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jeudi, 29 septembre 2022

PRÉFÉRENCES

Comme a dit quelqu'un de célèbre : « Longtemps je me suis couché de bonne heure ». J'espère que ce n'est une devinette pour personne. J'ajoute, pour mon compte : et de bonheur. Car quand j'étais petit, je n'étais pas grand  (j'entends un facétieux chantonner : "je montrais mon QRCode à tous les passants"), et je n'étais jamais seul, avec mes bandes dessinées. Des grands classiques, évidemment.

Parmi les quelques héros dont je suivais les aventures, il y avait un certain nombre de figures qui peuplaient les "revues pour la jeunesse" (Tintin, puis Spirou et, plus tard, Pilote) : Clifton, Monsieur Tric, Prudence Petitpas, le Chevalier Blanc, Marc Dacier, Jean Valhardi, Tif et Tondu, Timour, Vieux Nick, Tanguy et Laverdure, Bob et Bobette, Barelli, Pom et Teddy, Chick Bill, Michel Vaillant et toutes sortes de cousins plus ou moins éloignés, plus ou moins oubliés aujourd'hui, que j'arrête d'énumérer ici, on n'en finirait pas.

Le prince de ces Héros est évidemment un fameux Reporter-à-la-houppe aujourd'hui célèbre dans le monde entier, un voyageur fictif qui appartient corps et âme à tout le monde, mais dont les albums et produits dérivés des aventures continuent, contre vents et marées, à enrichir les ayants-droits de l'auteur (sa veuve, les éditions Moulinsart et Casterman, ...). J'ai nommé Tintin.

Je ne me risquerai pas à expliquer pourquoi ce personnage est devenu l'espèce insurpassable des modèles de héros de bande dessinée : d'autres s'en sont abondamment chargés bien avant moi et infiniment mieux que je ne saurais le faire. Je me contenterai de dire qu'Hergé à réussi à fabriquer, de son vivant, un CLASSIQUE, ce qui est le rêve de tout auteur un peu ambitieux au début de sa carrière.

Et je me contenterai de m'attarder sur un point de détail qui caractérise le dessin d'Hergé : ce que j'ai appelé il y a quelques jours des "scories et artifices graphiques" (voir ici même "Tintin et les big five", 20 septembre 2022). Je me suis demandé dernièrement ce qui resterait du dessin si l'on en ôtait tous les petits graphismes censés illustrer un choc, une action, un mouvement, une humeur, une vitesse, parfois même une ivresse, et autres circonstances dont il s'agit de rendre la "dynamique".

On trouve des traits, des vaguelettes, des gouttelettes, des tourbillons, des étoiles multicolores (en général à cinq branches), etc. Et j'ai fait le test avec une vignette de Tintin au Congo, que je trouve particulièrement abondante et chargée en matière d'artifices graphiques, et propice à satisfaire ma petite curiosité. On voit ci-dessous ce que donne l'expérience. La vignette se trouve à la page 15 de l'album.

D'abord l'originale.

 

P.15 1.jpg

Voici maintenant ce que ça donne, une fois la vignette "bidouillée", nettoyée, débarrassée en quelque sorte de tout ce qui n'est pas le sujet du dessin à proprement parler. 

P.15 1 1.jpg

Sans commentaire. Chacun jugera. Selon ses habitudes, ses préférences, ses goûts, enfin tout ce qu'il sied aujourd'hui de promouvoir, voire de revendiquer : fallait-il cette débauche de moyens visuels pour soutenir l'intérêt de la chose ? A titre personnel, je dirai que sans leurs petits ornements graphiques, les noix de coco semblent sortir de nulle part.

Ci-dessous, deux autres exemples (p.18 et p.45) : qu'en dites-vous ?

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Et même, si on veut aller au bout de l'idée.

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Pour cette dernière vignette (Congo, p.45), la "garniture graphique" envahit tout pour exprimer la rage déployée par Milou pour empêcher le gangster d'attenter à la vie de son maître. La force expressive de cette ornementation est telle que son absence rendrait l'image à peu près inintelligible (et par trop statique). 

Conclusion : les artifices utilisés par Hergé sont certes superflus, mais ils sont indispensables.

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