;

Et me trouvant partout je ne suis en nul lieu. 

 

L’amour de Vauquelin des Yveteaux (manifesté ici en 1606) doit évidemment être réactualisé aujourd’hui, à la lumière de la fable du « Genre » : il faudrait saupoudrer quelques masculins parmi les références féminines, puisque, quand on fait le bilan des partenaires sexuels et amoureux de David Bowie, cela pourrait bien finir en inventaire de l’Arche de Noé (mais a-t-il essayé l’âne, dont parle avec éloge une femme des Contes des Mille et une nuits, dans la traduction de Mardrus ?). 

D'un côté le bariolé splendide, de l'autre l’identité fuyante : les ingrédients sont là. David Bowie incarne le triomphe de l’âge baroque. A l’ère de la mondialisation marchande. Là où une époque s'accomplit et se désintègre.

Vive la Modernité ! Vive le Baroque !

Voilà ce que je dis, moi.

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jeudi, 02 mai 2013

THE BEATLES AT WORK

Eh bien, je réponds : « Les deux, mon général ». Mais quelle était la question, au fait ? Ah oui : « Êtes-vous plutôt Beatles ou plutôt Rolling Stones ? ». Ah bon ? Encore ces vieilles lunes ? Je croyais que c’était dépassé depuis lurette. Encore une fois, il faut de tout pour faire un monde.

 

Vous voulez la belle tradition du blues, du blues bien gras, bien « roots » ? Avec le son électrique sale et les idées dégénérées de la génération « moderne » ? Mais vous ne voulez pas perdre de vue le génie des bricolages sonores qui ont révolutionné la musique populaire des quarante dernières années du 20ème siècle ? Vous voyez bien que vous êtes obligé de répondre : « Les deux, mon général ».

 

Aujourd’hui, on se contentera des Beatles. Et l’on ne peut pas laisser colporter la légende tenace selon laquelle les Beatles ont tué Brian Wilson, l’âme des Beach Boys. C’est injuste : ils l’ont juste envoyé à l’asile de fous. C'est authentique : quand Wilson a entendu Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band, il a fallu l’hospitaliser pendant vingt ans. Remarquez qu’il avait absorbé assez de substances fortes pour virer barjo sans l’aide de personne.

 


 

Une indication qu’il était bien « barré », c’est que les musiciens de l’orchestre symphonique, qu’il avait embauchés pour enregistrer une partie de la future « apothéose » musicale (Smile), furent sommés de se coiffer de casques de pompiers. Ceci pour l’anecdote. Brian Wilson n’aura jamais fait mieux que Good vibrations. Ce qui, après tout, n’est pas si mal.

 

Je préfère quant à moi le vocalement sublime et superbement ciselé Heroes and villains, que je trouve supérieur, à cause de l'invincible goût de revenez-y que procure cette chanson sans aucune redite, et qui joue les volutes de fumée dans un air dont on voudrait bien saisir le parfum exact, mais fuyant. Une perfection dans le précaire : ça avance sans arrêt alors que l'auditeur voudrait bien s'attarder, lui. Un chef d'oeuvre méconnu de Brian Wilson.

 

Il reste que les Beatles ont tué la pop music de la fin du 20èmesiècle. Personne ne s’en est remis. C’en est au point que les recettes qu’ils ont concoctées, chanson après chanson, se retrouvent encore aujourd’hui dans les airs à succès. C’est dire que les Beatles ont façonné les oreilles de pas mal de gens. Et ce n’est pas fini. Et ce ne sont pas les tripatouillages électroniques, guitares saturées, métaux hurlants, vocoders (où es-tu, Savage Rose ?) et autres machines qui doivent faire illusion. Les Beatles ont tout simplement épuisé en quelques années, et pour très longtemps, l’intégralité de l’imaginaire musical de l’univers « pop ».

 

Et tout ça sans bien connaître la musique : ils avaient dans la tête ce qu’ils voulaient entendre, le communiquaient comme ils pouvaient à George Martin qui, étant musicien, s’efforçait de bricoler ce qu’il fallait pour arriver au résultat souhaité.

 

Il faut préciser que jusqu’à Rubber Soul, à mon goût, les Beatles sont un bon groupe de rock qui, à l’occasion, sait inventer des mélodies renversantes. Pas plus. Et puis arrive Revolver et, dans la foulée, Sgt Pepper’s, et alors là, je le dis sans emphase et en toute simplicité : le monde a changé. C’est aussi raide que ça. Les autres peuvent avoir du talent, c’est sûr, ils peuvent quand même aller se rhabiller.

 

Car il y a une différence entre produire A Whiter shade of pale (que Lennon avait sur sa table de chevet) et, sur un seul album (Revolver), ne produire que des tubes. Sans parler de Sgt Pepper's Lonely Hearts Club band.

 

A partir de Revolver, et jusqu'à leur disparition, les Beatles n'ont apporté à nos oreilles que de l'innovant. Chaque chanson nouvelle était nouvelle : ce n'est pas courant ! Enfin j'exagère. Il se trouve (pas par hasard) que là, c'était vraiment du nouveau. A ce moment-là, si tu voulais de l'innovation, tu achetais Revolver ! 

 

Que restait-il aux minots qui arrivaient dans le métier, après ça ? 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

PS : Smile, voulu et composé par Brian Wilson, est sorti en 2011 et, pour être franc, c'est du Beach Boys, bien reconnaissable, avec la signature maison pour l'univers sonore et quelques trouvailles, sauf que, musicalement, il est fait de pièces et de morceaux qui partent un peu dans tous les sens. Pas de quoi se relever la nuit pour avaler cette conserve de soupe assez fade.