vendredi, 10 juin 2022
VERS LE VRAI TARZAN
Tout le monde connaît, de près ou de loin, le personnage de Tarzan, cette icône sortie de l'imagination d'Edgar Rice Burroughs en 1912. On sait sans doute aussi qu'une kyrielle de dessinateurs (Foster, Rex Maxon, Juhré, ...) se sont ensuite appliqués, à partir de 1928, à traduire ses aventures en "comic strips" (bandes dessinées). Je passerai sur toutes les aventures cinématographiques du héros, à commencer par son incarnation par Johnny Weissmuller (douze films entre 1930 et 1940).
Le plus célèbre reste Burne Hogarth (ci-dessus), sans doute à cause de sa façon fort académique de magnifier l'anatomie musculaire du héros. C'est Hogarth qui a définitivement fixé les canons de l'esthétique tarzanienne (tarzanesque ? tarzaniale ? tarzanoïde ? tarzaniforme ?). Il venait apporter la touche finale à tout un processus d'élaboration, dont les multiples et tortueuses étapes qui en ont précédé l'achèvement sont un peu tombées dans l'oubli.
C'est grâce aux patientes et inlassables recherches du professeur Gotlib que nous sommes aujourd'hui en mesure de reconstituer le long et laborieux cheminement de la figure de Tarzan, de la première ébauche malgracieuse à la perfection finale du héros populaire.
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Grolarzan.
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Maigrichonzan.
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Tatarzanzan, le primate archaïque.
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Et puis enfin Tarzan, l'homme civilisé de la forêt.
Le voilà, le vrai Tarzan : c'est celui qui passe le balai dans la jungle. Encore merci, professeur Gotlib.
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Note à l'intention des puristes tarzanolâtres : oui, je sais que d'autres artistes sont venus après Hogarth, pour perpétuer l'existence du héros de papier. Oui, les travaux de Dan Barry, de Bob Lubbers, et même de Russ Manning ne sont pas négligeables. Mais j'espère qu'on me permettra de marquer ici une préférence indéfectible (ci-dessous, Tarzan contre les Métabélés : ça, c'est du dessin).
Note à l'intention des puristes gotlibolâtres : si je me suis permis d'effacer, dans les quelques vignettes retenues, ce qui n'est que décor anecdotique, c'est dans l'intention de laisser jaillir l'essentiel du trait, pour que paraisse dans toute sa force le génie du grand Marcel Gotlib. Halley louïa ! Gloria !
Note à l'intention des mêmes : Grolarzan et Maigrichonzan sont des inventions de Gotlib en personne. L'élucubration Tatarzanzan, c'est "tout de mon cru" (citation du Transcendant Satrape Luc Etienne).
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jeudi, 09 juin 2022
LA REPRODUCTION CHEZ LES AMIBES
Conférence du professeur Gotlib (interdite aux – de 18 ans, vu le caractère très cru de certaines images, à la limite du pornographique).
Merci, professeur Gotllib, de nous faire partager vos merveilleuses connaissances.
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lundi, 06 juin 2022
UNE HISTOIRE DE MÉTHANE ...
... CONTÉE PAR TONTON GOTLIB.
Ou : l'effet de serre expliqué à nos enfants.
On commence à savoir ce que sont le CO², ses tenants, ses aboutissants et la catastrophe future que nos débauches de production et de consommation nous promettent. On connaît sans doute moins le méthane (CH4), à côté duquel le CO² fait figure de lilliputien, de "petit bras", voire de "bras cassé" en matière d'effet de serre.
Dessin confondant de précision et d'exactitude, reconnaissons-le.
Certains prédisent que, enfin libérées sous l'action du réchauffement climatique, les gigantesques réserves de CH4 contenues dans les sols surgelés du permafrost (pergélisol si vous voulez) vont bientôt se lancer à l'assaut de l'atmosphère terrestre pour bien faire comprendre à l'humanité ce que "réchauffement" veut dire.
Accessoirement, quelques bonnes âmes (des âmes damnées ?) incriminent les troupeaux de bovins qui permettent à nos assiettes de se fournir en bavette d'aloyau, pendant de filet, araignée, manteau, entrecôte, poire et autres muscles délectables à déguster saignants.
La raison de cette incompréhensible vindicte ? Le méthane (CH4) que produisent ces animaux pourtant pacifiques. Les accusateurs des bêtes désignent, quand ils sont mal informés, l'orifice anal par où s'échapperait le gaz criminel. En réalité, le méthane bovi-sourcé s'exhalerait par l'orifice buccal. Ce n'est donc pas un pet, mais un rot, ce dernier bruit moins ignoble que l'autre, c'est du moins ce que dit Montaigne dans ses Essais (authentique).
Observons les bulles de gaz : c'est ça, le méthane.
Evidemment, plus l'humanité mange de viande bovine, plus la viande, quand elle est encore sur pattes, produit du CH4, c'est humain, pardon, c'est bovin. C'est ce qu'explique très bien le professeur Gotlib en quelques schémas scientifiques éclairants, en détaillant pour nous le mécanisme de la digestion tel qu'il se déroule dans l'estomac complexe de ce bétail généreux.
Même la coccinelle n'en revient pas.
Méthane, deuxième service.
Méthane, troisième service.
Conclusion logique. On l'a compris, l'un des grands responsables de l'effet de serre à l'origine de l'excessif réchauffement climatique est donc un animal herbivore, végétarien et même "végan" (quand on ne lui fait pas absorber des farines issues de l'équarrissage de ses congénères). Avouez qu'on a bien raison de manger de cette viande-là. Merci, professeur Gotlib, pour cet exposé aussi rigoureux que lumineux.
Signé : professeur Burp.
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mardi, 24 mai 2022
L'EUROPE RÉPUGNANTE ...
... LES BELLES HISTOIRES DE TONTON JANCO.
... OU : LA MÉTHODE DU FANATISME ULTRALIBÉRAL.
Petit récit édifiant en images, ou : comment la France a laissé casser en mille morceaux tout son service public par des crânes d'œufs bourrés de théories exaltant l'économie marchande, le libre-échange et tout l'attirail des fétiches de la morale protestante. Anglo-saxonne au surplus. Comment la France a capitulé en rase campagne, abandonnant tout ce qui faisait son originalité.
Avertissement : Je me suis efforcé d'améliorer la lisibilité du texte. Je crois même avoir ajouté quelques bribes exogènes ; mes excuses aux auteurs Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain.
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Le monstre EDF qui, dans les plans établis par les traités européens au bas desquels la France a très constamment — et quels qu'aient été les gouvernements — apposé sa signature, doit disparaître, tout comme, en des temps très reculés, les dinosaures, élasmosaures et autres tyrannosaures — vous savez, ceux qui ne devaient pas être sauvés, parce qu'ils étaient trop gros, trop laids, ou trop archaïques pour entrer dans l'arche de Noé.
Barrages, centrales thermiques, centrales nucléaires, lignes haute tension. Jean-Marc Jancovici ajoute le petit commentaire suivant, assez éclairant, je trouve.
Dans le même sac, figuraient aussi les PTT, la SNCF, etc. Le Français moyen se moquait gentiment de ces fonctionnaires "à statuts" et de leur "Petit Travail Tranquille", tout en rêvant d'y placer le neveu un peu feignant parce que je connais un mec qui connaît machin qui a la clé des embauches. Mais on appréciait le cœur qu'ils mettaient à l'ouvrage quand il le fallait, la sûreté offerte par le service public et la présence active des personnels et des services de l'Etat jusque dans les communes les plus reculées du territoire, au nom du principe d'Egalité.
Aujourd'hui, s'agissant de la SNCF, on rage quand un train n'arrive pas à l'heure, faute d'un entretien suffisant des infrastructures (on a fait de celles-ci et du matériel roulant deux sociétés distinctes, dont la première, RFF, boit la tasse financièrement, ayant récupéré toutes les dettes). Et on se dit : qu'il était doux, le temps de la tarification au kilomètre, que des crânes d'œufs ont cru bon de remplacer par une jungle tarifaire où même les spécialistes perdent le Nord.
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Car tout d'un coup, a surgi LE CRÂNE D'ŒUF, créature infernale qui n'approche la réalité humaine, vivante et concrète que par le truchement protecteur de dossiers administratifs, notes de synthèse, bilans comptables, budgets prévisionnels, données chiffrées, abstractions ésotériques, modèles mathématiques, algorithmes secrets et concepts méthodologiques. En gros, tout ce qui hurle sa haine de la France que j'aime, de la France dont je me souviens.
Le crâne d'œuf est bourré de convictions, d'idoles et de certitudes. Ce crâne d'œuf-là est convaincu des mérites de la concurrence (libre et non faussée, précisent tous les traités signés), des vertus du libre-échange et de la valeur de la dérégulation totale des marchés : rien, absolument rien ne doit venir entraver les transactions entre acheteurs et vendeurs, entre producteurs et consommateurs, bref, entre marchands et marchands.
Traduction : rien ne doit faire obstacle au désir de ceux qui, ayant beaucoup d'argent, ont bien envie que celui-ci ait une descendance encore beaucoup plus riche. Tous les biens, tous les capitaux, tous les services et, à la limite, tout ce qui est humain, doivent être considérés comme des marchandises et, comme tels, être privatisés. Rien ne doit s'opposer aux conquêtes de la loi du profit.
Dans ce système, l'optimisation fiscale n'est pas un vice coupable de fraude, mais une preuve d'intelligence économique. Dans ce système, la recherche de la rentabilité maximum (jusqu'à 12 ou 15 % par an !!!) des investissements est une vertu qui encourage le processus de « destruction créatrice » cher à Joseph Schumpeter, David Ricardo, Friedrich Hayek, Milton Friedman, Jean-Baptiste Say et quelques autres, auxquels il convient d'ajouter quelques lauréats du soi-disant prix Nobel d'économie (en réalité prix de la banque de Suède), tous grands bienfaiteurs de l'économie capitaliste.
Dans ce système, la finalité première ou mieux, disons-le, LA SEULE FINALITÉ de toute l'activité économique, c'est l'actionnaire,
pardon : l'investisseur, au premier rang desquels figurent aujourd'hui les tout-puissants fonds de pension (hedge funds, fonds spéculatifs, fonds vautours ...). Dans ce système, il faut savoir que, au nom de la fluidité des affaires, tout est permis à l'investisseur. L'actionnaire a tous les pouvoirs. L'actionnaire a tous les droits.
Sauf que, dans le cas de la France, le monopole était la garantie de ce que les Français ont en commun : le Bien Public. Le Bien Commun si vous voulez, vous savez cette expression-baudruche que, au même titre que Refaire-Société ou le Vivre-Ensemble et quelques autres, tout politicien français normalement conformé se doit d'inscrire à son vocabulaire, et dont il a plein la bouche en période électorale.
Les monopoles d'Etat (EDF, PTT, SNCF, etc.) étaient, certes, un particularisme propre à la France, étonnant et même inacceptable dans le monde ultralibéral qui s'annonçait mais, d'une part, comme dit Jancovici, c'était un héritage du gaullisme et du Conseil National de la Résistance, et d'autre part, cela formait le support puissant de ce que j'appellerai ici l'identité française. Cela a fait que, aussi longtemps que ces monopoles ont été considérés comme des institutions, la France s'est tenue droite.
A partir du moment où leur légitimité a été contestée au sein même de l'Etat (par des hauts fonctionnaires fraîchement émoulus de l'ENA, puis par les personnels dirigeants eux-mêmes), qu'ils ont été considérés comme des entreprises à soumettre au droit commun (européen), et que l'usager s'est métamorphosé en client, la France a courbé l'échine. Ceci pour mesurer l'importance et la gravité des conséquences de l'engagement de la France dans la voie d'une Europe voulue et conçue comme un espace purement et simplement marchand (Schuman, Monnet, Delors, ...).
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A partir de là, si je conserve mot pour mot le contenu des bulles, j'ajoute à la vignette une légende en en-tête, censée expliciter (lourdement) l'intention des auteurs. Mes excuses réitérées à eux et à leur travail impeccable.
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Je trouve très pédagogique ce petit scénario vite fait sur le gaz (au moins en apparence).
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La conclusion que je tire de cette petite histoire, elle est simple. Il semblerait que la France soit la seule, ou presque, après la deuxième guerre mondiale, à avoir développé des services publics sur le même modèle que son E.D.F.
Si cette assertion est exacte, en signant les traités européens successifs, la France est la seule à avoir vu bouleverser de fond en comble les structures fonctionnelles sur lesquelles elle était presque tout entière bâtie. Si c'est vrai, j'en tire la conclusion que, au motif que c'était la construction européenne qui était en jeu, la France est la seule à avoir accepté de laisser détruire ce qui faisait sa force, qui n'était pas négligeable. De se laisser démembrer, dépecer, morceler, charcuter et, au bout du compte, nier dans son être.
La question que je me pose alors est de savoir si toutes les grosses têtes que la France a envoyées à Bruxelles signer les traités successifs avaient conscience des conséquences telles qu'on les a vues se produire et qui se produisent encore jour après jour : le démantèlement méticuleux, la Grande Privatisation de Tout et, en fin de parcours, la disparition de tous ses services publics.
S'ils savaient ce qui devait découler à long terme des modalités inscrites dans les textes qu'ils ont entérinés, Robert Schuman et Jean Monnet, et après eux Jacques Delors (et avec eux toutes les constellations de juristes, fonctionnaires et autres colonies de papillons qui ont gravité autour) doivent être considérés comme de bien grands criminels. ou, à tout le moins, comme de détestables malfaiteurs.
Car la France qu'ils ont façonnée n'a plus grand-chose à voir avec la France qui les a eux-mêmes fabriqués, et dont il reste forcément de moins en moins de traces et de souvenirs, excepté dans la mémoire de quelques-uns, vieillissants et de plus en plus inoffensifs. Une question subsidiaire me taraude : si l'on peut parler de "Grand Remplacement" (voir mon billet du 26 mars), n'en a-t-on pas là un autre exemplaire, et magnifique, et autrement grave ?
Car cela en dit long sur leur façon de regarder la France non comme une nation, non comme une patrie, non comme un Etat souverain, mais comme la victime oblative de la "construction européenne". Si mon raisonnement tient à peu près la route (j'espère), la France doit être considérée comme le pays qui a donné le plus aux autres, et le pays qui a le plus perdu au change.
Schuman, Monnet, Delors, tels que les décrit Le Choix du chômage, la B.D. scénarisée par Benoît Collombat et mise en images par Damien Cuvillier (voir mes billets des 2 mars et jours suivants), quelle Trinité pour un autre Grand Remplacement dont personne ne parle !!! Si je n'ai pas complètement tort, je n'ai pas tort non plus de considérer cette Europe-là comme absolument répugnante.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DEMORALISATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, jean-marc jancovici, christophe blain, construction européenne, robert schuman, jean monnet, jacques delors, france, patriote, commission européenne, bruxelles, service public, edf, sncf, ptt, grand remplacement
samedi, 21 mai 2022
NOUS ET NOTRE EXOSQUELETTE
Dans cette mine d'or à ciel ouvert qu'est l'ouvrage en bande dessinée Le Monde sans fin, de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain (Dargaud, 2021), je me régale des trouvailles de l'ingénieur-pédagogue pour aider le lecteur à se faire une idée concrète des problèmes complexes qu'il expose, servi tant bien que mal par les dessins de son acolyte. Pour l'amener en quelque sorte à visualiser ce qui apparaîtrait foutrement abstrait à force d'aridité.
Par exemple, pour expliquer les pouvoirs extraordinaires dont l'innovation technique incessante a doté le moindre individu mâle ou femelle de l'époque actuelle, il a eu l'idée de les représenter dans la figure genre "Marvel Comics" d'IRON MAN, conçue comme un facteur démultiplicateur de la simple force musculaire individuelle : « Le parc de machines qui travaillent pour nous est une sorte d'exosquelette qui a la même force mécanique que si notre puissance musculaire était multipliée par 200 » (p.43). Il va de soi que, hors de cet exosquelette, nous nous affaisserions comme des bouses, comme des êtres chétifs et pitoyables perdus dans la nature hostile. Iron Man, en quelque sorte, nous permet de vivre dans une redoutable ILLUSION de puissance.
Je n'ai pas modifié le texte de la bulle : je l'ai juste bidouillé pour le rendre moins pénible à déchiffrer (un défaut du livre).
Iron Man — j'ajoute Iron Woman, parce que, pour les femmes, réputées musculairement moins avantagées, la chose est encore plus spectaculaire — peut tout, ou presque. Iron Man, c'est la personnification de l'ensemble des machines qui peuplent aujourd'hui le monde, et qui permettent d'une part de tout explorer, de tout exploiter, de tout fabriquer, de tout consommer, et d'autre part d'éviter aux individus qui en ont les moyens de « travailler à la sueur de leur front », de s'astreindre à des tâches rebutantes, fatigantes et jugées parfois dégradantes. Iron Man, c'est LE SYSTÈME machinique, industriel et, disons-le, capitaliste (tout à la fois abstraction anonyme et puissance concrète hégémonique), et c'est aussi l'innombrable masse des individus qui sont pris dans sa logique impériale et sont bien obligés de courber l'échine sous sa loi.
La contrepartie de cette toute-puissance, et qui a fini par faire sentir ses effets désagréables, puis nocifs, puis carrément délétères, c'est qu'Iron Man est un assoiffé pathologique, et qu'il faut lui injecter sans arrêt plus de pétrole si l'on ne veut pas qu'il cesse de fonctionner. L'ennemi d'Iron Man, c'est la panne sèche. Et la panne c'est notre angoisse, notre hantise et, peut-être bientôt, notre cauchemar : « Pourvu que rien ne vienne interrompre le flux énergétique qui nous alimente ! », nous disons-nous. « Pourvu que personne ne coupe le cordon ombilical par lequel nous arrive notre carburant vital ! »
Vous les voyez, tous les enjeux géopolitiques ? Vous les voyez, les pétroles de schiste du Texas ? Les sables bitumineux de l'Alberta ? L'oléoduc russe Northstream II ? Toutes les menaces qui pèsent déjà sur l'équilibre instable du monde ? Bon, on me dira qu'on sait tout ça. Certes, rétorquerai-je, mais Jancovici et Blain ajoutent à ce savoir déjà enregistré, catalogué, mémorisé, une incomparable force de persuasion par le détour de la narration et de l'illustration. Quant à savoir si ce savoir suscitera une action en retour, va savoir ...
Car Jean-Marc Jancovici se veut avant tout vulgarisateur. Mais attention, pas le petit tâcheron capable de bousiller toute une discipline en prétendant la mettre à la portée du vulgum pecus. Ici, on est dans la grande vulgarisation, la sérieuse, celle qui pèse de tout son poids sur la diffusion des données scientifiques les plus importantes dans les plus larges couches de la population. Ce livre qui fait peur s'est déjà vendu à plus de 250.000 exemplaires (chiffre donné dans M. le Magazine du Monde daté 19 mars 2022).
Je ne cesse d'apprendre ma leçon en revenant souvent à cette source de lucidité : plus ça va, moins je supporte les bonimenteurs, doreurs de pilules, beurreurs de tartines et autres passeurs de pommade et cireurs de grolles.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans ECOLOGIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, réchauffement climatique, bande dessinée, christophe blain, jean-marc jancovici, le monde sans fin, éditions dargaud, marvel, iron man, exosquelette, pétrole de schiste, sables bitumineux, journal le monde, m le magazine du monde
jeudi, 19 mai 2022
QUE FERIONS-NOUS SANS ESCLAVES ?
NOS ESCLAVES : LES MACHINES.
Voilà le genre de coïncidence que j'aime. A trente ans de distance, dans deux ouvrages un peu différents mais à peu près sur le même sujet (une B.D. et un ouvrage, disons "sérieux", je veux dire non illustré), je trouve exprimée la même idée : les machines nous servent exactement de la même manière que les esclaves ont servi nos lointains ancêtres. Du coup, j'ai bien envie de poser une drôle de question : pourquoi l'occident, au moment même où triomphe cette civilisation conquérante, dominatrice et colonisatrice, a-t-il consenti à ne plus réduire des humains en esclavage ? Puisqu'on se permettait tout en matière de comportement à l'égard des peuples soumis, pourquoi a-t-on — au moins dans beaucoup de pays — interdit de considérer d'autres humains comme des objets, comme des machines et comme des marchandises ?
Voici mon idée : la civilisation occidentale a aboli l'esclavage au moment même où, se transformant dans un temps assez bref (grosso modo un siècle) en civilisation industrielle de production de masse et d'innovation technique permanente et forcenée, elle a accordé à quelques "grandes consciences", "esprits éclairés", "bonnes âmes" et autres "bienfaiteurs de l'humanité" le privilège de devenir de hautes figures morales du progrès proprement humain, en leur abandonnant l'esclavage, comme une sorte de concession du vice à la vertu. C'en est au point que je suis à deux doigts de me demander si la véritable raison de cette abolition ne réside pas précisément dans les avancées, les facilités, le confort et finalement les pouvoirs procurés par la technique.
Dans le fond, l'esclavage n'a-t-il pas été aboli quand on s'est rendu compte qu'on n'en avait plus besoin, parce que des machines étaient parfaitement capables de remplacer avantageusement les bonshommes dans l'accomplissement des tâches ingrates et gratuites ? Si l'hypothèse peut moralement choquer, elle mérite qu'on la considère, non ?
Et tant pis pour les militants anti-esclavagistes et autres bonnes âmes qui fulminent encore à longueur de temps contre l'occident colonialiste et contre la traite négrière transatlantique (disparue depuis lurette). Grâce au progrès technique, l'occident a pu se donner la vertu d'en finir avec l'esclavagisme, en rendant enfin la liberté à toutes sortes de populations opprimées.
Dans le même ordre d'idées, j'aime bien celle qui consiste à voir dans le progrès technique le principal facteur de l'égalisation des conditions entre l'homme et la femme : que serait la vie de celle-ci, si nous n'avions depuis longtemps à notre disposition toutes sortes de boutons sur lesquels il suffit d'appuyer pour que le travail pas drôle et musculairement coûteux s'accomplisse (il fallait de sacrés biscotos pour peser sur le volant du 10 T Berliet, et des cuisses en acier pour le double débrayage) ? Il me semble que les conquêtes du féminisme doivent énormément au progrès technique. Rien que cette petite idée m'amuse beaucoup.
La source de cette réflexion, je l'ai trouvée dans l'écho que fait un livre très récent à une comparaison faite voilà trente ans dans un ouvrage qu'on peut qualifier de cousin dans son propos, quoiqu'incompatible dans son mode d'expression. Voici ce qu'on trouve dans La Terre brûle-t-elle ?, de Cédric Philibert, paru aux éditions Calmann-Lévy en 1990 :
« L'énergie disponible par tête, de l'âge de pierre au paysan du XVIIIè, a été multipliée par cinq. Elle a, depuis, centuplé : "Le système énergétique mondial est l'équivalent de cent milliards d'esclaves au service des cinq milliards d'habitants" notent Pierre Radanne Louis Puiseux, qui commentent ainsi cet événement inédit : "Il ne s'agit pas là d'une simple accélération de croissance, c'est l'équivalent d'une véritable mutation génétique, un changement de nature de la vie humaine analogue à l'acquisition des pattes ou des ailes dans un phyllum animal."
L'exploitation des réserves concentrées d'énergie a changé la face du monde ... » (p.123-124).
Et puis voici ce qu'on trouve dans Le Monde sans fin, la B.D. de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain (Dargaud, 2021, c'est l'ingénieur Jancovici qui s'adresse à Blain, le néophyte qui découvre tout ça avec stupéfaction ; je me permets de reproduire le texte parfois mal lisible) :
"Par contre, ce que tu peux constater, et qui est fondamental ... c'est que chaque Terrien consomme en moyenne 22.000 kWh par an."
"Avec l'équivalence dont je t'ai parlé tout à l'heure, c'est comme si chaque Terrien avait, à peu près, 200 esclaves qui bossaient pour lui en permanence."
"Sans machines sur Terre, il faudrait faire travailler 1.400 milliards de Terriens pour avoir la même production ... Je ne crois pas que la Terre ait les moyens de nourrir ces 1.400 milliards."
***
Cette façon de présenter toute l'ère du machinisme régnant comme l'asservissement de forces mécaniques au service de la prospérité, du bien-être et du bonheur généraux me paraît tout à fait intéressante : plus nous possédons de machins électriques, de bidules à moteur et de gadgets électroniques, plus nous nous rendons dépendants de tout un système énergétique coûteux, dont le but est de nous faire vivre dans un cocon. Comme nous nous trouverons bêtes et démunis, le jour où l'électricité (le charbon, selon Jancovici) et le pétrole viendront à manquer !!
Au passage, je note l'écart astronomique qui s'est creusé en trente ans entre le chiffre de la population humaine et celui de la puissance développée par les équivalents-machines. Autrefois, 100.000.000.000 d'esclaves pour servir 5.000.000.000 d'humains, cela fait, si je calcule bien 20 esclaves par tête de pipe. Aujourd'hui, 1.400.000.000.000 d'esclaves pour 7.000.000.000 d'humains, cela fait bien, comme dit Jancovici, 200 esclaves par crâne de piaf. Autrement dit, si je crois en la véracité des chiffres, c'est un facteur 10 qui a multiplié la puissance des machines en trente ans. Est-ce la productivité du travail mécanique qui a été multipliée par dix ? Ou alors la production de biens proprement dite ? Ou bien est-ce simplement le nombre des machines ?
Précisons quand même : tous les pays du monde ne sont pas égaux face à l'esclavage mécanique. Il faut être juste et précis, et ne pas se contenter de ce "200 esclaves par personne" qui semble mettre tout le monde sur un pied d'égalité : une moyenne est toujours trompeuse (c'est comme l'indice du pouvoir d'achat de l'INSEE). Selon Jancovici, le citoyen du Bangladesh est à 30, celui de l'Inde à 50. A 100, on trouve l'Equateur, le Pérou, l'Egypte, ...... Au sommet de l'échelle, on trouve Singapour (1250), le Canada et la Norvège (1100). La France se situe à 600, non loin de l'Allemagne (650). J'imagine que, pour arriver à ces chiffres, le calcul de Jancovici se fonde sur la production industrielle ou l'équipement des ménages en appareils électriques, automobiles, etc.
Quoi qu'il en soit, la conclusion logique s'impose : nous sommes, globalement et en moyenne, dix fois plus heureux qu'il y a trente ans. Ah ? Vous ne saviez pas ? Ben non. C.Q.F.D. et content de l'apprendre.
Voilà ce que je dis, moi.
mardi, 17 mai 2022
TOUCHE PAS A MON GASTON !!!
J'entends sur les ondes qu'il se passe une bataille judiciaire, au motif que des margoulins ont, une fois de plus, flairé la bonne affaire. Après le nouvel Astérix (avec l'aval d'Uderzo), après le nouveau Lucky Luke, après les nouveaux Blake et Mortimer, après les nouveaux Spirou et Fantasio (Fournier et tous les suivants, mais le personnage du groom appartient dè l'origine à la revue Spirou) et quelques autres coups de vice, voilà qu'on nous prépare un nouvel attentat, et cette fois contre un impérissable, contre un indestructible, contre un immarcescible héros de nos jours et de de nos nuits, j'ai nommé GASTON LAGAFFE. Et moi je dis : touche pas à mon Gaston.
L'éditeur (Dupuis) a convaincu l'ayant-droit (François Moyersoen) de passer à l'attaque et de demander à Delaf (Marc Delafontaine), citoyen québécois doté d'un assez joli trait de plume, de prendre en main le destin de notre inclassable favori, qui n'était présenté à ses débuts que comme une sorte de Bartleby en BD (bien que Gaston n'ait jamais prononcé le fatidique : « I would prefer not to »), et que le génie de Franquin a métamorphosé en figure absolument centrale de la littérature dessinée à destination de la jeunesse. Et une figure dont je constate l'increvable durée de vie dans les principaux centres d'intérêt de la dernière génération de mon entourage immédiat (je traduis en français : mes petits-enfants en raffolent).
Voulant en avoir le cœur net avant le jugement judiciaire "sur le fond" — puisque l'éditeur a repoussé la parution de l'album controversé à 2023, après le dit jugement "sur le fond" —, j'ai demandé au principal intéressé ce qu'il pensait de cette opération commerciale qui s'opère en fin de compte à ses dépens. Voici sa réponse, en exclusivité, saisie au moment même où il apprend la nouvelle.
Prunelle, tout miel, fait le maximum pour rassurer le futur dessinateur de la série. Il ne se doute pas de la menace qui pèse sur le projet. On n'a jamais vu Gaston dans cet état.
Et vlan ! C'est dans le numéro 850 des aventures de Gaston qu'on trouve ces deux images ahurissantes. Franquin a dessiné entre 900 et 1000 pages "Gaston Lagaffe". On est donc dans les derniers temps : Franquin lâche la bride à son héros.
Sérieusement, si c'est possible, pour trouver une page où l'on trouve un Gaston Lagaffe vraiment en colère, il a fallu que je révise l'intégralité de ma collection des albums. Car si Gaston manifeste quelques mouvements d'humeur au cours de ses aventures (ci-dessous), il faut noter que c'est aux gens qui l'entourent (Fantasio, Prunelle, Lebrac, l'agent Longtarin, M. de Mesmaeker, et même l'austère et placide M. Boulier et quelques autres) que la moutarde monte au nez. J'ai déjà évoqué ces moments d'explosion provoqués par les étourderies, les dégâts ou les idées malencontreuses de notre héros. Gaston, lui, ne se met jamais dans une véritable colère : il est par essence de bonne composition.
Notez que l'onomatopée est la même qu'au 606ème gag suivant (850-244).
Car Gaston est le prototype même de l'être équanime, doux, pacifique et heureux de vivre, pourvu qu'on ne l'empêche pas de dormir, ou d'inventer le gaffophone, ou encore de préparer un délectable plat de morue aux fraises. Les deux vignettes montrant Gaston rouge de colère figurent dans le n°13. Il faut que ce gros balourd de M. de Mesmaeker, débarque dans l'île et dans le rêve pour y faire régner la terreur au moment même où Gaston est en train de vivre un idylle parfait, sensuel et exotique avec 'Moiselle Jeanne (ci-dessous), pour qu'il perde tout contrôle et montre enfin sa façon de penser à l'intrus.
Où et avec qui était Gaston dans son rêve : c'est-y pas gentil ? On comprend le coup de sang contre M. de Mesmaeker, non ?
De toute façon et quoi qu'il en soit, voici, en exclusivité, le traitement que fait subir le fantôme d'André Franquin à l'album de M. Delaf, quand je lui spirito-télépathe que l' "ami" auquel il a vendu les droits de son personnage, peut-être dans un moment de gêne ou de dépression, s'est décidé à en confier la continuation à ce jeune-dessinateur-plein-de-talent.
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SANS AMBIGUÏTÉ : C'EST NON !!!
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, gaston lagaffe, andré franquin, astérix, uderzo, lucky luke, e.p.jacobs, blake et mortimer, spirou, fantasio, éditions dupuis, françois moyersoen, delaf dessinateur, bartleby, b.d., iwould prefer not to, m. de mesmaeker, agent longtarin, prunelle, lebrac
dimanche, 15 mai 2022
UNE VIEILLE CONNAISSANCE ...
... LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE.
Un ami m'a insidieusement prêté ce livre : il sait que je suis un peu sensible à tout ce qui touche à la question. Quand il m'a mis le bouquin entre les mains, un petit sourire malicieux s'est dessiné sur son visage. Je me suis demandé pourquoi.
Quand je l'ai ouvert, j'ai compris. Ce livre est paru en 1990 ! Ça fait donc trente-deux ans. Et on y trouve déjà à peu près tout ce qu'on sait aujourd'hui sur le sujet (j'exagère bien sûr, mais tous les faits et données accumulés ensuite n'ont fait que confirmer l'état des lieux en aggravant le constat). Bon, il y a des éléments qui ont changé (le trou dans la couche d'ozone, par exemple, n'est plus un problème). Et puis c'est un livre de journaliste, je veux dire qu'il a les inconvénients de ses avantages : l'auteur se sent obligé d'évoquer tous les aspects de la question, au risque de paraître superficiel ou mal argumenté. C'est un survol, si l'on veut, mais qui fait le tour de la question en un peu plus de deux cents pages.
Et puis les spécialistes du climat n'étaient pas encore organisés comme ils le sont aujourd'hui, les bataillons du futur G.I.E.C. avaient à peine commencé à éplucher les centaines, puis les milliers, puis les dizaines de milliers d'articles scientifiques parus dans des revues « à comité de lecture » et consacrés à tel ou tel aspect plus ou moins large, ou plus ou moins "pointu" du sujet. Le livre ne peut être qualifié de prémonitoire, puisque l'auteur s'appuie sur des faits déjà dûment constatés et répertoriés. Je retiens qu'en 1990, ON SAVAIT DÉJÀ TOUT !!! Ci-dessous, le texte proposé en "quatrième de couv.".
C'est curieux comme résonne à mes oreilles le mot "urgence", trente-deux ans après la parution : « Si nous nous dérobons à l'urgence d'un effort rapide et concerté .... ». Hé hé hé !!! Ma parole ! J'ai déjà entendu ça quelque part. Et je me dis : trente-deux ans !!! Et rien n'a bougé ou presque. Ah si, pourtant : le réchauffement climatique est devenu un passage obligé parmi les rubriques des bulletins d'information. Mais concrètement ?
Conclusion et moralité ? Je doute encore plus qu'avant de l'utilité du savoir. A quoi bon, en effet, accumuler des données sur des phénomènes irréfutables et menaçants, si personne n'est là pour faire passer dans les faits les conclusions des observateurs ? On reproche aux gens au pouvoir de ne rien faire. On leur fait même des procès. Il y a même des tribunaux qui condamnent des Etats à cause de la mauvaise volonté qu'ils mettent à réagir. On invente une Greta Thunberg, vous savez, cette surdouée de l'écologie justicière qui apostrophe les puissants de ce monde : « How do you dare ? » ("comment osez-vous ?"). On organise à grand spectacle des "marches des jeunes", des "marches pour le climat", des "marches pour le futur", soi-disant pour mettre les gens au pouvoir au pied du mur. Et rien ne se passe, ou alors si peu que rien. A première vue, cette inaction est extraordinaire. Mais je crois qu'elle s'explique parfaitement.
Ben oui. En démocratie, les gens au pouvoir, on les appelle des élus (ailleurs, l'environnement est le dernier des soucis des régimes autoritaires ou dictatoriaux, regardez comment Poutine considère l'écologie en Ukraine). Et pour être élus, les vieux de la vieille savent que les grands sujets dont il faut parler sont le pouvoir d'achat, le coût de la vie, le logement, les problèmes alimentaires, ce qu'on appelle aujourd'hui les « mobilités » (la voiture, les transports, les échanges transnationaux, etc.) et puis, "last but not least", l'emploi, c'est-à-dire le travail, le revenu, le salaire, les charges, les impôts, l'industrie, l'activité économique, la prospérité, le progrès sans limites et les lendemains meilleurs. La candidate à la présidentielle Marine Le Pen ne s'est pas trompée en tapant sur le clou "pouvoir d'achat".
Pourquoi croyez-vous que Yannick Jadot, le tout fiérot chef des écolos, a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle ? Parce que, si les électeurs ne font qu'une confiance très limitée à Emmanuel Macron pour mettre en œuvre une politique capable de résoudre leurs problèmes, ils savent parfaitement que si la France était gouvernée par des écologistes, ce serait pour eux une véritable catastrophe sur tous les points énumérés ci-dessus. Et je ne parle même pas de la dimension franco-française du débat, rapportée à ce que représente, en termes d'influence, la France dans le monde.
Elle est là, la vérité : la population veut bien accepter de corriger (à la marge) quelques excès qu'elle peut commettre dans sa façon de consommer ; faire des "petits gestes" qui ne servent pas à grand-chose au plan global ; déposer les diverses sortes de déchets dans les poubelles adéquates ; être privée de quelques places de parking pour laisser place à un "verger urbain" (j'ai sous les yeux un charmant pommier tout jeune, et quelques poiriers, cassissiers prometteurs, etc. : ça prend la place de six bagnoles) ; venir déposer ses épluchures dans la caisse à compost gérée par une association du quartier, et autre menues activités sans trop de conséquences ; se déplacer davantage à vélo en ville ; s'abonner à l'A.M.A.P. qui vient tous les mercredis poser ses tréteaux et ses étals pour distribuer ses "paniers" de produits en circuit court.
Mais ce qu'elle veut en priorité absolue, la population, c'est du boulot qui lui rapporte de quoi vivre au-delà du 15 du mois ; c'est de quoi manger pas cher et nourrir la famille ; c'est de quoi se loger décemment et sans trop de tensions avec le proprio ; c'est de quoi, si possible, partir en vacances pour changer d'air de temps en temps. Voilà déjà tout un programme. Appelons ça la nécessité. Le dur du concret si vous voulez. Voilà les attentes auxquelles ont à faire face les élus, futurs élus et autres hautes éminences responsables du destin d'autrui ou qui aspirent à le devenir.
Bien sûr que la même population, celle qui lit, écoute ou regarde les nouvelles, n'est ni aveugle, ni sourde et que, hormis quelques endurcis de la comprenette, quelques complotistes gothiques et quelques antivax égarés, elle sait désormais que l'atmosphère se réchauffe du fait des activités humaines. Elle sait qu'il faudrait faire quelque chose. Mais allez lui dire qu'elle a tort de vouloir vivre correctement, avec des ressources suffisantes pour ne dépendre de personne, et surtout pas des banques alimentaires ! Vous voyez déjà la réaction !
On a beaucoup entendu, au moment des "gilets jaunes", la litanie : « Fin du mois et fin du monde, c'est kif-kif ! Ecologistes et gilets jaunes, fraternisons ! » Ben non, justement, ce n'est pas du tout la même chose. C'est même l'opposé. Il y a une contradiction flagrante, irréductible entre le projet de bâtir un monde enfin sobre, enfin écologiquement soutenable, enfin débarrassé de toutes les nuisances procurées par la modernité, la technique et la production à-tout-va (ça, c'est les écolos), et puis, en face, la nécessité, par exemple, pour des parents de gagner assez pour bien nourrir les enfants et leur offrir un cadre où ils puissent s'épanouir durablement (ça, c'est les gens ordinaires).
Aucun tribun, aucun meneur d'hommes, aucun chef de parti ne peut espérer rassembler des masses de gens derrière lui s'il balance à la gueule des foules un discours sur la sixième grande extinction, le réchauffement climatique ou la préservation des espèces menacées, car il devra ajouter que ces tableaux apocalyptiques seront forcément accompagnés de terribles restrictions sur la satisfaction des besoins, sur l'assouvissement d'énormément de désirs et sur d'innombrables espoirs d'améliorations et d'agréments promis par le Progrès et la Technique.
Tout laisse à penser que l'homme d'Etat doté d'une assez vaste envergure pour surmonter l'incompatibilité des termes de la contradiction n'est pas près de naître.
Alors, cela étant dit, suis-je pessimiste davantage que réaliste quand je pronostique que la situation de l'humanité ressemble à une nasse aussi vaste et profonde que l'univers ?
Voilà ce que je dis, moi.
Note : Dans toutes les forces qui font de la résistance à la lutte contre le réchauffement climatique, je n'ai pas cité la forteresse dans laquelle sont retranchés les grands acteurs de l'économie mondiale, les chimistes empoisonneurs, les productivistes déforesteurs, les extractivistes fossiles et autres engeances arc-boutées sur la course aux profits infinis. Il va de soi que tous ces gens (on peut à bon droit les appeler "le Système") figurent au premier rang des militants anti-écologistes. Ceux-là, ils n'agissent pas par nécessité, mais par choix.
09:01 Publié dans ECOLOGIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, environnement, cédric philibert, réchauffement climatique, cédric philibert la terre brûle-t-elle, journalistes, yannick jadot, élection présidentielle, marine le pen, rassemblement national, g.i.e.c., couche d'ozone, marche pour le futur, greta thunberg, vladimir poutine, ukraine, emmanuel macron, a.m.a.p., gilets jaunes
vendredi, 13 mai 2022
IL SE PASSE PEUT-ÊTRE QUELQUE CHOSE
Il n'y a pas que la cérémonie des Césars pour donner lieu à des scandales, avec ses brigades féministes menées par Adèle Haenel et Virginie Despentes à l'assaut de la citadelle machiste et patriarcale incarnée par la figure assurément démoniaque de Roman Polanski, qui est seulement — excusez-le — l'auteur de quelques chefs d'œuvre du cinéma.
Ici, ça se passe à la grande école d'ingénieurs AgroParisTech, qui s'appelait encore Agro quand Alain Robbe-Grillet en est sorti, et plus tard Michel Houellebecq. Les ingénieurs agronomes nouvellement promus se sont mis à huit pour cracher dans la soupe et remettre en cause le modèle industriel de notre agriculture dans son ensemble.
Ils récusent donc une agriculture industrielle, qui travaille avec ardeur à amoindrir la qualité des sols qu'elle cultive, jusqu'à les transformer, là où elle passe, en une simple matière parfaitement stérile, à la manière d'un certain Attila.
Titre tiré du Monde daté 29 avril 2022.
Titre tiré du Monde daté 12 mai 2022.
Bon, les grincheux diront que huit ingénieurs sur l'ensemble d'une promotion, ça reste modeste, et que l'industrie n'a pour l'instant rien à craindre de ce mini-soulèvement. Ce n'est pas faux. Ce n'est peut-être qu'une mince lézarde dans la muraille.
Mais on peut se dire aussi que la manifestation est susceptible de donner des idées à ceux qui viendront. Je me dis que s'il se produit quelques défections dans les rangs des futurs crânes d'œufs et autres responsables chargés de présider au destin de l'agriculture en France, c'est peut-être le signe que tout n'est pas encore joué ?
On a le droit de rêver, non ?
10:41 Publié dans ECOLOGIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : agroparistech, journal le monde
jeudi, 12 mai 2022
UNE PHOTO QUI INTERROGE
Plaque murale énigmatique tombée sous l'œil et l'objectif du photographe de L'Echo-Liberté Georges Vermard. Je note la majuscule à "Escalier".
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, georges vermard, humour
dimanche, 08 mai 2022
EN AVRIL "LE MONDE" ENFONCE LE CLOU
Quelques titres du journal Le Monde picorés tout au long du mois d'avril, entrelardés de quelques illustrations (un peu bidouillées par mes soins) extraites de Le Monde sans fin, ce livre formidable et un peu agaçant de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. Juste pour laisser entendre — avec ma subtilité légendaire ! — que l'humanité n'est pas sortie de l'auberge. Et on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas que toutes les complaintes autour des espoirs de croissance entretenus par les responsables politiques, par les patronats unis dans la défense des intérêts des actionnaires nous entraînent tous dans une même catastrophe. Espoirs de croissance auxquels s'accrochent aussi les syndicats de travailleurs. Et même les travailleurs, les consommateurs, les contribuables, les automobilistes et les vacanciers (liste non exhaustive).
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Le Monde daté mercredi 6 avril.
Le G.I.E.C. ? "Vox clamans in deserto", si ça rappelle quelque chose à quelqu'un. Ce ne sont pas les scientifiques qui gouvernent. C'est sans doute heureux, parce que si c'était la rationalité pure qui était aux manettes, les classes politiques n'auraient pas le champ libre pour faire avec constance et détermination la preuve de leur médiocrité.
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Le Monde daté mercredi 6 avril.
Soit dit en passant, quand les populations concernées verront en direct ce que les responsables commencent à accepter de nommer "sobriété", c'est là qu'il comprendront leur douleur. Parce que c'est là qu'ils souffriront, et sans intermédiaire. Ceci pour dire que le terme de sobriété est un doux euphémisme. Mais que le fait qu'on le rencontre de plus en plus souvent veut dire que la mise en condition des esprits pour les accoutumer à la future réalité a bel et bien commencé. On mesurera l'avancée à la vitesse d'obsolescence des euphémismes, sous la pression des mots de vérité qui s'appliquent à notre réalité, actuelle ou à venir. Et puis un peu aussi sous la pression de la réalité elle-même, n'ayons pas peur de le dire. Les mots de vérité attendent en général pour surgir que le plus grande nombre ait le nez dans la bouse de la réalité, et qu'il ne soit plus possible alors de prendre de faux-fuyants.
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Le Monde daté samedi 9 avril.
Dennis Meadows est aujourd'hui âgé de 79 ans. Au sein du "réservoir de pensée" (think tank) suisse appelé Club de Rome, du Massachussets Institute of Technology (M.I.T.), il a participé à la rédaction du désormais prophétique rapport intitulé The Limits to Growth (Les limites à la Croissance), publié en 1972. Il y était dit que la planète étant de dimensions finies, les matières qu'elle était en mesure de nous procurer étaient elles-mêmes finies par nature. Et qu'il fallait envisager que la sacro-sainte croissance par laquelle jurent l'écrasante majorité des économistes connaîtrait forcément des ratés, avant de s'arrêter tout simplement. Cela fait donc cinquante ans qu'on a prévu ce qui se produit aujourd'hui. L'histoire montre qu'il ne sert à rien d'avoir raison avant tout le monde. Il n'y a pas, il n'y a jamais eu de prophètes.
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Le Monde daté jeudi 28 avril.
Est-ce que ça vous dirait de faire un petit tour dehors avec un thermomètre frisant les 50°C, comme on le voit en Inde et au Pakistan ? Là, comme l'explique François-Marie Bréon, physicien climatologue, au micro de Guillaume Erner (11 mai), il ne faut plus parler de "canicule", mais de FOUR.
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Le Monde daté vendredi 29 avril.
Ça, c'est ce qu'on doit à l'agriculture industrielle, forcée, du fait de ses méthodes, d'utiliser les moyens offerts par l'industrie chimique ("industrie agro-alimentaire", voilà encore un de ces doux euphémismes dont les empoisonneurs patentés ont le secret), un habit de soirée pour rendre présentable une famille de bandits, une mafia qui a ses entrées auprès des pouvoirs, au prétexte qu'elle seule détient les clés de la sacro-sainte croissance et du salut alimentaire de l'humanité.
Tiens, un truc amusant : l'I.N.R.A.E. vient de pondre un rapport très sérieux qui conclut que, en définitive, les pesticides employés dans l'agriculture sont mauvais pour la biodiversité, voire pour l'homme. J'adore ces gens qui découvrent l'eau tiède et qui font mine d'apprendre que les pesticides sont des poisons pour tout ce qui est vivant. Au surplus, je trouve curieux que des gens apparemment sérieux prennent la peine de faire la preuve scientifique de la nocivité et de la toxicité de substances expressément prévues pour avoir les effets qu'on leur connaît.
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Le Monde daté samedi 30 avril-lundi 2 mai.
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Le Monde daté samedi 30 avril-lundi 2 mai.
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Petit bonus.
Le Monde daté samedi 2 avril (titre à peine remaquetté).
J'ajoute ce titre, parce qu'il montre que, en plus de tous les facteurs de dégradation des conditions de l'existence humaine à la surface de la Terre, la guerre menée par Vladimir Poutine contre l'Ukraine peut avoir un magnifique effet de circonstance aggravante.
09:00 Publié dans DEMORALISATION, ECOLOGIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal le monde, bande dessinée, écologie, jean-marc jancovici, christophe blain, giec, dérèglement climatique
jeudi, 05 mai 2022
DES NOUVELLES DE MON ARCON...
... TEMPORAIN.
09:00 Publié dans ART | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : photographie, m le magazine du monde, art, arcon
mardi, 03 mai 2022
MATIÈRE A RÉFLEXION
Le prix des choses, et combien vaut un travailleur.
« Nous sommes revenus dans un monde de rareté. Nous avons un problème de ressources, d'énergie, de matières premières, de transport, de composants, et même d'emploi. A cela s'ajoutent les sanctions contre la Russie et la transition énergétique. La production mondiale de lithium doit être multipliée par 40 pour équiper nos véhicules électriques. Tout cela crée de l'inflation, comme à l'époque des années 1970-1990. Cela va conduire à une remontée des taux d'intérêt, qui imposera des contraintes budgétaires et donc la fin du "quoi qu'il en coûte". Cela change complètement l'action publique.
Si nous avions aujourd'hui une parfaite indexation des salaires sur les prix et une parfaite indexation des prix sur les coûts des entreprises, nous nous dirigerions vers 20 % d'inflation. Celle que nous avons en Europe aujourd'hui, qui n'est pas loin de 8 % n'est que l'effet mécanique des matières premières. Il n'y a eu aucun effet boule de neige. Le risque est donc devant nous. »
Nous deviendrons sobres, que nous le voulions ou non.
« La transition énergétique, c'est quatre points de PIB d'investissement en plus, un tiers pour décarboner l'énergie, un tiers pour décarboner l'industrie et un tiers pour rénover les logements. De plus, on détruit du capital. Un site qui passe à l'hydrogène investit en détruisant ses vieux fourneaux et en en achetant de nouveaux, sans produire plus. Si l'on veut investir quatre points de PIB, Il faut donc consommer quatre points de PIB de moins. Il n'y a pas le choix. La sobriété va s'imposer à nous. Il y a trois façons d'y parvenir : soit par le comportement, soit par les prix, soit par la fiscalité, parce que l'Etat lèvera des impôts pour financer les investissements qu'il doit effectuer pour la transition. Il va falloir que l'on consomme quatre points de moins pour faire de la place à l'investissement, que ce soit volontairement ou de force. »
Compétences, enseignement, formation.
« Le problème des compétences (le capital humain, les enfants, l'enseignement à l'école, la rémunération des enseignants, le lycée professionnel, la formation professionnelle) tire tous les autres : celui de l'emploi — 67 % des Français en âge de travailler ont un emploi contre 80 % de Suédois. Celui de l'industrie — 70 % des écarts du poids de l'industrie dans les pays de l'OCDE s'expliquent par les compétences de la population. Celui des comptes publics — on a peu d'emplois, donc de recettes fiscales, du fait du chômage. Les dépenses de l'Etat sont liées à la population, les recettes à l'emploi. Les pays comme la France qui ont peu d'emplois ont structurellement un problème fiscal. »
***
Voilà. Ce sont les propos tenus au Club de l'économie du Monde le 28 avril (voir le journal Le Monde daté 30 avril) par l'un des quatre invités, monsieur Patrick Artus, les autres invités étant Jérôme Fourquet, Pascale Coton et Geoffroy Roux de Bézieux. Mine de rien, Artus délivre quelques informations significatives. C'est en général ce que j'apprécie dans ses interventions : ni rêveur, ni doctrinaire, ni conceptuel. Avec lui, on est dans le concret : non seulement il maîtrise la théorie économique, mais il en propose une analyse des effets que celle-ci entraîne dans la réalité.
Des propos qui méritent qu'on y réfléchisse, en particulier le paragraphe qui concerne l'éducation et la formation (et en bout de course, les compétences) : selon moi, ce que la société investit dans l'enseignement et la formation reflète exactement l'ambition que cette société a de s'élever au-dessus d'elle-même. A cet égard, mon diagnostic est assez noir pour que je refuse d'en faire état ici.
Pour la sobriété, ceux qui suivent les travaux de Jean-Marc Jancovici sont déjà au courant. Le mot "sobriété" est d'ailleurs sans doute un euphémisme, pour désigner le sort qui attend tous ceux qui, aujourd'hui, bénéficient d'un minimum de confort électrique, d'agréments domestiques et de diverses facilités motorisées — confort, agréments et facilités qu'il faudrait plutôt appeler luxe, pour faire la différence avec ceux qui en sont dépourvus. Ou je me trompe, ou la sobriété qui sera celle de l'humanité dans des temps à venir peut-être pas si lointains ressemblera fort à la rudesse des conditions de vie qui fut celle de nos ancêtres.
09:00 Publié dans DEMORALISATION, ECOLOGIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, journal le monde, club de l'économie du monde, patrick artus, pascale coton, geoffroy roux de bézieux, jérôme fourquet, ocde
dimanche, 01 mai 2022
C'EST LE PREMIER MAI, PARAÎT-IL
UN PEU D'HISTOIRE A DESTINATION DES DÉFILEURS DU 1er MAI.
Dessin de couverture pour une revue inclassable de 1978. On voit ici comment Siné voyait les choses à l'époque, année d'élections législatives, si je ne me trompe pas : la gauche était majoritaire en nombre de suffrages, mais minoritaire en sièges de députés. Le scrutin majoritaire à deux tours avait fait son œuvre, mais aussi et peut-être surtout le redécoupage à la petite scie des circonscriptions par le ministre de l'Intérieur de l'époque (Pasqua ??).
Quoi qu'il en soit et avec le recul, c'est le travailleur qui est le dindon de la farce, comme l'accession de François Mitterrand à la présidence en administrera la preuve de façon éclatante. Et ce n'est pas ce qui s'est produit ensuite (Jospin 1997-2002, parti la queue entre les jambes) qui peut faire dire le contraire, malgré toutes les rodomontades de Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui.
Quant aux partis dits "de gauche", à force de trahisons, de louvoiements, de revirements et de compromissions, ils n'ont plus ni adresse, ni numéro de téléphone, ni fichier d'adhérents, ni même de militants. Ah si ! pardon ! Tous les samedis matins sur la place de la Croix-Rousse, juste devant la pharmacie qui fait l'angle, on peut voir quatre ou cinq "camarades" qui ont l'air inoffensifs, mais assez convaincus pour s'efforcer de fourguer L'Humanité-Dimanche aux nombreux passants.
La différence avec 1978 (et 1981), c'est qu'on a eu largement le temps d'enterrer l'espoir de changer quoi que ce soit au monde comme il va mal. Et quarante-six ans après, ce ne sont pas les sommations lancées par l'olibrius Mélenchon aux groupuscules autrefois arrogants et sûrs de leur force, aujourd'hui exsangues (P.S., P.C., R.G.), qui ont quelque chance que ce soit de le ressusciter.
Dites-moi que je me trompe.
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élections législatives 2022, élections législatives 1978, jean-luc mélenchon, parti socialiste, parti communiste, défilé du 1er mai, fabien roussel, olivier faure, anne hidalgo, l'humanité dimanche, revue le fou parle, siné, lyon, croix-rousse
mercredi, 27 avril 2022
UN PRÉSIDENT MINORITAIRE ....
... DONC UN PRÉSIDENT PEU LÉGITIME.
Combien de Français ont vraiment élu Emmanuel Macron ? Combien de voix pour Marine Le Pen ? Tous les médias écrits ou audio-visuels nous ont informés, nous ont donné les chiffres, en particulier ceux de l'abstention. Mais ce que je trouve curieux, c'est que jamais — mais je ne sais pas tout —, ou peu s'en faut, ils ne livrent ces chiffres par rapport aux électeurs inscrits sur les listes électorales.
Etant un peu curieux de les connaître, j'ai eu beau aller voir les canaux "mainstream", j'ai fait chou-blanc. Jusqu'à ce que je me décide à me rendre sur le site du ministère de l'Intérieur. Et plutôt que de tenter de disserter ou d'allonger la sauce, je me contente ici de reproduire tels quels les tableaux offerts par le ministère (voir plus bas), et d'y souligner ce qui m'intéresse en priorité.
Et là, surprise quand même : au premier tour (voir plus bas), on s'aperçoit que c'est en réalité tout juste un cinquième (20,07%, soit presque dix millions) des électeurs inscrits qui ont délibérément choisi Macron. Cela ne fait vraiment pas beaucoup, je trouve, pour qu'un type prétende conduire pendant les cinq années qui viennent les destinées de la France avec le soutien de toute la population. Le fait que Macron double peu ou prou son score (moins de vingt millions) au deuxième tour signifie simplement qu'un nombre d'électeurs égal au premier tour, par refus du pire, a voté pour lui PAR DÉPIT et souvent même en se bouchant le nez, comme on a pu l'entendre sur les ondes.
Ce que je crois qu'il faut garder en mémoire, c'est que la légitimité d'un président à décider de tout et, pour ainsi dire à gouverner en lieu et place du gouvernement et de son premier ministre, cette légitimité est lamentablement faible, reposant à l'origine sur une base tellement étroite qu'on peut affirmer qu'elle est MINORITAIRE.
Voilà à quoi je voulais arriver : monsieur le président, votre premier devoir, c'est d'avoir le courage de reconnaître que, si le scrutin vous a confié un mandat LÉGAL, vous restez en MINORITÉ dans le pays réel. Et vu qu'il reste cinquante jours environ avant les législatives, je parierais volontiers (j'espère fortement) qu'une fois passée l'élection des 577 députés, on constatera qu'une minorité d'entre eux vous est acquise.
Et pour une fois, la France aura une chance de voir la naissance d'un vrai contre-pouvoir, capable d'entraver la "toute puissance" (relative) d'un président aux mains libres et ayant la mainmise sur une représentation nationale aux ordres.
On peut toujours rêver, n'est-ce pas ?
Liste des candidats | Voix | % Inscrits | % Exprimés |
---|---|---|---|
M. Emmanuel MACRON | 18 779 641 | 38,52 | 58,54 |
Mme Marine LE PEN | 13 297 760 | 27,28 | 41,46 |
Nombre | % Inscrits | % Votants | |
---|---|---|---|
Inscrits | 48 752 500 | ||
Abstentions | 13 656 109 | 28,01 | |
Votants | 35 096 391 | 71,99 | |
Blancs | 2 228 044 | 4,57 | 6,35 |
Nuls | 790 946 | 1,62 | 2,25 |
Exprimés | 32 077 401 | 65,80 | 91,40 |
En raison des arrondis à la deuxième décimale, la somme des pourcentages peut ne pas être égale à 100%.
France Entière
Rappel des Résultats au 1er tour
Liste des candidats | Voix | % Inscrits | % Exprimés |
---|---|---|---|
M. Emmanuel MACRON | 9 783 058 | 20,07 | 27,85 |
Mme Marine LE PEN | 8 133 828 | 16,69 | 23,15 |
M. Jean-Luc MÉLENCHON | 7 712 520 | 15,82 | 21,95 |
M. Éric ZEMMOUR | 2 485 226 | 5,10 | 7,07 |
Mme Valérie PÉCRESSE | 1 679 001 | 3,44 | 4,78 |
M. Yannick JADOT | 1 627 853 | 3,34 | 4,63 |
M. Jean LASSALLE | 1 101 387 | 2,26 | 3,13 |
M. Fabien ROUSSEL | 802 422 | 1,65 | 2,28 |
M. Nicolas DUPONT-AIGNAN | 725 176 | 1,49 | 2,06 |
Mme Anne HIDALGO | 616 478 | 1,26 | 1,75 |
M. Philippe POUTOU | 268 904 | 0,55 | 0,77 |
Mme Nathalie ARTHAUD | 197 094 | 0,40 | 0,56 |
Nombre | % Inscrits | % Votants | |
---|---|---|---|
Inscrits | 48 747 876 | ||
Abstentions | 12 824 169 | 26,31 | |
Votants | 35 923 707 | 73,69 | |
Blancs | 543 609 | 1,12 | 1,51 |
Nuls | 247 151 | 0,51 | 0,69 |
Exprimés | 35 132 947 | 72,07 | 97,80 |
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, emmanuel macron, marine le pen, la république en marche, rassemblement national, extrême-doite
lundi, 25 avril 2022
C'EST MACRON, COMME PRÉVU !!!
MACRON RÉÉLU, C'EST LE MOINDRE MAL.
*
LE MOINDRE MAL, C'EST MOINS PIRE QUE SI C'ÉTAIT PIRE, MAIS ÇA FAIT MAL QUAND MÊME.
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dimanche, 24 avril 2022
CHAUSSETTES ORPHELINES
J'AI VOULU M'AMUSER UN PEU.
J'ai trouvé ces deux titres d'articles dans le journal Le Progrès du 23 avril 2022 (pages 13 et 15).
Quel méli-mélo, dis, quel méli-mélo, dis, la vie avec toi !
A partir de ces deux titres, en rapprochant "Marche" et "Marre", j'en ai bidouillé un troisième, en petit amateur que je suis.
Des deux articles, le second parle effectivement de chaussettes "orphelines", ce mystère abyssal et quasi-métaphysique qui dépeuple régulièrement et de façon presque toujours impaire les panières à linge sale, les machines à laver et les réserves à chaussettes propres (soit dit entre parenthèses, voilà du vrai journalisme d'information, coco !). Le premier évoque diverses marches de revendications identitaires ou autres qui ont eu lieu hier après-midi dans divers endroits de Lyon : une liste étrange que si c'était des produits chimiques, on serait curieux de voir la réaction que ça ferait dans un tube à essais. J'ignorais que les "anti-pass" existassent encore. Quant aux lesbiennes, je persiste à me demander d'où leur vient cette manie d'exhiber leur particularisme sexuel.
Je profite des manifestations de ces diverses "fiertés" (ne pas oublier le pluriel, pour être sûr de n'oublier personne — il faut dire "être inclusif") pour dire quelques mots du style de la "gouvernance" dont Grégory Doucet et sa clique de fanatiques déguisés en vert ont déjà bien commencé à donner le spectacle.
Ce maire, que pas mal de monde doit déjà se repentir d'avoir élu, a "froissé", c'est le terme du Progrès, la communauté arménienne en participant de façon bizarre à la commémoration du début du génocide arménien en 1915. Il avait déjà fait le coup aux autres chrétiens ("arménien" est un terme ethnique : les Arméniens sont aussi des chrétiens) en boudant le "Vœu des Echevins" en décembre dernier. Ceci pour dire l'intimité du rapport qui relie ce maire extraterrestre à la population bien terrienne de Lyon et alentours, attachée à des traditions locales désuètes, vieillottes et probablement rétrogrades. Lyon n'a décidément pas de chance avec ses maires.
La plus belle et visible trouvaille de ce maire bourré de convictions fortes et d'idéologie, et entré en lutte contre la population de sa ville dès le soir de son élection, ce sont quand même les superbes urinoirs publics — les uns pour hommes, les autres pour femmes — qu'il a commencé à installer dans les endroits les plus remarquables de notre belle cité. Au début, je ne voulais pas y croire. Et puis ...
En plein milieu de la place Louis Pradel, sans doute pour meubler l'espace vide et gêner les évolutions des skaters, entre l'Opéra, l'Hôtel de Ville et quelques autres bâtiments aussi négligeables, qui n'attendaient que ces pissotières pour être mis en valeur. A noter que le caca est interdit (on aperçoit une icône sur la porte réservée aux dames) et que le pipi est (paraît-il) régulièrement récolté. Pour quelle destination hautement spirituelle ? En tout cas, un exhibitionnisme qui emporte déjà tous les suffrages.
Espérons, en ce deuxième tour d'élection présidentielle, que personne ne prendra ces édicules pour des bureaux de vote : les bulletins seraient sans doute considérés comme nuls.
Je ne suis sans doute pas le seul à me faire une autre idée de l'écologie.
Voilà ce que je dis, moi.
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samedi, 23 avril 2022
DES RUSSES ET DES UKRAINIENS
LES SECRETS DE LA MER NOIRE.
(Dupuis, 1994, scénario Jacques de Douhet, dessin Francis Bergèse)
Le navire "Ladoznskoye", commandé par le capitaine Stornik, appartient au K.G.B. (aujourd'hui F.S.B.) et participe au complot qui ne vise rien de moins que d'assassiner Gorbatchev, le promoteur de la "glasnost" et de la "perestroïka" honni par toute la "vieille garde", c'est-à-dire tous les "vrais communistes".
L'histoire racontée par les deux auteurs se situe entre juillet et août 1991, période cruciale qui a vu dans la réalité ce qui fut l'immense U.R.S.S. sombrer et passer à deux doigts de voir accéder au pouvoir des fascistes, avant qu'un certain Boris Eltsine parvienne in extremis à écarter le danger. Ce n'est qu'ensuite qu'a émergé la figure d'un certain Vladimir Poutine.
Il s'agit, pour les comploteurs de la B.D., d'en finir avec tous ceux qui s'éloignent du modèle "communiste" pur et dur, et de renouer avec l'époque où, magnifiquement dirigée par le camarade Brejnev, le digne héritier et successeur du camarade Staline, le "Soleil Rouge" de la fière nation soviétique faisait peur aux horribles impérialistes américains.
En face, les forces du Bien et du Progrès se concentrent autour du porte-avions Kousnetzov, commandé par l'amiral Frondze, vieux militaire dans l'âme et qui se sent un peu dépassé par les événements qui se présentent à l'horizon (« Rien de ma vie ou de ma carrière ne m'y a préparé », dit-il p.36).
Bergèse et De Douhet jettent dans ce panier de crabes l'intrépide colonel Buck Danny. A la suite d'un vilain stratagème, celui-ci est fait prisonnier à bord du Ladoznskoye. Dans les plans de Stornik et de ses affidés, il faut qu'aux yeux du monde entier le colonel passe pour l'assassin de Gorbatchev, même si ça doit déclencher la troisième guerre mondiale. Qu'on se rassure, le complot échouera lamentablement, grâce à l'intervention de l'enseigne Platypov, alias "Nicolayev 17", l'agent infiltré de l'amiral américain Farell qui est à l'origine de la mission de Danny.
Ce qui m'intéresse dans ces quelques vignettes, c'est ce qui est dit des rapports entre les Russes authentiques ("de souche" ?) et les Ukrainiens. Le Kremlin présentait ces derniers, il y a encore peu de temps comme des "petits frères", mais ce gros bobard, la guerre déclenchée par Poutine s'est empressée de le démentir.
Je ne sais pas quel degré de véracité il faut accorder aux expressions « C'est un Ukrainien stupide », « ... un imbécile d'Ukrainien comme toi ». Je trouve cependant intéressant de replacer ces propos fictifs dans le contexte — tristement réel celui-ci — qui se développe aujourd'hui sous nos yeux.
La question me semble valide : quel regard les Russes dans leur ensemble portent-ils sur les Ukrainiens ? J'ignore s'il est facile de répondre à cette question, et même si c'est possible, mais quand on entend Poutine vanter son entreprise de "dénazification" pour aller guerroyer en Ukraine, peut-être cela nous autorise-t-il à voir dans ces répliques un reflet plus ou moins fidèle de la réalité.
Cette bande dessinée a été publiée en 1994, alors que la situation et les rapports de force commençaient à se clarifier (?) dans la nouvelle Russie.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, les aventures de buck danny, francis bergèse, jacques de douhet, urss, gorbatchev, glasnost, perestroïka, russie, les secrets de la mer noire, kgb, fsb, boris eltsine, vladimir poutine, leonid brejnev, staline, dénazification, ukraine, donbass, kiev, kremlin
vendredi, 22 avril 2022
LA GRANDE OCCASION MANQUÉE ?
LES SECRETS DE LA MER NOIRE
(Dupuis, 1994, scénario Jacques de Douhet, dessin Francis Bergèse)
Ahurissante banderole de l'accueil réservé à l'Américain dans le grand salon du porte-avions Kousnetzov, commandé par l'amiral Frondze.
Une intéressante et curieuse bande dessinée, où l'on trouve peut-être l'explication de la façon dont l'histoire a tourné après la dislocation du bloc soviétique. Le scénariste Jacques de Douhet imagine (pas sûr d'ailleurs que ce soit seulement imaginaire) que les deux camps, l'Américain et le communiste, sont eux-mêmes scindés en deux partis qui s'opposent plus ou moins radicalement. Un scénario non sans résonances dans notre actualité, à mon avis.
Côté américain, l'amiral Farell, qui ne croit pas à la sincérité de Gorbatchev (« Je suis persuadé qu'ils trichent ! », déclare-t-il), partisan de la manière forte et qui figure l'ambiance toujours belliqueuse qui règne au Pentagone, face au sénateur Smight, le politicien persuadé que l'URSS est au bout du rouleau et qu'il est temps pour les deux grands pays de tourner la page de la guerre froide. Et que, accessoirement, les Etats-Unis n'ayant plus d'adversaire, ils peuvent impunément poser le pied sur la dépouille du fauve terrassé.
Côté soviétique, les partisans de la détente, du désarmement et de la paix, parmi lesquels on trouve l'aéronavale (la vignette du haut idéalise peut-être cette période – août 1991 – pour les besoins du récit) et en général des éléments du haut commandement militaire, face aux tenants de la "ligne dure" où l'on trouve, pêle-mêle, des nostalgiques de Brejnev et de l'ordre communiste, les patriotes-nationalistes-fascistes, les polices du KGB, GRU, NKVD et autres services secrets, qui prospéraient sans obstacle grâce au climat d'hostilité et procuraient à leurs membres un pouvoir dont ils se faisaient un plaisir d'user et abuser. Et que la "glasnost" et la "perestroïka" chères à Gorbatchev menaçaient de mettre au chômage.
Ce qui est frappant après-coup, c'est que, entre les faucons et les colombes, les Américains et les Russes semblent s'être mis d'accord pour que ce soient les rapaces qui prennent l'avantage sur les oiseaux de paix.
Côté américain, les avertissements de Brzeszinski, puis ceux de John Mearsheimer n'ont servi à rien et ont été mis à la poubelle par le belliciste George W. Bush et son entourage de menteurs (Powell, entre autres).
Côté russe, la hâte manifestée par l'OTAN (en français : les Etats-Unis) pour intégrer à toute vitesse les anciens satellites de l'URSS (les Baltes, Pologne et même Géorgie !) a très vite indisposé les autorités émergentes des ex-soviétiques de Moscou, à la tête desquelles s'est porté un certain Vladimir Poutine, qui voyait déjà d'un œil furieux se former dans son "étranger proche" un glacis d'Etats libérés de son emprise, et même passés à l'ennemi.
Voilà où, selon moi, nous en sommes : dans les deux camps, ce sont les faucons qui ont gagné et qui tiennent les manettes. Dans les deux camps, tout se passe comme si les partisans de la détente avaient été sommés de la fermer sous peine de. Je note en passant que l'Europe n'a pas son mot à dire, et même qu'elle compte pour du beurre. Si la guerre en Ukraine s'étend (j'ai entendu Hervé Juvin, membre éminent du Rassemblement National de Marine Le Pen, exprimer sa crainte d'une prochaine guerre mondiale), l'Europe, en tant que continent, n'y sera certes pour rien, mais elle en sera à coup sûr le théâtre des opérations. Je ne peux quant à moi me défendre contre l'impression qu'il y eut, à divers moments, dans les années 1990, des fenêtres qui se sont entrouvertes et des mains qui se sont tendues, mais qui, pour des raisons qui me dépassent et que j'ignore, se sont refermées.
Ce qui est sûr, c'est que nous avons tout à craindre de militaires qui s'ennuient et qui ne rêvent que d'essayer plein de nouveaux joujoux déposés dans leurs bottes fourrées par le dernier Père Noël.
Merci d'avance à tous ces braves gens.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, géopolitique, guerre froide, francis bergèse, jacques de douhet, les aventures de buck danny, glasnost, perestroïka, urss, états-unis, gorbatchev, brejnev, kgb, gru, nkvd, brzeszinski, john mearsheimer, george w. bush, colin powell, otan, nato, vladimir poutine, pays baltes, pologne, géorgie, faucons colombes, rassemblement national, marine le pen, hervé juvin, europe
jeudi, 21 avril 2022
MARINE LE PEN ATTENDANT SON HEURE
Derrière la fille (selon Walt Disney), l'ombre du père ?
Dessin de CABU, évidemment.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, front national, rassemblement national, jean-marie le pen, marine le pen, élection présidentielle, emmanuel macron, débat télévisé, second tour élection présidentielle, walt disney, big bad wolf, trois petits cochons, extrême droite, cabu
mercredi, 20 avril 2022
RÉSUMÉ D'UN TRÉS VIEUX DÉBAT
Edgar Pierre Jacobs, au début de son Piège diabolique (Lombard, 1962), dans le fumoir cossu de l'hôtel Louvois, fait du capitaine Francis Blake le témoin amusé d'un vif débat entre deux quidams aux préférences bien marquées, pour ne pas dire caricaturales : on peut qualifier le premier de passéiste décomplexé, sorte de Pessimiste professionnel. Quant au second, il s'affirme moderniste de façon hautaine et presque méprisante : il a une confiance totale et absolue dans la Science. C'est l'Optimiste. En trois vignettes, l'auteur nous offre le survol de l'éternelle question, de savoir en définitive si l'on peut croire ou non aux bienfaits du Progrès.
Vignette 1 - Quidam A se lamente : « Ah ! Quelle époque ! Voyez ces journaux !... Menaces de guerre ! Danger atomique ! Révolutions ! Remous sociaux ! Catastrophes !... Le monde entier semble pris de folie ... Décidément, nos ancêtres étaient plus sages ! Leur vie paisible et ordonnée les mettait à l'abri de pareilles aventures.... C'ÉTAIT LE BON TEMPS !... »
Quidam B réplique du tac au tac : « Allons donc ! Obscurantisme et tyrannie, voilà ce qu'était "VOTRE BON TEMPS !..." »
Vignette 2 - Quidam B enfonce le clou : « ... Pour ma part, je préfère me tourner résolument vers l'avenir !... Un monde nouveau se crée sous nos yeux ! Demain, grâce aux extraordinaires progrès de la science, l'humanité libérée des servitudes matérielles pourra enfin se consacrer librement aux seules joies de l'esprit !... »
Vignette 3 - Quidam A émet quelques doutes : « ... Théorie séduisante, mais qui, je le crains, vous fait voir "VOTRE" hypothétique FUTUR sous un jour un peu trop idyllique !... "MON PASSÉ", lui, a du moins fait ses preuves !... »
Quidam B, de toute sa hauteur, exprime alors son souverain dédain pour les adorateurs du passé : « ... Bah, c'est avec un mépris apitoyé que "MON FUTUR" jugera "VOTRE PASSÉ" ignorant et barbare !... »
Voilà, nous avons le schéma de base d'une discussion qu'on imagine bien se tenir entre deux piliers de bar vaguement avinés. La différence, c'est qu'ici nous avons à faire à deux quidams tout à fait distingués, courtois et pleins de bonnes manières. Les positions n'en sont pas moins tranchées et incompatibles. Et tout ça est dit en 1962. Il y a exactement soixante ans !
1962 !!!
Il faut bien, cependant, faire une place à la morale finale que le professeur Mortimer tire à la toute fin de l'histoire, après avoir fait un petit viron à 150.000.000 d'années, ces temps bénis où régnaient les williamsonias, en compagnie des élasmosaures, ptéranodons et autres tyrannosaures, puis en l'an 5.060, longtemps après le "grand cataclysme", après être passé par l'inhospitalité d'un baron du XIVème siècle.
Comme on peut s'y attendre, E.P. Jacobs renvoie dos à dos les deux interlocuteurs du début, par la bouche du professeur, qui a trouvé le moyen d'échapper au "piège diabolique" dans lequel l'infâme professeur Miloch l'a fait tomber.
« Et maintenant, ami lecteur, je voudrais, avant de nous séparer, tirer de cette singulière aventure la morale qui s'impose : ne nous plaignons pas outre-mesure de notre damnée époque car elle a de bons côtés. Et qui sait si, un jour, en l'évoquant, vous ne diriez pas à votre tour "C'ÉTAIT LE BON TEMPS !!!..." Sur ce, en attendant de vous retrouver, je vous dis à tous un très cordial "good bye" !... ».
On dira que Jacobs garde le cul entre deux chaises, qu'il ménage pour finir la chèvre et le chou et qu'il évite de choisir entre Quidam A et Quidam B. Mais regardez les débats d'aujourd'hui entre, d'un côté, les thuriféraires d'Elon Musk, Jeff Bezos, Bill Gates, Mark Zuckerberg et de quelques autres, nouveaux champions richissimes de la conquête spatiale, du transhumanisme ou de la géo-ingénierie comme remède au dérèglement climatique ; et de l'autre, toutes sortes de lanceurs d'alerte (y compris un grand nombre de scientifiques) qui voient se dresser, face à la marche en avant de l'humanité technique et scientifique, le mur des limites humaines et de la finitude des ressources. Ne reconnaît-on pas là les positions des deux interlocuteurs campés par Jacobs au début du Piège diabolique ?
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, ep jacobs, blake et mortimer, science-fiction
mardi, 19 avril 2022
AVANT LE SECOND TOUR
Avant le second tour de l'élection présidentielle en France, nous sommes allés, Tintin et moi, consulter une voyante infaillible. Voici ce que Foudre Bénie nous a déclaré.
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, bande dessinée, tintin, tintin au tibet, hergé, les aventures de tintin et milou, foudre bénie, capitaine haddock, élection présidentielle, emmanuel macron, marine le pen, rassemblement national, la république en marche, france, politique, société
lundi, 18 avril 2022
POUR UNE DÉFENSE EUROPÉENNE
Après d'âpres négociations et de nombreuses nuits de palabres où se sont affrontés les diplomates des Vingt-Sept, on commence à entrevoir le jour où l'Europe de la Défense sera sur pied. La preuve : pour commencer, on a décidé de créer un bataillon de cavalerie pour prêter main-forte à la courageuse Ukraine dans la guerre que lui livre la Russie impériale de Vladimir Poutine. On voit ici ce premier corps de la future armée parader fièrement.
On constate sur la photo ci-dessous que l'aide militaire à l'Ukraine n'est pas un vain mot, et que ce pays vilainement agressé saura se montrer reconnaissant envers tous ceux qui se seront portés à son secours.
09:03 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, bande dessinée, hergé, les aventures de tintin et milou, tintin objectif lune, capitaine haddock
vendredi, 15 avril 2022
LE PROBLÈME RUSSE
Détail d'une vignette de Vlad, tome 2 (Le Maître de Novijanka, éd. Le Lombard, 2000), une BD de Swolfs (scénario) et Griffo (dessin). J'ai aussi agrandi le "phylactère", pour la lisibilité.
Que celui qui a une réponse à la question posée ici lève le doigt. Ah, je vois quelqu'un au sixième rang, j'approche mon micro, oui, monsieur : « Quel problème russe ? ».
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, vlad, swolfs et griffo, russie, vladimir poutine, ukraine, wolodymir zelenski
jeudi, 14 avril 2022
LE YÉTI DU KREMLIN
Cet intrépide reporter ukrainien a pu, grâce à des ruses subtiles et à son courage sans faille, pénétrer dans la forteresse du Kremlin et faire parvenir à notre journal ce cliché où l'on voit le maître des lieux se faire très menaçant. Mais la maladresse ou l'ignorance de l'agresseur sur les potentialités de son adversaire semblent le déstabiliser quelque peu.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, bande dessinée, hergé, tintin au tibet, tintin, capitaine haddock, tchang tchong jen, kremlin, russie, vladimir poutine