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dimanche, 02 septembre 2012

CELINE ET LE STYLE

Pensée du jour : « Que fait l'homme du XX° siècle ? Il détache la vignette. Au rasoir, aux ciseaux, parfois avec ses ongles. Il laisse pousser ses ongles exprès. Il passe une lame sous la vignette et fait levier. C'est pour essayer de l'arracher. Mais elle tient bon. On ne la cueille pas à si peu de frais. Elle est fixée par deux prolongements latéraux, gommés, au paquet de pharmacie. On a gagné si on la détache et si on réussit à la coller ensuite presque complète sur une ordonnance de médecin. Ce n'est pas facile : où serait le plaisir ? Mais si on réussit, les Assurances Sociales, impressionnées, remboursent à l'homme du XX° siècle un prix écrit sur la vignette en caractères lilliputiens. C'est pourquoi l'homme du XX° siècle s'acharne et s'y prend de cent façons ».

ALEXANDRE VIALATTE

 

Nous parlions bien de LOUIS-FERDINAND CÉLINE, n'est-ce pas ?

 

Vous voulez que je vous dise mon sentiment ? Si CÉLINE n’avait pas été habité par la FOLIE DU STYLE, il n’aurait jamais été antisémite. Ça vous coupe la chique, hein ? Mais j'ajoute aussitôt qu'il n’aurait jamais été écrivain non plus. Vous me direz : "Avec des si ...". Certes. Je n'explique rien : je réfléchis. Enfin, j'essaie. CELINE 6 ARLETTY PERROQUET.jpgEt il n'aurait jamais érigé le monument littéraire qui a révolutionné (je pèse mes mots) la façon de lire comme celle d'écrire.

Et je dis bien la « folie du style » : Voyage au bout de la nuit, c’est finalement un bouquin à part. Un galop d'essai "raisonnable". Très beau galop, cela va sans dire, mais aussi une base de départ. Il date de 1932. Les phrases se tiennent encore bien. Elles ne méritent pas encore l'asile d'aliénés. Ci-contre, ARLETTY, une bonne copine.

 

Il découvre tout le potentiel de son style dans Mort à crédit (que je trouve, personnellement, beaucoup plus puissant que Voyage), qui date de 1936. C'est là qu'il commence à la hacher menu, frénétiquement, la phrase française. CÉLINE a inventé le charcutage en littérature.

 

Sans l'antisémitisme, CÉLINE n'aurait jamais été un écrivain de génie. Voilà ma conviction. Parce que la littérature de CÉLINE est une littérature de la haine. Et qu'il a inventé le style littéraire de la haine. Son style, comme sa haine des juifs, il les jette à la face du monde. La haine du monde tel qu'il est. Qui le met en fureur. La haine du monde et des gens, c'est le fondement des livres de LOUIS-FERDINAND CÉLINE. D'où lui vient cette furie ? Mystère. Elle se constate plus qu'elle ne s'explique.

 

Il ne s'est jamais remis du fait que le monde est mal fait. Cette haine vient d'une terrible déception ? Pure hypothèse. Une empathie mortellement déçue ? Un amour de l'humanité, irrémédiablement rebuté ? Pures hypothèses. Tenez, j'irai jusqu'à me demander si CÉLINE n'est pas une sorte de JEAN-JACQUES ROUSSEAU modifié par la guerre de 14-18 : "J'avais les meilleures et plus pures intentions du monde, et le monde me les a fracassées" (on entend "l'homme est né bon, et la société l'a perverti").

 

Je me demande si ce n'est pas l'histoire de la brutalité d'un passage d'une enfance heureuse à un âge adulte brutalement désillusionné. Attention, il a vingt ans quand il monte au front et à la mitraille. « C'est du brutal ! », à la différence qu'on n'est pas dans la cuisine des Tontons flingueurs. Il a vu la guerre de près, et il en porte les traces définitives (névrites et invalidité partielle du bras droit ; vertiges dits "de Ménière" et acouphènes permanents, et pour payer cette note, la médaille militaire et les honneurs).

 

Tout ça dégrise à tout jamais le plus aviné des hommes. Et il semblerait (d'après HENRI GODARD) qu'il n'a jamais bu une goutte d'alcool, alors vous pensez. Mais c'est le biographe qui émet l'hypothèse que CÉLINE, à partir de ce moment, nourrit l'idée que le monde a une DETTE envers lui. Qu'il est, en quelque sorte, créancier. Alors, de la créance virtuelle à la haine réelle ?

 

Il se pense en victime du genre humain. Pas moins. Car sa haine, il ne la reconnaîtra jamais comme telle. Il la retourne en haine du monde (ingrat et mauvais payeur ?) contre lui. C'est assez tôt, étonnamment, qu'il s'attend à être assassiné d'un jour à l'autre. HENRI GODARD aborde bien le sujet, à travers la correspondance. Et tout se passe comme s'il faisait tout pour que la menace se concrétise.

 

Pour tout dire : comme s'il faisait tout pour donner des bases bien réelles et concrètes à sa paranoïa. Pour que les faits confirment sa folie. Il a, certes, un réflexe de survie, pour assurer le quotidien : il ne manque pas de réalisme. Mais j'ai l'impression qu'il ne demande qu'une chose : qu'on le haïsse. Et qu'il n'a qu'une envie : que quelqu'un manifeste l'intention de l'éliminer. Pour justifier sa propre haine. La haine de CÉLINE, je la vois comme ça : retournée en folie du style.

 

La haine aussi du style classique, de la belle phrase, de la « période » qui coule équilibrée en rythmes larges, protase, apodose et tout le toutim. CELINE 8 ARLETTY MICHEL SIMON.jpgHENRI GODARD en parle très bien : quand le bonhomme estime que son manuscrit est au point, un autre travail commence. Celui qui consiste à pulvériser méticuleusement les phrases à coups de "poings" d'exclamation et de "poings" de suspension.

 

C'est à l'estomac qu'il veut percuter le lecteur. Il fait tout pour que le lecteur ait envie d'aller au bout du livre MALGRÉ LE STYLE. Que dis-je : en surmontant le repoussoir du style. Il dresse le plus d'obstacles possible pour que le lecteur se donne du mal. Le pari, quoi qu'on dise et quoi qu'on pense, est peut-être tordu, mais absolument fascinant. En tout cas, ça m'épastrouille, et ça me laisse le cul par terre. Ci-dessus, MICHEL SIMON et ARLETTY avec l'écrivain.

 

« le dimanche, je vous ai dit, vous aviez une petite chance de pas être vu ... de passer à travers vous rendre compte ... mais la semaine vous étiez cueilli, certain ! avant même le deuxième platane !... ficelé !... guéri !... par les Fritz, Helvètes, ou maquis !... vous demandiez pas !... ruisseau, pas ruisseau !... somnambule, voilà, somnambule en domaine magique ... à vous amuser idéal !... cueillir ! bouquets d'azalées, myrtilles, mille-pertuis, fleurs des fées !... et cyclamens !... Marion y avait été cueillir !... ci !... là !... et reconnaître ! ... et il en était revenu !... merveille !... c'était un dimanche ... et indemne ! » D'un Château l'autre (1957).

 

Et c’est en 1937, donc après avoir fini Mort à crédit, après uneCELINE 56 DELETANG.jpg immersion sans précédent dans le « délire » de l’écriture – sur le délire (le terme est de lui), il ne variera jamais d’un accent aigu ou d'un point sur un i – et dont la réception par le public et la critique l’a amèrement déçu, qu’il bâcle Bagatelles pour un massacre, sa première énorme furie antijuive. Une vengeance ? Pour non-paiement de la dette ?

 

Je dis « bâcle », parce qu’écrit en six mois. Et HENRI GODARD le dit bien, et de façon plus savante que moi. Mort à crédit, c’est quatre ans. Bagatelles, dit le biographe, est écrit à la diable, au fil des jours et de la plume. En six mois. Franchement, je peux le dire : à part quelques pages à sauver à cause du style, ce n’est pas un livre. Enfin, moi je ne peux pas. Un livre, c’est autre chose. Mais il faut savoir le vif succès qui l'a accueilli à parution.

 

CELINE 2.jpgL’énigme de l’antisémitisme célinien n’en est finalement pas une. La clé, c’est l’obsession du style. C’est mon hypothèse. Revendiquée par lui-même au demeurant. L’antisémitisme, il n’est ni cause ni conséquence : il est CONCOMITANT. Inséparable. L'oeuvre de CÉLINE plonge ses racines dans le même sous-sol que son antisémitisme. J’ai l’impression que c’est aussi l'hypothèse d’HENRI GODARD, même s’il marche sur des œufs pour aborder le sujet. Et on le comprend. Le bon grain et l'ivraie tirent leur sève du même sol. Et si je me souviens bien de la parabole, Jésus Christ recommande d'attendre que tout ait poussé pour faire le tri. Rien n'empêche personne de faire le tri.

 

Et le style de CÉLINE, je dirai, pour résumer, que c’est un style furibond. Furibard. Fulminant. Tonitruant. Haineux. Si la rage avait un style, elle aurait pris la plume de LOUIS-FERDINAND.CELINE 50.jpg Première fois, depuis la plus haute antiquité, qu’un auteur éprouve de la haine pour les nombreux lecteurs qu'il a envie de conquérir. Bille en tête.

 

« Ce sont les lapins qui ont été étonnés ». Les Lettres de mon moulin commencent comme ça. C’est du ALPHONSE DAUDET. On appelait ça la « captatio benevolentiae ». Traduit en français normal, cela veut dire « caresser l’auditoire dans le sens du poil ». C’est du traditionnel.

 

Ce n’est pas du CÉLINE. Lui, il prend son lecteur à rebrousse. A rebours. C'est comme caresser un hérisson à rebrousse-piquants. Lui, son truc, c'est de bouleverser la rhétorique. De lui faire dire ce qu'elle refusait d'avouer. Et de faire chier le lecteur qui, fasciné en refermant le bouquin, dira : « Ah le salaud ! Il m'a bien possédé ! ». Parce que le lecteur n'a pas pu le lâcher avant la fin.

 

HENRI GODARD, Céline, éditions Gallimard.

 

Grand merci, monsieur GODARD. Votre livre ne dit pas tout. Quel livre le peut ? Même la Bible. Mais, à quelqu'un qui veut savoir à quoi s'en tenir sans fioritures, sans baratin idéologique de quelque bord que ce soit, il est indispensable. Et je le crois d'une rigueur impeccable, en même temps que d'une science méticuleuse. J'ai, quant à moi, pris un plaisir immense et non dissimulé à la lecture du roman qu'est cette biographie remarquable de LOUIS-FERDINAND CÉLINE.

 

Si j'ai un regret à formuler, monsieur GODARD, c'est que, après avoir montré le poids dont ont pesé les parents, le père en particulier, qui se débrouille en toutes circonstances pour avoir des informations sur son fils, vous les abandonniez brutalement, ces parents, en rase campagne. Je trouve cela un peu injuste. 

 

Il faut attendre en effet je ne sais plus quelle page pour apprendre que le papa est mort en 1932. Ce qui me manque, dans votre livre, monsieur GODARD ? Que s'est-il passé  entre les parents et leur fils, pendant et après l'Angleterre, après 1918 ? Qu'est-ce qu'ils deviennent, eux ? Leurs relations avec LOUIS ? Comment s'est opéré l'éloignement ? Comment ont-ils suivi son parcours médical ?

 

Les questions se posent d'autant plus que LOUIS, auparavant, s'est efforcé d'apparaître en toute occasion, en fils obéissant, comme le montrent vos citations de lettres. Il me semble qu'il y a là une solution de continuité qui demande à être effacée, tout comme les traces des travaux secrets de l'abbé Faria dans les profondeurs du château d'If.

 

Si vous pouviez me répondre, je vous assure que j'en serais fort aise. Merci d'avance.

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

samedi, 01 septembre 2012

L'ANTISEMITISME DE CELINE

Pensée du jour : « "Si tu n'aimes pas la soutane, conseille un proverbe bantou, ne mange pas le missionnaire." Ce qui prouve combien le Bantou est peu civilisé : il ne sait même pas éplucher les légumes. "Il n'y a pas de bas morceau dans le gros ethnographe", dit un autre de ses proverbes. Et, faute d'expérience, on ne peut dire s'il s'agit de discernement ou de gloutonnerie. La civilisation ne commence qu'avec la distinction juridique ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

Je m’étendrai un peu, mais pas trop, sur l’antisémitisme (le général, mais aussi le spécifique de LOUIS-FERDINAND CÉLINE). C’est un trop gros cheval pour que je puisse espérer le monter un jour. Et je n'ai pas envie d'apprendre. Je dirai seulement que je ne comprends ni les antisémites, ni l'antisémitisme. J'ai tendance à y voir un simple instrument politique, un outil de gouvernement si vous voulez, que divers pouvoirs au cours de l'histoire ont manipulé dans un sens ou dans un autre, au gré de difficultés ou aléas particuliers.

 

 

 

Quoi de mieux, en effet pour unifier derrière soi, et pour faire adhérer, que de désigner un ennemi ? Qu’est-ce qui pousse à haïr un juif parce qu'il est juif ? Qu’un Palestinien haïsse les Israéliens pour occupation de territoire, passe encore. Il s'agit de peuples, de nations. De politique. De guerre, éventuellement. On nous raconte bien que les Français ont massivement haï les Allemands pendant l'Occupation. Mais que veut dire haïr quand on ferme sa gueule ? Ce fut peut-être vrai pour 0,5 % de Français de l'époque, ceux qui ont mis la main à la pâte. Et encore, les chiffres ne sont pas scientifiquement établis.

 

 

Mais qu’un musulman (j'aurais pu dire un chrétien, un soudeur à l'arc, un jockey, que sais-je, FRANK RIBÉRY) haïsse un juif ? J'avoue que c'est au-delà de ma comprenette. Je dois manquer d'imagination. Et pourtant, il y a des antisémites en France, aujourd’hui. Mais c’est pour l’essentiel des gens qui s’identifient aux Palestiniens qui luttent pour la création de leur Etat. Je ne vise personne, mais suivez mon regard. A ce titre, je récuse formellement l'affirmation qui consiste à prétendre que "la France" est antisémite, souvent complaisamment colportée. Non monsieur, ce n'est pas "la France" qui est antisémite.

 

 

A la limite, je me demande si l’on ne pourrait pas parler d’un "antisémitisme politique", plutôt que de se cacher derrière le petit doigt de l'antisionisme. Si je comprends bien, ceux qui se veulent, non pas antisémites, mais antisionistes ne visent rien d'autre que la destruction de l'Etat d'Israël (même s'ils prétendent le contraire). Pourquoi ? Tout simplement parce que, si le sionisme a consisté à réclamer une terre pour les juifs, et à appeler à la CREATION d'un Etat, n'est-il pas logique de conclure que l'antisionisme est un appel à sa DESTRUCTION ? Comme AHMADINEJAD ?

 

 

Mon raisonnement est taillé à la hache, je le reconnais, mais il est d'une logique aveuglante. Et son corollaire est le suivant : si vous tentez de détruire l'Etat d'Israël qui, existe depuis plus longtemps (et plus solidement) que le Sud-Soudan, vous avez la Troisième Guerre Mondiale. C'est ça que vous voulez ? Non. Alors à quoi jouez-vous, avec votre "antisémitisme politique" ? 

 

 

Vous me direz que, par bonheur, je ne comprends pas grand-chose, et vous aurez certainement raison. J'espère. Je constate simplement, en me contentant d'observer des faits, que la création de l’Etat d’Israël sur une terre longtemps ottomane, et qui, en tout cas, n’était plus juive depuis lurette, mais musulmane pour l'essentiel (avec présence multiconfessionnelle malgré tout) ne pouvait, dès l’origine, que créer du conflit. Et du conflit perpétuel. L’état de guerre date de la création d’Israël. On appelait ça le sionisme. Le sionisme est une déclaration de guerre, puisqu'il s'agit d'occuper un territoire où d'autres sont installés depuis longtemps, sans leur demander leur avis.

 

 

Un Israélien n’a-t-il pas décrit récemment l’Etat d’Israël comme un groupe de 5 millions de Juifs cerné par un milliard de musulmans ? Il faisait en passant abstraction des Arabes israéliens. La mentalité d’assiégé est consubstantielle à la création de l’Etat d’Israël. La guerre sera donc éternelle. Et peut-être, un jour, universelle. A cause du sionisme. Vous vous imaginez ? Pouvoir revenir dans votre logement 2000 ans après l’avoir quitté et en chasser celui qui l’occupe à ce moment ? Devinez s'il serait d'accord ?

 

 

A qui appartient la terre ? JEAN-JACQUES ROUSSEAU répond : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne ». La terre n'est à personne.

 

 

En même temps, qui d'assez puissant pourrait prendre la décision de vouloir rayer Israël de la carte ? Israël existe bel et bien. Insoluble, le problème, je vous dis. On trouve ici le trou noir (en quelque sorte) de tout désir de paix. Israël est né d'un coup de force. Comment voulez-vous arriver à la paix dans ces conditions ? C'est l'ONU qui a décidé ? Et alors ? Si c'est contre la volonté des Arabes concernés par l'implantation ? Ce n'est pas la guerre ? Si, c'est la guerre. Je m'égare.

 

 

De toute façon, l’antisémitisme de CÉLINE n’a rien à voir avec le sionisme. Il date de bien avant la création de l'Etat d'Israël. Pas sûr même qu'il  a été contre : « Qu'ils aillent donc traiter d'antisémites les arabes de Palestine » (HENRI GODARD, Céline, p. 413).  Son antisémitisme est carrément, et totalement, PATHOLOGIQUE. Une bonne et grosse et grasse et grave maladie psychiatrique. Lui, ce dont il accuse les juifs en 1937, entre autres, c’est de vouloir faire la guerre à HITLER. Il s'y tiendra mordicus. Pour lui, ils sont (et restent) les fauteurs de la 2ème guerre mondiale. On hallucine évidemment.

 

 

Vous voulez savoir ce que c’est, le CÉLINE antisémite? En voilà un extrait : « J’ai rien de spécial contre les Juifs en tant que juifs, je veux dire simplement truands comme tout le monde, bipèdes à la quête de leur soupe… Ils me gênent pas du tout. Un Juif, ça vaut peut-être un Breton, sur le tas, à égalité, un Auvergnat, un franc-canaque, un « enfant de Marie »… C’est possible… Mais c’est contre le racisme juif que je me révolte, que je suis méchant, que je bouille, ça jusqu’au tréfonds de mon bénouze ! … Je vocifère ! Je tonitrue ! Ils hurlent bien eux aux racistes ! Ils arrêtent jamais ! Aux abominables pogroms ! Aux persécutions séculaires ! C’est leur alibi gigantesque ! C’est la grande tarte ! Leur crème ! On me retirera pas du tronc qu’ils ont dû drôlement les chercher les persécutions ! Foutre bite ! ». Voilà, j’arrête, c’est dans Bagatelles pour un massacre (1937). Et ce n’est pas les pires pages, loin de là, je vous assure. On le trouve sur internet. Sans commentaire.

 

 

Quand la réalité d’Auschwitz pète à la gueule du monde, il surveille ses propos médiatiques, mais ne modifiera en rien, jusqu’au bout, ses positions sur la « question juive ». Les Protocoles des Sages de Sion, ce faux grossier élaboré par la police tsariste ? Il y croit. Le complot juif mondial ? Il y croit. La mainmise des juifs sur les médias, la presse ? Il y croit.

 

 

HENRI GODARD fait toute leur place, sans rien esquiver, me semble-t-il, à ces aspects qu'il qualifie d'insupportables. N'étant pas psychiatre, il se garde d'approfondir. C'est comme en passant qu'il évoque la paranoïa. N'ayant pas autant que lui de précautions à prendre, je le dirai carrément : LOUIS-FERDINAND CÉLINE fut gravement PARANOÏAQUE. Comme le président SCHREBER qui, à part quelques internements, exerça "dignement" sa fonction dans la magistrature (SIGMUND FREUD, Le Cas Schreber).

 

 

Et selon moi on ne peut lui enlever sa folie sans le priver du même coup de son génie. Les deux sont inséparables. Si vous lui arrachez son antisémitisme, vous détruisez son oeuvre littéraire. La folie qu'il y a dans son style est intimement cousine de celle qui gouverne sa vie.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

mardi, 10 avril 2012

ISLAM ET TOTALITARISME (fin)

L'islam diffère aujourd'hui du christianisme en ce qu'il ne fait pas de différence entre le temporel et le spirituel. Mahomet lui-même fut un chef religieux, évidemment, mais aussi politique et militaire. Le christianisme a cessé d'être une religion totalisante pour x raisons (encore que le "in god we trust" figure sur chaque billet vert). L'islam est resté une religion totalisante. Quelle distance sépare « totalisante » et « totalitaire » ?

 

Une autre chose qui différencie absolument islam et christianisme, c’est la notion de schisme. Dès le concile de Nicée, en 325, les chrétiens surveillent comme du lait sur le feu l’orthodoxie de la foi catholique (καθολικος veut dire « à visée universelle »), et pourchassent les façons hétérodoxes de croire en Dieu. 

 

C’est ainsi qu’est apparue la notion d’hérésie. L’Eglise catholique a donc fonctionné sur l’exclusion des hérétiques. On a appelé ça l’excommunication. L’hérétique est retranché de la communauté des croyants. Sans parler du grand schisme de 1054 entre l’Eglise d’Occident et l’Eglise d’Orient. L’Eglise catholique a donc, au cours de l’histoire, parallèlement à son entreprise de conversion forcée de l’humanité, pratiqué avec constance la soustraction.
 

Maintenant, si on regarde l’Islam, que voit-on ? On voit exactement l’inverse : tout sauf la soustraction. Très curieusement, les musulmans se sont ramifiés en un certain nombre de sectes, au nombre de soixante-treize d'après mes sources, mais des sectes admises par l’orthodoxie. C’est ce qu’ils appellent l’ « Oumma », la « communauté des croyants ». Toute les ramifications s'additionnent (sauf quelques groupuscules microscopiques bizarres).
 

Il y a donc d'innombrables manières d’être musulman. Mais il y a, entre tous les musulmans du monde, au moins UN point commun : le monument appelé la « Kaaba », situé à La Mecque. J'ai failli oublier le Coran.  Le christianisme a suivi un processus de fragmentation, fondé sur des bisbilles byzantines et abstraites concernant des points obscurs de la théologie, et donc inaccessibles au commun des mortels, pour qui c'était soit du chinois, soit de l'hébreu. 
 

L’islam, au contraire, a suivi un processus d’englobement. S’il s’est ramifié en de multiples tendances (sunnites, chiites, soufis, kharidjisme, et autres), il est resté ancré sur un socle commun, concrétisé par la Kaaba de La Mecque, et dont les données principales sont très simples à comprendre par tout un chacun : les cinq piliers (profession de foi, cinq prières quotidiennes, aumône, jeûne de Ramadan, pèlerinage à La Mecque). Une simplicité accessible même aux imbéciles.

 

Vous pouvez être le soufi le plus mystique et contemplatif, mais vous pouvez aussi vous considérer comme le plus terrible des soldats de l'islam.
 

Historiquement, c’est une trouvaille géniale. Et c’est ce qui rend très compliquée la perception qu’on peut en avoir de l’extérieur. Quand les autorités musulmanes de France appellent à « éviter les amalgames », à s’interdire toute « stigmatisation » des musulmans français, c’est à ce point de vue qu’ils se placent : un musulman est avant tout un membre de l' « Oumma ». Mais vu de l’extérieur, disons du point de vue d'un "français de souche", cela reste très compliqué.
 

Le gros problème qui demeure, c’est que les bombes qui explosent à la sortie des églises chrétiennes, au Nigéria, en Egypte et ailleurs, ont été posées par des gens qui se réclament de l’islam. Vu de l’extérieur, c’est rigoureusement incompréhensible. On se dit : alors c'est quoi, un musulman ? Est-ce que c'est celui qui dit que l'islam, c'est la paix ?

Est-ce que le "vrai musulman" est celui qui déclare la guerre à la civilisation occidentale et chrétienne ? Ils sont tous, vus de l'extérieur, des "vrais musulmans". Comment voulez-vous qu'on s'y reconnaisse ? Parce qu'après tout, c'est très facile, pour eux, cette situation, c'est très commode, c'est très pratique. Ils disent : « Pas touche à mon frère qui a posé la bombe, car c'est à tout l'islam que tu t'attaques. Si tu t'en prends à lui, c'est nous tous que tu agresses ».
 

Je n’ai pas parlé des attentats suicides, des têtes coupées des moines de Tibéhirine, accessoirement de la guerre que se livrent en Irak les sunnites et les chiites, et de toutes sortes de manifestations de la pire intolérance qui soit, où les crimes de Mohamed Merah ne dessinent qu’un point culminant dans une série de points culminants.
 

Les musulmans sont pénétrés, imprégnés d’une exigence : il est interdit de diviser l’ « Oumma », la communauté des croyants. Il est interdit d’attenter à l’ « unité des croyants ». C’est pourquoi il est finalement vain de demander aux autorités musulmanes de France de condamner les actes de Mohamed Merah.
 

Autrement dit, les musulmans extrémistes, les musulmans qui se suicident à l'explosif dans un bus en Israël, les musulmans violents au nom de l’islam, les musulmans intégristes et les fondamentalistes, ils font partie de la « communauté des croyants ». Condamner l'un de ces « fous de Dieu », c'est condamner l'ensemble de la "communauté".
 

La conclusion ? Elle est assez simple. Messieurs, si vous ne condamnez pas les actes barbares commis au nom de l’islam, alors c'est que vous en assumez la responsabilité. Car cette responsabilité devient alors collective.

Si les musulmans modérés et pacifiques se considèrent D'ABORD comme les frères de ceux qui assassinent et posent des bombes, et qu'ils s'interdisent de les condamner avec horreur, au prétexte qu'il ne faut pas DIVISER la communauté des croyants (« Oumma »), alors ne vous étonnez pas que les musulmans, EN BLOC, fassent l’objet d’un rejet. Ne vous étonnez pas qu'il y ait une stigmatisation. Ne vous étonnez pas des amalgames. Dans le fond, vous l'aurez bien cherché. Et ne venez pas vous plaindre.

 

Voilà ce que je dis, moi.

Post scriptum : les quelques ébauches d'analyses que j'ai livrées ici depuis quelques jours sont l'aboutissement, non pas de ce qu'un expert, un spécialiste, un théologien quelconque aurait appris dans des livres, mais d'une réflexion personnelle, laborieusement bricolée à partir de ce qu'offre la suite des événements récents, tant dans les pays arabes et/ou musulmans que sur le territoire français.

lundi, 09 avril 2012

ALORS, L'ISLAM : TOTALITAIRE ?

L’Islam est-il totalitaire par nature ? Evidemment non, mais il faudrait y regarder de plus près. Y a-t-il des musulmans qui ont des visées totalitaires ? La réponse est : oui.

 

 

Rien qu’à la façon dont se sont instaurées les trois religions du « Livre », tiens, on peut s’en apercevoir. Je ne vais pas remonter aux origines de la religion juive. Ici, le peuple se confond avec la religion qu’il pratique. Et si je ne me trompe pas, il n’y a jamais eu de prosélytisme juif. Aucun juif, sauf erreur de ma part, n’a jamais essayé de faire que d’autres se convertissent au judaïsme.

 

 

Il me semble même plutôt que les juifs (à la fois en tant que peuple et que croyants) ont toujours cherché à préserver l’homogénéité (la « pureté », si l’on veut, du « peuple élu ») de leur communauté et de leurs dogmes. La philosophe HANNAH ARENDT insiste assez sur cette caractéristique des juifs (vivre entre soi) dans sa préface au monumental Les Origines du totalitarisme.

 

 

Il est de notoriété publique que le mariage entre des hommes ou des femmes juifs et des « goyim », c’est compliqué (je pense à la modeste comédie La Vérité si je mens). La ligne directrice des juifs, c’est plutôt la logique du « vase clos » : restons entre nous, ne nous mélangeons pas. Une preuve en est donnée par la floraison d’établissements confessionnels (Ozar Hatorah, entre autres) réservés aux juifs.

 

 

En passant, je signale que le seul concept d' « école coranique » me fait frémir. Mais pas plus que celui d' « école catholique » : en France, pourtant, les écoles catholiques ensiegnent autre chose que la Bible, et sont obligées de respecter les programmes imposés par le ministère de l'Instruction Publique (je déteste l'expression "éducation nationale").

 

 

La façon dont le christianisme est arrivé et a fini par s’imposer dans l’antiquité est toute différente : Jésus, c’est l’homme de la paix et de l’amour, jusqu’au sacrifice de soi. Bon, qu’il soit « fils de Dieu », pourquoi pas ? L’essentiel est que le message du christ est essentiellement pacifique.

 

 

A cet égard, certains analystes vont jusqu’à le considérer comme le seul vrai chrétien dans l’histoire. Car le véritable fondateur du christianisme, c’est un soldat qu’on appellera plus tard Saint Paul. Qui prendra au pied de la lettre l’expression : « Allez enseigner toutes les nations ». Ce premier prosélytisme massif se déroule de façon pacifique pendant plusieurs siècles. C’est la période des persécutions et des martyrs.

 

 

Le christianisme change de nature en devenant avec Constantin un rouage de l’Etat, un instrument du pouvoir, en quelque sorte. Dès lors, il a eu vocation à s’étendre par le prosélytisme et la conversion. Le christianisme, pacifique au départ, est devenu guerrier, quand le temporel et le spirituel se sont fondus pour exercer le pouvoir. Inutile de revenir sur les conversions forcées, massives qui ont accompagné les conquêtes coloniales, par le « bois » et le « fer » (la croix et l’épée). La terreur, quoi.

 

 

Pour l’Islam, c’est différent, dès le départ. Les Kuraïchis (tribu bédouine à laquelle appartenait Mahomet) persécutèrent celui qui prétendait parler au nom d’Allah, et le chassèrent de La Mecque en 622 (début de l’hégire, qui est aussi celui du calendrier musulman).

 

 

Mais le 10ème jour du mois de ramadan de l’an 8 de l’hégire (= 11 janvier 630), il se met à la tête d’une armée de 10.000 hommes et conquiert la ville, dont il fait le centre absolu de la nouvelle religion. L’Islam a donc démarré dans l’histoire par un acte de guerre, même si la légende prétend que la bataille s’acheva sans qu’une goutte de sang eût été versée. Il y a du guerrier potentiel dans tout musulman. Il ne faut jamais l’oublier.

 

 

Aujourd’hui, les musulmans qui interprètent au pied de la lettre l’appel au « djihad » formulé dans le Coran sont nombreux. Cela donne les massacres de chrétiens dans le nord du Nigéria. Cela donne les violences contre les coptes dans l’Egypte « révolutionnaire ».

 

 

Cela donne diverses persécutions dans les pays du Proche et du Moyen Orient, en particulier en Irak, où les chrétiens préfèrent s’exiler. J’aurais tendance à en conclure que les musulmans, en général, n’aiment pas les chrétiens. Et je ne parle pas de l’antisémitisme, largement partagé parmi les musulmans.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre.

vendredi, 06 avril 2012

MUSULMAN ET TOTALITAIRE ?

Avant de commencer, je veux dire qu’on n’a pas assez noté, à mon avis, que, parmi les quatre victimes militaires que Mohamed Merah a flinguées pour de bon, trois portent des noms arabes : Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Imad Ibn Ziaten. Le quatrième – est-il encore vivant, au fait ? – porte un nom latin, Loïc Liber, et la peau noire de sa naissance guadeloupéenne. Il est donc pour le moins étonnant qu’on n’ait plus parlé que de crimes « antisémites ». Cela ressemble à une confiscation du deuil.

Je signale que l’armée française compte, aux dernières nouvelles, environ huit mille recrues « issues de l’immigration » et musulmanes, une « intégration » sans tambour ni trompettes, un recrutement bien plus discret, mais combien plus efficace que les légions d’Al Qaeda (vous connaissez le refrain de Pierre Perret, qui ne parlait pas des camps d’entraînement du Waziristan : « Les jolies colonies de vacances (…) tous les ans, je voudrais que ça recommence, youkaïdi aïdi al qaïda »).

Pourquoi je voulais le faire remarquer particulièrement ? Tout simplement, parce que ce type qui a tué des enfants juifs, soi-disant  pour venger les enfants palestiniens tués par les Israéliens, il a commencé par tuer des types aussi musulmans que lui. Des Français, peut-être, qui servent dans l’armée française, peut-être, mais qui sont d’origine arabe, et de religion musulmane. Si quelqu’un peut m’expliquer ce sac de nœuds, il est le bienvenu. 

Maintenant, venons-en au sujet du jour. Y a-t-il une « offensive islamiste » en France ? La réponse est « oui ». Je me réfère à ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie, en Lybie, et maintenant au Mali, où l’offensive islamiste est patente, avérée, officielle. Il n’y a pas de raison pour que l’Europe, en particulier la France, où vivent beaucoup de musulmans, reste en dehors de ce mouvement de fond.

Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi un certain nombre de signes.

1 ) – Le premier me vient d’un prêtre catholique qui s’appelait CHARLES PALIARD. Moi qui suis athée, je dis tout de suite, à son sujet, que je n’ai jamais vu personne d’aussi peu doctrinaire, d’aussi peu dogmatique. D’aussi peu crispé sur une idéologie. Et pour tout dire, d’aussi ouvert. Certaines mauvaises langues diraient « d’aussi œcuménique ».

Curé dans la paroisse de Saint Priest, il est mort en 1992. Ses propos datent donc de bien avant, mettons vingt-cinq ans, et s’ils étaient dépourvus de crainte ou de haine, ils étaient très nets : il parlait de l’islamisation rampante à l’œuvre dans cette ville de la banlieue lyonnaise, où la population d’origine arabe est nombreuse.

Il ne semble pas que le processus à l’œuvre, qu’il constatait il y a vingt-cinq ans se soit interrompu. Bien au contraire, l’Islam, en France, a pris de la place, de plus en plus de place. Le mouvement s’est amplifié, a crû et embelli, est devenu tellement visible qu’il a fini par poser un vrai problème (voile, prières en public, etc…), au point d’envahir le devant de la scène.

Quand on regarde ainsi le phénomène sur la longue durée, il est raisonnable de s’interroger, et même de s’inquiéter. Et de se dire, rationnellement et posément, que la France, non seulement n’est pas à l’abri d’une « offensive islamiste », mais qu’elle constitue pour celle-ci un terrain de jeu privilégié, sans doute à cause, d’une part, du nombre d’adeptes, d’autre part, de la place qu’y tient la laïcité, dont les musulmans – et même pas les plus radicaux – ne veulent à aucun prix.

Voilà ce que je dis, moi.

 

A suivre.

samedi, 24 mars 2012

L'ISLAM DE FRANCE : UN MYTHE ?

Résumé : l'espace public, en France, est envahi par des controverses autour de l'islam. Pour le citoyen ordinaire (et athée) que je suis, l'air est contaminé par des débats de nature insupportablement religieuse.

 

 

J’entends déjà les chiens de garde, souvent de gauche, hurler à l’islamophobie. Fausse route, selon moi, les amis ! Il n’y a pas d’islamophobie en France, qu’on se le dise. Et ce n’est pas les profanations de tombes musulmanes (mais surtout juives, soit dit en passant) qui me feront changer d’avis.

 

 

Ou alors, pour être équitable, et puisque le joli terme de phobie a tant de succès de nos jours, si certains disent qu’islamophobes nous sommes, il faut qu’ils reconnaissent la part de christianophobie, voire de francophobie (siffler la Marseillaise lors d’un match de football France-Algérie), et même de sémitophobie, qui anime ces islamophiles et un certain nombre de musulmans. C'est une vraie question : les musulmans de France sont-ils antisémites ou non ? Combien y a-t-il de francophobes ?

 

 

C’est une histoire de réciprocité. Au moment où les Européens sont mis en demeure de construire des mosquées, j’attends qu’on me dise combien d’églises catholiques, combien de temples protestants, combien de synagogues ont été construits en terre d’Islam depuis cinquante ans. Il me semble que dans les pays à majorité musulmane, tout ce qui est chrétien a tendance à être pourchassé (même racine latine que persécuté). Le nombre de chrétiens qui en ont été chassés me laisse augurer le pire. De quel côté est l’intolérance, nom de dieu ?

 

 

Si les européennes qui vont visiter l’Arabie saoudite sont obligées de se couvrir, qu’attendent les Européens pour exiger que les femmes arabes qui débarquent en Europe enlèvent leur voile, montrent leurs cheveux ou portent un chapeau ? Qu’attendent les Européens pour exiger l’application de la très simple règle de la RÉCIPROCITÉ ? Je ne vois aucune raison pour la refuser.

 

 

Les musulmans, dans cette circonstance, adoptent – et je trouve ça révélateur d’un « mode d’être » – la même stratégie que les homosexuels et les féministes : d’une part la revendication de droits, souvent agressive, et d’autre part les hurlements d’orfraie face à des « phobies » supposées, le plus souvent purement imaginaires, mais bien commodes quand on est devant les tribunaux, pour prendre la posture de la victime.

 

 

Car c’est un autre point commun, que PHILIPPE MURAY nommait très justement « l’envie du pénal », qui pousse tous ces gens à demander que justice leur soit publiquement et officiellement rendue par l’autorité judiciaire. Une justice où les dédommagements pécuniaires sont rarement refusés. 

 

 

J’aimerais cependant que tous ces gens qui crient qu’ils souffrent collectivement de l’injustice qui leur est faite, aient quelque chose de positif à proposer. C’est vrai ça, ils demandent, réclament, revendiquent, se répandent sur les ondes en considérations fielleuses, en proclamations atrabilaires, en protestations négatives. Vous n’avez pas remarqué l’uniformité de ce ton agressif et mécontent ? Ceux qui exigent du respect de la part d'autrui devraient s'attendre à ce qu'autrui exige, là aussi, la RÉCIPROCITÉ.

 

 

J’aimerais demander à tous ces individus (ne parlons pas du caractère le plus souvent collectif et « identitaire » (nous les …) des revendications) qui s’estiment lésés de quelque manière dans la façon dont les autres les considèrent dans la société, s’ils ont si envie que ça de vivre avec ces autres. Ils réclament beaucoup de ces autres, mais eux, qu’ont-ils à leur offrir ? Quel est leur projet de vie en commun avec eux ? Que souhaitent-ils leur apporter dans l’existence collective ? En quoi de concret consiste leur projet de vie en société, s’ils en ont un ?

 

 

J’aimerais à l’occasion entendre sortir de leur bouche des propos enfin POSITIFS. Il faut dire que c’est lassant, à la longue, d’entendre seriner, de « débat » d’idées en « débat » de société, les aigreurs d’estomac de ces soi-disant « mal-aimés ».

 

 

Dans la circonstance présente, où je retiens quand même que c’est un homme qui s'appelle MOHAMED qui a commis les crimes, il ne s’agit évidemment pas de « stigmatiser » tous les basanés musulmans de France. Les responsables de tout bord savent trop le risque qu’ils prendraient à allumer une mèche qui ferait exploser quatre millions de personnes, où quelques allumés du bulbe jouent le rôle d'étincelle à retardement.

 

 

Il est important de ne pas étendre à tous les musulmans de France l’horreur qu’inspirent les crimes de MOHAMED MEHRA. Comme disent avec componction, la mine grave, les « responsables » politique, « il ne faut pas faire d’amalgame ». Quelques dizaines, sans doute pas beaucoup plus, la veulent, la guerre. Mais éviter de mettre tous les musulmans de France dans le même sac, ça ne suffit pas. Il faut de l'explicite, du concret, du positif.

 

 

MUSULMANS, vous voulez vivre en paix avec tout le monde ? MONTREZ-LE. Plutôt que de sauter comme des cabris en « mettant en garde contre les amalgames », allez-y, dénoncez MOHAMED MEHRA, proclamez qu’il contrevient au Coran, qu’il n’est pas musulman, je ne sais pas, mais dites, affirmez clairement que celui-ci n’est pas des vôtres, que vous ne faites pas partie de cette engeance. Dénoncez les extrémistes, salafistes ou djihadistes qui appellent à la guerre de civilisation.

 

 

Vous adhérez au mode de vie à l’européenne ? MONTREZ-LE. Désolidarisez-vous publiquement, collectivement et en masse de tout de qui en est la négation. Tiens, et si vous organisiez, pour tous les musulmans de France, une grande manifestation nationale à Paris, de Bastille à République, ou de République à Nation, pour affirmer que l’Islam est une religion de paix. Et pendant qu’on y est, que les Arabes de France ne sont pas des sémitophobes. Tiens, chiche !

 

 

Dites-le, que vous aimez la France et les Français. Et pour faire bonne mesure, dites-le, que vous aimez les juifs. Tiens, chiche ! Sacré défi, non ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mardi, 24 janvier 2012

AU FIL DE "LA RECHERCHE" (5)

Résumé : La façon dont PROUST conduit « Un amour de Swann » est donc un chef d’œuvre par sa progressivité.

 

 

***

 

 

On admire que tout se passe indépendamment de la volonté de Swann. Odette ne lui plaît pas. C’est elle qui a décidé de se placer dans son champ de vision, d’y cultiver la rémanence de son image. C’est par effraction que le sentiment amoureux s’introduit en lui. Et il entre dans l’amour à reculons. Il en jouit naïvement, tout en se permettant de courir toujours la cuisinière et la couturière. La leçon est claire : l’amour rend bête. Il dit le plus grand bien des Verdurin, l’idiot.

 

 

L’histoire commence à devenir drôle quand Odette s’éloigne de Swann. PROUST se débrouille qu’on n’ait pas plus que ça de sympathie pour ce presque « grand seigneur » juif, ami des princesses et du boulevard Saint-Germain, qui se dévoie avec des parvenus et des nouveaux riches. L’auteur détaille minutieusement les soupçons qui commencent à se glisser dans son esprit, les efforts et démarches qu’il fait pour rester dans les bonnes grâces d’Odette.

 

 

 

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Il narre par le menu les allées et venues qu’il fait dans sa voiture, conduite par Lorédan (ainsi nommé parce que dans l’esprit de Swann, il ressemble au doge de Venise peint par BELLINI), puis par un remplaçant, quand Odette lui dit qu’elle ne supporte plus celui-ci. Il raconte cette soirée où, bourré de soupçons sur des infidélités qu’elle lui fait avec Forcheville, il va toquer au carreau qu’il croit être de sa fenêtre, et où ce sont deux vieux très surpris qui ouvrent, à sa grande confusion.

 

 

Bref, il se ridiculise. L’épisode amoureux dure (sans que ce soit nettement précisé) quand même quelques années. Il se termine ainsi : « Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pôur une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! ».

 

 

EPISODE 3 : NOMS DE PAYS : LE NOM

 

 

Ce « chapitre » clôt le livre sur la juxtaposition de trois thèmes : la rêverie du garçon sur les noms, les rencontres avec Gilberte Swann aux Champs Elysées, et le Bois des femmes, autrement dit le Bois de Boulogne.

 

 

Pour lui, le nom de Balbec, d’après ce que Legrandin et Swann lui en ont dit : l’un en parle comme de la partie terminale de la civilisation, à moitié sauvage, habitée par des pêcheurs, des brouillards et des tempêtes ; l’autre parle de la petite église de Balbec, « le plus curieux échantillon du gothique normand, et si singulière ! on dirait de l’art persan ». Du coup, la rêverie « mêlait en moi le désir de l’architecture gothique avec celui d’une tempête sur la mer ».

 

 

L’indicateur des chemins de fer soutient sa rêverie du nom de toutes les gares de Bretagne dont les sonorités se parent de couleurs particulières (MESSIAEN affirmait voir un bleu outremer dans telle harmonie, etc.). On apprend aussi que les chambres de Combray sont « saupoudrées d’une atmosphère grenue, pollinisée, comestible et dévote ». Cette liste est extraordinaire, ne trouvez-vous pas ?

 

 

Un des intérêts de ce « chapitre » est que le narrateur parle de ce qu’il est « avide de connaître » : « ce que je croyais plus vrai que moi-même ». Il y revient plusieurs fois.

 

 

Il imagine ensuite Venise et Florence (« le Ponte Vecchio encombré de jonquilles, de narcisses et d’anémones » : le pauvre, s’il y allait aujourd’hui, il y verrait surtout les fabricants d’objets en or). Il imagine les peintres dont il a vu des reproductions.

 

 

 

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CANALETTO

 

 

 

On assiste ensuite à ses rencontres avec mademoiselle Swann aux Champs Elysées, son amour pour elle, et les tourments qu’il éprouve quand il sait qu’elle sera absente tel jour. Chacun de ces gamins est doté d’une bonne. C’est là qu’on retrouve Françoise, d’ailleurs. Les enfants « jouent aux barres ».

 

 

J’ai eu la très curieuse impression de revoir les affres amoureuses de Swann pensant à Odette. Il s’ingénie à analyser ce qui se passe en lui. Son œil est aiguisé, et appuie sur le contraste irréductible entre l’image intérieure qu’on se fait d’une personne et la réalité objective de cette personne.

 

 

On lit dans ce passage une phrase assez ahurissante. Swann vient parfois attendre et chercher sa fille, sans toutefois daigner saluer le narrateur, avec la famille duquel une brouille s’est installée depuis le mariage avec Odette.

 

 

Gilberte et lui vont jusqu’à une baraque où une dame vend des friandises. Elle est particulièrement aimable avec eux « – car c’était chez elle que M. Swann faisait acheter son pain d’épice, et par hygiène, il en consommait beaucoup, souffrant d’un eczéma ethnique et de la constipation des Prophètes – ». J’avoue que la phrase me laisse sur le cul (pardon pour l’élégance). « Eczéma ethnique », « constipation des Prophètes » ? C’est du brutal.

 

 

Il pousse parfois ses promenades avec Françoise jusqu’au Bois de Boulogne, où des gens distingués se croisent, et où surtout Mme Swann se promène, parfois en voiture, parfois à pied, « dans une polonaise de drap, sur la tête un petit toquet agrémenté d’une aile de lophophore, un bouquet de violettes au corsage ».

 

 

Odette, de sa voiture, envoie aux messieurs qui la saluent au passage des sourires, dont l’un veut dire : « Je me rappelle très bien, c’était exquis ! », l’autre : « Comme j’aurais aimé ! ç’a été la mauvaise chance », le suivant : « Mais si vous voulez ! Je vais suivre encore un moment la file et dès que je pourrai, je couperai ». Non, Odette ne se refait pas.

 

 

La fin est consacrée à l’aspect artificiel et composé du Bois de Boulogne, qui : « répondait à une destination étrangère à la vie de ses arbres ». On trouve répété de page en page le mot « factice ». En fait, l’essence du Bois est de servir de cadre aux évolutions des belles promeneuses.

 

 

Quelques phrases à relever, quand il considère le passage du temps et la disparition de la beauté dans le passé : « Quelle horreur ! me disais-je : peut-on trouver ces automobiles élégantes comme étaient les anciens attelages ? Je suis sans doute déjà trop vieux, mais je ne suis pas fait pour un monde où les femmes s’entravent dans des robes qui ne sont même pas en étoffe ». « Quelle horreur ! Ma consolation, c’est de penser aux femmes que j’ai connues, aujourd’hui qu’il n’y a plus d’élégance ».

 

 

Ainsi finit Du Côté de chez Swann. Que me reste-t-il de la lecture ? Pas facile à dire. La première chose qui me frappe, c’est que j’ai lu déjà deux fois A la Recherche du temps perdu, et j’ai l’impression, aujourd’hui, que je n’avais jamais ouvert le livre.

 

 

Il y a bien des éléments qui m’étaient restés, Swann et Odette, la maison de Combray, etc. Mais d’une manière générale, en l’ouvrant pour la troisième fois, c’est comme si c’était la première. Peut-être que c’est toujours la première fois, après tout.

 

 

Ce que je trouve incommensurable et inextricable, c’est l’infinité des détails qui composent le récit, une matière tellement foisonnante, une végétation tellement luxuriante qu’il est impossible à l’observateur de tout saisir, de tout retenir. Impression que MARCEL PROUST a fait le choix de cette  syntaxe hors du commun pour se donner la capacité d’embrasser un vaste univers de sensations, d’aperçus.

 

 

Syntaxe hors du commun : je n’apprends rien à personne. Les phrases de MARCEL PROUST sont construites de manière à ce que le lecteur, quand il arrive au milieu, doit revenir au début pour rétablir mentalement la structure grammaticale. Je comparerais ça à la marche dans une forêt vierge encombrée de lianes : on avance de quelques mètres, on se retourne, et il est impossible de seulement discerner le point où l’on était auparavant. Oui, c’est inextricable.

 

 

PROUST ne s’y prendrait pas autrement, s’il voulait se donner les moyens d’envisager la vie subjective et le monde extérieur dans leur complexité et jusque dans les plus subtiles de leurs interactions. Autant dire que la lecture de ce monument littéraire est par définition et définitivement inépuisable : l’auteur s’est ingénié à entrelacer considérations et données comme des ronces inermes grimpant autour du lecteur, sinon jusqu’à l’étouffer, au moins à l'étourdir. Dans La Recherche, le lecteur est forcément perdu (pardon pour le jeu de mot, trop évident pour que je m’en prive). En réfléchissant un peu, je comprends mieux cette histoire de « première fois ».

 

 

Faut-il aimer la musique de RICHARD WAGNER pour aimer La Recherche du temps perdu ? C'est probable. Songez que pour aller d'un bout à l'autre de la Tétralogie, il ne faut pas moins de quinze heures et quinze minutes, sans compter les trajets, les entractes et les collations. Non, je rigole, mais il y a de ça. Combien d'heures, quand même, pour aller d'un bout à l'autre de La Recherche ?  J'arrête.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

vendredi, 23 décembre 2011

SARKOZY DEGAINE SON ARMENIE

Allez ! C’est reparti. Mais qu’est-ce que c’est, cette fièvre qui les prend régulièrement, les politicards, qu’ils soient « uhèmpistes » ou « péhessistes », qu’ils dorment au palais Bourbon ou au palais du Luxembourg, qu’ils aient le pouvoir ou qu’ils veuillent le conquérir ? Encore un tour de cinglés ! De toute façon, pour moi, le Bourbon est un mauvais whisky (américain) et le Luxembourg, un paradis fiscal avec « Chambre de Compensation » (ça veut dire Clearstream) incorporée.

 

 

 On avait déjà la répression des PROPOS sur quelques sujets (antisémitisme, sexisme, homophobie et autres « phobies »), sur lesquels on a voulu coudre la bouche des dizaines de millions d’individus qu’on appelle en général la « population », puisqu’on a abandonné le mot « peuple ». Rien que ça : réprimer des PAROLES, ça me fait déjà craindre le pire.

 

 

Eh bien qu’on se le dise, de même que monsieur GERARD COLLOMB a mis les Arméniens dans sa poche électorale en laissant installer un « monument commémoratif » (en fait, une dizaine de totems bizarres) au pied du clocher de la Charité, de même, le président NICOLAS SARKOZY, en vue de la présidentielle, est parti à la pêche aux voix  arméniennes en leur accordant le vote d’une loi réprimant la négation de « tout » génocide en général (sous entendu : du génocide arménien en particulier).

 

 

Eh bien, je me répète, qu’on se le dise : si un candidat, quel qu’il soit, veut acheter ma voix, il va falloir qu’il donne une rallonge sévère au chiffre des picaillons. Ma voix est hors de prix, monsieur COLLOMB. Ma voix est au-dessus de vos moyens, monsieur SARKOZY. De toute façon, il est probable que vous n’avanceriez pas un centime dans cet investissement. C'est du fonds perdu.

 

 

Et vous avez raison : dans toutes les prochaines élections, vous êtes prévenus, ma voix restera dans ma gorge. J’ai cessé de faire joujou avec les petits papiers. Et je ne ferai aucun jeu de mots sur « urnes » et « burnes ». Ici, on est toujours d’une correction impeccable. On a sa dignité, que diable !

 

 

De quoi s’agit-il ? D’une course à pied. D’un sprint, pour être précis. C’est à qui arrivera le premier pour occuper le créneau. Le « Parti Socialiste » annonce il y a quelque temps qu’il fait mijoter une loi sur le sujet. SARKO bondit sur l'UMP : « Merde, on va se faire griller sur le génocide arménien. Vite une loi ! ». Ben elle est là, la loi. Dans le match SARKOZY-HOLLANDE, avantage à SARKOZY.

 

 

Vous avez vu le coup de main ? Chapeau l’artiste ! Remarquez, c'est une habitude à prendre : les faits divers ont bien servi de galops d'essai, au chapitre des lois-événements. Et ces cons de socialistes, qui voient le fromage arménien leur échapper, vous croyez qu’ils font la gueule ? Mais non ! Ils l’ont dans le baigneur ! Dans le dos ! Dans l’anus ! Dans ce que vous voudrez : piégés par SARKO, ils vont la voter, la loi, comme un seul clampin. Bien obligés ! C’est bien fait pour eux !

 

 

Est-ce que ça veut dire pour autant que les Arméniens ont tort ? Non évidemment. Le sol turc abrite en tout et pour tout 60.000 individus de cette … quoi ? Ethnie ? Langue ? Religion ? En 1900, ils étaient 2.000.000. Je signale en passant que 1915 et 1916 ont vu disparaître non seulement des Arméniens en pagaille, mais en gros toutes les minorités (Grecs, Juifs, …) qui occupaient une portion du territoire ottoman. Aujourd’hui, on appellerait ça « minorités visibles ».

 

 

Avec déportations vers Alep, micmacs avec les Russes, et tout un tas d’atrocités sur lesquelles les historiens sont bien documentés, les « Jeunes Turcs » ont construit leur nouvel Etat sur la « turquification » de la population. Je recommande les photos montrant des officiers turcs posant fièrement derrière leurs trophées : des rangées entières de têtes coupées. On n'est pas plus "raffiné". On ne disait pas encore « nettoyage ethnique ».

 

 

 

Et le MUSTAPHA KEMAL ATATURK des familles, qu’on nous sort en toute occasion du placard comme fondateur moderne et progressiste de l’Etat actuel, c’est bien lui qui obtient l’amnistie pour les massacreurs, si je ne me trompe. La Turquie qui réclame son fauteuil à la table européenne, c'est exactement l'héritière de ça, il faut le savoir. La Turquie actuelle est un pays depuis bien longtemps nettoyé des impuretés raciales. Déjà ça, ça me chiffonne la somnolence postprandiale.

 

 

Ce qui me retourne l’estomac et me badibulgue la comprenette, ces jours-ci, ce n’est donc pas un quelconque problème avec les Arméniens, mais avec les épiciers français qui font commerce de ce genre de marchandise, sous l’emballage de n’importe quel yaourt électoral.

 

 

Car la loi votée jeudi n’est pas la première du genre à instaurer un délit d’opinion, une infraction de parole, un crime de pensée. Il a d’abord été interdit de dire du mal des juifs. On a ajouté l’interdiction de soutenir que les juifs n’avaient pas subi une extermination. Sauf erreur de ma part, cette loi "mémorielle" ne dit rien des tziganes, des handicapés, des homosexuels morts à Auschwitz ou ailleurs.

 

 

Et comme, en tout, « il n’y a que le premier pas qui coûte », et qu’un bon politicard soigne correctement les cuisiniers qui le nourrissent, on a continué sur la lancée : il a été interdit de traiter les handicapés d’infirmes ; d’appeler « pédé » un homme qui préfère les hommes ; de tenir sur les femmes des propos jugés méprisants par les femmes ; sur les noirs des propos jugés infamants par les noirs ; sur la Lune des propos jugés diffamatoires par les Lunatiques ; sur les bébés éprouvette des propos jugés injurieux par les éprouvettes. Et tutti quanti !!!

 

 

NE PENSEZ PLUS, VOUS ÊTES CERNÉS. NOUS AURONS LES MOYENS DE VOUS FERMER LA GUEULE. RENDEZ-VOUS !

 

 

 

Il paraît que nous vivons en « démocratie ». MONTESQUIEU, pour que ce régime fût viable, exigeait que les citoyens fussent vertueux. On voit aujourd’hui ce qu’il en est. Si MONTESQUIEU est dans le vrai, la démocratie est bel et bien foutue. Mais prenons les choses et les hommes comme ils sont, de niveau moral moyen et variable. Et « faisons avec », comme on dit. La simple logique veut que, en même temps que les fous, les handicapés et les imparfaits, la démocratie laisse vivre les imbéciles, les crétins, les bas-de-plafond, bref, toutes les sortes de bêtes et de méchants.  

 

 

 

Cette démocratie s’honore de les laisser vivre, mais aussi et surtout de les laisser s’exprimer. En démocratie, on n’a pas le droit d’interdire aux gens d’être cons. Oui, les cons en jouissent aussi, de la liberté  d’expression. Et c’est normal que ce soient des conneries qui sortent de leur bouche. Aussi longtemps que ça reste des paroles.

 

 

Qu’est-ce que c’est, ces « démocrates » en peau de lapin qui se chargent de faire la police du langage et s’érigent en juges de ce qu’il est licite ou pas de dire et d’écrire ? De penser ?  

 

Les juifs s’honoreraient de laisser dire des blagues, même très mauvaises, sur les juifs. Visiblement, ce n’est pas la voie que prend le CRIJF, sous la houlette de son président RICHARD PRASQUIER. Même chose pour les homosexuels, les femmes, les handicapés.

 

 

Même chose, aussi, pour les Arméniens : j'aimerais assez, et pour tout dire, je considèrerais comme tout à fait normal et compréhensible que les Arméniens vivant en France soient eux-mêmes gênés aux entournures par le coup de lèche-cul que les politicards français leur ont fait en l'occurrence. Il faudrait voir à qui le crime profite.

 

 

Je me rappelle une exécrable plaisanterie du clown alsacien ROGER SIFFER : « Quelle est la différence entre un fumier alsacien et un fumier lyonnais (le spectacle avait lieu à Lyon, évidemment) ? ». La réponse était, vous l'avez devinée : « C'est qu'en Alsace, les fumiers n'ont pas de plongeoir ! ». Ouarf ! On s'éclate !

 

 

Minorités de tous les pays, par pitié, laissez dire du mal de vous ! Plus vous laisserez dire, plus ça voudra dire que vous êtes fortes ! Minorités de tous les pays, montrez-vous supérieures à tous les calculs sordides. Le SACRÉ ne se décrète pas à coups de lois. Minorités de tous les pays, ne vous faites pas les flics de la parole et de la pensée. N'ajoutez pas votre pelletée de terre dans le trou où se trouve la démocratie.

 

 

 

Sinon, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Je suggère qu’on fasse une loi pour punir les blagues belges de vingt ans de prison. Ça vaudrait le coup, non ? Et châtier les mauvais qui s'en prennent aux rouquins (voir Egypte ancienne), aux unijambistes, aux sauteurs à la perche, aux automobilistes à contresens, aux réverbères à l'envers, aux sauts de puce. Je vous le demande : de quel droit se moquerait-on des sauts de puce (à la Sainte Luce, les jours rallongent d'un saut de puce) ?

 

 

 

Un cri monte des profondeurs (vous vous rappelez ce que vous chantiez à l'église : "de profundis clamavi ad te") : des lois pour punir, DES LOIS POUR PUNIR, DES LOIS POUR PUNIR. A croire que c'est le point culminant de l'avenir démocratique. Chaque « minorité » doit dire : « Toi, sale politicard que je méprise et qui te mets à mon service pour accéder à ton misérable petit poste de petit pouvoir, satisfais mes exigences forcément légitimes et réprime ceux qui m'humilient, et tu auras droit aux voix de mon groupuscule. Sinon, que la fièvre quarte et la vérole de la Vierge de Guadalupe te patafiolent, la paille en cul et le feu dedans ».

 

 

Car le plus rageant, dans cette évolution inexorable, c’est la raison pour laquelle elle est promue : la ligne bleue de l’élection prochaine, le Graal de politicards vulgaires qui font leur marché en trimbalant de client en client leur bouche en cœur, dégoulinante de « convictions fortes ». « Clientélisme » est un mot décidément trop gentil. Il faudrait des termes plus injurieux, plus proches de la vomissure et de l’étron. Des mots plus sales et plus puants.

 

 

Je me contenterai de traiter tous ces premiers de la classe qui se servent de nous pour leur servir de marmitons, de mitrons et de saute-ruisseau, de qualifier tous ces élèves doués qui ont choisi la carrière de vendeurs de vent d’un seul mot : MINABLES.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

jeudi, 04 août 2011

DECLARATION D'EXTRÊME OPINION (fin)

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. » VOLTAIRE

 

 

Je poursuis sur ma lancée.

 

 

Il n'existe donc aucun principe qui puisse établir des TABOUS D'OPINION. Il est, par exemple, honorable pour la démocratie de laisser monsieur THIERRY MEYSSAN délirer sa théorie du complot à propos des attentats du 11 septembre 2001.

 

 

En revanche, j'ai honte que, au pays, paraît-il, des « droits de l’homme » (cette expression me fait maintenant franchement marrer), des lois établissent des interdits de pensée et des interdits d’expression. Que la loi punisse des actes, je dirai évidemment que la loi fait son métier, en quelque sorte. Mais si elle s’insinue dans les cerveaux et dans les bouches pour poser des cadenas et des barreaux, la question se pose de savoir quel genre de régime politique est le nôtre. Ce n’est certainement pas une démocratie, en tout cas.

 

 

En disant : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites », VOLTAIRE affirme que le vrai démocrate respecte la personne qui pense et dit le contraire, aussi longtemps quelle se contente de le penser et de le dire, sans terroriser son contradicteur par guillotine interposée (on se rappelle SAINT-JUST : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »). La démocratie, si c’en est une, n’a pas le droit d’ôter aux gens le droit de dire n’importe quoi.  

 

 

Si nous sommes en démocratie, j'ai le droit d'être con. La démocratie, si c’en est une, n’a pas le droit d’ôter aux gens le droit d’être cons, haineux, méprisants, envieux, méchants, menteurs. La démocratie doit s’interdire d’interdire aux noirs des Antilles de se hiérarchiser entre eux, comme ils le font dans la réalité, en fonction de la couleur plus ou moins foncée de leur peau. Faut-il interdire aux « jeunes issus de l’immigration » d’injurier les blancs en les appelant « fromages » (c'est la réalité, à côté de "sale Français") ? La démocratie doit s’interdire d’interdire aux opinions extrêmes d’être exprimées. Un point c’est tout.

 

 

Je vais même dire une énormité qui fera peut-être bondir certains : LOUIS-FERDINAND CELINE a le droit d’être antisémite (je dis ça, mais je ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas une loi pour ça). Le droit d’être l’auteur de Bagatelles pour un massacre (1937), son grand pamphlet antisémite. Mettez une fois le nez dedans, pour voir. Et sans vous le boucher. On le trouve sur internet. Cela pue, mais la puanteur est aussi une forme de la vie.

 

 

J’y ai mis le nez. Je dirai quant à moi que c’est surtout rasoir, et rasoir parce qu’antisémite. Mais aussi catastrophiquement imbécile. Comme dit le personnage Gustin : « On le sait que t’aimes pas les juifs. Tu nous les casses. ». Je cite de mémoire. LOUIS-FERDINAND CELINE, à ce que je sais, n’a commis aucun ACTE à l’encontre d’un juif. Chacun a le droit de ne pas aimer les juifs, s'il ne s'en prend pas à eux physiquement (j'inclus l'injure dans la notion d'agression physique ; de toute façon, comme disait monsieur PIERRE SAVINEL, mon professeur de français-latin-grec, dans un débat, le premier qui injurie l'autre a perdu la partie).  

 

VICTOR HUGO dit quelque part : « Etre capable de subir l'opprobre est une force et un honneur ». Je cite en substance, comme on dit. Tous les groupes intolérants qui veulent interdire au nom de la tolérance devraient méditer cette phrase. Car je parle des juifs, mais c’est tout aussi valable à propos des arabes, des femmes, des homosexuels, des catholiques à l'occasion, tous ces groupes dont le poil se hérisse dès qu’une parole (une parole !) les prend – précisément – à rebrousse-poil, et dont la préoccupation est d’ériger des barrières d’interdits portant les pancartes « islamophobie », « sexisme », « homophobie », « antisémitisme ».

 

 

Marre de CETTE intolérance ! Après tout, il y a des noirs qui méprisent souverainement les blancs. Demandez à un Coréen qui travaille au Japon comment il est traité. Voyez ce que pensent l'un de l'autre un Hutu et un Tutsi.

 

 

Le problème de la démocratie, c’est que si elle se met à utiliser les mêmes armes que ceux qui veulent la détruire, elle s’engloutit et disparaît dans la contradiction. Voyez le « patriot act » aux Etats-Unis, Guantanamo et GEORGE WALKER BUSH après le 11 septembre 2001. Si, pour venir à bout du terrorisme, la démocratie use de moyens terroristes, elle est finie. Pourquoi ? Parce qu’elle se renie elle-même.

 

 

L’honneur du démocrate, s’il existe, c’est d’admettre toutes les OPINIONS, même celles de ceux qui voudraient détruire la démocratie, aussi longtemps qu’elles restent des OPINIONS et des paroles, mais aussi de faire des lois réprimant les ACTES qui entreprennent concrètement de la détruire en s’en prenant physiquement aux individus désignés comme objets de haine.  

 

 

 

Assimiler des paroles à des ARMES (je n'inclus pas dans ces paroles les injures, évidemment), c'est d'abord un signe de faiblesse et de fragilité. C'est aussi un pur fantasme, qui rétrécit la démocratie en restreignant la notion même de liberté.

 

 

Tant que la PAROLE n'est pas confondue avec un ACTE, on reste en démocratie. Voilà ce qu'il dit, Alexipharmaque !

 

 

 

 

 

lundi, 01 août 2011

NORVEGE ET LIBERTE D'EXPRESSION

ANDERS BEHRING BREIVIK, vous connaissez, évidemment, comme tout le monde. Mais si, l’auteur maintenant célèbre d’un célèbre fait divers ! Il a tué entre 70 et 80 personnes à Oslo et Utheia. Par conviction d’Européen blanc et anticommuniste. A la bombe et au fusil. Cela s’appelle passer à l’action. La psychanalyse dirait « passer à l’acte ». ANDERS BEHRING BREIVIK a agi. Je veux dire qu’il n’a pas « exprimé » une opinion. Il a traduit une opinion dans une action concrète. Et criminelle.

 

 

Nous sommes, paraît-il, en démocratie. Nous jouissons, théoriquement, de la « liberté d’expression ». Mais qu’est-ce que la liberté d’expression ? En France, on le sait de moins en moins. J’ai dit beaucoup de mal, au sujet de la France, de la police de la pensée et de la police du langage qui se sont mises en place progressivement, à travers un certain nombre de lois qui punissent des délits de parole.

 

 

Cela s’est passé sous l’influence d’un certain nombre de groupes appelés « minorités ». Tout y passe, le sexe, la race, la religion. On ne peut plus émettre la moindre plaisanterie ni la moindre critique à l’égard des femmes, des arabes, des homosexuels, des juifs, sans se faire accuser de sexisme, de xénophobie (ou d’islamophobie), d’homophobie, d’antisémitisme.

 

 

En Norvège, le premier ministre vient de déclarer que le pays ne changera pas de politique en ce qui concerne l’expression des opinions, et que les opinions extrêmes ont tout à fait le droit de s’exprimer, aussi longtemps qu’il n’y a pas d’acte de violence. Retenez bien ça. Voilà une démocratie. En Norvège, l’extrême droite a le droit de s’exprimer, de formuler ses analyses, ses opinions, aussi extrêmes soient-elles. Elle n’a pas le droit de tuer. En Norvège, on fait la différence entre l’opinion et l’acte.

 

 

 

En France, ceux qui auraient envie de blaguer à propos de l’une des catégories mentionnées de la population s’exposent à l’accusation de PHOBIE, comme si leur cas relevait de la psychiatrie. Et s’exposent à des sanctions désormais légales, qui permettent à des « associations », des bonnes âmes certainement, de porter plainte, avec constitution de « partie civile ». En quoi cette négation française de la vraie liberté d’expression diffère-t-elle de ce que faisait l’U. R. S. S. brejnévienne en envoyant les opposants politiques dans des asiles de fous ?

 

 

Je ne citerai que pour mémoire cette phrase de VOLTAIRE, tellement rebattue qu’elle a perdu toute force et toute réalité : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Aujourd’hui, c’est devenu : « J’ai horreur de ce que vous dites, et je me battrai jusqu’à ce que le tribunal vous ait puni pour l’avoir dit ».

 

 

En 1784, PIERRE-AUGUSTIN CARON de BEAUMARCHAIS publie Le Mariage de Figaro. La tirade de Figaro au dernier acte est en principe (?) connue (?) des candidats bacheliers. Dans ce monologue, il dit, à propos de la liberté de la presse, quelque chose de parfaitement actuel : « On me dit que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs ».

 

 

Il faut croire qu’au 18ème siècle, sous l’ancien régime, on savait mieux ce qu’est la liberté que nous autres, qui vivons au 21ème siècle, en régime soi-disant démocratique.

 

 

En France, quand toutes les « minorités » auront gagné, on débouchera sur quoi ? C’est relativement aisé à saisir : la vie sociale tout entière sera codifiée selon, d’une part, la liste des interdits ; et d’autre part, la liste des obligations. Et la fonction de l’école sera de faire apprendre par cœur à tous les écoliers les listes de proscriptions et de prescriptions. Et la police veillera à l’observance du code. Au besoin, un bon petit appel à la délation pour vaincre les résistances.

 

 

J’ai déjà abordé le problème. J’y reviens. Comment ça se passe, donc ? Prenez un groupe particulier qui se définit lui-même à travers une identité, mettons, par exemple, les « anti-corrida ». C’est l’identité d’un MILITANT, qui part en guerre contre quelque chose qu’il déteste. Je note d’ailleurs la dissymétrie entre le combat du MILITANT, et le plaisir de l’AMATEUR de corrida. Le premier décrète face au second : tu n’as pas le droit d’éprouver ton plaisir. D'ailleurs, le premier a eu la peau de la corrida en Catalogne.

 

 

Notons en passant que c’est précisément la détestation maladive de quelque chose qui définit la notion de PHOBIE. Mais il faut impérativement dissimuler l’aspect phobique de la guerre entreprise. Et le moyen le plus sûr, c’est tout simplement l’inversion de la charge de la preuve. Faire en sorte que le phobique désigné soit non pas celui qui déteste, mais celui qu’il déteste. Pour cela, profiter de l’horreur unanime qui saisit tous ceux, à l’audition des paroles honnies, qui prêchent la tolérance, avec la bouche en cœur si possible. On imagine le  système judiciaire où ce serait à la personne innocente de prouver qu’elle n’est pas coupable. Très pratique.

 

 

Autre urgence : ne pas attendre que des actes délictueux soient commis à l’encontre du groupe ainsi défini (il convient de dire aujourd’hui « minorité »), et s’attaquer à l’expression même, à la parole. On peut aussi se saisir, à l’occasion, des quelques actes déments commis contre tel groupe pour ériger le cas particulier en grave problème de société. On a profané un cimetière juif ou musulman ? Hurlez à l’antisémitisme, à l’islamophobie ! Présentez-vous collectivement comme une victime.

 

 

La France est donc pionnière en la matière (pour une fois qu’elle n’est pas « en retard » !). Le pays des droits de l’homme (je pouffe !) a réussi à faire de la parole un délit ! Et cette énormité apparaît aujourd’hui tellement évidente que (presque) tout le monde l’admet ! Alors que cela devrait être combattu. Ainsi s’instaure la société d’intolérance généralisée.

 

 

P. S. : Je crois utile de préciser malgré tout que je n’aime guère les extrémistes, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Je trouve par exemple très comique l’insurrection qui gagne les gauchistes dès que l’extrême droite manifeste dans la rue, obligeant les C. R. S. à s’interposer. Mais l’idée qu’il puisse y avoir des TABOUS D’OPINION m’est au moins aussi insupportable.

 

 

 

dimanche, 10 juillet 2011

QUI VEUT LA PAIX AU PROCHE-ORIENT ?

Israël est-il un Etat juste ? Pour moi, la question se pose, et en dehors du fanatisme d’Ahmadinejad, du Hamas ou du Hezbollah qui en sont les ennemis, voire qui appellent à sa destruction. Tous ceux qui soufflent sur les braises de la haine sont des fauteurs de crime. J’inclus évidemment tous les organes de presse qui reprennent les vieilles  thèses de Robert Faurisson (par ailleurs auteur, quand il était un universitaire français, d’un ridicule Rabelais, ou c’était pour rire) ou de Roger Garaudy.

 

Toute prétention à nier l’extermination est d’une bêtise tellement aveugle qu’elle n’a même pas besoin d’être réfutée. Cela dit, la commémoration de cette grande tragédie prendrait une valeur plus juste et surtout plus universelle si elle faisait une place aux tsiganes, qui me semblent un peu oubliés, ainsi qu’à d’autres « catégories » de la population européenne.

 

Pour autant, est-il normal de traiter d’antisémites des gens comme Pascal Boniface ou Edgar Morin ? Ou pire encore le juif franco-allemand Alfred Grosser ? Le premier a publié en 2003 Est-il permis de critiquer Israël ?. Le troisième avait rendu compte du livre en répondant par l’affirmative. Le deuxième s’était quant à lui ému en 2004 ou 2005 du sort injuste fait au peuple palestinien (au nom de la « sécurité » d’Israël). 
 

Quelles volées de bois vert ils se sont prises sur le dos ! Y compris au tribunal ! Alors qu’il s’agissait de critiques d’ordre politique, portant sur le comportement d’un Etat politique !
 

Parlons de la France. Je cite Dominique Vidal : « Le C.R.I.F., sous sa direction [il parle du président, M. Prasquier], s’est mué en ambassade bis d’Israël. De surcroît, dirigé exclusivement par des hommes de droite, peut-il simultanément se présenter en porte-parole du judaïsme français dans son ensemble ? Parisiens ou provinciaux, ashkénazes ou séfarades, laïques ou religieux, partisans de la neutralité républicaine ou admirateurs du modèle communautaire américain, la « communauté juive » française n’a rien de monolithique. Or la direction du CRIF n’en reflète plus le pluralisme social, confessionnel, géographique, politique, etc. ».

 

Je résume : en France, les hommes qui ne veulent pas qu’on touche à Israël sont au pouvoir des groupes de pression. Ce sont uniquement des gens d'une droite musclée. L’association ne représente plus qu’elle-même.

 

Car le CRIF, c’est le Conseil Représentatif des Institutions juives de France. Est-il « représentatif » ? Vidal ajoute que « la "communauté juive organisée" au sein du CRIF ne rassemble qu’un dixième environ de la "communauté juive" tout court ». Cela en dit long sur la crispation identitaire qui s’est opérée. Sur l’ « ultrasensibilité » dont parle Alfred Grosser dans le texte qui lui fut reproché.
 

Je ne suis pas sûr que le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), voulu et mis en place par Nicolas Sarkozy, alors Sinistre de l’Intérieur, soit plus « représentatif » de je ne sais quelle « communauté musulmane ». J’ai du mal à comprendre les visées de ceux qui veulent « organiser » une NATION en « communautés ». Ou plutôt, je les pressens trop bien.

Une « communauté » n’est rien de plus qu’un groupe de pression parmi d’autres, qui cherche à influer sur les décisions publiques, et qui n'y arrive que par ce que les trotzkistes appelaient l' "entrisme", et par son pouvoir de nuisance. Autrement dit : les contacts de ses militants dans les médias. C'est ce qu'on appelle aussi une « minorité », vous savez, ces groupes qui "luttent" pour faire reconnaître leur "droit" à "l'égalité". Dans les médias, ça s'appelle même les "minorités visibles" : on ne voit pas assez de gens de couleur à la télévision, par exemple.

samedi, 09 juillet 2011

L'UTOPIE DE LA PAIX AU PROCHE-ORIENT ?

Donc, Israël est un pays en guerre perpétuelle.

 

 

Je mets ça en relation avec les passionnants cours que donne HENRY LAURENS au Collège de France, dans lesquels il décortique année après année, mois après mois, voire jour après jour, la succession des événements : un monument d’information ! L’impression dominante qui reste près ça, c’est que le conflit israélo-arabe est insoluble. L’intuition romanesque de JEAN-PIERRE ANDREVON se vérifiera-t-elle ?

 

 

Je mets ça en relation avec ces deux rabbins israéliens, DOB LIOR et YAAKOV YOSSEF, qui viennent d’être brièvement arrêtés par la police. Ils avaient publiquement défendu les propos tenus dans La Torah du roi, livre interdit de diffusion, affirmant qu’il est légitime, en cas de guerre, de tuer préventivement des non-juifs. Leur arrestation a fait descendre dans la rue des manifestants, qui ont affronté la police.

 

 

Je mets ça en relation avec l’édification d’un mur séparant hermétiquement les populations arabe et israélienne, qui fait obligatoirement penser à un mot (disparu avec la chose), et qui signifiait « développement séparé des races ». Cela se passait en Afrique du sud il n’y a pas si longtemps. Vous avez reconnu le mot « apartheid ».

 

 

Je mets ça en relation avec un processus qui ne s’est, grosso modo, jamais arrêté depuis la fondation de l’Etat d’Israël en 1948 : la colonisation en Cisjordanie, le cas échéant avec destruction de maisons palestiniennes, ou de plantations d’oliviers. Mais aussi la colonisation de Jérusalem-est.

 

 

Je mets ça, évidemment, en relation avec l’actualité : la flottille bloquée en Grèce (et en Crète, pour le Dignité al-Karama), et la liste distribuée aux compagnies aériennes par Israël des indésirables qui voulaient manifester. Moyennant quoi le journal israélien Yediot Aharonot a titré le 7 juillet « Nous sommes devenus cinglés ». Moyennant quoi, dans le journal Haaretz, GIDEON LEVY dénonce « les réponses hystériques d’Israël ».

 

 

Alors je me méfie quand même : la case que les médias français accordent à Israël est tellement étiquetée « conflit du Proche-orient » que nous ne discernons plus rien d’autre dans cette société. Par exemple, l’écrivain GILLES ROZIER, en résidence à l’institut français de Tel-Aviv, tient un blog (http://uneteboulevardrothschild.blogspot.com). Sur quatre-vingts notes, il en consacre tout au plus deux ou trois à la situation politique. On a donc, nous autres, du mal à imaginer qu’il puisse y avoir, pour une majorité de gens, une vie quotidienne. C’est aussi bête que ça.

 

 

Mais quand même, il demeure des points que je n’arrive pas à comprendre. J’imagine que le peuple israélien aspire à vivre en paix. Mais je n’en suis pas si sûr, sinon pourquoi les élections empêcheraient-elles en permanence de gouverner en se passant de la droite la plus intransigeante, de l’extrême droite et de l’extrême religion. Pourquoi parle-t-on, depuis assez peu de temps je crois, non plus de l’Etat d’Israël, mais de l’ « Etat juif » ?

 

 

Pourquoi les électeurs israéliens confient-ils les rênes du pouvoir à des gens convaincus de vivre sur la « terre promise par Dieu au peuple élu » ? Convaincus qu’il faut l’occuper sans cesse davantage, au mépris des droits des populations qui y étaient implantées du fait d’un déroulement historique ? Comment se fait-il que les partisans de la paix arrivent aussi mal à se faire entendre ?

 

 

Plus de questions donc que de réponses. Quelque chose m’échappe. Mais quelque chose me dit par ailleurs qu'Israël n’est pas encore, en l’état actuel des choses, un Etat juste, mais injuste.

 

J'y reviendrai peut-être.