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vendredi, 17 juin 2022

MAIGRET + BOURREL = BOUGRET

Le Commissaire Maigret est plus connu que le Commissaire Bourrel, et ce n'est que justice. Car Maigret est un véritable, authentique, incontestable personnage littéraire, auquel j'ai ici même rendu hommage à de nombreuses reprises. Alors que Bourrel est une gentille et familiale fabrication télévisuelle, dont les deux meilleurs moments me semblent toujours être la géniale trompette du générique (vous savez, cette entrée en matière comme un envol vers les sommets de l'aigu, musique de Marc Lanjean, trompette de Pierre Thibaud) et le "Bon dieu mais c'est bien sûr" de la fin, devenu "Bon sang mais c'est bien sûr", sans doute après protestations de l'Eglise catholique, encore puissante à l'époque.

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De ces deux archétypes du policier à la française (qui vaut mieux que le germanique "Inspecteur Derrick", avouez-le), Gotlib a fait une sorte de synthèse hautement délirante et sophistiquée, autant par les stéréotypes assumés que par les déductions suprêmement pataphysiques de l'excellent commissaire Bougret, assisté de l'excellent inspecteur Charolles.

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C'est justement de lui qu'il sera question ici. Attention, pas dans ses occupations principales d'adjoint policier du Commissaire Bougret, mais dans l'obscurité des coulisses administratives de la police judiciaire et du quai des Orfèvres, je veux parler des relations qu'il entretient au fil des épisodes avec la délicieuse Germaine, secrétaire-dactylo de la P.J. On constatera que ces relations, sans suivre une trajectoire bien nette, sont marquées par une mutuelle attraction, parfois passionnée, toujours brutalement interrompue par l'irruption du grand chef, dont on voit la silhouette se découper dans la vitre de la porte.

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Qu'on ne cherche pas, en général, de l'originalité dans les aventures de Bougret et Charolles. Au contraire, Gotlib se vautre avec délectation dans les stéréotypes, auxquels il fait subir, de vignette en vignette, des distorsions légères, quoique lourdes de plein de significations socio-psycho-économo-chrono-logiques.

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Ainsi de ces répliques qui reviennent dans presque chaque épisode : « Comme indice, c'est plutôt faible » ; « Tu me les convoques demain matin pour un interrogatoire » ; « Ah patron, c'que vous êtes fort » ; « En route vers de nouvelles aventures ! », etc.

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Répliques plantées comme des balises, comme des refrains, comme des amers autour desquels viennent danser les variations inventées par l'auteur pour la jubilation du lecteur pour raconter les enquêtes aussi fulgurantes qu'irrésistibles du commissaire Bougret et de l'infatigable et placide inspecteur Charolles, stoïque souffre-douleur à l'occasion.

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Leurs aventures, dans La Rubrique-à-Brac, ne comportent guère plus de sept épisodes, auxquels il faut ajouter celui de "Sherlock Bougres", qui s'éloigne, par anglomanie galopante, des "canons" de la série, et celui de "Bougrex", qui pastiche le film-feuilleton de Louis Feuillade en 1916, au temps du cinéma muet.

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Je ne sais pas si le tandem Bougret-Charolles est la figure la plus marquante de l'univers gotlibien, car mine de rien, le dessinateur est tout de même le père du professeur Burp, zoologiste célèbre quoique, disons ... original, de Superdupont, le super-héros 100% franchouillard et patriote, et de quelques autres personnages bien sentis sortis de son cerveau fertile et de sa main habile.

Pour ceux qui ne sont pas des mordus de Gotlib en général, de la Rubrique-à-Brac en particulier et spécifiquement du Commissaire Bougret, il est bon de savoir que Gotlib, pour les besoins de la série, rassemble quelques copains à lui. Il donne sa propre bobine à l'inspecteur Charolles (qu'il affuble d'une moustache baladeuse et hitléro-compatible) et celle de Gébé (Georges Blondeaux à l'état-civil) au commissaire.humour,bande dessinée,gotlib,revue pilote,rubrique-à-brac,commissaire bougret,

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L'un des suspects, celui que l' "enquête" innocente systématiquement, Aristidès Othon Frédéric Wilfrid, est Fred, auteur de la magnifique série Philémon, reconnaissable à sa moustache, et dont c'est le vrai nom. L'autre a la tête de coupable par prédestination de René Goscinny, patron de la revue Pilote. L'intérêt de la chose, c'est que celui-ci porte ici le nom de Blondeaux Georges, qui se trouve être le patronyme de Gébé, qui a la tête du commissaire – j'espère que vous suivez. Inutile de préciser que Gotlib fait subir à tous ces personnages des traitements graphiques et des métamorphoses variés, incongrus, déroutants et inattendus. 

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