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mercredi, 20 avril 2022

RÉSUMÉ D'UN TRÉS VIEUX DÉBAT

Edgar Pierre Jacobs, au début de son Piège diabolique (Lombard, 1962), dans le fumoir cossu de l'hôtel Louvois, fait du capitaine Francis Blake le témoin amusé d'un vif débat entre deux quidams aux préférences bien marquées, pour ne pas dire caricaturales : on peut qualifier le premier de passéiste décomplexé, sorte de Pessimiste professionnel. Quant au second, il s'affirme moderniste de façon hautaine et presque méprisante : il a une confiance totale et absolue dans la Science. C'est l'Optimiste. En trois vignettes, l'auteur nous offre le survol de l'éternelle question, de savoir en définitive si l'on peut croire ou non aux bienfaits du Progrès.

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Vignette 1 - Quidam A se lamente : « Ah ! Quelle époque ! Voyez ces journaux !... Menaces de guerre ! Danger atomique ! Révolutions ! Remous sociaux ! Catastrophes !... Le monde entier semble pris de folie ... Décidément, nos ancêtres étaient plus sages ! Leur vie paisible et ordonnée les mettait à l'abri de pareilles aventures.... C'ÉTAIT LE BON TEMPS !... »
Quidam B réplique du tac au tac : « Allons donc ! Obscurantisme et tyrannie, voilà ce qu'était "VOTRE BON TEMPS !..." »

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Vignette 2 - Quidam B enfonce le clou : « ... Pour ma part, je préfère me tourner résolument vers l'avenir !... Un monde nouveau se crée sous nos yeux ! Demain, grâce aux extraordinaires progrès de la science, l'humanité libérée des servitudes matérielles pourra enfin se consacrer librement aux seules joies de l'esprit !... »

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Vignette 3 - Quidam A émet quelques doutes : « ... Théorie séduisante, mais qui, je le crains, vous fait voir "VOTRE" hypothétique FUTUR sous un jour un peu trop idyllique !... "MON PASSÉ", lui, a du moins fait ses preuves !... »
Quidam B, de toute sa hauteur, exprime alors son souverain dédain pour les adorateurs du passé : « ... Bah, c'est avec un mépris apitoyé que "MON FUTUR" jugera "VOTRE PASSÉ" ignorant et barbare !... »

Voilà, nous avons le schéma de base d'une discussion qu'on imagine bien se tenir entre deux piliers de bar vaguement avinés. La différence, c'est qu'ici nous avons à faire à deux quidams tout à fait distingués, courtois et pleins de bonnes manières. Les positions n'en sont pas moins tranchées et incompatibles. Et tout ça est dit en 1962. Il y a exactement soixante ans !

1962 !!!

Il faut bien, cependant, faire une place à la morale finale que le professeur Mortimer tire à la toute fin de l'histoire, après avoir fait un petit viron à 150.000.000 d'années, ces temps bénis où régnaient les williamsonias, en compagnie des élasmosaures, ptéranodons et autres tyrannosaures, puis en l'an 5.060, longtemps après le "grand cataclysme", après être passé par l'inhospitalité d'un baron du XIVème siècle. 

Comme on peut s'y attendre, E.P. Jacobs renvoie dos à dos les deux interlocuteurs du début, par la bouche du professeur, qui a trouvé le moyen d'échapper au "piège diabolique" dans lequel l'infâme professeur Miloch l'a fait tomber. 

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« Et maintenant, ami lecteur, je voudrais, avant de nous séparer, tirer de cette singulière aventure la morale qui s'impose : ne nous plaignons pas outre-mesure de notre damnée époque car elle a de bons côtés. Et qui sait si, un jour, en l'évoquant, vous ne diriez pas à votre tour "C'ÉTAIT LE BON TEMPS !!!..." Sur ce, en attendant de vous retrouver, je vous dis à tous un très cordial "good bye" !... ».

On dira que Jacobs garde le cul entre deux chaises, qu'il ménage pour finir la chèvre et le chou et qu'il évite de choisir entre Quidam A et Quidam B. Mais regardez les débats d'aujourd'hui entre, d'un côté, les thuriféraires d'Elon Musk, Jeff Bezos, Bill Gates, Mark Zuckerberg et de quelques autres, nouveaux champions richissimes de la conquête spatiale, du transhumanisme ou de la géo-ingénierie comme remède au dérèglement climatique ; et de l'autre, toutes sortes de lanceurs d'alerte (y compris un grand nombre de scientifiques) qui voient se dresser, face à la marche en avant de l'humanité technique et scientifique, le mur des limites humaines et de la finitude des ressources. Ne reconnaît-on pas là les positions des deux interlocuteurs campés par Jacobs au début du Piège diabolique ?

vendredi, 15 avril 2022

LE PROBLÈME RUSSE

Détail d'une vignette de Vlad, tome 2 (Le Maître de Novijanka, éd. Le Lombard, 2000), une BD de Swolfs (scénario) et Griffo (dessin). J'ai aussi agrandi le "phylactère", pour la lisibilité.

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Que celui qui a une réponse à la question posée ici lève le doigt. Ah, je vois quelqu'un au sixième rang, j'approche mon micro, oui, monsieur : « Quel problème russe ? ».

jeudi, 14 avril 2022

LE YÉTI DU KREMLIN

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Cet intrépide reporter ukrainien a pu, grâce à des ruses subtiles et à son courage sans faille, pénétrer dans la forteresse du Kremlin et faire parvenir à notre journal ce cliché où l'on voit le maître des lieux se faire très menaçant. Mais la maladresse ou l'ignorance de l'agresseur sur les potentialités de son adversaire semblent le déstabiliser quelque peu.

mercredi, 13 avril 2022

LE GORILLE ET LE TOUTOU

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mercredi, 06 avril 2022

YOUPPPIII !!! LE PÉTROLE NOUS A RENDUS FOUS !!!

LA MÉCANIQUE DU GAG.

SÉQUENCE 3/3

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Tiens, essayez de faire la même chose quand vous aurez des cheveux (euh !...) blancs.

YOUPPPIII !!! LE PÉTROLE NOUS A RENDUS FOUS !!!

LA MÉCANIQUE DU GAG.

SÉQUENCE 2/3

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Il est resté très vert, malgré son âge, non ?

YOUPPPIII !!! LE PÉTROLE NOUS A RENDUS FOUS !!!

LA MÉCANIQUE DU GAG.

SÉQUENCE 1/3

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La carafe et le verre : un truc marrant de Morris, devenu un classique.

lundi, 04 avril 2022

JANCOVICI ET LUCKY LUKE

J'ai sûrement tort, mais je trouve ça drôle. Je viens d'évoquer, sur plusieurs jours, l'ouvrage très intéressant publié en 2021 chez Dargaud par Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, où l'ingénieur dit tout le mal qu'il faut penser du charbon, du pétrole et autres potions imbuvables. Mais prenez la page de titre du Lucky Luke N°18 A l'Ombre des derricks (éditions Dupuis, 1962, "Texte et illustrations de MORRIS", y est-il précisé).

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J'ai juste inversé la photo en mettant la droite à gauche et inversement, pour les besoins de la cause.

On y trouve la photo d'un des derricks que le colonel Drake a probablement édifiés quand il est arrivé à Titusville (Pennsylvanie, USA) en 1857 pour y forer des puits par lesquels il espérait voir jaillir le pétrole. Il est parvenu à ses fins le 27 août 1859 après avoir creusé à 23 mètres de profondeur (on trouve l'info dans ce Lucky Luke, alors c'est sûrement vrai).

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Le dessin de Morris.

Il ne prévoyait pas la folie qui a saisi les hommes comme dans le bon vieux temps de la "ruée vers l'or", où les Américains s'étaient précipités vers la Californie dans le seul et unique but de s'en mettre plein les poches, à tout prix et souvent quelle que fût la méthode pour y parvenir : les westerns regorgent à ce sujet d'histoires plus ou moins sombres et violentes.

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Rebelote donc avec le surgissement de l'huile de roche (étymologie de "pétrole") dans le paysage énergétique des nations en proie à la fureur du progrès technique, à la voracité en ressources naturelles et à la fièvre de la production, de la vitesse et de la quantité. Mon intention aujourd'hui est finalement assez futile : m'amuser de rapprochements qui me sont venus à la lecture de la Bande Dessinée de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, Le Monde sans fin.

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Le dessin de Christophe Blain.

Car le dessinateur Blain, pour évoquer l'histoire du même colonel Drake, s'inspire soit de la même photo que Morris, soit du dessin que celui-ci en avait tiré. Notez qu'il reprend tel quel le "portrait" de Drake par Morris, mais aussi qu'il  reproduit presque textuellement le dessin de celui-ci pour le derrick, y compris les planches manquantes. Bon, je n'en veux pas à Blain : ce n'est pas un plagiat, c'est entendu ; disons que c'est une citation, voire un hommage à un des grands-pères tutélaires de la bande dessinée d'expression française.

dimanche, 06 mars 2022

LE CHOIX DU CHÔMAGE (fin)

Pour terminer cette petite série consacrée à la façon dont des générations d'hommes politiques ont "abordé" la question du chômage, je voudrais rendre hommage aux auteurs de Le Choix du chômage (Futuropolis, 2021), le journaliste Benoît Collombat et le dessinateur Damien Cuvillier, ainsi qu'à leur éditeur Futuropolis en la personne de Claude Gendrot.

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Tout commence lors d'une rencontre en octobre 2016 à Saint Malo, au Festival Quai des Bulles, autour d'une table.

Car s'il s'agit au départ d'un projet qui pourrait sembler un peu trop ambitieux, on trouve à l'arrivée un ouvrage très important pour qui veut comprendre comment il se fait que la France ait, au cours du temps, laissé démanteler toutes les structures qui faisaient de la collectivité française un Etat social. C'est-à-dire un pays, pour ce qui touche les fournitures d'eau, gaz, électricité, les services de la Poste et autres institutions contrôlées par l'Etat, où l'on ne parlait pas de "client" mais d'"usager des services publics". On admettra sans trop de façons, j'espère, que ça change tout. Collombat et Cuvillier ont, pour faire aboutir le projet, abattu une besogne pharaonique pour rassembler, "scripter" et dessiner la substance du sujet. Grâce leur soit rendue.

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Il n'a jamais été question pour moi de faire ici le tour exhaustif de ce bouquin majeur en entrant dans toute la complexité des notions et dans la succession des moments de la mise en place douloureuse du nouveau système économique, inspiré et importé directement des pays anglo-saxons. C'est avec raison que les auteurs parlent dans leur sous-titre de "violence économique". J'ai voulu simplement donner une place visible (tant que faire se peut) à une démarche peu banale, engagée et surtout salutaire. Peut-être que ces quelques pages donneront l'envie à quelques-uns de lire le livre ? Après tout, est-il prouvé qu'il n'y a pas de miracle ?

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Je retiendrai en particulier deux ou trois citations de la page 20 (ci-dessus), tirées d'un livre paru en 1985 et signé d'un certain Jean-François Trans, pseudonyme collectif pour François Hollande, Jean-Yves Le Drian, Jean-Pierre Jouyet et Jean-Pierre Mignard, dont trois au moins se sont fait largement connaître ensuite. Certaines de ces citations permettront de comprendre pourquoi la gauche a trahi la classe des travailleurs en se ralliant à l'économie de marché.

D'abord un belle énormité : « Lever les barrières qui protègent les secteurs assistés, car la concurrence est fondamentalement une valeur de gauche ». C'est-y pas clair, tout ça ?

Et puis cette perle : « La gauche épuise son crédit quand elle s'acharne à surestimer le nombre des démunis et la fortune des plus favorisés ». C'est-y pas beau, celle-là ?

Et puis ces deux professions de foi : « Le choix de la compétitivité .... La baisse des prélèvements obligatoires ... ». Déjà des traîtres.

Si le total des candidats de gauche à la présidentielle arrive tout suant et à bout de souffle à 20% dans les sondages, ce n'est que justice, finalement. Il n'y a plus de parti socialiste, le champion des trahisons des "idéaux" de la gauche. Le parti communiste a porté à sa tête un type qui a l'air bien (Fabien Roussel), mais pourquoi ces gens persistent-ils à s'appeler "communistes" ? Mélenchon a gardé, sous le vernis d'arrondissement des angles, son côté "olibrius", malgré ses indéniables qualités d'orateur (mais Macron en est un autre).

Du coup, c'est l'ensemble des classes populaires qui se retrouvent à poil, sans défenseurs, parce qu'elles ont été lâchées par des gens qui ont promis, promis, promis et qui, dans leur cuisine à l'abri des regards, ont concocté la nouvelle donne, celle que l'on connaît aujourd'hui : chômage, précarité, et ce qui s'ensuit : la colère. On peut compter sur le prochain probable président de la République pour continuer dans la même voie et pour aggraver la situation du plus grand nombre. Heureusement, il reste les bâtons et autres instruments de la police, comme on l'a vu avec les "gilets jaunes" il n'y a pas si longtemps. 

On l'a compris : ce que je retiens en priorité de Le Choix du chômage, de Benoît Collombat, journaliste, et Damien Cuvillier, dessinateur, c'est qu'ils racontent l'histoire de l'offensive du néolibéralisme anglo-saxon en France, offensive menée par des forces néolibérales proprement françaises, convaincues par nature, mais qui s'est révélée victorieuse grâce à la complicité active de gens qui se disaient de gauche, et qui ont fait fi de – disons – "l'identité française", pour des motivations purement économiques, en même temps qu'ils jetaient aux orties les vieilles convictions de justice sociale, de bien commun, voire d'universalité des valeurs.

Je veux dire que, s'ils se sont fait "une certaine idée de la France", c'était celle d'une simple machine productive qu'il s'agissait de rendre puissante et compétitive sur un marché de plus en plus soumis non plus à la volonté politique des peuples, mais aux lois aveugles de l'économie, et dans un monde de plus en plus fondé sur la compétition entre nations, voire entre individus, et pour tout dire, un monde de plus en plus concurrentiel et globalisé. Il s'agissait d'adapter et de fondre l'identité de la France dans le "concert" (je me gausse) des nations, au lieu de promouvoir contre vents et marées - et pourquoi pas imposer en Europe - les structures d'un Etat social à la française. Les auteurs nomment cela la violence économique. C'est la pure vérité.

Cette France marchande gouvernée par les forces de l'argent n'est pas la mienne. Oui, je sais, ma France a disparu corps et bien, sans espoir de retour : aucune illusion là-dessus. Mais je réponds que je peux me permettre de ne pas adhérer. 

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 05 mars 2022

LE CHOIX DU CHÔMAGE (suite)

HISTOIRE (PRESQUE) SANS PAROLES.
Le Choix du chômage, B.D. de Benoît Collombat, journaliste d'investigation, scénariste, et Damien Cuvillier, dessinateur (Futuropolis, 2021).

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Lui, c'est le mensonge de base, sans fioritures, tranquille. Mais peut-être qu'à l'époque la croyance était encore répandue que le politique peut avoir une action sur la réalité ?

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Un peu de sincérité ? Etonnant quand même. Rétrospectivement, "modernisation" peut faire peur : derrière le mot, on voit poindre les "usines sans ouvriers" dont certains rêvaient. Ah, que voulez-vous, les nécessités de la compétition économique internationale ...

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Là, on frise l'aveu d'échec, non ? Mais c'est moins de "lutte contre le chômage" que de désindustrialisation ("délocalisation", ça vous dit quelque chose ?) qu'il faudrait parler.

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Lui, il y va au flan, carrément, comme Matamore : façon grosse caisse et fanfare. Genre "kärcher" ou "casse-toi pauvre con".

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Lui, ce n'est pas cet état d'urgence-là qu'il a finalement retenu. De toute façon, cet ancien de l'ENA est un converti de longue date à l'économie de marché, à la primauté de la sphère économique sur la sphère politique et au rétrécissement des possibilités d'action des responsables politiques. Le roi de la "gauche molle", quoi (voir ci-dessous le tout jeune François).

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Moralité : au fait, elle est de qui, la chanson, vous savez : « Encore des mots, toujours des mots, rien que des mots, paroles, paroles, paroles » ?

Je suggère de poser à tous les imaginatifs pleins de projets ou de revendications qui raisonnent (se gargarisent) à coups de « IL FAUT » tout au long de leurs discours une seule question :
« COMMENT ON FAIT ? ».

Parce que c'est bien joli de se fixer des objectifs. Encore faut-il avoir une idée de la méthode, de la manière et des moyens. Appelons ça réalisme, pragmatisme ou ce que vous voudrez.

vendredi, 04 mars 2022

LE CHOIX DU CHÔMAGE (suite)

Juin 2018. Collombat et Cuvillier, les auteurs de Le Choix du chômage (Futuropolis, 2021), soumettent deux photos au regard de l'économiste James Galbraith. La première le laisse de marbre, comme on le voit ci-dessous.

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Car tous les gens bien informés la connaissent par cœur, cette photo : Franklin Roosevelt appose sa signature au bas de la loi dite "Glass-Steagall Act", du nom de ses deux rédacteurs. On est en 1933. Le président américain, après la crise de 1929 et avec le "New Deal", a entrepris de mettre au pas les puissances de l'argent qui ont provoqué la catastrophe. 

Il finit par imposer pour cela la séparation des "banques d'affaires" (investissement, financement des entreprises et de l'économie) et des banques de dépôt (l'argent de monsieur Tout-le-monde), histoire de diminuer les risques. Comme le dit Alain Supiot dans une autre "vignette" : « Roosevelt a un discours d'une incroyable fermeté vis-à-vis des pouvoirs financiers qui sont devenus une féodalité et se sont arrogé le droit de diriger les peuples ». 

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Mais James Galbraith éclate de rire en jetant un œil sur la deuxième photo.

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On y voit en effet, soixante-six ans après (1999), le président Clinton abroger la dite loi "Glass-Steagall Act". Soit dit en passant, Cuvillier sait dessiner.

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Ce que je comprends de la petite séquence, c'est que, sous la pression du lobby des banquiers, le pouvoir politique américain renonce à la prééminence du politique sur l'économique. C'est le début d'une période qui dure encore, où la puissance de l'Etat n'est plus considérée comme la force directrice qui organise et dirige toute l'économie, mais tout au plus comme une force organisatrice, régulatrice qui se met au service du marché et de ses acteurs, et leur facilite la tâche en éliminant les obstacles qui nuit au bon "fonctionnement" de la "machine".

Les chefs d'Etat, même (et surtout ?) les puissants, se sont progressivement mis à la remorque et au service des banquiers et des grands acteurs de l'économie et de la finance. Déjà Pompidou, pourtant agrégé de Lettres classiques, était passé par la banque Rotschild (banque d'affaires) avant d'arriver aux responsabilités politiques.

Mais de Pompidou à Macron, c'est toute une "classe politique", y compris à gauche, qui s'est imprégnée de la "nécessité" de favoriser les forces du marché. Regardez par exemple ce qu'écrivait en 1986 un jeune énarque (promotion Voltaire), une certain François Hollande qui se disait "socialiste" !!! 

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« La politique économique est désormais l'art d'accommoder les restes. » Tout est déjà là. Et ça se passe en 1986 !!! Les candidats à la présidentielle et les futurs candidats aux législatives qui suivront feraient bien de réviser ce genre de documentation.

L'action politique est réduite à la portion congrue. Le personnel politique est devenu du personnel de bureau. Les hommes chargés de la décision politique ne sont plus que des gestionnaires. Oui, on a bien compris que les promesses, les déclarations solennelles, les discours emphatiques des hommes politiques qui regardent les Français dans les yeux ne sont, définitivement, que des paroles verbales.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : voici ce que j'écrivais ici le 1er décembre 2014 : « ... il y aurait aussi beaucoup à dire de la disparition des idées politiques en France, qui a transformé les responsables en simples gestionnaires, comptables, bureaucrates ». Qui a le souvenir de ce que ça peut bien être, une "idée politique" ? La seule chose que j'aurais envie de dire à tous les candidats à un mandat présidentiel ou parlementaire, c'est : « Un peu de courage, mesdames et messieurs : reprenez le pouvoir que vous avez lâchement abandonné entre les mains des grands entrepreneurs, des grands financiers et des grands actionnaires ! ».

jeudi, 03 mars 2022

LE CHOIX DU CHÔMAGE (suite)

Un confetti tiré du livre de Benoît Collombat et Damien Cuvillier (voir mon billet d'hier). Quelques images tirées de Le Choix du chômage (Futuropolis, 2021).

POMPIDOU, en pleine santé, en 1967. Il faut suivre attentivement le raisonnement.

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Je relève "protections inadmissibles".

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On a compris : il s'agit de créer chez tous les individus un climat d'insécurité sociale, mais aussi d'instabilité potentielle. Il faut en finir avec les situations acquises (autrement dit : les « avantages », voire les « privilèges »). Il faut en finir avec les statuts (là c'est la fonction publique dans son ensemble qui est visée).

Discours télévisé du Premier Ministre du gouvernement sous la présidence de Charles de Gaulle. Toutes les cartes de l'avenir néolibéral de la France sont déjà sur la table. Cela a quelque chose de stupéfiant. Cela se passe en 1967 à la télévision française.

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C'est le même Pompidou, mais en président de la République, qui déclare ceci en 1973, au conseil des ministres. Je crois déceler un sourire narquois dans le dessin de Damien Cuvillier. Il faut dire que les ministres s'attendent à voir Pompidou démissionner à cause de la maladie (de Waldenström, une forme rare de leucémie). Il meurt l'année suivante.

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Et, un petit demi-siècle plus tard, je relève ce beau lapsus de Muriel Pénicaud, ministre du Travail, le 18 juin 2019.

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Est-ce que tout cela est assez clair ?

mercredi, 02 mars 2022

LE CHOIX DU CHÔMAGE ...

... OU COMMENT IL FUT DÉCIDÉ EN TRÈS HAUT LIEU DE RÉDUIRE LES PEUPLES EUROPÉENS A L'ÉTAT DE SERVITEURS DOCILES DE LA MACHINE ÉCONOMIQUE NÉOLIBÉRALE.

Préliminaire : Oui, je sais, il faudrait parler de la guerre en Ukraine, de la folie de Poutine, de l'impuissance de l'Europe inorganisée ... Mais que pourrais-je dire ? Je pourrais tout juste délayer à partir des éléments d'information lus ou entendus ici et là. Autant dire pousser inutilement soupirs, plaintes et craintes face à la résurgence à nos portes de la violence des armes. Je préfère laisser aux commentateurs patentés, diplômés, autorisés le soin de commenter. Pour le moment, je me contente de poser une question à laquelle j'ai déjà envie de répondre : « Comment en est-on arrivé là ? ». J'ai ma petite idée là-dessus.

***

2021 LE CHOIX DU CHÔMAGE CUVILLIER & COLLOMBAT.jpgJ'étais parti pour livrer ici mes impressions après la lecture du "dernier Houellebecq", Anéantir, et puis j'ai embrayé sur un bouquin formidable. Du coup, c'est celui-ci qui a pris la priorité. Le titre, c'est le titre de ce billet, sans le sous-titre. Le Choix du chômage se présente comme une Bande Dessinée, mais en vérité c'est beaucoup plus et mieux qu'une B.D. : un véritable manuel pédagogique d'histoire européenne depuis De Gaulle jusqu'à nos jours.

Où les auteurs décortiquent patiemment et par le menu les rouages de la mécanique que tous les grands acteurs français (et pas que) de la politique et de l'économie depuis Pompidou (mort en 1974) se sont ingéniés à mettre en place pour que la vie réelle des gens ne soit plus gouvernée par la volonté politique de dirigeants démocratiquement élus, mais régie par les lois aveugles de l'économie qui, comme on sait, n'ont pas grand-chose à voir avec le rationnel, mais beaucoup avec les appétits des entrepreneurs, et encore plus avec la voracité des "investisseurs" — mot pudique pour désigner une race carnassière entre toutes : celle des actionnaires en général, et des diverses sortes de « Fonds » ("de pension", "spéculatifs", "vautours", etc.) en particulier, toujours soucieux de faire cracher le maximum au monde du travail, considéré comme une simple "machine à cash". 

Les auteurs s'efforcent de restituer dans leur chronologie les faits, les paroles, les discours, les situations qui ont abouti à ce que nous connaissons aujourd'hui, en France et ailleurs. Pour cela, ils se livrent à un exercice vertigineux qui peut ressembler à un jeu : rassembler méthodiquement et méticuleusement les pièces d'un gigantesque puzzle, auxquelles le lecteur est invité à donner mentalement une cohérence suffisante pour que la logique de l'agencement final apparaisse clairement. Je dois dire que cet aspect de la lecture n'est pas le plus aisé. Il y a certes du « collage de citations » dans cet ouvrage, mais elles sont tissées de façon tellement rigoureuse que l'ensemble tient debout par sa seule structure.

Car les auteurs citent tour à tour les grands acteurs politiques et économiques de la transformation, à commencer par le « père fondateur » Jean Monnet, mais aussi leurs plus proches collaborateurs, dont les noms sont connus (Jean-Claude Trichet, Michel Camdessus, ...) ou sont restés dans l'ombre. Ils citent également une foule de témoins diversement neutres ou engagés au moment du déroulement des faits. Ils citent enfin une pléiade de commentateurs actuels, économistes, sociologues et autres personnalités, dont les regards plus ou moins critiques éclairent assez bien de quels câbles est faite la nasse dans laquelle se débattent les populations les plus vulnérables de l'Europe de la « concurrence libre et non faussée ».

Je ne peux m'empêcher de penser ici à la Grèce et aux Grecs de la crise de 2008 et des traitements inhumains que la « troïka » a imposés au peuple. Pendant que les autorités européennes et financières saluaient le prétendu "redressement" de l'économie du pays (sur le papier, dans les chiffres, les dossiers et les statistiques), les Grecs de chair et d'os crevaient de désespoir.

J'aurais trop de mal à rendre ici dans toute sa complexité la succession des faits telle qu'elle est fournie par les auteurs. Je dirai seulement que j'aimerais bien voir trôner en tête des ventes ce livre bourré d'informations et d'éclairages multiples. Je veux seulement rendre hommage à l'énormité du travail de fourmi auquel ils se sont astreints. Donc attention : ce n'est pas un livre de paresseux fait pour des lecteurs paresseux. Mais il ne faut quand même pas se laisser intimider par les 280 et quelques pages.

Il ne faut pas non plus se laisser impressionner par les innombrables figures, bobines et autres trombines qui pleuvent dru pour peupler ces pages bien que, à en faire la liste exhaustive, ma mémoire renâcle et cale devant l'effort. J'ajoute que le trait du dessinateur Damien Cuvillier m'a grandement aidé à arriver au bout : moi qui suis un grand amateur de bande dessinée, disons « classique », je reste confondu par la capacité de l'artiste à nous représenter les bobines de nos guignols préférés sans en faire des caricatures outrées d'eux-mêmes.

Quant à Benoît Collombat, il faut saluer en lui l'impeccable journaliste d'investigation, et mieux : l'infatigable fouineur d'archives écrites ou audiovisuelles, mais plus encore : l'inépuisable scénariste copieur-colleur de bribes, de détails et d'échantillons de discours d'origine disparate, et qui parvient néanmoins à composer un tableau d'ensemble remarquable d'homogénéité, où la coloration néolibérale du monstre mou qu'est devenue l'Europe des marchés éclate en pleine lumière, et où le cynisme des classes dirigeantes donne envie de vomir.

Pour finir, je voudrais signaler aux « sensibilités de gauche » que tout ce qui se réclame de la gauche ne sort pas grandi de la lecture de ce livre : de Mitterrand à Hollande en passant par toute sorte d'intermédiaires, soyons clair, la gauche s'est rendue complice active, et parfois enthousiaste, des démolisseurs de l'Etat social, voire de l'Etat tout court.

Un superbe livre.

Voilà ce que je dis, moi.

dimanche, 27 février 2022

LES CHOSES DONT ON NE SE LASSE PAS

Il n'y a pas que les Chroniques d'Alexandre Vialatte (La Montagne et autres). Il y a aussi ...

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... l'ingéniosité et le coup de crayon virtuose d'André Franquin pour imaginer les efforts d'ingéniosité dépensés par Gaston Lagaffe pour arriver à ne rien faire au bureau. Ici, on est à l'acmé du summum du comble du point culminant de la réalisation de ces efforts : ne rien faire, certes, mais de la façon la plus créative, la plus inventive et, disons-le, la plus foutraque possible. En somme, de la façon qui réclame le plus de dépense d'énergie.

dimanche, 20 février 2022

PIQÛRE DE RAPPEL POUR ANTIVAX

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La piqûre qui rend conciliant, ... et même docile. Mais ça n'empêchera pas la bombe au Métomol d'exploser, et de rendre le bronze de la fière statue du maire de Champignac aussi mou que la guimauve au soleil dans Les Vacances de M. Hulot.

***

Qu'on veuille bien m'excuser de revenir là-dessus, mais je ne comprends toujours pas la résistance forcenée des antivax à la vaccination. Et pour une raison très claire : ces soi-disant défenseurs des libertés individuelles, où étaient-ils quand des éléments significatifs de l'état d'urgence instauré par le président François Hollande après les attentats terroristes de 2015 ont été introduits dans le droit commun, transférant ainsi vers l'autorité administrative des compétences qui jusque-là relevaient de l'autorité judiciaire, et rendant ainsi possibles toutes sortes de décisions arbitraires prises par les préfets, et non plus par des juges protecteurs bien plus sûrs de ces mêmes libertés individuelles ?

Où étaient-ils quand l'état d'urgence terroriste s'est vu prolongé de mois en mois par des députés aux ordres ? Où étaient-ils quand le président Emmanuel Macron, à son tour, fit injecter par ses larbins parlementaires plusieurs mesures de l'état d'urgence sanitaire dans le droit commun, restreignant encore l'espace des libertés individuelles ?

J'aurais bien aimé voir les antivax d'aujourd'hui organiser des manifestations monstres quand furent instaurés en France les centres de "rétention de sûreté", espèces de Guantanamo au petit pied, où la loi française s'applique non pas en raison d'actes qu'auraient commis les gens qui s'y trouvent, mais de leur dangerosité potentielle, ce concept tant combattu par madame Mireille Delmas-Marty de son vivant.

Ces quelques remarques pour dire combien me semblent louches les motivations de ces promoteurs de "convois de la liberté". Je doute fort de la pureté des intentions de ces va-t'en guerre de la dernière heure. 

Voilà ce que je dis, moi.

mercredi, 19 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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« On ne peut bretonner qu'en Bretagne. La principale occupation des habitants est de manger des langoustes bretonnes sous une pluie qui l'est encore plus. Ils vont les chercher dans la mer. C'est leur banlieue ! L'aventure est au bout du môle. On y trouve le vent, la tempête, l'orage, les courants, les écueils. Tous les apaches de l'Atlantique. Tous les démons. L'homme ne peut s'y opposer qu'en conjuguant sa force et son intelligence, une connaissance étonnante du milieu, une promptitude surprenante de réflexes, une endurance à toute épreuve et un sang-froid que rien n'intimide, une science du métier faite instinct. C'est bien autre chose que de tourner autour de la Lune. Il me semble du moins. Et je me trompe peut-être. Car tourner autour de la Lune exige une forme de courage qui consiste à lutter contre de l'inconnu, contre une chose qui affole plus, du moins a priori, que la foudre qui tombe sur des vagues de quinze mètres. Du moins quand on y pense de loin. Car la foudre qui tombe sur des vagues de quinze mètres a un petit aspect blanchâtre qui empêche très couramment de se rappeler sur le moment tout ce qu'un homme sur une coque de noix peut encore espérer du principe d'Archimède, au moment où la lame qui arrive, après celle qui l'emporte aux cieux, lui cache la Lune et les étoiles. D'autant plus que la foudre a le ton sec et une autorité parfaite. qu'il en soit, l'homme ne paraît jamais plus beau que quand il emploie en même temps son cœur, son corps et son esprit dans quelque entreprise difficile. C'est pourquoi j'aime tant les marins, et pas tellement les cosmonautes : le cosmonaute est à peu près passif. Il est étrange que le progrès de l'humanité aille au rebours du progrès des hommes. Que le type humain le plus beau soit celui d'avant le progrès. Le progrès se fait-il donc contre l'homme ? Est-ce fatal ?... Nous sommes embarqués...
(...)
Quoi qu'il en soit la Bretagne ferme le 15. Le 15 septembre la Bretagne n'a plus lieu. C'est une information que je tiens d'une Quiberonnaise. Les hôtels ne prennent plus personne. "Après, c'est le vent", m'a-t-elle dit sobrement.
Le 15 septembre le vent succède à la Bretagne. Elle se retire dans sa petite presqu'île, elle rentre dans ses maisons basses ripolinées comme des joujoux, son rez-de-chaussée climatisé, avec des cactus sur la fenêtre, pareil à quelque appartement de retraité du petit commerce plutôt qu'à ce qu'un homme des montagnes, ou du désert, a l'habitude d'appeler pays. Et c'est cette mercerie de province qui est l'antichambre de ces enfers, de ces abîmes et de ces Apocalypses que ma Quiberonnaise appelle le vent.
Le vent de l'abîme a créé une épicerie-tabac. C'est le type même de l'absence d'emphase. Les civilisations qui se vantent ne peuvent plaire qu'à des nouveaux riches. Les petits effets ont parfois de grandes causes
Et c'est ainsi qu'Allah est grand ».

Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Fayard, 1979.

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Note 1 : "Les petits effets ont parfois de grandes causes" : exactement l'inverse du dicton "A petites causes, grands effets". Et l'inverse de ce que les journalistes complaisants appellent complaisamment "l'effet papillon", vous savez, cette niaiserie qui consiste à soutenir qu'un battement d'ailes de papillon en Antarctique (où trouvent-ils des papillons en Antarctique ?) peut provoquer un ouragan dans le golfe du Mexique (même si ce n'est pas absurde en théorie).

Note 2 : Oui, on pourrait reprocher à Dupont de faire preuve d'un certain niveau d'islamophobie en bottant le cul de ce musulman en prière. Mais ce faisant, en tant qu'Européen, il affirme sa conviction que l'islam est incompatible avec la démocratie. Ou alors il faudrait que ce soit une foi amoindrie, de la même espèce tiède qui a conduit a la bienfaisante déchristianisation de nos cultures. Tant que le musulman sort le poignard (heureusement, le moteur de la Jeep conduite par Dupond tourne rond) parce qu'il estime que le "Blanc" manque de respect aux objets de sa vénération, aucun "accommodement" n'est possible, fût-il "raisonnable".

***

Fin (provisoire) de ce bain de jouvence "Alexandre Vialatte". Et un million de remerciements pour ses remarquables contributions à Georges Rémi, à qui nous disons un très amical "au revoir".

mardi, 18 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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« La vérité se trouve aux éditions du Seuil dans une ravissante collection consacrée aux signes [je me permets de corriger le "singe" imprimé p.95] du zodiaque et rédigée par de bon écrivains. Elle s'adresse aux "honnêtes gens". Elle n'indique pas le moyen de gagner à la loterie, manque d'opinion sur le chiffre 13 et n'assure nulle part que la pierre de lune vous fera aimer le mercredi par des nièces de maraîchères si vous êtes beau-frère du potier. En revanche, elle contient de remarquables études sur les grands hommes qui ont illustré le signe étudié. On y trouve des choses étonnantes : "Le chant du taureau est vénusien" ; "le Taureau et les Poissons n'arrivent pas à se comprendre" ; "la femme du Taureau s'habille avec un rien" ; "le Taureau froid use ses vieilles jaquettes". De tels détails confondent l'esprit humain. Ils s'entourent de mille images, photographies, gravures sur bois, autographes, zodiaques sur fond vert, vases grecs, tableaux de musée, bœufs mésopotamiens, cartes du ciel où traînent des dieux et où s'agitent des monstres comme des têtards dans un étang. On y voit Montherlant vêtu en picador, Turgot donnant sa démission et des demoiselles exaltées qui frappent sur des tambourins.
Je reste obsédé par le Taureau froid. Sa queue glacée sort de sa vieille jaquette. Il exhale un chant vénusien. Il s'accompagne sur la lyre. L'ablette et le poisson-scie n'arrivent pas à le comprendre. Il ne fera pas un sou de recette. Heureusement que sa femme s'habille avec un rien.

C'est également ce qui sauve de la misère les aborigènes d'Australie. Ces gens sont dénués à tel point de tout vêtement, confort, hygiène, couverture, édredon, et matelas en caoutchouc mousse qu'ils dorment debout sur une seule jambe. Depuis huit mille quatre cents ans, époque de leur apparition dans un désert nu comme la main qu'ils se partagent avec le kangourou-boxeur. Dangereuse fréquentation. Une dépêche de Londres annonce que des savants se sont lancés à leur poursuite afin de découvrir la raison de cet étrange comportement. Pourquoi l'aborigène dort-il sur une seule jambe ? Cruelle énigme. Et faux problème : il dort parce que l'homme a besoin de sommeil ; sur une seule jambe afin de reposer l'autre. Ainsi ont raisonné des savants plus sérieux. Il faut bien, ont-ils dit, dormir sur quelque chose. Comment ne serait-ce pas sur une jambe ou sur l'autre ? On ne peut pas dormir sur les deux ! C'est une position épuisante ! Quant à vivre sans nul sommeil, un tel rêve ne pourrait se loger que dans une tête sans cervelle. Le travailleur qui oublie la sieste, dit un proverbe du Centre-Afrique, est aussi fou que le poisson ouah-ouah ».

Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Fayard, 1979.

lundi, 17 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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***

« Le temps est gris, on ne peut pas s'empêcher de rêvasser. Mille idées vous passent par la tête, qu'on a envie d'attraper par la queue. C'est une tentation très dangereuse. Car de songe en idée, on finit par penser. Et il n'y a rien de plus fatigant. Ni de plus vain. Car on ne pense pas juste. Ou alors une fois sur cent mille. Par quelque hasard prodigieux.
Ce qui n'a d'ailleurs pas d'importance. Car l'idée fausse est souvent plus féconde : l'idée fausse que la terre est plate permet fort bien de caler une chaise ou de bâtir une chaumière normande avec une poutre où accrocher les saucissons. L'idée juste que la terre est en forme de poire, ou mieux de pomme de terre nouvelle, compliquerait au contraire les choses à un tel point que l'homme ne pourrait jamais s'asseoir ni manger le saucisson dans une chaumière normande, si le maçon voulait en tenir compte. Ce qui priverait l'existence de toute jovialité. Aussi le président Krüger était-il sagement inspiré, il n'y a pas soixante ans de la chose, d'interdire l'accès du Transvaal à tous les trublions faisant le tour du monde, voulaient donner à Pretoria des conférences par lesquelles ils risquaient de prouver que la terre est ronde. Il fut ferme et ne céda pas. C'est pourquoi il a sa statue devant son ancienne petite maison. En redingote, en gibus, en marbre. Avec un haut-de-forme évidé pour permettre aux oiseaux d'y boire. C'était du moins ce que demandait sa femme. Elle voulait faire de lui une fontaine pour les hirondelles. Je ne sais plus bien si on l'a exaucée. Quoi qu'il en soit, ces raisonnements précis prouvent à merveille qu'une idée excellente n'a pas besoin d'être juste ou fausse, mais bien seulement d'être féconde ».

Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Fayard, 1979.

dimanche, 16 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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Explication : c'est un missionnaire particulièrement œcuménique.

« On va détruire le pont de l'Alma. M. Magniez, chef de service à la mairie de Boulogne-sur-Mer, a réclamé la statue du zouave ; il a raison : c'était son grand-père¹. Il s'en fera un grand presse-papiers.
Il ne faut jamais laisser perdre le zouave, surtout quand il est de la famille. Le zouave est pittoresque, il ne fume que le "Nil",

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il a un vaste pantalon percé du "trou de Lamoricière". C'est pour pouvoir traverser les oueds. Quand l'oued déborde et que le zouave le traverse, l'eau qui s'amasse dans son immense culotte l'entraînerait rapidement au fond s'il n'avait le trou de Lamoricière. Le crocodile lui sectionnerait le bras droit. Avec le trou de Lamoricière, qu'inventa le général qui porte le même nom, l'eau s'écoule à mesure qu'elle pénètre. Le zouave échappe au crocodile. Il sort de l'oued en laissant derrière lui une trace humide, comme l'escargot. Il tord son vaste jupon rouge ; il le fait sécher sur une ficelle ; le même soir il peut mourir tranquillement au combat. Dans une culotte bien sèche. En sonnant du clairon.

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Telles sont les mœurs héroïques du zouave. Mon enfance a été nourrie de ses grands exemples. Je rêvais du trou de Lamoricière ; j'en perçais un dans mon costume marin pour échapper aux crocodiles. Afin de mieux traverser les oueds ».

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Le défilé des zouaves, place Bellecour, à Lyon, le 14 juillet 1905.

(...)
« On voit par là l'importance du zouave. Il était à la base d'une civilisation. Il reste à la base d'une sagesse. C'est un professeur éternel. C'est pourquoi M. Magniez a cent mille fois raison de vouloir garder son grand-père et de s'en faire un grand presse-papiers. C'était un zouave exceptionnel. Le moins déshydraté du monde. Il ne vécut que la culotte mouillée ; presque toujours dans le bain de pieds ; très souvent dans le bain de siège. Il a sauvé Paris de cinquante inondations. Quand la crue arrivait à hauteur de l'Alma, elle était obligée de s'écouler sans avenir par le trou de Lamoricière. Que serions-nous devenus sans le zouave de l'Alma ? »

¹ Le zouave André Gody, qui posa pour la statue. Marbrier de son état, il avait fait aux zouaves une carrière glorieuse.

Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Fayard, 1979.

***

Note : Aux dernières nouvelles, le Zouave sert toujours d'indicateur des crues au pont de l'Alma (le nouveau), bien qu'on ait toujours autant de mal à repérer l'emplacement du "trou de Lamoricière".

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Je crois inutile de montrer le professeur Tournesol dans Objectif Lune, où il considère "zouave" comme une insulte. Un contresens qui n'aurait certes pas germé sous la plume de Vialatte.

samedi, 15 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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Le colonel Sponsz, après avoir visité une biennale d'art contemporain où figure, en particulier, "Mother and child", une œuvre de Damien Hirst, célèbre artiste au "Crâne orné de 18.000 diamants", dont les sujets sont ici une vache et un veau, exige du commissaire d'exposition-du-peuple-et-de-police (c'est une seule et même personne en Bordurie) que l'artiste soit passé par les armes.

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DES NOUVELLES DE L'ARCON - 4 (et fin)

« Le plus moral des peintres est mon ami Dereux. Il apporte dans la peinture de vrais soucis de mère de famille. Il a inventé le tableau en épluchures de pommes de terre, ce qui est une façon de ne rien laisser perdre dans le budget d'un ménage sérieux. Il recueille donc les épluchures, il les fait sécher, il les colle, il les organise en tableaux. Ces bouquets d'épluchures parlent à l'imagination, au cœur, à l'âme, parfois à l'estomac. Petit à petit il n'a plus pu éplucher tout seul tant de pommes de terre. Il fait travailler d'abord la famille, puis les visiteurs. La cuisine en est plus vite faite et les tableaux en sont plus abondants. Il a acquis à ce jeu une grande expérience du caractère des gens d'après leurs épluchures ; le prodigue les fait énormes ; le paresseux aussi ; l'avare toutes minces ; l'artiste vrai, d'un seul tenant ; l'amoureux est distrait, son épluchure s'en ressent ; mais Dereux va beaucoup plus loin dans la caractérologie et dans la science d'utiliser les épluchures. Il en a fait un traité qui a paru en trois livraisons dans le Mercure de France, qui est mensuel. Aussi a-t-on pu tous les mois, pendant trois mois, consolider ou enrichir son expérience de l'épluchure de pomme de terre.

J'ajouterai, pour être complet, que cet article a été injuste pour le salon Comparaisons ; que je m'aperçois, en en relisant le catalogue, qu'il s'y trouvait des œuvres remarquables, de grands peintres, et assez nombreux : disons Waroquier, par exemple, ou les "naïfs", qui sont charmants. Mais pourquoi, dans ces conditions, n'en garde-t-on le souvenir que d'une exposition de tuyaux de poêle ? la vision morne et incohérente d'un fourneau en pièces détachées ? Il a noyé la qualité dans le magma gris. Et il a offensé le talent.

J'en conclus que ma partialité est d'une légitime injustice. 

Et c'est ainsi qu'Allah est grand. » 

***

« Légitime injustice » !!!

Quelle formule splendide dans son paradoxe ! 

Je ne discute pas de la question de savoir si l'on peut être l'ami d'un artiste dont on se moque gentiment des œuvres. D'ailleurs Vialatte lui-même ne porte ici aucun jugement sur les épluchures de pomme de terre, si ce n'est d'utilité. De là à en conclure que le peintre Dereux fait œuvre utile, il y a un pas que je ne franchirai peut-être pas.

vendredi, 14 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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Voici l'état dans lequel le capitaine Haddock se met face au "balloon dog" de Jeff Koons installé dans les ors et les stucs d'un salon de Versailles. On le comprend.

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DES NOUVELLES DE L'ARCON - 3.

« Malheureusement, moins la peinture est prise au sérieux par le peintre, plus il se prend lui-même au sérieux. Moins on sait la grammaire et plus on philosophe. Le peintre veut être un penseur. J'ai vu une exposition de jeunes génies où le programme tenait toute la place. Ils étaient "contre la morale". "Naturellement", ajoutaient-ils. C'était le premier point de ce programme. Ils y tenaient férocement. Mais qui leur faisait obstacle ? et qui ce détail intéresse-t-il ? Surtout en fait de peinture abstraite ! J'ai essayé de trouver leurs losanges immoraux et leurs circonférences coupables. Il ne m'en est pas venu de frisson d'art. Et leurs melons ! D'abord. Qu'est-ce qu'un melon immoral ?... C'est celui qui nourrira Hitler, Néron, Landru ? Le melon moral étant réservé à Pasteur, à Jeanne d'Arc, à saint Vincent de Paul ? Mais comment savoir à l'avance qui un melon va nourrir ? Il ne le dit à personne, et rien ne ressemble plus qu'un melon dévergondé à un melon plein de vertus chrétiennes. On voit par là qu'il est difficile en peinture de remplacer le talent par le vice ; surtout dans la représentation abstraite du hareng saur. Pourquoi, dès lors, vouloir tellement être immoral ? La morale n'a jamais vraiment gêné les peintres. Non plus d'ailleurs que les autres classes de la société. Alors ? Alors je m'y perds. Peut-être les peintres sont-ils las d'être jugés au nom de la morale ? Parce qu'ils trouvent la chose immorale ? Mais, s'ils sont contre la morale, pourquoi se plaignent-ils d'être jugés immoralement ? En agissant immoralement, on agit comme ils le désirent ! A moins que, semblables à tout le monde, ils n'admettent que pour eux le droit d'être immoraux ? C'est une position si banale, si courante, si universelle, qu'il est bien superflu de le crier sur les toits. Sauf si l'on a, évidemment, le besoin le plus grand et le plus naïf de déplacer le problème de la peinture. On change alors de champ de bataille. Battu d'avance à Sète, au moins craignant de l'être, on va se battre à Perpignan. Mais ce n'est jamais à Perpignan qu'on a gagné la bataille de Sète ».

***

Bon, d'accord, ce n'est pas ici le meilleur Vialatte, vous savez, le Vialatte jubilatoire dont la plume allègre, espiègle et guillerette avance « à sauts et à gambades ». Sans doute le souci de raisonner et d'argumenter alourdit le propos, qui frise l'argutie spécieuse. Je retiens quant à moi les trois premières lignes du paragraphe : " ... moins la peinture est prise au sérieux par le peintre, plus il se prend lui-même au sérieux. (...) Le peintre veut être un penseur". Et puis ceci : "... il est difficile en peinture de remplacer le talent par le vice".

Ce Vialatte-là est rejoint en 1977 par l'ami Reiser qui, dans Charlie Hebdo, après une visite à la Xème Biennale d'art contemporain de Paris, assaisonne son reportage de grands « N'IMPORTE QUOI » et parle de « L'ART RIGOLO », où l'artiste n'est plus sommé de maîtriser une technique, mais d' « AVOIR DES IDÉES ».

jeudi, 13 janvier 2022

ET C'EST AINSI QU'ALLAH ...

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Madame Yamila visitant une exposition d'ARCON.

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DES NOUVELLES DE L'ARCON - 2.

« La peinture a tout essayé.
On a peint sur une toile, on a peint sur trois toiles l'une au-dessus de l'autre (le même sujet).
On a peint avec tout : les mains, la bouche,, les pieds, le gorille, la queue de l'âne, la foudre, et le mouvement de la terre ; le pistolet, l'arquebuse, la lance, la torpille et le balais de paille. Comme instruments.
Et comme matières, avec la coquille d'œuf, le gravois, le bitume ; la crotte de chèvre et le pipi de chien ; l'anthracite, le mâchefer, le yaourt, le cantal, le brie, le fromage blanc, le fromage fait ; le papier de Paris-Soir roulé en boules compactes, trempé dans l'eau de Javel et coupé au couteau.
On a peint à vélo, à cheval et en avion.
On a peint avec rien, sans pinceau et sans toile, en se contentant de vendre à prix d'or l'ampoule qui éclairait le coin de mur où il fallait se figurer la peinture.
Après tant d'exploits étonnants au visiteur de 1964 que l'artiste ait peint avec un tournevis qu'avec une clef anglaise ? Que le tiroir de la commode qui est sur la toile s'ouvre vraiment ? Et qu'on y découvre un rat cuit plutôt qu'un fer à cheval ou un bouton de culotte ? Ou que le faux bois du trompe-l'oeil exposé par conviction philosophique vaille presque celui d'un artisan spécialisé ?
Je crois qu'on prête au public des exigences mesquines auxquelles il n'a jamais songé. »

Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Fayard, 1979.

mardi, 11 janvier 2022

HOMMAGE A ALEXANDRE VIALATTE

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« L'homme serait-il un thon volant ? Le cas de Glenn [John Glenn, l'astronaute américain que les moins de 20 ans etc....] semblerait le prouver. Il a fait trois fois le tour de la Terre à tant de kilomètres d'altitude qu'on ne sait plus comment les compter. Sa femme, dit-on, au même moment, s'était rendu à la boucherie chevaline. Il se trouva de retour avant elle. Pendant qu'elle achetait les côtelettes, il avait vu le soleil se coucher quatre fois. Même si sa femme hésite beaucoup entre les côtelettes, on ne peut se retenir de dire que c'est un incroyable exploit.
         Cette histoire prouve qu'au sommet des montagnes on n'apprend que des choses prodigieuses. Tout y est démesure. Les météores font rage. Le vent vous arrache le journal. Une partie va au nord, au sommet d'un hôtel où elle s'accroche au barreau d'un balcon et y bat comme un étendard ; l'autre va à l'est claquer à un autre balcon ; le troisième morceau reste collé au sol, par-dessus par la pluie, par-dessous par la neige ; on n'en arrache un lambeau détrempé qu'en y laissant deux ou trois ongles, dont, toujours, celui du médius. C'est ce qui rend extrêmement difficile de trouver la fin du mot croisé. »

Alexandre Vialatte, Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Julliard, 1979.

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On ne saurait se passer de Vialatte qu'à son propre détriment ! 

dimanche, 09 janvier 2022

CHEZ LES ANTIVAX 6

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Ministre de la Santé vérifiant l'affûtage de ses instruments avant d'intervenir personnellement dans un centre fermé de vaccination obligatoire où le gouvernement a parqué sous bonne garde policière, jusqu'à la résolution du problème, les insoumis de l'urgence sanitaire nationale. On notera son air de concentration extrême, afin de ne pas rater son coup.

samedi, 08 janvier 2022

CHEZ LES ANTIVAX 5

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Olivier Véran (notre photo), ministre de la santé, est ingénieux : faisant avec les moyens mis à sa disposition par la nature environnante, pour vaincre les résistances d'un « irresponsable » (dixit Emmanuel Macron) réfractaire à la vaccination, il vient de trouver une seringue pour l'amener à résipiscence.