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lundi, 05 octobre 2015

TROISIÈME GUERRE MONDIALE

Des responsables de grandes nations, grandes voix autorisées s’il en est, disent craindre une troisième guerre mondiale et affirment tout faire pour que cela n’arrive pas. Visiblement, ils tiennent à éviter de semer la panique dans les populations. Parce que cette guerre mondiale, les apparences montrent qu'elle a déjà commencé. C'est parti mon kiki. Le constat crève les yeux : entre l’Irak et la Syrie, on ne dénombre pas moins de quatre-vingts nationalités en présence. Quatre-vingts nationalités ! Ce n'est pas mondial, ça ?

Il y a cent quatre-vingt-treize "Etats" représentés à l'ONU, mais est-on obligé de compter comme Etats les Kiribati (80.000 habitants), Palau (19.000), Nauru (11.500) ou Tuvalu (10.000), pour ne regarder que du côté des "Etats" (des croupions, en vérité) du continent océanien ? A l'ONU, pour dire la vérité, combien de ces "Etats" n'ont été "reconnus" que pour apporter des voix aux Etats-Unis lors des assemblées générales ?

La règle "un Etat = une voix" se moque allègrement du monde. Et je ne m'attarderai pas sur le pouvoir exorbitant que l' "Europe" actuelle accorde aux petits Etats (baltes et autres) qu'elle a intégrés en son sein en appliquant le même absurde principe. Les Révolutionnaires de 1789 avaient fait un petit pas en admettant le "doublement du Tiers" ! A quand, en Europe, le vote par tête ? Tout ça pour dire qu'avec quatre-vingts nationalités représentées dans les combattants du champ de bataille irako-syrien, je ne vois pas pourquoi on ne qualifierait pas le conflit de "mondial". Passons (pardon pour la digression).

Je ne devrais d’ailleurs pas mettre l’Irak et la Syrie dans le même sac, même si les situations ont fini par se confondre en un magnifique écheveau de fils désormais totalement indémêlables. Si l’on a d’un côté un dictateur en guerre contre « son peuple » (sic !) qui, au départ, réclamait un peu de reconnaissance et de démocratie (les « printemps arabes »), on a de l’autre le résultat américain d’une véritable folie furieuse, voire criminelle. 

C’est sur l’ordre du trio infernal George W. Bush-Dick Cheney-Donald Rumsfeld qu’un certain proconsul en Irak nommé Paul Bremer a signé dès 2003 l’ordre de dissolution de tous les militaires baasistes de Saddam Hussein et de toutes les polices qu’il avait mises en place, au motif que leur affectation précédente les avait rendus infréquentables et inemployables. Rendus de force à la vie civile sans indemnité, que croyez-vous qu’il arriva ? Ils sont tous devenus, du jour au lendemain, des ennemis jurés des "envahisseurs". C'est quoi, Daech ? Pour une large part, l'ancienne armée de Saddam Hussein. Encore bravo !

On dira ce qu’on veut de l’armée irakienne du temps du dictateur : tout le haut commandement était composé d’officiers avisés et d’excellents stratèges. Il ne faut pas chercher ailleurs ce qui forme le gros des chefs de Daech (que le grotesque Hollande prononce « Dache » (cf. « c'est à dache »), comme Mitterrand prononçait « Mastrik »). Ces gens savent ce que sont une manœuvre militaire, un repli tactique, un but de guerre. Comme professionnels de la guerre, ils se posent un peu là. Et dire qu’on se demande comment il se fait qu’ils ne sont pas encore anéantis ! 

Bon, c’est vrai, si les deux situations n’ont rien à voir au départ, ces deux chaudrons du diable n’en forment aujourd’hui plus qu’un, et personne n’est en mesure de prédire quel goût aura la mixture qu’un nombre chaque jour grandissant d’acteurs, officiels ou masqués s'ingénient à touiller tout en jetant de l'huile sur le feu : Iran, Qatar, Arabie saoudite, Russie, USA, Al Qaïda, … on ne sait plus qui roule pour qui, les seuls à ne pas avoir d'alliés pour leur fournir armes et assistance sont les démocrates qui manifestaient pacifiquement en 2011 !

Ce qui est sûr, c’est que chaque fois, au 20ème siècle, qu’un conflit a opposé de nombreuses nations, on a appelé ça des « Guerres mondiales ». Alors c'est vrai, le champ de bataille, pour une fois, n’est pas situé en Europe (encore que … : Charlie Hebdo, Hyper Casher, attentats divers, Ukraine). Mais ce n’est pas une raison pour ne pas appeler les choses par leur nom. 

Vous voulez que je vous dise ? La Troisième Guerre mondiale est commencée. 

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 23 juin 2012

LISEZ TOUS LES NOMS, MONSIEUR LE MAIRE !

Merci à Philippe Meyer, centriste multicarte par ailleurs, mais aussi amateur et militant (et chanteur lui-même, et grand connaisseur) de la chanson française, l’autre matin, sur France Culture. A l’occasion de la mort de l’un d’eux, il a égrené les noms des « Compagnons de la Libération » qui sont encore en vie à ce jour. Les très rares (1038 au total, avouez que ça ne fait pas lourd) qui ont rejoint, parfois de façon assez « acrobatique », le Général De Gaulle à Londres, juste après avoir entendu son appel, lancé le 18 juin 1940, sur « Radio Londres ».

 

Voici les noms de ces Compagnons de la Libération survivants : HENRI BAUGE-BERUBE, GUY CHARMOT, DANIEL CORDIER, LOUIS CORTOT, YVES DE DARUVAR, VICTOR DESMET, CONSTANT ENGELS, ALAIN GAYET, HUBERT GERMAIN, CHARLES GONARD, JACQUES HEBERT, PAUL IBOS, FRANÇOIS JACOB, PIERRE LANGLOIS, CLAUDE LEPEU, LOUIS MAGNAT, JEAN-PIERRE MALLET, FRED MOORE, ROLAND DE LA POYPE, CLAUDE RAOUL-DUVAL, ANDRÉ SALVAT, ETIENNE SCHLUMBERGER, PIERRE SIMONET, JEAN TRANAPE, EDGAR TUPÊT-THOMÉ, ANDRÉ VERRIER.

 

Bon, c’est vrai, c’est sans doute héroïque, mais le hasard n’est pas pour rien dans cette affaire, car on se demande combien de Français l’ont entendu, l’Appel du 18 Juin 1940. Ils auraient été combien, si tout le monde en France avait été devant sa radio, allumée sur la bonne longueur d’onde, à la bonne heure ?

 

Et à l'époque, il n’y avait pas de réécoute, de podcast, de téléchargement possibles. Ils ont été 1038 à sauter le pas : je dis bravo, même si je trouve qu’il ne faudrait pas trop en faire autour de ce fait somme toute, au moins concrètement, anecdotique. Mais DE GAULLE avait besoin de faire mousser son mythe. Et pour la propagande, il se posait un peu là, CHARLOT. Reste qu’il fallait avoir le culot de le faire, quoi qu’on dise. Sans lui, on ne serait pas « en Germanie », comme le chantait MICHEL SARDOU (« Si les Ricains n’étaient pas là »), mais en Américanie. Remarquez, l’Américanie, on y est venu ensuite.

 

Quoi qu’il en soit, on ne dira jamais assez combien est important le nom de l’homme qui porte son nom. Les anthropologues ou les zoologues n’ont peut-être pas assez souligné, à ce jour, que ce qui sépare le règne animal du règne humain, c’est la capacité, entre les individus, non seulement de se reconnaître entre eux, mais encore de se nommer les uns les autres. Pourquoi croyez-vous que, dans ce blog, je me donne la peine de mettre des majuscules aux noms des personnes, chaque fois que je parle des personnes, y compris celles que je n'aime pas ? Parce que finalement, c'est du boulot, de mettre les majuscules. Mais je me dis que, non seulement ça vaut le coup, mais c'est essentiel.

 

Les Juifs, au mémorial Yad Vashem, ont compris l’importance qu’il y a à lire les noms. Ils savent que c’est le seul moyen, après leur mort, de continuer à affirmer que des individus ont été vivants. Et il y en a 6.000.000. C’est comme ça, et pas autrement, que nous, Français, devrions procéder, à chaque 11 novembre, devant chacun des 36.000 monuments élevés, dans nos 36.000 communes, à chacun des 1.712.000 individus morts durant les quatre ans de la 1ère guerre mondiale.

 

Des individus, voilà ce que nous sommes. Et la barbarie, pour commencer le 20ème siècle, a été la tentative effectuée par une prétendue civilisation d’effacer la notion d’individu, en inventant le massacre industriel, le massacre de masse d’individus qu’on aurait voulu transformer en machines ou en matière. Un Hiroshima étendu sur quatre ans, quoi. Hiroshima, en somme, a eu le mérite de l'instantanéité. De la rentabilité, si l'on veut. Car quatre ans, ça coûte un prix fou. L'endettement de la France, en 1919, était de 120 % du PIB. A comparer aux 85 % actuels, vendus dans les médias comme déjà catastrophiques.

 

« Il faut saigner l’armée française », disait FALKENHAYN, juste avant l’énorme bataille de Verdun, en 1916, qui fit en 10 mois 715.000 victimes (tout compris : tués, blessés, disparus) allemandes et françaises, avec le léger avantage de 41.000 aux Français. Cela n’a pas empêché FALKENHAYN de croire jusque sur son lit de mort qu’il avait « saigné l’armée française », et pas l’armée allemande par la même occasion. Si ça se trouve, il le croit encore.

 

Ce qui me semble désolant, à chaque 11 novembre, devant le monument aux morts, ou devant la « tombe du Soldat Inconnu », ou à Douaumont ou ailleurs, c’est le côté militaire et anonyme de la commémoration. Il y a le maire du village, certes, mais il y a aussi des drapeaux, et même des Anciens Combattants, souvent coiffés de leur béret rouge, vert ou noir, et arborant leurs décorations. Je suis désolé : l'ancien combattant d'Algérie ou d'Indochine, le 11 novembre, c'est pire qu'une erreur, c'est carrément un contresens.

 

Car ce faisant, ce qu’on oublie, ce sont tout simplement les NOMS des hommes de 14-18 creusés dans la pierre du monument aux morts. Alors même que ce sont eux l’essentiel. C’est parce qu’ils sont gravés là qu’il y a ce rassemblement municipal. Les noms des gars du coin, pour la plupart des paysans, sans doute (en 1896, la France agricole comptait, pour une population globale d’environ 40.000.000, plus de 8.000.000 de personnes actives, dont pas loin de 6.000.000 d’hommes, à comparer aux actuels 400.000 (environ) agriculteurs). 

 

Comment leur rendre hommage ? Comment se souvenir d’eux ? C’est très simple : en prononçant leurs noms, tous leurs noms, à haute et intelligible voix. Et s’il vous plaît, ne vous défaussez pas, ne vous débarrassez pas du poids du fardeau, en déléguant la tâche, en les faisant prononcer par les « enfants des écoles » : montrez-leur, aux enfants, que c’est important pour vous. Les enfants des écoles, c'est juste bon pour amuser la galerie, attendrir la populace. Les gamins, ils ne comprennent pas, ils font ce qu'on leur dit. Cela n'a aucun sens. En plus, à la lecture, ils hésitent, ils estropient, ils bafouillent.

 

 

Monsieur le Maire, prononcez-les vous-même, joignez-y le Conseil Municipal, les pompiers, les gendarmes, je ne sais pas, mais que ce soient les autorités officielles qui disent les noms. RIEN N'EST PLUS IMPORTANT QUE LE NOM.

 

Prouvez-leur, aux enfants, que c’est vous qui vous souvenez, et que ça compte pour vous. Ça, oui, ça aura plus l’air d’une vraie transmission que de l'accomplissement d'une corvée. Alors c’est sûr, ce sera différent dans le tout petit patelin (4 noms) et dans les grandes villes (plusieurs centaines, qui sait, plusieurs milliers). Moi je dis : et alors ? Est-ce qu'on ne leur doit pas quelque chose ?

 

Et ne noyez pas le poisson dans le bouillon de « toutes les guerres », cette espèce de brouillard du sens où tout est dans tout et réciproquement, le « toutes les guerres » des bonnes intentions, des bons sentiments et du n’importe quoi. Le 11 novembre appartient, qu’on se le dise, à la GUERRE DE 1914-1918, et uniquement à celle-ci. Il ne faut pas apporter là la confusion des généralités vagues.

 

Voilà ce que je dis, moi.