jeudi, 01 août 2013
HERGE ET LE JOURNAL DES VOYAGES
Je suis toujours en vacances, mais …
Avant de partir, je me suis bien avancé dans mon travail, ce qui permet à ce blog de ne pas rester totalement muet : il faut penser à tous les malheureux qui ne partent pas en voyage, et qui ne peuvent pas compter sur « Une journée à la plage offerte aux enfants défavorisés » par le Secours Populaire. Le Journal des Voyages offre tellement de destinations palpitantes, d’aventures mémorables, de phénomènes qui défient l’imagination, qu’il n’est guère besoin de sortir de chez soi pour frémir d’angoisse et de volupté.
J'ai évoqué, voilà déjà quelque temps, Les Malices de Plick et Plock, de Christophe, comme source d'inspiration possible d'Hergé, dans certaines aventures de Tintin.
J'ai évoqué, plus récemment, la résurrection du capitaine Haddock à son retour de la lune (mais il y a aussi celui du Temple du soleil, et toujours au son du mot "whisky"), qui est sans doute un souvenir du réveil du savant Cosinus, quand le docteur Letuber introduit une erreur dans une équation complexe figurant sur le tableau.
Eh bien, ladies and gents, après "Hergé et Christophe", voici donc maintenant : "Hergé et le Journal des Voyages". Pour célébrer dignement, et même fièrement l'entrée dans le mois d'août, rien de tel qu'un bel incendie de prairie poussé par le vent, et poussant devant lui toutes sortes d'animaux à deux et quatre pattes.
On distingue assez nettement les deux cerfs, le tigre et le buffle (à moins que ce soit un bison). Je n'ai pas compté les oiseaux. Mais tiens tiens, j'ai déjà vu ça quelque part. Oui oui, ça me fait penser à quelque chose. Ne serait-ce pas Hergé qui, une fois de plus, a puisé dans ses propres souvenirs de lectures enfantines pour nourrir les aventures de Tintin ? On trouve en effet, dans Tintin en Amérique, une scène identique à celle représentée en "une" du n°66 du Journal des Voyages(13 octobre 1878). Ce n'est d'ailleurs pas le seul : on en trouve de pareils à plusieurs reprises.
Disons qu'Hergé, à destination des petits, a le souci de simplifier la compréhension de la scène, par rapport au caractère touffu et sombre de l'original : à l'aspect synthétique de celui-ci, il organise une séquence découpée qu'un esprit enfantin est à même de saisir sans autre forme de procédé.
Notons ensuite que la dernière vignette (en bas à droite) appartient à l'époque où, Tintin étant hebdomadaire, il fallait trouver l'hameçon capable de ferrer le poisson la semaine suivante. Notons enfin l'étonnante stabilité du quadrillage de la chemise de Tintin, toujours impeccablement orienté verticalement. Mais un enfant prête-t-il attention à si menu détail ?
mardi, 30 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 16
Je suis en vacances, mais ... l'écuelle du chien est bien remplie jusqu'au 16 août : je n'aurais voulu à aucun prix qu'il crevât de faim. Les amis des bêtes m'en auraient voulu, si j'avais mis un subjonctif présent.
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyagesétait parfaitement idoine, à cause du caractère absolument délicieux de ses illustrations.
ELLE EST PAS BELLE, MA MYGALE ?
Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal.
Nous en étions hier aux vautours d'Amérique. Bonne nouvelle : nous y restons.
"UN COMBAT ENTRE CIEL ET TERRE : IL REÇUT UN COUP DE SABRE EN PLEIN CORPS"
(On appréciera la taille du "sabre", et l'insondable du précipice)
Quelles sales bêtes, quand même, les condors. Est-ce dans Tintin que je l'ai appris, ou dans le Journal des Voyages ? Dans le doute, je m'abstiens.
Je remarque quand même que les griffes du condor (ça se passe aux pages 29 et 30 du Temple du soleil) devaient avoir été sacrément limées pour n'infliger au héros que des blessures vénielles, très vite disparues.
DEUX PETITS PANSEMENTS, ET ON N'EN PARLE PLUS
Je me souviens d'une image de L'Ogre de Worm, de François Craenhals, où les griffes et le bec de l'aigle royal ne se contentent pas d'effleurer les chairs du géant. Au contraire, le dessinateur s'en donne à coeur joie pour faire comprendre que les chairs sont labourées en profondeur, et que les yeux en particulier sont les victimes de l'acharnement du volatile.
"DEUX MILLE LIEUES A TRAVERS L'AMERIQUE DU SUD : IL FRAPPE A TOUTE VOLEE LE CONDOR"
Comme je n'arrive plus à mettre la main sur l'album, c'est dommage, mais tant pis ... je propose un autre condor, tiré, celui-ci, du Journal des Voyages.
Quand on ajoute ce vautour de l'Himalaya, on est à peu près sûr.
Après tout, peut-être que c'est de celui-ci qu'Hergé s'est inspiré ? Allez savoir.
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lundi, 29 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 15
Je suis en vacances jusqu'au 16 août, mais, pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal, à moins qu'on en verse l'eau du poisson dans le verre de pastis (ou le pastis dans l'eau du poisson, pourquoi pas ?). Il paraît que ça donne un goût intéressant.
Aujourd'hui un saut jusque dans les Amériques, avec les urubus au travail.
Malheureusement pour le Journal des Voyages, il se fait que les urubus sont des charognards à peu près exclusifs, or il faudra attendre un peu pour que le bonhomme soit passé à trépas, même si son acuité visuelle semble avoir brusquement baissé (c'était la même chose au gibet de Montfaucon, à l'époque de François Villon : « Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés » (Ballade des pendus). Et vu l'état de sa rotule, son kiné a du boulot sur la planche.
LES VRAIS URUBUS DANS LEUR VRAI TRAVAIL
Soit dit en passant, je tremble encore qu'un ancien premier ministre,
lui-même un peu vautour, aurait pu porter le même prénom et le même nom que notre poète national : rendez-vous compte, il s'en est fallu d'une lettre, autrement dit, d'un cheveu. La poésie l'a échappé belle. Vous imaginez, vous, le premier des grands poètes français, s'il s'était appelé François Fillon ? Quelle honte hexagonale !
« Ma dernière parole soit
Quelques vers de Maître François !
Pardonnez-moi, Prince, si je
Suis foutrement moyenâgeux. »
Quelle injure pour François Villon, qui n'eût jamais envisagé de devenir un jour ministre ! Que le ciel et Georges Brassens réunis l'en préservent à jamais !
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dimanche, 28 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 14
Je suis en vacances jusqu'au 16 août, mais j'ai laissé Médor dans sa niche, avec des provisions de pâtées et d'os à ronger pour accueillir le visiteur éventuel, pour qu'il ne trouve pas porte close. Je précise qu'il ne mord pas (je parle du chien et du visiteur, cela va de soi).
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace pendant les vacances, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal.
Un petit tour au pays du hara-kiri. On va me dire : « Encore des têtes coupées ! ». Eh oui, mais ici, c'est inscrit dans le rituel, et les samouraïs se sentiraient déshonorés si aucun ami serviable ne consentait, à la fin de la cérémonie, à leur décoller la tête du reste du corps.
On est presque chagriné de savoir que l'immense (et prix Nobel de littérature 1968, s'il vous plaît) Kawabata Yasunari ait choisi le moderne et vulgaire gaz pour en finir avec cette civilisation vulgaire et sans honneur qui avait déjà fait disparaître le Japon auquel il se rattachait comme par des racines, et qui seul était capable de lui rendre l'air respirable.
L'AUTEUR DE LIVRES TRES BEAUX : LE LAC, PAYS DE NEIGE, LE MAÎTRE OU LE TOURNOI DE GO, KYÔTO, ETC.
Mishima Yukio, en revanche, ce romancier exalté et nostalgique du Japon des samouraïs et de l'honneur, a décidé d'en finir dans la grandeur et la dignité de la tradition. Il est vrai que sa harangue belliqueuse adressée à des jeunes troupiers médusés, rassemblés dans la cour de la caserne, fit un flop magistral. Mais ceux-ci étaient déjà contaminés jusqu'au coeur par la civilisation du hot dog, du gadget et du technicolor. Son ami lui coupa toutefois la tête selon le rite antique. Je trouve que ça conserve une certaine gueule, même dans le dérisoire.
ENCORE UNE FOIS, C'EST VRAIMENT "L'IMAGINATION AU POUVOIR"
On sait maintenant qu'il ne faut pas dire « hara kiri », mais « seppuku», parce que ça fait tout de suite plus "informé". Je signale en passant que l'opération du seppuku consiste à entailler la bedaine d'abord verticalement en partant du bas, puis à compléter la figure du T horizontalement, en partant de la gauche, sous les côtes. Et que ce n'est qu'au moment où l'opérateur aperçoit le « Torii » (ce portail sacré du shinto qui lui annonce son entrée dans le monde spirituel) que, d'un geste, il fait signe à son ami de lui trancher le cou. Ce genre de chose réclame une précision qui fait défaut à bon nombre, hélas !
LE TORII DE MIYAJIMA
Il restera au dessinateur du Journal des Voyages à se documenter un peu mieux sur l'exactitude du rituel : essayez de saisir par la poignée (au-dessus de la "tsuba", = la "garde") une lame de plus d'un mètre de long, et de vous la planter dans l'abdomen, comme on le voit sur l'image ci-dessus. Un enfant de cinq ans sait différencier un "katana" (105 cm.) d'un "wakizashi" (72) et d'un "tanto" (43). « Amenez-moi un enfant de cinq ans», disait Groucho Marx.
Je mentionne seulement pour le plaisir (« only for fun ») et en guise de conclusion le délit de fantaisie que fut à l'égard de cette haute tradition japonaise la fondation de la revue Hara-Kiri, par une bande de joyeux fouteurs de merde,
ET PATRIOTES AVEC ÇA ! EN L'HONNEUR DES JO DE 1976.
au centre de laquelle oeuvra et se dépensa sans compter le regretté Georges Bernier, alias Professeur Choron, qui prit ce nom par respect envers le personnage sûrement respectable dont avait été baptisée (en 1868) la rue où l'équipe avait son local.
Pour les amateurs de précisions plus érudites, il est bon de situer dans le IXème arrondissement de Paris cette rue longue de 230 mètres et large de 12 (entre le 11 de la rue de Maubeuge et le 18 de la rue des Martyrs). Alexandre Choron (1771 ou 1772 [selon les sources] -1834) fut professeur de musique, mais surtout un théoricien reconnu, auteur d'un remarqué Dictionnaire historique des musiciens, et autres oeuvres notables. Je doute que Georges Bernier savait tout ça, quand il allait sodomiser la vieille qui finançait la revue. J'affirme qu'aucun terme de ce paragraphe n'est le fruit de mon invention.
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samedi, 27 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 13
Je suis en vacances jusqu'au 16 août, mais j'ai laissé un gardien fidèle dans la niche, avec assez de provisions pour tenir jusque-là. Et je lui apporte même de temps en temps une friandise, comme cette belle et facile contrepèterie parue le 25 juillet en "Une" de Libération :
IL S'AGIT DE DOPAGE, MAIS UN JEU DE MOTS EST PLACÉ DANS LA DERNIERE LIGNE
Est-ce la facétie volontaire d'une rédaction mise à l'heure d'été, qui trouve ainsi le moyen d'agrémenter les heures de travail et de fournir à l'air ambiant un peu de la ventilation qui lui ferait autrement défaut ? Est-ce l'inconscient qui a parlé ? Mystère. En tout cas, je ne pense pas qu'elle aura échappé à l'Album de la Comtesse, en page 7 du Canard enchaîné. A vérifier mercredi prochain.
***
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyagesétait parfaitement idoine.
Toujours quelque part en Afrique.
UNE RAVE PARTY AFRICAINE EN 1878
Dans la rubrique "Moeurs nègres", cette fête s'intitule : « Le Bamboula». C'est bien écrit "le", je n'y peux rien. Constatons, quoi qu'il en soit, que les "Moeurs nègres" décrites en 1878 ont été scrupuleusement importées et reproduites dans ce qu'on n'ose plus nommer "Moeurs des Blancs",
UN BAMBOULA EUROPEEN DANS LES ANNEES 2000
au cours des modernes, hypnotiques « rave parties », chargées de toutes sortes de substances "énergisantes" permettant de tenir le coup face aux énormes décibels d'une musique réduite aux "bpm" d'une percussion toute-puissante, venue en ligne assez directe des traditions africaines (bpm : battements par minute, si possible autour de 140, pour ne pas se faire traiter d'avachi).
Qui est le colonisateur ? Qui est le colonisé ?
Et ce sera qui, le libérateur des Blancs hypnotisés ? Toussaint Louverture ou François Hollande ? Je rigole, mais je ne devrais pas : j'ai les lèvres gercées. Il y a quelque chose qui saigne.
On en pense ce qu'on veut.
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vendredi, 26 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 12
Je suis en vacances jusqu'au 16 août, mais pour aller jusque-là, je me suis débrouillé pour laisser un gardien dans la niche. On peut y aller : il ne mord pas.
Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal. Si le poisson fait des bulles, c'est le moment d'écouter : il est en train de répondre.
On reste quelque part en Afrique.
Chacun sait que les blancs sont définitivement le modèle indépassable des infâmes esclavagistes, comme le montre la photo de notre reporter sur place. Et que les noirs entre eux ne sont animés que par des sentiments profondément humains et par des règles strictes de courtoisie, d'aménité, et même d'humanité, comme le démontrent encore tous les jours sur les femmes les diverses milices (dont le "M23") en action dans les environs du Kivu (témoignage du docteur Mukwege). Mais que fait Caroline Fourest ? Elle a peut-être sa propre hiérarchie personnelle des valeurs ?
Pour commenter la gravure ci-dessus, on pourrait aussi relever qu'elle commente elle-même une partie de l'Exposition Universelle de Paris de 1878 (plus de 16.000.000 de visiteurs quand même, avouez que ça éberlue), qui comportait une section "anthropologie". Et qui donna du travail à quelques talentueux graveurs et fondeurs de médailles.
Sans atteindre les sommets de bon goût que les visiteurs ont pu contempler à l'Exposition Coloniale de 1931, elle reflète le degré d'estime et de considération dans lequel les Européens tenaient les Africains (et autres peuplades indigènes). Mais que fait Louis-Georges Tin,
le Caroline Fourest des noirs en France, puisqu'il est président du CRAN, l'inénarrable Conseil « Représentatif » des Associations Noires.
Représentatif ? MON OEIL !
Pour conclure, on ne sait pas assez que le Code Pénal actuel ne reconnaît pas l'esclavage, au motif qu'aucun individu ne saurait être la propriété d'un autre. Mais le projet de loi voté le 23 juillet va sûrement remédier à ce vide juridique. On respire : l'esclavage moderne existe en France, mais il ne faut pas dire que les cas venus devant la justice ne concernent que des populations à peau foncée. C'est interdit, parce que « ça stigmatise». Du moins Louis-Georges Tin se sent stigmatisé.
Les angelots du Parti Socialiste l'approuvent en silence.
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jeudi, 25 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 11
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyagesétait parfaitement idoine. Nous sommes donc bien dans la catégorie "dans les journaux", mais il faudrait ajouter "autrefois". Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal. Et comme dans tout bocal, attention aux vagues !
Ah, l'Afrique sauvage, le charme de ses bureaux de poste ! Ses hôpitaux de Lambaréné ! Pauvres Africains, comme disait le pauvre docteur Schweitzer ! Comme c'est beau, ces gens qui voient la misère chez les autres !
"LE DAHOMEY : AMAZONES COMBATTANT"
Aujourd'hui, les Amazones du roi du Dahomey. Nous les admirons en pleine manifestation féministe. Observons que ces dames n'hésitent devant rien, et qu'elles n'y vont pas avec le dos de la cuiller à pot de confiture de fraises du jardin du curé de la paroisse.
C'est quand même plus « in » que la Manif pour tous de Frigide Barjot. Et la flamboyante, et surtout si tolérante, Caroline Fourest nous a prévenus, messieurs : à la prochaine manif, elles ne se contenteront pas de la tête, les Amazones du roi du Dahomey ! Reportez-vous pour vous en persuader à ce que les femmes des mineurs font à l'épicier Maigrat, pour se venger de sa façon, précise, immorale et particulière, de se rembourser les crédits qu'il leur faisait, dans le Germinal du désastreux Zola.
La cinéaste Claire Denis a heureusement pris le relais de ces femmes castratrices, en faisant jouer à Béatrice Dalle (celle qui « se laisse pousser la bouche», comme dit son charmant camarade Richard Bohringer) le rôle d'une pipeuse forcenée, qui ne trouve rien de plus délectable, quand elle est en pleine action (ayant préalablement bien aiguisé ses incisives), que de pratiquer l'ablation du fruit masculin, jusqu'à le faire tomber de la branche au moyen d'un incision judicieusement placée,
LE FRUIT MASCULIN, CORRECTEMENT MUNI DE SON COL ROULÉ
au grand dam du monsieur qui, faute d'un garrot posé d'urgence où je pense, se dit qu'il vaut mieux laisser pisser - jusqu'à ce que mort s'en suive, évidemment. C'est dans le film Trouble every day (2001). Le vampirisme nouveau est arrivé. Gare à celui qui tombera sous la dent vengeresse et punitive de Caroline Fourest et de ses acolytes enivrées de l'odeur du mâle agonisant.
BEATRICE DALLE APRÈS L'ACTION : C'EST SÛR, CLAIRE DENIS DOIT AVOIR UNE SACRÉE DENT (je pèse mes mots) CONTRE LES HOMMES
En attendant la vengeance des Amazones françaises et autres militantes féministes, je signale qu'Abomey était la capitale d'un royaume militaire (le Dahomey est devenu le Bénin) consacré principalement au trafic d'armes et au commerce des esclaves. Il paraît qu'il ne faut pas confondre « commerce » (du côté de l'Empire du Bien) et « trafic » (le côté obscur de la force). Muhamar Khadafi eut en son temps le mérite de ressusciter la tradition des Amazones dahoméennes, lui qui se faisait protéger par une cohorte prétorienne composée de femmes. Amen.
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mercredi, 24 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 10
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine.
Aujourd'hui, la Chine éternelle et sa façon efficace et sans bavure de séparer la tête du reste du corps.
Presque une banalité. A mon avis, Hergé a potassé le Journal des Voyages. Il a même dû tout réviser avant Le Lotus bleu,
et réfléchir à la méthode employée, comme le montre l'image ci-dessus, pleinement confirmée par la photographie ci-dessous. A mon avis, le tranchant affûté de la lame ne fait pas tout : il y faut aussi le poids de l'arme. A voir l'exécuteur, il me semble aussi qu'il y faut le geste du professionnel, quasiment athlétique, le geste précis qui réclame un long entraînement. Je me situe exclusivement au niveau technique, et me garde d'émettre quelque jugement de valeur, pensez !
Nous apprenons ces jours-ci que les exécutions capitales en Chine, pour lesquelles il n'existe pas de données officielles, sont évaluées par « les associations» (catégorie journalistique bien connue), à commencer par la sourcilleuse et chatouilleuse Human Rights Watch (tiens, les Américains aussi, ils font des "observatoires"), à environ 4000 à 6000 par an (marge d'erreur de 50 % quand même).
Remarquez, il fut un temps où la France pratiquait la chose, mais en beaucoup plus compliqué, puisqu'il fallait la décision d'un tribunal, et surtout il fallait une machine spécialement dédiée. Les Chinois ne s'embarrassaient pas de tels méandres, et en venaient directement au fait, sur simple décision d'un quelconque maître des lieux.
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mardi, 23 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 9
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal. Peut-être qu'il répond, allez savoir.
Au pays des ours, tout au moins aux yeux des promoteurs du Journal des Voyages, les animaux en question semblent curieusement soucieux de se ménager avec les hommes, quand le destin les place sur leur route, des scènes de corps à corps ardentes et fiévreuses.
On sait pourtant, depuis le petit ouvrage de Heinrich von Kleist (Sur le Théâtre de marionnettes), que l'arme la plus efficace de l'ours, dans de telles circonstances, c'est la patte dans son ensemble (son bras si vous voulez), avec au bout l'extrémité griffue.
Cela vaut même le coup de lire le petit passage concerné, où le narrateur est mis au défi d'atteindre le corps de l'ours avec son épée : « "Allez-y ! Tirez ! me dit-il ; essayez de le toucher ! essayez de réussir une seule touche !" Me remettant quelque peu de mon étonnement, je me fendis dans sa direction, lançant mon épée ; l'ours fit un tout petit mouvement avec sa patte, et para le coup. Je me fendis à nouveau, exécutant une passe d'une telle promptitude qu'elle eût infailliblement transpercé la poitrine d'un homme ; l'ours fit un tout petit mouvement avec sa patte, et para le coup ». L'ours pousse même le culot jusqu'à rester impassible et sans un mouvement quand le narrateur essaie de le feinter.
Moralité : « C'est ainsi que la grâce apparaît le plus pure dans la forme corporelle de l'homme, ou bien qui n'a aucune conscience, ou bien qui possède une conscience infinie : c'est-à-dire, et tout aussi bien, chez la marionnette et chez le Dieu» (dans la traduction de l'immense Armel Guerne; à noter que "le" devant "plus" est parfaitement exact).
Il faut préciser que l'épisode de l'ours est le troisième et dernier, après celui des marionnettes (dont les mouvements, guidés par l'inertie et la gravité, possèdent l'absolue perfection mathématique) et de l'adolescent (qui perdra toute fraîcheur, innocence et beauté à vouloir retrouver à tout prix la perfection d'un geste qui l'a fait ressembler, aux yeux du narrateur, pendant un minuscule instant, au « Tireur d'épine » visible au Capitole).
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lundi, 22 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 8
Je suis en vacances, mais ... je me soigne.
Je m'en voudrais de laisser vacant tant d’espace disponible. Pour le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages convenait parfaitement. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du yorkshire quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours lui faire la conversation. Peut-être qu'il répond, allez savoir.
Aujourd'hui et demain, un petit tour parmi les ours. Glissons pudiquement sur le taux de probabilité de vraisemblance de l'image ci-dessus : je n'ai jamais lutté avec un ours (blanc, noir ou en peluche), mais ce corps à corps semble surtout destiné au lecteur parisien. Ne dit-on pas qu'un ours adulte vous arrache la tête d'un seul petit coup de patte ? Voilà ce qui arrive quand, sous l'influence d'on ne sait quelle substance, on met en application l'un des slogans inventés par M. Daniel Messoissantwitte, je veux parler de : « L'imagination au pouvoir !».
Il est vrai que le grand Hergé en personne ne voit dans l'ours brun des Andes qu'une sorte de charmant convive qui ne demande qu'à lier conversation et fraternité, comme on le voit ci-dessus, dans Le Temple du Soleil : cette patte amicalement posée sur l'épaule du capitaine Haddock ne laissait rien augurer d'autre que de purement convivial, et ne méritait donc pas la panique d'Archibald Haddock, marin au long cours. Il aurait au moins pu lui serrer la griffe, l'ingrat.
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dimanche, 21 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 7
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine.
Nous restons parmi les Gorilles : l'intensité de l'émotion suscitée par le singe dans l'âme du lecteur du Journal des Voyages semble directement proportionnelle à la taille de l'animal, les petits singes prêtant plutôt à sourire.
Dans l'exemplaire présenté, on appréciera des canines dignes d'un carnassier (ça la fiche mal pour un herbivore-frugivore). Et l'on s'inclinera devant son sens pratique, en même temps que dionysiaque, où l'utile se joint toujours à l'agréable, comme on le voit au dernier plan de l'image ci-dessus (ah, la femme blanche, enlevée par les bras puissant du grand singe, et cela cinquante ans avant King Kong), ...
... et que Franquin avait confié à Spirou et Fantasio, ainsi qu'au marsupilami, dans un épisode (Le Gorille a bonne mine).
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samedi, 20 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 6
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal.
Aujourd'hui le gorille voleur de femmes :
« D'autant plus vaine était leur crainte Que le gorille est un luron Supérieur à l'homme dans l'étreinte Bien des femmes vous le diront ». Georges Brassens (mais qui l'ignorait ?). La question qui se pose est de savoir si c'est aujourd'hui qu'il le perd. « Il parlait de son pucelage, vous avez deviné j'espère. » Je sens que les féministes, avec Caroline Fourest à leur tête, vont encore s'insurger : la femme était-elle consentante ? Il est même possible que les gorilles femelles n'aient pas encore le droit de vote, allez savoir.
Mais il ne faudrait pas surestimer la puissance du gorille mâle, comme semble le faire Tonton Georges. D'abord, l'organe érectile dont on le laisse abusivement se prévaloir faute d'une information suffisante, ne mesure que 3 ou 4 centimètres quand il est en action. Enfin c'est ce qu'on m'a dit.
Ensuite, parce que certaines femmes particulièrement énergiques et décidées sont capables de ne faire qu'une bouchée de l'animal et de sa prétendue puissance musculaire, comme le montre ci-dessus Olga Vogelgesang dans Adieu Brindavoine, petit chef d'oeuvre du dessinateur Jacques Tardi.
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vendredi, 19 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 5
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal.
Allez, encore une tournée de cannibales. Cette fois, ce sont des Aborigènes d'Australie qui fêtent Noël : ils ont reçu leurs cadeaux, qui viennent visiblement d'être dépaquetés. Alléluïa. Je note qu'ils préfèrent manger tartare. Mais, vu ce qu'ils dépaquettent, on peut dire qu'ils ne sont pas dégoûtés.
Les caisses rejetées sur la côte après le naufrage du navire contiennent en effet, comme l'indique l'inscription en bas à gauche (« pièces anatomiques »), des restes humains destinés à quelque hôpital ou quelque salle de dissection. C'est au sens propre (si l'on peut dire) que le héros s'écrierait : « Bon appétit, messieurs ! » (Victor Hugo, Ruy Blas, III, 2).
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jeudi, 18 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 4
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie (et bien en accord avec la période estivale), je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal.
On reste chez les cannibales. On est cette fois en Nouvelle-Calédonie. J'avoue que ça m'amuse un peu de lire "crâne", dans « Le vieux chef crevant les yeux du crâne » (légende de l'image, difficile à lire). Je n'en démords pas : il ne faut pas confondre "tête" et "crâne" : la tête appartient au vivant, le crâne est un objet, on en voit un, d'ailleurs, au premier plan (« Alas, poor Yorick !», et tout ce qui s'ensuit, Hamlet, être ou ne pas être, Ophélie, le bataclan, le tintouin, sans oublier le fourbi).
Le crâne, ça peut aussi se poser, je ne sais pas, moi, sur le bureau du médecin : juste pour mettre en confiance.
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mercredi, 17 juillet 2013
JOURNAL DES VOYAGES 3
Je suis en vacances, mais ...
Pour ne pas laisser vacant tant d’espace disponible, mais le remplir de façon bien sentie, je me suis dit que la collection 1876-1899 du Journal des Voyages était parfaitement idoine. Puisse l’illustration quotidienne remplir l’office du poisson rouge quand on est seul et qu’on n’a personne à qui parler : on peut toujours s’adresser au bocal.
Pour comparer, voici le dessin d'un boucan à la façon des Toupinambaous, dans une édition d'avant 1600 (André Thevet, 1558).
Ce n'est pas le même genre de viande. Quoique ... La dame à gauche au premier plan, oui, celle qui entame le bras du dernier prisonnier mis à cuire sur le boucan, elle a un appétit qui fait plaisir à voir. Celle qui brandit la jambe en la tenant par le mollet n'est pas mal non plus. Que préférez-vous ? L'aile ? La cuisse ?
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vendredi, 21 juin 2013
BERNARD TAPIE LE CROCROCRO !
BAUERNMÄDCHEN (JEUNES PAYSANNES), PAR AUGUST SANDER
***
Tout le monde connaît par cœur cette chanson enfantine, ou tout au moins le refrain :
« Ah les crocrocro, les crocrocro, les crocodiles,
Sur les bords du Nil ils sont partis, n’en parlons plus ! » (bis).
Je propose de réécrire les paroles pour les faire coller à l’actualité récente. Cela pourrait donner quelque chose comme :
« Ah les socialo, les socialo, les socialistes,
Dans la pourriture ils sont tombés, n’en parlons plus ! » (bis).
Mais comme, dans la boutique en face, il n’y en a pas un pour racheter l’autre non plus, je propose la version suivante :
« Ah les sarkoko, les sarkoko, les sarkozystes,
Dans la corruption ils sont tombés, n’en parlons plus ! » (bis).
MANCHETTE DU CANARD ENCHAÎNÉ DU 19 JUIN
C’est vrai ça, ils se tiennent par la barbichette. Ecoutez le monologue intérieur de François Hollande, j’y étais, j’aime vivre dangereusement : « Ah tu m’as fait virer Cahuzac ! Eh bien ça ne va pas se passer comme ça ! Tu vas voir comment je vais te l’essorer, ton Tapie ! C’est bien le diable si, entre la Bettencourt et le Tapie, je peux pas le flinguer une bonne fois, le Sarkozy ! Au moins, ça déblaiera le terrain pour 2017 ! Le Fillon ou le Copé, j’en croque un à tous les petits déjeuners, alors ! Et si quelques seconds couteaux prennent des balles perdues, elles ne seront pas perdues pour tout le monde ». Tel que, texto, juré, craché ! J’y étais, dans la matière G. à François H. Et je peux en témoigner : elle est vraiment très grise. Dire que ça a fait HEC et l'ENA ! Plus Sciences-Po pour faire bon poids. C'est bien la peine.
LE CANARD ENCHAÎNÉ DU 19 JUIN 2013, 6 ANS APRES LE 7 MAI 2007
(ça reste un peu déchiffrable; ça commence par :"Le petit est élu. Je suis sauvé dans Adidas, maintenant le pognon va couler", paroles de BT prononcées le 7 mai 2007 - tiens tiens !?)
Je ne vais pas me donner la peine de commenter Tapie, pour la raison qu’il fait partie de cette catégorie dont je raffole : les preneurs de balles perdues. On dit bien qu’il y a des coups de pied au fondement du derche du croupion de l'arrière-train qui se perdent ! Le cul des salopards finis est un cul comme les autres. Il défèque sa merde tous les jours, comme tout le monde. Mais la merde, cette fois et pour le coup, est vraiment trop grosse. Et elle pue.
UNE ASSEZ BONNE SYNTHÈSE DE LA QUESTION, PAR CABU
Qu’est-ce qu’ils attendent, les petits Marseillais shootés à la kalachnikov, plutôt que de gaspiller des balles ou du bon combustible fossile plein de CO² pour des lampistes de banlieue, tout ça parce qu’ils se sont trompés dans leurs additions et leurs soustractions au moment du partage du butin ? Ils ne pourraient pas apprendre à « rectifier le tir » (le verbe étant à comprendre comme dans : « Le vieux Nanar, il s'est fait rectifier ») ? Pour une fois, le vulgum pecus (alias la « foule des anonymes ») aurait l’impression qu’il y a parfois un semblant de justice ou de providence en ce bas monde. Pour un peu, sait-on jamais, le vulgum pecus se remettrait à croire en Dieu. Mais ce n'est pas gagné d'avance.
De l’affaire Tapie-Sarkozy, je retiendrai surtout l’énormité de la ficelle qui a abouti à l’énormité de cette filouterie, mais j’y ajouterai l’énormité des calembredaines balancées à la télé par Tapie en personne, sur l’air de : « s’il y a du louche, j’annule tout » (ce qu’il serait bien en peine de faire, même s’il était sincère), alors que j’aurais bien aimé l’entendre dire : « s’il y a du louche, je rends l’argent », mais pas fou, le Nanar.
Il ne rendra pas l’argent, ou alors il faudra lui mettre la corde au cou ou le pistolet sur la tempe, avec quelque chose d'ogival et blindé entre les deux yeux (je trouve que le 11,43 conviendrait assez bien : c'est le calibre préféré du "milieu"). Oui je sais, avoir la tempe entre les deux yeux, c'est plutôt rare. Mais Tapie a montré de quelles prouesses il était capable : j'essaie de hisser mon imagination à la hauteur de l'enflure.
C’est bien connu, les plus grosses fadaises passent comme des lettres à la poste quand elles sont prononcées avec le monstre de culot dont est capable l’ancien tricheur (OM-VA), l’ancien condamné, l’ancien détenu. Posséder à ce point l’art de la démesure dans le mensonge a quelque chose de stupéfiant. Autre point proprement stupéfiant : comment se fait-il que tant de gens encore aujourd'hui lui veulent du bien, à Tapie ? Qui comprend ça me l'explique, merci d'avance.
Je me dis aussi que si le « journaliste » qui interroge BT avait un peu potassé son dossier, Tapie serait depuis longtemps dans les oubliettes. Mais quels journalistes ont aujourd’hui les bras, les couilles et le culot d’affronter des chefs de gangs adoubés au sommet de l’Etat ? Ils tremblent pour leurs abattis ou quoi ? Ah oui, c'est vrai, il faut encore croûter demain... Soit.
Car mine de rien, ça jette une lumière intéressante sur la profondeur pornographique du machiavélisme latrinier d’un François Mitterrand, sans lequel ce grossier menteur de Nanar (initiales BT ; au passage BT est le nom d’un célèbre et délétère maïs OGM, parce que les plantes aussi sont capables de mentir, y a pas de raison) serait encore en train de vendre des cacahuètes, des lacets et des salades sur les marchés.
Après tout, Mitterrand a réussi à mettre sur orbite deux sacrées perdrix dans le ciel politique français : en plus de Bernard Tapie, il ne faut pas oublier en effet un certain Jean-Marie Le Pen. Dommage que la chasse de ces gibiers soit interdite. Nous serions nombreux sans doute à avoir envie de tenir le fusil du père de Marcel dans La Gloire de mon père. Cela ne vous dirait pas, vous, un beau doublé de ces bartavelles-là ? On pourrait même les manger, après avoir retiré les dents en or. Cela renouvellerait de façon intéressante l'idée du banquet républicain. Comme dans Astérix et les Normands, on trinquerait avec les crânes. Voilà une idée qu'elle est bonne !
Finalement, « Sur les bords du Nil ils sont partis », c'est une vieille rengaine. Et « n'en parlons plus », un rêve qui n'est pas près de se réaliser. Nous sommes pris entre un passé trop lointain et un avenir trop improbable : les temps sont durs.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photographie, august sander, allemagne, ah les crocrocro, parti socialiste, ump, ps, nicolas sarkozy, françois hollande, cahuzac, bernard tapie, kalachnikov, marseille, justice, françois mitterrand, canard enchaîné, cabu, société, france, politique, corruption, tous pourris, jean-marie le pen
lundi, 17 juin 2013
LE CAS MERIC
FONCTIONNAIRE NAZI. CHEF DU SERVICE CULTUREL DE COLOGNE EN 1938, PAR AUGUST SANDER
***
Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de « JNR » ou d’« antifa », ce sont sûrement tous des enfants de chœur prêts à servir la messe, agenouillés en aube blanche en agitant leurs grelots, des angelots inoffensifs et peut-être asexués, dévoués et prêts à aider les vieilles dames à traverser les rues. C’est pour ça qu’ils fréquentent les clubs de muscu et d’arts martiaux, certaines vieilles dames ayant de l'embonpoint.
Malheureusement pour Clément Méric, il avait à peine commencé l’entraînement et n’avait pas atteint la taille (il ne « faisait pas la maille ») et la carrure réglementaires pour les circonstances auxquelles il s’est trouvé mêlé. Il ne méritait pas de mourir, c’est sûr, mais il a eu le tort d’être là. Et Esteban Morillo a vraiment frappé très fort. Il était apparemment très bien entraîné. Et il faisait la maille, lui.
Quant aux journaux, au milieu desquels Libération s’est spécialement distingué, ils se sont de nouveau illustrés dans l’interprétation des faits. On a eu droit à un festival de « sursauts démocratiques ». Un des aspects tout à fait comiques de leur « couverture » de l’événement (on parle de « couverture » sans doute pour garder l’événement bien chaud) a été un drôle de « constat », fait selon une drôle de grille de lecture. Que n’a-t-on entendu ?
Ils nous avaient déjà fait le coup, au moment du mariage homosexuel (vous avez remarqué que je me refuse à appeler autrement ce que tout le monde désigne au moyen d'une généralité euphémisante) et des manifs de Frigide Barjot et consort. Ils parlaient de la « libération de la parole homophobe ». J’avais déjà cru rêver en découvrant que des recoins secrets de la société française recelaient, tapis dans les tréfonds d’antres obscurs, un potentiel dormant de « parole homophobe », qui n’attendait qu’un signal, une étincelle pour se réveiller. Pour se libérer.
Les « manifs pour tous » et divers débats parlementaires auraient ainsi suffi pour allumer un mèche qui n'attendait que de faire exploser « la parole homophobe » qui, trop longtemps contenue (par on ne sait quelle magie), n'attendait que cette occasion pour se manifester à l'air libre. A moins que « la parole homophobe » n'ait attendu, comme un fauve hypocrite, que le moment tant attendu de sauter enfin sur sa proie pour enfin la dévorer !
Quelle que soit l'hypothèse, j'avoue que je reste épastrouillé et confondu devant l'IDEE géniale. Qui ne repose en fait que sur la capacité pour l'un des deux adversaires de se donner à lui-même le rôle enviable de la VICTIME, et à l'autre le rôle satanisé du MECHANT. En l'occurrence, la victime est homosexuelle et le méchant (tous ceux qui s'opposent au mariage homo) est homophobe.
Celui qui a fabriqué, avec les petites mains des boyaux de sa tête, l'expression « libération de la parole homophobe » mérite d'être considéré comme un maître dans l'art de la com. Digne de Stéphane Fouks, Euro RSCG et Jacques Séguéla réunis. Une prouesse dans l'art de fermer la gueule à toute contestation et récrimination, en faisant porter le chapeau du coupable aux soi-disant et a priori homophobes. A mon avis, ça vaut la trouvaille de la "fracture sociale", si favorable en son temps à Nicolas Chirac. Ou celle de "travailler plus pour gagner plus", qui avait bénéficié à Jacques Sarkozy.
Nous n'aurons garde d'oublier cependant "la force tranquille", la "génération Mitterrand" ou "Yes we can". Comme quoi l'exercice de la démocratie est devenu une simple bataille de publicitaires. Mais je ne comprends toujours pas comment l'extrêmement ringard "le changement c'est maintenant" a pu faire élire François Hollande. J'attends qu'on m'explique pourquoi, sur cette base dérisoire (et dont tout le monde savait ce qu'elle valait), un tout petit peu plus de la moitié des votants se sont déclarés en sa faveur.
Moi je sais bien qu'il n'y a pas eu de « libération », mais que s'il y eut effectivement « parole homophobe », elle a été sciemment, méticuleusement calculée, provoquée par François Hollande, qui a mis cette loi au programme, et par tous ceux qui l’ont soutenu, voire qui l’ont poussé à l’imposer, de force et sans vrai débat : « Qui sème le vent … » (proverbe connu). Jouer le rôle enviable de la « victime », de nos jours, est devenu un rôle si gratifiant. Et si je dis "enviable", c'est que ce genre de victime sait qu'il a tous les droits. Parlons si vous voulez de « victime triomphante », ou de « colonisateur victimaire ». Passons.
Et voilà-t-il pas qu'avec le cas Méric, ils remettent le couvert, et cette fois ils parlent de « libération de la parole d’extrême-droite » et autre « pensée fasciste », qui auraient été couvées par les « manifs pour tous ». Et allez donc ! Qu'on se le dise : la parole d'extrême-droite était en prison. Frigide Barjot l'a libérée en manifestant contre l'hypothèse qu'on puisse marier du masculin avec du masculin, du féminin avec du féminin.
Je note au passage que c'est une libération dont les sans-culotte de l'égalité ne veulent à aucun prix : la liberté est une bien belle chose aux yeux des adeptes du « mariage pour tous », mais faudrait voir à pas exagérer ! Certains étaient déjà plus égaux que d'autres. Voici le temps des gens plus libres que les autres (puisqu'ils décident de la liberté de ces autres).
Quand je pense que je dénigrais Nicolas Sarkozy au motif qu’il coupait violemment la France en deux et qu’il provoquait sciemment la fracture entre les deux camps. C’était d’ailleurs vrai, personne ne peut dire le contraire, puisque Sarko se vantait précisément d’être très « clivant ».
Mais on n’avait pas vu à l’œuvre le chef de bureau qui nous gouverne, avec sa suavité digne, son sens lubrifié de la componction et son élocution ravie d’ancien bègue. En matière de clivage, le « capitaine de pédalo » en connaît un rayon, et « Flanby » a parfaitement fait la preuve que, pour ce qui est de monter une France contre l’autre, front à front, il ne « pédale pas dans le yaourt », même avec le grade de capitaine.
Pour provoquer la haine des uns pour les autres et retour, François Hollande ne me semble pas malhabile (la litote n'est pas l'euphémisme : elle vise à faire entendre le plus en exprimant le moins). Au moins, François Mitterrand portait sur son machiavélisme le visage de la vérité, même s'il a fait des dizaines de millions de dupes en 1981. Le problème, avec François Hollande, il a tellement mal l'air sincère, que tout le monde est persuadé qu'il est vraiment très bête.
Je donne gratuitement ces formules assez brillantes à l'équipe de communicants qui entoure notre lambeau de président. Les deux phrases ne sont pas trop mal écrites, je le reconnais bien volontiers.
D’une certaine manière, Hollande surpasse Sarkozy dans l’art de diviser les Français, en usant du même stratagème qu’un certain François Mitterrand qui, par pur calcul politicien, pour affaiblir et diviser la droite, envoya en son temps dans son jeu de quilles un chien nommé Jean-Marie Le Pen.
Mais on a peut-être grand tort de donner une aura politique à la mort de Clément Méric. Après tout, s’il n’y avait pas tant de renards gauchistes (???) glapissant au retour des hurlements des loups fascistes (???), la tragique bagarre devant un magasin de vêtements à la mode ne serait pas sortie de la rubrique « faits divers ». Franchement, quelle différence entre les violences réciproques des bandes voisines d’Aubervilliers et de La Courneuve et la confrontation entre les « antifa » et les « JNR », vu le niveau d’éducation politique en vigueur dans ces deux groupuscules ?
Et je signale à tous les journalistes qui ont crié à la menace fasciste que, dans leur précipitation, ils ont oublié de rappeler les saccages récents commis par les supporters du PSG au Trocadéro pour fêter dignement le titre de champion de France conquis par le club parisien. Au grand dam du financeur qatari. Ben oui : c’était des « anars » ou des « fachos » ? Chi lo sa ?
De toute façon, et je l'ai déjà dit, si le Parti « Socialiste » a conquis bien des terrains réservés autrefois à la droite, c'est parce qu'il a compris que la population française n'en veut plus, de la Révolution, et que ce qu'elle veut a plus à voir avec un rêve de petits-bourgeois qu'avec l'exaltation lyrique et unanimiste des masses ouvrières : elle est en masse passée à droite pour tout ce qui touche le logement, la voiture, le travail, même s'il flotte encore des effluves largement fictifs et illusoires d'une gauche des moeurs et d'un progressisme sociétal (vote des étrangers, mariage homo, ...).
Demandez à l'ouvrier chinois, en passe de s'enrichir, s'il n'en rêve pas, de sa voiture. Ensuite, parlez-lui donc un peu de la "conscience de classe". Et puis tiens, demandez-lui donc, à l'ouvrier chinois, ce qu'il penserait de ses dirigeants, s'ils voulaient imposer le vote des étrangers ou le mariage des homosexuels. Ah mais voilà, j'oubliais, là-bas, « ils ne sont pas en démocratie ». Ils sont fous, ces Chinois ! En plus, ils ont des principes ! Ils ont des valeurs ! C'est vraiment une dictature.
Pour conclure (il faut bien), il faut savoir ce qu'on veut : si tout le monde pousse à droite, il est mécanique et normal que la droite vraiment de droite s'extrémise, et produise ses petites mains qui n'ont pas froid aux yeux, des mains qui savent, à l'occasion, ne pas se croiser les bras, façon « SturmAbteilungen » (que Hitler, très tôt, en 1934, a "purgées" de Röhm et de quelques comparses lors de la "Nuit des longs couteaux", avis transmis à Serge Ayoub). Quant aux antifascistes, ils font tout ce qu'ils peuvent pour donner davantage de consistance et de visibilité à l'épouvantail qu'ils disent combattre, pour légitimer leurs propres hantises.
Voilà ce que je dis, moi.
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dimanche, 16 juin 2013
LE CAS MERIC
MEMBRE DE "LEIBSTANDARTE ADOLF HITLER", PAR AUGUST SANDER
("Leibstandarte" veut dire "garde du corps", c'était une division SS)
***
Alors bon, Clément Méric, les médias nous ont tellement tabassé le crâne et piétiné les burettes avec cette histoire, depuis le 5 juin, qu’il faut bien en extraire quelque chose qui ait un peu de sens. Et puis il ne saurait être dit que je n’en aie rien dit, quand même. On a sa dignité. Alors quoi ?
D’abord une remarque amusée : « Fred Perry » (le « Lacoste » britannique, paraît-il) est une marque de vêtements qui sert de signe de reconnaissance et de ralliement à des groupes que les journalistes prudents regroupent sous l’appellation sablonneuse de « mouvance d’extrême-droite », le sablonneux étant la qualité inhérente à la mouvance.
Malheureusement, la même marque sert de signe de reconnaissance et de ralliement à des groupes appartenant cette fois à la sablonneuse « mouvance d’extrême-gauche », parfois baptisée « anarcho-autonome » et autres joyeusetés lexicales. On voit que ça devient très vite très sablonneux et très mouvant.
Premier étonnement du néophyte que je suis : la condition première de l’appartenance à ces « mouvances » est la tenue : il s'agit de s'habiller "dernier cri", en s'adressant aux marques les plus en vogue. Deuxième étonnement : qu’on soit « anar » ou « facho », la tenue est la même. Plus fort encore : la marque est la même. Il paraîtrait que des codes couleur permettent de s'y retrouver. Vous peut-être, mais moi ...
Bizarres, bizarres, toutes ces « fashion victims », vous ne trouvez pas ? De facho à fashion, en quelque sorte. A l’esprit de quelle personne normale viendrait l’improbable idée de porter sur elle ses opinions politiques, reconnaissables à la marque, à la forme, à la couleur de ses vêtements ? Quel plaisir peut-il bien y avoir à se transformer en étendard de soi-même ? Et j’imagine très bien que ces gens, tous très persuadés que leurs idées sont les meilleures, se mettent tout d’un coup, quand ils sont entre eux, une fois autour de la table, à « parler chiffon » : la température de lavage, l'adoucisseur, le repassage.
Les journaux ont offert un historique détaillé de cette préoccupation vestimentaire et primordiale, remontant jusqu’aux affrontements londoniens entre « mods » et « rockers ». Ma foi, je veux bien, parce que j’y apprends l’importance de la musique dans les « cultures » (!!!) respectives des adversaires, radicalement différentes, paraît-il, selon le clan auquel on appartient. Vu du dehors, la différence ne saute pas aux yeux (Bérurier noir chez les anars contre je ne sais plus que (heavy) métal chez les fachos), et vraiment pas, mais le principal, n'est-ce pas, est que les intéressés s’y retrouvent.
Petite parenthèse « culturelle » : l’interview de cette journaliste grecque par une chaîne de radio a réjoui mon âme à travers quelques remarques bien senties. Au sujet des députés « fascistes » envoyés au Parlement grec aux dernières élections, elle parle de « niveau intellectuel de camionneur », ce qui n’est pas très gentil pour la profession (revoir le sketch de Jean Yanne et Paul Mercey), mais elle sait peut-être de quoi il retourne.
Elle éprouve la même tendresse pour les Français (anars comme fachos), totalement ignares en histoire, en politique, en économie et quelques autres domaines indispensables à qui prétend conduire une réflexion politique. Selon elle, leur intelligence a à peu près la hauteur de la pâquerette officinale. Plafond bas, front bas. Masse de manoeuvre à la rigueur, main d'oeuvre occasionnelle sans doute. Mais action politique ? Que nenni !
Les faits, maintenant. Vous voulez vraiment que je vous dise ? Je ne peux certes que déplorer la mort de Clément Méric, mais à la place de ses parents, professeurs de droit dans une université bretonne, je n’aurais à l’esprit et à la bouche que cette question de Géronte à Scapin dans la pièce qui met en scène les « fourberies » de ce dernier : « Que diable allait-il faire dans cette galère ? ». Vu son âge, peut-être ce qu’il a fait en adhérant aux « antifa » s’apparente-t-il à ce qu’on appelait, dans les autrefois, « jeter sa gourme », dans la série « ma première biture », « ma première pute », « ma première vérole » ? Allez savoir.
Quelle idée, aussi, d’aller se fourrer dans les pattes d’un groupe intitulé « antifa » ? Dialogue : « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? – Antifa. – Ah, antifa, c’est intéressant, et ça rapporte ? – Des gnons. – Il n’y a pas de sot métier. A voir votre visage convenablement tuméfié, c'est un métier seyant et bien porté ».
Le problème, quand on se déclare « antifasciste », c’est qu’on a besoin du « fasciste » pour exister, autant que les Capulet ont besoin des Montaigu (et inversement) dans Roméo et Juliette, et que les Sharks ont besoin des Jets (et inversement) dans West Side story. L'un engendre l'autre, et vice-versa, comme le pôle positif de l'aimant a besoin du pôle négatif. Ils ne seraient rien si l'autre n'existait pas.
J'imagine que c'est l'existence de groupes tels que 3ème Voie, JNR et autres Bloc identitaire qui a suscité la création d'Antifa, mais franchement, est-ce que quiconque de sensé peut se définir "anti" ? Qu'est-ce donc que ce programme, dont la seule raison d'exister est de lutter contre ? Si c'est tout ce qu'ils ont à proposer, c'est donc qu'ils souffrent juste d'une démangeaison, peut-être d'une allergie. Ils devraient aller se faire gratter. Une réaction allergique, certainement pas une action politique (je me répète).
Quant aux « fascistes », j’avoue que ma documentation personnelle est trop pauvre pour en dire quoi que ce soit de sensé. Il m’est plus souvent arrivé de croiser la route de leurs adversaires antifa, sans doute parce que leur IBM (Indice de Bruit Médiatique) est plus élevé, pour cause de propagande mieux relayée, sous des noms divers (anarcho-autonomes et autres petites bières) dans les radios et télévisions, même si Serge Ayoub a réussi à projeter en peu de temps son groupe sur le devant de la scène, et de façon spectaculaire. C’est vrai que le logo adopté pour décorer son bar associatif laisse deviner quelles curieuses références historiques ont ses préférences.
DES AMOUREUX DE LA NATION FRANÇAISE, VRAIMENT ? LAISSEZ-MOI RIRE ! S'ILS N'ETAIENT PAS DES DEMI-PORTIONS DE NAZIS EN MIE DE PAIN, ILS L'AURAIENT GAMMÉE EN ENTIER, LEUR CROIX ! LÀ, ILS SONT OBLIGÉS DE RECOURIR A DES SUBTERFUGES POUR LA DISSIMULER, LEUR CROIX GAMMEE. ILS BIAISENT, QUOI, SANS DOUTE POUR FAIRE CROIRE QU'ILS SONT RUSÉS.
MÊME PAS CAP' D'ÊTRE DES PATRIOTES, DES VRAIS ! PENDANT LA GUERRE, ILS SE SERAIENT ENGAGÉS DANS LA LVF, LA CHARMANTE ET MOINS PETAINISTE QUE NAZI LEGION DES VOLONTAIRES FRANÇAIS CONTRE LE BOLCHEVISME. DES COSMOPOLITES, QUOI.
***
Voilà ce que je dis, moi.
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mercredi, 29 mai 2013
TROP FORT, GASTON LAGAFFE
On trouve de drôles de choses, certains jours, dans notre PQR. A Lyon, PQR s’appelle Le Progrès. A la page « Faits divers », on tombe sur la photo suivante.
Elle représente un échafaudage. Elle représente aussi une automobile, immatriculée en Corse. Le conducteur de celle-ci semble avoir confondu celui-là avec son garage, puisqu’il s’y est installé à pleine vitesse, sans avoir eu le temps de trouver bizarre qu’il n’ait pas eu à ouvrir la porte.
J’entends bien souvent dire que « la réalité dépasse la fiction ». Eh bien non. Au moins pour cette fois. Gaston Lagaffe est en effet capable de bien pire, comme le montrent les quelques vignettes ici présentes. Au début de l'histoire, il vient de déposer sur un pare-brise un mot pour s'excuser d'avoir éraflé la carosserie de la voiture.
Non, c’est vrai, je reconnais que la réalité peut, à l’occasion, avoir une certaine imagination. Mais pour s’aligner avec le cerveau ô combien fertile de Gaston Lagaffe, la réalité aurait dû se lever un peu plus tôt.
En fait, sans un bon auteur, la réalité est paresseuse, et ne parvient qu’exceptionnellement à approcher la suractivité de l’esprit du créateur inspiré, si celui-ci ne lui apporte le coup de pouce nécessaire.
Et Stendhal, avec son « miroir promené le long d’une route » (il parle du roman), peut bien la ramener : il est enfoncé, quand l'auteur s’appelle André Franquin.
Voilà ce que je dis, moi.
Note : on me reprochera de me moquer, alors que c’est une tragédie, le conducteur étant mort dans l’accident (6 h 30 le matin, les deux jeunes sortaient, sans doute beaucoup trop vite, de boîte de nuit, la passagère est quasiment indemne). Je ne me moque pas, je lis le journal, c’est tout. Quelle idée aussi, la rubrique "faits divers" ? Qu’est-ce que j’y peux, si ça fait marcher la machine à associer les idées. Cette fois, c’est tombé sur Gaston.
Pour me faire pardonner, je vous propose de passer une minute (1' montre en main) en face d’un nuage d’étourneaux. Ce qu’aucune fiction n’est capable d’égaler. Et quand vous verrez les aurores boréales en mouvement filmées par S., vous admettrez avec moi que si, la réalité peut vraiment avoir une imagination débordante. Et du souffle.
Et puisque vous insistez, voici un nuage d'étourneaux d'un autre genre (si j'ose dire).
UN LECTEUR INATTENTIF POURRAIT CROIRE QU'ON VA BIENTÔT PARLER DE SOINS PARTICULIERS A APPORTER AUX CHEVEUX LONGS (UNE BRUNE ET UNE BLONDE, POUR NE PAS FAIRE DE JALOUSES).
« Tes deux seins sont comme deux faons, jumeaux d'une gazelle, qui paissent au milieu des lis. » (Salomon, Cantique des cantiques, I, 4, 5).
« Les hommes labouraient d'une main plus profond, les femmes employaient avec à propos les condiments dans la cuisine, les garçons pourchassaient les filles, et chacun priait Dieu qu'il voulût bien consommer la ruine de son prochain. » (Marcel Aymé, La Jument verte).
Toutes ces choses n'ont guère de rapport entre elles. J'en suis d'accord.
La vie est belle, et c'est tant mieux.
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lundi, 27 mai 2013
PRESSE DE GAUCHE, VOUS AVEZ DIT ?
AINSI, LA VIE D'ADÈLE, LE FILM D'ABDELLATIF KECHICHE, A-T-IL REÇU LA PALME D'OR. TOUT LE MONDE SENT AINSI SOUFFLER LE VENT DE L'HISTOIRE. MADAME HOMOSEXUALITÉ, VIEILLE COMME LE MONDE, SE PORTE COMME UN CHARME. ELLE A TOUTES SES DENTS, DE L'APPETIT, PIGNON SUR RUE, ET TOUT L'AVENIR DEVANT ELLE. ELLE NE SERA SATISFAITE QUE LE JOUR OÙ ELLE « SERA LE GENRE HUMAIN » (paroles de L'Internationale). PENDANT CE TEMPS, JEAN-FRANÇOIS "CHARLOT" COPÉ INVITE LES ANTI-MARIAGE GAY A S'INSCRIRE A L'UMP. IL N'A PAS DIT SI C'ETAIT POUR PARTOUZER. QUEL TALENT ! IL CROIT ENCORE QU'IL Y A DU POLITIQUE, VOIRE DU POLITICIEN, DANS LE SEXUEL ! FRIGIDE BARJOT L'A DANS LE BABA ! ELLE VA POUVOIR ALLER SE FAIRE VOIR. LA PORTE ETROITE (ANDRÉ GIDE) EST DEVENUE ARC DE TRIOMPHE, CELEBRANT L'AVENEMENT DE LA NOUVELLE CIVILISATION. ET ATTENTION : GARE A CEUX QUI RECRIMINENT !
***
Le cas de Libération est différent de celui du Monde. Journal militant et révolutionnaire (et parfois folklorique, avec ses « petites annonces » et ses « notes de la claviste », ses suppléments "Bazooka" alias "Un Regard moderne", ...) au départ, il a peu à peu, comme Le Monde, dérivé en direction du système marchand que ses fondateurs voulaient détruire. Disons qu’il s’est laissé phagocyter. D’autres diront qu’il a déserté le champ de bataille. D’autres enfin soutiendront qu’il a fini par prendre en compte les réalités économiques. Raisonnablement. Voire !
Mais ce qu’il faut noter, c’est que la décomposition progressive de l’esprit Libé a suivi à peu près une ligne parallèle à celle du Parti « Socialiste », dont la charogne nous « emboconne » (c’est du vieux lyonnais) l’atmosphère. En effet, comme le PS, Libération, en se convertissant à la société marchande, s’est reconverti dans la « gauche morale », dans la « gauche des droits », dans la gauche de l’évolution des mœurs, dans la gauche de dissolution du sens par l'amalgame de tout dans tout.
Mais ce n’est pas de ça que veulent parler principalement ces deux billets, comme le montre leur balisage au moyen de titres (ou fragments de titres) extraits du journal. Pour bien montrer que celui-ci a renoncé à toute autre ambition que celle de distraire ses lecteurs, et qu'il a emboîté le pas au Canard enchaîné, qui pourrait être son arrière-grand-père, je tente de montrer qu'il pratique systématiquement le calembour, le jeu de mots, les approximations, etc.
JE SIGNALE AMICALEMENT AU JOURNAL LIBERATION QUE "DRACHME" EST DU SEXE FEMININ
Mais à la différence du Canard, qui prend toujours bien soin de préserver la pertinence de ses jeux de mots, Libération en a fait un simple jeu d’enfants, un jeu de cour de récréation qui se pratique à tort et à travers, à bon et à mauvais escient, bref dans le joyeux bordel d’un n’importe quoi général. Je me souviens, à l'époque du "franc", de cette une : « Le dollar baisse comme une bête ». On dira que j'ai l'esprit mal tourné, du fait que je l'ai retenu. On aura peut-être raison.
Libé a inventé le « journalisme d’enfantillage ». C'est peut-être tout ce qui reste à la gauche. Ce qui est sûr, c’est que le rapport logique entre le jeu de mots et l’article qu’il annonce est très souvent lointain, assez souvent aussi inexistant. Le sens ? C’est le cadet de nos soucis. Le mot d’ordre ? Humour, clin d’œil complice, on est entre nous, etc. Ce qu'il reste de l'esprit militant, sans doute. « La révolution a fait pschitt ! », dirait un Jacques Chirac.
Dans les « calembours Libé », il y a à boire et à manger, des bons et des très mauvais, mais il y a aussi beaucoup à chier, beaucoup à se mettre l’index sur la tempe et à renoncer à dépenser 1,60€ par jour. De toute façon, qu'il s'agisse de Libération, du Monde ou du Figaro, quand on voit le nom du propriétaire (Lagardère, Bergé, etc.), on comprend que, puisque la gauche ne sert plus à rien, la presse de gauche n'a plus aucune raison d'exister. C'est peut-être pour ça que les titres de Libération, avec leurs jeux de mots, ont quelque chose à voir avec le bac à sable. Libération sert-il encore à quoi que ce soit ?
Conclusion : les calembours de Libération, le journal fondé en 1973 « sous l’égide » (dixit wikipédia) de JPS (non, pas John Player Special) sont une bonne indication du sérieux avec lequel la « gauche responsable », la « gauche de gouvernement » envisage le message destiné aux masses laborieuses en vue de leur « libération ».
Voilà ce que je dis, moi.
NOTE : Je n'ai pas évoqué le cas d'autres journaux "de gauche", comme L'Humanité ou d'autres feuilles plus confidentielles. Je n'ai rien contre L'Humanité, j'ai de temps en temps essayé d'y mettre le nez, mais je suis contraint d'avouer le constant échec de ces tentatives, sans que je puisse m'expliquer cette inhibition. Une infirmité, sans doute.
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dimanche, 26 mai 2013
VOUS AVEZ DIT PRESSE DE GAUCHE ?
Avertissement liminaire : comme le Petit Poucet du conte semait des cailloux blancs sur son chemin, je sème, dans mes billets d'aujourd'hui et de demain, des photos de titres prélevés dans le journal Libération. L'explication de la chose sera donnée demain.
L’un des signes qui ne trompent pas sur le fait qu’il n’y a plus de gauche en France, c’est la presse. Quand je dis « plus de gauche », ça veut dire qu’il n’existe plus de force politique s’attaquant de front à la structure même de la société marchande, et non pas les tentatives plus ou moins velléitaires à aménager sur les marges des conditions un peu moins injustes pour les populations.
Disons, pour parler clair, que la gauche révolutionnaire a définitivement disparu : le capitalisme a gagné. Il ne s’agit même pas de le reconnaître : les faits sont là. Et c’est radical et définitif. Jusqu’à sa disparition, l’URSS a donné l’illusion (à ceux qui fermaient les yeux sur le sordide de la réalité alors produite, et sur l'absence totale de communisme "vrai" dans la patrie même du communisme, régie en réalité par un féroce capitalisme d'Etat) qu’il pouvait en être autrement, mais depuis la chute du mur, « tout est consommé », comme a dit un homme plus célèbre que connu (initiales JC).
« Exeunt » les luttes ouvrières, quoi que puissent en dire quelques groupuscules d’extrême gauche (PC, LO, LCR, …). Ce qui a désormais pris la place des forces politiques qui voulaient autrefois mettre à bas le système capitaliste (« appropriation privée des moyens de productions », pour parler le Marx dans le texte), c’est ce que j’appellerai la « gauche de gouvernement », ou « gauche responsable ».
Ben oui, dès lors que la gauche accepte de gérer le système tel qu’il est, elle est obligée d’en accepter les règles et les structures, et de se contenter d’en modifier quelques aspects marginaux, comme l’a amplement démontré en son temps François Mitterrand en baissant brusquement pavillon en 1983 (le « tournant de la rigueur »).
La presse a suivi. Le Monde, le navire amiral, le journal « de référence », à travers la neutralité, aussi affichée que professionnelle, de sa « ligne éditoriale », laisse voir en filigrane une corde faisant vibrer davantage d’harmoniques à bâbord qu’à tribord (si c’est pas bien dit, ça ! Ça vaut presque le maire de Champignac, pas vrai ?).
Certains diront que l’esquif « de référence » a progressivement dérivé, en laissant d’abord apparaître, dans ses colonnes, les cours de la bourse, puis en accordant un peu de place à la photo, puis à la publicité, et puis de plus en plus, allant parfois jusqu'à faire croire que les articles servent de support et de commentaires aux photos et aux publicités. Moralité : il faut bien vivre.
Les journaux essaient (de plus en plus désespérément), de suivre les « goûts » de leur lectorat. Pour survivre, Le Monde s’est donc laissé grignoter. Il en est même arrivé à vendre (en date du samedi 24 mai 2013) les pleines pages 4, 5, 6 et 7 à Samsung pour promouvoir son nouveau « Galaxy S4 » (« Quoi ? Y a un nouveau Galaxy ? », voix suraiguë de Coluche, évidemment). La quantité d’information, je veux dire la vraie, dans Le Monde a donc beaucoup maigri ; elle n’a pas disparu.
POUR COMPRENDRE CELUI-LÀ, IL FAUT SAVOIR QUI ETAIT LE "MIME MARCEAU"
Le Monde est encore un journal. Frustrant, décevant, exaspérant par rapport à ce que ça pourrait, mais un journal. Pas comme Libération, dont sont tirés les titres ici présents.
Voilà ce que je dis, moi.
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samedi, 13 avril 2013
POLITIQUES : TOUS POURRIS 3/3
UN JOLI CAS D'HYDROCEPHALIE
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J’ai parlé de l’état de pétrification (c'est d'ailleurs curieux : la fossilisation semble ne pas faire obstacle à la putréfaction) avancée dans lequel se trouve la classe politique, du fait de l’organisation légale de la sélection de son personnel, caractérisée par la possibilité de passer sa vie dans les fonctions électives officielles, et même de cumuler ces fonctions. Ce que j’ai appelé la durée et la surface.
Tiens, est-ce que Gérard Collomb, grand-maire de Lyon, ne pourrait pas envisager de retourner enseigner le français, le latin et le grec dans un bon lycée ? Ah, on me dit qu'il serait mis à la retraite ? Eh bien en voilà encore une idée qu'elle est bonne ! Que dirais-tu d'un repos bien mérité, Gérard ?
Tout cela fait un paysage figé, où les bobines électorales visibles sur les affiches sont à peu près les mêmes d'un siècle à l'autre, d'un millénaire à l'autre. Pensez que Jules Cés... euh non, Jacques Chirac n'a jamais payé de loyer pour ses logements successifs : Hôtel de Ville de Paris 1977-1995, Palais de l'Elysée 1995-2007. Quarante ans à l'oeil, quarante ans aux frais de la princesse, y compris les frais de bouche. Après relecture, on va ôter dix ans, pour faire vraisemblable. Trente ans, ce n'est pas mal quand même. Un rat dans son gruyère : il n'y a pas d'autre mot. Et le docteur Alzheimer qui arrive pour finir, très opportunément. Tout effacer. A pu ! Pschitt !
Pour terminer cette poussée d’urticaire anti-politique, je voudrais mettre sur la sellette un autre vice de fond dans la sélection des élites politiques de la France.
Tout le monde a remarqué, je pense, que la population française est composée, à peu près à parité, d’hommes et de femmes. Que ces hommes et femmes sont d’âges très variables. Que la couleur de leur peau ne se résume pas à la blancheur. Que les tailles, les carrures et les poids sont extrêmement divers. Tout ça porte un nom : diversité. C’est même devenu une rengaine, un leitmotiv, une ritournelle, parfois une scie insupportable, bref, un refrain que certains entonnent régulièrement sur le ton de la revendication, voire de l’acrimonie.
Or quand on regarde du côté des palais de la république, le « Bourbon » et le « Luxembourg », magie-magie, on trouve une seule variété ethnique, qu’on définit ainsi : un homme, un blanc, un quarantenaire-cinquantenaire bien tapé, un bien nourri. On est bien obligé de constater que cette population précise diffère grandement de la population générale. Première anomalie.
Ensuite, si on revient aux gens ordinaires qui forment la population française (j’hésite à parler de « peuple français », parce que je me demande s’il existe encore), on note que certains sont sortis de l’école à seize ans et que d’autres sont devenus, par exemple, médecins, après dix ans d’études. La moyenne scolaire globale ne doit pas atteindre des Everest.
Or le « Bourbon » et le « Luxembourg » sont peuplés, dans leur immense majorité, des gens qui ont en général fait les plus longues études. Toujours en général, c’étaient même des très bons élèves, genre premiers de la classe. Ceux que, quand j’étais lycéen, on appelait les « polars » (pour « polarisés », parce qu’ils ne pensaient qu’au travail et au prix d’excellence à la fin de l’année). Pas tous, évidemment, mais j’attends que quelqu’un conteste que ce soit une tendance lourde et majoritaire. C’est la deuxième anomalie.
Résultat des courses ? La France est gouvernée par un tout petit monde. Le tout petit monde des premiers de la classe (mais un premier de la classe ne fait pas un chef : ce qui fait un chef n'est pas la meilleure copie rendue au prof, c'est d'abord un caractère). La France est devenue la République des bons élèves. Une HOMOGÉNÉITÉ absolument remarquable. Tous fabriqués par le même logiciel intellectuel.
Entre ces gens, les différences sont infinitésimales. Les similitudes, au contraire, sont criantes. Et ce tout petit monde est généralement habité par un sentiment aigu de la paroi qui sépare un dedans chaleureux et compréhensif d'un dehors hostile, mauvais et non-initié, comme dans n'importe quelle secte. Cela vous fabrique une CASTE en bonne et due forme. Qui tient à la fois de celle des brahmanes (c'est pour le côté aristocratie, à l'abri de la valetaille) et des "intouchables" (c'est pour le sentiment d'impunité judiciaire).
Tous ces gens ne regardent la réalité de la "population générale" qu'à travers des jumelles, et n'en ont une connaissance qu'une fois passée par le filtre d'une multitude d'intermédiaires. Tous ces gens pratiquent volontiers le contact avec la réalité ordinaire, à condition que ce soit à distance respectueuse, bien à l'abri de quelques forces de l'ordre judicieusement placées ou des vitres fumées de leurs voitures noires avec chauffeur.
Alors, entre les produits des grandes écoles qui essaiment entre la haute fonction publique et les postes les plus élevés des plus grandes entreprise privées et publiques (ce qu’on appelle les « hauts fonctionnaires », alias « crânes d'oeuf »), d’une part, et d’autre part cette crème de la crème des élites proprement politiques qui proclament : « Le politique, c’est nous », admettez que ça commence à bien faire.
Le niveau scolaire moyen des Français étant ce qu’il est, admettez qu’on soit agacé de se faire faire des remontrances par des arrogants qui donnent l’impression de tout savoir. Si vous ajoutez le côté « Anciens des Grandes Ecoles » qui se tiennent les coudes, la mesure est comble.
L’homogénéité du « corps politique », qui tend à en faire un « corps chimiquement pur », se voit aussi à travers de curieuses réactions de solidarité corporatiste : dernièrement, jusqu’aux aveux de Jérôme Cahuzac, ce fut l’étrange modération de l’UMP, comme si Copé et ses sicaires avaient craint d’égratigner trop fort un « frère ». Il a fallu attendre, pour lâcher les chiens, que Cahuzac avoue. Les Serbes, les Hutus ont pratiqué l'épuration ethnique. Le système politique français pratique une épuration du même genre.
Il me semble que l’expression « corps politique » est d’une grande justesse, car elle rend bien compte du comportement spécifique : solidarité de corps face aux accusations de « tous pourris ! », accusations qui « font le lit du populisme, du Front National et de l’intolérance réunis » ; promptitude instantanée de réaction (intransigeance sur les principes) quand un membre de la caste se fait pincer sans doute possible : il faut réagir immédiatement, et expulser sans tarder le mouton noir pour protéger l'ensemble du peloton des dopés, pour dévier tous les soupçons sur le seul Richard Virenque, érigé en bouc émissaire.
Un corps étanche et homogène : « Que nul n'entre ici, s'il n'a pas » montré patte blanche, été dûment « adoubé » et n'a pas dûment juré « allégeance » ; en sont exclus (pas toujours séance tenante, cf. Georges Frêche, Jean Claude Guérini, car il y a la « présomption d’innocence ») ceux qui ont « failli ».
Le cas Cahuzac est éclairant : plus personne au PS ne le reconnaît dans la rue, surtout ceux qui, hier encore, lui tapaient sur l’épaule : « Coco, tu restes mon ami, je t'aime bien, mais il ne faudrait pas qu'on nous voie ensemble » (il faut s'appeler Julien Dray pour ne pas dire à Ségolène Royal qu'il a aussi invité Dominique Strauss-Kahn à son anniversaire, un vrai piège, dans lequel elle s'est vantée de ne pas être tombée).
Un corps étanche et homogène : ainsi fonctionne une mafia, ainsi fonctionne un parti politique, ainsi fonctionne une secte. Partout la même règle : soumission au parrain. C’est un « tout petit monde » où, d’un parti à l’autre, on se tutoie familièrement, on dîne ensemble, on se pique les femmes à l’occasion, et où l’agressivité et la violence sont là pour « faire le spectacle », quand le bon peuple est devant l’écran de télévision. Demandez à Daniel Cohn-Bendit combien il apprécie la table et la cave de Philippe de Villiers, tiens ! Cela vous épate ? C'est pourtant le fils de Villiers qui en parle. Les exemples foisonnent.
Conclusion : ceux qui constituent le corps politique sont trop peu nombreux, se connaissent tous trop bien et sont trop bien payés. En plus, ils ne quittent jamais la scène (je pense à Bernard Tapie, invraisemblable culbuto indéboulonnable). Un corps intellectuellement, socialement et culturellement d’une inquiétante homogénéité, du fait d’une sélection de type mafieux (ou incestueux ?).
Un corps tellement attaché aux avantages (je n’ai pas dit « privilèges », quoique …) liés aux belles fonctions que, quand on en détient une, on s’y accroche comme une moule à son rocher et que, si l’on a déplu, la relégation se fait sous la forme d’une promotion dans un placard honorifique (sans doute ce qui s'appelle « sortir de la crise pas le haut »).
Il faut que ces gens-là redescendent de leur Olympe. L'entarteur Noël Godin a montré la voie. Mais il faudrait que tout le monde, au jour le jour, puisse leur tirer les oreilles, leur cracher dessus à l'occasion, les engueuler le plus souvent, à la rigueur leur envoyer des oeufs et des tomates, en cas de surproduction agricole. Le jour où mon chien pourra, sans contravention, lever la patte sur la belle chaussure de Gérard Collomb (merdelion), je recommencerai à croire en la politique.
Voilà ce que je dis, moi.
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vendredi, 12 avril 2013
POLITIQUES : TOUS POURRIS 2/3
ON EST PEU DE CHOSE
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Nous en étions donc à la nécessité de casser l'idée même de carrière politique. Le premier moyen est de détruire la notion de « durée de vie politique ». Je préconise l'euthanasie politique à 10 ans. Après, c'est l'interdiction formelle de ressortir de la "vie civile". Pas de vieux chevaux de retour en politique.
Comment casser toute carrière politique ? Voici le deuxième moyen. En réduisant le statut politique d’un seul individu à la seule surface de cet individu : lui-même. Gérard Collomb (je m’adresse à celui que j’ai un peu connu, mais aussi à tous ceux qui sont dans le même cas), choisis ! Tu n’es pas trois personnes dans un seul corps.
La Sainte Trinité, dis-toi bien que c’est une vieille fable. Tu ne saurais être à la fois le « Père-et-Maire », le « Fils-et-Président-de-CUL » et le « Saint-Esprit-et-Sénateur-du-Rhône » ! Rien que pour toi, Gérard Collomb, ça fait deux espaces à libérer (et je ne sais pas tout). Et puis crois-moi : ça te libérera l’esprit et ça te détendra les mâchoires.
Voilà une vraie, fondamentale rénovation de la politique pour la France : un seul mandat (maire, conseiller, député, sénateur, ...) par individu, deux mandats successifs au maximum pour un seul individu : après, retour à la vie civile et interdiction de remettre les pieds en politique. Seul moyen d'en finir avec cette obsession de tous les responsables : une fois arrivé au pouvoir, tout faire pour y rester.
Messieurs les politiques, tant que vous n'aurez pas compris cette base irréfragable du divorce avec nous (population ordinaire, électeurs, contribuables, consommateurs, automobilistes, syndiqués, ...), tous vos blablas resteront des blablas. Vos discours des paroles verbales. Si, par extraordinaire, vous décidiez de remettre le pied dans la même réalité que nous, vous vous rendez compte des gains énormes dont bénéficierait la collectivité nationale ?
D’une part, n’étant plus découpé en tranches, le gars élu consacrerait tout son temps à son mandat unique ; d’autre part, plus question de durer : une fois exécutés les deux mandats, retour définitif à la vie civile. En plus, ça permettrait d’aller puiser les compétences, la jeunesse, les idées, l’enthousiasme et l'énergie dans l’énorme, l’innombrable vivier que ces idiots de journalistes appellent la « société civile », pour bien la démarquer de ce que Raymond Barre nommait le « marigot ».
Tant qu’on ne voudra pas admettre que la corruption de la caste politique est là, c’est la vie politique qui restera cadavre. Tant que les hommes politiques, semblables à des moules, sécréteront leur byssus (c’est comme ça que ça s’appelle) pour s’accrocher le plus longtemps possible à tous les rochers à leur portée, la caste politique française est condamnée à vivre dans son bocal, comme n’importe quelle mafia. Très loin de la population normale et démocratique.
VOILA CE QUE C'EST, LE BYSSUS : UNE FOIS ARRIVÉ AU POUVOIR, COMMENT Y RESTER ?
Tiens, à ce propos, pourquoi les journalistes, parlent-ils du « fief » d’un député ? Pourquoi, en retraçant sa carrière, disent-ils qu’il a été « adoubé » par un ancien ? Pourquoi disent-ils qu’il a fait carrière après lui avoir « prêté allégeance » ? Le point commun entre ces mots ? FÉODAL. Pour dire que la mafia fait partie intégrante des mœurs politiques admises ! Ce langage a été consciencieusement intériorisé par les « braves » journalistes.
Les comptes en Suisse, à Singapour ou aux Îles Vierges britanniques, la fraude fiscale, les conflits d’intérêts seront des tentations et, de toute façon, ne seront jamais que des conséquences mécaniques de ce vice primordial : pouvoir faire carrière en politique.
Pouvoir envisager de faire toute sa carrière en politique (orientation « professionnelle » hallucinante mais trop souvent Contrat à Durée Indéterminée) et pouvoir occuper simultanément plusieurs postes à responsabilités sont déjà, en soi, une CORRUPTION. La corruption, elle est déjà dans la perspective ouverte de creuser son trou dans le fromage républicain, et si possible plusieurs trous.
A ce titre, je le proclame, on a bien raison de crier : « TOUS POURRIS ». Ah ça, ils sont tout étonnés quand, à la fin de ses mandats, un président africain laisse pacifiquement la place à son successeur. Mais regardez-les, tous tant qu’ils sont, accrochés à leurs postes, comme des moules à leurs rochers. Même le vertueux Gérard Filoche, l’outragé, il n’a pas envie de le lâcher, son rocher.
Ont-ils assez brocardé Laurent Gbagbo, prêt à faire la guerre pour rester président, ces hommes accros à la piqûre quotidienne d'adrénaline que leur procurent leurs "responsabilités", et qui ne quitteraient la place que sous la menace des baïonnettes, tellement elle est bonne, la place !
Ouvrez les portes et les fenêtres ! Laissez tout le monde entrer dans la « carrière » ! Finissons-en avec le mode de sélection mafieux des élites politiques ! Ouvrez le TOUT PETIT MONDE de la politique à l’air du large. Tiens, savez-vous comment s’appelle l’avocate qui s’est occupée du divorce de Madame Cahuzac ? Elle s’appelle maître Copé, la propre sœur de Jean-François. Un tout petit monde, je vous dis. Un bocal. Et c’est ce tout petit monde qu’il faut détruire.
Messieurs les hommes politiques, un seul message :
FAITES LE MÉNAGE ! OU ALORS DU BALAI !
Je ne retournerai aux urnes que quand ce sera fait. Mais ce n’est pas parti pour. Je continuerai probablement longtemps à voter avec mes pieds, parce que les grosses moules qui nous gouvernent ne cèderont qu'une fois précipitées dans l'eau bouillante. Je le crains.
Voilà ce que je dis, moi.
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jeudi, 11 avril 2013
POLITIQUES : TOUS POURRIS 1/3
ON EST PEU DE CHOSE, MESSIEURS
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Vous vous rappelez cet appel : « Dieu, si tu existes, envoie-moi un signe ! ». C’était Raymond Devos. Un prodigieux, celui-là. Eh bien à mon tour, je lance un appel solennel :
« Hollande, si tu existes, envoie-nous un signe ! ».
En fait, je devrais plutôt demander à Madame Politique, si elle existe, de nous envoyer un signe, parce que Hollande, en ce moment, a plutôt l’air d’un petit rat pris au piège. Madame Politique n’est pas mieux lotie, vous me direz. Existe-t-elle encore ? J’en doute fort.
Je les entends, tous les curés laïques et toutes les grandes consciences républicaines et démocratiques, dressés « contre le Front National » : « Il ne faut pas entonner le refrain du "tous pourris". Ça fait le lit de tous les populismes » (ah, ce pluriel à "populisme" !). Eh bien moi, je dis que, s’il est vrai que les individus qui composent le « personnel politique » ne sont pas tous corrompus, ils sont arrivés à leur poste grâce à un système de sélection des élites politiques qui est corrompu jusqu’au trognon.
Le personnel politique est (peut-être) individuellement honnête, mais pourri collectivement. C'est le système en soi qui est malhonnête. Et c'est parce que le système est malhonnête qu'il est tout à fait légitime de crier : « TOUS POURRIS ! ».
Regardez le tableau de la vie dite politique en France, depuis … depuis … depuis … non, je renonce à dater : encéphalogramme plat ou presque. Enfin, moi, je n’appelle pas ça « faire de la politique ». Non, qu’on appelle ça « soigner sa carrière », je veux bien, mais « politique », non monsieur. « Je fais carrière dans la politique », ça sonne tout de suite plus vrai. Et « carrière politique », c’est aussi un oxymore : une contradiction dans les termes.
On commence par conseiller municipal, on continue maire, on poursuit conseiller général ou régional, puis président du conseil général ou régional, pour atterrir un jour, couronnement des ambitions, sur les bancs de l’Assemblée Nationale ou du Sénat. Certains voient plus loin, mais c’est donné à quelques rares auxquels, s’ils sont passés par Sciences-Po Paris, HEC et l’ENA (la promotion se porte très près du "Voltaire" en ce moment), les plus grands espoirs sont permis. Sans oublier que les fils ont tendance à s'installer sur le siège tout chaud laissé par les pères.
Résultat de ce parcours ? On voit toujours les mêmes bonshommes. Le casting ne varie pas d’un iota d’une élection à l’autre. Quand il entre en maison de retraite, le Français aura vu les mêmes trombines depuis qu’il est né, ou presque. Et le plus fort, c’est qu’on trouve ça tout naturel.
Les journalistes s’extasient, comme un chœur d’imbéciles : « Député depuis quarante ans de la même circonscription, c’est extraordinaire ! Comment faites-vous ? ». Mais non, bande de crétins congénitaux : non seulement ce n’est pas naturel, mais ce n’est pas NORMAL. C’est même de ça qu’elle est morte, la vie politique en France : la durée des carrières politiques.
Même chose quand ils s’adressent à Gérard Collomb : « Maire de Lyon ! Président de la Communauté Urbaine ! Sénateur du Rhône ! C’est extraordinaire ! Comment faites-vous ? ». Au passage, allez comprendre pourquoi aucun de ces fieffés imbéciles n’abrège Communauté Urbaine de Lyon en C. U. L., on se demande pourquoi. Au total, avec ses trois fonctions, une rémunération plus que confortable. C'est aussi de ça que la politique est morte : la surface politique occupée indûment par Gérard Collomb (et il n'est pas le seul).
Il faut savoir qu’avant d’occuper ces places officielles et électives (j’oubliais maire du 9ème arrondissement, mais c’était avant), il avait assez nagé dans toutes les eaux du PS, même les plus usées (Pierre Mauroy, si je me souviens bien), pour se voir confier je ne sais plus quelle fondation. Ah ça, on pourra dire qu’il les a gravis, les échelons de la « carrière ». En a-t-il assez sué pour arriver là où il est (merdelion) ! C’est sûr qu’ « il en a voulu ». Moi qui l’ai connu à la fac (si, si), je peux témoigner qu’il « en voulait » déjà. Passons.
Le problème de la politique en France, vous voulez que je vous dise, il est là et pas ailleurs. Et c’est un problème de temps et d’espace. Plus exactement de durée et de surface. Et pour résoudre, un seul moyen : réduire, comprimer, restreindre, limiter, circonscrire, borner. Empêcher la tache d’huile de se répandre dans l’espace et dans le temps. Empêcher qu’un citoyen ait la possibilité de « faire carrière » dans la politique.
Réduire la durée. Réduire la surface. Si Hollande existe, comme il persiste à vouloir nous en persuader, s’il veut entrer dans le club très fermé des « grands présidents », il fera une seule, mais une grande, une immense chose : briser les reins à toute « carrière politique ». Autrement dit : casser la durée et l’espace ouverts aux citoyens avides de pouvoir, d’honneur et de ..., non rien.
Comment casser toute carrière politique ? En réduisant la durée d’un parcours politique à deux mandats, mettons dix ans. On n’arrivera pas à me convaincre que s’occuper des affaires d’une collectivité (locale, territoriale ou nationale) puisse constituer l’objectif de toute une vie.
Non, « politique », ce n’est ni une profession, ni un métier.
Voilà ce que je dis, moi.
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mercredi, 10 avril 2013
LE CAS HUSAK
CAS REMARQUABLE D'ANENCEPHALIE CHEZ UN SUJET FEMININ
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Tout le monde a oublié le nom de GUSTAV HUSAK, ancien dignitaire du communisme tchécoslovaque. Heureusement que je suis là. C'était effectivement un cas : le bien nommé « Cas Husak » (ne pas confondre avec "cosaque"). D’abord considéré comme un « modéré », il finit, après la fin du « printemps de Prague » et du pauvre Alexandre Dubcek, par s’aligner purement et simplement sur la rigidité intransigeante (et agonisante) de l’Union Soviétique. La poubelle de l’Histoire a refermé sur lui son couvercle magnanime.
Disons-le tout de suite : il n’est pas resté sans descendance. Le « Cas Husak » a proliféré après la chute du mur et la fin du communisme, deux événements qui ont offert sur un plateau, aux dignitaires méritants et ingénieux du système finissant, des moyens pour une réhabilitation fulgurante, en même temps que pour une promotion digne d’un coup d’Etat tribal en Afrique de l’Ouest. Sans parler du compte dans une banque des Îles Vierges britanniques (ou à Singapour, je ne sais plus).
Bon, j’arrête avec le gag épais (mais rappelons-nous celui de Gotlib : « Le gars GH' est formidable, et il fait rire tout le monde»).
Venons-en à Cahuzac. Vous avez noté que tout le PS, « Dans une ténébreuse et profonde unité » (sonnet des Correspondances, Ch. B.), a conspué le « mauvais socialiste », le « mouton noir », bref, l’exception exceptionnelle et unique :
« Comme un seul ils ont déclaré,
Sans vergogne,
Qu’on les avait déshonorés,
Déshonorés ».
Heureusement, Tonton Georges permet de faire face à toutes les situations. Merci, Tonton Georges.
Cahuzac est donc le seul pourri du Parti Socialiste. Le seul pourri ? On serait bien content de l’apprendre, si c’était vrai. Jean-Claude Guérini ? PS. Comment s’appelle-t-il, le trésorier de l’actuel président ? Augier, je crois. PS. Kucheida, qui passait au tribunal hier ? PS. Sylvie Andrieux à Marseille ? PS. Gérard Dalongeville, à Hénin-Beaumont ? PS. J’en oublie peut-être un certain nombre. Et même plusieurs. Pour ne pas dire quelques-uns.
Vous avez entendu le chœur des petits saints, dirigé par les vierges madones Caroline Fourest et Clémentine Autain, entonner le grand refrain du : « Crier "Tous pourris", c’est tout bénef pour le Front National ». D’autant plus que, c’est vrai, il est probable qu’il en reste, des gens honnêtes, dans le personnel politique. Oui, je me dis que ça doit pouvoir se trouver. Peut-être bien. Ce n’est pas complètement impossible.
Certains se souviendront cependant que, dès 1948, Gilbert Cesbron, dans Notre Prison est un royaume, mettait dans la bouche de ses lycéens impertinents cet appel : « On demande un député honnête ! » (ils jettent le trouble dans une réunion politique).
Tiens, prenez Gérard Filoche, celui qui « pète un câble » chez Michel Field. Indigné, qu’il était, par Cahuzac ! Personnellement offensé. J’espère que vous avez été émus par ses sanglots en direct dans le micro et devant la caméra : un grand moment de vérité politique, vraiment ! Si ce n’est pas une preuve, ça ! Ah bon ? Ça non plus, vous n'y croyez pas ?
Accessoirement, ce qui est rigolo, c’est que Pierre Moscovici a beau soutenir qu’il n’était au courant de rien, Laurent Fabius démentir qu’il détient un compte en Suisse, plus personne ne les croit. Et le « plus personne » a, somme toute, raison. Dans le peloton du Tour de France, les soupçons de dopage tombent aussi forcément sur « ceux qui marchent à l’eau claire » (il paraît qu'il y a encore des héroïques), et il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement : ils n’avaient qu’à pas être honnêtes.
Ou plutôt : ils n'avaient qu'à pas être là. Comment voulez-vous que le public fasse la différence ?
Je connais quelqu’un qui, à la fin de la guerre, pressenti pour la Légion d’Honneur, mais qui, ayant appris qu’un magouilleur de première, un de ceux qui ont retourné leur veste juste avant la limite, allait la recevoir en même temps que lui, redressa la tête, regarda bien en face la personne qui en parlait, et lui lâcha en pleine figure : « Si celui-ci est décoré, il faudrait que je sois fou pour l'accepter, la décoration ! Ce n'est même pas la peine d'en parler ! ». Ce qu’on appelle le sens de l’honneur.
Mais pour un qui l'a, le sens de l'honneur, combien iraient la chercher à plat ventre, la Légion d'Honneur ? Ce n'est sans doute pas du même "honneur" qu'il s'agit. De toute façon, si les vrais hommes "d'honneur" sont "légion", où est passé l'honneur ?
N’importe quel professeur vous le dira : dans n’importe quelle classe, un seul salopard à la grande gueule bien pendue, s’il s’y prend bien, suffit pour rendre tout un groupe d'élèves infernal et odieux. A-t-on pour autant déjà vu une telle classe faire la police dans ses rangs et mettre le trublion à la raison ? Non : ils la ferment. En politique, c’est pareil : si le soupçon met tout le monde « dans le même sac de nœuds de vipères lubriques », tous les « innocents » en puissance n’avaient qu’à pas être là. Ou faire la police dans leurs rangs.
Dans un groupe, la lâcheté, l’aveuglement, la complaisance ou l’incompétence des individus majoritaires face au salopard, ne sauraient tenir lieu d’absolution. Et c’est même le contraire, puisque ce sont autant de formes avérées de leur complicité. Qu'ils le veuillent ou non, ils y sont, dans le sac. Quelqu’un peut-il me dire la différence à faire entre cette passivité, même ignorante, et l’Omerta mafieuse ?
Messieurs, je ne vois plus qu'un moyen de vous dédouaner : cessez d'être complices, PARLEZ !
La conclusion logique du raisonnement est la suivante :
« Faites le ménage, ou alors : du balai ! ».
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, jérôme cahuzac, corruption