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mardi, 06 août 2013

JOURNAL DES VOYAGES 23

Je suis toujours en vacances, mais … j'aime toujours autant les têtes coupées. On ne se lasse pas de relire ces bonnes histoires du bon vieux temps, où l'on savait faire tomber les têtes comme grêle (voir l'extraordinaire - au sens propre -  Conte du genévrier, des frères Grimm). Comme dit Georges Brassens : « Il est toujours joli, le temps passé, une fois qu'ils ont cassé leur pipe ».

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"LES SACRIFICES HUMAINS : D'UN SEUL COUP L'EXECUTEUR SEPARE LA TÊTE DU CORPS"

J'IMAGINE BIEN, A VOIR L'INSTALLATION, LE BRUTAL DECOLLAGE DE LA TÊTE, PROPULSEE PAR LA CATAPULTE. C'EST LE DIABLE QUI BONDIT DE JOIE.

Avant de partir, j’ai tâché de bien m’avancer dans mon travail, ce qui permet à ce blog de ne pas rester totalement muet : il faut penser à tous les malheureux qui ne partent pas en voyage. 

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"LE PRIX DU SANG : IL L'EMPORTE CHEZ LUI COMME UN TROPHEE"

CELA SE PASSE A SUMATRA

Le Dahomey est une région si fascinante que le Journal des Voyages s'y est fort longuement attardé pour mettre en valeur tous les atouts que le pays a pu développer pour attirer le touriste.

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"IL LANÇA EN L'AIR SON DEGOÛTANT TROPHEE"

J'ai déjà cité en exemple les redoutables Amazones du roi d'Abomey. Voici aujourd'hui une de ces charmantes coutumes locales dont le voyageur ne se lasse jamais d'apprécier et de savourer le caractère typique, voire folklorique : les « massacres annuels».

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"AVENTURES PERILLEUSES AU DAHOMEY : LES MASSACRES ANNUELS"

A se remémorer ces délicieuses surprises que le monde sauvage, autrefois, savait ménager à nos compatriotes avides de sensations fortes, on comprend mieux l'ennui dans lequel se déplacent les touristes d'aujourd'hui, au fond de leurs énormes boîtes de conserves vitrées montées sur roulettes.

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AVOUEZ QUE ÇA A PLUS DE GUEULE QUE LE PEAGE DE SAINT-ARNOULT : QUAND ON AIME COUPER LES TÊTES, ON NE COMPTE PAS

 

 

En fait, il y a fort à parier que, dans les traditions ancestrales propres aux populations de l'ancien Dahomey, les « massacres annuels » tenaient lieu de ce que nos journalistes éclairés appellent depuis longtemps des « marronniers». Mais nos marronniers à nous manquent de panache.

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Vous savez, ces informations obligées qui reviennent, à date à peu près fixe, comme le panier de la ménagère, qui est déjà une sorte de rituel religieux, mais aussi les recettes féminines pour maigrir avant la plage, les meilleurs placements financiers, la rentrée scolaire, le classement des universités, des hôpitaux ou des lycées, la préparation des fêtes de Noël ou l'état du marché immobilier. Pas de quoi se relever la nuit. Heureusement, il y a le Journal des Voyages.

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Au fait, vivement le prochain dimanche de Pâques ! Au moins, Noël sera passé.

 

Qu'est-ce qu'on coupe comme têtes, dans le Journal des Voyages !

 

 

samedi, 23 juin 2012

LISEZ TOUS LES NOMS, MONSIEUR LE MAIRE !

Merci à Philippe Meyer, centriste multicarte par ailleurs, mais aussi amateur et militant (et chanteur lui-même, et grand connaisseur) de la chanson française, l’autre matin, sur France Culture. A l’occasion de la mort de l’un d’eux, il a égrené les noms des « Compagnons de la Libération » qui sont encore en vie à ce jour. Les très rares (1038 au total, avouez que ça ne fait pas lourd) qui ont rejoint, parfois de façon assez « acrobatique », le Général De Gaulle à Londres, juste après avoir entendu son appel, lancé le 18 juin 1940, sur « Radio Londres ».

 

Voici les noms de ces Compagnons de la Libération survivants : HENRI BAUGE-BERUBE, GUY CHARMOT, DANIEL CORDIER, LOUIS CORTOT, YVES DE DARUVAR, VICTOR DESMET, CONSTANT ENGELS, ALAIN GAYET, HUBERT GERMAIN, CHARLES GONARD, JACQUES HEBERT, PAUL IBOS, FRANÇOIS JACOB, PIERRE LANGLOIS, CLAUDE LEPEU, LOUIS MAGNAT, JEAN-PIERRE MALLET, FRED MOORE, ROLAND DE LA POYPE, CLAUDE RAOUL-DUVAL, ANDRÉ SALVAT, ETIENNE SCHLUMBERGER, PIERRE SIMONET, JEAN TRANAPE, EDGAR TUPÊT-THOMÉ, ANDRÉ VERRIER.

 

Bon, c’est vrai, c’est sans doute héroïque, mais le hasard n’est pas pour rien dans cette affaire, car on se demande combien de Français l’ont entendu, l’Appel du 18 Juin 1940. Ils auraient été combien, si tout le monde en France avait été devant sa radio, allumée sur la bonne longueur d’onde, à la bonne heure ?

 

Et à l'époque, il n’y avait pas de réécoute, de podcast, de téléchargement possibles. Ils ont été 1038 à sauter le pas : je dis bravo, même si je trouve qu’il ne faudrait pas trop en faire autour de ce fait somme toute, au moins concrètement, anecdotique. Mais DE GAULLE avait besoin de faire mousser son mythe. Et pour la propagande, il se posait un peu là, CHARLOT. Reste qu’il fallait avoir le culot de le faire, quoi qu’on dise. Sans lui, on ne serait pas « en Germanie », comme le chantait MICHEL SARDOU (« Si les Ricains n’étaient pas là »), mais en Américanie. Remarquez, l’Américanie, on y est venu ensuite.

 

Quoi qu’il en soit, on ne dira jamais assez combien est important le nom de l’homme qui porte son nom. Les anthropologues ou les zoologues n’ont peut-être pas assez souligné, à ce jour, que ce qui sépare le règne animal du règne humain, c’est la capacité, entre les individus, non seulement de se reconnaître entre eux, mais encore de se nommer les uns les autres. Pourquoi croyez-vous que, dans ce blog, je me donne la peine de mettre des majuscules aux noms des personnes, chaque fois que je parle des personnes, y compris celles que je n'aime pas ? Parce que finalement, c'est du boulot, de mettre les majuscules. Mais je me dis que, non seulement ça vaut le coup, mais c'est essentiel.

 

Les Juifs, au mémorial Yad Vashem, ont compris l’importance qu’il y a à lire les noms. Ils savent que c’est le seul moyen, après leur mort, de continuer à affirmer que des individus ont été vivants. Et il y en a 6.000.000. C’est comme ça, et pas autrement, que nous, Français, devrions procéder, à chaque 11 novembre, devant chacun des 36.000 monuments élevés, dans nos 36.000 communes, à chacun des 1.712.000 individus morts durant les quatre ans de la 1ère guerre mondiale.

 

Des individus, voilà ce que nous sommes. Et la barbarie, pour commencer le 20ème siècle, a été la tentative effectuée par une prétendue civilisation d’effacer la notion d’individu, en inventant le massacre industriel, le massacre de masse d’individus qu’on aurait voulu transformer en machines ou en matière. Un Hiroshima étendu sur quatre ans, quoi. Hiroshima, en somme, a eu le mérite de l'instantanéité. De la rentabilité, si l'on veut. Car quatre ans, ça coûte un prix fou. L'endettement de la France, en 1919, était de 120 % du PIB. A comparer aux 85 % actuels, vendus dans les médias comme déjà catastrophiques.

 

« Il faut saigner l’armée française », disait FALKENHAYN, juste avant l’énorme bataille de Verdun, en 1916, qui fit en 10 mois 715.000 victimes (tout compris : tués, blessés, disparus) allemandes et françaises, avec le léger avantage de 41.000 aux Français. Cela n’a pas empêché FALKENHAYN de croire jusque sur son lit de mort qu’il avait « saigné l’armée française », et pas l’armée allemande par la même occasion. Si ça se trouve, il le croit encore.

 

Ce qui me semble désolant, à chaque 11 novembre, devant le monument aux morts, ou devant la « tombe du Soldat Inconnu », ou à Douaumont ou ailleurs, c’est le côté militaire et anonyme de la commémoration. Il y a le maire du village, certes, mais il y a aussi des drapeaux, et même des Anciens Combattants, souvent coiffés de leur béret rouge, vert ou noir, et arborant leurs décorations. Je suis désolé : l'ancien combattant d'Algérie ou d'Indochine, le 11 novembre, c'est pire qu'une erreur, c'est carrément un contresens.

 

Car ce faisant, ce qu’on oublie, ce sont tout simplement les NOMS des hommes de 14-18 creusés dans la pierre du monument aux morts. Alors même que ce sont eux l’essentiel. C’est parce qu’ils sont gravés là qu’il y a ce rassemblement municipal. Les noms des gars du coin, pour la plupart des paysans, sans doute (en 1896, la France agricole comptait, pour une population globale d’environ 40.000.000, plus de 8.000.000 de personnes actives, dont pas loin de 6.000.000 d’hommes, à comparer aux actuels 400.000 (environ) agriculteurs). 

 

Comment leur rendre hommage ? Comment se souvenir d’eux ? C’est très simple : en prononçant leurs noms, tous leurs noms, à haute et intelligible voix. Et s’il vous plaît, ne vous défaussez pas, ne vous débarrassez pas du poids du fardeau, en déléguant la tâche, en les faisant prononcer par les « enfants des écoles » : montrez-leur, aux enfants, que c’est important pour vous. Les enfants des écoles, c'est juste bon pour amuser la galerie, attendrir la populace. Les gamins, ils ne comprennent pas, ils font ce qu'on leur dit. Cela n'a aucun sens. En plus, à la lecture, ils hésitent, ils estropient, ils bafouillent.

 

 

Monsieur le Maire, prononcez-les vous-même, joignez-y le Conseil Municipal, les pompiers, les gendarmes, je ne sais pas, mais que ce soient les autorités officielles qui disent les noms. RIEN N'EST PLUS IMPORTANT QUE LE NOM.

 

Prouvez-leur, aux enfants, que c’est vous qui vous souvenez, et que ça compte pour vous. Ça, oui, ça aura plus l’air d’une vraie transmission que de l'accomplissement d'une corvée. Alors c’est sûr, ce sera différent dans le tout petit patelin (4 noms) et dans les grandes villes (plusieurs centaines, qui sait, plusieurs milliers). Moi je dis : et alors ? Est-ce qu'on ne leur doit pas quelque chose ?

 

Et ne noyez pas le poisson dans le bouillon de « toutes les guerres », cette espèce de brouillard du sens où tout est dans tout et réciproquement, le « toutes les guerres » des bonnes intentions, des bons sentiments et du n’importe quoi. Le 11 novembre appartient, qu’on se le dise, à la GUERRE DE 1914-1918, et uniquement à celle-ci. Il ne faut pas apporter là la confusion des généralités vagues.

 

Voilà ce que je dis, moi.