mercredi, 07 août 2013
JOURNAL DES VOYAGES 24
Je suis toujours en vacances, mais …
Avant de partir, je me suis bien avancé dans mon travail, ce qui permet à ce blog de ne pas rester totalement muet. Le Journal des Voyages offre tellement de destinations palpitantes, d’aventures mémorables, de phénomènes qui défient l’imagination, qu’il n’est guère besoin de sortir de chez soi pour frémir d’angoisse et de volupté. Il suffit de tourner les pages de papier fin, en format in-folio.
Aujourd'hui, nouveau plongeon héroïque dans la fosse où grouillent diverses sortes de serpents.
On a peine à se représenter la somme de dangers que représentait le monde, voilà 130 ans, une période de l'histoire où, pourtant, l'humanité n'a jamais cru aussi dur que le fer que son bonheur, grâce aux bienfaits de la science, de la technique et de l'industrie, serait assuré pour l'éternité.
Le Journal des Voyages est un témoin de ce que les Français de 1880 et environs s'attendaient à vivre dans leurs années futures, selon le schéma qu'en dessinait la propagande de l'époque.
Le monde était qualifié de dangereux par une avant-garde envoyée par l'Europe dans les pays les plus sauvages, mais en même temps riche de tous les possibles, pour peu que l'on trouvât des hommes qui n'eussent pas froid aux yeux, et qui eussent le cran de mouiller d'encre noire les feuilles des journaux avec lesquels ils étaient sous contrat, de mouiller de leur sueur la chemise unique avec laquelle ils étaient partis à l'aventure, ou de mouiller de leur sang la terre sur laquelle leur courage, leur audace ou leur témérité les avait conduits.
"UNE DIGESTION DIFFICILE : LES JAMBES D'UN HOMME APPARURENT"
JE JURE QUE C'EST LA LEGENDE AUTHENTIQUE (N°539, DU 6 NOVEMBRE 1887). ON CROIT RÊVER QUAND ON SE DIT QUE LE SERPENT A COMMENCÉ PAR LES PIEDS.
A défaut, les journaux acceptaient les récits de seconde main. On appréciera (plus haut) la longueur inhabituelle de ce serpent à lunettes (mais il paraît que certains de ces protéroglyphes de la famille des élapidés atteignent 4 mètres, alors ...).
"LES DRAMES DE L'AFRIQUE AUSTRALE : IL FIT DE VAINS EFFORTS POUR CONSERVER SON APPUI"
Quant aux peuplades, parfois désignées comme les plus primitives, le Journal des Voyages en décrivait complaisamment les moeurs abjectes ou cruelles, que ce fût l'alimentation, la religion, les châtiments punissant les fautifs, les relations humaines ou autre, comme on le voit ci-dessus : comment des humains peuvent-ils se comporter d'une façon aussi inhumaine ? C'était la question inlassablement posée, semaine après semaine, par le Journal des Voyages.
MES EXCUSES POUR LA QUALITE DU SCAN. "LES DRAMES DE L'AFRIQUE AUSTRALE : IL AVAIT LAISSE ECHAPPER UN GEMISSEMENT ET ETAIT TOMBE A LA RENVERSE". FINALEMENT, LES FILMS D'INDIANA JONES S'INSCRIVENT DANS UNE VIEILLE ET SOLIDE TRADITION.
Mais chacun sait que les rivières d'Amérique grouillent de méchants animaux à la gueule bourrée jusqu'à la gueule de dents horriblement garnies de pointes horriblement pointues.
PREMIER ARRIVÉ, PREMIER SERVI !
Et que les forêts, surtout quand elles sont vierges, recèlent des populations invraisemblables de créatures rampantes, à la gueule bardée de crochets épouvantablement venimeux, et douées pour le contorsionnisme.
"LE CHARMEUR DE SERPENTS : OKALI APPORTAIT A SES ELEVES UNE POULE NOIRE"
Pour tout dire, le voyages ont des dents pointues comme les mâchoires du monde extérieur tout entier croquant dans la chair trop tendre de nos imaginations fiévreuses d'occidentaux attiédis par le confort.
Mais qu'est-ce qu'il y a comme serpents, dans le Journal des Voyages ! Il y a même le SERPENT DE MER. Sans rire, sans dec et sans charre. C'est même le capitaine de la frégate anglaise « Dedalus», Pierre McQuhoe, qui en a tiré le portrait quand celui-ci est passé à 200 yards de son navire, quelque part dans le Pacifique, et qu'il l'a alors croqué "de chic" (comme on ne dit plus).
"TÊTE DU SERPENT DE MER (D'APRES UN CROQUIS DU CAPITAINE M'QUHOE)"
Personne ne pourra dire que ce blog ne se préoccupe pas d'instruire, en même temps qu'il s'efforce d'être « distraisant, treize ans et demi, après je prends ma retraite » (Boby Lapointe, Leçon de guitare sommaire). Personne ne pourra plus ignorer l'existence du SERPENT DE MER, quelques formes, modalités ou apparences que son existence réelle puissent adopter.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0)
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