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vendredi, 17 avril 2020

FENÊTRE DE DÉCONFINEMENT ...

... VIRTUELLE.

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BANDE DESSINÉE : QUELQUES RÉPLIQUES MÉMORABLES

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2 - ANDRÉ FRANQUIN (Greg au scénario).

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Le Prisonnier du Bouddah

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QRN sur Bretzelburg ("dumm", en allemand, ça veut dire "idiot").

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QRN sur Bretzelburg.

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QRN sur Bretzelburg : pour comprendre la blague, il faut savoir que les bus de Krollstadt, capitale du Bretzelburg, ne sont pas motorisés, mais mus par les passagers qui, en s'asseyant, trouvent devant eux des pédaliers genre cycliste qu'ils doivent actionner pour que le bus avance : il arrive à certains conducteurs de faire la course avec un autre, et dans la montée ! Un batteur donne le rythme au son de la caisse claire. Il y a peu de touristes pour visiter la capitale. 

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QRN sur Bretzelburg.

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QRN sur Bretzelburg : Fantasio vient de s'évader de la "cuisine" du Dr Kilikil, où il vient de vivre des moments d'abord éprouvants, puis culinaires (« Coupez à contrefil ») – au grand dam du docteur et de l'hercule qui lui sert d'assistant : « Mais ce furent les puissants coups droits du marsupilami, très régulier au fond du court, qui brisèrent à la longue le rythme de l'équipe bretzelbourgeoise ». Le souffle de l'épopée !

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Le Voyageur du mésozoïque (et ci-dessous). Même dans l'improvisation, le maire de Champignac-en-Cambrousse reste un « orateur de toute première force », qui fait l'admiration de tous ses administrés – et la joie des lecteurs des Aventures de Spirou et Fantasio.

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jeudi, 16 avril 2020

TERRORISME ET CORONAVIRUS

Imparable, le coronavirus. Vous vous rappelez sûrement le 13 novembre 2015 et les temps qui ont suivi. Après le Bataclan, les gens s’asseyaient fièrement en foule aux terrasses des cafés pour narguer les massacreurs fanatiques auxquels ils criaient : « Vous ne nous ferez pas changer de mode de vie ! ».

Les Américains, par la bouche de George W. Bush, avaient proclamé les mêmes grandes intentions au lendemain de l’attentat contre les Twin Towers par la bande à Ben Laden. On avait fini par se dire que nous étions plus forts que toutes les menaces.

Et puis patatras, voilà que ce que des terroristes avaient échoué à provoquer, un simple virus microscopique le réalise avec une efficacité terrifiante. Tout le monde obéit : « Restez chez vous ! Stay home ! ». Car on me dira ce qu’on voudra : les Français, pour l’essentiel, ont grosso modo accepté de se soumettre aux consignes édictées dans l’urgence sanitaire. Tous aux abris !

A bien y réfléchir, cette docilité paraît bien extraordinaire quand on se souvient de la révolte durable des gilets jaunes et des contestations vigoureuses de la réforme des retraites. Elle semble bien loin, l’époque où M. Emmanuel Macron traitait en bloc les Français de « Gaulois réfractaires à toute réforme ». Quelle belle discipline, dans l’ensemble !

Et vous savez l’idée complètement tordue que cette constatation m’inspire ? Je me dis que l’éventuel jour futur où une éventuelle (vraie) guerre serait déclarée, les Français se soumettraient d’assez bonne grâce aux brutales mesures militaires que le pouvoir politique serait obligé d’adopter.  Le Covid-19 comme séance d’entraînement grandeur nature à la Mobilisation Générale pour de futures hostilités de grande ampleur ? Quel beau champ de manœuvres ! Quel excellent parcours du combattant ! C'est tout de même le président Macron, chef des armées, qui a fait cette déclaration solennelle : « Nous sommes en guerre ! ».

Vous vous dites : pure et folle élucubration ? Vous vous dites, comme le maire de Champignac : « Témoignage éthylique et nébuleux dont je ne tiens pas compte » ? Je veux bien. 

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Mais demandez-vous si les circonstances n'offrent pas aux forces de l’ordre une occasion unique de tester les meilleures recettes de contrôle de la population. Si les stratèges des forces militaires n'observent pas avec une grande attention la façon dont les différents acteurs du confinement (télévisions, radios et réseaux sociaux compris) organisent le mode de vie de la population. Si tous les pouvoirs ne décortiquent pas soigneusement le déroulement concret des opérations. 

Alors, complètement tordue, mon idée ?

mardi, 31 juillet 2018

LE MAIRE DE CHAMPIGNAC

Entendu ce matin autour de 7 h .44 sur France Culture, dans la bouche de Michel Bataillon, grand connaisseur du Nicaragua : 

« La goutte d'eau qui a mis le feu aux poudres ».

Texto.

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Allons, le gouvernail de la tradition oratoire inaugurée par l'inaltérable avocat du sapeur Camember et perpétuée par l'immortel maire de Champignac, est entre de bonnes mains. 

jeudi, 13 octobre 2016

ÇA FAISAIT DES BULLES …

… C’ÉTAIT RIGOLO.

Sur les bancs du fond des cimaises de ma galerie BD, près du radiateur (« C'est là qu'ils s'épanouissent », disait Jacques Bodoin).

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Martin Lodewijk n'est pas un "grand" de la BD, mais le gag est gentil, dans (A suivre) n°11. 

Pour la ressemblance, j'hésite entre un souvenir du maître d'hôtel du "Klow", le restaurant syldave du Sceptre d'Ottokar,

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et un autre de l'inoubliable maire de Champignac (ici dans une de ses brillantes envolées rhétoriques, moins le chapeau melon, dans Le Prisonnier du Bouddha).

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En bas à droite de l'image, juste à côté du préfet qui fait la sieste, le bruit du "Générateur Atomique Gamma" (G.A.G. en abrégé !), cette invention géniale qui confère un sens propre à la vignette suivante, qui finit la phrase : « ... toujours plus hauts ! ».

samedi, 18 juillet 2015

DOPAGE ET TOUR DE FRANCE

Je finissais mon billet du 14 juillet sur une citation d’Antoine Vayer à propos du démarrage foudroyant de Christopher Froome dans le Ventoux en 2013 (1028 watts de poussée instantanée). Eh bien bingo ! Le voilà maillot jaune en 2015. Comme quoi la persévérance est payante. Mais il semble qu’il y ait quelque chose de pourri au royaume de la petite reine. Et que l’omerta ne paralyse plus comme autrefois les langues. Les observateurs les plus neutres font désormais la fine bouche. 

Même la grande presse nationale ne joue plus le jeu de l’enthousiasme béat face aux performances toujours plus exaltantes des « forçats de la route ». Pensez, Le Monde et Libération datés 16 juillet s’y mettent. En une du Monde, un appel d’article ainsi rédigé : « Chris Froome sème ses rivaux mais pas la suspicion ». Celle de Libé n’y va pas par quatre chemins, en titrant en très gros : « Le péril jaune » (très subtil, n’est-ce pas ?). 

Le titre du Monde en page 15 est sans ambiguïté : « Froome plombe le Tour ». L’article assez neutre et consensuel, signé Henri Seckel, est doublé par un autre, de Yann Bouchez, beaucoup plus net : « Cachez ces données que seul le maillot jaune saurait voir ». Les deux articles (on s'est réparti le travail) comportent des éléments intéressants, mais c’est d’abord celui-ci qui attire mon attention, bien entendu. 

Car on y apprend l’existence du SRM, « petit capteur placé dans le pédalier du vélo ». Il indique un certain nombre de paramètres, parmi lesquels « fréquence de pédalage, vitesse, pulsations, puissance ». Les données de Christopher Froome, piratées (paraît-il), se sont retrouvées sur les réseaux sociaux, défilant en même temps que la désormais célèbre scène du Ventoux, et révélant « l’infernale fréquence de pédalage, la puissance qui a atteint les 1000 watts au paroxysme de l’accélération et le rythme cardiaque qui reste relativement stable ». C’est bien connu, un bon entraînement permet de maîtriser les battements du cœur : un champion cycliste est forcément un vrai maître yogi. Qui plus est, Froome refuse « de communiquer sa VO² max (consommation maximale d’oxygène), facteur déterminant dans les sports d’endurance ». 

Le succulent de l’affaire est l’attitude de Froome et de son directeur Dave Brailsford : impavide, leur attitude, face à toutes les questions sur les raisons des performances stratosphériques du coureur. Tant qu’il n’y a pas de preuve, on ne saurait l’accuser de quoi que ce soit. Tous deux savent qu’ils ne risquent rien. Ils seraient un rien narquois que ça ne m'étonnerait pas. Façon de dire : « Allez-y mes poussins ! », comme le meurtrier abrité derrière son alibi en béton.

Les petits copains du peloton, quand ils parlent, on peut compter sur leur admiration (et leur silence). Prudence est mère de sûreté : personne ne veut risquer un procès en diffamation. Reste Antoine Vayer (voir 14 juillet), le physicien des performances cyclistes, que Yann Bouchez semble avoir rencontré : « Selon lui, si les informations sur le leader de Sky sont sorties, il ne s’agit pas d’un "piratage", mais d’une "fuite" ». Un vilain jaloux dans l’équipe ? 

Toujours est-il que Christopher Froome, s’il n’a pas « tué le Tour » à La Pierre-Saint-Martin, a écœuré la concurrence : il a cloué sur place ses rivaux : « Mardi, en voyant le leader de l’équipe Sky s’en aller seul, à 6,5 kilomètres du sommet, alors que tous ses concurrents explosaient dans son sillage, on a cru revivre la 15ème étape de l’édition 2013 » (la fameuse étape du Ventoux). 

Les managers de l’équipe Sky ont-ils mis au point la recette miracle du « crime parfait » en matière de sport ? 

Le dossier de Libération sur le même sujet est mi-chèvre-mi-chou. Il ne faudrait pas risquer de tuer le spectacle. Mais attention, Libé : Froome s'est fait huer par une partie du public, le matin du départ de La Pierre-Saint-Martin. 

Si le public aussi s'y met, maintenant .... Aujourd'hui c'est l'égalité : le percheron au croupion superbe (le breton n'est pas mal non plus) peut faire jeu égal avec le cheval de course (le maire de Champignac n'est pas plus lyrique).sport,cyclisme,tour de france,amaury sports organisation,dopage,triche,christopher froome,antoine vayer,maillot jaune,la petite reine,mont ventoux,journal le monde,journal libération,yann bouchez,henri seckel,14 juillet,omerta,capteur srm,dave brailsford,la pierre-saint-martin,équipe skysport,cyclisme,tour de france,amaury sports organisation,dopage,triche,christopher froome,antoine vayer,maillot jaune,la petite reine,mont ventoux,journal le monde,journal libération,yann bouchez,henri seckel,14 juillet,omerta,capteur srm,dave brailsford,la pierre-saint-martin,équipe sky

 

L'égalité, on vous dit : le crack et le bourrin, même combat. Ben non.

Faut-il s'ennuyer dans la vie pour s'intéresser à ce spectacle bidonné !

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 07 janvier 2012

EN ATTENDANT "LA BOUGIE DU SAPEUR"

2012 étant une année bissextile, il faut se préparer pour le jour le plus rare, donc le plus cher du calendrier, j'ai nommé le 29 février. Et pour célébrer ce jour futur de la façon la plus digne, je ne vois pas de façon plus digne que d'évoquer un de ces héros obscurs et sans grade que nous a légué l'invincible armée française (invincible tant qu'il n'y a pas de guerre). Ce héros porte un nom ineffaçable : CAMEMBER (http://aulas.pierre.free.fr/chr_cam_03.html), dont la rumeur publique a peut-être d'ores et déjà porté à vos oreilles (et à vos yeux) l'existence, une existence dont on regretterait l'absence si elle n'avait pas existé. 

 

 

UNE PLAIDOIRIE REMARQUABLE

 

 

Camember est sapeur. C’est pour ça qu’on l’appelle « le sapeur Camember ». Il est respectueux de ses supérieurs. A l’occasion, il se montre facétieux, mais trouve parfois plus facétieux que lui, à ses dépens. Si vous ne connaissez pas ce chef d’œuvre, soyez heureux : vous avez de la joyeuseté et de la réjouissance en perspective en 2012.

 

 

Exemple immédiat : un gamin essaie d’atteindre la sonnette d’entrée de l’immeuble. Camember passant par là s’offre à le dépanner. Le gamin remercie : « Quand le pipelet il viendra vous seriez bien aimable d’y dire bonjour de ma part », avant de détaler à toute vitesse. Ça ne manque pas : au moment où le concierge ouvre pour punir le farceur, Camember est obligé de se retourner pour saluer le major Mauve, et reçoit où je pense un coup de balai bien senti, qui envoie par réaction le pied de Camember dans la rotondité du Major. Ça, c’est pour la mise en bouche.

 

 

Le plat de résistance, c’est la plaidoirie du défenseur du sapeur devant le conseil de guerre, où Camember paraît pour insulte à supérieur. C’est l’avocat, qui s'appelle excellemment maître Bafouillet, qui parle : « Messieurs, comme l’a fort bien dit Bossuet, notre maître à tous, il n’est si petit ruisseau qui ne finisse par porter ombrage.

 

 

« Si l’on en croyait l’acte d’accusation qui, de son doigt sévère, nous a plongé sur ce banc d’infamie, messieurs, nous aurions frappé le major Mauve dans l’exercice de ses fonctions… Or, dussé-je faire rougir vos cheveux blancs, ce n’est pas à cet endroit-là que nous avons atteint l’honorable docteur.

 

 

« Alors, messieurs, jetons un voile sur les batailles d’Austerlitz et de Marengo ! Songez à son pauvre père, à ce vieillard octogénaire qui a déjà un pied dans la tombe et qui, de l’autre, a toujours marché dans le sentier de la vertu !

 

 

« Ce n’est pas, messieurs les membres du Conseil, à de vieux singes comme vous et moi qu’on apprend à faire des grimaces et, qu’il le veuille ou non, je vois bien d’ici l’œil du commissaire du gouvernement qui m’écoute et qui rit.

 

 

« La vie, hélas, n’est qu’un tissu de coups de poignard qu’il faut savoir boire goutte à goutte ; et, je le dis hautement, pour moi, le coupable est innocent ! »

 

 

Ceux qui ont quelque lumière au sujet des aventures de Spirou et Fantasio connaissent évidemment le Maire de Champignac, « un orateur de toute première force » (c'est dans Le Prisonnier du Bouddah), qui prononce des discours marqués du sceau de l’éloquence de maître Bafouillet. Je leur ferai un sort prochainement, car ils valent leur pesant de cacahuètes. A la suite de cette émouvante plaidoirie, Camember est acquitté. Voilà un échantillon de ce que sont Les Facéties du sapeur Camember (éditions Armand Colin).

 

 

Il faut que je vous présente le personnage plus en détail. C’est de la BANDE DESSINEE. L'art est mineur, j'en conviens, mais il forme une des briques qui, de guingois ou à bon droit, ont servi à l'dification physique et mentale de mon pauvre individu. François Baptiste Ephraïm CAMEMBER, fils d’Anatole Camember et de Polymnie Cancoyotte,  est né à Gleux les Lure, département de Saône Supérieure, le 29 février 1844. Sa vocation : ne rien faire.

 

 

C’est la raison pour laquelle il se trouvera bien dans l’armée française, comme « sapeur ». Je signale qu’en l’honneur du Sapeur Camember et de cette date de naissance, un journal a été fondé en 1980, qui paraît tous les 29 février : La Bougie du Sapeur. Le numéro 8 devrait donc paraître le 29 février 2012. Restez aux aguets, c’est pour très bientôt.

 

 

Le vrai, et facétieux, père du « Sapeur Camember » s’appelle GEORGES COLOMB qui, pour cette raison prendra le nom de plume de CHRISTOPHE. Il a laissé quatre chefs d’œuvre, dont je n’évoquerai ici que Les Facéties du Sapeur Camember (1896), sachant tout de même qu’il est vital pour la santé mentale et physique de ne rien ignorer de l’anémélectroreculpédalicoupeventombrosoparacloucycle, immortelle invention du savant Cosinus, mais aussi de tout savoir de la famille Fenouillard et de Plick et Plock.

 

 

Camember a du bon sens, et du gros. Ainsi, lorsque Cancrelat, qui doit scier le bois du Colonel et se désespère car le tas est vraiment très haut, il le réconforte : « Cancrelat, lui dit-il, tu m’affliges : tu n’as qu’à commencer par un bout, et quand t’arriveras à l’autre, tu seras tout épaté d’avoir fini ».

 

 

Et lorsque le pauvre est arrivé à la moitié, et se plaint que c’est vraiment très long : « S’pèce de moule ! C’est par l’aut’bout qu’il fallait commencer, parce qu’à présent qu’il n’y a plus rien de ce bout ici, il n’te resterait plus rien à faire ». IMPARABLE.

 

 

Une autre fois, le sergent Bitur (ça vaut l’adjudant Kronenbourg de CABU), qui a beaucoup moins de bon sens que Camember, lui « imprime » l’ordre de creuser un trou pour y cacher des ordures. Le sapeur, une fois la mission accomplie, se demande où il va fourrer la terre extraite du trou. Bitur : « Que vous êtes donc plus herméfitiquement bouché qu’une bouteille de limonade ! Creusez un autre trou ! ». Deuxième engueulade : « M’ferez quatre jours pour n’avoir pas creusé le deuxième trou assez grand pour pouvoir y mettre sa terre avec celle du premier ».

 

 

 

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Camember a aussi l’art du compliment délicat. Un peintre a fait le portrait de la colonelle. Le sapeur se croit obligé de corriger « mam’selle Victoire » (servante alsacienne, c’est important de le préciser) qui vient d’émettre un jugement désobligeant sur la peinture, que la Colonelle a entendu : « C’est p’têtre vrai que ce n’est pas joli, joli… Mais avouez que c’est rudement ressemblant ! ».

 

 

Mam’selle Victoire a donc un accent alsacien à couper au couteau. Attention, je n'ai rien contre les Alsciens, mais je suis tout contre les Alsaciennes, ça plaisante pas. Elle appelle Camember « Mossieu Gamempre ». Un jour, à Camember qui cherche son Colonel : « Foui ! Mossieu Gamempre, ché fiens té lé foir… tans son gabinet… il é…grivé ». Persuadé que son cher colonel est mort, il court ameuter la caserne. Après vérification, le Colonel est bien vivant, et fait venir Victoire : « Ch’ai pas tit : "le golonel il est grévé", ch’ai tit : "Le golonel il égrivé… afec une blume quoi !" ».

 

 

Quelle chance vous avez, bande de petits veinards qui ne connaissiez pas Camember, vous allez vous régaler ! Vous découvrirez qu’il sait à l’occasion se comporter en véritable héros militaire, qu’il sauve son Colonel, qui le décore, si c’est pas une preuve, ça. Cancrelat, nommé capitaine des pompiers, « a eu le premier l’idée géniale qui consiste à essayer les pompes la veille de chaque incendie ».

 

 

Camember épouse Victoire qui, à la dernière image, lui a déjà donné huit garçons, pas tout à fait « l’effectif d’une escouade sur pied de guerre ». Peinture ironique et débonnaire d’une vie de caserne désormais disparue.

 

 

On peut considérer GEORGES COLOMB alias CHRISTOPHE comme un ancêtre français de la BANDE DESSINEE, de même que la Suisse a donné à celle-ci RODOLPHE TÖPFFER  (né en 1799) (Les Amours de M. Vieuxbois), l’Allemagne WILHELM BUSCH (les infernaux Max et Moritz), et l’Amérique RICHARD OUTCAULT (Yellow Kid, où apparaît la première bulle en 1896). Total respect !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

NOTE A BENNE : A propos de Camember, je signale aux curieux une facétie de MARCEL PROUST dans Du Côté de chez Swann. Au cours d'une soirée très mondaine chez madame de Saint-Euverte, Swann et la princesse des Laumes disent du mal de madame de Cambremer (ex-Mlle Legrandin) : « Enfin ces Cambremer ont un nom bien étonnant. Il finit juste à temps, mais il finit mal ! dit-elle en riant. - Il ne commence pas mieux, répondit Swann. - En effet cette double abréviation ! ... - C'est quelqu'un de très en colère et de très convenable qui n'a pas osé aller jusqu'au bout du premier mot. - Mais puisqu'il ne pouvait s'empêcher de commencer le second, il aurait mieux fait de finir le premier pour en finir une bonne fois ». Qu'en termes élégants ces vacheries sont dites !