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jeudi, 14 janvier 2016

DAVID BOWIE, HÉROS BAROQUE

Je veux rendre hommage, à mon tour, à un grand disparu. Enfin, quand je dis "hommage", j’exagère. Pour être franc, je n’ai jamais beaucoup aimé la musique de David Bowie. Question de génération sans doute. Moi, ma pop music, c’était Beatles-Rolling Stones. Le personnage non plus ne m’a guère intéressé. Doit-on vraiment la chanson « Angie » des Rolling Stones au fait que la dite Angie, mariée à David Bowie à l’époque, a surpris celui-ci au lit en pleine partie de jambes en l’air avec Mick Jagger ? Je m’en contrefiche. De toute façon, je préférerais plutôt "Sympathy for the devil" (hou-hou). 

VILLA 1 NELLCOTE.jpgNon plus que ne m’intéresse tout ce qui s’est passédavid bowie,rock and roll,pop musiic,beatles,rolling stones,angie mick jagger,sympathy for the devil,exile on main stret,jean rousset,la littérature de l'âge baroque,anthologie de la poésie baroque française,vauquelin des yveteaux,circé et le paon, (baise, défonce, bourrage de gueule, ...) dans une superbe villa de la côte d’Azur, en marge de l’enregistrement du meilleur disque des Rolling Stones, je veux parler d’Exile on Main Street (une ambiance de fièvre absolue). Ce que laissent les personnes derrière elles me semble plus important que leurs faits et gestes ou les personnages qu’elles jouent dans la vraie vie. Les œuvres qu'on laisse derrière soi, plutôt que le bonhomme, dans la peau où il a vécu. Cela se discute, je sais : la vie ... l'œuvre ... tout ça.

Je laisse aux groupies et aux paparazzi le soin de fouiller dans les à-côtés, les poubelles, les coulisses, les alcôves, les bas-fonds, les arrière-cours, les dessous de cartes, affriolants ou puants, pour en remonter les petits faits vrais, les anecdotes croustillantes et autres détritus qui rempliront les revues people et les journaux à sensations : c’est là pâture abjecte de curiosités mal placées. J’ai mieux à faire : je me contente des œuvres.

Le reste n’est que spectacle pour des gens qui préfèrent rêver, tuer le temps, s’ennuyer - ou ne savent quoi faire de leur vie, ce qui revient au même. Aimer la musique des Beatles ne m'a jamais incité à les prendre pour modèle. Je ne suis pas sûr que la qualité et l'inventivité de la musique soit liée, de près ou de loin, au mode de vie de ceux qui la créent. Si c'était le cas, on serait envahi de musiciens et de musiques d'une qualité égale à celle des "Fab Four", ce qui n'est évidemment pas le cas. Que des millions d'adolescents aient pu être façonné par la musique, mais aussi par le personnage de David Bowie me laisse perplexe et incrédule.

C’est vrai que David Bowie, le spectacle, il savait ce que c’est, puisqu’il a tenté de faire de sa vie un spectacle total. Et c’est précisément ce qui m’a donné l’idée du présent petit « hommage ». De tout ce qui m’est parvenu de l’artiste et du personnage, à travers les propos de divers amateurs qui lui attribuent des talents de toutes sortes, j’ai retenu au moins une remarque : quand il sentait que ses fans avaient admis et enregistré sa « nouvelle identité », Bowie jetait aussitôt la défroque aux orties pour se saisir d’une autre, toute différente. Ce qui a pu lui faire dire que tout ce que la culture occidentale pouvait offrir, il l’avait expérimenté. Je veux bien. Pourquoi pas ? J'ai quand même tendance à croire qu'il se vante.

Autrement dit, ce qu’on retiendra de David Bowie, c’est qu’il aura été, d’une part, un maître en exhibition de soi, et d’autre part, un maître en métamorphoses. Or il m’est arrivé de lire, dans les anciens temps, un livre jubilatoire, par l'impeccable façon dont l'auteur parvenait à caractériser une puissante et longue tendance qui a animé une période artistique et littéraire en France : ce qu'on appelle l'"âge baroque". Un livre qui célébrait la gloire de « Circé et le paon » (c'est le sous-titre).  

D’un côté, le paon, qui fait parade de sa prodigieuse queue ocellée pour séduire sa paonne préférée, en faisant vibrer frénétiquement les longs et chatoyants arguments de ses appendices caudaux, dans un curieux froissement sonore. D’un autre côté, Circé la magicienne, cette fée amoureuse qui transforme en porcs les compagnons d’Ulysse, apparaît comme la reine des métamorphoses. Circé, c’est la reine du transformisme. Circé et le paon, c’est la parade ostentatoire jointe aux identités successives de la personne-personnage.

C'est la jouissance de l’ostentation ajoutée à l’orgasme du changement d’être. Une synthèse réalisée par David Bowie.

Le titre de ce livre savant ? La Littérature de l’âge baroque en France. C’est paru chez José Corti en 1954. L’auteur en est Jean Rousset, un digne universitaire. Et d’autant plus digne que son zèle l’a incité à adjoindre à sa thèse une Anthologie de la poésie baroque française (Armand Colin, 1968). 

A ceux qui s’étonneraient d’une telle association d’idées, touchant la vedette hypermédiatique David Bowie, je rétorquerai tout uniment, un rien condescendant, que David Bowie est la réincarnation flagrante, en plein 20ème siècle finissant, de ce que Jean Rousset appelle « l’homme baroque ». Vous en voulez une preuve ? Voici ce que Jean Rousset écrit : « Un fourmillement de grotesques, un pêle-mêle de masques délirants, une bacchanale de silhouettes multiformes : voilà ce qui se révèle au premier regard » (p.14).

Et plus loin : « Bien plus que le contre-pied de la constance, c'est le plaisir de s'éparpiller à tous les vents, de se multiplier en une suite impatiente d'identités de rechange dont la succession sans repos les étourdit ; ils perdent pied, comme au plus fort d'une danse trop rapide : "Et me trouvant partout, je ne suis en nul lieu".

   Un vertige qui les allège de leur poids : voilà ce qu'ils demandent à l'Inconstance, souvent invoquée comme une déesse, dont la figure symbolique pare plus d'un carrefour de l'époque : déesse légère et fugitive, fille de l'air, née de l'onde, prise entre la marche et le vol, vêtue de plumes ou de miroirs, enveloppée de vents, de feuilles, de nuages ; elle est l'âme du monde, sise "partout et nulle part" » (p. 44-45). Vous commencez à saisir ? N'est-ce pas le portrait de David Bowie tout craché ?

Le succès fulgurant de David Bowie dans l’univers médiatisé de la musique et du spectacle marque l’accomplissement et le triomphe paradoxal d’un des principaux courants de pensée qui a vu le jour au 16ème siècle, et que l’équilibre du classicisme officiel et symétrique de l’esthétique louis quatorzième a fini par étouffer : le baroque. Et voici le sonnet qui m’est revenu à l’esprit en écoutant le déluge de témoignages tombé sur la planète lors de la mort de la vedette. 

 

Avecque mon amour naît l’amour de changer ;

J’en ayme une au matin ; l’autre au soir me possede,

Premier qu’avoir le mal, je cerche le remede,

N’attendant estre pris pour me des-engager.

 

Sous un espoir trop long je ne puis m’affliger ;

Quand une fait la brave, une autre luy succede ;

Et n’ayme plus long-temps la belle que la laide :

Car dessous telles loix je ne veux me ranger.

 

Si j’ay moins de faveur, j’ay moins de frenesie ;

Chassant les passions hors de ma fantaisie,

A deux en mesme jour, je m’offre et dis adieu.

 

Mettant en divers lieux l’heur de mes esperances,

Je fay peu d’amitiez et bien des cognoissances ;

Et me trouvant partout je ne suis en nul lieu. 

 

L’amour de Vauquelin des Yveteaux (manifesté ici en 1606) doit évidemment être réactualisé aujourd’hui, à la lumière de la fable du « Genre » : il faudrait saupoudrer quelques masculins parmi les références féminines, puisque, quand on fait le bilan des partenaires sexuels et amoureux de David Bowie, cela pourrait bien finir en inventaire de l’Arche de Noé (mais a-t-il essayé l’âne, dont parle avec éloge une femme des Contes des Mille et une nuits, dans la traduction de Mardrus ?). 

D'un côté le bariolé splendide, de l'autre l’identité fuyante : les ingrédients sont là. David Bowie incarne le triomphe de l’âge baroque. A l’ère de la mondialisation marchande. Là où une époque s'accomplit et se désintègre.

Vive la Modernité ! Vive le Baroque !

Voilà ce que je dis, moi.

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mercredi, 13 janvier 2016

THÉ ET FRATERNITÉ, VRAIMENT ?

L’emprise de l’islam sur les débats nationaux en France est de plus en plus grande. L’islam, un des principaux thèmes de nos controverses préférées, est, en une quinzaine d’années, devenu un centre de gravité de toutes les attentions. Cette omniprésence de la religion musulmane sur le devant de la scène médiatique est, en soi, fondamentalement anormale, et constitue en soi une atteinte à l’identité nationale de la France. Obliger les Français à se situer par rapport à une religion est en soi un formidable retour en arrière.

Ce seul fait donne des raisons légitimes d’en vouloir à l’islam en tant que tel, quelles que soient les modalités des pratiques religieuses de ses fidèles, pour avoir obligé les Français à se préoccuper de ce problème – puisqu’il y a problème. Et les Français auraient raison d’en vouloir à l’islam en tant que tel parce que, à ce qu’il paraît, l’islam, ils n’en ont strictement rien à faire : ils ont d’autres chats à fouetter. Ceux qui vont accrocher des têtes de cochon à la porte des mosquées sont des tarés, c'est entendu : on sait à peu près d'où ils viennent. Ce que les Français ne supportent pas, c'est qu'on leur empuantisse l'atmosphère avec de l'eau bénite, qu'elle vienne de La Mecque ou d'ailleurs.

Le bruit médiatique entretenu autour de l’islam, en France, offre une chambre d’écho absolument inespérée aux propagandistes islamiques de tout poil, y compris ceux qui se rasent le menton tous les matins. Ainsi, cette opération « Portes ouvertes » dans les mosquées le samedi 9 janvier, doublée de l’opération « Thé de la fraternité », doit être considérée comme une opération de propagande en faveur de cette religion intruse : intruse parce que religion suscitant un débat aux effets fratricides. Et notre minuscule président a encore amplifié les effets de cette campagne publicitaire en mettant gratuitement sa haute fonction au service de la Grande Mosquée de Paris. Remarquez qu'il avait déjà fait le coup dans une synagogue. Et personne ne se demande s'il fréquente les églises.

Il paraît qu’il faut « lutter contre l’islamophobie », « combattre la stigmatisation », « fuir les amalgames ». Tels sont les « éléments de langage » que la langue de bois du politiquement correct enjoint à tous d’adopter, sous peine de poursuites judiciaires. Qui est islamophobe, en France ? Suffit-il, pour être ainsi qualifié, de dénoncer la pollution de l’espace public par une question qu’aucun Français ne se poserait si on ne la lui mettait pas sous le nez à chaque instant ? 

Si c’est comme ça, alors oui, j’exige qu’on me considère comme islamophobe. Mais je récuse formellement l’appellation. J’ai le droit de vivre dans un espace public religieusement neutre, et j’exige qu’on le respecte. Or ce droit est violé en permanence par toutes sortes de malfaiteurs, à commencer par celui qui a le culot de prétendre qu’il nous représente en chef. A quelle instance dois-je m'adresser pour porter plainte ?

Et la loi établissant cette neutralité religieuse de l’espace public est allègrement et quotidiennement piétinée par des responsables politiques et médiatiques qui en appellent à la « tolérance » envers des comportements qui la bafouent, effrontément et en toute impunité. Et qui sont prêts à recourir à la force des tribunaux à l’encontre des « fauteurs de troubles » qui ont le toupet de ne pas hurler avec les loups du « consensus national ». En vérité, il n’y a pas de consensus. Il n’y a de consensus que parce qu’on fait taire ceux qui le refusent, en commençant par les traiter de « fachos ». Demandez-vous maintenant pourquoi le Front National prospère dans les urnes.

Et que tout le monde sache qu’on n’hésitera pas à se porter partie civile, si ces « fachos » persistent ou font mine de devenir trop visibles. En réalité, toutes ces bonnes âmes qui en appellent au « dialogue apaisé » et à « l’écoute réciproque » dans l’indispensable « débat démocratique », sont incapables de dialoguer, atteintes de surdité profonde et détestent le débat. Elles ne tolèrent votre point de vue que s’il entre exactement dans le moule du leur. Sinon, gare au bâton du gendarme : la panoplie judiciaire est assez complète pour vous tenir en respect et vous contraindre au silence. 

La société et la nation française sont en train de se faire bouffer de l’intérieur à cause, d’une part, de l’appétit des rats qui ont trouvé un succulent fromage et se préparent à un banquet revanchard sans précédent, et d’autre part de pleutres dont l'immonde et tragique lâcheté consiste à refuser de nommer les choses et d’appeler l’ennemi par son nom, sous prétexte de ne vouloir stigmatiser personne.

Celui qui est étranger à notre civilisation, il n’y a pas à tortiller du derrière, c’est l’islam, qu’il soit « modéré » ou « radical », parce qu'il refuse totalement, par principe, de séparer, comme les Européens le font, le religieux, le social et le politique. Il est de notre devoir de ne pas faire semblant de croire que tout est en tout et réciproquement. Il est de notre devoir de ne pas transiger sur les principes (je n'ai pas dit "valeurs") qui fondent notre société.

La civilisation européenne a su instinctivement, dès le départ, pourquoi elle a combattu la civilisation arabe : parce que l'islam lui faisait la guerre et voulait la soumettre et la faire disparaître. Cela fait du christianisme originaire et de l’islam deux univers définitivement incompatibles et irréconciliables. Il est raisonnable de penser que les deux peuvent aujourd'hui vivre en paix, voire en bonne intelligence, mais à condition qu'on se respecte mutuellement, et que l'un des deux partenaires ne passe pas son temps à enfreindre la règle de neutralité religieuse. Il n'y a pas de respect s'il n'y a pas réciprocité.

L’ahurissement me gagne quand j’entends le dessinateur Olivier Ranson, juif revendiqué à l’antenne (France Culture, « Le Secret des sources », 9 janvier), applaudir la couverture du Charlie Hebdo de la semaine, qui proclame : « Un an après, l’assassin court toujours », montrant un dieu indéterminé, un dieu œcuménique et consensuel en quelque sorte, déclarer doctement, la main sur le cœur : « Nous avons tous le même dieu ». Texto !

Tout faux, Ranson ! Menteur ou ignorant, Ranson ! C’est en toutes lettres dans le Coran, dans des affirmations réitérées de nombreuses fois : Dieu est unique, il n’a jamais engendré, c’est être dénégateur que de le prétendre, et il n’a donc aucune progéniture. Maudits soient les « associants » (= chrétiens ou polythéistes) ! Ça, c’est évidemment pour massacrer la Sainte Trinité : les chrétiens adorent un faux dieu. Le lecteur sait peut-être ce que j’en pense et n’en pense pas. Il ne faut pas avoir bac+12 pour se rendre compte que le dieu des chrétiens n’a rien à voir avec celui des musulmans : incompatibilité d’humeur ! Pour le dieu juif, je m’en remets à d’autres compétences, attendu que celui-ci ne fait pas de prosélytisme. A l’heure actuelle, l’islam recrute à tour de bras, ça fait une sacrée différence. 

L’islam est, historiquement, un ennemi religieux du christianisme et du judaïsme, mais c’est aussi un ennemi intellectuel et un ennemi culturel. Un ennemi de civilisation. Nous autres, Européens, n’avons rien à voir avec la religion musulmane, excepté dans des enclaves (Bulgarie, Bosnie, Albanie) qu’il convient de considérer comme des exceptions. L’Européen a inventé l’humanisme et les Lumières PARCE QU’il n’était pas musulman. En terre d'islam, pas de liberté de conscience. En terre d'islam, un Raif Badaoui peut être condamné (1000 coups de fouet + prison) pour "insulte à l'islam". Si l'Europe avait été islamisée, elle en serait restée au moyen âge. Et ce n’est pas parce que, selon Weber, puis Gauchet, le christianisme est « la religion de la sortie de religion », qu’il faut renoncer à cette civilisation que les Européens ont seuls (enfin, pas tout à fait) façonnée et portée à son point sublime (je n'examine pas ce qu'en a fait l'Amérique protestante). 

Toute l’histoire de l’Europe marque un refus de l’islam. Et il faudrait que l'Europe l'accueille benoîtement aujourd'hui ? Qui veut nous faire avaler cette fable ?

Sachons qui nous sommes et d'où nous venons. Et soyons forts, au lieu de nous aveulir comme des gastéropodes.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : les attentats islamiques et sexuels qui ont eu lieu à Cologne, Hambourg, Berlin et quelques autres villes allemandes (mais aussi en Suède, en Autriche, en Finlande, où encore ?) pendant la nuit de la Saint-Sylvestre nous apprennent que, si les Européens sont en paix avec tout le monde, des gens bien déterminés ont déclaré la guerre à l'Europe. Et les dirigeants européens seraient peut-être bien inspirés d'envisager sous cet angle-là le problème des « Migrants » dans son ensemble. On érigera un monument aux "Grands Sentiments" quand ils seront devenus des universaux incontestés. En attendant, restons réalistes.

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mardi, 12 janvier 2016

VU A LA CROIX-ROUSSE 8

Dans la série "Le Monde derrière la vitre".

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Le cours de yoga (affiche centrale).

Photo F. Chambe, prise le 9 janvier 2016 à 19 h 42.

 

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Entre voisins de même visage,

moi l’aube et moi le vent,

nous avons, de nos migrations,

tissé le mur de pierre.

 

Entre voisins de même aboi,

moi l’écho et moi l’esquisse,

nous avons, des peupliers trop tendres,

tenu la promesse et la main.

 

Entre voisins de même coutume,

moi la voûte et moi le rocher,

nous avons, de nos douleurs aveugles,

aventuré la chair.

 

Entre voisins de mêmes copeaux,

moi les branches et moi le fronton,

nous avons, de nos bribes jonchées,

repris la mise en ordre et la pesée.

 

Entre voisins de même silhouette,

moi la sève et moi le bouchon,

nous avons, du dédale aux énigmes,

recueilli le fumet.

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lundi, 11 janvier 2016

LA SPHÈRE EST LA FORME PARFAITE

Malgré les apparences, la photo ci-dessous est en couleurs, comme l'indique le minuscule ombilic (rien à voir avec "l'ombilic ubique"), cicatrice brunâtre, dans le quartier inférieur droit.

photographie,ubu,alfred jarry,l'art et la science

« La sphère est la forme parfaite. »

Ubu, dans L'Art et la Science, d'Alfred Jarry.

Photo F. Chambe, prise le 31 décembre 2015 à 15 h 15.

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La pièce intitulée "L'Art et la Science" prend place dans Guignol. Elle rend compte des progrès de la civilisation, au moment où, dans l'effort hygiénique d'assainissement de la vie des citadins, l'artisanat des "vidangeurs au tonneau" se voit concurrencé, et bientôt éliminé, à l'ère industrielle, au profit des "Serpents d'Airain", progrès rendus possibles par l'arrivée du tout à l'égout et de l'eau courante à tous les étages des logements modernes. 

C'est ce que dit Ubu : « Car dans notre Science nous leur substituerons les grands Serpents d'Airain que nous avons créés, Avaleurs de l'Immonde ;

Qui frémissants se plongent avec des hoquets rauques, par les antres étroits où la lumière meurt ; et revenus au jour, comme le cormoran esclave du pêcheur, dégorgent leur butin de leur gueule béante ». 

On connaît, dans la "littérature antiphrastique" de l'Oulipo, la traduction qui explicite le "refoulé" de la célèbre phrase de Pascal : « Le silence éternel des espace infinis m'effraie ». Cela donnait la réjouissante formule : « Le vacarme intermittent des petits coins me rassure » (due, du moins me semble-t-il, à Jean Lescure).

Tout le monde a compris. Je ne prendrai donc pas la peine d'expliquer ce que sont les "Serpents d'Airain". Qu'on sache seulement que l'expression a des liens indissolubles avec le premier mot de la pièce Ubu roi, bien connu à cause de sa cinquième et surnuméraire lettre. Et avec la Grande Occultation, aux yeux et au nez des sociétés développées, de ce que Victor Hugo, dans un chapitre méconnu de Les Misérables, appelle "l'engrais humain".

Plus l'humanité est "moderne", crois-je comprendre, plus les archaïques, quoique naturelles sujétions lui pèsent. Les exemples abondent (cf. Rabelais : « A cul de foyrard toujours abonde ... »).

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dimanche, 10 janvier 2016

REGARD SUR OLIVIER MESSIAEN 3

3/3 

Les compositeurs qui conçoivent les sens de la perception comme dignes de la poubelle et le cerveau rationnel comme seul et unique organe manifestant le Progrès, la Modernité, l'Avenir ou la Noblesse de l’homme sont des malfaiteurs et des escrocs. Le musicien Karol Beffa apporte bien du réconfort à tous ceux dont les hautaines expériences commises dans leurs laboratoires par le cérébral, autoritaire et péremptoire Pierre Boulez et ses disciples laissent l’émotion, la sensation, l’oreille et les organes de la perception à la température du poisson congelé.

Pour apprécier Boulez et ses semblables, il faut s’amputer de sa matérialité. De sa corporéité. Il demande à l'auditeur de se métamorphoser en concept. De devenir abstrait. C'est pour ça que je hais la "musique" de Pierre Boulez, cet intellectuel arrogant, ce porte-drapeau des « Avant-Gardes », cet adepte borné du « Progrès » et de la vaine « Modernité » dans les arts, cet obsédé d'innovations techniques brandies comme des fins en soi.

Comment peut-on admirer son imbécile et ringarde prosternation devant la technologie en général, et en particulier la "machine 4X", qui permet d'interagir avec l'ordinateur "en temps réel" lors des concerts ? Il faut l'avoir entendu s'extasier. Il faut l'avoir entendu proclamer la nécessité d'un effort de pédagogie auprès du public pour lui faire comprendre que cette musique est faite pour lui, et que c'est lui, refusant de comprendre, qui a tort de ne pas l'aimer. J'ignorais qu'aimer la musique passât par sa "compréhension". Autant j'admire l'immense chef d'orchestre qu'il fut (il faut l'avoir vu diriger "au doigt", impeccablement), autant je déteste à peu près toute sa production (à quelques très rares, mais notables exceptions près, je dirai peut-être quoi, un jour).

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La salle de concert (et le public) de l'IRCAM.

Rien de tout ça dans les Vingt Regards. Si Boulez démontre, Messiaen montre : c'est infiniment supérieur. Messiaen ne se réclame d'aucune avant-garde, il ne porte aucun étendard, il ne milite pas, il ne défend aucune cause. Mais pour ce qui est d'être de son temps, ça oui, il le sait par cœur, allant chercher par toute la Terre de nouveaux éléments pour enrichir son langage. Messiaen s'exprime dans un langage "moderne", si l'on veut, mais il fait passer l’auditeur par le charnel intense de toutes sortes d’émotions et de sentiments, de la tendresse à la joie, en passant par la crainte, voire l’effroi (6 : « Par lui tout a été fait », 18 : « Regard de l’Onction terrible »), et tout ce qu’on trouve sur l’échelle qui va d’un extrême à l’autre. Messiaen n’est pas un tiède, qu’on se le dise ! Il revendique même une brutalité à l’occasion. Rien de ce qui est humain ne lui est étranger. On me dit que Vingt regards sur l'Enfant Jésus est animé par « une inspiration généreuse et spiritualiste ». Ma foi, j’avais un penchant spiritualiste et je ne le savais pas : je suis content de l’apprendre. 

Bon, alors là, qu’est-ce qui me fascine tant, dans Vingt Regards sur l'Enfant Jésus ? Il va bien falloir y venir, il serait temps. D’abord, les cinq incroyables accords (3+2, ci-dessous) qui, montés des tréfonds (clé de fa4, doublée à l'octave grave) et descendus des hauteurs (clé de sol), ouvrent le « Regard du Père », riches et complexes, avec ce curieux écho répété qui se perd dans l’aigu, mais une suite d'accords formant une boucle impeccable. Messiaen les appelle le « thème de Dieu ». Sans parler du nom du titulaire officiel, c’est bien dire à quelle altitude il place cette ouverture, et aussi à quelle profondeur : le thème balise l’ensemble de l’œuvre, comme un pilier d’ancrage inébranlable. L' « amer » absolu. Le « cairn » ultime. 

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Et il me semble que, sans la foi profonde d’Olivier Messiaen, l’œuvre serait incapable d’atteindre au degré d’intensité que lui confère l’authenticité de la démarche. Dans cet ordre d’idées, avant Messiaen, je vois Bach le pieux, Beethoven le profane (malgré le « Überm Sternenzelt muss ein lieber Vater wohnen »). Qui d'autre ? L’auditeur, qui ne perçoit que le résultat final du « processus créateur », est saisi avant tout par cette authenticité de la démarche.

Il est au fond normal que, quand la puissance génératrice du compositeur est proportionnée à l’authenticité (certains disent la "sincérité"), l’œuvre devienne, pour qui l'aura aimée, une lumière dans la nuit. Allez, j'avoue : pour goûter pleinement la musique des Vingt Regards, j'ai un besoin vital de la foi brûlante d'Olivier Messiaen, moi qui ne la partage pas. Une "foi par procuration", en quelque sorte. Le prosélytisme musical, ça n'existe pas. Ou alors, je suis particulièrement rétif : je regarde Olivier Messiaen en pleine croyance et en train de traduire celle-ci en musique, et je me contente de jouir de la musique. Sans la foi de Messiaen, pas de musique de Messiaen. Le mélomane doit savoir ce qu'il veut. J'assume.

Je ne prête guère attention, par ailleurs, aux considérations théologiques et symboliques qui président à l’ordre des pièces (segmentation : 1 le Père, 5 le Fils, 10 l’Esprit, 15 Jésus, 20 l’Eglise ; doublement : de 7 la Croix, à 14 les Anges ; de 9 le Temps, à 18 l'Onction terrible ; …). Je n'intellectualise pas, et savoir tout ça ne m'est d'aucune utilité. Tout au plus suis-je, parfois, après coup, en mesure de mettre de l’ordre et des mots sur ce que j’ai ressenti. Ce n’est pas facile. 

Par exemple, quels mots mettre sur la belle joie qui m’envahit à l’écoute de la dixième pièce des Vingt Regards, précisément intitulée « Regard de l’Esprit de Joie » ? Et plus encore, quels mots mettrais-je sur l’irrépressible enthousiasme qui me soulève et me secoue d’éclats de rire – ma manière à moi de manifester que je suis traversé de gratitude, et qui me transporte si loin au-delà de moi à l’écoute de la dernière pièce (« Regard de l’Eglise d’Amour »), moi qui ne fréquente plus depuis longtemps l’Eglise, et qui ne sais toujours rien en Vérité de ce qu’est finalement l’Amour (Cherubino chante : « Voi che sapete che cosa è l’amor ». "Vous qui savez", dit-il, mais personne, à jamais, n’est en mesure de lui répondre, parce que personne n’a LA réponse). Sur cette joie, sur cet enthousiasme, je n'ai pas de mot à mettre. 

Il y aurait bien un mot, à bien y réfléchir, qui pourrait expliquer l’effet sur moi de Vingt Regards sur l’Enfant Jésus. Un petit mot tout simple. Malgré la difficulté réelle de l’écriture de Messiaen, qui vous met parfois devant une forêt de sons qui semble impénétrable, le compositeur se débrouille toujours pour déposer, quelque part, un flambeau à même de guider l’auditeur dans l'obscurité.

Vous pouvez prendre l’œuvre à n’importe quel moment, du plus aimant au plus terrible, du plus paisible au plus brutal, du plus limpide au plus touffu, vous y trouverez toujours, dissimulée parmi les frondaisons luxuriantes, la mélodie. Quelque part dans les ténèbres, quelqu'un chante. C'est tout. Certes, il prend souvent un malin plaisir à dissimuler le chant derrière des buissons d'harmonies qui en déplacent le centre de gravité, mais écoutez bien : Messiaen chante, alors que Boulez vous donne des ordres.

Et c’est parce que le chant éclate dans le « Regard de l’Eglise d’amour » que l’œuvre se clôt en vous laissant heureux, pantois, émerveillé, face à quelque chose de plus grand que vous. Quelque chose qui élargit vos limites. Son truc, à Messiaen, c'est d'édifier ce monument, animé d'une force motrice géante, qui s'appelle la foi. Libre à vous de poser un nom sur le mystère à lui révélé. Mon truc à moi, c'est de laisser vacante la place du nom. Comme pour Jean-Sébastien Bach, je prends la musique, je laisse Dieu en dehors, même si je sais qu'il fut, dans leur âme, le foyer de la vie et donc de la création. Pour donner un sens à sa vie, l'homme a besoin, m'a-t-on dit, de placer quelque chose au-dessus de lui. Il y faut de l'humilité.

Ce qui me transporte, c'est l'agencement miraculeux des sons sortis d'un bonhomme comme les autres (peut-être, à la réflexion, pas tout à fait comme tout le monde), mais qui "y croit" dur comme fer. Je sais parfaitement que, sans cette croyance inentamable, l'œuvre ne serait pas ce qu'elle est. Pire : elle ne serait pas. Je ne prends que le résultat : tout le reste appartient à l'inventeur de la chose. C'est si vrai, en ce qui concerne Messiaen, que ce professeur au Conservatoire déconseillait à ses élèves d'adopter son langage et ses méthodes, mais les incitait vigoureusement à suivre leur propre voie. On me racontera ce qu'on voudra, mais la voie royale que Messiaen a suivie toute sa vie s'appelle LE CHANT.

Car la musique de Messiaen en général, les Vingt Regards en particulier, quoi qu’il arrive, chante. Ne me demandez pas de le prouver techniquement, je ne saurais pas faire. Mais c’est une certitude absolument claire : la clé qui m’ouvre toute grande la porte de cette œuvre, c’est le chant, et rien que le chant. Pour moi, Messiaen est entièrement du 20ème siècle, mais à la façon d’un arbre très antique, poussé sur des racines immémoriales, nourri par l’instrument définitif qui a fait les premières musiques de l'univers : la voix humaine. Indétrônable. 

Venu du fond des pièces qui composent Vingt Regards sur l'Enfant Jésus, j’entends chanter l’amour de Messiaen pour la voix si terrestre de l’humanité. Une voix qui chante sa joie d'être en vie, et qui rend grâce à l'être qu'il en croit à l'origine. Et une humanité que cette voix ne renonce jamais à vouloir élever au-dessus d'elle-même.

Quel que soit l' "au-dessus", je marche !

Voilà ce que je dis, moi.

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samedi, 09 janvier 2016

REGARD SUR OLIVIER MESSIAEN 2

2/3 

NOTANT DANS LA NATURE.jpgLa preuve que tout l’être de Messiaen respire en musique, c’est la place qu’il a donnée dans son œuvre au chant des oiseaux (et à toute la « musique » de la nature, si l’on en croit le texte dont il a accompagné chaque pièce de son Catalogue d’oiseaux - ci-contre l'ornithologue en train de noter ce qu'il entend). Dans ces conditions, les étiquettes peuvent bien valser : son insatiable curiosité pour toutes sortes de sonorités et de rythmes interdit de le classer. Bien sûr, il a tâté de la musique atonale, de la « musique concrète », mais jamais pour s’y arrêter, et surtout : jamais pour en faire un système d’écriture. 

Messiaen est étranger à tout esprit de système, contrairement à d’autres (suivez mon regard), qui ont peut-être d'autant plus à démontrer qu'ils sont moins musicalement « inspirés ». La musique de Messiaen ne démontre pas : elle exprime, elle témoigne, elle habille de formes un monde intérieur intensément habité. Ça ne l'empêche pas d'innover. On lui doit, certes, les « modes à transposition limitée » (le mode 1 ne se transpose pas, le mode 2 se transpose une seule fois, etc…), les « rythmes non rétrogradables » (l’équivalent en musique du palindrome en littérature), etc.

Mais il n’en fait pas un usage systématique. Car Messiaen existe si intensément qu’il n’a pas besoin de béquilles techniques. Pour lui, la technique fournit des outils, rien de plus : l'instrument est un moyen. Il doit rester à sa place utilitaire et être mis au service de ... disons, allez, l'inspiration (puisqu'il faut nommer la chose). Ce qui prime sur tout le reste, c'est l'intention, c'est le contenu, c'est la signification. La forme musicale découlera toujours : elle ne sera jamais à la source. La recherche formelle est un moyen au service d'une intention. Même si l'auditeur, nécessairement et en toute liberté, traduit dans sa langue à lui (y compris athée) le "message" du compositeur. 

Chez Messiaen, cette vie intérieure qui recèle l'intention est au premier chef celle d’une foi catholique profondément enracinée. Je me demande d’ailleurs si cet aspect n’est pas pour quelque chose dans mon attirance pour les Vingt Regards, comme la nostalgie sécularisée, paganisée, esthétisée (je dis des horreurs !) d’un temps plus ou moins religieux de ma vie, où je n’avais pas encore assisté, en moi, à l’extinction de la foi et à l'effacement de Dieu. Savoir ce qu’il en est demeure cependant le cadet de mes soucis : je me contente de prendre les plaisirs comme ils viennent, sans leur demander leurs papiers.

Mais s’il célèbre le Ciel, Messiaen n’en est pas pour autant un pur esprit. Il ne renie rien, bien au contraire, de ce que peut lui offrir la Terre, en matière de beauté ou de désir, comme le montre sa longue histoire d’amour avec Yvonne Loriod, son élève au Conservatoire et sa cadette de seize ans (la pièce la plus longue des Visions de l’amen (1943) s’intitule « Amen du désir »), qu'il attendit, pour l'épouser, le temps raisonnable du deuil, après le décès de sa première femme (en asile psychiatrique), Claire Delbos (la dédicataire de Poèmes pour Mi). 

Comme le montre aussi sa contemplation passionnée des richesses de la nature, qu’il aura célébrées en plus d’une occasion. « Seigneur, j'aime la beauté de votre maison, et le lieu où habite votre Gloire ! », écrit-il d'ailleurs, en citant un psaume, pour le choral qui clôt La Transfiguration de N.S.J.C. Par exemple dans son monument sonore intitulé Des Canyons aux étoiles, qui eut un tel succès aux USA que les Américains baptisèrent une montagne de l’Utah du nom du musicien (Mount Messiaen). 

Sans vouloir trop me hasarder sur le terrain proprement musical, je dirais volontiers qu’aucune des œuvres produites par Olivier Messiaen au cours de sa vie n’est conçue selon un schéma reproductible. Je me hasarde peut-être, mais je crois qu'aucune n'est conçue selon un "pattern". Messiaen a inventé son langage musical, mais il n'applique pas des "recettes". Chaque œuvre est animée d’une vie qui lui est propre, obéissant à une logique particulière.

Ce qui caractérise la musique de Messiaen, c’est la singularité : chaque morceau semble conçu en fonction d’une nécessité intérieure, à partir de laquelle s’élaborera l’unicité de la forme (par exemple, Cinq rechants, qui m’avait saisi dès la première audition, il y a bien longtemps, dans la version ORTF de Marcel Couraud ; par exemple le Quatuor pour la fin du temps, écrit au Stalag VIII A de Görlitz, pour un improbable ensemble d'instruments et d'instrumentistes, piano déglingué, clarinette, violon et violoncelle à l'avenant : ce qu'il avait sous la main, quoi !). C'est la spécificité de l'intention créatrice qui décide de la forme aboutie.

C’est pour ça que chaque œuvre a quelque chose de nouveau à dire. Ou plutôt à faire éprouver à celui qui écoute. Ce qui distingue en effet la musique de Messiaen des bidouillages de la musique concrète ou électronique, ainsi que des calculs formels et abstraits du sérialisme, c’est qu’elle est toujours profondément ressentie. Ce n’est pas une musique réduite au cérébral. Boulez pense trop, pour tout dire. Il lui arrive même de penser faux : n'affirme-t-il pas que la mitraillette du bec du pic-vert sur l'arbre ne produit pas un son, mais un bruit ? Comme si la résonance de l'arbre ne produisait pas une véritable note.

Dans la musique de Boulez (pour prendre cet exemple au hasard), il ne faut jamais perdre de vue qu'il compose en mathématicien, qui lorgne par-dessus le marché vers la physique. Il ne faut jamais perdre de vue que l'IRCAM, qu'il a fondé, est un "Institut de Recherche", et qu'il considère la production de musique sous l'angle "Acoustique" : la raison d'être de l'IRCAM est de "Coordonner" "Acoustique" et "Musique".

La réduction du domaine musical au service de la Science, quoi. La composition musicale confinée dans un laboratoire. La musique se fabriquant "à la paillasse", selon un "protocole" rigoureux, au moyen de "manips" menées par un musicien en blouse blanche. La musique "in vitro", quoi. C'est une musique chimiquement pure faite pour impressionner et pour faire peur. Pour faire taire. 

Messiaen est lui-même pourvu d'un vaste cerveau. Mais c'est aussi un sensoriel. Il dit quelque part qu’il veut faire une musique « chatoyante ». Je ne sais plus où il va jusqu'à parler de "volupté". Messiaen fait une musique certainement très savante (au moins autant que Boulez), mais en plus, une musique célébrant le bonheur d'exister. Messiaen ne travaille pas dans un laboratoire : il appartient au monde.

Je vais vous dire ce qui me botte définitivement dans les Vingt Regards sur l’Enfant Jésus : c’est la volupté. Ça fait peut-être bizarre, pour quelqu’un qui verrait dans la foi les seules exigences de macérations permanentes et de pénitences sans nombre, mais tant pis, c’est ce qui me rend cette musique intimement humaine et vivante. Il y a du bonheur voluptueux dans cette musique dont il fait l'offrande à son Dieu. Je ne crois pas que la musique ait un contenu précis. Y a-t-il vraiment des « musiques religieuses » ? Y aurait-il davantage des musiques érotiques, des musiques communistes, des musiques écologistes ? Non : la musique est vierge de tout contenu idéologique.  

Ma petite – mais constante, ô combien ! – expérience de la musique (même chose en peinture) me fait à présent rejeter les compositions purement cérébrales émanées à grands renforts de calculs de grands cerveaux penseurs et pondeurs de théories et de concepts sophistiqués et abstraits. Les musiques qui se réduisent à appliquer un système : l'esprit de système, dogmatique et réducteur par essence, est ennemi du mouvement de la vie. Car la musique, c’est d’abord des sons physiques que l'auditeur reçoit physiquement. 

Des sons, c’est d’abord des effets physiques produits sur les organes de la perception que sont les oreilles. Et les effets des sons ne se limitent pas aux oreilles : passez donc, une fois, au cours des "Nuits sonores" de Lyon, à proximité d’un boomer de 1,80 mètre de haut, et vous m’en direz des nouvelles au niveau du sternum. Mais ce qui est valable pour les sons percussifs est aussi valable pour les sons soufflés ou frottés : c'est tout votre sac de peau qui héberge la musique. Toutes les vibrations sonores vous atteignent. La destination de la musique est l’univers sensoriel de ceux qui la reçoivent. 

J’ai fini par nourrir de l'aversion à l’encontre de ce que produisent ces théoriciens qui veulent à tout prix faire avaler à notre oreille les concepts élaborés à froid par leurs cerveaux scientifiques. Ce sont gens à prétendre dompter l'auditeur en lui fouaillant les oreilles à grands coups d'éperons sonores. La musique ne doit jamais oublier qu’elle est faite pour être éprouvée par le corps, et un corps ne devient scientifique que sur la table de dissection. Pas seulement, bien sûr, mais en musique, on ne saurait atteindre l’esprit que si l’on touche les sens, pour commencer. 

Les sens sont la porte d’entrée qui conduit à l’esprit. 

C'est-y pas bien envoyé ?

Voilà ce que je dis, moi.

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vendredi, 08 janvier 2016

REGARD SUR OLIVIER MESSIAEN 1

1/3 

DVD3.jpgJ’ai évoqué récemment, trop brièvement, un grand chef d’œuvre de la musique du 20ème siècle composé en 1944 par Olivier Messiaen, œuvre sortie directement de la foi brûlante du compositeur catholique. J’ai trop envie d’y revenir, car j’aimerais bien comprendre ce qui se passe quand j’écoute ça, moi qui ne suis plus catholique de foi, même si je ne peux ni ne veux effacer les décennies de culture catholique qui m'ont façonné : la mort saura séparer le bon vin de l'ivresse. 

Il faut oser dire les choses : les Vingt Regards sur l’Enfant Jésus, ça reste loin demusique,france,olivier messiaen,vingt regards sur l'enfant jésus,église catholique,mozart,wolfgang amadeus,pelléas et mélisande,debussy,mélodies duparc,reynaldo hahn,pierre bernac,roland barthes,baryton martin,van gogh,lyon palais des beaux-arts,nicolas de staël,alberto giacometti,marc rothko,picasso,victor hugo l’évidence mozartienne, cette musique qui semble couler de la fontaine de la cour des Osiers, tellement elle paraît pure. Mais c'est aussi quelque chose qui me bouleverse toujours autant, après des dizaines d'auditions. Alors j'aimerais savoir de quoi il retourne.

Messiaen n’est pas Mozart : sa musique ne s’habille pas des apparences (trompeuses) de la facilité que donne celle de Wolfgang Amadeus. Messiaen vous plonge très vite dans la complexité des harmonies surgies au 20ème siècle. Un siècle auquel il appartient résolument. C’est donc une musique qui ne se donne pas aussi aisément. 

Messiaen, la cathédrale qui a peut-être déterminé son destin de musicien, c’est le Pelléas et Mélisande de Debussy, dont la partition lui a été offerte en 1918 par Jehan de Gibon, son professeur d’harmonie. Rendez-vous compte de l'énormité : il a alors dix ans, et son professeur lui offre cette incroyable partition ! Mais qu'est-ce qu'il a, ce gamin, pour mériter un tel cadeau ? Vous en connaissez beaucoup, qui demandent ça au Père Noël ? Il y a là quelque chose de stupéfiant, d'incompréhensible. Qu'est-ce qui lui avait paru si extraordinaire, au professeur d'harmonie ? J'aimerais bien savoir.

A cet endroit, je peux bien avouer que Pelléas, ce n’est pas ma bible à moi. Messiaen, lui, il travaille tellement là-dessus qu’il ne tarde pas à le connaître par cœur dans le moindre recoin. Il a, paraît-il, la faculté d'entendre les notes qu'il est en train de lire. Pelléas lui est donné : il en fera quelque chose, promis. Et pas qu'un peu.

Pour parler franchement, la musique de Debussy, qu’on qualifie un peu facilement d’ « impressionniste », n’est pas ma tasse de thé préférée. « Maître de la couleur », dit-on. Je veux bien. C’est une musique que je perçois comme plus épidermique, moins tellurique que celle qui me transporte. Plus de forme que de force, si vous voulez. 

Je dirais que la musique de Debussy m’apparaît sous un jour proustien : intelligente, savante et raffinée. Mes goûts me portent davantage vers la force expressive, plus masculine par nature. Ce n'est ni pensé, ni réfléchi : c'est comme ça. Raison, sans doute, pour laquelle les mélodies de Duparc ou de Reynaldo Hahn (et en général ce qu’on appelle « la mélodie française ») ne m’atteignent guère : c’est, sans conteste, de la délicate et jolie musique, écrite avec beaucoup d’art. C’est charmant, surtout chanté par Pierre Bernac, ce "baryton Martin" cher aux oreilles de Roland Barthes. Mais en fin de compte, j’y entends plus d’afféteries, de manières et de mondanités de salon bourgeois que de substance. 

La musique de Debussy n’est certainement pas aussi efféminée que les remarques qui précèdent pourraient le laisser penser. On ne comprendrait pas la vénération de Messiaen pour Pelléas, car il y a de la virilité beethovénienne chez lui. Mais si je devais expliquer ma réticence face à Debussy, et même, dans une moindre mesure, face à Pelléas, tout en étant embarrassé, j’essaierais de trouver une réponse du côté de la recherche formelle. 

Si vous voulez, c’est comme le japonisme chez Van Gogh, "japonisme" qu’il n’a sans doute jamais considéré comme un but en soi, mais comme le moyen de s’approcher du cœur de son réacteur pictural. Pour les Japonais de l'âge classique, la forme esthétique est subordonnée à un ordre qui la dépasse, et auquel elle est soumise (ce que certains appellent "l'éthique"). Importé en France, où éthique et esthétique sont compartimentées, le risque est que cette dernière vire à l’ornemental, marquée de vaine gratuité : arts « déco » ou « appliqués » ne sont pas loin. C’est l’aspect « prétexte », superficiel de l’œuvre, à ce moment, qui me gêne. Van Gogh lui-même est à cent lieues de l'Art Déco.

C'est contre cet aspect purement décoratif que luttèrent, avec tout le compact et l’aigu d’un désespoir, des gens comme Van Gogh en personne, Nicolas de Staël, Alberto Giacometti (ses tentatives de portraiturer Michel Leiris !), Mark Rothko, combien d’autres, qui cherchaient à atteindre l’os ultime d’une vérité qu’ils étaient seuls à voir et qu’ils sentaient tellement labile ! Combien s'y sont cassé la vie ? Elle est là, la faille de Picasso. Il se contente : « Je ne cherche pas : je trouve ».

Picasso fait de la peinture comme Hugo fait de la poésie. Ce sont des satisfaits : il ne leur manque rien, ils ont tout, parce que ça vient (presque) tout seul (regardez le nombre d' "alexandrins blancs" qui farcissent la prose de VH). Pour être méchant, j'ajouterais qu'ils excrètent. Même chose en jazz : Bessie et Billie plutôt qu'Ella et Sarah. Louis Armstrong, je l'adore dans ses débuts (disons jusqu'en 1935). Je n'en démords pas : que ferais-je d'un artiste qui m'envoie en pleine gueule : « Je suis tellement plein de ce que je suis que je n'ai pas besoin de toi » ? Un artiste qui n'appelle que ma dévotion ? Cet artiste-là ? Il m'annihile. Sa plénitude m'empêche de respirer.

Il y a du japonisme vangoghien dans Pelléas (j’entends hurler les spécialistes). Mais on y entend aussi, portant les voix, une virilité expressive. C’est tout au moins comme ça que je le perçois. Car il me semble que Debussy établit une antithèse entre la partition vocale et la partition d’orchestre : en surface, cette mélodie comme volontairement « aplatie » (à la japonaise, ce qui avait choqué Maeterlinck, l'auteur de la pièce) que chantent les personnages, même si le chant se dramatise et gagne en intensité en allant vers l’issue fatale (Yniold et ses pathétiques « Petit père ! », en III, 4)  ; et puis en dessous, le relief accusé et la profondeur complexe et mouvante, véhémente, parfois violente, du flot orchestral qui finit par engloutir les amoureux tragiques. Mais je ne suis pas musicologue. 

Alors qu’est-ce qui, dans Vingt Regards, résonne si fort à mes oreilles que l’œuvre m’en soit devenue un phare dans la nuit, une trompe marine dans la brume, une "Etoile du Berger" ? J’ai dit tellement de mal de la musique « sérielle » d’une part, et d’autre part de la musique « concrète », qui sont, à ma connaissance, les deux grandes écoles « modernes » fondées en Europe au 20ème siècle (le jazz et ses suites sont américains), que certains pourraient se demander pourquoi je fais si grand cas de cette œuvre. 

Eh bien je réponds : justement. Car Vingt Regards sur l’Enfant Jésus, d’Olivier Messiaen, échappe magistralement aux carcans de ces deux étiquettes. Car je crois que la personne du compositeur est à ce point musique que, quoique de façon très différente de Mozart, elle rayonnerait de musique, malgré lui, de toute façon. 

La musique est, en quelque sorte, sa façon d’être au monde : la vision qu’il en a est intrinsèquement musicale. C'est peut-être ce qu'avait perçu et compris Jehan de Gibon. Ça expliquerait le don ahurissant de la partition de Pelléas et Mélisande à un garçon de dix ans.

Voilà ce que je dis, moi.

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jeudi, 07 janvier 2016

CHARLIE HEBDO : DOUZE MOIS !

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In Memoriam CABU, WOLINSKI et LES AUTRES. 

« Vous qui voyez la lumière,

De nous vous souvenez-vous ? »

"Pensées des morts", Lamartine, Georges Brassens.

 

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Frédéric Boisseau, Agent d’entretien.

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Franck Brinsolaro, Policier du Service De La Protection (SDLP).

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Jean Cabut, dit Cabu, Dessinateur.

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Elsa Cayat, Psychanalyste et Chroniqueuse.

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Stéphane Charbonnier, dit Charb, Dessinateur et Directeur de Charlie Hebdo.

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Philippe Honoré, Dessinateur.

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Bernard Maris, Economiste et Journaliste.

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Ahmed Merabet, Policier.

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Mustapha Ourrad, Correcteur.

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Michel Renaud, organisateur à Clermont-Ferrand d’une exposition de dessins de Cabu, à qui il les rapportait un certain 7 janvier.

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Bernard Verlhac, alias Tignous, Dessinateur.

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Georges Wolinski, Dessinateur.

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Que des gens à peu près normaux, quoi !

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« Oui mais jamais au grand jamais

son trou dans l'eau ne se refermait :

cent ans après, coquin de sort,

il manquait encore. »

(cliquer pour 5'46" de chaleur)

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Ce n'était déjà pas joli, le défilé (en fait, 10 minutes avant de s'esbigner) de chefs d'Etat, le 11 janvier 2015, en hommage à des gens qui vomissaient, sur tous les pouvoirs en place, leurs mots et leurs traits, mais les plaques solennellement dévoilées par notre guignol présidentiel, et avec la grotesque componction et l'imbécile raideur dans lesquelles il aime tant se draper, c'est vraiment très moche. Et je ne parle pas du Y au nom de Wolinski. Il n'a pas vu, Hollande, que c'est marqué "Pas touche !" ? Non : cet homme n'a pas le sens du sacré.

Et ce d'autant plus que, plus le temps passe, plus on découvre que les services de renseignement français ont salement merdé : voir Le Canard enchaîné du 6 janvier sur la disparition du PV mentionnant la présence de Kouachi devant Charlie Hebdo, qui venait en repérage trois mois avant les attentats. Ils font koua, dans leurs bureaux, les flics ? Ils grattent du papier ?

C'est le même Hollande qui, quand il va en Arabie Saoudite, passe l'honneur de la France au kärcher pour que les Arabes lui achètent le plus possible de ses joujoux militaires, en fermant les yeux sur les décapitations, le wahabisme (la frange la plus rétrograde et rigoriste de l'islam sunnite) et la condition faite aux femmes. Et le lendemain, il n'éprouvera nulle honte à en appeler aux "Valeurs de la République". Mais qui peut croire sérieusement à ces "valeurs", quand elles sont proclamées par ce fantoche qui vire à tous les vents ?

Et pendant ce temps, Valls s'assied bonnement sur l'état de droit quand il annonce tranquillement que la démocratie n'en a plus pour longtemps, puisqu'il prépare activement l'installation d'un Etat policier et d'une société de la peur en lieu et place de la République française, en transférant toujours plus de pouvoir de la justice et des juges vers la police et les préfets, au prétexte qu'il faut "lutter contre le terrorisme". Tout en faisant mine de s'inquiéter de la "dérive autoritaire" en cours en Pologne. Les Français sont massivement d'accord, du moins selon les sondages.

Si les sondages ont raison (ça arrive quand même de loin en loin, même si c'est par hasard ou par erreur), il est temps d'avoir la trouille.

mercredi, 06 janvier 2016

VU A LA CROIX-ROUSSE 7

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Dans la série "Le Monde derrière la vitre".

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Photo prise le 30 décembre à 20 h 24.

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Photo prise le 30 décembre à 20 h 22.

mardi, 05 janvier 2016

VU A LA CROIX-ROUSSE 6

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Dans les séries "Le Monde dans" et "Le Monde derrière la (drôle de) vitre" (une variante du cumul des mandats).

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Photo prise le 29 décembre 2015 à 19 h 12.

 

lundi, 04 janvier 2016

VU A LA CROIX-ROUSSE 5

photographie,lyon,croix-rousse

Dans la série "Le Monde derrière la vitre".

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Photo prise le 30 décembre 2015 à 20 h 22.

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Photo prise le 29 décembre 2015 à 20 h 28.

dimanche, 03 janvier 2016

VU A LA CROIX-ROUSSE 4

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Dans la série "Le Monde derrière la vitre".

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Photos prises le 29 décembre 2015 à 20 h 22.

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Photo prise le 31 décembre 2015 à 17 h 56 (ça fermait plus tôt, l'incrustation du reflet dans l'ombre de la "grappe" est un cadeau du hasard).

samedi, 02 janvier 2016

VU A LA CROIX-ROUSSE 3

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Dans la série "Le Monde derrière la vitre".

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Photo prise le 30 décembre 2015 à 19 h 01.

 

vendredi, 01 janvier 2016

VU A LA CROIX-ROUSSE 2

QUELQUES PHOTOS POUR ACCUEILLIR LA NOUVELLE ANNÉE.

MEILLEURS VŒUX À TOUS.

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Dans la série "Le Monde dans la vitre".

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Photo prise le 28 décembre 2015 à 20 h 26.

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Photo prise le 31 décembre 2015 à 18 h 07

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Photo prise le 28 décembre 2015 à 20 h 27.

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Additif

On aura tout vu, tout entendu : François Hollande se veut le "Protecteur de la Nation". C'est curieux : plus cet ectoplasme de clown veut me "protéger", plus j'ai la trouille.

 

jeudi, 31 décembre 2015

LE REGARD DE PHILIPPE MURAY

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Je tombe, dans la lecture de Ultima necat II (1986-1988), le Journal de Philippe Muray, sur un passage hautement délectable où l’auteur manifeste tout l’acéré du regard qu’il convient de jeter sur la comédie médiatique qui se joue inlassablement depuis la prise de pouvoir de la télévision (et des écrans en général) sur les populations. Muray, c’est le moins qu’on puisse dire, garde ses distances avec le siècle. Le passage en question nous fait remonter au 26 avril 1987, à l’époque de la gloire de Bernard Pivot et d’ « Apostrophes ». BHL est déjà ce qu’il est resté : une baudruche. 

         « La petite séquence de cet « Apostrophes » d’il y a quinze jours était parfaite comme apologue. Pivot invite Bardèche et Lévy qu’il met côte à côte (le bourreau d’il y a quarante ans et sa victime – mais le bourreau est devenu un vieillard gâteux rabougri que la victime, fringante, va se payer). Règle : Pivot n’invite un « célinien » que s’il est vraiment vieux, débile, collabo, etc. (ou alors universitaire aseptisé : Godard ; ou bon gros goy con : Vitoux). A côté de Bardèche, donc, l’homme « moral » (Lévy : l’imposture incarnée, l’ignoblerie image d’Epinal, Mafia sous discours de Vertu surgelée ; Lévy c’est le Parrain pieux brûlant un cierge à la Madone pour le repos de l’âme de celui qu’il vient de refroidir), l’homme des médias, c’est-à-dire le héros du kitsch sans réplique et des bonnes intentions perpétuelles (en privé, bien sûr, totalement escroc, langage de gang, etc.). Bardèche débite ses énormités d’un autre âge, ses conneries cuites et recuites ; l’homme moral fait semblant de monter sur ses grands chevaux ; et finalement, parce que l’homme moral n’a pas (ne peut pas avoir) de pensée, il est obligé de m’utiliser, de me citer, de se servir de mon Céline contre Bardèche. On se demande alors pourquoi, à la place du collabo salaud répugnant et de l’homme moral creux et faux, on ne m’a pas invité, moi, qui sers d’argument, donc qui suis quelque chose (mais à condition de rester absent, hors écran, sans image), alors que Bardèche n’est que le souvenir d’un vieux crime et Lévy la trace sale de l’imposture actuelle. » 

Tout cela est on ne peut plus juste, et au surplus, bien envoyé. On savait déjà que Pivot aurait pu chausser son nez d’un accessoire rouge, tant il a joué les clowns télévisuels. Quant à BHL, je ne m’abaisserai pas à essuyer les semelles de ma prose sur ce paillasson.

D’autant qu’une note ajoutée par l’auteur le 16 octobre 1988 précise : « Sachant tout cela, je suis quand même tombé dans le piège quelques mois plus tard ! Ne pas oublier que Lévy, à l’époque de cette émission, est en train de piller (mais je ne l’ai su qu’en mai 88) un autre de mes livres pour écrire son roman sur Baudelaire, et s’apprête à publier, pour l’étouffer, mon propre roman ». Bernard-Henri Lévy est décidément un petit monsieur détestable. 

J’en voudrais presque à Michel Houellebecq de s’être prêté à la pauvre comédie exhibitionniste de la fabrication d’Ennemis publics, ce livre dont il sort de façon à peu près honorable, pendant que le pseudo-philosophe étale, étale, étale, étale, … 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : je trouve tout à fait honnête, voire estimable, la biographie de Céline par Henri Godard (Gallimard). Pour le reste, si l'universitaire est "aseptisé", c'est par fonction. Pour savoir si la personne l'est aussi, il faudrait la connaître. 

VU A LA CROIX-ROUSSE 1

Dans la série "Le Monde derrière la vitre".

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Cette photo, prise le 28 décembre 2015 à 18 h 59, montre l'une des baies vitrées d'un ancien atelier de plomberie, qui a été transformé en logement. Il fut un temps, dans les débuts, où les lieux se présentaient comme ci-dessous (photo prise le 1 novembre 2013 à 20 h 35).

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mercredi, 30 décembre 2015

LA DEMI-NATIONALITÉ

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LE BI-NATIONAL ET LE FRANCO-FRANÇAIS

La nationalité, en gros, je sais ce que c’est. Droit du sol : tu as l’identité du pays où tu es né. Droit du sang : tu as la nationalité des parents dont tu es né. Mais la « double nationalité », ça veut dire quoi ? Que tu as deux « demi-identités ». Moitié chèvre, moitié chou. 

Je me demande si un Normand répondrait « p'têt ben qu'oui p'têt ben qu'non », si on lui demandait s'il est Français. A prendre les choses de façon purement arithmétique, un Français qui a la double-nationalité, en toute logique, est un Français "à moitié".

Remarquez, il y a bien des « bisexuels » (et pourquoi pas tri-, il y a bien des triporteurs ?), pourquoi pas des bi-nationaux ? Dans ces conditions, je me demande un peu ce qui leur prend, à ceux qui se sont mis à hurler, quand Hollande, dans un de ses habituels calculs sataniques pour emmerder les adversaires politiques, a dégainé la « déchéance ». 

Soutenir, comme le font plusieurs au PS, que tous les bi-nationaux pourraient se sentir visés et considérés comme des citoyens de seconde zone est purement et simplement farcesque. D'abord parce que nul n'est obligé d'opter pour la double nationalité (34% chez les gens d'origine algérienne, 48% chez ceux d'origine turque). Ensuite parce que s'ils se sentent visés, c'est qu'ils ont de mauvaises intentions. 

Après tout, ce ne serait jamais que la déchéance d’une demi-nationalité. Car les bi-nationaux, qu’on m’excuse, ne sont que des « demi-nationaux ». Atteinte au « droit du sol ! », hurlent certains. Qu’on m’excuse, mais la déchéance, dans ce cas, ne serait qu’une « demi-déchéance », ou plutôt une agression contre le droit du « demi-sol ». Mais c'est quoi, au juste, un demi-sol ?

Mais si : un pied sur le sol français, un pied sur un sol étranger. A la rigueur, on pourrait considérer ça comme l’amputation d’un pied. Car il resterait l’autre pied. La personne pourrait rentrer dans son autre demi-patrie. A cloche-pied, certes, mais. 

Je trouve déjà que la France est assez bonne fille, en accordant à des demi-nationaux les mêmes pleins droits qu’aux Franco-Français. Les Franco-Français n’auraient-ils pas quelque raison de se sentir lésés ? Quelque raison de réclamer l’estampille « doublement-français » ? Soyons bon prince : je me contenterai de "Franco-Français". 

Moralité : je ne vois aucun inconvénient à déchoir de sa demi-nationalité un demi-Français qui prendrait les armes contre l'un de ses deux demi-pays.

Un pays qui n'est que sa demi-patrie. 

Et si c'était la double-nationalité qui était une aberration ?

Voilà ce que je dis, moi.

Note : je n'en démords pas. Pendant que la « gôche » s'étripe sur la déchéance de nationalité, plus personne ne parle de l'essentiel : l'état d'urgence, et sa prochaine inscription dans le marbre de la Constitution. Il faut le reconnaître : Hollande a joué ce coup-là de main de maître. Parce que franchement, jeter aux chiens un bel os à ronger pendant qu'il commet son effraction dans la grande demeure nationale, cela devrait lui valoir le titre glorieux de "Roi de la Cambriole".

Plus fort qu'Arsène Lupin ! Mais Maurice Leblanc avait au moins fait d'Arsène Lupin un grand patriote, comme il le raconte dans L’Éclat d'obus (1915), où Arsène campe un soldat intelligent et intrépide, et dans Le Triangle d'or (1918), où il fait cadeau à l'Etat français de l'énorme trésor qui dormait à ciel ouvert dans le dit "triangle".

mardi, 29 décembre 2015

TEXTURE ET LUMIERE DE NOËL

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lundi, 28 décembre 2015

J’AI LU LE CORAN !

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Oui, parfaitement, j’ai lu le Coran ! J’ai cru que je n’y arriverais pas, mais c’est fait. Pour tout dire, ce fut un interminable pensum, surtout au moment de m'acheminer de plus en plus lentement vers la fin, vous savez, quand les sourates deviennent de plus en plus courtes. Il a fallu que je m’accroche, et je peux déjà affirmer qu’il ne faut pas compter sur le Coran pour décrocher le prochain Goncourt. Pour quelle raison ?

Voilà un extraordinaire tissu d’inepties, où le lecteur moyen bute sans arrêt sur des paquets d’obscurités, où il n'identifie jamais aucune suite logique et où, quand il a l’impression de comprendre quelque chose, c’est pour être mis en face de toutes sortes de promesses mirifiques, mais aussi et surtout d’avertissements, sommations et autres comminations : crois en Dieu (attention, celui-ci à l'exclusion de tout autre : si tu crois que Dieu a eu progéniture, gare à ton matricule !), sinon, il t’arrivera le pire que tu puisses imaginer.

Crois en Moi, et tu auras le jardin d'Eden, « de sous lequel les ruisseaux coulent ». Si tu fais partie des dénégateurs, c'est la Géhenne, les supplices, les tourments et le châtiment éternels. Accepter de prendre au sérieux le texte du Coran, cela présuppose de croire au caractère sacré de tout ce qui est écrit là. Cela présuppose qu'on a déjà cette foi-là. Nul profane, même de bonne volonté, à mon avis, ne saurait le lire sans se taper la tempe de l'index à chaque page. Obélix dirait : « Ils sont fous, ces musulmans ! ». 

Je le dis d'autant plus volontiers que ni le texte de la Bible, ni celui du Nouveau Testament ne sont pour moi des textes sacrés. La différence, c'est que ces deux livres ont le mérite de raconter de belles histoires. Ne comptez pas sur le Coran pour raconter : le Coran est fait de bribes d'histoire biblique (priorité à Moïse, Noé, accessoirement Jésus), saupoudrées dans une marmite où bouillonnent et se disputent le terrain les prescriptions et les proscriptions. L'Européen élevé dans la culture de l'humanisme, des Lumières et de la liberté individuelle est à jamais et totalement étranger à cet univers. S'il en est ainsi, c'est tout l'islam qui nous est inassimilable.

Je ne retranche pas une virgule de mon billet du 19 novembre dernier : tout cela est à jeter. Je suis catégorique : il ne saurait y avoir quelque « islam de France » que ce soit. Je vais même plus loin : dans le corps culturel qu'on appelle la France, l'islam est une tumeur cancéreuse. Et cela, quelle que soit la bonne volonté républicaine des musulmans évolués, qui ne sont, finalement, que des musulmans tièdes. Je veux dire des musulmans qui ne considèrent pas leur foi comme une identité, une arme ou une armure. Des musulmans dont la raison de vivre dépasse, et de très loin, la lettre du Coran, cet invraisemblable salmigondis.

Non mais sérieusement, ce serait le texte sacré d’un milliard et demi d’individus dans le monde ! Ils n'ont donc pas honte ? Mais qui parmi eux l’a seulement lu, le livre sacré ? Je serais curieux de savoir selon quelle structure est organisé leur cerveau. Car même s’ils savent lire, que peut-on comprendre sans l’aide d'une autorité qui va vous expliquer ce qu’il faut comprendre ? Je vais vous dire : il faut une grosse armée d’exégètes pour espérer jeter un peu de lumière sur ce magma informe.

Sans l'interprétation, le Coran est rigoureusement incompréhensible. C'est d'ailleurs ce que l'histoire montre : le traducteur Jacques Berque fait abonder en note les références à toutes sortes de commentateurs proposant toutes sortes d'interprétations. Et ces exégètes ne sont pas d'accord entre eux ! Qui est en mesure de débrouiller l'écheveau ? Le problème de l'interprétation, c'est l'interprète : qui donne le sens ? Comment est-il arrivé à ce sens ? Qui nous le dira ?

Mais, semble-t-il, tout a été prévu : « Les dénégateurs ont encore dit : "Ah ! si la descente du Coran s’était faite sur lui d’une seule venue !" / – C’est ainsi ! pour le fixer dans ton cœur ; et (dans ce but aussi) Nous en espaçons la diction » (XXV, 32). Voir aussi « ... sous la forme d'un Coran que nous échelonnons, pour que tu le psalmodies aux hommes, dans la durée, puisque Nous le faisons descendre d'une descente répétée » (XVII, 106). Si le Coran est un énorme puzzle fait de toutes petites pièces mal assujetties les unes aux autres, descendues morceau par morceau de façon interminable, c'est que Dieu l’a voulu ainsi. C’était exprès. Bien fait pour vous ! 

Et il est vrai que le traducteur précise, en note de la sourate XCVII, verset 1 : « En temps humain, le Coran a mis une vingtaine d’années à descendre » (notez "descendre"). Il explique dans sa postface que le texte, arrivé par bribes, a été noté sur « des matériaux de fortune » (dont, à ce que j'ai entendu dire, maintes omoplates de chameaux), et qu’on a commencé très tôt à procéder à des assemblages. Mahomet étant mort en 632 (d'une mauvaise grippe ?), la première version définitive, du temps du calife Uthman, date de 656, soit vingt-quatre ans plus tard. Vous imaginez, concrètement, le fatras qui peut en découler ? Moralité : on aurait voulu embrouiller le bon peuple pour l’empêcher d’en juger par lui-même qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Il faut que ceux qui savent gardent la main.

Parce que si l’on essaie de comprendre, on entre dans la bouteille à l’encre. Une preuve ? Allons voir la sourate LVI, verset 75 : « Non, j’en jure par les positions des étoiles ». Jacques Berque signale en note qu’on pourrait tout aussi bien lire : « Je n’en jurerais pas… ». Monsieur est servi. Mais ça n’empêche pas l’auteur du Livre (Dieu en personne, évidemment) d’affirmer : « Nous avons rendu le Coran facile, en vue du Rappel » (sourate LIV, verset 17). « Facile », c’est évidemment faux, pour un lecteur de bonne "foi" tout au moins. 

Tenez, prenons les versets 83 à 89 de la sourate XXXVII : « Parmi ses continuateurs, fut certes Abraham / Lors il approcha son Seigneur d’un cœur intègre / lors il dit à son père, à son peuple : "Qu’adorez-vous ? / est-ce par imposture que vous voulez des dieux en place de Dieu ? / quelle fausse idée vous vous faites du Seigneur des univers !" / Il ne jeta qu’un regard vers les étoiles / et dit : "Je suis contaminé" ». 

Le traducteur précise, à propos du dernier élément : « Ou bien il se dit malade, mensonge gênant dans la bouche d’un prophète, ou il se sent contaminé par le seul examen des astres qu’adorait son peuple. Ou encore, interprétation subtile de Râzî, il est perturbé par les étoiles dont l’éparpillement atteste l’incohérence du polythéisme ». Trois interprétations pour le prix d’une, faut-il vous l’envelopper ? 

On ne peut certes pas suspecter Jacques Berque de minimiser le problème : ne note-t-il pas, au sujet de XXV, 77 (où il est question d’un « appel ») : « La compréhension de ce verset embarrasse l’exégèse. L’"appel" est-il celui de l’homme à Dieu, ou de Dieu à l’homme ? Faut-il entendre le "mâ" initial comme négation, ou comme interrogation ? ». Il faut croire que ça ne l’embarrasse pas outre-mesure. Les occasions d'incertitude sont multiples. Par exemple : « Verset difficile » (VII, 202) ; par exemple : « L'exégèse fournit d'autres explications encore » (IX, 122) ; « Verset largement commenté par les savants de l'Islam » (XIII, 38) ; « L'exégèse se demande à quel locuteur attribuer plusieurs de ces propositions » (XX, 87-89) ; etc.

J'en conclus qu'il ne saurait y avoir une lecture du genre de celle que j'ai faite : je ne suis ni un herméneute, ni un exégète, ni un "savant de l'islam". Je n'ai pas été initié. Toute lecture "ordinaire" est d'avance disqualifiée. Tout est fait pour convaincre le lecteur lambda (que je suis) que le Coran est tout à fait hors de la portée de sa comprenette, s'il n'est pas fermement guidé par un maître qui lui apprend ce qu'il faudra retenir de ce qu'il aura lu.

Si je n'ai pas "compris" ce que j'ai lu, c'est de ma faute : j'aurais dû m'en remettre à une autorité (mandatée par qui ?) pour ce qu'il fallait comprendre. J'en conclus que l'esprit d'un bon musulman ne peut être en aucun cas un "esprit libre" (cf. Humain, trop humain, de Nietzsche). Le bon musulman n'existe pas sans un guide. Il n'est de bon musulman que dominé par une autorité qui le surplombe. Pour lui dire ce qu'il convient de penser. L'islam ignore la liberté individuelle. L'homme ordinaire est une crotte de bique.

De toute façon, si on prend le texte au pied de la lettre, il s’agit beaucoup moins de comprendre ce que Dieu a dit (il paraît que c’est lui qui a parlé) que, en tout premier, de se soumettre, de se faire les « esclaves de Dieu » (LXXVI, 6), d’obéir, de croire que tout ce qui est écrit là est Vrai (voir plus bas) ; ensuite d’en réciter, voire d’en « psalmodier » (LXXIII, 20) le texte. Après l'avoir, évidemment, appris par cœur. Vous imaginez le pauvre sort de ces enfants qu'on envoie à l'école coranique pour apprendre par cœur les 700 pages sans queue ni tête du Coran ? Rien de tel pour apprendre à vivre à genoux.

Certaines formules sont étranges. Ainsi, dans la bouche de Pharaon : « Je jure de vous tronçonner les mains et les pieds en diagonale » (XX, 71 ; VII, 124, et ailleurs). Ou bien : « Et cependant il en est parmi les hommes pour n’adorer Dieu que de guingois ». Certaines assertions sont renversantes : « Qu’avez-vous à ne pas croire en Dieu ? Alors que l’Envoyé vous appelle à croire en votre Seigneur : aussi bien en a-t-il reçu de vous l’engagement, si vous êtes croyant » (LVII, 8). En français, on appelle ça un flagrant délit de tautologie : le serpent est sûr d’attraper sa propre queue. La tautologie semble d'ailleurs une figure de style très prisée : « Qu'à Dieu s'en remettent tous ceux qui ne peuvent que s'en remettre à Lui ! » (XIV, 12). 

Autre exemple saisissant en XXXV, 31 : « Ce que Nous te révélons du Livre est le Vrai, qui vient avérer le message en cours ». Autre exemple en XXII, 62 : « Et cela du fait que Dieu c’est le Vrai, et que ce que vous invoquez en Sa place, c’est le faux ». On pourrait continuer (voir XXIII, 72). On voit bien à quoi sert la tautologie : pour qui est dans ce « Vrai »-là, aucun problème : il est croyant, et ce qu’on lui demande c’est d’admettre, un point c’est tout. Il ne faudrait pas, n’est-ce pas que le lecteur se mette à penser par lui-même ! Malek Chebel, un musulman des Lumières s’il en est, a déclaré, le 23 décembre dernier, j'en suis témoin : « L’islam est une auberge espagnole ». J’aurais beaucoup aimé les musulmans, s’ils avaient été « des Lumières ». Mais ce n'est pas le cas. Et l'avenir, à en juger par le présent, ne permet pas de l'espérer.

Car finalement, ce que je retiens de ma lecture de ce livre aberrant, fait de fragments mis bout à bout à la diable, c'est qu'il interdit à tout jamais au lecteur d’avoir un accès direct au « Message », s’il y en a un, et l’oblige à s’en remettre à « ceux qui savent » (qui disent qu’ils savent, parce que c’est eux qui, en dernier ressort, détiennent le pouvoir).

Le message principal du Coran que je vois là pour ma part, c’est que l’islam est fondamentalement une religion faite par et pour des gens qui veulent le POUVOIR ou qui le détiennent. L'islam est une féroce négation de l’individu, de l’individu pensant, de l’individu libre, de l’individu doté d’autonomie et de libre-arbitre, de l'individu doté d'une conscience. 

Le Coran est une péremptoire affirmation de préséance de celui qui sait sur celui qui ne sait pas, au motif que c'est lui qui exerce le pouvoir. A cause du Coran, chez les musulmans, la domination des forts et la soumission des faibles sont à tous les étages. Cela fait de l'islam une religion insupportable aux yeux de tous ceux qui croient dans les vertus de la liberté individuelle.

Le fait d'avoir lu le Coran ne fait certes pas de moi un spécialiste. D'autant plus que je me suis efforcé d'aborder ce livre comme n'importe quel autre livre : pour moi, il n'y a pas de livres sacrés (excepté, peut-être le Faustroll d'Alfred Jarry - non, je plaisante). Dieu sait que je n'aime pas la religion chrétienne, mais alors l'islam, je crois que même Dieu n'oserait pas savoir ce que j'en pense. Partant de là, j’en infère que l’islam, en tant que tel, est rigoureusement incompatible avec la façon dont la France, dont l’Europe, dont l’Occident considère l’humanité de l’homme.

L’islam en France, pour moi, est définitivement un intrus. Au motif que le Coran est essentiellement un instrument de POUVOIR. Il n'est pour s'en convaincre que de regarder la carte des territoires conquis par l'islam entre 632 et 732 (Poitiers, Charles Martel, tout le toutim).

Voilà ce que je dis, moi.

Note : les lecteurs et spécialistes d'Alfred Jarry auront peut-être intérêt à se reporter à la sourate LIII, verset 14. Ils verront qu'il y est fait mention du « lotus des confins ». Quid est ? S'il se reportent à la note, ils seront peut-être surpris d'apprendre que la jolie formule « lotus des confins » est une traduction de l'arabe « Sidrat al-muntahâ ». Or on trouve cette référence exotique dans L'Autre Alceste (Jarry, Œuvres complètes I, p. 909 et suiv.), dans le "Récit de Doublemain" (« ... la feuille de laquelle pend le principe de sa vie croulera de l'arbre Sidrat-Almuntaha ... »), puis dans le "Récit de Salomon" (« ... sa feuille vitale à la branche de l'arbre Sidrat-Almuntaha. ») et dans le "Récit de Roboam" : « ... la barbe de Salomon mon père, et l'ange qui veille les yeux fixés sur l'arbre Sidrat-Almuntaha ... ». Bonjour aux éventuels lecteurs qui seraient membres de la SAAJ. Qu'il me soit permis de leur offrir ce « lotus des confins ».

dimanche, 27 décembre 2015

TEXTURE ET LUMIERE DE NOËL

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Les photos ci-dessous, quoi qu'il paraisse, sont des photos en couleurs.

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samedi, 26 décembre 2015

HALTE À L’ÉTAT D’URGENCE !

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Ainsi, le président « Degôche » travaille activement à l’avènement d’un Etat policier en France. « Il faut répondre aux gens, à leurs angoisses, à leur besoin de sécurité », soutient mordicus le président « Degôche ». Il ne faut pas "répondre aux gens", crâne de piaf ! Il faut répondre à la réalité ! La meilleure com', c'est l'action concrète.

Alors, cette « déchéance de la nationalité », ça vient ? Attendez d’avoir compris, nous dit le président « Degôche » : Je fais un pas en arrière, sous la poussée de l’aile gauche du PS ? La droite se dresse sur ses ergots : « Nous ne voterons pas la modification constitutionnelle ! ». Fausse alerte ! Parce que ma vraie intention, c'était de forcer la droite à voter ma loi en faisant un nouveau pas en avant ! Je décherrai donc de leur moitié française de nationalité les mauvais sujets qui se seront retournés contre la Nation pour la poignarder. Et pan dans les gencives de la droite, qui réclamait cette mesure ! Il y aura du déchet dans les rangs de la gauche ? Pas assez pour ne pas atteindre la majorité des 3/5èmes au Parlement réuni en Congrès. Je prends le pari. Fin de "citation". 

On reconnaît bien là l’habileté manœuvrière du tacticien, digne héritier de Mitterrand, vous savez, cet inoubliable intrigant florentin, son maître en manigances machiavéliques : la « recomposition politique » a commencé. L’objectif : pouvoirAUGUSTE FRANCOTTE.jpg immortaliser la photo de François Hollande en chasseur de safari, avec en main sa 600 Nitro Express de la maison Auguste Francotte à Liège (ah, ces "Big Five", si finement gravés), poser la botte victorieuse sur le cadavre de la droite française, réduite à un champ de ruines. 

Si j'ai bien compris, on observera donc bientôt une « recomposition », il y aura, selon les vœux du président, dans le paysage, là-bas tout à gauche du tableau, toutes sortes d’inoffensifs menus fretins qui brailleront de plus en plus fort à mesure qu’ils deviendront plus infinitésimaux et groupusculaires ; un ensemble un peu plus consistant de « socialistes frondeurs » qui formeront l’aile « gôche » du PS ; un gros marécage où se retrouvera tout ce qui est rose pâle, centriste et « républicain », qui rassemblera une majorité capable d’enjamber, allègrement et en souplesse, la frontière qui séparait jusque-là la « gauche » de la « droite » ; et puis là-bas tout à droite du tableau, un nouveau parti auquel tous les responsables, depuis trente ans, se seront donné la main pour faire la courte échelle, et qui ne demandera qu’à croître et embellir. 

Etant entendu qu’il n’est nullement question, dans ce tableau, de changer quoi que ce soit aux vieilles pratiques politiciennes en vigueur, celles précisément qui auront créé cette situation d’un genre nouveau. Les abstentionnistes ? Tous des cons ! Que des non-citoyens ! Qu’ils crèvent ! J'en ai rien à faire ! 

Chapeau l’artiste ! Et tant pis pour la France ! Le raisonnement de François Hollande, quand il pense à la France, si mon analyse n’est pas trop éloignée de la réalité, est une inversion radicale de l’inscription que Mathias Grünewald place devant la bouche de Saint-Jean-Baptiste désignant le Christ martyrisé, dans le Retable d’Issenheim (« Illum oportet crescere, me autem minui »). En version corrigée, ça donne : « Illam oportet minui, me autem crescere » (traduction libre : qu’importe que la France crève, pourvu que je croisse). 

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Suprême habileté du chef de bord : pendant que la bataille de chiffonniers agite son chiffon rouge dans les partis, faisant monter l’ « actualité » comme une mayonnaise chantilly très prisée par les médias toujours avides de produire de cette bonne « thèse-antithèse-foutaise » qui abreuve et aveugle les gogos, on ne discute plus de l’essentiel : le passage dans la Constitution de la normalisation de l’état d’urgence. C’est tellement bien joué qu’il n’y a plus que quelques juristes renommés et modérés que personne n’écoute pour s’inquiéter de la chose : qui, à part Mireille Delmas-Marty et Dominique Rousseau ? 

Car le nœud de l'affaire, l'objectif essentiel de François Hollande, c'est d'occuper tout le monde avec l'os de la déchéance de nationalité, pour que plus personne n'ait présente à l'esprit la saloperie première que constituera en France l'état d'urgence éternisé. L’état d’urgence au quotidien, l’état d’urgence ordinaire, l’état d’urgence à demeure, c'est un chien dangereux qu’on serait forcé de garder à domicile pour garder les enfants.

Et dire que la « Gôche » fulminait contre Sarkozy chaque fois qu’il faisait une loi à la suite d’un fait divers tragique ! Mais Hollande fait pire : il instrumentalise une Constitution dont il n’a, sur le fond, rien à faire, pour donner au peuple français (pour ce qu’il en reste) un coup de poing communicationnel dont il espère sans doute qu’il le mettra KO. 

C’est bien cet état d’urgence banalisé, celui qui risque de placer toute la population française sous la coupe administrative de la police et des préfets, c’est-à-dire livrée à l’arbitraire, aux abus et à la violence de forces de l’ordre qui se plaignaient depuis trop longtemps d’avoir les mains liées par l’état de droit (car c’est à ça que ça revient : l’urgence contre le droit). 

Il suffit pour s’en convaincre d’observer le bilan des presque 3000 cassages de portes (alias « perquisitions administratives », en version médiatique) et la taille des poissons ramenés dans leurs filets par les flics. Comme dirait l’inspecteur Charolles au commissaire Bougret (Rubrique-à-brac, Gotlib) : « Comme indice c’est plutôt maigre ».

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La plupart des poissons ne font pas la maille. Pensez, 51 incarcérations ! Et je voudrais bien avoir la liste de toutes les armes que les perquisitions ont permis de saisir : 39 « armes de guerre », ça fait 10%. Et combien d’armes de chasse non déclarées ? Combien d'opinels ? Combien de pistolets à bouchon ? Je te dis qu'il faut du chiffre, coco !

La population devrait s’en convaincre : il faut avoir peur de l’état d’urgence. Ce n’est pas à coups d’état d’urgence et de « perquisitions administratives » que Hollande empêchera le prochain attentat meurtrier sur le territoire français. En démocratie – si le mot veut encore dire quelque chose – l’état d’urgence n’est acceptable que sur une durée extrêmement courte (c’était parti pour douze jours au départ). Sa prolongation « ad libitum », et bientôt « ad perpetuum », une fois gravée dans le marbre constitutionnel, est une infamie pure et simple. 

Qu'est-ce que c'est, ce protecteur, qui commence par abolir la liberté de celui qu’il protège ? Qu'est-ce que c'est, ce loup qui s'érige en gardien des agneaux ? Qu'est-ce que c'est, ce renard qui promet de raccompagner chaque poule à son poulailler après minuit sonné ? Qui veut croire à la fable ? Ceux qui voudraient nous faire croire au père Noël du "Nous sommes tous frères" ? 

Sans compter le linge sale.

Qui peut croire, aujourd’hui en France, que l’état d’urgence le protègera ? Pas moi. 

Voilà ce que je dis, moi.

jeudi, 24 décembre 2015

GÉNÉRATION BATACLAN ?

A DRAPEAU.jpg

C’est entendu, Le Monde n’est plus ce qu’il fut. Mon Monde à moi n’accueillait pas de publicité, restait soigneusement déconnecté de la mode, du luxe et de la volupté, débranché des cours de la bourse, vierge de toute pollution photographique : le langage régnait en maître, en prince impérial, avec une concession dédaigneuse, de loin en loin, au dessin humoristique. Le Monde était imbattable pour la quantité et la densité du contenu. Je ne dirai pas quand j'ai commencé à lire Le Monde, ce serait avouer mon âge. A chacun sa pudeur. C’était la haute exigence de l’intègre et austère Hubert Beuve-Méry qui avait édifié ce bâtiment. 

Ce n’est hélas plus le cas, et depuis longtemps, du « journal de référence » : surfaces largement consacrées à vanter toutes sortes de marchandises, à faire l’éloge du « Style », des Montres (Bréguet, Blancpain, Patek Philippe, ...) et du Luxe, un magazine « » hebdomadaire presque totalement insignifiant, futile et creux (à la notable exception du dernier), tout cela joint à une pagination soumise à un régime amaigrissant qui nous fait friser l’anorexie et à un prix inversement proportionnel. 

Bref, pour être resté lecteur du Monde, il faut avoir une foi bien chevillée et considérer l’action de s’informer comme un devoir, et même un militantisme. Et ne pas prêter une attention excessive aux errements auxquels mène parfois la stratégie de « juste-milieu » appliquée par la rédaction en chef aux contenus. Je laisse par ailleurs de côté la question de la présence du fade Plantu en « Une », que je laisse pisser la neutralité de son eau tiède dans son violon quotidien. 

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journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalMoi, je ne réfléchis pas autant que le père Hervé Benoît. Je marche plus à l'instinct de survie. Autant je suis critique àjournal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal l’encontre de tout ce qui élève la marchandise sur un piédestal de marbre noir, autant je m’interdis de m’en prendre aux personnes humaines qui cherchent à exister dans cette époque radicalement inhospitalière. Les conditions de vie faites par l’époque à l’humanité de l’homme étant particulièrement précaires, je me garde comme de la peste de juger dérisoire l’appétit de certains de vivre des moments de joie collective, d’autant plus que j’ai, dans mon jeune temps, adoré vivre de tels moments, intenses et insignifiants. 

journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalSi l'on peut parler d'une "génération Bataclan", ce qui ressort du Mémorial du 13journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal novembre édifié par Le Monde, c'est à cause de l'impressionnant besoin de fraternité dont témoigne la vie des victimes jusqu'au moment des attentats, telle qu'elle est rapportée par les proches. Ce qui ressort de tous les portraits dressés par les journalistes du Monde, c'est l'appétit de vivre avec les autres qui servait de guide à ces personnes  fauchées par un tout petit nombre de malades mentaux très rationnels et méthodiques. Souvent des bandes d'amis fidèles qui s'étaient connus sur les bancs d'une école. En l'état, je me refuse à critiquer l'esprit d'enfance qui préside peut-être à cet appétit. Je m'y suis baigné autrefois. 

Heureusement, il n’y avait pas de Kalachnikovs au Festival de Fourvière en juillet 1978, il journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metaln’y avait que les Bijou, les Spions (un truc hongrois ravageur), les Olivensteins («journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal  Euthanasie papy, euthanasie mamy »), les Cimarrons qui faisaient danser le théâtre antique et Little Bob Story qui faisait scander « Barbe noire » parce que, mis en colère que le groupe ait été rejeté en fin de nuit, celui-ci (le batteur ou bassiste) refusait de revenir sur scène. Pas de Kalachnikovs à la Salle des Sports de Villeurbanne aux concerts de Duke Ellington ou de Sun Râ. Pas de Kalachnikovs au Palais des Sports de Lyon aux concerts des Queens, de Jacques Higelin ou de Frank Zappa (j’ai encore dans l’oreille : « The poodle bites, the poodle choose it » - repris dans "Apostrophe", je crois). 

Juste pour dire que j’ai été comme ça. Si ce n’avait pas été l’âge et la correction de trajectoire, j’aurais peut-être journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalété là, au Bataclan. Est-ce que j'aurais fait de mon corps un rempart pour mon amoureuse de l'époque ? Ai-je le droit de juger ces personnes au seul motif que mon regard a changé du tout au tout en matière de culture, de musique, de civilisation ? Je me mépriserais si je le faisais. J'ai laissé tomber les concerts de cris hystériques, de batteries furieuses et de guitares électriques saturées. Mais je n'ai pas le droit d’oublier ce que j'ai été, ce que j'ai fait, ce que j'ai aimé, ce que j'ai dit. Je n'ai pas le droit de jeter l’anathème sur des gens qui en passent aujourd’hui par des étapes où nous autres, plus âgés, passâmes un jour, quoi qu'il en soit de l'itinéraire qui a été le nôtre. De la vie que j'ai menée, que je le veuille ou non, je suis obligé de garder tout, y compris les choses, les œuvres, les êtres et les femmes que j'ai cessé d'aimer.

journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalJe veux dire : je n'étais pas meilleur à leur âge que ne l'étaient : Thomasjournal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal Ayad (Bataclan), Franck Pitiot (Bataclan), Estelle Rouat (Bataclan), François-Xavier Prévost (Bataclan), Madeleine Sadin (Bataclan), Antoine Mary (Bataclan), Marie Lausch (Bataclan) et son amoureux Mathias Dymarski (Bataclan). Ce sont les noms qui closent la liste des morts dressée par Le Monde, dans son « Mémorial du 13 novembre », infiniment plus estimable que l'exécrable spectacle donné aux Invalides par lejournal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal "Freluquet en chef". A cette liste, il faudrait ajouter les vingt noms des morts dont les familles n’ont pas souhaité participer, et les trois familles qui « refusent que le nom de leur proche soit cité ». Respect !  

journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalLe deuil qui est le mien ne m'appartient pas. Mon deuil appartient à un organe dontjournal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal j'ignore le nom. Un organe qui me dépasse, qui palpite et qui bat comme un cœur, un cœur sur lequel je n'arrive plus à mettre un Nom : « Suis-je Amour ou Phébus ? Lusignan ou Biron ? ». France ? Patrie ? Nation ? Civilisation ? Dans les circonstances présentes, les mots, les noms manquent, pour désigner ce qu'il faudrait pouvoir désigner : « Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache noire et froide où, vers le crépuscule embaumé, un enfant plein de tristesse lâche un bateau frêle comme un papillon de mai ». 

journal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metalRespect aux morts ! Honneur aux hommes qui se sont jetés entre leurs compagnesjournal le monde,hubert beuve-méry,journal de référence,plantu,13 novembre paris,attentats paris,bataclan paris,charlie hebdo,cabu,wolinski,bernard maris,frères kouachi,café la belle équipe,café le carillon,rue de charonne,père hervé benoît,basilique de fourvière,little bob story,festival fourvière 1978,kalachnikov,duke ellington,sun ra,queens,jacques higelin,frank zappa,thomas ayad,franck pitiot,erouat,françois-xavier prévost,madeleine sadin,antoine mary,marie lausch,mathias dymarski,eagles of death metal et les balles (ils sont plusieurs, morts de leur amour pour une femme) ! Oui, ma réaction est peut-être naïve et très "premier degré", je n'y peux rien. Ce qui est sûr, c'est que je remercie le journal Le Monde, pour une fois, pour avoir édifié ce monument aux morts de haute valeur et d'intense luminosité ! 

Voilà ce que je dis, moi.

Note : les seules photos correspondant à des noms cités dans l'avant-avant-dernier paragraphe de ce billet sont les sept dernières. Que la mémoire de tous les autres me pardonne.

mercredi, 23 décembre 2015

ÉDUCATION : LE PROGRÈS FAIT RAGE !

Allons, tout va de mieux en mieux en France.

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Cette fois, ça se passe dans l’Education Nationale.

Tout le monde s’était gaussé, il y a quelque temps, du baragouin pédagogiste qui faisait du ballon un « référentiel bondissant », de la piscine un « milieu aquatique profond standardisé », du badminton une « activité duelle de débat médiée par un volant », du kayak une « activité de déplacement d'un support flottant sur un fluide » et des parents d’élèves des « géniteurs d’apprenants », même si cette dernière formule apparaît davantage comme une blague, caustique mais parfaitement ajustée, de Régis Debray. 

Mais le Progrès ne saurait s’arrêter en si bon chemin. On en trouve un exemple probant dans le billet d’Offshore (cliquer colonne droite : "blogs à visiter") du 19 décembre. Son auteur a lu une chronique de Jean-Paul Brighelli dans Le Point, qui évoque certains effets de la dernière réforme des collèges éructée par madame Belkacem et sa cohorte de crânes d’œuf sur les pratiques des enseignants. Ce n'est pas une raison pour acheter Le Point.

Quant à Brighelli, je n'avais pas été épastrouillé par sa Fabrique du crétin, malgré la justesse de l'analyse. Au motif que tout ce que les praticiens du métier d'enseignant peuvent dire, leurs paroles sont inopérantes, impondérables, et à jamais vaines. La machine avance, mue par on ne sait trop quel carburant. Le "bon sens" a beau s'insurger aussitôt qu'on entreprend de l'éviscérer, la machine avance.

La « réforme » en question a inventé des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) qui visent à abattre les cloisons qui compartimentent abusivement les disciplines et les empêchent de "communiquer". Il ne pourra plus en être ainsi, grâces soient rendues aux innovateurs de la pédagogie. 

Voici ce qu’écrit Philippe Nauher (une variante de Erehwon ?) dans Offshore :

« Ainsi évoque-t-il la mise en place des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). Et de nous dégoter un bijou de transversalité proposé le 10 novembre dernier par un énergumène de l'académie de Lyon, afin de lier littérature et SVT. Voici l'intitulé : 

"Madame Bovary mangeait-elle équilibré ? Vous analyserez le menu proposé à son mariage, en expliquant en quoi ce sommet de la gastronomie normande ne satisfait pas les exigences d'une alimentation saine et respectueuse de l'environnement». 

"Madame Bovary mangeait-elle équilibré ?" Il fallait oser. J'invite le lecteur à découvrir dans Offshore quelques sujets "interdisciplinaires" gratinés improvisés vite fait sur le gaz par l'auteur.

On me dira ce qu'on veut, voilà du sérieux dans les nouvelles façons d'aborder (d'exécuter) la littérature. Ça intimide. De quoi clouer le bec à tous les ennemis de l’innovation pédagogique ! 

Attention, Najat, j'arrive. Accroche-toi au pinceau, j’enlève l’échelle ! 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 22 décembre 2015

FRANCE : UN FOSSILE POLITIQUE (fin)

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3 

J’ai suggéré récemment quelques moyens à même d’enrayer la machine à fossiliser la vie politique en France, qui marche à plein régime. Cela doit être possible, après tout. C’est-à-dire casser la mécanique de sélection des élites politiques, rien de moins. Pour cela, en tout premier, en finir totalement avec le cumul des mandats, qui permet à monsieur Gérard Collomb de vivre plus que confortablement : sénateur, merdelyon et président de la Commission permanente de la Métropole (je n'ai pas cherché s'il exploitait d'autres gisements : je trouve que ce n'est déjà pas mal). 

Où l’on apprend que les journées de monsieur Gérard Collomb durent soixante-douze heures : comment en effet être 100% maire, 100% sénateur et 100% président, si elles n’en ont que vingt-quatre ? Tout le monde n'est pas footballeur, pour déclarer avant le "match décisif" (ils le sont tous), que l'équipe est prête "à 300%". Mais monsieur Collomb est peut-être la réincarnation de la Sainte Trinité qui, à elle toute seule, abattait de la besogne pour trois ? Même s'il pratique l'externalisation des services en sous-traitant à d'obligeants sous-fifres, il fait très fort.

Mais obliger le maire à être à 100% le maire de sa ville, ça ne suffit pas : il ne faut pas qu’il le soit « à vie ». Des types comme Roland Nungesser, maire de Nogent-sur-Marne pendant trente-six ans, quoi qu’on puisse dire au sujet de son honnêteté supposée, ne peut pas être resté dans son fauteuil aussi longtemps sans avoir, avec le temps, trouvé le moyen de durer en achetant les voix, les consciences, les gens : la durée fait la clientèle.

Car en politique, ceux qui durent le plus longtemps (les plus "belles" carrières) sont les plus malins, ceux qui se sont constitué la plus grosse clientèle. Le remède ? Interdire d’exercer plus de deux mandats dans sa vie. Insuffler dans l'opinion publique l'idée que voir toujours les mêmes bonshommes, ce n'est pas normal. Établir un roulement des élus en rendant son mouvement vif à la circulation du sang civique dans toutes les artères, veines, veinules et artérioles du pays. Le sang politique de la France est resté figé trop longtemps. L'embolie guette. L'embolie vote Front National.

Établir une bonne fois que la politique n’est ni un métier ni une carrière, et que la seule profession qu’exerce un citoyen est celle qui assure une fonction économique dans la société civile. Vous auriez l’air de quoi, si, à la question : « Qu’est-ce que vous faites de beau dans la vie ? », il vous fallait répondre : « Politicien » ? Ridicule ! Relisez l’histoire de Cincinnatus, messieurs les politiciens, et prenez-en de la graine ! Et retournez à votre premier métier une fois achevés vos deux mandats, comme Cincinnatus à sa charrue.

Soit dit en passant, si autant de députés sont si souvent absents, c’est d’une part qu’à 577, ils sont beaucoup trop nombreux, et d’autre part que le boulot est beaucoup moins prenant que ce qu’on nous fait croire (ça met à combien l'heure de présence parlementaire physique ?). Le Parlement, tout compris, ça me coûte combien, sur une année ? Pourquoi ne subirait-il pas, à son tour, des restrictions budgétaires ? Tiens, chiche, on appellerait ça « moraliser » la vie politique. Voilà une idée qu'elle est bonne !

De toute évidence, il faut limiter : un seul mandat à la fois, deux mandats dans une vie, puis retour à la vie civile, où l'existence aura commencé par la recherche d'un gagne-pain capable de servir de base de repli. Une Révolution ! C'est ce que certains peuples africains tentent d'obtenir : N'Kurunziza, Sassou Nguesso, Kagamé, Museveni, Mugabe, ... ils les ont assez vus. Pourquoi pas chez nous ?

Ça ne vous semble pas incroyable que la plupart de ces gens que des journalistes obligeants invitent à "causer dans le poste" soient toujours les plus "connus" ? Souvent les plus anciens ? Mais coco, comprends : c'est bon pour l'audimat. Ah, le pied, élire enfin des inconnus : quelle est donc cette paresse qui nous fait toujours mettre la même roue dans la même ornière ? Nos hommes politiques sont des ornières. Ne pas savoir pour qui on vote, qu'est-ce que ça changerait, franchement ? Quelle est donc cette - après tout - indifférence qui fait préférer le (croit-on) connu ? Elus soient les inconnus !

Donc, inciter de nouvelles têtes à solliciter des responsabilités temporaires dans la collectivité, et non plus cirer indéfiniment les pompes à de petits potentats qui ont acquis une mentalité de propriétaires à force d’exercer un pouvoir, fût-il local, pour avoir fait de l’électorat une clientèle fidélisée (il a "bétonné" sa position). Il y a fort à parier que c’est exactement à quoi sert la « Réserve Parlementaire » : qu’est-ce que vous croyez qu’ils en font, les députés, des 80 millions d’euros qu'ils se sont vu attribuer à ce titre en 2014 ? Réponse : les petits cadeaux entretiennent l’amitié. Ce que les « accros » du cumul des mandats métaphorisent du doux nom d’ « ancrage local ».

A cet égard, le pire est à craindre de la façon dont a été menée la réforme territoriale qui a constitué les nouvelles « Grandes Régions » : le grand n’importe quoi. Une France divisée en grandes baronnies. Priorité est donnée au clientélisme (dont le népotisme n’est jamais bien loin : vous savez, l’étape juste avant la corruption à cœur). Remarquez, qui nous dit que la population française, dans l'état moral et intellectuel où elle se trouve, n'attend pas d'être achetée, finalement ?

Un autre et puissant remède à l'éruption programmée du Front National serait que les hommes politiques se donnent les moyens de peser sur le cours de choses. Car l'impression qui domine de la façon la plus claire, avec celle que « rien ne change parce que rien n'est fait », c'est celle de l'impuissance de tous ces gens qui s'agitent dans les médias pour parler une langue en chêne massif (cette incapacité massive à nommer drument les choses !). Que peuvent-ils faire, tous ces élus professionnels, pour prouver qu'ils peuvent quelque chose contre les problèmes qui surgissent ? Pour prouver qu'ils peuvent modeler la réalité ? Que peuvent-ils faire, par exemple, pour faire revenir l'emploi productif (s'il y en a) en France, pour le donner à ceux qui cherchent du travail ? Trop difficile sans doute.

Au passage, il faudrait penser aussi à faire disparaître du paysage politique un certain nombre de fromages nationaux, qui ne servent qu’à distribuer des lots de consolation à des recalés du suffrage universel ou à récompenser des serviteurs zélés qui ont bien mérité de leur suzerain mais qui ont cessé de plaire ou de servir. 

Par exemple, connaît-on suffisamment la sinécure que représente un siège au Conseil Economique et Social ? Un jour et demi par semaine de présence sur les lieux pour 3000€ par mois. Et ils sont 234 ! Pour rendre des avis consultatifs (traduction : "direction la poubelle") ! Et l’on se demande de quel mal mystérieux la France est atteinte ! Qui fera le ménage dans la haute fonction publique ? Dans les « Commissions » ? Dans les « Observatoires » ? Dans les « Hauts Comités » ? Dans les "attachés parlementaires" ? Dans les "conseillers ministériels" ? Combien de copains y a-t-il encore à caser ? On attend que Marine Le Pen y ajoute les siens ?  

Accessoirement, dans les mesures à prendre, on devrait reconnaître au bulletin blanc la dignité de « suffrage exprimé ». En acceptant de les décompter à part, le Parlement n’a pas osé aller jusque-là. S’il voulait vraiment lutter contre l’abstention, le « blanc-suffrage-exprimé » aurait été voté depuis longtemps. Je prends le pari que si les députés se résignent à prendre la décision, on verra le chiffre des abstentionnistes devenir aussitôt aussi raplapla que le "plug anal" de McCarthy place Vendôme. Il m’étonnerait cependant beaucoup que ces êtres pusillanimes prennent le risque : imaginez un moment qu'aucun candidat n'obtienne autant de voix que les « blancs » ! Ça la foutrait mal ! C’est sans doute cette hypothèse qui  a retenu leur main. 

On peut compter sur eux pour ne toucher à rien, pour perpétuer le statu quo, pour préserver les branches sur lesquelles ils sont assis, même si l’arbre perd ses feuilles et que ses racines ont le plus grand mal à trouver dans le sol où il est planté les substances nourrissantes qui l’empêcheraient de crever. "Après nous le déluge", voilà leur seul credo. 

Reste la colère. Reste la haine à l'égard de la caste des politiciens. Le vœu le plus cher du Front National. Le cadavre dont se nourrit goulûment ce parti nécrophage. Comment peut-on se résoudre à voter pour la Mort ? Moi, en tout cas, je ne peux pas.

Voilà ce que je dis, moi.

lundi, 21 décembre 2015

FRANCE : UN FOSSILE POLITIQUE

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Préambule d'actualité

Le Grand retour de Nanard (ou : Nanard fait son cinéma)

Symptôme du grand délabrement de la vie politique française : Bernard Tapie fait annoncer son retour en politique. Les éditorialistes sont effondrés ce matin, et s'apitoient sur la panouille médiatique dans laquelle Tapie fait mine de revenir patauger. Entonnons avec Orgon le refrain qui scande la scène 4 de l'acte I de Tartuffe : « Le pauvre homme ! ». Enfin, "pauvre", ... ce n'est pas encore fait. Certains préféreront crier, avec les Tunisiens de 2011 contre Ben Ali : « Dégage ! ».

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2 

En France, pour autant qu’on soit bien informés, on n’en est pas là : juste un petit Cahuzac de temps en temps. La pourriture (sens premier de "corruption") semble périphérique. Croisons les doigts. On pourrait s’en féliciter. Malheureusement, la France souffre d’un Mal tout aussi térébrant. « Mon mal vient de plus loin », dit Phèdre dans la pièce de Racine (I,3). J’appelle ce Mal, quant à moi, la « Grande Fossilisation ». Certains commentateurs parlent d'une « vie politique congelée ». Une preuve en est fournie par le fait qu’à droite, un rival crédible de Nicolas Sarkozy dans la course à la présidentielle de 2017 a soufflé le 15 août dernier les soixante-dix bougies de son gâteau d’anniversaire. Soixante-douze ans en 2017 ! Soixante-dix-sept en 2022 (fin de mandat, s'il est élu). Comment est-ce possible ? 

Tout le monde a l’air de trouver ça normal. En réalité, c’est une énormité, une incongruité, une anomalie, un scandale. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les propos tenus à ce sujet à l’étranger, où l’on est stupéfait, par exemple, de voir qu’un Alain Juppé (c’était bien lui !) était déjà dans la politique plus de trente ans plus tôt.

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MONTAGE PARU DANS AUJOURD'HUI LE PARISIEN DU 21 DÉCEMBRE 2015

Remarquez, il ne fait pas encore aussi bien que Jacques Chirac, dont la carrière politique aura duré quarante ans (1965-2005). Juppé peut encore battre un record. La France politique crève littéralement de ces records de durée. Le renouvellement du personnel politique en France s’opère sur un rythme géologique : dans un million d’années, c’est sûr, les os de Juppé auront subi la pétrification produisant un joli fossile en ordre de marche. Comme diraient Vigneault-Charlebois-Leclerc (4'45") : « Mais nous, nous serons morts, mon frère ». Et Aguigui Mouna (Dupont) ferait inlassablement reprendre en chœur le refrain : « Les-guer-riers-trou-ba-dours/-Les-guer-riers-trou-ba-dours/-Les … » (ça, c'est juste pour ceux qui l'ont connu). 

Voilà : plus grave que la corruption, il s’agit là d’une confiscation pure et simple. Disons-le, depuis lurette, contrairement à ce que s'efforcent de nous faire accroire la meute des « journalistes politiques » et autres éditorialistes, il n’y a plus de vie politique en France : elle a été confisquée par une caste, on pourrait dire une mafia, moins la corruption qui va avec (tout au moins à ce qu’on sait, mais certains parleront d'une corruption structurelle, c'est-à-dire fabriquée par le système dans son ensemble). Le débat politique rampe dans le caniveau, et se réduit à des luttes pour le pouvoir. C'est le moment de faire retentir à nouveau le cri de Sade : « Français, encore un effort si vous voulez être républicains ! » (c'est dans La Philosophie dans le boudoir).

La preuve, c’est que lorsqu’un gouvernement fait mine de s'ouvrir à la « Société Civile », les pauvres sur qui ça tombe sont rapidement éjectés (Francis Mer, Léon Schwartzenberg, …) : ils ne sont pas du sérail. Je passe sur les connivences, pour ne pas dire les complicités qui se sont établies entre les élites politiques, les élites des affaires et les élites médiatiques : contentons-nous de ces mœurs proprement confiscatoires qui ont cours dans les centres de la décision politique, accaparés par une petite caste. 

Y a-t-il même encore des « hommes politiques » en France ? Tous ou presque ont aujourd’hui, et depuis lurette, des têtes de premiers de la classe (regardez la gueule bien lisse de Macron). Et ces mentions "très bien" se sont tracé un « plan de carrière » : à tel âge, je suis "cadre dirigeant", et j'ai ma Rolex avant cinquante ans. Parmi eux, nul n’a plus l’accent d’un terroir quelconque (je ne parle pas de l’accent du midi). Beaucoup sortent, non pas de la société normale, mais de l’ENA ou d’une « Grande Ecole », parfois plusieurs (François Hollande). 

Ces structures sont des bocaux, ils sont ignifugés, et les légumes qu'on y cultive sont mis en conserve après stérilisation. Ils ont appris à « administrer », mais ont-ils appris à « diriger » (au sens marin du verbe « barrer » : donner la direction) ? Même si on n'apprécie guère Pierre Bourdieu, ce serait le moment de faire une large publicité à La Noblesse d'Etat (Minuit, 1989), où il met en évidence l'étroite relation qui s'est établie entre vingt et une Grandes Ecoles et les cercles du pouvoir (politique, entre autres).

Dans leur immense majorité, ce ne sont pas des hommes politiques, mais des administrateurs de biens, des bureaucrates, des cadres, des gestionnaires, des comptables. Et ce sont ces régisseurs, ces fondés de pouvoir, ces managers, ces chefs de bureau et autres "maires du palais" que les Français ont l'inconscience de porter au pouvoir, élection après élection. Qui croit un mot de ce qu’ils disent, quand ils affirment « porter des convictions fortes » ?

Démunis de stratégie à moyen ou long terme, ça ne les empêche pas de marteler à longueur d'antenne : « Le Projet ! Le Projet ! Le Projet ! », en prenant bien soin de ne jamais préciser ce qu'ils mettent dedans concrètement. Diplômés de Science-Po, hommes du verbe, experts de je ne sais quoi, je veux bien l'admettre, mais en aucun cas des "hommes politiques". Ils savent un tas de choses subtiles et savantes, mais ils ignorent le principal : ce qu'il faut faireCeux qui ont le pouvoir n’ont pas de convictions. Et les seuls qui sont sincères n’ont aucun pouvoir. 

Leurs seules convictions ? Faire preuve, avec un inentamable « sens du travail bien fait », de leur capacité à « traiter un dossier », quand il faudrait des Volontés. Ah ça, on ne peut pas leur refuser ce savoir-faire : constituer un dossier, ils savent. Pour les tactiques et les manœuvres, on peut leur faire confiance. Leur seule méthode ? La « navigation à vue ». Je devrais même dire : le cabotage, vu leur répugnance à s’éloigner des côtes : voir ce qui est « possible ». Ensuite, si ça fait de trop grosses vagues, en rabattre et se réfugier au plus vite dans la crique la plus proche. Ils n’ont pas de radar, pas de destination, pas de port d’attache. 

Et puis, pas le temps d’aller mettre les mains dans le cambouis de la « Société Civile » : on ne va pas se salir les mains dans la réalité de tout le monde, ce n’est pas pour rien qu’on a été premier de la classe. Ça met à l'abri. Voilà : ils font partie de la secte "Tous aux abris". Leur parcours les a fait passer directement des tables de salles d’examen aux bureaux Second Empire. Leur expérience est d’avoir côtoyé un univers de papier, de mots et de concepts. Jeunes poissons, ils n’ont aucune envie de sortir du bocal pour partir dans des ailleurs exotiques pour respirer le grand miasme putride du monde réel. Le grand remugle fermenté dans le ventre de la complexité du monde. Le politicien ordinaire de niveau moyen, en France, aura eu l'avantage de ne jamais avoir été mis directement en présence des pestilences olfactives libérées par le sphincter anal de la réalité, elle aussi ordinaire, pourtant.

Jeunes chevaliers à peine sortis de l’Ecole, ils n’ont d’autre hâte que d’aller mettre leur épée au service d’un suzerain qui accepte de les adouber, et de leur accorder un fief en apanage, avec le titre d' « attaché parlementaire ». En échange d'une loyauté de vassal impeccable, cela va sans dire. De l’Ecole à la Chambre, sans passer par la réalité ordinaire : la porte peut alors s’ouvrir sur le bel horizon d’une « carrière politique ». Roule Raoul ! La machine à produire les fossiles politiques a de beaux jours devant elle. L'abstention est la manifestation aveuglante du dégoût sans cesse accru de la population envers ces mœurs ahurissantes. Mais qui fera parvenir ce message à leurs oreilles ? A leur cerveau ? A leur conscience ? Mais ont-ils une conscience ?

La machine à produire du Front National se dirige vers un avenir radieux. 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Note : suiteetfin demain.