mercredi, 25 janvier 2017
L'ÉCOLE "PRIMAIRE"
Ça m'a traversé l'esprit. Pas longtemps, certes. Disons un instant. Je voulais déposer mon petit commentaire sur le catafalque de la déconfiture exhibée fièrement par le Parti "Socialiste" à l'occasion de la primaire de la gauche. Saura-t-on un jour la vérité sur le nombre définitif des votants ? Et puis j'ai relativisé quand quelques vers de Baudelaire me sont revenus :
« Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité, ...»
À ces hauteurs célestes, du cloaque où barbotent des sales gosses, plus aucun miasme ne parvient. Allons, tout cela ne vaut pas un iota de notre attention.
06:46 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baudelaire, poésie, les fleurs du mal, parti socialiste, manuel valls, benoît hamon, primaire de la gauche, belle alliance populaire
lundi, 23 janvier 2017
ESCLAVES, C'ÉTAIT AUTREFOIS
Rue Calas.
Photographie Frédéric Chambe.
Comment ? Toujours pas terminés, les travaux ?
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Titre vu dans Le Monde (des livres), 20 janvier 2017.
Recension du roman No Home de Yaa Gyasi, citoyenne "ghanéenne-américaine" (comme on dit chez les bien-pensants États-Unis), sous la plume de Gladys Marivat.
Qu'on se le dise une fois de plus :
1 - l'esclavage étant aujourd'hui un "lieu de mémoire", il faut dire que c'était dans les anciens temps, donc que cet âge obscurantiste est à jamais révolu, mais que néanmoins le crime est à jamais ineffaçable sur l'ardoise de ceux qui l'ont commis. Tant que nous y sommes, ajoutons-y tous leurs descendants, jusqu'à la soixante-dix-septième génération.
2 - les méchants étaient les blancs, les victimes sont toujours et encore les noirs.
3 - les bons noirs n'ont pas fini de rappeler aux méchants blancs, seuls coupables, qu'ils ne sont pas près d'en finir avec « les mémoires » de l'esclavage. Les méchants blancs n'auront jamais fini de payer.
Moralité, seule la traite négrière transatlantique est vénérable, il n'y a eu d'esclaves qu'aux Amériques en général, et aux Etats-Unis en particulier, et les ancêtres des Européens sont leurs complices.
Qu'on se le dise une fois de plus :
4 - les Africains à peau noire n'ont jamais vendu à d'autres Africains à peau noire et aux méchants blancs des hommes et des femmes à peau noire.
5 - les Arabes n'ont jamais traversé le Sahara pour aller en Afrique noire pour s'approvisionner en hommes et en femmes à peau noire.
6 - mais le plus important est qu'il n'y a plus un seul esclave aujourd'hui, au Niger, en Mauritanie, dans la péninsule arabique, ailleurs.
Remarque subsidiaire : si par le plus grand des hasards il y en avait ici ou là, ils auraient intérêt à la boucler, et l'on attendrait quelques siècles pour faire cesser les traitements inhumains et dégradants, pour raconter leur histoire et pour en faire des romans. En attendant, ne nous laissons pas leurrer par les colporteurs de rumeurs forcément malveillantes.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX, PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, croix-rousse, esclavage, esclavage des noirs, traite négrière transatlantique, afrique noire, yaa gyasi no home, journal le monde
vendredi, 02 décembre 2016
UN BIEN CURIEUX PAYSAGE

J'ai trouvé ce dessin aquarellé (papier Canson, 264 x 196 mm.) dans un livre acheté naguère chez un bouquiniste du quai de la Pêcherie : j'aime bien ce genre de surprise. Un paysage qui se veut onirique, où l'on trouve quelques détails qui colorent vaguement l'ambiance en naïvo-surréaliste, de leur petit attirail d'objets intrus (cochon en premier plan, flèche dans le plongeoir). Est-on en plein jour ou sous la pleine lune ? C'est un gentil dessin, plutôt bien exécuté : les contours sont précis, l'herbe (blanche autour de la piscine) et le miroitement de l'eau sont rendus avec soin. Je dirais même avec application.

Voilà la signature qu'on trouve en bas à droite.
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Il était beau, le refrain de 1998 : « Et un, et deux, et trois-zéro ». Là, ça se passe à table. D'abord Sarkozy, l'infâme kloug aux marrons (Le Père Noël est une ordure, l982), qui refoule salement du goulot et qui fait fuir une bonne partie des convives. Ensuite Juppé, la plante en pot que la maîtresse de maison a habilement posée au milieu pour dissimuler les convives d'en face. Enfin Hollande, le dessert tremblotant qu'Andréa Ferréol apporte à Philippe Noiret, à la fin de La Grande bouffe (1973).
Trois quilles avec trois boules : le rendement est plutôt faible. Il faut faire comme Juppé : "continuer le combat", comme il a osé dire après le premier tour. Même s'ils ne sont pas nuls, on les a bien assez vus. C'est pourquoi je propose d'entonner le refrain : "Et un ! Et deux ! Et trois ZÉROS !" Les trois premiers zéros à tomber. Il y en a quelques autres.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas sarkozy, alain juppé, françois hollande, le père noël est une ordure, la grande bouffe, philippe noiret, et un et deux et trois zéro
vendredi, 11 novembre 2016
DE QUOI DONALD TRUMP EST-IL LE SIGNE ?
De quoi l’élection de Donald Trump est-elle le symptôme ? Je n’ai aucune qualification spéciale pour répondre à cette question. Je m’informe, et je tâche, vaille que vaille, de mettre un peu de cohérence dans tout ce que j’engrange en mettant bout à bout les éléments hétéroclites que je picore à droite et à gauche. En un mot : je bricole. Certains appelleraient ça « la quête du sens ». Pourquoi pas ?
Alors Trump ? Alors le « populisme » ? De quoi ce mot est-il le nom ? J’émets une hypothèse : je regarde la situation dans laquelle l’économie et la politique ultralibérales ont plongé une large classe moyenne aux Etats-Unis. Des chiffres hallucinants : cent vingt millions d’Américains sont pauvres. Gabriel Zucman (La Richesse cachée des nations) écrit dans je ne sais plus quel journal qu’en cinq ou dix ans le 1% le plus riche de la population américaine a capté 85% de la hausse du niveau de vie. Etonnez-vous ensuite que ça produise des effets indésirables !
Qu’est-ce qui a produit une telle situation ? Pourquoi les inégalités ont-elles à ce point explosé ? Pour moi, la réponse est claire : le système économique, aveuglément libéralisé et financiarisé, qui règne aujourd’hui sans partage, conduit très logiquement à l’appauvrissement et à la précarisation de la plus grande partie de la population. C’est le refus de voir cette terrible réalité, de la part de tous les gens installés (les politiciens, sondeurs, économistes, journalistes, etc., bref, tous ceux qui ont intérêt à ce qu’un tel système perdure parce qu’ils croquent dans le fromage), qui a produit en toute logique le vote Trump.
Moralité : le populisme ne naît pas (ou pas seulement) tout armé « sponte sua et ex nihilo » du cerveau dérangé de quelque dictateur au petit pied (Kaczinsky en Pologne, Orban en Hongrie, Chavez au Venezuela, ...). Le populisme est le produit logique, quasiment nécessaire, du système tel qu'il fonctionne. Le populisme est une opportunité qui a été rendue possible et électoralement efficace par un système économique qui ravage la planète, et plonge des populations entières dans la précarité, la misère et le désespoir. Trump est une conséquence logique. Une drôle de conséquence quand même : c'est la première fois que le simple fait d'être un milliardaire sert d'argument pour se faire élire. Tout un symbole. Pauvres pauvres qui ont voté pour lui. Ils ne vont pas tarder à déchanter. Pardonnez-leur, parce qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. S'ils avaient su ce qui les attend à présent ...
Trump, on peut en penser ce qu’on veut, qu’il est vulgaire, sexiste, ignare, raciste, arrogant, antipathique, et tout et tout. Une caricature de clown. Certes, mais il est avant tout le symptôme de l’état pathologique dans lequel l’économisme déchaîné a mis le monde. L'invraisemblable succès de cette invraisemblable personnalité est proportionnel à l'exaspération de beaucoup d'Américains face à la montée des injustices dans la société.
Son succès a une autre explication : la faiblesse morale de son adversaire. Hillary Clinton, largement déconsidérée, incarne à la perfection la pourriture politique dans laquelle baigne l’élite des élus, et les compromis et compromissions dont ils se rendent coupables avec les géants de la finance et de l’économie, dont ils apparaissent les complices. Elle symbolise, aux yeux des gens que 2008 a plongés dans la précarité (subprimes), toutes les causes de leurs problèmes.
Une autre explication encore : 59 millions d'électeurs ont voté pour lui. Si Clinton bénéficie à peu près du même nombre de suffrages (1 million de plus), ça fait à peu près 120 millions de votants. Or il y a 231 millions d'électeurs aux Etats-Unis. Cela fait une grosse moitié de la population qui s'est déplacée. Trump a été élu avec 25,8% des voix. Cela signifie que ce que représentent les deux principaux candidats est pour quelque chose dans la répugnance des gens à aller voter (quoique l'abstention soit une maladie chronique aux Etats-Unis).
C'est un peu la même chose en France, où le Front National ne doit son émergence et sa progression qu'à la médiocrité toujours plus répugnante du personnel politique en place et à la désertion des bureaux de vote par les électeurs que cette médiocrité a provoquée. La médiocrité explique l'abstentionnisme massif, et accessoirement la disqualification de la démocratie représentative. Quand je dis "médiocrité", je veux dire l'absence totale dans le personnel politique de "sens de l'Etat" : tous ces gens ne pensent qu'à leur petite carrière.
Accessoirement, on peut se gausser de la pertinence des « instituts de sondage » en général et américains en particulier, avec leurs statisticiens, leurs questions, leurs calculs de probabilités et leurs « doigts mouillés » (il paraît cependant que les sondages publiés par le Los Angeles Times sont les seuls à avoir donné régulièrement Trump gagnant). Quand ils n’avaient pas vu venir le « Brexit », les journaux s'étaient empressés de faire amende honorable le lendemain, sur l’air de : « Il faut faire preuve d’humilité. Nous ne le ferons plus. Plus jamais ça ». Mon Dieu, que de bonnes intentions les lendemains de plantage ! Et que de rechutes à la première occasion !
L’élection américaine a balayé l’humilité. Les sondeurs, relevant le front et retrouvant leur arrogance de pseudo-scientifiques, ont foncé comme s’il ne s’était rien passé en Angleterre. Résultat, ce matin (jeudi 10), j’entendais aux informations des phrases du genre : « Les sondeurs, les journalistes, les médias ont déclaré qu’il était urgent de procéder à un examen de conscience ». Examen de conscience ! On aura tout entendu ! Gageons que tout ce petit monde, à la prochaine échéance, aura eu le temps de "prendre de bonnes résolutions", avant, le moment venu, de revenir aux méthodes favorites. Dame ! Il faut bien vivre !
Quant aux sondeurs français de 2017, parions qu’ils auront pris bonne note des errements de leurs confrères anglais et américains, et qu'ils auront à cœur de les imiter en tout point. Sondeurs, journalistes, politiciens, politologues, directeurs de journaux, éditorialistes et tutti quanti regardent le monde avec les mêmes lunettes. Ils se sont fabriqué une grille de lecture unique, qu’ils plaquent sur toutes les situations et les réalités qui se présentent, et en tirent infailliblement, après des analyses savantes, des significations, des explications, des conclusions péremptoires, jusqu’au démenti que leur infligeront les dites situations et réalités.
Le principe du sondage (avec la foutaise affabulatrice de ses « échantillons représentatifs » démesurément extrapolés ensuite à la population entière : « Vous êtes 34,3% à penser que … ») est de la même nature que n’importe quels autres arts divinatoires, de la chiromancie à l'oniromancie, en passant par la cartomancie, la rabdomancie, l'ornithomancie et la nécromancie, sans oublier la bonimentomancie et la crapulomancie. Sarkozy lui-même n'a-t-il pas déclaré qu'il ne faut pas leur accorder trop d'attention. Ce disant, il ne voit pas le grotesque de la chose, quand on se souvient de la frénésie sondagière qui avait saisi l'Elysée pendant toute la durée de son mandat.
Je suis toujours effaré de la légèreté avec laquelle des journalistes, qui se disent pourtant sérieux et professionnels par ailleurs, se réfèrent avec le plus grand sérieux apparent à des chiffres obtenus de façon en général fantaisiste, en faisant semblant de citer des données du réel. La vérité sur les sondages est que la grille de lecture qu'ils utilisent ne mesure que le déjà vu, le dûment enregistré. En gros, c'est le passé qui guide les sondages, du fait que la conception des protocoles méthodologiques se fait à partir d'un donné dûment établi. Il est donc tout à fait logique qu'ils soient démunis quand il s'agit de phénomènes radicalement nouveaux.
L’élection de Trump à la présidence américaine révèle de façon hurlante la réalité misérable de l’état matériel, intellectuel et moral dans lequel le système économique et politique des Etats-Unis a plongé une bonne partie des gens ordinaires. La dénégation de ce réel-là par les gens en place (je n'énumère pas les catégories, voir plus haut) a fait le reste. L'élection de Trump est le symptôme des pathologies dont souffre l'Amérique. Le problème, avec les USA, c'est qu'ils ont amplement prouvé par le passé qu'ils avaient le pouvoir d'exporter leurs pathologies et, à eux seuls, de détruire de fragiles équilibres politiques, et de mettre le monde dans une belle panade. Le monde a donc bien raison de s'inquiéter de l'élection de Donald Trump.
L'élection de Trump est un signe inquiétant, un sombre présage, c’est certain. Mais ce n’est pas tant Trump qui me fait peur, que l’état dans lequel est un monde où l'élection d'un tel batteur d'estrade a été rendue possible.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donald trump, états-unis, élection présidentielle, gabriel zucman, la richesse cachée des nations, seuil de pauvreté, jaroslaw kaczinsky, orban hongrie, hugo chavez, pologne, hongrie, vénézuela, populisme, américains, hillary clinton, crise des subprimes, los angeles times, brexit, sondages d'opinion, politique, nicolas sarkozy, politologues
mardi, 11 octobre 2016
DÉTAIL
Je ne sais pas si l’information est fondée. Des journalistes soutiennent que l’équipe de policiers qu’une bande de jeunes à attaquée au cocktail Molotov était là pour éviter qu’une caméra de surveillance ne soit détruite. Si c’est vrai, ça veut dire que la police était là pour surveiller la caméra de surveillance. J'aime beaucoup cette idée. D'autant plus que, depuis l’attaque, huit cars de CRS ont été envoyés à La Grande Borne, si j’ai bien compris, pour surveiller la voiture de patrouille qui surveille la caméra de surveillance. C’est logique, d’un certain point de vue. On peut d’ailleurs imaginer comment une telle logique est appelée à se développer. Pourquoi pas jusqu’à l’infini, après tout ?
Ça mérite l'appellation : "On vit une époque formidable !" (paternité : Reiser).
Voilà ce que je dis, moi.
08:55 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : police, la grande borne, cars crs, cocktail molotov, on vit une époque formidable, reiser
jeudi, 29 septembre 2016
UN FANTÔME
Voici l'avis de décès que j'ai piqué dans Le Progrès daté du 27 septembre.

Jacques Goudet a fini par avaler son extrait de naissance. Cet homme, qui fut en son temps, un personnage important au sein de l'université lyonnaise, a eu le temps et l'avantage d'être oublié par la rumeur publique. Il se trouve que j'ai un peu croisé sa route en des temps incertains, dans le "ciel de traîne" (comme disent les météorologues) qui a suivi l'orage de mai 1968. Pour tout dire, non seulement je n'étais pas un de ses familiers, mais je l'ai connu à travers une minuscule circonstance étroitement liée à l'époque. Le seul souvenir que le nom de Jacques Goudet m'évoque est en effet celui de l'escouade de gauchistes, probablement maoïstes (trotskistes ?), qui avait fait escorte à ce professeur de langue et civilisation italienne, qui restait impavide, en scandant, le bras tendu à la nazi : « Goudet fasciste ! Goudet fasciste ! ». Tout ça parce que, selon la rumeur, le monsieur avait le tort d'être en relation avec des gens peu recommandables du fascisme italien, comme un certain Pozzo di Borgo. Il se rasait soigneusement le crâne. Il travaillait, disait-on, à la création du réseau d'une internationale fasciste. C'est après tout possible. Je n'en sais rien. On disait aussi, à l'époque, qu'il était père d'une famille de onze enfants, faits ou adoptés avec une épouse asiatique, peut-être annamite. Sous-entendu : catho jusqu'au bout des ongles des doigts de pied. La personne fut sûrement un tout petit peu plus complexe que le schéma que voici. C'est juste une drôle de période qui m'est revenue en mémoire à cette occasion.
Sans nostalgie aucune, qu'on veuille bien le croire.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques goudet, lyon, université de lyon, mai 68
mardi, 27 septembre 2016
CA-LAIS ! CA-CA-LAID !!!!
Toutes les bonnes âmes qui vibrent pour le sort infâme fait aux migrants qui squattent la « jungle » de Calais condamnent l’inertie coupable du gouvernement. « Calais » est devenu un problème politique français, où les hauts responsables jugent indispensable d’aller se montrer et de se faire photographier. Les bonnes âmes ont raison, mais les bonnes âmes ont tort. Raison de s’élever contre l’inhumanité. Et tort de ne pas chercher les causes profondes.
Car les Français sont bien bons de s’apitoyer sur les malheurs de gens qui ne devraient pas se trouver là. Oui, les Français sont trop bons avec les Anglais. Tous ces gens laissés à l’abandon devraient en effet d’autant plus se trouver de l’autre côté du « Channel » que la plupart n’attendent que cela, et que c’est pour aller en Grande-Bretagne qu’ils sont venus là. Mais pourquoi les empêche-t-on de grimper dans les camions qui traversent, voire dans l’Eurostar ? La France n'a aucune raison d'endosser ce problème et de se déchirer autour de la verrue calaisienne.
Oui, comment se fait-ce ? C’est bien simple : c’est la faute au Touquet et à l’année 2003, année où Chirac l’escroc était président, et Sarkozy l’hystérique ministre de l’intérieur. Je n’imagine pas qu’ils ne soient pour rien dans le fait que la France ait accepté de mettre sa signature au bas de l’ « Accord » bilatéral. C’est de cet accord avec un pays étranger que découle directement le problème. Je ne veux pas savoir dans quels termes est rédigé cet accord, je ne veux pas savoir s'il y a quelques clauses secrètes : je voudrais que les vrais responsables de la situation en dernier ressort soient officiellement désignés. Disons-le : c'est la faute aux Anglais. Il ont réussi à débarquer sur le sol français pour y planter une grosse verrue. Le plus fort, c'est que l'affaire semble devenue à 100% franco-française.
J’ai une seule chose à dire aux futurs candidats à la présidentielle : plutôt que de parachuter autoritairement (par voie préfectorale) cette population dans des communes qui n’ont rien demandé, et dont une bonne part de la population ne veut pas ; plutôt que de construire des barrières (et même un mur végétalisé !), engagez-vous à dénoncer l’accord du Touquet. Au besoin, menacez Londres de le dénoncer unilatéralement et d’ouvrir la frontière.
Que je sache, la frontière britannique est à Douvres ! Soyons "sport" : restituons dans un beau geste leur frontière à messieurs les Anglais.
Et vous, messieurs les Anglais, assumez ! On verra alors si vous êtes des hommes ! Et si vous osez bouter les migrants dans la mer !
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jungle de calais, migrants, france, société, politique, jacques chirac, nicolas sarkozy, françois hollande, accord du touquet
dimanche, 28 août 2016
JOURNALISTES MINABLES (suite)

Dans le train, les marchandises avariées.
Photo parue dans le journal Le Monde daté 28-29 août 2016.
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Le 12 août (on peut cliquer), j'ai écrit un billet sur les journalistes "politiques", que je qualifiais de "minables par fonction". La preuve (s'il en était encore besoin), voici la photo parue dans Le Monde (daté 28-29 août). Non mais regardez-les, les plumitifs ! Je devrais dire les esclaves. Aucune dignité, aucune fierté personnelle ou professionnelle. Des larves. Titre de l'article en une (avec renvoi en page intérieure) : "François Hollande, président chroniqueur". Sous-titre : "Le chef de l'Etat aime parler aux journalistes. Beaucoup et souvent." Du côté de Sarkozy, ce n'est pas mieux : les "journalistes" font pieusement écho à ses moindres discours et, à longueur de colonnes, délaient sur leurs tartines la confiture des chamailleries de bac à sable qui l'opposent à Juppé, Fillon, Lemaire, etc.
Je pointais dans mon billet la propagandite journalistique aiguë qui a contaminé ce segment de la profession : de simples chambres d'échos, des scribes au service de leurs majestés autoproclamées (Sarkozy, Hollande, ou comment qu'ils se nomment). Tout ce petit monde croit dur comme fer à la vérité de la foutaise inventée par John Langshaw Austin, résumée dans la formule sacramentelle de la cuistrerie linguistique déchaînée : « Dire, c'est faire », qui semble conférer au mot la même valeur d'efficience qu'au marteau, au tournevis et à la clé anglaise.
Ce refrain a quelque chose à voir avec l'enfance, car quand le supposé cow-boy crie "pan t'es mort" à l'indien supposé, celui-ci fait effectivement semblant de mourir : on est dans la cour de récréation. Le terrain de jeu préféré des politiciens français, où courent également leurs complices : les "journalistes" politiques. Mais le fromage doit être délectable, à voir les grappes d'affamés qui se jettent dessus.
Tout ce petit monde, prenant la formule au pied de la lettre, participe à ce tout petit jeu qui se joue dans un petit bocal, et qui consiste à faire croire, en en offrant le spectacle au bon peuple, que les mots sortis de l'orifice buccal des politiciens sont déjà des actes (j'appelle ainsi ce qui a quelque chance de modifier la structure de fonctionnement des sociétés humaines).
Et les politologues (je pouffe et je m'esclaffe) se font une joie et un métier de décortiquer les pets de travers, les rots de fin de repas et les coliques - frénétiques quoique calculées - de ces bambins qui courent et nous feraient rire s'il ne nous faisaient rager. Tous d'accord pour donner à leur show le titre ronflant de "Vie Politique", ces petits hommes qui battent l'estrade jouent sur scène à se donner la réplique dans l'espoir de se donner réciproquement de l'existence et de la consistance.
Ils sont à cent lieues de se rendre compte qu'ils sont juste ridicules. Ils font semblant de ne pas voir que les spectateurs désertent de plus en plus massivement le théâtre où ils s'exhibent.
Des larves, décidément. Pauvres gens ! Pauvre France !
Voilà ce que je dis, moi.
14:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, société, journalistes, journal le monde, françois hollande, nicolas sarkozy
vendredi, 12 août 2016
JOURNALISTES MINABLES
LE JOURNALISTE POLITIQUE EST UN MINABLE
Les pauvres gens, vraiment ! On a pitié d'eux en les voyant se précipiter, le doigt sur la couture du pantalon, au moindre claquement de doigts de nos "hauts responsables politiques". Prenez François Hollande ou Nicolas Sarkozy, c'est kif-kif la même chose. Convoqués, les journalistes politiques accourent, se mettent au garde-à-vous et répondent en chœur : « Chef ! Oui chef ! », comme les bidasses face au "sergent La Terreur" de Full metal jacket. Même si les pisse-copie, eux, sont à l'affût des propos tenus « off the record », attendant comme le messie la petite révélation qui leur permettra de tartiner, le résultat est le même : ils sont "aux ordres".

Hollande revient des JO et glisse quelques "confidences savamment dosées" dans l'oreille des folliculaires aux ordres, bidasses de la presse française, trop honorés d'avoir été admis dans l'avion du général en chef ? Echo garanti maximum, chers téléspectateurs et néanmoins (on le dit) citoyens !
Les intentions qui transparaissent dans les confidences, les discours, les déclarations de François Hollande peuvent-elles sérieusement être considérées comme des événements ? Des actions dont tout bon journaliste se fait naturellement un devoir de rendre compte ?
Sarkozy "donne" une interview "choc" à une revue classée à droite de la droite (prière de noter le "positionnement" sur la carte électorale), où il remet en cause le droit du sol ? Echo maximum garanti, chers gogos électeurs et néanmoins (paraît-il) citoyens !
Les intentions qui transparaissent dans les déclarations et les interviews de Nicolas Sarkozy peuvent-elles être sérieusement considérées comme des événements ? Des actions dont tout vrai journaliste a évidemment à cœur de rendre compte ?
La réponse aux deux questions ci-dessus est NON.
Le journaliste politique se moque éperdument d'informer : il se goinfre et se repaît (et nous gave) de mots, de discours, de "petites phrases". Le journaliste politique s'efforce désespérément de transformer le monde virtuel où grenouille le marigot parisien en monde réel. Toute une entreprise (politiciens, journalistes, sondeurs, politologues, tous complices) travaille à donner corps et consistance à des ectoplasmes, tout comme des photographes astucieux donnaient corps à des apparitions fantomatiques, vers la fin du XIX° siècle. Une entreprise d'illusionnistes.
En vérité, une entreprise de mystificateurs.
Pour montrer qu'il a tout compris, voulant passer pour un fin analyste de la chose, en bon faire-valoir, le journaliste politique invite en effet toutes sortes de politistes, politologues et autres directeurs d'instituts de sondage, pour s'efforcer de percer à jour les intentions des uns et des autres. Les VRP multicartes de la discipline se bousculent aux portillons des antennes : Stéphane Rozès, Roland Cayrol, Brice Teinturier et compagnie pour venir jouer les "madame Irma".
Le journaliste spécialisé en politique intérieure et le journaliste sportif se ressemblent comme deux gouttes d'eau : ce dernier suppute les chances d'untel de faire cadeau à la France d'une médaille d'or, quitte, le lendemain de la défaite, à remâcher les espoirs déçus. Le journaliste politique dessine quant à lui la figure des lendemains qui nous attendent, quitte, le lendemain, à se déjuger sans vergogne en soutenant qu'il avait raison d'avoir tort. Alors que son tort principal est de faire semblant de considérer comme une "information" indispensable un propos qui n'est qu'une rumeur, que celui qui le tient voudrait bien voir considérée comme une vérité. Tant que le journaliste politique n'a pas renoncé à appeler la propagande par son nom, il se condamne à n'être qu'une chambre d'écho de celle-ci. Tant qu'il accepte de participer à ce petit jeu, qu'il le veuille ou non, il en est le complice. Il est le gardien vigilant du système à la conservation duquel il travaille.
Pauvre engeance, en vérité, que ces corbeaux plumitifs, que les vieux renards de la politique - vieux poissons, gros reptiles, perdreaux de l'année qui se rêvent en volatiles aguerris, ... -, font semblant de flatter (« Que vous me semblez beau ! »), pour mieux s'essuyer les pieds sur leur conscience, les mettre à leur service et "faire passer leurs messages".
Le journaliste politique aujourd'hui est un minable par fonction : c'est juste une antenne-relais, dont le rôle objectif consiste à perpétuer un système factice, moribond, vide de toute substance de vérité. Un propagandiste asservi à la tâche misérable de prodiguer les soins palliatifs à l'organisation politique de la France. Un urgentiste sommé de donner les apparences de la vie à une momie. Un « storyteller » avide de débiter les belles histoires féodales (adoubements et allégeances, fiefs électoraux, suzerains et vassaux, pieds à l'étrier, dynasties, ...) qui animent et déchirent les deux mafias rivales qui se disputent le gâteau "FRANCE".
Quelle pauvre presse, en vérité, qu'une presse gastéropode ! Heureusement, l'estomac des journalistes politiques n'est pas hérissé de pointes acérées comme la coque des oursins : les parquets des palais de la "République" n'y résisteraient pas longtemps.
Voilà ce que je dis, moi.
Note : si je ne parle pas d'un autre parti, que la rumeur (je veux dire les sondages) voit poussé irrésistiblement par un vent qui lui souffle en plein dans la poupe, c'est tout à fait intentionnel : on essaie de nous vendre comme un produit nouveau une vieille mécanique boutiquière, au prétexte que ce parti bousculerait les "lignes". Que ce parti bouscule les deux autres, je veux bien, mais dans le paysage politique sinistré de la France, il a tout l'air du petit malfrat qui vient marcher sur les plates-bandes des deux "familles" installées pour se faire une place au soleil. Je veux dire que le Front National est, dans ses visées comme dans ses façons de faire, sous ses airs de chien dans le jeu de quilles, une copie conforme du parti socialiste et de "les républicains", dont il est juste une caricature, qui a le seul défaut de ne pas bénéficier de la patine suave et veloutée que procure l'exercice du pouvoir dans la longue durée.
09:05 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, société, françois hollande, nicolas sarkozy, journalistes, journalisme, journal le monde, journal libération, journal le figaro, journal valeurs actuelles, politologues, politistes, instituts de sondage, stéphane rozès, parti socialiste, parti les républicains, ump, front national, jean-marie le pen, marine le pen, marion maréchal le pen
vendredi, 15 juillet 2016
ENCORE COMBIEN DE MORTS ? ...
... FAUDRA-T-IL, AVANT QUE MONSIEUR HOLLANDE COMPRENNE QUE L'ÉTAT D'URGENCE NE SERT A RIEN ?


09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nice, attentat, camion fou, état d'urgence, françois hollande, france, politique, terrorisme
jeudi, 14 juillet 2016
FÊTE NATIONALE ? ...
... OU SPECTACLE SINISTRE ET FARCESQUE DE LA FORCE ?


Où est-elle, la nation ?

Là, vraiment (1984) ?

Ou là (1998) ?
Pas cette dérision, quand même !
Une nation dans le football ? Dans une compétition ?
Chaque fois qu'on perdrait, ce serait à se pendre.
Non !
La Nation est là où on ne la voit plus : dessous.
« Je regarde le gazon. » (Lamartine et Georges Brassens)

Douaumont.

Neuville-Saint-Vaast (nécropole nationale de La Targette).

Sillery.
Chacune de ces croix fut un homme : une tête, deux bras, deux pieds plantés dans une vraie terre. Ce sont eux qui ont fait la nation. Ce sont eux que la "nation" a trahis.
Qui peut encore en avoir envie, de cette nation-là ?
On ne ressuscite pas les morts.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 14 juillet, fête nationale, françois hollande, défilé militaire, avenue champs Élysées, mondial 1998, platini, zidane, georges brassens, brassens pensées des morts, lamartine pensées des morts, cimetières militaires, cimetière militaire sillery, nécropole nationale la targette, cimetière douaumont
dimanche, 03 juillet 2016
APRÈS LE COUPAGE DE TÊTES …
… LE FOUTAGE DE GUEULE.
Ou : quand Le Monde se fout du monde.
On le sait depuis quelques décades, et même depuis quelques lustres (périodes respectivement, comme chacun sait, de dix jours et de cinq ans) : Le Monde n’est plus ce qu’il fut. Car il fut un temps où les journalistes du Monde, élevés à la dure par l’austère et disciplinaire Hubert Beuve-Méry, n’auraient même pas osé discuter en présence de leur directeur de questions jugées futiles à l’époque (la Bourse, le salon de l'auto, les courses, le sport et ... les défilés de mode). Mais s'il vivait encore, Beuve-Méry serait aujourd'hui accusé de ne rien comprendre au monde moderne : il faut vivre avec son temps, que diable ! S'adapter ou mourir (refrain des Minc-Plenel-Colombani quand ils étaient aux manettes) !
La seule et unique préoccupation de Beuve-Méry était le compte rendu du monde, l'analyse des faits, en vue de leur compréhension : j'aimerais qu'on me dise en quoi c'est rétrograde. Le Monde pouvait prétendre alors au statut d'outil. Un outil qui devait pouvoir servir utilement à la prise de décision de ceux qui avaient en main la conduite des choses. Un outil qu'il prétendait être en mesure de rendre d'une transparence absolue. Au fond, rien qu'un idéaliste.
Ces temps diplodoquiens n’ont plus lieu d’être. Soyons modernes, c’est un mot d’ordre, c’est une loi, c’est une nécessité. Reconnaissons-le : le marché a gagné, soumettons-nous à sa loi. Allons même si possible au-devant de ses attentes. Le jargon de la chose appelle ça « s’adapter à la clientèle pour répondre au plus près à ses besoins ». "Besoins", mon c..., euh, mon œil !
Si tel est le cas, j’abandonne Le Monde à son triste naufrage. Car ça va de pire en pire. Pensez, après la double page d’une interview servile de ce petit c... de virtuose du ballon rond qui a nom …, on a eu droit, dans le magazine, à la bite d’un célèbre acteur du cinéma porno, qui se targuait, si je me souviens bien, d’une bandaison de vingt-quatre centimètres. Je n'ai assisté à sa performance que la fois où celle-ci s'introduisait dans Caroline Ducey, au cours de l'affligeant Romance X (ci-dessous, avant ou après l'action, j'ai oublié, et j'ai même oublié l'impression que cette performance procurait à la dame) de la regrettable Catherine Breillat.

Moins désolant, mais agression quand même, présentement dans les pages du Monde, on a les défilés de mode masculine. Je
prends ces pages comme autant de crachats dans la figure. Déjà, je voyais les potiches de Karl Lagerfeld défiler au pas sous le commandement de cet adjudant déliquescent comme le fin du fin de l’humiliation de la femme … Avec le défilé des éphèbes, Le Monde réalise une sorte de couronnement de la niaiserie marchande qu’imprime l’univers de la mode dans la mentalité béate d’un public de consommateurs, avec la complicité de l’industrie du luxe étalée en quadrichromie.
Les petites têtes de nœud (pardon !) qui défilent dans leurs parures improbables insultent mon intelligence. Pour autant, je ne passerai pas par la page « Médiateur » ("modérateur" aussi est jugé très seyant) du journal pour faire savoir à la rédaction combien les pages « Style » du quotidien et du magazine provoquent chez moi des éruptions d'allergie. J’espère juste qu’un de leurs « veilleurs internet » tombera sur ma page, et en répercutera l’humeur aux responsables. Je ne le cache pas : cette humeur ressemble à de la colère.
Je suis désolé : je ne suis pas "moderne", je ne suis pas "mainstream". Journaliste spécialisé dans
la mode ? Est-ce bien sérieux ? C'est quoi, le journalisme aujourd'hui (voir mes billets du 13 au 15 juin sur le livre de François Ruffin Les Petits soldats du journalisme) ? Non, je ne suis pas "moderne". Pensez donc, j'en suis encore à n'exiger de mon téléphone que de me permettre de téléphoner. Et je demande juste à mon journal de me procurer des informations, mais des vraies, pas des sondages ou des défilés de mode (visez un peu la dégaine du mec ci-contre). Avec les images de la mode masculine, il attise juste mon aversion pour le monde tel qu’il se dessine et s'annonce : ridicule, futile et asservissant.
Si Le Monde se met à vanter sans esprit critique l'adhésion à ce monde de veulerie publicitaire, je peux d'ores et déjà lui annoncer ma désertion prochaine. Des journalistes « à carte professionnelle » sont-ils capables d’entendre ce ras-le-bol ? Ohé, Le Monde, ne vous laissez pas endormir par les analyses scientifiques et les statistiques des « sociologues du lectorat ». Ruffin le dit très bien : les « managers » (c'est le mot) des rédactions veulent publier avant tout des sujets « vendeurs » (sous-entendu, ce qui se vend le mieux, c'est la soupe, ainsi que la salade). Ohé, Le Monde, restez ou redevenez journalistes, si vous en avez encore les moyens ! Faites aux lecteurs sérieux (il en reste) des offres qui tiennent la route, et je suis (presque) prêt à parier que les besoins d'alimenter la presse sérieuse en publicités et autres sujets futiles et contraignants diminueront d'eux-mêmes.
Sinon, je vous préviens, si vous continuez sur la voie de mériter toujours plus le titre de votre célèbre pastiche

, je vous dirai merde, et il ne faudra pas vous demander pourquoi. Et ce sera définitif.
Voilà ce que je dis, moi.
NOTE : entendu dans une émission de France Culture sur le journalisme. C'est un journaliste hollandais (= néerlandais) qui parle : « La différence entre les journalistes français et les hollandais, c'est que, en Hollande, les journalistes ne couchent pas avec les hommes politiques ». Dans le mille, Emile !
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX, UNE EPOQUE FORMIDABLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journalistes, journalisme, journal le monde, magazine m, zlatan ibrahimovic, catherine breillat, caroline ducey, rocco siffredi, romance x, hubert beuve-méry, défilé de mode, mode masculine, médiateur journal le monde, françois ruffin, les petits soldats du journalisme
samedi, 02 juillet 2016
BREXIT : PERSONNE N’EST PRESSÉ
Je me garde comme de la peste de l’arrogance qu’il y a à dire comment les choses vont se passer : je connais trop de gens qui passent beaucoup de temps à soutenir mordicus que « ça va péter », que « ça va mal finir » ou que « le pire est devant nous » (quand je dis des choses comme ça, je m'efforce au moins de m'appuyer sur un "faisceau d'indices concordants"). Mais là, j’avoue, la façon dont les événements semblent devoir se passer (restons prudent) semble donner raison à ce que je hasardais les 27 et 29 juin : le vrai Brexit, le définitif, l’irréversible, ça peut attendre.


D’abord un coup de chapeau à Charles de Gaulle : si vous avez la curiosité de visionner sa conférence de presse du 14 janvier 1963, vous constaterez, dans un premier temps, avec quelle classe et quelle hauteur de vue il aborde l’exercice. Pas besoin de voir les 82’ et quelques : vous pouvez vous reporter à 26’25" (environ) pour savoir ce qu’il dit de l’entrée de l’Angleterre dans le Marché Commun. Cet homme a tout compris au sens de l’histoire. L’entrée, malgré la prophétie, du Royaume a introduit dans le corps européen – qui fonctionnait, ma foi, vaille que vaille – une paralysie, à laquelle sa puissance à l’époque n’est pas étrangère. L’Angleterre fut dès le départ un corps étranger. Malveillant et puissant.


Aujourd’hui le peuple britannique, comme le peuple français en 2005, oppose une réponse fermement négative (quoique, 52%, ça peut se discuter, d’ailleurs c’est ce qu’ils font) à une question posée. Pour la France, on sait ce qu’il est advenu de ce choix national quand Sarkozy a été aux manettes. Après un « légitime moment d’affolement », la Grande-Bretagne s’achemine benoîtement vers une issue en tout point semblable. En témoigne l’article paru dans Le Monde daté du 2 juillet, à commencer par le titre et le sous-titre. Remarque, ils peuvent aussi se tromper. J’ai tendance à croire que non.

Ignorer le vote : eh oui, c'est simple, il suffisait d'y penser.
Confirmation journalistique (l'auteur de l'article est Éric Albert) : les classes dirigeantes sont toutes d'accord pour se passer de la volonté des peuples. Ne laissons pas les manants mettre leur nez dans les affaires sérieuses.
Je disais que le gouvernement britannique s'apprête à imiter Sarkozy : s'asseoir sur la démocratie. Jusqu'à quand les peuples avaleront-ils les bobards ?
Accessoirement, comme certains le suggèrent déjà, qu'est-ce qui pend au nez de l'Europe si le Brexit s'exécute dans les formes ? Eh bien c'est tout simple (même si les mécanismes techniques échappent à la comprenette de monsieur tout le monde) : la Grande-Bretagne pourra enfin s'assumer en pleine lumière comme le premier paradis fiscal de la planète, et ajouter officiellement la City de Londres aux paradis que sont déjà l'île de Man, Jersey et Guernesey.
Mais ce n'est pas tout : il faut en effet s'attendre à une jolie guerre fiscale en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés. L'Europe avait déjà en la matière, dans ses propres murs, une Irlande prête à tout (un taux de 12% au lieu de 35 ailleurs) pour attirer les siège des plus grandes entreprises transnationales (les "GAFA" : Google, Apple, Facebook, Amazon). Londres doit s'aiguiser les canines pour lui mordre les mollets.
L'Union Européenne n'a pas fini de nous couvrir de sa fiente.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brexit, journal le monde, charles de gaulle, city de londres, paradis fiscaux, éric albert
vendredi, 01 juillet 2016
ON NE SAIT PLUS OÙ …
… DONNER DE LA TÊTE À COUPER











Hérode dit à Salomé : « Non merci, sans façon, je ne mange pas de ce pain-là. Le reste était délicieux, mais de toute façon, je n'avais plus faim ».


En 1927, Tchang Kai Chek n'aimait pas les syndicalistes. Au moins la photographie rend-elle compte honnêtement de la souffrance de l'animal au moment d'être égorgé rituellement dans l'abattoir (cf. l'association justicière L 214, qui oeuvre, malheureusement, en faveur exclusive de la "cause animale" : va savoir ce qu'il en est d'une improbable "cause humaine").


Ci-dessous, explication de l'image ci-dessus.


Le virtuose du sabre s'amuse comme un petit fou.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal des voyages, lucas cranach, barbares, décapitation, tchang kai chek, association l 214, cause animale, ethnographie
jeudi, 30 juin 2016
LEURS TÊTES A COUPER ...
... OU : CHERCHEZ LES INTRUS.



Ici, c'est un derviche. Le donneur d'ordre est Emin Pacha.


Le temps passe, le geste reste.

« All the lonely people, Where do they all belong ? » (Beatles)
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal des voyages, décapitation, daech, organisation état islamique, chrétiens d'orient
mercredi, 29 juin 2016
SA TÊTE A COUPER ...
... CHEZ LES BA-YANZI



Ce reportage photographique, avec le doux récit d'une coutume si raffinée par un certain A. Pilgrim, figure dans le Journal des voyages n°680 du 20 juillet 1890.
**********************
NOTE
Selon toute apparence, les Anglais sont en train de bien se marrer : le peuple a voté la sortie, mais le peuple ne peut obliger le gouvernement à envoyer la satanée lettre de démission prévue par l'article 50. Le gouvernement britannique s'apprête donc à s'asseoir sur le référendum du Brexit. Et les "Européens" (comme on dit) se retrouvent "Gros-Jean comme devant", encore plus impuissants qu'avant, si c'est possible. Personne n'est en mesure de dire si l'on a atteint les sommets de l'absurde. Comme dit la fière devise : « CITIUS, ALTIUS, FORTIUS ».
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brexit, grande bretagne, europe, référendum, journal des voyages, barbares
jeudi, 23 juin 2016
HOLLANDE ET LES « RÉFORMES »
Avant de parler de François Hollande, rappelons quelques souvenirs cuisants du passage de Nicolas Sarkozy (le George W. Bush français, surnommé "le binaire", son esprit étant hermétique à la complexité du monde) à l’Elysée. Dans le bilan de ce sinistre individu qui menace la France de revenir au pouvoir pour finir de la vider de son contenu ancien, on peut compter (j’en omets, car on n’en finirait pas) :
- côté police, la désastreuse élimination de la « police de proximité » mise en place sous Jospin (il était encore ministre de l’Intérieur), qui avait montré son indéniable efficacité, mais surtout la dévastatrice fusion de la DST (Défense et Sécurité du Territoire, le contre-espionnage) et des RG (Renseignements Généraux, le renseignement intérieur « de terrain »), deux maisons aux « cultures » radicalement hétérogènes. Mohamed Merah fut le premier bébé né de cette fusion, avant beaucoup d’autres.
- la dévastatrice réforme de la carte judiciaire, menée non pas tambour battant, mais carrément au canon (et avec les dents), par Rachida Dati, qui avait vu descendre dans la rue d’inédits et impressionnants cortèges de robes noires, et même de robes rouges.
- et ce qui est à l’origine de ces deux naufrages des institutions françaises : l’immortelle RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques), qui refusait d’avouer dans son appellation qu’elle était vouée au but exclusif de saigner la Fonction Publique, toutes Administrations confondues, en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux au moment de son départ en retraite. On a pu vérifier dans les faits des quelques dernières années l’effet miraculeux de cette politique sur l’état économique, éducatif, politique et sécuritaire de la France. Ce qui n'a pas empêché les dépenses de l'Etat de croître et embellir.
Après le démolisseur est donc venu un César au petit pied, qui n’est entré à l’Elysée que parce qu’il s’était fabriqué pour l’occasion le masque d’un « Monsieur Tout-le-monde », qu’il n’a pas tardé à jeter, une fois refermées les portes du Palais sur la légalité irréfutable de cette confiscation pour cinq ans de presque tous les leviers du pouvoir.
Je ne retiendrai ici, dans le bilan de ce sinistre individu (la France est-elle maudite ?), que quelques « réformes », prises dans leur chronologie (j'en omets, car on n'en finirait pas) :
- la loi introduisant dans la société et dans les mairies françaises le mariage des homosexuels mâles avec leurs pareils, même chose pour les homosexuelles femelles, à égalité avec le mariage normal, je veux dire d’un homme et d’une femme, au mépris de l’avis d’une bonne moitié de la population normale, clairement exprimé dans les rues de nos villes (quels que soient les sondages et les calculs qu’on pouvait percevoir derrière certaines indignations).
- la loi instaurant le redécoupage des régions définies lors du vote sur l’ancienne loi Defferre, au mépris de l’avis de beaucoup d’élus et de l’incompréhension ou l’indifférence d’une majorité de la population devant tant de hâte et de précipitation à présenter une telle réforme, informe et impensée, comme cruciale, urgente et indispensable.
- dernière en date : la réforme du Code du travail, qui balaie d’un coup violent les digues qu’un lent processus avait, dans des relations conflictuelles, patiemment élevées pour protéger la faiblesse inhérente au statut de ceux qui ne possèdent que leur force de travail pour subvenir à leurs besoins.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les modalités de ces trois réformes sont strictement identiques sur un point essentiel : il s’agit de trois coups de force. Trois putschs légaux. Notre président est un putschiste. François Hollande, on le savait bien avant 2012, n’est pas un Homme d’État, ce n’est même pas un petit boutiquier, c’est un arrière-boutiquier, qui n’a aucune prise sur les événements et qui, pour cette raison, en est réduit à se livrer à des petites ruses, à des calculs d’épicier pour voir quel avantage il pourra tirer ou quel désavantage il pourra éviter.
Ce tout petit homme, quand il n’est pas obligé de se retirer du jeu de quilles la queue basse parce qu’il s’est emmêlé les pinceaux dans une banale opération de communication (cf. le bazar autour de la « déchéance de la nationalité »), il est contraint, pour faire passer ses lois, de les parachuter d’en haut, en flattant ou intimidant ses godillots du Parti Socialiste, et quand ce n’est pas possible, il n’hésite pas à se passer de l’avis du Parlement : il tire au calibre 49,3 en disant à ses rebelles : « Même pas cap’ de voter une motion de censure ! ». Bien que ce ne soit pas passé loin la dernière fois, gageons qu'ils se montreront disciplinés : ils pensent à leur législative de 2017 et à la carotte de l'investiture que le bâton du parti leur met déjà sous le nez.
C’est ce tout petit homme qui s’était pourtant fait élire en promettant (« croix de bois-croix de fer-si je mens je vais en enfer ») de promouvoir en toute circonstance le « Dialogue », l’ « Echange » et la « Concertation ». Le résultat, on l’a vu : monsieur Hollande a vite versé dans l'autoritarisme des faibles, vous savez, ces petits tyrans domestiques qui se vengent le soir sur la maisonnée des avanies et humiliations que leur supérieur leur a fait subir dans la journée. Le débat ? Fi donc ! Hollande est un champion du débat par la méthode forte. Et même brutale.
Non, personne ne saurait vous prendre au sérieux, monsieur Hollande. Les nouvelles régions, par exemple, le gouvernement aurait pu lancer dès 2012 une vaste concertation programmée, je ne sais pas, disons sur deux ans, délai qui aurait permis à tous les acteurs de terrain de s’entendre et, pourquoi pas de faire des propositions, de déplacer des limites de territoire. Trop compliqué. Et puis ça aurait eu le fâcheux inconvénient de laisser l’initiative à la population. Même chose pour le mariage homosexuel. Même chose pour la « loi Travail ». Non, il vaut mieux trancher, sinon on va encore se faire taxer de passivité, se dit-il.
L’improvisation à laquelle a donné lieu la « réforme territoriale » et le grotesque dans lequel ont plongé les sordides discussions de marchands de tapis au sujet de leurs contours et de leur nombre illustrent à merveille l’incompétence d’un homme dépourvu de toute vision de l’avenir, et dont toute l’action « politique » consiste à caboter sans trop s’éloigner des côtes et à opérer « à vue » de savantes et retorses petites manœuvres pour esquiver au dernier moment la menace du rocher à fleur d'eau, qu'il n'avait pas aperçu.
L'improvisation fait rage : acte I : Valls-Hollande menace de « prendre ses responsabilités » si la CGT appelle de nouveau à manifester malgré la présence de « casseurs » (question : quelles consignes ont été vraiment données aux forces de l'ordre, qui identifient en quelques heures des hooligans russes, et qui mettent les violences sur le compte des syndicalistes eux-mêmes) ; acte II : Valls-Hollande déconseille à la CGT (sept syndicats signent l'appel) d'organiser une nouvelle manifestation ; acte III : les syndicats persistent dans leur intention de manifester ; acte IV : la sentence tombe, la manifestation est purement et simplement interdite par le préfet (le plus libre de tous les hauts fonctionnaires, comme chacun sait) ; acte V (coup de théâtre, qui a pris de court le journal Le Monde, ça s'appelle "deus ex machina") : une heure à peine après l'interdiction : la manif est autorisée, sur un parcours court. C'est la panique à bord, il n'y a plus de pilote. Le bateau qui prend l'eau file sur son erre, hors de contôle.
Embrassons-nous Folleville : c'était donc une FARCE. Déconsidérés, couverts de crotte et de ridicule, Hollande et Valls devaient encore avoir un œil sur les sondages : le sondage électronique quotidien du Progrès indiquait, mardi 21 juin, 80% d'opposants à toute interdiction de manifester. Je ne veux rien dire, mais je me demande si le titre d'un vieux feuilleton radiophonique ne devient pas de la plus urgente actualité. Cela s'appelait "Ça va bouillir". Je crains, hélas, que le pays ne s'approche irrésistiblement d'un tel seuil de température. Que va-t-il rester de vous, monsieur Hollande ?
Non, décidément, monsieur Hollande, ce n’est pas ça, un Homme d’État.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas sarkozy, françois hollande, élection présidentielle, palais de l'élysée, france, politique, société, lionel jospin, police de proximité, dst, défense sécurité territoire, rg, renseignements généraux, mohamed merah, rachida dati, rgpp, président normal, moi pésident, code du travail, loi travail, loi el khomri, réforme territoriale, parti socialiste, dialogue social, cgt, force ouvrière, journal le progrès, manuel valls, journal le monde
vendredi, 17 juin 2016
LONGTEMPS AVANT ORLANDO
LE MEURTRE, TRADITION FOLKLORIQUE AMÉRICAINE
L’Amérique est un fort beau pays, et les Américains sont de bien braves gens, comme le montrent très régulièrement les fusillades auxquelles ils se livrent, sans doute « pour se désennuyer un peu » (Tonton Georges, "Saturne"). On peut le vérifier en lisant dans Le Monde les statistiques établies par le site Shooting tracker ou l’organisation Gun Violence Archive. Cette dernière indique par exemple qu’en 2015, on dénombre 12.191 personnes tuées par balle au cours de 353 fusillades (une par jour ou peu s’en faut). En somme, pas de quoi s’inquiéter : dormez tranquilles, braves gens. Chers Américains : s'ils n'existaient pas, faudrait-il les inventer ?
Le meurtrier d’Orlando, dont les médias soulignent, selon leur "orientation", les motivations terroristes, psychiatriques ou homophobes (mais on a du mal à comprendre ceux qui soutiennent cette dernière thèse, hormis le fait qu’elle leur permet de prendre la posture toujours hautement prisée et le statut quasi-sacré de la Victime - voir la longue plainte martyrologique - en fait un plaidoyer pro domo - de Jean Birnbaum dans Le Monde daté 17 juin 2016), comme tous les autres Américains, est venu d’ailleurs. Comme tous les autres Américains, il a pu acquérir une arme de guerre, grâce à la vigilance de la NRA, cette bienfaitrice de l’humanité qui monte une garde intraitable à l’entrée du deuxième amendement pour empêcher que des mains sacrilèges viennent bousiller le droit de porter des armes sur la voie publique.

Il suffit de se pencher sur l’histoire longue des Etats-Unis pour se rendre compte que le flingage philanthropique du prochain est une vieille tradition de cette nation d’une proverbiale piété chrétienne (quoique protestante). C’est ainsi que dans le numéro 376 du Journal des Voyages, daté du dimanche 21 septembre 1884, un certain Daniel Arnaud raconte la même manie des Américains de s’entretuer très chrétiennement. La scène se passe au « théâtre du Vaudeville » de San Antonio (Texas). Où l’on voit que les champions du progrès technique et de la prospérité matérielle à tout prix ne se lassent pas de ce passe-temps qui consiste à faire mourir autrui.

L’article dont l'image de « une » ci-dessus est le support et le motif est joliment et spirituellement intitulé « Les singularités américaines ». C’est vrai ça : quel peuple singulier ! Jugez plutôt : « Les Américains ont plus d’un côté original dans leur civilisation – qui est la civilisation anglo-saxonne avec une singulière exagération de la volonté individuelle. Ce qui les caractérise le mieux peut-être, c’est leur indiscipline sociale, se traduisant pas un manque absolu de déférence pour la justice, une excessive répugnance à avoir recours à sa protection et à s’abriter derrière ses décisions ». Pour l'exagération de la volonté individuelle, on serait assez d'accord, mais on se demande où l’auteur est allé chercher cette répugnance au juridique : les USA sont aujourd’hui le pays où le taux d’avocats par habitant constitue un record du monde, ce qui n'empêche nullement les armes de circuler et de faire entendre leurs aboiements. Passons.
Il est vrai que Daniel Arnaud embraie sur l’histoire d’un Américain célèbre dont le nom propre a produit un nom commun : « C’est ainsi que, de l’autre côté de l’Atlantique, à l’exemple du juge irlandais Lynch, condamnant et exécutant de ses mains son fils coupable d’un meurtre, les populations ont pris l’habitude de se faire justice en dehors des tribunaux ».
Les sources de Daniel Arnaud sont discutées par de hautes autorités : au sujet de Lynch, qui a donné lynchage (après "Lynch's law", expression de 1782), l'encyclopédie en ligne indique « un certain Charles Lynch (1736-1796), "patriote" de l'Etat de Virginie », alors que le Robert historique explique que c'est le « Capitaine William Lynch (1742-1820) de Virginie, qui eut l'initiative de cette pratique ». Je n’ai pas cherché à en savoir davantage, même si je sais que le Journal des Voyages n'hésitait jamais devant une image un peu forte qui, à ses yeux, faisait plus « couleur locale » (et même "haute fantaisie", voir billet du 8 juin).
Au Texas, qui est non seulement un Etat du Sud mais aussi un Etat de l’Ouest, les hommes de 1884 ne se séparent jamais de leur arme : « Les Yankees ne sauraient sortir de chez eux sans emporter dans leur poche un revolver chargé. Aussi dans la rue, dans un café, dans un théâtre, dès qu’une querelle s’envenime, des paroles on passe aux coups … de pistolet. Les passants recueillent quelques balles dans les pans de leurs habits ». Des habits en acier, sans doute.
Le duel dont parle Daniel Arnauld n’est pas daté. La source, un journal américain, n’est pas nommée. Mais fi de ces vains détails ! Il suffit que l’essentiel soit préservé : Ben Thompson (quatre balles dans le buffet) et Ning Fisher (trois balles seulement : moralité, soit les deux visaient comme des pieds, soit les munitions manquaient de « puissance balistique ») se sont entretués alors qu’ils assistaient depuis les deuxièmes galeries au spectacle offert ce soir-là au théâtre du Vaudeville de San Antonio (Texas). Ben Thompson s’était illustré « le 18 décembre dernier », en assassinant Jack Harris, le propriétaire de la salle. Je note pourtant que personne ne lui en a interdit l’entrée le jour du duel fatal.
Comment en est-on arrivé à ces extrémités ? Le récit est pour le moins elliptique sur les motifs de l’algarade : « Ils ont pris place dans la seconde galerie et, à peine assis, ils ont commencé à se quereller. Un autre spectateur, Joe Foster, a essayé de les apaiser et a reçu aussitôt une balle dans la jambe. Le premier coup de feu a été rapidement suivi de plusieurs autres, et la salle de spectacle fut bien vite évacuée avec précipitation, la plupart de ses occupants sautant sur le parquet et les autres s’élançant par les fenêtres dans la rue ». Un petit air de Bataclan, vous ne trouvez pas ?
Je ne m’attarde pas sur le reste de l’article, où l’auteur évoque les bars (« sortes de boutiques de liquoristes installées à l’extérieur des grands hôtels américains », l'auteur ignorait tout du genre "western") et les « cafés chantants », où abondent les « tables de jeu », toutes circonstances si propices au langage de la poudre, surtout quand le bourreau alcool a fait son office.
Omar Mateen, finalement, qu’il soit homophobe, mentalement dérangé, alcoolique (comme il semblerait), homosexuel (comme il semblerait) ou affilié à l’état islamique (je laisse les minuscules), est un digne héritier de cette magnifique tradition américaine qui fait de l’arme à feu un symbole absolu (il faudrait dire : "le fer de lance", voire "l'arme suprême") de la liberté individuelle.
La définition américaine de la liberté individuelle a quelque chose d'effrayant.
Voilà ce que je dis, moi.
Note : in memoriam Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, tués par un fou d'Allah, dans des conditions tellement terribles à voir que les propagandistes de l'état islamique ont supprimé de la vidéo faite par Larossi Abballa les images où apparaissait le petit garçon de trois ans. Une pensée pour lui, il en aura besoin.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, usa, journal le monde, georges brassens, brassens saturne, orlando floride, pulse, boîte homo, gays, massacre orlando, jean birnbaum, nra, national rifle association, journal des voyages, san antonio texas, loi de lynch, lynch's law, lynchage, omar mateen, homosexualité, homophobie, jean-baptiste salvaing, jessica schneider, magnanville, mantes-la-jolie, allah, islam, musulmans, état islamique, larossi aballa
mercredi, 15 juin 2016
LA PRESSE DANS UN SALE ÉTAT …
… OU LA GRANDE MISÈRE DU JOURNALISME AUJOURD’HUI
3/3
Dans le livre de François Ruffin Les Petits soldats du journalisme, un mot m’a frappé parce qu’il apparaît à plusieurs reprises : c’est le mot « révolte », qui devrait selon lui fournir une sorte de guide moral à la pratique des métiers de la presse. Il s’insurge contre le fait que les jeunes journalistes qui entrent dans les écoles spécialisées (CFJ-Paris, ESJ-Lille, …) sont dressés à rendre compte du réel sans aucun recul, à s’en tenir au fait brut et à s’interdire tout commentaire et toute analyse.
A faire comme si la réalité décrite était naturelle, donnée une fois pour toutes et immuable. Combien de fois se fait-il rabrouer par les enseignants pour être sorti de ces clous-là, et s’entend reprocher de n’être pas assez « fun » ou « léger », et trop « intello », mais félicité quand il corrige au moyen d’une « somme de poncifs » (p.252) ?
On peut ne pas être d’accord avec lui : la révolte ne saurait être érigée en principe. Il suffit de décrire la réalité du bagne de Cayenne en 1923 dans une série d’articles retentissants pour qu’une prise de conscience s’opère. Le célèbre « porter la plume dans la plaie » d’Albert Londres, ça ne veut pas dire passer son temps à porter des jugements sur ce qu’on voit et clamer qu’on en est scandalisé. Cela veut dire rendre compte avec précision et exactitude de la réalité.
Le journaliste n’a pas à vouloir faire partager sa révolte à son lecteur : la réalité qu’il met en mots doit se suffire à elle-même, le grotesque ou l’insupportable d’un personnage ou d’une situation, correctement formulés, n’ont pas besoin de l’appui péremptoire de celui qui écrit. Et je dois dire que cet aspect du livre me fatigue.
C’est ainsi que Ruffin aurait utilement pu se contenter de montrer comment de très nombreux articles sont écrits dans l’urgence (délais très courts exigés) ce qui est en soi un très mauvais signe. Même chose en ce qui concerne la copie qu’il faut « pisser » à jet continu : « produire » est un Graal. Même chose pour la futilité des sujets que le « petit soldat » est obligé de traiter : Ruffin cite un Edmond, de RFI (Radio France Internationale), qui fait le siège pendant des mois du directeur de la FAO, et une fois l’entretien obtenu, se voit imposer par ses chefs « une interview sur la pluie et le beau temps » (p.230).
En revanche, le point fort de ce livre est de s’appuyer sur une base bibliographique d’une solidité à toute épreuve : les auteurs ne manquent pas pour ajouter une critique méthodique et, souvent, universitaire, à celle, disons plus « spontanée » de Ruffin. Il cite, entre trente auteurs, Serge Halimi (Les Nouveaux chiens de garde), Yves Roucaute (Splendeurs et misères des journalistes), des thèses, des enquêtes sociologiques, etc. La documentation personnelle et l’observation in vivo sont irréprochables.
Ce qui ressort avant tout, au sujet de l’exercice de la profession, c’est son extrême précarisation au fil du temps, et j’imagine que ça ne s’est pas arrangé depuis 2003. C’est ainsi qu’un journaliste en exercice a enchaîné plus de 20 CDD, avant de se voir éjecté au moment de signer le fameux CDI tant promis. Et ce n’est pas le seul exemple cité par François Ruffin. Cette situation éminemment fragile fait du journaliste un jouet manœuvrable à merci entre les mains des pouvoirs qui s’exercent au sein des rédactions.
Il faut savoir qu’à la date de publication, le taux de « journalistes précaires » (titre d’un livre du sociologue Alain Accardo) dépassait les 50%. Combien de journalistes sont aujourd’hui assez assurés de leur poste pour bénéficier de l’indépendance d’esprit et de la liberté suffisante pour choisir leur sujet et écrire leurs articles comme ils l’entendent ? Cette organisation du métier, tout à fait méconnue, devrait susciter une méfiance accrue de la part des lecteurs.
Mais le pire de tout ce qu’on découvre dans le livre de François Ruffin, même s’il se défend de tout règlement de compte, c’est l’image que son livre donne du Centre de Formation des Journalistes (CFJ), cette école d’élite dont sortent les grands noms qui brillent aujourd’hui au panthéon de la profession : Pierre Lescure, Laurent Joffrin, Patrick Poivre d’Arvor, Franz-Olivier Giesbert, Paul Amar, etc.
C’est en effet une élite : « Deux mille journalistes, en tout, sont issus du Centre entre 1947 et 2002. Deux petits milliers, à peine. Une goutte d’eau dans l’océan des 32.758 titulaires d’une carte de presse. Mais cette frange-là compte dans les supports qui comptent : plus de cent à l’AFP, une soixantaine au Monde, quarante à Libération, une trentaine à TF1, cinquante à France 2, une vingtaine au Figaro, à L’Express, à Europe 1, etc. Et dans leurs entreprises, ces diplômés stagnent rarement à la base » (p.14). Et c’est cette élite qui, jouant les interfaces entre les sphères du pouvoir (politique, industriel, financier, etc.) et les structures hiérarchiques des journaux (tous médias confondus), formatent en direction des populations consommatrices les représentations du monde qu’il convient qu’elles adoptent. C’est cette élite qui donne à la vie du plus grand nombre le sens qui sert le mieux les intérêts du tout petit nombre qui en profite.
La situation dans laquelle se trouve le CFJ en 2003 est assez particulière. L’école a déposé le bilan, et doit s’adapter aux « nouvelles nécessités ». Les bailleurs de fonds qui ont permis au CFJ de perdurer posent évidemment leurs exigences.
On ne s’étonnera donc pas que les futurs employés des entreprises de presse soient formatés selon le cahier des charges fixé par eux. Cela fonctionne comme tout système : l’investisseur (Dassault, Lagardère, Drahi et Cie) achète un médium (journal, magazine, radio, télé, web) qu’il fait fonctionner grâce à une équipe de rédaction qu’il paie, composée de journalistes qui auront été formés par une école au financement de laquelle ils contribuent.
On ne s’étonnera donc pas que les murs de l’ « indépendance » des journalistes soient de plus en plus lézardés, d’autant plus qu’ils sont battus en brèche par les chantages éventuels des annonceurs, qui n’aiment pas qu’un rédacteur se permette dans un article de contredire les bienfaits d’une marchandise vantée par l’encart publicitaire avec lequel il voisine.
Bref, sale temps sur la planète « Journalisme ». Comme le dit le titre d’un livre de Bernard Morrot, cité par Fraçois Ruffin : France, ta presse fout le camp (L’Archipel, 2000). De profundis clamavi ad Te, Capital. Le vrai journalisme, celui qu'on idéalise (Albert Londres !...), contredit par sa nature même, de plus en plus, l'évolution irrésistible de la société spectaculaire-marchande. On sait à peu près quelles salades les marchands se proposent de nous vendre. Quant à eux, ils savent exactement de quel genre de journalistes ils ont besoin pour bonimenter le bon peuple : il suffit de les obliger, en les précarisant, à venir quémander leur pitance dans la main des bailleurs de fonds.
Les Petits soldats du journalisme : que voilà un petit livre diablement utile pour vous désenchanter de la lecture de la presse ! Ma foi, malgré ses aspects contestables, François Ruffin y propose un vrai travail de bon journaliste !
Voilà ce que je dis, moi.
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mardi, 14 juin 2016
LA PRESSE DANS UN SALE ÉTAT …
… OU LA GRANDE MISÈRE DU JOURNALISME AUJOURD’HUI
2/3
Donc, dans ses Pointes sèches, Philippe Meyer laissait entendre, par la phrase que j’ai citée hier, que la profession journalistique actuelle était essentiellement moutonnière, puisqu’il proposait qu’elle adoptât pour saint patron le personnage rabelaisien de Panurge. Précisons que, dans le Quart livre de maître Alcofribas, Panurge est celui qui se contente de mettre en lumière, en dramatique et en burlesque, la nature moutonnière du mouton.
Dindenault, ce marchand méprisant et imbu de lui-même, lui vend une bête hors de prix (« trois livres tournoys », soit le prix de quatre ou plus), sans se douter une seconde de l’intention du pendard qui contrefaisait l’idiot pour mieux provoquer sa perte (« Jamais homme ne me feist desplaisir sans repentance, ou en ce monde, ou en l’aultre », déclare-t-il ensuite à Frère Jean). Dindenault et ses moutons périssent noyés misérablement.
Car c’est l’un des prodigieux effets de la mise en concurrence, si chère au cœur des djihadistes du libre-échange : tout le monde copie tout le monde, puisque tout est mesuré, pesé et calibré à l’aune de la sacro-sainte audience. Dans Les Petits soldats du journalisme, François Ruffin raconte en détail les dégâts que produit une telle conception mimétique du métier, une conception qui oriente impérieusement la façon dont les écoles de journalistes l’enseignent aux futurs praticiens.
Et ce sont ces troufions taillables et corvéables à merci, employés dans des entreprises de presse possédées par les cadors et tycoons de l’entreprise, de l’économie et de la finance (Bolloré de Canal+, Lagardère de Elle, Paris-Match et quelques autres, Dassault du Figaro, Drahi de Libération, Bergé-Niel-Pigasse du Monde, et combien d’autres ?), qui confectionnent inlassablement, jour après jour, les images et les mots dont il faut que les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs des différents médias se convainquent qu’ils nous disent le monde tel qu’il est de façon authentique et véridique.
Quelles sont les caractéristiques des métiers actuels (selon le médium pratiqué) du journalisme, selon François Ruffin ? Je viens de parler de la première : l’uniformisation de l’information provoquée par le mimétisme, lui-même induit par la concurrence féroce que se livrent des médias en proie à la frénésie de la course à l’audience. Résultat : tous les canaux d’information racontent les mêmes choses, d’où l’effet de masse provoqué par ce rétrécissement saisissant de la réalité du monde : « Le ratage, c’est de ne pas publier la même chose que les autres au même moment », déclare Georges Abou, cité par l’auteur (p.78), intervenu dans le livre de Sylvain Accardo Journalistes au quotidien (Le Mascaret, 1995).
Ruffin conclut : « C’est un réel réduit à une peau de chagrin que nous offrons à l’opinion » (p.67). Il ne s’agit plus de raconter le monde, mais de « satisfaire » un « besoin ». Il faut servir au public ce que les journalistes « pensent que "leur public" a envie d’entendre » (p.131), c’est-à-dire servir la soupe : « On s’intéresse d’abord au lecteur : de quoi veulent-ils qu’on parle ? De quoi parlent-ils avec leurs amis ? C’est ça qui doit faire la une du lendemain » (p.134, un rédac-chef adjoint du Parisien).
« Tonalité identique chez un cadre du groupe Prisma : " On met dans le journal ce que le lecteur souhaite avoir" » (ibid.). L’auteur va même jusqu’à parler de « dictature du lectorat ». Moi j’appelle ça la servilité de la presse envers les préoccupations les plus futiles et les plus basses que ses responsables imaginent et cultivent chez les lecteurs, avec une seule obsession : vendre, créant un vortex où le pire ne peut qu’appeler le pire. Voilà ce que les écoles de journalistes donnent comme consignes aux jeunes. Voilà ce que les journaux offrent au lecteur comme représentation du monde tel qu’il est. Il s’agit de satisfaire le consommateur avant de lui raconter et expliquer ce qui se passe dans le monde.
Même le « journal de référence » s’y est mis. J’ai récemment été halluciné que Le Monde consacre deux grandes pages à l’interview de Satan Ibrahimovic : c’est ça, la « référence » ? Soyons sérieux. Inutile de dire ce que j’ai fait de ces deux pages : elles ne s’en sont pas remises. Qu’un tel personnage puisse même faire débat au sein de la rédaction du Monde (chronique « Ainsi parlait Zlatan Ibra » de Benoît Hopquin datée 14 juin 2016) est proprement ahurissant.
Si la presse française est en crise grave, c’est peut-être aussi à cause de cette logique mercantile, qui tire la qualité de l’information vers le caniveau. La population est-elle à ce point décérébrée que les journaux renoncent à ce point à l’instruire correctement sur les parties les plus nobles de la réalité ? Après tout, ce n’est pas impossible. Si c’est le cas, c’est très mauvais signe.
Un autre trait dominant de la presse quotidienne : rester constamment à l’affût de l’événement. Que seraient le tâcheron, que serait le soutier de l’information dans le « fil AFP » ? François Ruffin décrit les journées des étudiants du CFJ (Centre de Formation des Journalistes), passées à attendre l’événement : on ne sait jamais, il faut être prêt, il faut rester vigilant et pouvoir réagir à tout instant. Résultat : on s’ennuie, on tue le temps autour de la machine à café.
Au surplus, garder la truffe dans le gazon de l'événement, c'est le meilleur moyen de s'interdire tout analyse d'une situation, de porter un regard tant soit peu critique et distancié sur le monde. C'est le meilleur moyen de ne rien comprendre à ce qui se passe. Un événement chasse le précédent. Cette presse-là est une presse de l'oubli permanent, une presse de sable mouvant, une presse de conduit d'évacuation du réel.
Pauvres apprentis journalistes, vraiment.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, journaux, journalisme, journalistes, presse quotidienne, françois ruffin, les petits soldats du journalisme, philippe meyer pointes sèches, françois rabelais, quart livre, alcofribas nasier, moutons de panurge, panurge frèere jean des entommeures, vincent bolloré, canal+, arnaud lagardère, paris match, serge dassault, journal le figaro, patrick drahi, journal libération, bergé niel pigasse, journal le monde, sylvain accardo, journalistes au quotidien, journal le parisien, zlatan ibrahimovic, agence france presse, centre de formation des journalistes
lundi, 13 juin 2016
LA PRESSE DANS UN SALE ÉTAT ...
... OU : LA GRANDE MISÈRE DU JOURNALISME AUJOURD’HUI
1/2
Je me rappelle avoir choqué un professeur d’université lors d’une conférence, quand je lui avais posé cette question : « Qu’est-ce que vous pensez du pouvoir journalistique ? ». Il m’avait répondu, péremptoire, avec une prestesse et un ton catégoriques : « Il n’y a pas de "pouvoir journalistique". Question suivante ? ». Ce n’est qu’ensuite que j’ai appris qu’il avait une relation, disons, privilégiée avec une journaliste qui travaillait dans la ville (initiales B.B.). Cela pouvait expliquer.
Pourtant, il est incontestable que, pour un journaliste, voir publier un article signé de son nom constitue, en même temps que la reconnaissance d’une maîtrise professionnelle, l’affirmation d’une sorte de « droit à dire le monde » qui, par « l’effet de présence » que produit la publication d’un document, manifeste l’exercice d’un pouvoir sur la représentation du monde qui en découlera pour le lecteur. Mais je ne vais pas faire mon Bourdieu.
On me dira que le lecteur ne mange que l'avoine qu’il a envie de trouver dans sa mangeoire, et que le picotin du Figaro n'a rien à voir avec le brouet que le lecteur trouve dans sa gamelle avec Libération, et réciproquement. Cela, certes, n’est pas faux. Mais nul ne peut nier qu’un article de journal, quelle que soit sa teneur, est en soi un cadrage d’une portion de réalité sur laquelle l’attention du lecteur est forcément attirée. Même si le signataire de l’article est forcé d’obéir aux consignes de son supérieur hiérarchique et de couler ce qu’il écrit dans le moule qu’il lui impose, l’effet au dehors ne change pas d’un iota, puisque produit par le simple fait d’être officiellement consacré au travers de la publication.
Mais je n’ai pas l’intention de supplicier davantage les petites mains qui noircissent les pages de nos quotidiens et magazines (en évitant de franchir les lignes du cadre qu’on leur a fixé), tant l’exercice de cette profession devenue misérable doit davantage attirer la commisération que le sarcasme. Et ce ne sont pas les grandes gueules d’éditorialistes qui me feront changer d'avis, eux dont les affirmations péremptoires toujours pleines de certitude et de suffisance truffent jour après jour des « revues de presse » qui rivalisent de complaisance envers les « confrères » haut placés dans la hiérarchie et qui, pour cette raison, ont le droit d'asséner leurs analyses comme autant de Vérités révélées.
Depuis l'Orphée aux enfers d'Offenbach, on a une idée de ce qu'est « l’Opinion Publique » (cf. ci-dessous). Offenbach a tout compris du dieu Sociologie et de ses prophètes Pierre Bourdieu et Patrick Champagne (cf. Faire l'opinion, de ce dernier).
Les insupportables « Grand Editorialistes » (Laurent Joffrin, Yves Thréard, Franz-Olivier Giesbert, Claude Imbert, Jacques Julliard, Nicolas Beytout et quelques autres), qui prétendent détenir les secrets de cette « Opinion Publique », sont en réalité les porte-voix en personne, les ministres plénipotentiaires de Sa Majesté le Système, qui a abattu ses griffes sur le monde.
S'il existe un vrai pouvoir journalistique, ce sont les "grands éditorialistes" nommés ci-dessus qui l'exercent. C'est par eux que passe le discours dominant, répercuté en longs échos dans tous les médias, en intime copinage avec les puissants des mondes politique et économique qu'ils côtoient très régulièrement, voire qu'ils tutoient (cf. le célèbre couple Anne Sinclair-Dominique Strauss-Kahn). Ignacio Ramonet, du Monde diplomatique, avait inventé une expression géniale pour désigner la chose : « La Pensée Unique » (titre l'article qui avait lancé la formule) qui, mise à toutes les sauces et réutilisée à satiété, à tort et à travers, fut malheureusement très vite vidée de son sens pour devenir un poncif éculé.
Ce sont des "grands éditorialistes" qui avaient appelé unanimement, en 2005, a voter « oui » au référendum, Serge July et Philippe Val compris. On a vu deux ans plus tard ce que Sarkozy faisait de la véritable opinion publique, celle qui s’exprime dans les urnes : il a posé son derrière sur le "Non" majoritaire pour l’étouffer sous le poids de son mépris. Pour se convaincre de la déliquescence de la corporation, il suffit de lire un petit livre paru en 2003 : Les Petits soldats du journalisme (Les Arènes, avec des dessins explicitement complices de Faujour) de François Ruffin.
François Ruffin, si l’on veut, est davantage militant que journaliste, mais ne chipotons pas : son livre vaut le coup d’être lu, ne serait-ce que pour les innombrables citations qu’on y trouve, et qui sont autant de proclamations de la nouvelle fonction que les grands organes de presse assurent, une fonction que je résumerais volontiers dans une formule du genre « dithyrambe en l’honneur de l'ordre établi, de la marchandise et de la société qu’elle engendre ». L'opération « Nuit Debout » et les actuelles grèves de la CGT et de FO ont été pour eux l'occasion de produire un nouveau festival de considérations haineuses sur des initiatives prises par d'impudents audacieux qui osaient agir en dehors des cadres définis par les gens en place.
Attention, je ne suis pas « Nuit Debout ». Il m’est arrivé d’entendre très récemment François Ruffin : c’était dans une émission de radio, lors d’un reportage place de la République, au cours d’une « Nuit Debout » parisienne. Pour être franc, la partie de son discours choisie pour diffusion par France Culture m’a bien fait rire. Me tapotant la tempe de l'index, je me suis dit que ce garçon prenait ses désirs pour des réalités et profitait de la « Nuit Debout » pour rêver tout éveillé et tenir des propos à tenir debout.
Il y a longtemps que les discours militants me laissent froid, quand ils ne me glacent pas. Les slogans du genre « Le monde doit changer de base, Nous ne sommes rien, soyons tout » ont amplement prouvé que, non seulement ils sont porteurs d’illusions, mais que ces illusions acquièrent à l’occasion une nocivité massacrante. Je n’ai pas vu Merci patron !, le film de François Ruffin qui est en train de faire un carton au box office. Ce canular aux dépens du milliardaire Bernard Arnault ne peut que me réjouir, mais de là à tirer de ce succès et de la "popularité" de « Nuit Debout » des conclusions anticipant quelque Grand Soir, non merci : je ne connais pas le magasin de chaussures où l'on vend les bottes de sept lieues capables de franchir le pas.
Ce qui m’a donné l’idée de relire le livre de François Ruffin, c’est une phrase que j’ai trouvée dans un vieux livre de Philippe Meyer, Pointes sèches (Seuil, 1992) : « Ne le répétez pas, mais il m’arrive de me demander si Panurge ne devrait pas être le saint patron des journalistes », qui regroupe des chroniques où l’auteur dresse le portrait de politiciens, en s’efforçant de faire sourire le lecteur sans trop écorcher les gens visés. Plusieurs furent lues à la télé ou à la radio, en présence de leur cible. La phrase me semble un résumé concentré de la situation actuelle de la profession. C'était bien vu, et même bien tapé.
"Mouton de Panurge", tout le monde sait à peu près ce que c'est. Vous connaissez l’histoire de ce navire bourré de touristes : à un moment, l’un d’eux, situé à tribord, s’écrie : « Oh, regardez ! ». Evidemment, tous ceux qui étaient accoudés au bastingage de bâbord se précipitent. On connaît la suite : le navire chavire. Le journalisme, en particulier politique, est spécialement atteint par ce cancer qui le ronge. On se souvient du char à foin camarguais où s’entassaient des dizaines de clampins, tous armés de micros ou d’appareils photo braqués en direction de Nicolas Sarkozy en train de parader tout fiérot sur son cheval blanc, lors de la campagne de 2007.

Bande de pauvres types ! Quel naufrage ! Quel troupeau ! Quelle lâcheté ! Quel avilissement ! Quelle misère, en vérité !
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, journaux, presse quotidienne nationale, pqn, presse quotidienne régionale, pqr, françois ruffin, les petits soldats du journalisme, éditions les arènes, journal le monde, journal libération, journal le figaro, offenbach orphée aux enfers, laurent joffrin, yves thréard, franz-olivier giesbert, claude imbert, jacques julliard, nicolas beytout, ignacio ramonet, le monde diplomatique, serge july, philippe val, france culture, film merci patron, philippe meyer pointes sèches, moutons de panurge, nicolas sarkozy, journalisme, journalistes, référendum 2005, pierre bourdieu, patrick champagne, faire l'opinion
jeudi, 28 avril 2016
ENFANT APRES TCHERNOBYL
SÉQUELLES
Il paraît que les autorités biélorusses et ukrainiennes poussent les populations qui habitaient la région de Tchernobyl à retourner chez elles. Selon elles, tout risque est désormais écarté. La vie naturelle a repris comme avant. Animaux et plantes prospèrent. On n'attend plus que les hommes. Ben voyons.

Il semblerait surtout que ce qui prospère dans les endroits désertés, c'est la mafia. On raconte qu'une entreprise clandestine située à 150 mètres du site récupère l'acier irradié et l'introduit dans le commerce officiel du métal. On raconte même que l'Europe a donné le feu vert à des aciers contenant "un certain taux" de métal irradié.

Pour les Biélorusses et Ukrainiens, c'est-à-dire les humains, qu'est ce qui se passe en réalité ? Pour le savoir, il faut regarder les photos que Paul Fusco a prises dans des établissements recueillant des enfants ayant subi les effets des radiations (j'ignore si c'était ou non "in utero").

La tératologie étudiait autrefois les individus atteints de monstruosités découlant d'aberrations chromosomiques ou génétiques, individus dont le seul avenir se situait dans les cirques, où ils se produisaient comme "phénomènes de foire". Le dépistage prénatal a globalement permis de prévenir de telles naissances.

Paul Fusco nous assène la démonstration de la nocivité de l'atome. On s'en doutait un peu. Photos terribles. Il en a même fait un montage (ci-dessous 11'16"), intitulé Chernobyl legacy (héritage de Tchernobyl). J'invite les âmes sensibles à surmonter leur répugnance.
Bienvenue à Tchernobyl. Et bonne année ! Et meilleurs vœux ! Et la santé surtout !
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tchernobyl, ukraine, biélorussie, paul fusco, monstres
mercredi, 27 avril 2016
EUROPE TTIP : LES COMPLOTEURS
Après la Russie atomique, l'Amérique. Ainsi, Obama a rendu visite aux Européens. Le président des Etats-Unis est bien bon. Les Européens devraient lui savoir gré de sa bonté ? En réalité, monsieur Obama est venu faire la leçon (le gros titre du Monde daté d'aujourd'hui) à la vieille Europe. Première leçon : le « Brexit », c’est caca, il ne faut pas. Il y tient. Deuxième leçon : les accords de libre échange (TTIP ou TAFTA, au choix) en cours de négociation, c’est du miel délectable, il faut. Il y tient. Qu’on se le dise : Barack Obama sait mieux que les Européens ce qui est bon pour l’Europe.
C’est évidemment un mensonge pur et simple, gros comme une maison (blanche). Obama est venu nous rendre visite en VRP de première classe des intérêts des Etats-Unis. Le Royaume Uni ? Une tête de pont des USA, et ça embêterait beaucoup les Américains de ne plus avoir un espion à leur disposition en plein cœur des institutions européennes.
Mais ne parlons pas de la Grande Bretagne : s’ils veulent récupérer leurs billes, après tout, libre à eux. Qu’ils soient dehors ou dedans, ça ne change rien du tout à la vie quotidienne des Européens, même si le monde des affaires et de la finance peut en pâtir. Mais pour ce qui est du TTIP, c’est une tout autre sauce qu’on est en train de nous concocter. Et les Allemands sont apparemment les seuls à se cabrer un peu devant la menace.
Qu’est-ce que c’est, en effet, ces accords de libre échange ? Jugez plutôt : pour avoir accès aux informations, il faut être soit un député ou un sénateur national, soit un député européen. Vous avez alors accès à un immeuble parisien. Avant d’entrer dans une pièce sans aucune fenêtre, vous êtes dépouillé de tout appareil électronique qui risquerait de transmettre quoi que ce soit, et vous signez un papier qui vous menace de poursuites pénales si vous dévoilez quoi que ce soit de ce que vous avez découvert. Une fois dans la pièce, vous consultez la documentation sous le regard d’un vigile vigilant. Vous ne trouvez pas que cette façon de procéder pue la charogne ? Que ça sent les comploteurs à cent kilomètres ? Cela a tout d'une assemblée générale de gangsters.
Rien que pour cette raison, l’Europe aurait non seulement dû claquer la porte depuis longtemps, mais elle n’aurait jamais dû l’ouvrir pour venir s’asseoir en face de gens sûrement très malintentionnés, vu la gravité de mystérieux secrets qu’ils ont de toute évidence à cacher. Attendez-vous à savoir (comme disait la désopilante Geneviève Tabouis aux époques héroïques de la radio) que les Européens doivent s'apprêter à "l'avoir dans l'os" !
Moi, je dégage de ce théâtre d’ombre une information : des gens très puissants – des Américains pour l’essentiel – sont en train de fomenter un complot pour accroître encore la vassalisation de l’Europe et pour en faire un terrain de jeu et de profit pour les grands groupes industriels d’outre-Atlantique. La visite d’Obama n’est pas celle d’un allié, c’est celle d’un suzerain.
A moins que ce ne soit celle d’un « parrain ».
Qui aura les noix assez bien accrochées pour lui dire merde, à ce « parrain » ? François Hollande ?
Ne me faites pas rire, j’ai les lèvres gercées.
Voilà ce que je dis, moi.
CORRECTIF de dernière minute : Manuel Valls a déclaré qu'il est hors de question pour la France de signer l'accord de libre-échange en l'état. Alors acceptons-en l'augure. L'avenir futur nous dira ce qu'il en est.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, états-unis, barack obama, europe, ttip, tafta, journal le monde, françois hollande, accord de libre-échange
mardi, 26 avril 2016
TCHERNOBYL, TRENTIÈME
On commémore le trentième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. La plupart des gens pensent que la catastrophe a eu lieu une fois pour toutes. Que, l’événement étant arrivé, ça y est, c’est fini. Pauvres gens, en vérité, s’ils savaient … La catastrophe, c’est tous les jours depuis trente ans. Alors bien sûr, elle fait moins de morts. D’abord, les « liquidateurs », c’est fini, s’ils ne sont pas tous morts, ces gens qui sont intervenus directement sur les lieux tout de suite après l’explosion du réacteur n°4 (combien ? 60.000 ? 100.000 ?), cela ne vaut guère mieux.
Moins de morts aussi parce qu’une bonne part de la
population du coin (« zone d’exclusion ») a été virée de chez elle (les 50.000 habitants de Pripiat, la ville spécialement construite en 1974 pour les travailleurs du site nucléaire), qu’à part quelques vieux revenus parce qu’ils voulaient « mourir chez eux », seuls quelques touristes (si, si !) et les nettoyeurs et autres constructeurs du sarcophage définitif s’aventurent autour de la centrale. Enfin, il paraît que bien des gens sont tentés à leur tour de revenir « chez eux », et qu’il y aurait un mouvement depuis quelque temps dans ce sens. Mais il paraît aussi que 700 villages ont été "enterrés" (je me demande ce que ça peut vouloir dire concrètement), et que, pendant les travaux, les enterrements continuent. Ma foi, allez savoir.
Moins de morts donc, mais des conséquences sanitaires, ça c’est sûr. Les atteintes de la thyroïde ont été multipliées par cinq. Il paraît que les médecins ont beaucoup de maladies cardio-vasculaires à soigner. Divers handicaps et malformations touchent les nouveau-nés : « A Brahine, un petit centre pour invalides accueille des enfants handicapés moteurs ou retardés. Ils sont huit en ce début avril autour d’une table, occupés à faire des poupées russes en origami. Ils connaissent un chant qui vous serre la gorge : "La vie est pleine de röntgens" [ancienne unité de mesure de l’exposition à la radioactivité] » (Isabelle Mandraud, dans Le Monde daté 26 avril 2016). Bref sur le plan sanitaire, ce n'est pas la joie. Et ce n'est pas fini.
La catastrophe continue parce que la radioactivité continue, tout simplement, cette
chose invisible, inaudible, inodore, impalpable. Au point que des artistes s’intéressent à ce qui se passe encore aujourd’hui sur le terrain. C’est ainsi que l'artiste Anaïs Tondeur vient de réaliser toute une série de « rayogrammes » en se servant des plantes de la région frontalière entre Ukraine et Biélorussie dont un spécialiste a étudié l’évolution et les mutations génétiques après la catastrophe. Esthétiquement, le résultat est très surprenant.
Le photographe surréaliste Man Ray a beaucoup pratiqué (s'il ne l'a pas inventé) le
rayogramme, qui consiste à disposer sur une feuille de papier photo divers objets, puis d’exposer un certain temps le tout à une source lumineuse :

c’est vrai que l’image qui apparaît dans le révélateur a de quoi surprendre et séduire un esprit aussi avide d’expérimentation que l’était Man Ray.
Anaïs Tondeur, elle, a fait la même chose, mais avec des végétaux trouvés autour du site de Tchernobyl. Et plus fort que Man Ray, qui se passait déjà de l’appareil photo, elle se passe de toute source lumineuse : elle laisse le papier avec sa plante dans le noir. C’est la radioactivité qui se charge du reste (elle indique que le rayonnement est mesuré à 1,7 microsievert/heure). On en voit ici quelques exemples (dans le désordre : lin, géranium, monadelphia, dolichos, byrsanima, espèce inconnue). Elle a appelé son travail (avec Michael Marder ou Damien McDonald, je n’ai pas bien compris la répartition des rôles) Chernobyl herbarium.
Le travail accompli par le photographe Alain-Gilles Bastide est tout différent. Lui, il est allé se balader du côté de Pripiat et du village de Tchernobyl pour en saisir, si possible, « l’invisible ». Il montre les photos qu’il a ramenées de là-bas dans une exposition intitulée « Tchernobyl forever ».

Le livre qui les rassemble, sous-titré "Carnet de voyage en enfer", montre l’image d’une tête de poupée vue sur place, qui donne une idée de la curieuse ambiance qui doit régner par là-bas.
On ne voit plus Tchernobyl, on n’en entend plus parler si ce n’est aux « anniversaires ». C’est ce que les journalistes appellent « marronnier » dans leur jargon. Mais Tchernobyl continue son travail invisible.
A cet égard, le titre Tchernobyl forever est excellent.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tchernobyl, pripiat, tchernobyl liquidateurs, tchernobyl sarcophage, énergie nucléaire, catastrophe nucléaire, fukushima, cancer thyroïde, journal le monde, isabelle mandraud, tchernobyl 26 avril 1986, anaïs tondeur, chernobyl herbarium, photographie, rayogrammes, man ray, biélorussie, ukraine, alain-gilles bastide, tchernobyl forever, chernobyl
jeudi, 17 mars 2016
HARO SUR LE CARDINAL
C'est entendu, la pédophilie est répugnante. Immonde, la main baladeuse (et plus si affinités) du curé dans la culotte de l'enfant de chœur. Ignoble, le geste du confesseur qui détourne à son plaisir la pénitence qu'il prescrit à la pénitente. Repoussant, l'usage de l'autorité, par l'aumônier, pour tirer une basse satisfaction personnelle de la confiance que l'enfant ou l'adolescent accorde spontanément à celui qui s'occupe du groupe.
Je note à ce propos que le journal Libération a retourné sa veste pour coller à l'ambiance d'ordre moral qui régente l'époque : il fut un temps, en effet, où il regardait avec attendrissement et complaisance certains adultes qui ne se cachaient pas, voire se vantaient d'éprouver du désir amoureux pour les enfants (Guy Hocquenghem, Gabriel Matzneff, Tony Duvert, Daniel Cohn-Bendit, ...). Comme par hasard, à peu près l'époque des faits que la clameur publique reproche au cardinal Barbarin d'avoir ignoblement couverts. Avant le spectaculaire retournement de tendance, disons-le, un singulier consentement couvrait certaines pratiques de son approbation, muette ou non.
Cela dit, je ne peux pas m'empêcher de m'interroger au sujet de la stupéfiante offensive que les médias lyonnais (plusieurs doubles pages dans Le Progrès ces derniers temps) mènent contre l'Eglise catholique, bientôt relayés par les médias nationaux (Le Monde s'y est mis à son tour), au point que tout le monde connaît ces jours-ci le nom du cardinal Barbarin, primat des Gaules. Même une ministre de l'Education, même le premier parmi ceux-ci participent à la curée contre les curés. Voilà un nom jeté en pâture, de quoi faire une belle chantilly, de quoi faire saliver les téléspectateurs.
Loin de moi l'intention de défendre la soutane et la calotte, mais je trouve que cette soudaine montée en mayonnaise d'un "scandale" sent mauvais, pour ne pas dire qu'elle pue, et a quelque chose de tout à fait suspect. Pour commencer, comment se fait-il qu'une "association" dont personne n'avait entendu parler ("La Parole libérée") se soit fait, du jour au lendemain, une telle place dans le journal local ? Qu'est-ce qui a poussé Le Progrès à donner un tel écho à ses deux fondateurs ? Qu'est-ce qui a pu leur ouvrir les colonnes du journal ? Qu'on m'excuse, mais la foudre journalistique qui s'abat en ce moment sur les turpitudes supposées du cardinal Barbarin me laisse perplexe. Et même dubitatif.
Ensuite, je trouve incroyable que Valls et Vallaud-Belkacem soient descendus en personne dans l'arène pour y jouer les fauves. Valls, surtout. C'est alors que me revient à l'esprit le lien que Manuel Valls entretient avec les milieux francs-maçons. Me revient aussi l'amitié qui unissait, sous la houlette de Michel Rocard, trois jeunes loups de la politique et de la communication : Manuel Valls, Alain Bauer, Stéphane Fouks. Ci-dessous une photo de quand ils étaient jeunes.

De gauche à droite : Alain Bauer, Michel Rocard, Manuel Valls, Stéphane Fouks.
Manuel Valls, n'en parlons pas. Stéphane Fouks est le communicant de la bande. Quant à Alain Bauer, en dehors de ses magouilles avec Sarkozy pour devenir quelque chose dans l'université française au mépris de toutes les règles en la matière, on se rappellera qu'un des couronnements de sa carrière eut lieu quand il fut élu Grand Maître du Grand Orient de France. Valls et Fouks, sans être montés aussi haut, sont restés ses "frères", à ce qu'il me semble. Je veux dire francs-maçons.
Je continue à raisonner : lors du vote de la loi scélérate sur le mariage homosexuel, grâce aux aboiements de madame Christiane Taubira, qui appartient à la même confrérie (elle est GdS - ne me demandez pas - de la Grande Loge De France), le cardinal Barbarin n'a pas été le dernier à monter au créneau pour défendre une conception traditionnelle (catholique) de la famille. Et voilà, deux ans plus tard, qu'est déclenchée une offensive sans précédent contre le prélat. On sait la dent que les francs-maçons aiguisent jour après jour pour la planter dès qu'ils le peuvent dans les mollets du catholicisme.
Je ne veux pas tomber dans le complotisme, mais je ne peux m'empêcher de faire le lien : les "frères" ne pardonnent pas. Je l'ai dit : cette affaire sent très mauvais. Pour ne pas dire qu'elle pue.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cardinal barbarin, primat des gaules, lyon, pédophilie, najat vallaud-belkacem, manuel valls, église catholique, association la parole libérée, journal le progrès, journal le monde, michel rocard, francs-maçons, alain bauer, grand orient de france, stéphane fouks, christiane taubira, journal libération, religion, politique, société, france, homosexualité

