jeudi, 21 mai 2020
LES AFFAIRES ONT REPRIS
L'action se passe rue Boussange (69004).
Là, c'était avant, quand les lieux ne servaient à presque rien de franchement utile et à presque personne de vraiment important.
Là, à 6000€ le m², ça va sûrement servir à quelques importants (état du chantier au 4 mai 2020).
Là, on voit que le promoteur ne plaisante pas. Je passe sur l'édification des immeubles projetés. Presque toute la couleur verte de la photo Google est promise à disparition, mais ils vont peut-être garder le cèdre (la couleur ne trompe pas les connaisseurs).
J'attire juste votre attention, ci-dessus, sur la bande de terre qui sépare le chantier des immeubles anciens, dont le côté "cour" est limité par un haut mur (visible au sud de la petite verrière). Une bande de terre qui, elle non plus, ne sert à rien ni à personne (je plaisante). En fait, c'est un creux, peut-être le fossé des anciens remparts qui protégeaient Lyon des ennemis venus du nord en général et de Caluire-et-Cuire en particulier (commune limitrophe). C'est là-dessus que je braque mon objectif.
Ci-dessous le mur qui sépare la bande de terre de la rue Boussange, mur caché - à droite - sur les photos Google. L'indispensable Café de la Crèche est voisin immédiat.
La brosse métallique a déjà clarifié le terrain, et la disqueuse a déjà tracé les contours de ce qu'il faudra enlever.
Voilà ce que ça donne, l'ancienne bande de terre qui ne servait à rien, quand la future porte des garages est ouverte. Il faut tenir le mur qui tient le mur de séparation. L'immeuble du fond arrive à son quatrième étage. Je pense aux habitants des immeubles anciens (à droite), qui voyaient quelque chose d'agréable de leurs fenêtres.
Une couverture pour garder au chaud (pour boucher, aussi) : on ferme.
Plus qu'à attendre que ça tienne. On est dans le dur de la réalité.
La Croix-Rousse ? En route vers la modernité moderne, on vous dit !
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mercredi, 20 mai 2020
EXPÉRIENCES ...
... PHOTOGRAPHIQUES.
Ou :
Du fémur approximatif radiographié en couleur à l'IRM d'un gros intestin préoccupé de son microbiote, en passant par l'ADN d'une asperge officinale en état de marche au supplice.
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mardi, 19 mai 2020
QUE C’ÉTAIT CHOUETTE, ...
... LE CONFINEMENT, ....
... POUR LES PIGEONS.
Celui-ci paradait au beau milieu d'une rue passante, le 3 mai, entre 15h14' et 15h15'. C'était le bon temps. Que c'est beau, une société, quand elle s'arrête. Quelle éclatante démonstration de la prescience du grand écrivain Alexandre Vialatte, qui écrivait :
« On n'arrête pas le progrès : il s'arrête tout seul ».
Oui, mais voilà, ... on commence à entrevoir, une semaine après le déconfinement, que c'est Houellebecq qui avait raison : si la société s'arrête un peu trop, rien ne va plus, on sait que ce qui va arriver sera plus pire, beaucoup plus pire, très très pire, de plus en plus pire. Si ça reprend comme avant au bout d'un temps raisonnable, ce sera simplement la même chose,
« en un peu pire ».
Houellebecq a nécessairement raison. C'est ça, être réaliste. Contrairement à ceci :
Quand Gébé avait inventé son utopie de L'An 01, avec son slogan
« ON ARRÊTE TOUT. ON RÉFLÉCHIT. ET C'EST PAS TRISTE. »,
il n'avait pas prévu que ce jour arriverait effectivement. Il n'avait pas prévu non plus que ce serait dû à l'extrême malignité d'un virus. Il avait déjà moins prévu que les foules seraient loin d'adhérer à l'idée de renoncer à leurs objets et à leur train-train habituel. Ni qu'ils n'auraient rien de plus pressé, pour des raisons compréhensibles, que de reconstituer leur paysage familier d'avant le confinement.
Il aurait encore moins pu prévoir que tous les penseurs, tous les intellectuels, tous les spécialistes de sciences humaines appliqueraient avec enthousiasme la deuxième partie du slogan pendant toute la durée du confinement, au point de saturer l'air ambiant de toutes sortes de vapeurs imaginaires, d'ectoplasmes "prémonitoires" et de fragrances tout droit venues de l'île d'Utopia, l'incroyable Non-Lieu - sens précis - inventé par Thomas More. Ah ça, on peut dire que ça a phosphoré dans les boîtes crâniennes "autorisées". Avec un "succès" que l'on commence à mesurer.
09:02 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coronavirus, covid-19, sars-cov-2, condinement, déconfinement, michel houellebecq, gébé, l'an 01, on arrête tout on réfléchit et c'est pas triste, alexandre vialatte, thomas more l'utopie, photographie, zoologie, pigeons
lundi, 18 mai 2020
PHOTOGRAPHIE
Vue sur la salle du restaurant, avec rétro-éclairage de la rue Dumenge, à 18h25', le 17 mai 2020 (je vous dis tout, sauf le nom du restaurant, dont la carte est un peu tarabiscotée à mon goût).
09:00 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, croix-rousse
dimanche, 17 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Dogon.
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, afrique, art primitif, arts premiers, art africain, dogon, masque africain, bandiagara
samedi, 16 mai 2020
ALORS ON CHANGE QUOI ?
Je reviens sur cette "une" que le journal Le Un a publiée fin avril. Elle posait une question que des centaines d'interventions dans les journaux écrits et radio- ou télé-diffusés ont développées. On a pendant un temps cru que ça y était. Que la vertu avait pris le pouvoir. Que la raison se préparait à gouverner le monde. Que l'humanité, devenue enfin raisonnable, était prête à renoncer à ses appétits sans limite et aux folies qui la mènent à sa perte à force de dévorer son milieu naturel.
A écouter les médias (réduits de par le confinement), on avait parfois l'impression qu'un vrai cerveau en bon état de marche était en train d'ouvrir les yeux sur notre monde malade et d'entrevoir les diverses manières capables de le guérir. A entendre, jour après jour, les pensées se précipiter en flot ininterrompu du cerveau touché par la grâce d'une prise de conscience aiguë, on s'est dit pendant un temps que, allons, rien n'était perdu et que, soyons fou, tout allait changer. Je m’étais dit quelque chose de semblable pendant la crise des "subprimes" en 2008 et à l’élection de Macron en 2017.
Sarkozy avait fait le matamore, le chevalier blanc, le redresseur de torts, les économistes distingués s'étaient disputé les plateaux, les caméras et les micros pour annoncer que rien ne serait plus comme avant dans le monde de la finance : on allait montrer aux banques, aux fonds de pension ce qu'il en coûte de placer un tonneau de poudre sous le derrière de l'économie honnête.
Avec le Covid-19, tout ce que la France compte de sociologues, écologistes, politologues et autres sciences exactes ou inexactes (= sciences humaines), se sont précipités dans les médias pour nous annoncer la bonne nouvelle des "Temps Nouveaux". A les entendre seriner leurs refrains, portée par cette vague d’optimisme, l'humanité allait de nouveau s'abreuver à la bonne source : libéré des pesanteurs égoïstes et bassement matérielles, on a cru voir à l'œuvre un cerveau où se seraient enfin donné libre cours l'imagination la plus débridée, la pensée la plus audacieuse, les intuitions les plus géniales, les raisonnements les plus pointus et les visions d'avenir les plus édéniques. Un cerveau gonflé aux espoirs d'un futur enfin radieux.
Tout le monde s'y est mis. C'en est au point que le flot est devenu Niagara et que le cerveau s’est boursouflé sous la pression interne. Les propos savants sur les issues à cette crise inédite se sont multipliés, bousculés, marché sur les arpions au point de former la bouillie d'un cerveau de plus en plus informe et proliférant, un cerveau qui s'est soudain cru tout permis, a rompu les chaînes qui l'amarraient à la Terre et s'est échappé de toute contrainte pour se mettre à prendre ses rêves et ses délires pour la réalité. J'ai entendu des gens apparemment pondérés tenir à coups de « il faut » des propos hautement lyriques sur les lendemains espérés. En français moderne : tout le monde a cru que « c’était arrivé ».
Maintenant que l'on a recouvré une certaine liberté et, disons-le, une lucidité relative, on constate que se dessine sous nos yeux le tableau d'un avenir beaucoup moins mirifique que les rêveurs l'escomptaient. Il semblerait qu'il faille en rabattre de l'enthousiasme manifesté. Il semblerait en particulier que le "cerveau" rêvé ci-dessus se révèle un simple ballon de baudruche, plus gonflé aux anabolisants affectifs, intellectuels ou romantiques qu'au sage exercice de la pensée fondée sur l'observation du réel, et que s'il n'a pas encore éclaté comme ça arrive souvent, il ait perdu beaucoup de son étanchéité concrète et de sa substance virtuelle. Disons-le : il est tout raplapla, le cerveau anabolisé.
On se rend compte que les milliards de mots et les millions de phrases dont les médias se sont enivrés pour garder captive l'attention du public (il ne faut rien perdre) ne sont pas des choses. Car dans le monde réel, ce ne sont pas les mots, mais les choses et les actes qui modifient et fabriquent aux populations un cadre concret, des moyens matériels d'existence et des conditions de vie inventées par personne. Mais pour que la réalité change, il faudrait que l'intendance suive. Sans les pontonniers du général Eblé, l'armée de Napoléon ne repasse pas la Bérésina et se fait exterminer (voir Adieu, ce minuscule chef d'œuvre de Balzac). Sans une intendance concrète en parfait état de marche, une armée n'est qu'un jeu vidéo.
Si l'on fait un jour le compte de ce qui restera des innombrables élucubrations qui ont poussé, comme champignons après une pluie d'été, au cours de cette période invraisemblable, je crains hélas que les populations concernées ne fassent alors grise mine, devant leur assiette redevenue bien creuse, devant les pitoyables miettes de tant d'espoirs formulés et de tant de requêtes touchant l'état du corps social, mais aussi l'état de la nature qui nous héberge.
Où qu'on regarde, tout se passe comme si, hormis quelques apparences (masque et gel hydroalcoolique à tous les carrefours, distance "sociale", gestes "barrière", etc.), tout le monde n'avait rien de plus pressé que de reprendre le train-train de ses petites habitudes, à commencer par la programmation des prochaines vacances d'été. Et je ne parle pas de toutes les forces qui ont intérêt à ce que toute la machine redémarre comme avant.
Les causes du cataclysme du coronavirus sur les pays favorisés (pour les pays défavorisés, on ne saura sans doute jamais) n'ont pas fini de prospérer et de se payer notre fiole.
Sérieusement : maintenant, on change quoi ?
La réponse commence à s’évanouir au coin de la rue. Tout le monde a commencé à oublier.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coronavirus, covid-19, sars-cov-2, pandémie, épidémie, grippe espagnole, grippe asiatique, sras, confinement, déconfinement, crise, presse, le un, journal le un, éric fottorino, emmanuel macron, édouard philippe
vendredi, 15 mai 2020
LA PATTE DU DESIGNER
Où le designer de ce couvercle d'une cafetière de marque Delonghi est-il allé chercher cette forme ? M'est avis qu'il s'est intéressé à la façon dont les Baoulés de Côte d'Ivoire inventaient les formes de certains de leurs masques. Ou plutôt, disons que ce n'est pas complètement impossible. Enfin moi, ce que j'en dis ..., ça ou "zéro plus zéro égale la tête à Toto"....
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, cafetière delonghi, art primitif, arts premiers, art africain, baoulé
jeudi, 14 mai 2020
MON MUSÉE PRIMITIF
L'ESTHÉTIQUE SUPÉRIEURE DES RAVAGES DU TEMPS.
Maya.
De toute beauté.
On appelle ça un "bois raviné par le temps et les intempéries" (voir 26 avril et 7 mai).
Je n'ai rien à dire. Je contemple.
Je suis touché de la même manière quand j'écoute Billie Holiday, dont la "voix ravinée par les intempéries" m'enchante (Songs for distingué lovers). J'y entends une vie qui n'a pas été un long fleuve tranquille.
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art primitif, arts premeirs, art précolombien, maya, billie holiday, photographie
mardi, 12 mai 2020
L’ŒUF DANS SA NUDITÉ
9 mai 2020 à 13 heures 54.
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lundi, 11 mai 2020
DÉCONFINEMENT
Après les confins ?
*
Mon troupeau d’oublis
S’était endormi au pied de mes échos.
Le corps luisant de mes étoiles filantes
Leur avait tracé des haies de cœurs écorchés.
J’entends bientôt monter
La sonate universelle,
La symphonie des solitudes,
Le concert, l'improviste et les ciselures.
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dimanche, 10 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Couple Tellem, falaise de Bandiagara (Mali), sans doute bien avant les Dogon : voir l'article de Bernard de Grunne "La sculpture classique Tellem", dans la revue Arts d'Afrique noire, n°88, hiver 1993. "Tellem", en langue Dogon, veut dire : "Nous les avons trouvés". J'ai choisi, pour garder un minimum de netteté sur l'essentiel (la "croûte"), de ne montrer que les "visages". L'objet entier est haut de 42 centimètres. Ci-dessous la double statuette.
Etonnant, non ?
Moi, ce qui me renverse, ici, en dehors des proportions fantasmatiques de cette représentation d'un couple humain, c'est l'incroyable "croûte" accumulée au cours du temps sur le bois. On y trouve, dit la notice, de la fiente de chauve-souris, de la cire d'abeille et du sang sacrificiel. Sans parler de ce qu'on ne sait pas.
Bernard de Grunne, dans son article, évoque quant à lui l'étrange croûte caractéristique des statues Tellem, qu'on ne retrouve pas exactement sur la statuaire Dogon : « ... couche uniforme de patine sèche, croûteuse, crevassée de couleur généralement brun clair et recouvrant entièrement la statue ». L'auteur de l'article émet l'hypothèse que cette patine unique dans la statuaire africaine est obtenue par immersion totale de l'objet votif dans le liquide sacrificiel. Ci-dessous un village Dogon à l'abri de la falaise de Bandiagara.
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samedi, 09 mai 2020
L'HÔPITAL DEMAIN ?
J'ai déjà cité le nom du docteur Agnès Hartmann, chef du service "Diabétologie" à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière. C'était il n'y a pas longtemps, trois jours : le 6 mai, pour clore un billet où je laissais la parole à Michel Houellebecq. Je me cite :
« Je viens d'entendre une diabétologue (Agnès Hartmann, hôpital de La Pitié Salpêtrière) dire qu'après avoir vu pendant huit semaines s'ouvrir les portes d'une prison (ce sont ses termes : « Tout le monde a retrouvé du sens au travail ») et arriver des cargaisons de moyens qui faisaient jusque-là défaut, elle vient de recevoir une note (« douche froide », « vieux réflexes de la direction gestionnaire ») du service comptabilité-gestion de l'hôpital l'avertissant que son service était à présent "en négatif", maintenant que les "lits Covid" qui y avaient été ouverts sont de nouveau disponibles. »
C'est sur France Inter (mardi ?) que j'ai entendu Agnès Hartmann.
***
Agnès Hartmann est un chef de service réputé, reconnu, établi : un "mandarin", comme on disait naguère pour dénoncer la chose. Agnès Hartmann n'est donc pas n'importe qui. Ci-dessous deux versions d'une conférence de presse tenue en janvier 2020, à l'époque des grandes grèves des personnels hospitaliers, quand beaucoup de centaines de "mandarins" ont démissionné de leurs fonctions administratives pour protester contre la démolition de l'hôpital public par la tyrannie managériale que font peser sur son avenir tous les services "Comptabilité-Gestion" et "Finance". Je n'excepte pas de ma vindicte la loi scélérate, dite HPST, des mortifères Sarkozy et Bachelot.
6'04"
« Quand notre activité baisse, on nous supprime des moyens. On nous supprime ce qui "coûte" à l'hôpital ».
5'34"
ÇA, C'ÉTAIT BIEN AVANT LE COVID-19 (janvier 2020).
« Je me suis rendu compte que dans les réunions hebdomadaires où on parle avec tout le personnel de ces patients, je devenais une espèce de robot. Dire "quand est-ce qu'il sort, quand est-ce qu'il sort, quand est-ce qu'il sort ?" Parce que dans ma tête je me disais : "ça fait quinze jours qu'il est là, qu'il occupe la chambre, je vais pas pouvoir faire du séjour." Et c'est les jeunes, les infirmières qui me regardent. Et maintenant je sais que quand on commence à me regarder comme ça, c'est que je suis plus éthique. Je me ressaisis et d'ailleurs je leur dis : "N'oubliez jamais pourquoi les patients sont là" ! ».
Citation textuelle. On est dans la vérité brutale. La vérité de la réalité des gens quand ils ne vont pas bien.
***
J'aurais aimé maintenant faire écho à ce qu'elle dit aujourd'hui sur une vidéo "facebook" du réseau "cerveaux non disponibles", dont on n'est pas obligé d'apprécier et de visionner toutes les publications. Celle-ci est percutante, mais laisse augurer un avenir bien sombre. La vidéo est très justement intitulée "Le retour des démolisseurs". Mais j'avoue que je ne sais pas comment faire l'opération. Et je n'ai rien trouvé sur youtube (hormis les deux vidéos ci-dessus).
https://www.facebook.com/cerveauxnondisponibles/videos/560047947822289/
On peut toujours copier ce lien sur un moteur de recherche.
Il faut se contenter d'une page de France Info (interview par Aurélie Kieffer, pour l'écouter faire défiler l'article).
Je crois que c'est sur le site "Ouest France" que j'ai piqué cette citation :
"Agnès Hartmann, une [sic] autre médecin de la Pitié-Salpêtrière : « C’était presque inquiétant qu’on nous donne autant de moyens. Depuis une semaine, c’est la douche froide. On voit réapparaître de vieux réflexes de la direction gestionnaire. »"
C'est ça qu'il disait, Houellebecq : « La même chose, en un peu pire ».
***
Moi je n'ose pas imaginer comment se manifesteront la colère et le désespoir des personnels de santé travaillant dans l'hôpital public s'il arrive, après cette crise hors du commun, que les pouvoirs publics, imperturbables, persistent à imposer à l'exercice proprement médical de la profession le carcan administratif, comptable et financier d'une gestion inspirée du management à l'américaine, c'est-à-dire, sous prétexte d'efficacité, de la rentabilité et de la privatisation à tout prix.
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : agnès hartmann, michel houellebecq, hôpital la pitié salpêtrière, covid-19, coronavirus, sars-cov-2, grippe asiatique, épidémie, pandémie, diabétologue, comptabilité gestion, hôpital public, loi hpst, sarkozy bachelot, cerveaux non disponibles, retour des démolisseurs, facebook, youtube, emmanuel macron
vendredi, 08 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Encore un incroyable contraste entre les surfaces, les aspects et les lignes. Je ne sais pas pourquoi ça me fait penser au Japon de Tanizaki Junichiro (quelques pages d'Éloge de l'ombre, peut-être ?).
Bamileke.
***************
J'apprends que 92 % des décès dus au Covid-19 concernent des personnes de plus de 65 ans. J'en ai 72. Est-ce grave, docteur ?
Question : quel pourcentage de personnes de plus de 65 ans sont mortes du Covid-19 ? Si je compte bien, 92 % de 25987 (chiffre officiel à la date du 7 mai), ça fait à peu près 23000 individus. Par rapport à ça, combien de millions de Français de plus de 65 ans ? Alors là, j'avoue que je suis un peu rassuré.
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jeudi, 07 mai 2020
POÈME
Et maintenant ?
*
Un seul demain suffira pour commencer.
On fera comme si on savait.
Les tâches, le poids et les mesures
Contiendront le temps, les pas et les saisons.
Une seule saison pour prolonger
L’été de la durée des songes.
Un seul été pour capturer
Les sons déshabillés de l’inconnu,
Qui ne se régénère que de souffrir.
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MON MUSÉE PRIMITIF
La période laisse beaucoup de temps à la contemplation. Comme je ne peux pas regarder pousser l'herbe ou éclater les bourgeons, je contemple d'autres belles choses.
Epi de faîtage, Kanak, 151cm.
Encore un bois raviné comme je les aime (voir 26 avril). Mais je l'aurais préféré illuminé sur fond noir.
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mercredi, 06 mai 2020
HOUELLEBECQ ET CORONAVIRUS
Information :
En Lombardie, la ville de Bergame vient de connaître une surmortalité de
+ 568 %
par rapport à la même période de l'année précédente !
Et au 27 avril, on comptait en Italie
151
médecins morts du Covid-19.
******************
J'ai entendu sur France Inter Augustin Trapenard lire une "lettre" de Michel Houellebecq.
Ce que j'aime bien, avec Houellebecq, c'est qu'on est sûr qu'il ne nous dore pas la pilule, et que ce qu'il va dire est absolument débarrassé de tout ce qui ressemble à ces confitures de langue en bois d'arbre qui s'appellent la "bienveillance", les "bons sentiments" (le "cordicolisme" - ou "culte des bons sentiments", trad. personnelle - de Philippe Muray), cette dégoulinade émotionnelle et sentimentale qui généralise l'aveuglement sur la réalité, nous fait prendre des vessies pour des lanternes et interdit de penser.
En ces temps étranges, voilà qui est salutaire et bienvenu.
6'57".
***
Et pour ceux qui préfèrent le texte écrit à la voix d'Augustin Trapenard.
EN UN PEU PIRE
réponses à quelques amis
Il faut bien l’avouer : la plupart des mails échangés ces dernières semaines avaient pour premier objectif de vérifier que l’interlocuteur n’était pas mort, ni en passe de l’être. Mais, cette vérification faite, on essayait quand même de dire des choses intéressantes, ce qui n’était pas facile, parce que cette épidémie réussissait la prouesse d’être à la fois angoissante et ennuyeuse. Un virus banal, apparenté de manière peu prestigieuse à d’obscurs virus grippaux, aux conditions de survie mal connues, aux caractéristiques floues, tantôt bénin tantôt mortel, même pas sexuellement transmissible : en somme, un virus sans qualités. Cette épidémie avait beau faire quelques milliers de morts tous les jours dans le monde, elle n’en produisait pas moins la curieuse impression d’être un non-événement. D’ailleurs, mes estimables confrères (certains, quand même, sont estimables) n’en parlaient pas tellement, ils préféraient aborder la question du confinement ; et j’aimerais ici ajouter ma contribution à certaines de leurs observations.
Frédéric Beigbeder (de Guéthary, Pyrénées-Atlantiques). Un écrivain de toute façon ça ne voit pas grand monde, ça vit en ermite avec ses livres, le confinement ne change pas grand-chose. Tout à fait d’accord, Frédéric, question vie sociale ça ne change à peu près rien. Seulement, il y a un point que tu oublies de considérer (sans doute parce que, vivant à la campagne, tu es moins victime de l’interdit) : un écrivain, ça a besoin de marcher.
Ce confinement me paraît l’occasion idéale de trancher une vieille querelle Flaubert-Nietzsche. Quelque part (j’ai oublié où), Flaubert affirme qu’on ne pense et n’écrit bien qu’assis. Protestations et moqueries de Nietzsche (j’ai également oublié où), qui va jusqu’à le traiter de nihiliste (ça se passe donc à l’époque où il avait déjà commencé à employer le mot à tort et à travers) : lui-même a conçu tous ses ouvrages en marchant, tout ce qui n’est pas conçu dans la marche est nul, d’ailleurs il a toujours été un danseur dionysiaque, etc. Peu suspect de sympathie exagérée pour Nietzsche, je dois cependant reconnaître qu’en l’occurrence, c’est plutôt lui qui a raison. Essayer d’écrire si l’on n’a pas la possibilité, dans la journée, de se livrer à plusieurs heures de marche à un rythme soutenu, est fortement à déconseiller : la tension nerveuse accumulée ne parvient pas à se dissoudre, les pensées et les images continuent de tourner douloureusement dans la pauvre tête de l’auteur, qui devient rapidement irritable, voire fou.
La seule chose qui compte vraiment est le rythme mécanique, machinal de la marche, qui n’a pas pour première raison d’être de faire apparaître des idées neuves (encore que cela puisse, dans un second temps, se produire), mais de calmer les conflits induits par le choc des idées nées à la table de travail (et c’est là que Flaubert n’a pas absolument tort) ; quand il nous parle de ses conceptions élaborées sur les pentes rocheuses de l’arrière-pays niçois, dans les prairies de l’Engadine etc., Nietzsche divague un peu : sauf lorsqu’on écrit un guide touristique, les paysages traversés ont moins d’importance que le paysage intérieur.
Catherine Millet (normalement plutôt parisienne, mais se trouvant par chance à Estagel, Pyrénées-Orientales, au moment où l’ordre d’immobilisation est tombé). La situation présente lui fait fâcheusement penser à la partie « anticipation » d’un de mes livres, La possibilité d’une île.
Alors là je me suis dit que c’était bien, quand même, d’avoir des lecteurs. Parce que je n’avais pas pensé à faire le rapprochement, alors que c’est tout à fait limpide. D’ailleurs, si j’y repense, c’est exactement ce que j’avais en tête à l’époque, concernant l’extinction de l’humanité. Rien d’un film à grand spectacle. Quelque chose d’assez morne. Des individus vivant isolés dans leurs cellules, sans contact physique avec leurs semblables, juste quelques échanges par ordinateur, allant décroissant.
Emmanuel Carrère (Paris-Royan ; il semble avoir trouvé un motif valable pour se déplacer). Des livres intéressants naîtront-ils, inspirés par cette période ? Il se le demande.
Je me le demande aussi. Je me suis vraiment posé la question, mais au fond je ne crois pas. Sur la peste on a eu beaucoup de choses, au fil des siècles, la peste a beaucoup intéressé les écrivains. Là, j’ai des doutes. Déjà, je ne crois pas une demi-seconde aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant ». Au contraire, tout restera exactement pareil. Le déroulement de cette épidémie est même remarquablement normal. L’Occident n’est pas pour l’éternité, de droit divin, la zone la plus riche et la plus développée du monde ; c’est fini, tout ça, depuis quelque temps déjà, ça n’a rien d’un scoop. Si on examine, même, dans le détail, la France s’en sort un peu mieux que l’Espagne et que l’Italie, mais moins bien que l’Allemagne ; là non plus, ça n’a rien d’une grosse surprise.
Le coronavirus, au contraire, devrait avoir pour principal résultat d’accélérer certaines mutations en cours. Depuis pas mal d’années, l’ensemble des évolutions technologiques, qu’elles soient mineures (la vidéo à la demande, le paiement sans contact) ou majeures (le télétravail, les achats par Internet, les réseaux sociaux) ont eu pour principale conséquence (pour principal objectif ?) de diminuer les contacts matériels, et surtout humains. L’épidémie de coronavirus offre une magnifique raison d’être à cette tendance lourde : une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines. Ce qui me fait penser à une comparaison lumineuse que j’ai relevée dans un texte anti-PMA rédigé par un groupe d’activistes appelés « Les chimpanzés du futur » (j’ai découvert ces gens sur Internet ; je n’ai jamais dit qu’Internet n’avait que des inconvénients). Donc, je les cite : « D’ici peu, faire des enfants soi-même, gratuitement et au hasard, semblera aussi incongru que de faire de l’auto-stop sans plateforme web. » Le covoiturage, la colocation, on a les utopies qu’on mérite, enfin passons.
Il serait tout aussi faux d’affirmer que nous avons redécouvert le tragique, la mort, la finitude, etc. La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant, bien décrite par Philippe Ariès, aura été de dissimuler la mort, autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines. Les gens meurent seuls dans leurs chambres d’hôpital ou d’EHPAD, on les enterre aussitôt (ou on les incinère ? l’incinération est davantage dans l’esprit du temps), sans convier personne, en secret. Morts sans qu’on en ait le moindre témoignage, les victimes se résument à une unité dans la statistique des morts quotidiennes, et l’angoisse qui se répand dans la population à mesure que le total augmente a quelque chose d’étrangement abstrait.
Un autre chiffre aura pris beaucoup d’importance en ces semaines, celui de l’âge des malades. Jusqu’à quand convient-il de les réanimer et de les soigner ? 70, 75, 80 ans ? Cela dépend, apparemment, de la région du monde où l’on vit ; mais jamais en tout cas on n’avait exprimé avec une aussi tranquille impudeur le fait que la vie de tous n’a pas la même valeur ; qu’à partir d’un certain âge (70, 75, 80 ans ?), c’est un peu comme si l’on était déjà mort.
Toutes ces tendances, je l’ai dit, existaient déjà avant le coronavirus ; elles n’ont fait que se manifester avec une évidence nouvelle. Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire.
Michel HOUELLEBECQ
***
AVIS AUX OPTIMISTES.
"En un peu pire" ?
Je viens d'entendre une diabétologue (Agnès Hartmann, hôpital de La Pitié Salpêtrière) dire qu'après avoir vu pendant huit semaines s'ouvrir les portes d'une prison (ce sont ses termes : « Tout le monde a retrouvé du sens au travail ») et arriver des cargaisons de moyens qui faisaient jusque-là défaut, elle vient de recevoir une note (« douche froide », « l'administration avant la médecine », « vieux réflexes de la direction gestionnaire ») du service comptabilité-gestion de l'hôpital l'avertissant que son service était à présent "en négatif", maintenant que les "lits Covid" qui y avaient été ouverts sont de nouveau disponibles.
Formidable : rien vu ! Rien entendu ! Rien appris ! Rien compris !
Qui a encore envie de chanter la chanson : « Non, rien de rien, rien ne sera plus comme avant. » ?
A cette question, j'ai une idée de ce qu'il conviendra bientôt de répondre.
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel houellebecq, coronavirus, covid-19, sars-cov-2, confinement, littérature, société, france, france inter, augustin trapenard, frédéric beigbeder, catherine millet, emmanuel carrère, surmortalité, bergame lombardie, philippe muray, agnès hartmann, hôpital pitié salpêtrière
mardi, 05 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
COMMENT J'AI PLONGÉ DANS L'ART AFRICAIN IL Y A UN DEMI-SIÈCLE.
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Allez, aujourd'hui j'avoue, et je dénonce : voici la coupable.
Quand j'avais à peu près 18 ans, j'ai acheté, tout à fait par hasard, Les Arts de l'Afrique noire, un livre (un grand classique) de Jean Laude. La photo ci-dessus, reproduite ici telle que je l'ai découverte, m'a littéralement sauté à la figure.
On trouvait beaucoup d'autres objets reproduits dans les pages du bouquin, dont beaucoup d'intéressants et quelques-uns tout à fait remarquables, mais ce masque-ci, avec le contraste entre la pureté des lignes du visage et le cisèlement raffiné du décor où il s'insère, j'en suis tombé raide amoureux. Et ça ne m'a pas lâché. C'est de l'ivoire et ça mesure 24,5cm. C'est un "masque de ceinture". C'est dans les collections du British Museum, qui a fourni la photo à l'auteur du livre, selon la légende du cliché imprimé.
J'ai retrouvé cet objet fascinant dans les pages de l'énorme L'Art africain de Jacques Kerchache-Jean-Louis Paudrat [un élève de Jean Laude]-Lucien Stephan (éditions Citadelles, 1988), avec cette fois une photo techniquement parfaite et superbement imprimée.
Oui, mais on voit très vite, au dessin et à l'état du collier, à la conformation des yeux, malgré les "scarifications" quasi-identiques et à divers détails (on pourrait lancer un jeu des sept erreurs), que ce n'est justement pas le même objet. Celui-ci se trouve en fait au Metropolitan Museum de New York.
Et revoici le masque du haut, tel qu'on en trouve aujourd'hui la photo sur le site du British Museum. A chacun de contempler à sa guise ces joyaux de la sculpture mondiale qui ont vu le jour au royaume de Bénin (Nigéria) entre le 15ème et le 16ème siècles. Il est très vraisemblable que ces deux renversantes œuvres d'art ont été façonnées par la main d'un seul et unique artiste, qui n'a rien à envier à un certain Michel-Ange qui vivait, en gros et à peu près, à la même époque.
J'ai ensuite élargi tant soit peu le cercle de mes centres d'intérêt en matière d'art primitif, peuplant mon musée imaginaire de nombre d’œuvres admirables ou simplement curieuses ou intéressantes. Mais je garde bien en vue, au sommet de ma hiérarchie esthétique, le souvenir de ce chef d'œuvre indépassable, dont on trouve encore une photo brutalement éclairée dans un "hors-série" de Télérama paru en 2000 "Les arts premiers entrent au Louvre".
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« Elle est la dernière que l'on oubliera,
La première fille qu'on a tenue dans ses bras ».
Tonton Georges.
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lundi, 04 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Surtout pas de commentaire.
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dimanche, 03 mai 2020
MON MUSÉE PRIMITIF
Ceci n'est ni une guitare, ni un violoncelle, mais une massue cérémonielle en os de baleine (38cm). Ce sont les Maori (Nouvelle-Zélande) qui ont donné vie à cette forme aux proportions et aux lignes absolument parfaites. Une merveille.
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Oui, je sais, d'après les gendarmes du vocabulaire convenable, c'est très vilain de dire "primitif". Vous savez ce que je leur dis, aux gendarmes du vocabulaire convenable ?
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, art primitif, arts premiers, art océanien, maori, nouvelle zélande, os de baleine
samedi, 02 mai 2020
« JE VOUS L'AVAIS BIEN DIT, SKRONYONYO ! »
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La revue "Le Un" du mercredi 29 avril dernier : « Et maintenant on change quoi ? ». Mais on ne change rien, mon bon monsieur ! Qu'allez-vous imaginer ?
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Mais non, voyons, malgré le titre que j'ai trouvé, je n'ai nullement l'intention de faire la leçon à qui que ce soit. Je me permets juste de constater. Et de m'effrayer. Ce qui me terrasse dans cette crise dite « du coronavirus », c’est qu’on savait. On savait tout. On savait tout depuis très longtemps. On ne savait pas quand, on ne savait pas par où ça arriverait, mais on savait que ça arriverait. Depuis combien de décennies les lanceurs d’alerte font-ils retentir le tocsin ? Je suis sûr que des "collapsologues" comme Yves Cochet et Pablo Servigne jubileraient d'avoir eu raison si vite si l'actuel coup de Trafalgar mondial ne les laissait pas hébétés comme je l'ai été.
Où l'on constate que l'ennemi public n°1 de notre civilisation a trouvé sans hésiter le défaut de la cuirasse : plus elle ressemble au Colosse de Rhodes, plus le marbre de ses pieds se transforme en sable. On avait tout prévu, TOUT, sauf ... Depuis, tous les Grands Manitous de la planète se demandent comment on doit apprendre à se préparer pour prévoir l'imprévisible. Prévoir l'imprévisible ? Ah les sinistres comiques !!! Les guignols ! Le phénomène "gilets jaunes" était un sacré coup de semonce, monsieur Macron ! Descendez de votre perchoir, monsieur Macron ! Ouvrez les oreilles, monsieur Macron ! Prenez des décisions justes, monsieur Macron !
Ce dont je suis sûr, c’est que depuis l’ouverture du présent blog le 25 mars 2011, les billets publiés ici par votre serviteur n’ont pas cessé de pleuvoir concernant l’écologie, la protection de la biodiversité ou de l’environnement ; mais aussi la dénonciation de la logique ultralibérale, de la colonisation de toute la sphère économique par des malades et des aveugles lancés dans une course effrénée vers l’abîme, de l’empoisonnement des sols, de l’air, de l’eau et des hommes par une industrie chimique démesurée, de l’industrialisation à outrance des moyens de nourrir l’humanité, etc., etc., etc…
Ce qui me terrifie, c’est aussi qu’en un clin d’œil (disons du jour au lendemain) tous les pays industrialisés et l’ensemble de leurs populations ont pu abandonner leur criminelle insouciance pour renoncer brutalement et sans hésiter à tout ce qui n’était pas rigoureusement indispensable à la préservation de la vie. Brutalement convertis au survivalisme le plus caricatural (des stocks d'huile, de sucre et de PQ, mais la télé et les réseaux sociaux pour se "tenir au courant" : on sait jamais). On fait le dos rond en attendant que les choses se calment, mais il ne faudrait pas que ça tarde trop, les "jours meilleurs".
Alors je suis parti à la pêche dans les sables mouvants où se sont engloutis aussitôt écrits tous les billets que j'ai pondus sur le sujet depuis le début. Je n'ai pas eu à chercher bien profond. Je n'ai eu aucun mal à réunir quelques paragraphes où tentait de se dire une vérité explosive qui, depuis, nous a pété à la gueule : la façon dont l'humanité vit aujourd'hui nous entraîne collectivement vers la mort. Je n'ai pas voulu surcharger la barque. Et je n'ai pas sélectionné les plus significatifs.
Nous venons d'entendre de nombreux appels pressants à fonder un système économique mondial qui soit viable pour tous, moins inégalitaire et plus respectueux de l'environnement. Il était temps. Je rappellerai seulement qu'au cours de la crise financière de 2007-2009, nous avions déjà entendu vociférer tous les vertueux de la dernière heure convertis à la sagesse économique (Sarkozy ?) appelant à la régulation de la finance folle, et qu'on a hélas vu ce qu'il en est resté quand la fièvre est retombée.
Je propose ici une petite piqûre de rappel, oh, presque rien, juste de quoi se souvenir que nous n'ignorons rien de l'enfer qui nous pend au nez et que nous fabriquons consciencieusement, jour après jour, de toutes pièces. Rassurez-vous, c'est à peine quelques pets de lapin sur une pente verglacée : c'est sans douleur. Autrement dit : c'est à pleurer.
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16 novembre 2017
Célèbre "une" du journal Le Monde du 14 novembre 2017. Célèbre et déjà aux oubliettes.
7 février 2018.
Le monde va-t-il bien ? Le monde va-t-il mal ? Le débat fait rage (un de plus, dira-t-on, voir au 2 février). Les uns ne voient, selon les autres, que le côté heureux des choses, sont heureux du monde dans lequel ils vivent et disent pis que pendre de Michel Houellebecq. Les autres souffrent, selon les uns, d’une sinistrose chronique aiguë, trouvent inquiétant tout ce qui arrive et sont allergiques à Michel Serres, le « ravi de la crèche » qui s’émerveille du génie et de l’inventivité de l’espèce humaine. [Au vu des circonstances, qui a raison, à votre avis ?]
23 mars 2018
Ils [les écologistes] rassemblent donc informations et documents, mais c'est pour en faire quoi ? Ils ne savent pas toujours bien. On trouve une documentations copieuse, mais éparse en provenance des forêts qui disparaissent ; des glaces du grand nord qui fondent plus vite que leur ombre, menaçant de submersion tout ce qui vit à proximité du littoral ; des eaux de surface des océans qui s’acidifient et se peuplent de continents de plastique ; de l’air que nous respirons dans les villes, qui améliore sans cesse le rendement de la mortalité humaine prématurée ; des camps d'extermination des insectes ouverts en plein air par les tenants de l'agriculture industrielle et productiviste ... j’arrête l’énumération.
24 mars 2018
A part ça, aucun voyageur du train fou qui nous emporte ne pourra dire que le signal d’alarme était en panne : les sentinelles font leur boulot et ne cessent d’actionner la sirène. Ce qui inquiète, c’est plutôt qu’il n’y a pire sourd que celui qui refuse d’entendre, et que le signal d’alarme donne massivement l’impression de pisser dans un violon des Danaïdes, ce qui est, on l'admettra, peu convenable.
25 mars 2018
Quel avenir ce tableau sommaire des préoccupations écologiques laisse-t-il entrevoir pour la planète ? J’ai envie de dire que, s’il y a une indéniable prise de conscience au sein de la communauté scientifique et parmi un certain nombre de voix en mesure de résonner dans les médias (je n'ai pas dit : en mesure de faire bouger les choses), le rapport des forces en présence et la lenteur pesante de l'évolution des consciences (ne parlons pas des intérêts en jeu, qui font résolument barrage) laissent mal augurer de nos lendemains.
4 septembre 2018 (en rapport avec la "une" du Monde reproduite ci-dessus).
Les cris d'alarme se suivent et se ressemblent. Parions qu’ils figureront un jour en bonne place dans la série "Ronds dans l'eau". Les appels ont une efficacité – on le constate tous les jours – de plus en plus nulle. Non, je le reconnais, je ne suis pas optimiste. Le pire, c'est que je crois que j'ai raison.
Il n'y a rien de plus urgent que de changer tout le système, mais rien ne sera fait : les USA quitteront les accords de Paris, Nicolas Hulot prendra acte de sa complète impuissance à influer sur le cours des choses et quittera spectaculairement le gouvernement d'Emmanuel Macron.
Il n'y a en effet rien de plus urgent. Je dirai même que c'est la seule et unique urgence qui devrait mobiliser toutes les énergies (renouvelables). C'est peut-être infiniment vrai, mais les chars d'assaut de la politique (lieu des rivalités de pouvoir) et de l'économie (lieu privilégié de l'exercice de la rapacité) – les vrais pouvoirs – ne s'en laisseront pas conter : « Les affaires sont les affaires ».
Sans compter que les populations qui bénéficient d'un mode de vie confortable (moi compris) refusent toute perspective de régression matérielle. Et que les populations qui n'en bénéficient pas encore ont la volonté farouche d'y parvenir à leur tour.»
***
"Notre humanité délire." Tu l'as dit, bouffi ! Extrait de la une du "Un" ci-dessus.
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La crise du coronavirus me met en rage : on sait tout, on a maintenant la preuve que nos façons de procéder avec le monde qui nous entoure sont guidées par la folie, et on ne fera rien, sinon serrer encore la vis à ceux qui ont le moins de pouvoir.
Je dois avouer que je n'ai moi-même pas très envie de changer de mode de vie. Les gens, à la Croix-Rousse, se sont déjà remis à se répandre dans les rues comme aux plus beaux jours de l'insouciance. La population dans son ensemble ne voit pas comment on pourrait faire autrement qu'avant. Qui accepterait plus qu'hier de se voir imposer des limites à ses désirs ? Et toutes les forces existantes n'attendent que le moment de reprendre leur existence comme avant. Le monde entier attend de pouvoir retrouver une
VIE NORMALE.
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Au fond, je vais vous dire :
le présent blog ne sert strictement à rien.
Dit autrement : on ne convainc que les convaincus.
« Plus de fric pour le service public ». Il y en a qui ne doutent de rien.
Les individus qui ne sont pas d'accord sont rigoureusement impuissants face au système dont ils ont perçu l'aberration fondatrice.
La crise actuelle me renvoie à mon quasi-néant.
09:00 Publié dans L'ETAT DU MONDE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal le un, éric fottorino, covid-19, sars-cov-2, lanceurs d'alerte, prévoir l'imprévisible, écologie, protection de l'environnement, ultralibéralisme, biodiversité, industrie chimique, nicolas sarkozy, journal le monde, dominique bourg, yves cochet, pablo servigne, coronavirus, emmanuel macron, lyon, croix-rousse, confinement, gilets jaunes
vendredi, 01 mai 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Beauté du contraste des surfaces et des lignes.
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts primitifs, arts premiers, art africain, masque, photographie
jeudi, 30 avril 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Une certaine idée de la perfection formelle.
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, art africain, arts premiers, art primitif
mercredi, 29 avril 2020
POUR LE PREMIER 1er MAI CONFINÉ ...
... LAISSEZ TOMBER LE MUGUET : OFFREZ DES PELURES D'OIGNONS !
N'est-ce pas que c'est beau ?
Photo prise le 27 avril 2020, à 13 h 53'. J'espère qu'on a noté que l'oignon est parti, et qu'il n'en reste que la chemise.
09:00 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie
mardi, 28 avril 2020
ADRIENNE
Je suis en deuil. La BD lyonnaise est orpheline. La BD française a perdu une icône.
ADRIENNE EST MORTE.
Adrienne est morte vendredi 24 avril, à cause de cette ordure de virus qui paralyse le monde depuis la mi-mars. Elle avait 89 ans. Je l'ai appris dans les colonnes du Progrès d'hier.
En 1988, le grand Jacques Tardi a rendu hommage à Adrienne dans son adaptation BD de 120 rue de la Gare de Léo Malet, qui met en scène Nestor Burma, de passage à Lyon au retour du stalag en 1941.
A la page 95, on voit la rue Petit-David dans son jus (il y a même la plaque), on voit l'enseigne de la librairie Expérience ouverte par Adrienne en 1973, et puis on voit Adrienne Krikorian telle qu'en elle-même, en train de lire Mickey (j'ai coupé le détective pour mettre Adrienne au centre, pardon, monsieur Tardi ; Le Progrès reproduit la vignette en entier : le gars a-t-il pompé mon billet du 26 janvier 2018 ?).
Je n'ai aucune idée des sommes que j'ai englouties au fil des années dans ce lieu de perdition pour amateurs de bande dessinée. Je me rappelle seulement les mètres de rayons qu'il a fallu sans cesse ouvrir au fil du temps pour accueillir les nouveaux invités. J'ai déniché quelques trésors dans l'estancot de la rue Petit-David. Revenant du festival d'Angoulême en 1977, elle avait réussi à se procurer quelques exemplaires d'une BD fabuleuse : Capitaine Cormorant d'Hugo Pratt, imprimée en sérigraphie (200 exemplaires !!!). Une merveille ! Un absolu ! Et la "Ballade" de Corto Maltese en italien ! Et Corto en Sibérie ! Et les Corto Casterman première manière !
C'est chez Adrienne que j'ai acheté tous mes Hugo Pratt. Ah non, pourtant : il me revient que j'avais commandé directement à l'éditeur les deux gros volumes "Corto Maltese" (le premier en 1971) de format oblong des éditions Publicness grâce à des publicités parues dans la magnifique revue Zoom. C'est que j'avais pris le virus Corto Maltese bien plus tôt (n'exagérons rien : c'était en 1970), depuis que j'avais découvert cet aventurier improbable dans les pages du Pif-Gadget que recevait mon petit frère (15 ans plus jeune).
Voilà toute une époque de ma vie où Adrienne a eu une place de choix. On ne pouvait pas ne pas aimer Adrienne. Chez elle, on ne pouvait pas ne pas dépenser son argent. Je vous parle de longtemps avant que la librairie, en migrant place Antonin-Poncet en je ne sais plus quelle année, devienne un bel endroit "avec-pignon-sur-rue" capable d'accompagner la montée en puissance de la bande dessinée, et que l'excellent Jean-Louis Musy ne recueille et fasse fructifier l'héritage de cette véritable pionnière. Si c'était de l'alpinisme, on parlerait d'une "grande première hivernale du pilier nord" (je me rabattrais sans problème sur une "directissime").
La différence entre les deux magasins est (en dehors de la surface) qu'il fallait monter deux ou trois marches rue Petit-David alors qu'il faut les descendre pour accéder au magasin de Bellecour.
Bon, il se trouve que le moment où j'ai pris quelque distance avec l'univers de la BD coïncide avec le moment où Adrienne a commencé à passer les rênes de la librairie à son successeur : j'ai beaucoup moins fréquenté la nouvelle échoppe que la tanière historique. Il paraît aujourd'hui autour de 5.000 albums de bande dessinée par an. Il fut un temps où j'étais quasiment en mesure d'acheter la totalité des 150 volumes qui sortaient chaque année. Un saut quasiment épistémologique ! Un changement d'échelle !
Le tout petit ruisseau de ce qui était alors une modeste lubie d'aristocrate (subjectif) s'est aujourd'hui métamorphosé en un flot torrentiel, un Niagara populiste (objectif) où tentent de survivre une infinité de tâcherons, et où se retrouve noyée une poignée de virtuoses du dessin et du scénario. Je reste fidèle à quelques grands bonshommes (Hermann, Tardi, ...), mais trop, c'est décidément trop. Quelle âme indomptable est capable de survivre dans cette atmosphère de bombe démographique déflagrante ? Hergé lui-même, dans ce monde surpeuplé, n'aurait jamais pu espérer devenir Hergé.
Je ne peux pas dire que la BD a complètement cessé de m'intéresser, mais je l'avoue, je n'arrive plus à faire face. On me dit par exemple que Manu Larcenet a un succès fou et qu'il fait figure aujourd'hui de grande vedette du genre. Je ne dirai pas qui m'a offert son Retour à la terre. Je dirai juste que j'ai détesté au premier coup d’œil le dessin. Je trouve ses personnages d'une laideur caricaturale, même si je reconnais que l'auteur sait dessiner quand il veut bien s'y mettre, comme on le voit ci-dessous.
La BD, dans le fond, c'est comme la chanson : de même qu'on dira qu'elle est réussie quand elle arrive à rendre indissociables le texte et la mélodie comme sont inséparables l'avers et le revers d'une médaille, de même la réussite d'une BD résulte de l'imprévisible mariage entre un dessin et une histoire (Bilal-Christin, Mézières-Christin, Uderzo-Goscinny, Gazzotti-Tome, Michetz-Bosse, Vance-Van Hamme, Mezzomo-Lapière, etc...). Il ne saurait y avoir une recette pour faire du résultat une réussite. On est là dans l'impondérable : ça le fait, ou ça le fait pas. Point c'est tout.
Il paraît qu'Adrienne suivait attentivement le mouvement qui fabrique l'histoire de la BD. J'ignore ce qu'elle pensait de Manu Larcenet.
Quoi qu'il en soit, merci Adrienne. Merci pour tout, chère Adrienne.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bande dessinée, adrienne, adrienne krikorian, librairie expérience, lyon, coronavirus, confinement, jacques tardi, 120 rue de la gare, léo malet, nestor burma, lyon rue petit-david, mickey, hugo pratt, capitaine cormorant, éditions publicness, corto maltese, pif-gadget, jean-louis musy, lyon place antonin poncet, hermann bd, hergé, manu larcenet, uderzo goscinny, mézières christin, mézières bilal
lundi, 27 avril 2020
MON MUSÉE AFRICAIN
Ayant cessé de penser (jusqu'à quand ?), je reviens à des amours esthétiques que j'ai trop longtemps négligées.
Ossyeba (Gabon), tête "Naja". Vous ne trouvez pas qu'il y a quelque chose d'inquiétant dans la forme et l'aspect de cet objet ?
Il semblerait que "Kota" soit l'ethnonyme englobant (le terme générique), et que "Ossyeba" et "Mahongwe" soient, selon les catalogues d'exposition et les catalogues de ventes, des variantes particulières. Quand on commence à regarder la question d'un peu près, on est effaré par la complexité de l'histoire des peuples africains : qu'il s'agisse de langue, de territoire, de coutumes, de formes artistiques ou de migrations (et je ne parle pas de la musique), l'écheveau semble indémêlable. Et on commence à comprendre pourquoi les Européens ont tant de mal à comprendre ce qui se passe en Afrique. Et pourquoi la notion d' "Etat" à l'européenne (à l'occidentale) a tant de mal à s'enraciner sur le "continent noir".
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts premiers, art africain, masques africains, photographie, ossyeba, kota, mahongwe, gabon, afrique