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samedi, 18 février 2012

ENVOYEZ UN DEPUTE AU DEPUTOIR

Considérations oiseuses sur la vie politique moderne.

 

 

C’est beau, une chambre des députés, vous ne trouvez pas, avec ses sièges en hémicycle, les uns à gauche, les autres à droite pour respecter les clivages sacrés hérités de l’histoire, avec son velours rouge, ses appariteurs, ses rituels républicains, ses discours et débats, ses duels au couteau, au pistolet, au canon de 75,  ses rigoles en pente prévues pour l’écoulement du sang jusqu’au trou d’évacuation donnant sur un gros bidon qui devait être régulièrement renouvelé ? L’inconvénient de ce système était la fréquence anormale des élections et la consommation excessive de citoyens éligibles.

 

 

Certains vieux parlementaires ayant échappé par miracle aux épouvantables étripades de cette époque héroïque racontent qu’un boucher parisien avait passé un contrat avec l’institution pour collecter le sang après les séances particulièrement houleuses, et qu’il en fabriquait un renommé « boudin de député » absolument délectable, que les meilleures « fines gueules » de la capitale se disputaient, le sang de député étant particulièrement riche du fait d'un protocole très étudié de nourrissage.

 

 

Passons sur ces temps hélas révolus. Je serais quant à moi assez curieux de goûter. Comme quoi il ne faudrait pas laisser perdre certaines traditions. Je ne m’interdis pas de revenir à l’occasion sur telle ou telle recette permettant d’accommoder au mieux le « boudin de député ». Bref, venons-en au sujet du jour.

 

 

Quel architecte sera assez audacieux pour dessiner des plans pour qu’un bâtiment accueille quarante-quatre millions de représentants du peuple ? Car quarante-quatre millions d’électeurs ayant le droit de vote, cela fait, si je compte bien, quarante-quatre millions de citoyens éligibles. Vous vous rendez compte ?

 

 

 

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FRANÇOIS SCHUITEN, ARCHITECTE PARLEMENTAIRE ? 

 

Qu’on se le dise, élire un député constitue à n’en pas douter une censure imposée au peuple. Elire qui que ce soit est un stratagème imaginé pour faire taire la population. Pour l’empêcher de dire ce qu’elle a sur le cœur. Désigner le mandataire ne sert qu’à museler le mandateur. Je m’étonne que ce point de vue ne soit pas plus répandu de nos jours.

 

 

C’est vrai que, s’il a fallu un territoire de plus de 500.000 km² pour loger tout le monde, on se rend vite compte qu’on ne va pas pouvoir construire un monument contenant quarante-quatre millions de sièges. Même en compressant chaque citoyen éligible sous forme de brique empilable. Pourquoi un tel monument ? Pour les débats parlementaires, voyons !

 

 

Imaginez ça : un bureau de vote aussi grand qu’un parlement. Encore plus fort : un parlement aussi grand que la nation. Un seul endroit pour décider de qui et de quoi. Un vaisseau spatial de mille kilomètres de côté, comme dans Le Monde des Ā, d’ALFRED ELTON (A. E.) VAN VOGT, ce roman de science-fiction qui s’efforce de modifier les échelles dans l’esprit des lecteurs, sans rien modifier d’autre dans les histoires.

 

 

C’est vrai qu’un romancier, s’il veut vendre quelques exemplaires, a intérêt à ne modifier qu’un ou deux paramètres des codes narratifs, pas plus. Sinon, ça devient de la littérature expérimentale, et on tombe vite dans des Finnegan’s wake, voire des Tombeaux pour cinq cent mille soldats. Et l’on ne peut plus remonter du fond du trou. Passons.

 

 

Le territoire entier comme parlement, on a pu voir ça, éventuellement, sur des confettis politiques du genre de Genève au temps de Calvin, ou sous l’arbre à palabres des villages de la brousse africaine aux temps anciens. En France, 65.000.000 d’habitants, 44.000.000 d’électeurs potentiels (soyons poli, il faut dire « inscrits »), vous imaginez ça ? Impossible. Rigoureusement inenvisageable.

 

 

Et un pays de 300.000.000 d’électeurs ? Dans la célèbre fourmilière géante du Japon (ce n’est pas un gag, c’est une vraie fourmilière avec de vraies fourmis), qui détient ce record d’habitants au m², heureusement, les fourmis n’ont pas le droit de vote, sans ça, c’est l’anarchie. De toute façon, je l’ai dit il y a quelques jours ici même, plus on est nombreux, moins l’individu existe. Quand le nombre des individus tend vers l’infini, l’importance de chacun tend vers zéro.

 

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Mais chez les fourmis, il n’y a pas d’individus, ou plutôt, ils sont interchangeables. Chez la fourmi, pas d’état d’âme, pas de conflit œdipien, pas de jalousie amoureuse, pas de duels fratricides, on se demande même si c’est bien humain, une fourmi. Rien qu’une fonction sociale. Pas une personne, juste une fonction. Au moins, tout le monde est utile, les seuls chômeurs, ce sont les morts.

 

 

La société capitaliste a remédié à cette carence manifeste : elle a inventé l’individu inutile, autrement dit la personne démunie de toute fonction. La société humaine capitaliste est peut-être la seule à avoir inventé l’individu qui ne sert à rien. Elle a longtemps dépensé beaucoup d’énergie à pourchasser à coups de lois, voire à persécuter à coups de police ces gens superflus qu’elle avait elle-même créés.

 

 

Comme on ne peut toujours pas les faire disparaître, malgré tous les perfectionnements techniques à disposition et l'évolution favorable des mentalités – pourtant ce n’est pas l’envie qui en manque à certains, mais il paraît que ça ne se pratique pas encore beaucoup, du moins officiellement et en public –, on  les annihile, on les anesthésie, on les achète avec des R. M. I., des R. S. A., des Restos du Cœur et des Banques alimentaires. Comme ça au moins, on est sûr qu’ils ont honte et qu’ils se tiennent tranquilles.

 

 

Comme le chante sobrement FÉLIX LECLERC, « l’infaillible façon de tuer un homme, c’est de le payer pour être chômeur, et puis c’est gai dans une ville, ça fait des morts qui marchent ». Et surtout, on leur fait croire qu’ils gardent envers et contre tout leur « dignité » en leur laissant le droit de vote, il ne faut pas exagérer : bouche inutile, certes, mais s’agissant d’élections, chaque voix compte. Même celle des « morts ».

 

 

Les seuls qui sont interdits de vote, chez nous, ce sont les S. D. F. Ben oui, quoi, tu reçois une carte d’électeur seulement si tu habites. Si la police peut te retrouver à une vraie adresse, répertoriée. A la mairie, sur la liste, tu ne peux pas te faire enregistrer comme habitant sous le pont Lafayette. C’est trop précaire, comme adresse. C’est sujet à divers aléas.

 

 

D’abord et d’une, où est-ce qu’elle est, la clé ? Et la porte ? Tu ne peux même pas fermer les fenêtres pour arrêter les courants d’air. On a donc bien raison de faire comme s’ils n’existaient pas, les S. D. F. Je vais vous dire : électoralement, les S. D. F., c’est du vent. C’est vrai qu’il y a onze députés représentant les Français de l’étranger, mais qui aurait l’idée de donner des députés aux S. D. F. ? Ils n’en ont pas besoin, ils se suffisent à eux-mêmes, en quelque sorte.

 

 

Conclusion, seuls les citoyens en état de marche sont habilités à députer. Divagations à suivre. Ça s’appellera peut-être « des électeurs qui députent », « députer » étant un verbe (si si !) du premier groupe, dont je propose la définition suivante : « envoyer au députoir ».

 

 

Puisqu’on parle d’urnes, jetez donc un œil sur la « Gazette de Solko n° 18 », et pendant que vous y êtes, sur « les Dupondt sont en campagne ».

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

vendredi, 17 février 2012

LE DEPUTE, RAPPORT QUALITE / PRIX

Qu'est-ce qu'un DEPUTÉ, dans le fond, quand on pose la question sous l'angle du rapport qualité / prix ?

 

 

Dans le commerce, dans notre merveilleuse société de consommation, pour toute marchandise vendue, on est en mesure de calculer le « rapport qualité / prix ». A cet égard, n’importe quel objet vraiment durable, et vendu à prix modique, peut être considérée comme d’un bon rapport qualité / prix. De ce point de vue, le coût d’un député peut être jugé exorbitant.

 

 

Le rapport qualité / prix du député ne se mesure pas tout à fait comme celui d’un produit de lavage, parce que la date limite de vente est fixée une fois pour toutes à cinq ans. Mais renouvelables. Indéfiniment renouvelables, pour être précis. Certains députés sont des rentiers.

 

 

Observons le député commun, le député officinal, pour ainsi dire, certifié sans O. G. M. Qu’est-ce qu’il rapporte, au consommateur qui l’a acheté (« élu » est le terme habituel) ? Il rapporte des lois. Du moins il est supposé le faire. Voyons cela.

 

 

Vous avez désormais pris l’habitude de voir le Président, NICOLAS SARKOZY, sauter sur chaque fait divers dramatique pour rassurer l’opinion publique alarmée par « la montée de l’insécurité ».  Vite fait sur le gaz, vite écrite sur un coin de table, il fait rapidement pondre par quelques volailles une loi « ad hoc » (ou « loi de circonstance »), la fait inscrire et voter selon la procédure « d’urgence » (une seule lecture) au Parlement.

 

 

La télévision est contente, elle a eu sa dose de spectacle, de discours martiaux du Président et de ses sbires gouvernementaux, genre « je ne tolérerai plus », et le soufflé n’a pas eu le temps de retomber que – abracadabra ! – la loi est votée et l’opinion publique rassurée. « Trop fort ! », s’exclame-t-on unanimement dans la salle commune de la maison de retraite, lieu habituel, on le sait, de déchaînement soudain de la violence aveugle.

 

 

Or ce qu’il faut savoir, c’est que, quand une loi est votée, elle reste lettre morte si son adoption n’est pas suivie de la signature de divers décrets d’application et arrêtés. Vous vous souvenez de l’élu présidentiel de 2007 ? Faut-il vraiment redire son nom ici ?

 

 

Eh bien c’est tout simple, pour l’année 2007-2008, 24,6 % des textes réglementaires sont entrés en application. Pour les lois déclarées en « urgence », le taux d’application tombe à 10 %. Résultat ? Les lois n’entrent pas en vigueur (source : Sénat). Et je ne crois pas que le rendement, les années suivantes, se soit beaucoup amélioré.

 

 

Certains députés se sont émus de la chose, disant qu’on leur faisait faire un travail de singe, à voter dans la précipitation des textes de loi mal rédigés et qui n’ont guère de chances d’entrer en vigueur faute des décrets d’application subséquents.

 

 

Conclusion, quant à la « qualité », le député officinal se situe très bas sur l’échelle. Des esprits malintentionnés pourraient même aller jusqu’à interpeller le député officinal et lui demander : « A quoi sers-tu ? ». Je ne pense pas me tromper beaucoup en supposant qu’il protesterait énergiquement.

 

 

On le comprend, on ne quitterait pas sans de vifs regrets une table où le menu offre invariablement fromage ET dessert. Le repas est si plantureux qu’il sert, forcément et par définition, à quelque chose.

 

 

Il faudrait ajouter, pour être honnête, que la Constitution de la 5ème République ne place pas le député, mais le Président au premier plan. Le gouvernement apporte des « projets de loi », les députés apportent des « propositions de loi ». Mais combien de « propositions » sont en fait des « projets », induits par les amicales pressions du Président ou susurrés à tel ou tel par le gouvernement ?

 

 

De toute façon, quand on voit la discipline quasi-militaire que fait régner le pouvoir dans la majorité parlementaire, en usant tour à tour du charme (« si tu es gentil, je peux te faire avoir un poste intéressant à la Cour des Comptes ») et de la menace (« si tu n’es pas gentil, tu sais que j’ai la haute main sur la commission de validation des candidatures aux prochaines législatives, réfléchis bien »), on a tendance à voir dans le député un « obscur », un « sans-grade », simple masse de manœuvre mise en place grâce à une pure et simple légalité.

 

 

Au surplus, une petite moitié des lois votées sont seulement des transpositions de directives européennes dans le droit français. J’ai envie de dire : n’en jetez plus. D’ici qu’on ne voie dans le député français qu’une potiche, un simple décor de théâtre, il n’y a pas loin. L’efficacité du député tend vers zéro. Nous allons voir maintenant que son coût, s’il ne tend pas vers l’infini, en prend le chemin.

 

 

Oui, après la « qualité », examinons le « prix » : l’indemnité d’un parlementaire en France est de 7100 €, cumulable avec une indemnité reçue à titre local dans la limite de 8272 € et une queue de cerise. GERARD COLLOMB, qui est sénateur et maire de la ville de Lyon, perçoit donc cette somme. Il est également Président de la COmmunauté URbaine de LYon, mais ses services refusent de communiquer sur le sujet.

 

 

Le site Politiquemania indique cependant le chiffre de 5.512 €. Je vous laisse faire le calcul. Je ne me trompais pas trop en parlant de fromage ET dessert, mais là, s’il les touche effectivement, c’est carrément la « ronde des desserts ».

 

 

On comprend que monsieur GERARD COLLOMB soit un farouche partisan du cumul des mandats. On n’est pas obligé de croire monsieur GERARD FACON (http://lafitte-vigordane-le-citoyen-vigile.over-blog.com/article-voyage-chez-les-forcats-de-la-republique-96735508.html), qui évalue sur son blog les sommes reçues chaque mois par GERARD COLLOMB à 19.385 €. Sûrement un jaloux. Un élu, un notable de la « surface » de COLLOMB peut-il s’affranchir de la règle du plafonnement ? Je pose juste la question.

 

 

Loin de moi l’intention de jeter l’anathème sur la fonction d’élu du peuple, mais, une fois rassemblées les quelques données ci-dessus, je finirais presque par trouver que le député est décidément hors de prix.

 

 

Et je me pose la question : « Est-ce que, au prix qu’elle la paie et vu la faible qualité des résultats obtenus, la France a les moyens de rester une démocratie ? ». Oui, la France ne vit-elle pas au-dessus de ses moyens en entretenant des institutions coûteuses et surtout lourdes et  inefficaces ? Sans parler de la « crise » …

 

 

Je me rassure en me disant que, de toute façon, l’idée démocratique elle-même est dans un tel état que, un peu plus, un peu moins …

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

lundi, 13 février 2012

LOI DU NOMBRE ET DEMOCRATIE

Je pose aujourd’hui une question puissante, attention les yeux, ça va décoiffer : qu’est-ce que la démocratie ? Je vous préviens, on n’est pas à Sciences-Po. Je pars du ras des pâquerettes, et j’y resterai peut-être, allez savoir. La démocratie ? Jusque-là, rien à dire, ça reste assez simple : l’expression de la « volonté générale ». A partir de là, vous allez voir, la volonté « générale », elle n’arrête pas de vous serrer le kiki et la ceinture.

 

 

Parce que là où ça se complique, c’est quand on demande : c’est quoi, la « volonté générale » ? Naïvement, je réponds, déjà embarrassé : c’est la volonté de tous, du peuple, de tout le peuple, je veux dire  de chacun des membres du peuple, que sais-je ? C’est le « peuple souverain », bien connu de sa concierge.

 

 

Oui, mais comment vous allez savoir ce que c’est, la volonté de chacun ? La réponse est tout bonnement impossible. En 1789, la France comptait 27.600.000 habitants, « en comptant les femmes et les petits enfants » (FRANÇOIS RABELAIS). Comment veux-tu faire ? Le NOMBRE est en soi un obstacle à la démocratie. Je ne parle pas ici de délégation et de représentation, notez bien, juste du NOMBRE.

 

 

Parenthèse sur « La démocratie culinaire » (inspiré par Les Petits plats dans les grands, « La méthode illustrée par l’exemple », HENRI-PIERRE D’ACREMANT, Firmin-Didot éd., 1884, beau frontispice en couleur, plusieurs chromolithographies hors-texte, nombreuses gravures in-texte, jamais réédité).

 

 

Suppose que c’est toi qui es dans la cuisine. Mettons qu’autour de la table, ils ne sont pas trop nombreux, disons vingt. Le problème, c’est que chacun est venu avec son menu à lui. Vingt menus complètement différents : vingt entrées, vingt plats, vingt desserts. Comment tu fais, toi, devant ton piano et tes gamelles ? Le problème de la démocratie, il n’est pas ailleurs, il est là.

 

 

Alors on simplifie. Tiens, regarde les repas que tu fais entre collègues, en fin d’année ou à l’occasion d’un départ ou d’une retraite, comment ça se passe. Ça dépend du restaurant, mais ça m’étonnerait qu’on aille au-delà de trois propositions de menus. Ça fait trois entrées, trois plats, trois desserts. Ce n’est pas beaucoup, mais les gens considèrent que ce n’est déjà pas mal. Chacun, donc, avant même d’être à table, a déjà intériorisé l’idée qu’il va falloir qu’il restreigne ses désirs. Fermeture de la parenthèse.

 

 

La démocratie, c’est exactement ça : comme on est trop nombreux, la cuisine ne peut plus suivre. On est obligé de réduire le choix. La démocratie, c’est d’abord une restriction de chacun à des dimensions plus modestes que son individu individuel. Le serrage de ceinture, il commence là : plus on est nombreux, moins chacun a de surface démocratique individuelle.

 

 

Plus on est nombreux, moins on compte, et moins on existe. C’est mathématique et inversement proportionnel : ta part de vie dans le nombre décroît quand le nombre croît. Comme au loto : plus il y a de combinaisons possibles, plus les chances de gagner diminuent.

 

 

D’un point de vue démocratique, un Chinois, en comptant un milliard d’inscrits (en supposant que …), existe à peu près vingt-cinq fois moins qu’un Français (quarante millions). Moralité : plus tu es nombreux, plus la démocratie t’écrase, toi, individu ! Qu’est-ce que c’est, finalement, un individu ?

 

 

Oui, nous sommes trop nombreux pour que chacun de nous ait une véritable existence politique. Et c'est d'autant plus vrai depuis que la montée en puissance de l'Europe aux dépens des nations a rendu encore plus évanescent le pouvoir de chaque individu sur la marche des choses.

 

 

Alors la démocratie ? Tiens, comment ils ont fait, en 1789 ? Ils ont fait comme pour la pyramide : plus tu montes, plus c’est étroit, et moins il reste de place pour toi. Appelons ça la réduction de l’individu (façon réducteurs de tête). Au départ, soyons franc, tu as l’impression que tout est possible. La base s’exprime. Tout le monde frétille de la queue (ou du croupion, c’est selon). A l’arrivée, même pas un atome de croupion.

 

 

Il arrive la même chose aux molécules en homéopathie, vous savez, les CH (« centésimale hahnemannienne »), la mémoire de l’eau (les tribulations « scientifiques » de JACQUES BENVENISTE) et tout le tremblement : au départ, une molécule en pleine possession de ses moyens, bien vaillante et prête à l’emploi.

 

 

A l’arrivée, qu’est-ce qui reste, sinon rien ? Car 9 CH, c’est un centième répété neuf fois, je vous laisse calculer tous les 0 que ça fait après la virgule, pour ce qui reste d’actif dans le tube à essais. Mais je ne voudrais pas déclencher une polémique.

 

 

Pour un phénomène analogue d’évanouissement de la réalité dans sa quintessence abstraite et virtuelle, on pourra préférer la page 441 de l’intégrale de la Rubrique-à-Brac de GOTLIB, où l’escargot disparaît carrément par le fond de sa coquille, et où le cher professeur Burp se lamente : « Escargot mon ami, qu’as-tu fait de ta vie ? ».

 

 

 

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N'AYANT PAS TROUVE L'ESCARGOT,  JE VOUS PRESENTE

LE PROFESSEUR BURP EN COMPAGNIE DE L'HYENE

(si si, c'est comme ça qu'on dit et qu'on écrit)

 

La loi du nombre, appelons ça le point extrême de la dilution. Je vais vous donner un exemple. J’ai vu construire une « pyramide » en 2003 dans l’Education Nationale : tous les « partenaires » de la « communauté éducative » se réunissent en différentes commissions, dont chacune rédige un document résumant les idées émises. Cela fait une dizaine de commissions dans chacun des 11375 établissements (public + privé) du second degré. Je vous laisse calculer le nombre de documents.

 

 

Puis ces synthèses sont rassemblées par le chef, qui les envoie au rectorat. Les fonctionnaires rectoraux rédigent une synthèse académique et l’envoient à Paris. Là, des fonctionnaires ministériels élaborent, à destination du ministre, un document qui synthétise l’ensemble.

 

 

La « Commission THELOT », ça s’appelait. « Quelle école pour demain ? », ça demandait. Résultat, la bouche du ministre de l’époque a laissé tomber face aux caméras une bouse de vache, et tout est retombé dans le silence. Comme dit la sagesse populaire, c’est la montagne qui accouche d’une bouse de vache. Ce qu’on pourrait appeler une synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse de synthèse … « Mammouth mon ami, qu’as-tu fait de ta vie ? », se lamente le professeur CLAUDE ALL… euh, non, le professeur Burp.

 

 

Et, bonne pomme, je n’ai même pas tenu compte du fait que les conclusions étaient déjà toutes prêtes et connues du ministre avant l’élaboration de la montagne pondeuse de bouses de vache par ministre interposé. J’ai fait comme si tout ça n’était pas un simple cinéma à grand spectacle pour dire au bon peuple spectateur qu’on a les dossiers bien en main. Au moins, personne ne pourra dire que le système n’est pas démocratique. Les personnels ont été consultés, on leur a demandé leur avis, c’est sûr. Qu’on s’asseye dessus ensuite, tout le monde s’en fiche.

 

 

Dans la loi du nombre, elle est là, la mort démocratique. L’individu infinitésimal, molécule vivante diluée des millions de fois dans le tube à essais électoral, qu’il dise quelque chose ou qu’il ne dise rien, cela revient au même. Pesé grain de sable après grain de sable sur les balances de précision de la machine statistique, l’individu infinitésimal n’existe plus. On aura beau me seriner que l’individu est la pierre angulaire de l’édifice démocratique, je persisterai à me gausser.

 

 

« Tu te rends compte, si tout le monde faisait comme toi ? » Oui, je me rends compte. Et alors ? Beaucoup de gens font d’ores et déjà comme moi. Ils s’abstiennent de voter. Ils ont peut-être pris conscience de la fiction que leur existence politique constitue, va savoir. Le char d'assaut médiatique a beau leur rouler sur les neurones avec ses obus chargés de devoirs civiques, ils ont cessé d'y croire, à cette histoire : « Chaque voix compte, la tienne est aussi importante que toutes les autres, tu ne vas pas nous faire ça ».

 

 

Et puis il faut aussi comprendre une chose : quelle existence politique ont eue, après 2007, les 17.000.000 d'électeurs qui ont voté SEGOLENE ? Rien, que dalle ! Qu'est-ce que c'est, aussi, ce système où une quasi-moitié du corps électoral est écrasée purement et simplement ? Qu'est-ce que c'est, la loi de la majorité ? Un moyen de faire taire la minorité. « Vous n'avez qu'à être majoritaires », entend-on. Mais j'y reviendrai, sur le scandale majoritaire.

 

 

Qu’est-ce qui leur manque, à ceux qui votent avec leurs pieds aux élections ? Il leur manque l’impression toute simple d'exister politiquement, de peser, d’être pour quelque chose dans la marche des choses, de voir leur volonté (pas leur opinion) prise en compte dans les décisions. Ce n’est pas avec des « débats participatifs » à la SEGOLENE, avec des « comités de quartier » qu’on arrivera à leur donner cette impression. C’est en leur donnant un pouvoir de décision, un vrai. Comment ? Ah, je l’ai dit au début : on n’est pas à Sciences-Po. Vous n'avez qu'à demander aux experts. Ils savent tout.   

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

APRES-PROPOS : l'actualité nous montre une curieuse parenté qui s'installe entre deux pays pourtant à des années-lumières l'un de l'autre. Pendant que la « communauté internationale » élève la voix contre le meurtre collectif d'Etat commis par le régime syrien contre son propre peuple et fait quelques efforts pour l'empêcher, la « communauté européenne » abat la griffe de son autorité sur le pouvoir grec pour obliger celui-ci à réduire son propre peuple à la misère. C'est la logique droit-de-l'hommiste contre la logique financière. Devinez qui va gagner. Les deux, mon général. JANUS BIFRONS aura encore frappé.

 

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LA GUERRE OU LA GUERRE ?

PILE JE GAGNE, FACE TU PERDS

 

 

 

mercredi, 08 février 2012

DU MAGMA DEMOCRATIQUE

C’est vrai, ça, pourquoi est-il généralement admis qu’il faut voter ? La première remarque qui me vient, c’est le nombre. Quarante millions d’inscrits, vous vous rendez compte de ce que ça fait ? De quel poids est le bulletin de chaque quarante millionième de voix que constitue un individu ? Peau de zébi, mon frère. Ou peu s’en faut. Et on s’étonne qu’il y en ait qui s’abstiennent !

 

 

Prenez le loto : pour une grille jouée, vous avez exactement une chance sur 19.068.840 (j’ai pompé la probabilité sur un site, rassurez-vous). Alors quarante millions, vous pensez ! Bon, c’est vrai, pour accroître les chances de gagner le gros lot, on a réduit le nombre des numéros éligibles : on est passé de 49 à 4 ou 5. Remarquez, comme gros lot, franchement, vous vous voyez rentrer chez vous avec un SARKOZY ou un HOLLANDE sous le bras ? Ou alors passer à la banque pour le déposer sur votre compte ? Qu’est-ce que ça peut rapporter ? Ça risque juste de vous bouffer vos économies. 

 

 

D’autant plus que, sur les 10 ou 12 candidats déclarés (+ 1 candidat « présumé », merveilleuse trouvaille du CSA), la moitié sont à considérer comme fictifs, et prêts à monnayer leur ralliement à tel ou tel pour un strapontin, un portefeuille, enfin, une place au chaud. VILLEPIN et CHEVENEMENT, apparemment, ont déjà trouvé : ils ont renoncé. Avec quoi en échange ? Mystère.

 

 

Quarante millions d’électeurs inscrits, vous vous rendez compte ? Ça ne vous fait pas peur, vous, d’être une goutte d’eau dans la mer ? Moi si. La goutte, elle est noyée. Surtout que beaucoup ne sont pas d’accord avec moi, c’est sûr, puisque moi non plus, je ne suis pas d’accord avec eux. Ce n’est plus une harde, ni une meute, même pas une foule, c’est une masse. 

 

 

Et l’on veut nous faire croire que nous sommes des individus ? Regardez La Bataille d’Alexandre, d’ALBRECHT ALTDORFER : est-ce que vous reconnaissez un ami, dans cet amas d’armures pressées les unes contre les autres ? Ah, vous n’étiez pas né en 1529 ? Moi non plus.

 

 

 

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LA BATAILLE D'ALEXANDRE 

 

Bon, alors regardez un élevage de volailles en batterie, en faisant comme au cinéma : gros plan pour commencer sur la tête de ce poulet précis, avec sa crête et son air d’ahuri définitif, puis faites un zoom arrière bien progressif, jusqu’à embrasser tout l’entrepôt d’un seul coup d’œil : vous le repérez toujours, le poulet précis ? Non, il n’existe plus.

 

 

 

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C'EST LES VACANCES, LE CITADIN SE FAIT BRONZER SUR LA PLAGE 

 

Mon ami RENÉ S. s’adonne à la colombophilie, vous savez, cette passion des pigeons voyageurs telle qu’elle se pratique encore tout le long de la frontière nord de la France. Il en possède entre 400 et 500, je ne sais plus. Plusieurs sont des athlètes, quelques-uns des champions. Lui, oui, il est capable de reconnaître chacun individuellement, les barres alaires, le tour de l’œil, la caroncule, tout. Moi, j’en vois un plus blanc, l’autre plus bleu, et c’est tout. C’est comme les Chinois : ils se ressemblent tous. Encore que les Chinois, je suis sûr qu’en y regardant de plus près …

 

 

Eh bien voilà, l’individu, ce n’est qu’une question de distance focale. Au téléobjectif, vous distinguez les moindres traits de son visage, de ses humeurs, de ses sentiments. Au grand angle, vous voyez une fourmi parmi d’autres fourmis. Encore que les fourmis, je suis sûr qu’en y regardant de plus près …

 

 

Et vous, moi, quiconque et quelconque, nous avons sur nous-mêmes un œil téléobjectif. Notez que chacun de nous est le seul à l’avoir, le téléobjectif, pour son propre compte. Braqué sur le vilain pli que fait la peau à cet endroit, sur ce point noir au milieu du nez, sur ce bourrelet qu’il va falloir perdre avant la plage et les conquêtes féminines.

 

 

Nous n’avons communiqué la liste des détails qu’à de très rares personnes, en général celles qui nous supportent vaillamment, jour après jour, depuis, depuis … un certain temps. En dehors, c’est sûr, personne n’est au courant. Disons même que tout le monde s’en contrefiche, parce que tout le monde ignore notre existence. L’œil téléobjectif est du côté de l’unique.

 

 

Maintenant, adoptez l’œil grand angle. Regardez l’usine à poulets dans son ensemble, comme si c’était vous qui faisiez marcher la boutique. Ce n’est pas seulement la liste des détails qui a disparu corps et biens, mais l’idée même de votre existence individuelle. A la limite, on pourrait vous tatouer un numéro sur l'avant-bras. On dénigre des gens comme HITLER ou MAO TSE TOUNG au motif qu’ils ont prétendu faire disparaître l’individu dans la masse. Mais il faut comprendre que c’est maintenant chose faite. Chez nous. L’œil grand angle, il est du côté du nombre et de la masse.

 

 

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NI UN DEFILE NAZI, NI UN HOMMAGE DE MASSE AU PRESIDENT MAO,

NI L'USINE A POULETS

 

L’œil grand angle, c’est, ni plus ni moins, l’administration. Quand vous êtes au guichet, votre affaire à vous, c’est la plus importante, elle vous embête, vous rend la vie impossible, elle est urgente, il n’y a rien de plus pressé que votre affaire unique. C’est l’œil téléobjectif.

 

 

La personne de l’autre côté du guichet, des cas comme celui-là, il en a treize à la douzaine dans l’heure, il ne traite même que ça, des affaires urgentes. Les cas particuliers, c’est son métier. Mais lui, il a sa grille, il a ses consignes, il a ses procédures, il a ses supérieurs. Tout ce qui vient doit y entrer, dans les cases de sa grille. S’il a un peu de bouteille, ça va tout seul, l’aiguillage est mis en pilote automatique. C’est la loi du grand nombre et de la masse. Il a l’œil grand angle.

 

 

Si on reprend le fil électoral, maintenant, et qu’on applique cette histoire de distance focale, qu’est-ce qu’on voit ? Quarante millions d’individus qui vont être « appelés aux urnes », qui ont du mal à trouver le sommeil, qui digèrent mal, qui sont plus ou moins heureux, qui ont plus ou moins de problèmes de couple, de travail, de salaire.

 

 

Quarante millions d’individus plus ou moins bêtes, plus ou moins méchants, plus ou moins sales, plus ou moins mal habillés, plus ou moins jaloux, plus ou moins laids. Chacun a une physionomie qui lui est propre, plus ou moins mal dessinée. Vu de ce côté, on est les quarante millions d’uniques.

 

 

L’œil téléobjectif, qu’est-ce qu’il regarde ? Il regarde le menteur de 2007 qui déclarait la main sur le cœur qu’au grand jamais il ne lui mentirait. Il regarde le capitaine de pédalo qui se prend pour un amiral aux commandes d’un croiseur en route pour l’océan de l’Avenir. Il regarde l’homme droit et raisonnable qui a du mal à se faire prendre au sérieux, comme une tranche de jambon racorni entre deux tranches de pain sec. Il regarde la Walkyrie qui promet de tout chambouler dans la cambuse et de rendre justice au peuple bafoué. Il regarde le trublion, acteur un peu sur le retour, qui essaie de se faire une ligne politique avec son côté fort-en-gueule. L’œil téléobjectif, il est braqué sur quelques uniques.

 

 

En face de ces quarante millions de téléobjectifs braqués, il y a l’œil grand angle, l’administration, le directeur du marketing politique, l’entreprise de sondages et ses clients (les candidats). Qu’est-ce qu’il regarde, l’œil grand angle ? Il est fixé sur les statistiques, sur la loi du nombre et du multiple. Quand je parle de statistiques, soyons juste : il ne faut pas confondre les statistiques et les sondages, quand même. Il reste un peu de réalité dans la statistique.

 

 

 

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LE GENIAL GENIE DES ALPAGES

(MERCI F'MURRR) 

 

Le monstre administratif (et tous les clients qui l’utilisent) ne voit jamais d’individus autrement que par  paquets de cent mille, allez, dix mille pour être gentil. L’œil grand angle ne raisonne qu’en masse. Il est comme le satellite qui sait mesurer une hausse de un demi-millimètre du niveau des océans du haut de son piédestal de quarante kilomètres.

 

 

L’administration regarde ce qui se passe à la surface du magma électoral, aucune ride ne lui échappe, le moindre friselis, la moindre bulle qui éclate sont fiévreusement analysés, disséqués, décortiqués, dans une perpétuelle expérience de laboratoire en temps réel. Et l’on fait croire à tout le monde que le laboratoire a les dimensions de la nature tout entière et de la réalité pure et simple.

 

 

Tout ce travail invisible se traduit en retour par des « réponses » appropriées, élaborées par les équipes de communication : là, coco, change de cravate, entre sur scène avec les bras soulevés par l’enthousiasme, va causer avec les ouvriers de Shampoing-sur-Mayonnaise menacés de fermeture, embrasse deux ou trois enfants sous l’œil attendri des caméras. Bref, tout un tas de « trucs ».

 

 

Pendant que tous les « trucs » se passent, le satellite, avec son œil grand angle, il observe et enregistre les données, tout ce qui se passe à la surface du magma. En bas, les équipes de com. attendent les données pour aviser, ajuster, peaufiner, corriger la trajectoire. Et attendent de pouvoir comparer la hauteur des piles de petits papiers blancs imprimés sur une face, un certain dimanche soir.

 

 

De quoi, franchement, vous dégoûter des petits papiers blancs imprimés sur une face.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

 

mardi, 07 février 2012

UN PAS DE GUEANT POUR L'HUMANITE

« Toutes les civilisations ne se valent pas », a dit, paraît-il, Claude Guéant, sinistre de l’Intérieur, devant le gratin syndical des étudiants de droite réunis sous la bannière de l’Union Nationale Interuniversitaire, propos incendiaire aussitôt et soigneusement twitté vers l’extérieur par un militant U. M. P. sans doute en service commandé.

 

Sur le Parti « Socialiste », sur toutes les belles âmes de la gauche tiers-mondialisée et sur tous les chevaliers blancs défenseurs de la vertu de la veuve de guerre des civilisations et de l’orphelin opprimé (je ratisse large), ces propos – savamment mis en scène et montés en mayonnaise par un service de communication très professionnel – jouent le même rôle qu’un lumignon allumé dans une nuit d’été sur les phalènes et autres insectes nocturnes, le même rôle catalyseur que l’électricité sur la moelle épinière, le même rôle d’appât que le chiffon rouge sur la grenouille et le taureau. 

 

Un seul mot d’ordre : on fonce ! peut être satisfait, Nicolas Sarkozy peut le féliciter : mission accomplie, soldat Guéant, c’est l’ébullition dans la fourmilière, le branle-bas dans Landerneau, les coups de feu dans la sierra, la panique sur la ville, les règlements de compte à OK Corral. François Hollande n'a pas encore fait part de son indignation, mais ça ne saurait tarder. 

 

Claude Guéant, honnêtement, j’éprouve pour ce personnage considérable la même quantité de sympathie que pour la limule, qui est aussi un crustacé très laid et antipathique. Pour une raison très simple, directement et a contrario déduite de celle qui fait que « les amis de mes amis sont mes amis ». J’espère que vous suivez.

 

La limule mérite quelque précision. Saint Alfred Jarry en donne, quand il essaie de comparer la physionomie d'Ubu : « S'il ressemble à un animal, il a surtout la face porcine, le nez semblable à la mâchoire du crocodile, et l'ensemble de son caparaçonnage de carton le fait en tout le frère de la bête marine la plus esthétiquement horrible, la limule ».

 

C'est vrai que la limule est globalement et en détail assez répugnante, et que je n'aimerais pas me prélasser sur les plages qu'elle fréquente.

 

Revenons à monsieur Claude Guéant. Qu’a-t-il dit exactement ? Si j’ai bien compris, il y a deux aspects dans les propos du sinistre : d’une part, il établit une hiérarchie entre les civilisations. Voyons cela. Cette idée bien propre à hérisser le poil des égalitaristes à tout crin, est-elle si choquante, si l’on regarde d’un peu près ? 

 

Toutes les civilisations se considèrent, de leur point de vue, comme le nec plus ultra, le fin du fin. Je signale qu’en général, dans les langues du monde, tous les peuples se sont désignés eux-mêmes comme les seuls « êtres humains », nommant dans la foulée tous ceux qui leur étaient étrangers des « chiures », des « cloportes », des « sous-hommes » et toutes sortes d’animaux répugnants. 

 

Le voyageur Jean de Léry raconte en 1578 comment les « Toüoupinambaoults » du Brésil étaient par principe en guerre perpétuelle contre les « Margajas », qu’ils s’efforçaient de tuer en grand nombre avant d’en faire cuire les morceaux sur leurs « boucans » : « Voilà donc, ainsi que j’ai vu, comme les sauvages Américains font cuire la chair de leurs prisonniers pris en guerre, à savoir boucaner, qui est une façon de rôtir à nous inconnue » (C’est dans la passionnante Histoire d’un voyage en terre de Brésil, Livre de poche, p. 364).

 

Nous préférons, nous autres Européens, battre la coulpe de l'Europe en nous en prenant aux Grecs, qui appelaient « barbares » les non-Grecs, et en dégradant allègrement leur triple A, qu’historiens et philosophes attribuent traditionnellement à ce peuple qui n’a pas fait grand-chose, en dehors d’inventer un « menu détail » : la civilisation européenne et la démocratie. 

 

Si monsieur Claude Guéant est raciste, il ne l’est ni plus ni moins que tous les peuples du monde depuis l’origine de l’humanité. Qu’il soit, en disant cela, parti à la pêche aux voix du Front National ne fait aucun doute, c’est une chose bien établie. Il reste que tous les peuples du monde ont été et sont aussi racistes que monsieur Claude Guéant. 

 

Que les glapisseurs de bons sentiments aillent voir la façon dont les Coréens sont considérés et traités au Japon, et, accessoirement, la façon dont les Noirs très noirs de peau sont considérés par les Noirs moins noirs, en Guadeloupe et en Martinique. 

 

« C’est pas bien ! », disent, en faisant les gros yeux, les bonnes âmes altruistes pressées de déverser hors d’elles-mêmes les tonnes de sentiment de culpabilité qui les poussent à toutes sortes d’errements. J’ai le plus grand mal à garder mon calme, pourtant olympien et légendaire, quand j’entends hurler les antiracistes vertueux en général, et Clémentine Autain en particulier, qui s’indigne qu’un sinistre de la République ose s’exprimer ainsi dans la France du 21ème siècle.

 

Clémentine Autain, flamberge au vent (prenez une colichemarde si vous préférez, c’est aussi efficace pour découper l’adversaire en lamelles), fonce comme tout le monde sur le sinistre de l’Intérieur, sans doute parce qu’il est assis sur le fauteuil qu’elle voudrait occuper. Ça viendra peut-être, mais pas trop tôt, j’espère. Il y a du flic chez Clémentine Autain, comme il y a du flic chez tous ceux, antiracistes compris, qui glapissent à la loi pour museler l’expression libre des individus. 

 

(Soit dit entre parenthèses, un autre beau démocrate et républicain s’est manifesté dans Libération l’autre jour en se félicitant par avance que Madame Le Pen ne puisse pas se présenter à la présidentielle. J’ai nommé Pierre Marcelle, qui ose ce titre, qui serait inquiétant en cas de victoire de la gauche : « Le Pen inéligible honorerait la démocratie ». Qu’un « démocrate » auto-proclamé s’exprime ainsi montre juste que l’auto-proclamation est un mensonge.) 

 

Qu’on se le dise, ce genre de militants des « justes causes » en général, et les antiracistes en particulier (puisque c’est de ça qu’on cause en ce moment dans les chaumières), les antiracistes et autres flics démocrates bon teint, donc, me font royalement chier. Excusez-moi de le dire sans dissimuler le mot derrière trois petits points, mais la vertu auto-proclamée me semble une des belles impostures de notre époque, qui n’en manque pas, il est vrai. A la niche, les « Vertueux » ! 

 

A la niche, les flics de la liberté d’expression ! Voltaire, lui au moins, déclarait : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Non, eux, leur mot d’ordre, ils le prennent chez Fouquier-Tinville, vous savez, l’accusateur public qui organisait les charrettes pour la guillotine : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Ou encore : « La République n’a pas besoin de savants », en envoyant Lavoisier à l’échafaud. On choisit son saint patron, n’est-ce pas.

 

Tous les flics en civil qui n'ont pour dimension libidinale que la guillotine du désir de museler toute expression qui n'est pas la leur ou qui enfreint je ne sais quelles Tables de la Loi, forment le coeur compact de la nouvelle bien-pensance, sorte de pensée unique par défaut, en creux, tracée au repoussoir. On n'ose plus dire "politiquement correct". Le regretté Philippe Muray en dévorait un tous les matins au petit-déjeuner, de ces militaires sans uniforme qu'on appelle les militants.  

 

L’autre aspect des propos de Claude Guéant, curieusement passé au second plan dans la polémique, est beaucoup plus restreint et spécifique, puisqu’il parle de la République Française, avec son Liberté-Egalité-Fraternité, comparée à, mettons, l’Arabie Séoudite, et au statut social des femmes dans ce pays et d’autres analogues (ça veut dire bien musulmans, n’ayons pas peur du mot), aux obligations et interdictions vestimentaires et autres. 

 

Alors là, vous voulez que je vous dise, je ne comprends plus rien. Bon, je sais bien que les foutraques de Besancenot et compagnie avaient présenté à des municipales une femme « issue de l’immigration » couverte du « voile islamique ». Mais reprenez-vous, la gauche républicaine, atterrissez, quelle est cette fureur qui vous saisit tout à coup ?

 

Clémentine Autain, reprends tes esprits : Claude Guéant prend la défense des femmes en terre d’Islam. Qu’est-ce que tu attends pour applaudir ? Pour embrasser le sinistre et le remercier de prendre le parti de « la femme » ? Un sinistre qui, rends-toi compte, embrasse la cause des féministes. 

 

Pour conclure, certes, il y a de l’opération politique de la part de Claude Guéant, qui voudrait bien faire reconduire celui qui l’a fait sinistre et lui a donné sa soupe et son fromage, et qu’il y a là une provocation en « bonnet difforme », autant qu’une tentative de récupération de voix. 

 

Mais la bêtise et l’hypocrisie des « bonnes âmes » et autres chevaliers blancs de la « gauche » auto-proclamée (s’ils sont à gauche, je m’appelle Benoît XVI, et si c'est ça, être de gauche, alors j'accepte avec empressement l'étiquette droitiste, même si c'est faux, je ne voudrais surtout pas qu'on me confonde), sont trop flagrantes pour que j'accorde à Clémentine Autain et autres flics du même acabit autre chose qu’un pitié lointaine.

 

Voilà ce que je dis, moi.

vendredi, 03 février 2012

LE FLEAU DU DROIT DE VOTE (2)

Les tribulations d’un bulletin de vote français.

 

 

On est donc en période électorale. Il importe d’avoir des lectures « citoyennes ». La Journée d’un scrutateur, ça s’appelle. Si vous ne l’avez pas encore lu et que vous avez une petite heure à perdre, la petite heure ne sera pas perdue, promis. ITALO CALVINO, entre quelques chefs-d’œuvre, a écrit ce bijou de tout petit bouquin (une centaine de pages) sur les mœurs « civiques » en démocratie.

 

 

 

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ITALO CALVINO, 'PATAPHYSICIEN EMERITE 

 

Comment, en démocratie, les gens au pouvoir s’arrangent pour le garder, y compris en faisant voter quelques vieux décatis hébergés dans les hôpitaux, quelques aliénés de l’asile, quelques vieilles bonnes sœurs grabataires, toutes bonnes gens dont la main est soigneusement guidée vers le bon bulletin de vote. Il faut voir les gars balader l’urne d’hospice en maison de retraite et les vieux de leur grabat jusqu’à l’urne. Livre réjouissant et lugubre.

 

 

Ce n’est pas en France, je n’apprends rien à personne, qu’on verrait s’étaler pareilles turpitudes. La France est – tout le monde en est d’accord – au-dessus de ces miasmes de bas étage. Bon, c’est vrai qu’aux élections municipales de 2008 à Perpignan, un certain GEORGES GARCIA, président d’un bureau de vote, a été vu avec plein de bulletins de vote dans ses poches et ses chaussettes. Simple anicroche. Billevesée.

 

 

D’ailleurs, qu’on se rassure : il a été dûment condamné – avec sursis, faut pas exagérer. Le maire sortant, JEAN-PAUL ALDUY, a été, quant à lui, confirmé dans sa réélection (il a démissionné en 2009). Ce n’est pas l’existence de quelques brebis galeuses qui vont autoriser quelque obscur blogueur pamphlétaire vindicatif – réactionnaire vaguement gauchiste (ou l'inverse) –, éventuellement doté au surplus de tendances paranoïaques, à s’en prendre au troupeau électoral dans son entier. Que cela soit dit une bonne fois pour toutes : le troupeau électoral français est fondamentalement sain.

 

 

On me fait remarquer dans mon oreillette que JEAN TIBERI, autrefois maire de Paris, a inventé (sans s'attribuer la paternité de l'invention, par modestie sans doute) l'électeur fantôme, plus souvent appelé « faux électeur ». Oh, rien de bien grave : juste il demandait à un réseau d'amis de s'inscrire sur la liste électorale de son 5ème arrondissement de Paris, même et surtout s'ils habitaient ailleurs.

 

 

 

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LA, ON N'EST PAS LOIN D'UN TRIBUNAL

ON LUI DONNERAIT LE BON DIEU

A BOIRE AVEC UNE PAILLE

TOUT LE SECRET EST DANS LA BRECHE

 

Les soirs d'élection, ces témoignages d'amitié et de solidarité lui donnaient un bon matelas d'avance sur ses rivaux, n'est-ce pas, Mme LYNE COHEN-SOLAL ? A propos de laquelle j'ai cru voir mentionner dans les journaux, il y a quelque temps, quelques turpitudes commises en compagnie de M. JACQUES MELLICK, rendu célèbre dans les années 1990, à côté d'un certain BERNARD TAPIE, le monde judiciaire n'est pas si petit.

 

 

 

Il aurait même tendance à s'étendre, si on le laissait faire. Mais nous le disons bien haut et bien fort : nous ne nous laisserons pas faire ! Nous ne laisserons pas la dent mauvaise de la calomnie rouler impunément, avec la semelle immonde de ses intentions ténébreuses,  sur nos réputations immaculées ! Nous ne laisserons pas la langue de vipère de la subversion et de la haine fouler au pied la poutre faîtière de notre intégrité sans faille (merci, monsieur le maire de Champignac).

 

 

Mais baste ! Simples anicroches ! Billevesées !

 

 

De toute façon, en France, pays de vieille démocratie, paraît-il, les camps opposés s’observent avec tant d’attention jalouse, les soirs d’élection, lors du dépouillement, que, si quelqu’un veut frauder, c’est excessivement difficile, c’est immédiatement rendu public, c’est donc rarissime, vu que les adversaires se tiennent mutuellement en joue, même si c’est courtoisement fait.

 

 

A la place du démocrate blanchi sous le harnois qui est en train de me lire, je garderais quand même un œil fixé, pour les prochaines législatives, sur la façon dont sont « gérés » les électeurs appelés « Français de l’étranger ». NICOLAS SARKOZY et ses sbires veillent sur eux comme sur du lait qui ne va pas tarder à bouillir.

 

 

Ils ont bien onze sièges de députés à pourvoir, ce qui n’est pas négligeable du tout (les curieux peuvent aller voir (http://www.politiquemania.com/forum/2012-legislatives-f31/les-circonscriptions-des-francais-etablis-hors-france-t469.html). Cela fait 90.909 électeurs pour un député. La moyenne nationale tourne autour de 70.000. Qui est avantagé a priori ? Et qui, a posteriori ?

 

 

 

Qui se souvient de CHARLES PASQUA et de ses merveilleux redécoupages à la petite scie (ça c'est pour les lecteurs de La Vie mode d'emploi, de GEORGES PEREC) de toutes les circonscriptions de députés ? Personne n'a jamais fait mieux que CHARLES PASQUA pour biaiser le résultat du suffrage universel. Finalement, c'est lui, THE ARTIST.

 

 

 

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LE MAÎTRE DANS L'ART DE LA DECOUPE ELECTORALE.

(UN REMARQUABLE IMPUNI) 

 

Revenons aux formalités. Je ne sais pas si vous avez participé à des dépouillements, mais rien n’est à la fois aussi fastidieux (ouvrir l’enveloppe, dire le nom, cocher au crayon chaque voix dans la colonne qui lui revient) et aussi électrique (en cas d’enjeu particulier, de basculement possible, de résultat spécialement serré, …).

 

 

 

Le fastidieux, c'est pour les petites mains consciencieuses, les citoyens ordinaires et bénévoles. Ceux qui y croient. L'électrique, c'est pour le chef shooté à l'adrénaline (mais, hmmmmm ! c'est si bon, l'adrénaline !) qui appelle pour la dix-huitième fois alors qu'on n'en est qu'à 52 % du dépouillement complet.  

 

 

Je signale, en passant, dans le cadre électoral, la curiosité de l’emploi du mot « dépouillement », qui signifie au départ « priver quelqu’un de ses vêtements » (Dictionnaire historique d’ALAIN REY). Certains citeraient aussitôt l’expression « déshabiller Pierre pour habiller Paul ». Pas moi. Cela n'a aucun rapport et n'a aucun sens. On a sa dignité.

 

 

Le problème, en France, ce n’est évidemment plus de conquérir le droit de vote. Tous les bébés français sont nés avec la cuillère électorale en argent dans la bouche. Ce serait plutôt de le reconquérir. C’est comme les règles de la politesse : quand on a oublié que ça existe, on ne sait plus à quoi ça servait. Et on le jette. Moi, je m'abstiens parce que j'ai perdu le Nord démocratique et républicain.

 

 

 

Quand un individu fait irruption sur cette terre, c’est compréhensible et humain, il a tendance à considérer tous les éléments de son paysage comme des parties de la Nature éternelle. Comme des évidences et des points de départ. C'est donné. Et le bébé français, avec sa cuillère en argent dans la bouche, il se rend pas compte.

 

 

Et il a tendance à voir les individus un peu plus âgés que lui comme des croulants faisant partie des meubles, des murs et des galeries d’ancêtres, voire des PPH (Passera Pas l’Hiver), qui ont fait leur temps, tu comprends, ils datent de l’époque où le téléphone servait seulement à téléphoner. Ce qu’on se marre.

 

 

Aux yeux des jeunots, les un peu plus anciens qu’eux prennent des airs paléontologiques. « Dégage » est désormais leur cri de ralliement. Le bulletin de vote fait partie de ce décor poussiéreux qu’ils éternuent.

 

 

Le problème électoral …

 

 

Ah zut, mon manquier m'avise à l'instant que j’ai un découvert à mon compte en manque de mots, juste maintenant. Bon, je réapprovisionne, et vous avez la suite.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A suivre, les tribulations d’un bulletin de vote en Afrique et ailleurs.


 

mercredi, 01 février 2012

LE FLEAU DU DROIT DE VOTE (1)

C'est très beau, le droit de vote. C'est magnifique. Le monde entier nous l'envie. C'est le résultat glorieux de siècles de combat contre l'obscurité, contre l'obscurantisme, contre l'obscuration, contre l'obscurcissement, et allez tiens, tant que j'y suis, contre l'obscurisme. Parfaitement.

 

 

Et conquis de haute lutte, au prix d'efforts prométhéens et de sacrifices, humains, surhumains, inhumains. Et nous, qui « entrerons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus, nous y trouverons leur poussière et la cendre de leur vertu », et nous avons le sacré devoir et le devoir sacré de faire honneur à leur héroïsme et de perpétuer leur mémoire. Moi je dis : « Certes ».

 

 

Mais je dirais aussi volontiers : « Je suis celui qui passe à côté des fanfares, et qui chante en sourdine un petit air frondeur » (tout le monde a reconnu Le Pluriel, de tonton GEORGES BRASSENS). Il paraît même que c'est un devoir. Que tu es coupable si tu le remplis pas. Il faut que tu dises, tous les cinq ou six ans, si tu veux que ce soit M. ou Mme Foncoutu, ou M. ou Mme Coutufon qui tienne les commandes. Aux prochaines élections syndicales, sera-ce FRANÇOIS HOLLANDE ou NICOLAS SARKOZY qui sera élu Délégué du Personnel ?

 

 

Ah c'est sûr, on me fait beaucoup d'honneur en me demandant mon avis chaque fois qu'il y a une élection. D'autant plus d'honneur qu'on se fout bien de ce que je pense pendant les cinq ans moins un jour qui suivent. Cela me fait penser au 8 mars, vous savez, qu'on appelle la Journée de la Femme : « un jour pour y penser, 364 jours pour l'oublier ». Et les syndicats UMP et Parti « Socialiste » se replient sur des positions préparées à l’avance, derrière la muraille de la légalité démocratique.

 

 

Cela vaut évidemment pour la journée des maladies contagieuses, celle sans voiture, celle sans tabac, bref, il ne reste qu'à inventer la Journée de la Journée, pour qu'on puisse oublier les autres journées. Le droit de vote, c'est pareil. A quand une Journée du Vote, pour oublier qu'on oublie les électeurs tout le reste du temps ?

 

 

La démocratie est la plus merveilleuse des choses, c’est entendu. « Le pire de tous les systèmes à l’exception de tous les autres », selon WINSTON CHURCHILL. Il paraît qu’on y vit en liberté. Je dis « il paraît », parce qu’il existe de puissants moyens d’orienter cette liberté dans des directions précises, comme j’ai eu l’honneur de le narrer ici même il y a peu (voir mes notes récentes sur la manipulation).

 

 

La plus merveilleuse invention de la démocratie, donc, avant même la Liberté-Egalité-Fraternité, c’est le DROIT DE VOTE. Elle est le signe merveilleusement ineffaçable d’une dictature – quand elle s’effondre. Bon, c’est vrai que si c’est les islamistes qui s’assoient sur le trône, et pas celui des cabinets, c’est embêtant, mais bon, on va pas chipoter, hein, quand la démocratie gagne, ça veut dire que c’est la démocratie qui a gagné, hein. Enfin, c'est ce qu'ils disent. Et ça ressemble à du vrai.

 

 

Qu’est-ce qui a été gagné ? Par qui ? Là, c’est beaucoup moins clair. Et si, au fond du fond, le droit de vote était tout bonnement un FLÉAU ?

 

 

Précision liminaire : je hais le théoricien qui a mis au jour et en équations les structures des sociétés et qui peut tout vous expliquer parce qu'il a tout lu. Cela lui permet de pérorer doctement du haut d'un savoir qu'il a lui-même contribué à édifier, et qu'il a en grande partie hérité de théoriciens qui l'ont précédé et ensemencé.

 

 

Ce faisant, il tient à distance respectable le « vulgum pecus », auquel j'appartiens, considéré comme inculte et ignare. Je veux parler, évidemment, du SPECIALISTE, de l'EXPERT. Je dirai une autre fois les raisons et les caractéristiques de cette haine de la race des « experts », quelque chatoyante qu’en apparaisse l’espèce mordorée et pavanante.

 

 

L'être humain à peine social que je suis au présent, essaie dans la mesure de son maigre possible, de comprendre le monde dans le bouillon duquel il a été mis à mijoter. Du fond de ma boîte, j’ai vu, entendu, vécu deux ou trois petites choses. Et je me demande comment il se fait que notre système politique, a priori sérieux, m’apparaît aujourd’hui comme une énorme FARCE.  

 

 

En dehors de facteurs qui ne dépendent que de moi, et qui ne regardent que moi, comment diable se fait-il que le simple fait de voter ressemble à mes yeux, trait pour trait, à une comédie sinistre, à une aimable fumisterie, à une entourloupe de foire, à une vaste usine à fabriquer de l’imposture ? Je tâche de comprendre. A haute voix. 

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

A venir, les tribulations d’un bulletin de vote français.


 

vendredi, 27 janvier 2012

PROPAGANDE ET DEMOCRATIE (fin)

Résumé : les succès de SARKOZY sont bâtis sur une grosse machine à PROPAGANDE. Le Parti Socialiste a beaucoup réfléchi et, après mûre réflexion, a fini par se dire : « Pourquoi pas moi ? ».

 

 

Donc cette fois, qu’est-ce qu’on a mis en face de NICOLAS SARKOZY, comme produit ? On a troqué la preuse (ben oui, pourquoi y aurait pas de féminin à « preux » ? Vous voyez que j’ai l’esprit et la grammaire larges) héroïne nationale, SEGOLENE ROYAL, contre un fromage de HOLLANDE qui, à vue de nez, ne sort pas tout frais de la fabrique.

 

 

 

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LA BLAGUE EST UN PEU FACILE, MAIS INEVITABLE 

 

Ce n’est pas faute de conseillers en communication (chargés précisément du packaging du produit). Mais cette fois, promis, on va faire moins amateurs. Bon, c’est vrai, le moteur tourne de temps en temps sur « trois pattes », mais on a des bons mécanos dans l’équipe. Vous allez voir ce que vous allez voir. Roule Raoul.

 

 

Ce qui est sûr, c’est que la com’ de SARKOZY en 2007 n’est pas tombée dans l’œil d’un paralytique, et que le verrouillage des images n’est pas tombé dans l’oreille d’un aveugle. Au « grand meeting inaugural de la campagne de FRANÇOIS HOLLANDE », au Bourget, dimanche dernier, c’est une officine du Parti « Socialiste » (ou payée par lui) qui a exclusivement fourni les images offertes par la télévision dans la soirée. Exactement ce qu'avait fait SARKOZY en 2007. Entre eux, ils se piquent les trucs qui marchent. Enfin, ils espèrent que ça marche.

 

 

Ouverture de la parenthèse sur la bande-son du « meeting-du-Bourget-de-FRANÇOIS-HOLLANDE ».

 

 

C’est sûr qu’elle a été particulièrement soignée. On se serait cru chez STANLEY KUBRICK en personne, l’orfèvre en matière de bande-son, un des rares cinéastes à avoir fait des films qui « s’écoutent » vraiment. Tiens, regardez voir Eyes wide shut, et écoutez le piano obsédant de GYÖRGY LIGETI.

 

 

Au Bourget, je ne sais pas si vous avez fait attention à ça. Vous entendez l’orateur – mais est-ce que FRANÇOIS HOLLANDE est un orateur ? Ecoutez bien, vous entendez autre chose en même temps : la foule l’acclame pendant qu’il parle. C’est une acclamation EN CONTINU. Etonnant, la clameur collective semble ne jamais s’interrompre. Un sourd rugissement, venu du fond des êtres, sert de socle constant aux envolées du candidat du Parti « Socialiste ».

 

 

La foule trépigne donc sur place. L’orateur, pour donner l’impression que c’est lui qui déclenche cet enthousiasme, en même temps qu’il domine la situation, doit pousser sa voix. Le public est si heureux d’avoir trouvé le chef charismatique, qu’il l’incite à se dépasser, et le chef est tellement charismatique qu’il déclenche l’hystérie du public. La clameur le dispute à l’orateur dans des assauts alternés d’intensité et d’enchantement. J’ai trouvé ça spectaculaire.

 

 

Dans la tradition du discours de campagne, le public laissait sagement le chef développer un thème. Puis, lorsque le point culminant avait été atteint et que des mots qui marqueront forcément l’histoire avaient été prononcés, dans un élan lyrique particulièrement réussi, il laissait jaillir son allégresse comme un « sonneztrompettes éclatantes, taratata, taratata » (chœur des enfants au début de Carmen).

 

 

Ici, me semble-t-il, le Parti « Socialiste » a mis au point dans ses laboratoires de propagande une belle innovation : la manifestation permanente d’un enthousiasme collectif qui ne demande qu’à se répandre, à se propager dans la population entière, après avoir été dûment enregistrée dans la boîte aux images. On n'arrête pas un peuple enthousiaste qui déferle sur la place Tahrir. C'est l'effet de masse. Le peuple en marche est irrésistible. C'est le message des communicants du Parti « Socialiste ».

 

 

Tout cela est très au point, vraiment. Car évidemment destiné au sacro-saint « 20 heures » de TF1. C'est important, l’élaboration de la bande-son. J’espère que les « chauffeurs de salle » ont été dûment rémunérés, voire récompensés. Qu’on se le dise : le Parti « Socialiste » non plus, ne laissera rien au hasard, en 2012, pour ce qui est de la « communication ».

 

 

Clôture de la parenthèse.

 

 

Cela veut dire une chose : la machine à PROPAGANDE, qu’on soit à gauche ou à droite, tourne à plein régime. Bon, c’est vrai, je me suis déjà interrogé sur l’épaisseur de la feuille de papier à cigarettes qui sépare la droite de la gauche.

 

 

 

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C'EST-Y PAS BEAU ?

(le candidat avant son régime)

 

Et BERNARD ACCOYER peut toujours dire que si FRANÇOIS HOLLANDE est élu, la France subira un désastre comparable à celui d’une guerre. « Paroles verbales ». Mauvais cinéma. Gesticulation théâtrale. Car il faut posséder un nuancier excessivement précis, ou une balance de revendeur de haschich pour apprécier ou peser la différence entre P. S. et U. M. P.

 

 

Oui, je sais, on va encore me dire que j’exagère. Que le bipartisme existe toujours bel et bien en France. Et patali et patala. C’est vrai, on met une pincée de social et de redistributif d’un côté, on insiste de l’autre sur la sécurité et la performance économique.

 

 

Mais regardez 1983 : c’est bien le Parti « Socialiste » et FRANÇOIS MITTERRAND qui se sont convertis une fois pour toutes à l’économie de marché, à la concurrence « libre et non faussée », bref, à l’ultralibéralisme. Et qu’ils ont froidement laissé tomber, disons le mot : trahi les « couches populaires ».

 

 

Ce faisant, il faut le reconnaître, ils ont bien anticipé la chute du Mur de Berlin, la défaite du (soi-disant) « communisme » et le triomphe aveuglant du capitalisme, du libéralisme et de la finance débridée. Ont-ils pour autant eu raison de le faire ? Moi, je dis non.

 

 

Du coup, comme il n’y a plus qu’un seul système, mais que ça serait compliqué et risqué de le dire, gauche et droite sont obligés de faire comme si la guerre froide continuait. Ils sont tous obligés d’aller fouiller dans les poubelles de l’Histoire pour dénicher des « thèmes » qui les démarqueront de l’adversaire. A condition de ne pas se les faire piquer (cf. les GUY MÔQUET, JEAN JAURÈS sortis de la bouche de SARKOZY ; remarquez, MARINE LE PEN s’est bien mise à parler de « justice sociale » et de « redistribution »).

 

 

On n’est plus dans la politique. On est bien dans l’argumentation publicitaire. En débat public, ils haussent le ton comme au théâtre pour faire croire qu’ils s’engueulent et que de vraies « convictions » antagonistes les habitent et les opposent, irréconciliables. Mais regardez-les, les larrons en foire, les margoulins qui surveillent les clôtures des prés où leurs bêtes pâturent. S’agirait pas que le maquignon d’en face me pique la Blanchette, sinon qu’est-ce qui va me rester comme fromage ?

 

 

Il y a quand même quelques indices qui laisseraient presque des raisons d’espérer. Je ne sais pas si j’ai raison, mais il me semble que, si la machine à PROPAGANDE turbine plus fort que jamais, son rendement baisse de façon spectaculaire. Comme si la production d’automobiles régressait vers ses premiers âges, quand on faisait des moteurs de 200 CV qui tiraient péniblement la bagnole à 40 km / h.

 

 

Je ne voudrais pas trop m’aventurer, mais j’ai comme l’impression que le BARATIN a un peu plus de mal à faire de l’effet. Alors je voudrais vous dire que si, le 22 avril 2012, soir du premier tour de la présidentielle, j’entends qu’au deuxième tour, ce sera BAYROU contre LE PEN, je débouche le champagne.

 

 

Vrai, si les deux GEOLIERS (les deux GARDE-CHIOURME, si vous préférez) de la vie politique en France se font blackbouler, le lendemain matin, les flics pourront à bon droit et raison me placer en cellule de dégrisement pour une semaine. Et je redeviens OPTIMISTE, promis, juré, craché. Même si je ne me berce de nulle illusion quant à la nature profonde de FRANÇOIS BAYROU et de MARINE LE PEN.

 

 

Rien que la perspective d’un Parti Socialiste dans les choux et d’un U. M. P. dans les pommes, ça me donnerait une de ces patates !

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 26 janvier 2012

PROPAGANDE ET DEMOCRATIE

C’est très curieux, une campagne électorale. Regardez celle de 2007 : tout est verrouillé, autour de NICOLAS SARKOZY. Je pense à cette photo de lui à cheval, en Camargue, paradant à proximité d’une charrette à foin tirée par un tracteur, sur laquelle la foule des photographes de presse a été vivement invitée à monter, au point que plusieurs sont en équilibre instable. Pas une image ne doit montrer le bout du nez en dehors de celles prévues par l’U. M. P. (ou l’officine de prod. qui en tenait lieu).

 

 

Car SARKOZY avait inventé, enfin, non, plutôt piqué aux Américains, le contrôle intégral des images distribuées dans les médias : une boîte de production payée par l’U. M. P. avait fabriqué 100 % des images vues alors à la télévision.

 

 

 

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NICOLAS SARKOZY A LA MAIN HEUREUSE QUI LE DEMANGE

 

 

Une manière de dire aux médias : vous êtes des moins que rien. Si vous croyez pouvoir jeter un œil critique sur notre campagne, vous vous fourrez le doigt dedans. C’est nous qui sommes chargés de la publicité. Et personne d’autre. Sur la base du principe : « Qui maîtrise les images maîtrise la réalité ».

 

 

Résultat, les gens n’ont vu que du papier millimétré, intégralement élaboré dans le laboratoire d’une officine privée, spécifiquement rémunérée pour ça. Ils n’ont rien vu d’autre, dans le pays qui célèbre régulièrement la liberté de la presse, que des images plus lisses et brillantes que des fesses de bébé sorti du bain. Cela signifie une chose précise et inquiétante : nous vivons désormais à l’ère de la PROPAGANDE, et d’une propagande qui s’affiche de plus en plus éhontément comme telle.

 

 

Pas du subliminal, non, de l’explicite bien net et bien franc. Enfin pas tout à fait, parce qu’il fallait être au courant des secrets de fabrication, sinon, on était devant ces images comme devant un film de cinéma ou une pause publicitaire : on gobait, un point c’est tout.

 

 

Parce qu’au cinéma, si vous n’êtes pas du métier, vous ne vous demandez pas si le plan est rapproché, américain ou éloigné, de quelle façon le film a été monté ou quels sont les angles préférés du cinéaste : un film, ça marche ou ça ne marche pas. Si ça marche, vous gobez, sinon, vous sortez. Sauf si vous vous dites que c’est bête d’avoir payé la place pour rien.

 

 

En face, en 2007, c’est sûr, ça faisait un peu amateur. SEGOLENE ROYAL, on a tout su de la conception et de la réalisation de sa campagne. On a su qu’elle avait un metteur en scène de cirque pour ses meetings, un habilleur, et tout le toutim. On n’a rien ignoré du nouveau flou de ses cheveux et de sa longue tunique, de la symbolique de ses couleurs, le bleu et le blanc de JEANNE D’ARC, j’en passe, et des meilleures, comme disait VICTOR HUGO (Hernani, III, 6).

 

 

On a tout su de ce qui se passait dans les coulisses de la candidate. On n’a rien su de la fabrique des images qui a vendu celle du produit NICOLAS SARKOZY. Le « marketing », le « merchandising », le « packaging » du détergent miracle ont fonctionné de façon absolument impeccable.

 

 

Comme le camelot et le produit étaient un seul individu, passez muscade, comme disent les petits escrocs de rue, avec leur bonneteau. Les électeurs ont acheté. Il leur a fallu quelques années pour déballer le détergent révolutionnaire, et se rendre compte que c’était de la poudre de perlimpinpin. Cela prouve une chose : que la PROPAGANDE, ça marche.

 

 

 

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L'HYENE VOUS SALUE BIEN

 

 

 

Et ce n’est pas fini. NICOLAS SARKOZY nous la joue en ce moment « homme-courageux-qui-a-ses-faiblesses », sur le mode « si je perds, je quitte la politique », qui ne veut dire qu’une chose : « aimez-moi, je vous en supplie », sanglotez, violons !

 

 

Le packaging va forcément être révisé, la révision des cinq ans, je vous la rends comme neuve. Mais la poudre est toujours la même perlimpinpin, celle de la fée qui transforme la citrouille en carrosse et Cendrillon en princesse, attention, jusqu’à minuit pas plus. Après, tant pis pour toi. Tu reviens à pinces.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

Demain, promis, on goûte le fromage de HOLLANDE. Est-ce du Gouda (prononcer raouda, comme la ville), du frison, du leyden, du leerdamer, de la mimolette, du limbourg ? Le suspense est à son comble.

 


 

mardi, 10 janvier 2012

CHAMPS D'EPANDAGE DES SONDAGES

On sait qu’une des officines centristes se présente à l’élection présidentielle en la personne d’HERVÉ MORIN, dont la « cote » dans les sondages se situe à peu près à 0 % des intentions de vote. La « une » du dernier Canard enchaîné publie un savoureux dessin de LEFRED-THOURON : le conseiller a le sourire en dépiautant le « sondage » : « Ça y est ! Tu dépasses le zéro pour cent ! ». Réponse de MORIN : « C’est mon cholestérol ».

 

 

Eh oui, le sondage, c’est comme le cholestérol : il y en a toujours trop. Mais c’est aussi comme le cholestérol : c’est d’abord et surtout un marché très rentable. Les « sondages », j’en ai déjà parlé. Ceux qui suivent ce blog savent ce que j’en pense.

 

 

 

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Un sondage n’est rien d’autre qu’une crotte pondue par l’anus d’un chien malade sur les champs d’épandage de la démocratie et les trottoirs parlementaires de nos cités. Aussi, en période électorale, les crottes de chiens malades pleuvent-elles sur les gens, alors même qu’ils sont totalement démunis de paracrottes.

 

 

Un sondage, avant d’être une « enquête d’opinion », c’est : « action de sonder, exploration locale et méthodique d’un milieu à l’aide d’une sonde ou de procédés techniques particuliers ». Je ne sais pas si le thermomètre introduit dans le fondement est médicalement assimilé à un sondage. Mais dans les « sondages » qui ont commencé à nous déferler dessus avant la présidentielle, je vois très bien une sorte d’instrument introduit dans le trou-qui-pue de la population pour prendre sa température.

 

 

 

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D’abord, c’est injuste, ce n’est jamais moi qu’on interroge. Il est vrai que je raccroche brutalement au nez du sondeur téléphonique, et que si ça se passe dans la rue, je joue le grand indifférent légèrement hargneux. Vous me direz donc que ceci explique cela. Ah, si vous le dites, … Je veux bien. De toute façon, mes réponses ne sont prévues dans aucune case.

 

 

Ce qui m’épastrouille hautement, c’est qu’en général, les gens se sentent flattés, voire honorés qu’on leur demande leur avis en dehors d’une échéance électorale. Moi au contraire, je trouve toujours profondément humiliante l’introduction d’un thermomètre, quel qu’il soit, dans mes profondeurs intimes. Fussent-elles électorales. Le seul sondage avec lequel je serais un peu d'accord, c'est l'élection elle-même.

 

 

 

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Et puis en face, moi je les plains, ces gens qui errent avec des questionnaires à remplir, en quête de bonnes âmes qui accepteraient de répondre à leurs questions, toutes plus nazes les unes que les autres – ce qu’ils savent parfaitement –, que plus ils en auront rempli, plus ça leur fera des sous. A-t-on idée ?

 

 

Est-ce seulement un métier ? Remarquez qu’il y en a de moins en moins, des gens qui font un vrai métier. Les « jobs » (je ne vois pas d’autre mot) à la mode (caissière de supermarché, auxiliaire de vie scolaire ou sociale, agent des transports payés seulement pour être visibles dans leur uniforme, j’arrête là, on n’en finirait pas) sont-ils des métiers ?

 

 

Quand j’étais étudiant, oui, j’ai fait des « jobs ». Ce n’est pas fait pour durer, ça n’exige aucune vraie formation, c’est mal payé. J’ai tiré des plans à l’ammoniaque dans la cave d’un architecte. J’ai livré des machines à écrire et des photocopieurs. J’ai collé des enveloppes. J’ai vendu des légumes biologiques. J’ai conduit des poids lourds. Bref, j’ai eu des « jobs ».  Une vie d’adulte digne, ce n’est pas ça. Mais la société actuelle est-elle encore faite pour des adultes dignes ?

 

 

Les « enquêteurs d’opinion », oui, je les plains. Ils me font penser à Jérôme et Sylvie, vous savez, les personnages de GEORGES PEREC dans Les Choses. Ils se rêvent en bourgeois dans un intérieur bourgeois comportant le fin du fin du style bourgeois, qui culmine dans le canapé Chesterfield. En attendant, ils errent comme DIOGÈNE, l’âme en peine et précaires, dans des banlieues improbables, à la recherche non d’hommes, mais d’opinions. Non, ce n’est pas un métier.

 

 

Et puis qu’est-ce c’est, cette fantaisie qui leur a poussé dans le crâne comme un champignon hallucinogène (psilocybe mexicana), de s’intituler « instituts » ? Pour s’intituler « institut », d’abord, il faut de la noblesse, il y a de la majesté. Institut Pasteur, Institut de France (quai Conti), Inserm, Institut du monde arabe, tout ça, je veux bien. Mais une entreprise privée qui fait un commerce juteux avec un produit vulgaire appelé « enquête d’opinion », de quel droit, « institut » ? Vous me direz « institut de beauté ». Je sais.

 

 

Un certain monsieur STEPHANE ROZÈS, qui a longtemps dirigé je ne sais plus quelle boîte de sondages (ce n’est rien de plus qu’une « boîte »), continue – c’est ahurissant –, à venir blatérer, gazouiller, babiller ou hennir ses « commentaires de sondages » aussi creux que doctes sur les ondes nationales, avec son articulation suave et consciencieuse de cul de poule de lèche-le-cul-de-la-maîtresse.

 

 

Et ça n’a l’air de choquer personne que le troupeau entier des journalistes politiques, même les plus à cheval sur la déontologie professionnelle, ait fini par admettre comme une évidence qu’un sondage d’opinion constitue une information à parent tiers ! Le sondage comme information ! Alors ça, ça me troue ! Sur quelle planète déshéritée vivons-nous ?

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 


 

vendredi, 06 janvier 2012

HARO SUR LES POPULISTES ! (fin)

Résumé : gare aux populistes, c’est SARKOZY qui vous le dit.

 

 

 

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Rien de tel que « les populismes » (vous ne trouvez pas ça drôle, que les politicloches « convenables » en parlent toujours au pluriel ?) pour faire reluire le rôle de ces premiers de la classe qui nous gouvernent, et qui ont appris à « monter des dossiers » et « monter des projets » dans des écoles spécialisées.

 

 

Dans d’autres écoles spécialisées, on les a entraînés à mettre la bouche en cœur pour débiter leurs mensonges et à ne jamais s’énerver contre un « adversaire » (ou soi-disant tel) sur un plateau de télévision. On leur a dit que « le premier qui s’énerve a perdu » (sous-entendu : perdu tout crédit dans l’opinion des spectateurs, et ça c’est mauvais lors des élections). Ce sont leurs « conseillers en com. » qui leur ont dit. Alors ils se contrôlent.

 

 

D’ailleurs, ils n’ont pas de mal à se contrôler, puisque, il n’y a pas si longtemps, ils étaient assis sur les mêmes bancs de l’E. N. A. Ils sont même à « tu » et à « toi » depuis de si longues années que les escarmouches feutrées auxquelles ils font semblant de se livrer avec leurs complices-adversaires pour faire croire que « tu » est à droite et « toi » à gauche, est un spectacle dont la routine a désormais du mal à faire oublier le feutre dans lequel elles sont emballées.

 

 

Je rappelle que DOMINIQUE DE VILLEPIN, en pleine Assemblée, quand il insulte FRANÇOIS HOLLANDE en l’accusant de « lâcheté », à la première suspension de séance, tous deux se retrouvent à la buvette, bien contents du spectacle qu’ils ont donné au bon peuple. Rien de tel qu’une minute « va-de-la-gueule » pour établir dans l’esprit des populations, d’une part la réalité de l’ « affrontement », et d’autre part la force des « convictions ».

 

 

Mais ils ont malgré tout de plus en plus de mal à faire tenir le masque. Et s’ils arrivent, en s’y mettant à tous, à rassembler un gros tiers de gens qui « y croient » encore (ça veut dire qui vont voter, 56 % d’abstention aux dernières cantonales, plus les blancs et nuls), c’est tout simplement parce qu’il y a beaucoup trop de gens qui regardent la télévision.

 

 

Si on collait aux politicruches l’interdiction de cumuler deux fonctions électives et de renouveler un mandat électif plus d’une fois, en y ajoutant l’obligation du décompte des bulletins blancs comme suffrages exprimés, c’est-à-dire si on vivait dans un régime démocratique, là ils commenceraient à avoir la pétoche, ils commenceraient à ouvrir l’œil et l’oreille sur ce qui se passe dans le monde et dans la population, les politicrottes.

 

 

Mais pour en arriver là, il faut changer la loi. Pour changer la loi, il faut se faire élire au sein d’une majorité. Pour cela, il faut suivre la voie parlementaire, respecter les échelons institutionnels, exécuter les procédures démocratiques. C’est exactement l’histoire de l’œuf et de la poule : si tu veux démocratiser le système, il faut entrer dans le système. Pour entrer dans le système, il faut en accepter les règles. Or, etc.… On n’en sort pas.

 

 

Je n’ai même pas parlé de la façon dont la vie politique est organisée en France. Et je suis obligé de reconnaître que Madame LE PEN touche assez juste en parlant de l’U.M.P.S. (U.M.P. + P.S.). Deux partis trustent les pouvoirs, bien constitués en une seule et unique mafia bien décidée à empêcher les gêneurs d’intervenir dans leurs petits jeux.

 

 

Vous savez ce qui me plairait, le soir du premier tour, et qui me ferait rigoler ? Arrivent en tête Madame LE PEN et FRANÇOIS BAYROU. Je sais, je sais, ça ne change rien au problème de fond de la pauvreté en hommes du personnel politicoq, et par conséquent de sa médiocrité. Mais un bon coup de pied dans la fourmilière U.M.P.S., rien que ça serait jubilatoire.

 

 

En attendant ce drôle de moment drôle, qu’est-ce que c’est, Madame LE PEN ? Qu’est-ce que c’est, JEAN-LUC MELANCHON ? Des repoussoirs. Des épouvantails. Et le mécanisme est d’une simplicité monacale : plus l’épouvantail épouvantera, plus le repoussoir repoussera, plus les FILLON, COPÉ et consorts seront forts. A la limite, les « populistes » ne font pas encore assez peur pour que les autres en face dorment sur leurs deux oreilles en attendant la prochaine élection.

 

 

JEAN-MARIE LE PEN était un autre carnassier, qui avait prouvé son pouvoir de nuisance. La seule chose qui me fasse peur, avec fifille à papa, c’est le gros bras et le front bas qui, caché derrière le rideau, est prêt à sortir au coup de sifflet. La chroniqueuse de France Inter, SOPHIA ARAM, a eu récemment un aperçu de ce à quoi on peut s’attendre. Je me dis, et je ne suis pas sûr que ça me rassure, que ceux d’en face en ont autant à leur service, en cas de besoin.

 

 

En attendant, les populistes sont soigneusement montés en épingle pour servir d’épouvantails et de repoussoirs. Mais je vais vous dire, des populistes comme ça, le 6 février 1934, droite et gauche officielles en auraient rêvé. Tranquilles, les populistes, aujourd’hui, les pieds dans les pantoufles à regarder la télé. C’est bien simple, ce sont des populistes virtuels, qui gueulent peut-être un peu dans quelques meetings, mais qui se contentent de gueuler : « Qu’est-ce qu’on va leur mettre, aux prochaines élections ! ».  Le comble du paradoxe.

 

 

Des vrais populistes, pas des pour-de-rire, vous auriez vu ce qu’ils en auraient fait, des trois millions de manifestants qui battaient le pavé contre la réforme des retraites ! Si de vrais populistes les avaient pris en main, vous croyez que les préfectures et les commissariats auraient pu résister ? Dans « populisme », j’entends forcément l’usage de la force, de la violence. Chaque manifestant est un projectile en puissance.

 

 

Là, qu’est-ce qu’on voit ? Les 5 % annoncés de MELANCHON, les 20 % espérés par MARINE LE PEN, ils attendent sagement l’arme au pied que le jour de l’élection soit arrivé. Franchement, les enfants, arrêtez de vous faire peur !

 

 

Les populistes d’aujourd’hui, ils sont virtuels, comme tout ce qui passe par la télé pour se faire connaître et pour balancer sa propagande. Ils sont aussi neutralisés que tous les autres, du seul fait qu’avant d’entrer sur le plateau, ils passent chez la maquilleuse. Le populisme aujourd’hui, c’est un populisme de média. Le général BOULANGER, en son temps, il n’était pas dans le médiat, mais dans l’immédiat. La foule était prête à suivre. Et s’il a cané au moment fatidique, c’est de son propre écroulement.

 

 

Aujourd’hui, quand la foule est dans la rue à gueuler, les chiens de garde syndicaux sont là pour empêcher tout « débordement ». Tout est « médiatisé » au moyen de deux artefacts : la télé est le plus connu. L’autre est l’urne électorale. La télé, c’est pour tout mouliner en discours et en image, c’est-à-dire en spectacle. L’urne, c’est pour que l’électeur ait l’impression d’être un acteur.  Il y a un troisième média : le syndicat, qui fait semblant de monter à ébullition pour mieux faire retomber la pression.

 

 

Vous verrez ce qui se passera, le jour où le citoyen retrouvera au fond de sa mémoire le souvenir de ce que c’est vraiment, l’action politique.

 

 

En attendant, il faut se contenter des simulacres.

 

 

Pourquoi croyez-vous qu’il n’y a plus d’action politique ?

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

vendredi, 23 décembre 2011

SARKOZY DEGAINE SON ARMENIE

Allez ! C’est reparti. Mais qu’est-ce que c’est, cette fièvre qui les prend régulièrement, les politicards, qu’ils soient « uhèmpistes » ou « péhessistes », qu’ils dorment au palais Bourbon ou au palais du Luxembourg, qu’ils aient le pouvoir ou qu’ils veuillent le conquérir ? Encore un tour de cinglés ! De toute façon, pour moi, le Bourbon est un mauvais whisky (américain) et le Luxembourg, un paradis fiscal avec « Chambre de Compensation » (ça veut dire Clearstream) incorporée.

 

 

 On avait déjà la répression des PROPOS sur quelques sujets (antisémitisme, sexisme, homophobie et autres « phobies »), sur lesquels on a voulu coudre la bouche des dizaines de millions d’individus qu’on appelle en général la « population », puisqu’on a abandonné le mot « peuple ». Rien que ça : réprimer des PAROLES, ça me fait déjà craindre le pire.

 

 

Eh bien qu’on se le dise, de même que monsieur GERARD COLLOMB a mis les Arméniens dans sa poche électorale en laissant installer un « monument commémoratif » (en fait, une dizaine de totems bizarres) au pied du clocher de la Charité, de même, le président NICOLAS SARKOZY, en vue de la présidentielle, est parti à la pêche aux voix  arméniennes en leur accordant le vote d’une loi réprimant la négation de « tout » génocide en général (sous entendu : du génocide arménien en particulier).

 

 

Eh bien, je me répète, qu’on se le dise : si un candidat, quel qu’il soit, veut acheter ma voix, il va falloir qu’il donne une rallonge sévère au chiffre des picaillons. Ma voix est hors de prix, monsieur COLLOMB. Ma voix est au-dessus de vos moyens, monsieur SARKOZY. De toute façon, il est probable que vous n’avanceriez pas un centime dans cet investissement. C'est du fonds perdu.

 

 

Et vous avez raison : dans toutes les prochaines élections, vous êtes prévenus, ma voix restera dans ma gorge. J’ai cessé de faire joujou avec les petits papiers. Et je ne ferai aucun jeu de mots sur « urnes » et « burnes ». Ici, on est toujours d’une correction impeccable. On a sa dignité, que diable !

 

 

De quoi s’agit-il ? D’une course à pied. D’un sprint, pour être précis. C’est à qui arrivera le premier pour occuper le créneau. Le « Parti Socialiste » annonce il y a quelque temps qu’il fait mijoter une loi sur le sujet. SARKO bondit sur l'UMP : « Merde, on va se faire griller sur le génocide arménien. Vite une loi ! ». Ben elle est là, la loi. Dans le match SARKOZY-HOLLANDE, avantage à SARKOZY.

 

 

Vous avez vu le coup de main ? Chapeau l’artiste ! Remarquez, c'est une habitude à prendre : les faits divers ont bien servi de galops d'essai, au chapitre des lois-événements. Et ces cons de socialistes, qui voient le fromage arménien leur échapper, vous croyez qu’ils font la gueule ? Mais non ! Ils l’ont dans le baigneur ! Dans le dos ! Dans l’anus ! Dans ce que vous voudrez : piégés par SARKO, ils vont la voter, la loi, comme un seul clampin. Bien obligés ! C’est bien fait pour eux !

 

 

Est-ce que ça veut dire pour autant que les Arméniens ont tort ? Non évidemment. Le sol turc abrite en tout et pour tout 60.000 individus de cette … quoi ? Ethnie ? Langue ? Religion ? En 1900, ils étaient 2.000.000. Je signale en passant que 1915 et 1916 ont vu disparaître non seulement des Arméniens en pagaille, mais en gros toutes les minorités (Grecs, Juifs, …) qui occupaient une portion du territoire ottoman. Aujourd’hui, on appellerait ça « minorités visibles ».

 

 

Avec déportations vers Alep, micmacs avec les Russes, et tout un tas d’atrocités sur lesquelles les historiens sont bien documentés, les « Jeunes Turcs » ont construit leur nouvel Etat sur la « turquification » de la population. Je recommande les photos montrant des officiers turcs posant fièrement derrière leurs trophées : des rangées entières de têtes coupées. On n'est pas plus "raffiné". On ne disait pas encore « nettoyage ethnique ».

 

 

 

Et le MUSTAPHA KEMAL ATATURK des familles, qu’on nous sort en toute occasion du placard comme fondateur moderne et progressiste de l’Etat actuel, c’est bien lui qui obtient l’amnistie pour les massacreurs, si je ne me trompe. La Turquie qui réclame son fauteuil à la table européenne, c'est exactement l'héritière de ça, il faut le savoir. La Turquie actuelle est un pays depuis bien longtemps nettoyé des impuretés raciales. Déjà ça, ça me chiffonne la somnolence postprandiale.

 

 

Ce qui me retourne l’estomac et me badibulgue la comprenette, ces jours-ci, ce n’est donc pas un quelconque problème avec les Arméniens, mais avec les épiciers français qui font commerce de ce genre de marchandise, sous l’emballage de n’importe quel yaourt électoral.

 

 

Car la loi votée jeudi n’est pas la première du genre à instaurer un délit d’opinion, une infraction de parole, un crime de pensée. Il a d’abord été interdit de dire du mal des juifs. On a ajouté l’interdiction de soutenir que les juifs n’avaient pas subi une extermination. Sauf erreur de ma part, cette loi "mémorielle" ne dit rien des tziganes, des handicapés, des homosexuels morts à Auschwitz ou ailleurs.

 

 

Et comme, en tout, « il n’y a que le premier pas qui coûte », et qu’un bon politicard soigne correctement les cuisiniers qui le nourrissent, on a continué sur la lancée : il a été interdit de traiter les handicapés d’infirmes ; d’appeler « pédé » un homme qui préfère les hommes ; de tenir sur les femmes des propos jugés méprisants par les femmes ; sur les noirs des propos jugés infamants par les noirs ; sur la Lune des propos jugés diffamatoires par les Lunatiques ; sur les bébés éprouvette des propos jugés injurieux par les éprouvettes. Et tutti quanti !!!

 

 

NE PENSEZ PLUS, VOUS ÊTES CERNÉS. NOUS AURONS LES MOYENS DE VOUS FERMER LA GUEULE. RENDEZ-VOUS !

 

 

 

Il paraît que nous vivons en « démocratie ». MONTESQUIEU, pour que ce régime fût viable, exigeait que les citoyens fussent vertueux. On voit aujourd’hui ce qu’il en est. Si MONTESQUIEU est dans le vrai, la démocratie est bel et bien foutue. Mais prenons les choses et les hommes comme ils sont, de niveau moral moyen et variable. Et « faisons avec », comme on dit. La simple logique veut que, en même temps que les fous, les handicapés et les imparfaits, la démocratie laisse vivre les imbéciles, les crétins, les bas-de-plafond, bref, toutes les sortes de bêtes et de méchants.  

 

 

 

Cette démocratie s’honore de les laisser vivre, mais aussi et surtout de les laisser s’exprimer. En démocratie, on n’a pas le droit d’interdire aux gens d’être cons. Oui, les cons en jouissent aussi, de la liberté  d’expression. Et c’est normal que ce soient des conneries qui sortent de leur bouche. Aussi longtemps que ça reste des paroles.

 

 

Qu’est-ce que c’est, ces « démocrates » en peau de lapin qui se chargent de faire la police du langage et s’érigent en juges de ce qu’il est licite ou pas de dire et d’écrire ? De penser ?  

 

Les juifs s’honoreraient de laisser dire des blagues, même très mauvaises, sur les juifs. Visiblement, ce n’est pas la voie que prend le CRIJF, sous la houlette de son président RICHARD PRASQUIER. Même chose pour les homosexuels, les femmes, les handicapés.

 

 

Même chose, aussi, pour les Arméniens : j'aimerais assez, et pour tout dire, je considèrerais comme tout à fait normal et compréhensible que les Arméniens vivant en France soient eux-mêmes gênés aux entournures par le coup de lèche-cul que les politicards français leur ont fait en l'occurrence. Il faudrait voir à qui le crime profite.

 

 

Je me rappelle une exécrable plaisanterie du clown alsacien ROGER SIFFER : « Quelle est la différence entre un fumier alsacien et un fumier lyonnais (le spectacle avait lieu à Lyon, évidemment) ? ». La réponse était, vous l'avez devinée : « C'est qu'en Alsace, les fumiers n'ont pas de plongeoir ! ». Ouarf ! On s'éclate !

 

 

Minorités de tous les pays, par pitié, laissez dire du mal de vous ! Plus vous laisserez dire, plus ça voudra dire que vous êtes fortes ! Minorités de tous les pays, montrez-vous supérieures à tous les calculs sordides. Le SACRÉ ne se décrète pas à coups de lois. Minorités de tous les pays, ne vous faites pas les flics de la parole et de la pensée. N'ajoutez pas votre pelletée de terre dans le trou où se trouve la démocratie.

 

 

 

Sinon, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Je suggère qu’on fasse une loi pour punir les blagues belges de vingt ans de prison. Ça vaudrait le coup, non ? Et châtier les mauvais qui s'en prennent aux rouquins (voir Egypte ancienne), aux unijambistes, aux sauteurs à la perche, aux automobilistes à contresens, aux réverbères à l'envers, aux sauts de puce. Je vous le demande : de quel droit se moquerait-on des sauts de puce (à la Sainte Luce, les jours rallongent d'un saut de puce) ?

 

 

 

Un cri monte des profondeurs (vous vous rappelez ce que vous chantiez à l'église : "de profundis clamavi ad te") : des lois pour punir, DES LOIS POUR PUNIR, DES LOIS POUR PUNIR. A croire que c'est le point culminant de l'avenir démocratique. Chaque « minorité » doit dire : « Toi, sale politicard que je méprise et qui te mets à mon service pour accéder à ton misérable petit poste de petit pouvoir, satisfais mes exigences forcément légitimes et réprime ceux qui m'humilient, et tu auras droit aux voix de mon groupuscule. Sinon, que la fièvre quarte et la vérole de la Vierge de Guadalupe te patafiolent, la paille en cul et le feu dedans ».

 

 

Car le plus rageant, dans cette évolution inexorable, c’est la raison pour laquelle elle est promue : la ligne bleue de l’élection prochaine, le Graal de politicards vulgaires qui font leur marché en trimbalant de client en client leur bouche en cœur, dégoulinante de « convictions fortes ». « Clientélisme » est un mot décidément trop gentil. Il faudrait des termes plus injurieux, plus proches de la vomissure et de l’étron. Des mots plus sales et plus puants.

 

 

Je me contenterai de traiter tous ces premiers de la classe qui se servent de nous pour leur servir de marmitons, de mitrons et de saute-ruisseau, de qualifier tous ces élèves doués qui ont choisi la carrière de vendeurs de vent d’un seul mot : MINABLES.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

 

 

jeudi, 24 novembre 2011

POLITIQUE ET ENVIE DE VOMIR

Quelques billevesées, balivernes, calembredaines et autres coquecigrues bien de saison :

 

I – La philosophe HANNAH ARENDT, dans Condition de l’homme moderne, hiérarchise ainsi les activités humaines :

 

1 – Tout en bas, le travail, qui traduit un asservissement à la nécessité. Son statut est le même que celui du servage.

2 – Un peu au-dessus du travail, l’œuvre, c’est-à-dire tout ce que l’homme interpose entre le monde et lui. On pourrait dire : tout ce qu’il ajoute à la réalité naturelle.

3 – Tout en haut des activités humaines : l’action. Essentiellement l’action politique, celle par laquelle les individus décident de leur appartenance au monde humain.

 

Bien sûr, il s’agit là de l’os. Je ne vais pas résumer le bouquin. Je laisse à chacun le soin de disséquer toute l’abondante et forte viande que HANNAH ARENDT a mise autour.

 

*

 

II – Le sociologue EMMANUEL TODD qui, à mon avis, porte sur le monde qui est le nôtre un regard original et non dépourvu de pertinence, déclarait à la radio il y a déjà quelque temps que les personnels politiques occidentaux en général, et français en particulier, se caractérisaient par une énorme, une inconcevable, une colossale MEDIOCRITÉ. Je pense qu’il voulait parler spécifiquement de leur médiocrité politique.

 

*

 

III – Le philosophe PLATON me déclarait, pas plus tard que la semaine dernière, que la pire des calamités qui puissent s’abattre sur un peuple, c’est que le pouvoir soit exercé par quelqu’un qui l’a ardemment désiré. Moralité : je ne vise personne, mais suivez mon regard. La juxtaposition de ces trois « jalons » constitue sans doute une claire indication de la direction.

 

***

 

Avant de commencer, un peu de correction du langage : il devrait être interdit de parler des élections présidentielles, qui supposeraient qu’on élit plusieurs présidents. Parlons, oui, des élections législatives : 577 députés, c’est certain, ça mérite le pluriel. Mais tant qu’il n’y a qu’un président élu, parlons, s’il vous plaît, de l’élection présidentielle. Merci d’avance.

 

***

 

Qui gouvernera la France en 2012 ? En l’état actuel des choses, je dirais volontiers que ma crainte est la réélection de notre nabot national. Mon raisonnement est le suivant. Ce ne sont pas tant le charisme, le prestige ou l’infaillibilité de NICOLAS SARKOZY qui plaident en faveur de cette hypothèse, que la médiocrité de ses adversaires putatifs.

 

 

Mais il y a aussi et surtout, à son service, une machine à conquérir le pouvoir redoutablement huilée et entraînée. Pour reprendre les trois jalons ci-dessus, personne en France, aujourd’hui, ne désire plus ardemment le pouvoir que NICOLAS SARKOZY. La politique, il s’en balance, il s’en fout, il s’en gausse.

 

 

La politique ? Mais il la méprise ! Il faut bien s’en convaincre : NICOLAS SARKOZY n’est pas un homme politique. C’est un APPÉTIT. C’est une des raisons qui font qu’EMMANUEL TODD a raison : nos personnels politiques sont incomparablement MEDIOCRES.

 

 

Pour lui, la politique se réduit à quelques données fondamentales : MANIPULER, MENTIR, PROMETTRE, ACHETER.

 

 

Mentir, ça a commencé très tôt : « Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas ». Manipuler, c’est, par exemple, un homme de droite qui cite JEAN JAURÈS, célèbre GUY MÔQUET, débauche quelques bâtons merdeux du Parti Socialiste (KOUCHNER, BESSON, etc.). Acheter, c’est nommer à un poste prestigieux ou très rémunérateur des gêneurs ou des adversaires possibles. On appelle ça « voie de garage ».

 

 

Voilà le seul « credo » politique de NICOLAS SARKOZY. Cet homme (excusez-moi pour le terme, je n’en trouve pas d’autre) a compris l’état de déliquescence au stade terminal dans lequel se trouve le système politique français (l’italien n’est pas mal non plus, et quelques autres). Il a compris qu’il n’y a plus d’idées politiques. Il a compris que le monde actuel est guidé par deux certitudes qui se foutent éperdument de toute doctrine : la GESTION d’une part, et la COMPETITION d’autre part.

 

 

Il a compris que le monde actuel est une COQUILLE POLITIQUEMENT  VIDE, dans laquelle se contentent de jouer des FORCES voraces, qui n’ont besoin que de gestionnaires très compétents, de bons élèves sortis de bonnes écoles. Pour un tel opportuniste, c’est pain bénit.

 

 

Car NICOLAS SARKOZY a un seul objectif : LE POUVOIR. Si ce n’est pas pour le conquérir, c’est qu’il l’a déjà conquis et, avis à la population, qu’il fera TOUT pour le garder. Pour cela, il profite et abuse d’un outil aberrant, mais qui est entré dans les mœurs, au point d’imposer son hégémonie contre toute raison. Je veux parler du tout puissant SONDAGE.

 

 

Cette obsession du sondage chez NICOLAS SARKOZY est une preuve suffisante et aveuglante que son premier objectif n’est pas la politique à proprement parler, mais L’IMAGE que la population se fait (ou plutôt dont on lui bourre le crâne) de la politique. Toute l’action de NICOLAS SARKOZY se limite à la construction, à l’élaboration, à la fabrication et à l’invention de l’image de la politique, qui doit se résumer, dans son esprit, à son image à lui.

 

 

D’où l’explosion des factures de l’Elysée en dépenses de sondages pullulants et proliférants, fiévreusement décortiqués et analysés. D’où l’explosion du budget que l’Elysée consacre à la « communication » (voir par exemple ce qui s’est passé avec l’arrivée de THIERRY SAUSSEZ à l’Elysée). D’où le verrouillage minutieux et permanent des « éléments de langage » colportés par les équipes du gouvernement et des communicants, et le rappel à l’ordre impérieux des maladroits et des récalcitrants.

 

 

Si après les intimidations et menaces diverses, le « bug » insiste et refuse de s’écraser, on fait le ménage, et on débarque sans ménagement le coupable sur quelqu’une des nombreuses îles sécrétées par les institutions de la République (laissez-moi pouffer !), îles aussi désertes que princièrement rémunérées. La promotion éliminatoire est en effet un des procédés favoris de NICOLAS SARKOZY (et soyons jute : de ses prédécesseurs) pour se débarrasser d’un adversaire potentiel (en l’achetant). 

 

 

Une autre pièce d’importance sur l’échiquier « politique » de NICOLAS SARKOZY : le FOU. Je veux dire, évidemment, le JOURNALISTE, dont il achète l’attention à coup de sièges et de confidences « off the record »  dans l’avion présidentiel, ou qu’il punit à l’occasion, comme LAURENT MOUCHARD dit JOFFRIN, à une conférence de presse remarquée. Le principe est le même que pour les publicités BENETTON après le scandale qu’elles ont volontairement déclenché : dites du mal ou dites du bien de moi, je m’en fous, pourvu que vous parliez de moi.

 

 

L’important est le positionnement : toujours au centre du foyer (on parle alors de « focalisation »), par exemple en lançant de belles et saignantes polémiques. Etre celui qui suscite reste une des bases de la communication de toute l’équipe de NICOLAS SARKOZY. Le journaliste suivra comme le mouton suit celui qui le précède. Et tout ça est évidemment soigneusement concerté, calculé, supputé dans l’équipe de communication.

 

 

Dernier point sur la mécanique de conquête, je n’y insisterai pas : L’entente avec les puissants et les riches. On n’a pas oublié ERIC WOERTH flattant les membres du « Premier cercle » au cours de réunions discrètes et hautement rémunératrices pour les caisses de l’UMP. C’est la litanie bien connue : FOUQUET’S, BOLLORÉ, LAGARDERE, BOUYGUES et compagnie.

 

 

Les premiers éléments indiquant que NICOLAS SARKOZY a toutes les chances d’être réélu sont là. Les autres éléments sont exactement en face. Et regardez-les, les éléments-en-face. Un énigmatique monsieur POUTOU clair comme de l’eau de roche : il découle de la LCR déguisée en NPA, lui-même hérité de BESANCENOT. Un JEAN-LUC  MELENCHON qui veut faire croire que quoi ? Qu’il est honnête, quand il tempête à une tribune ou sur un plateau de télévision ? A qui fera-t-on croire ce conte de fées ?

 

 

Une EVA JOLY bientôt vierge et martyr jetée dans le panier de vieux crabes, qui tâche d’exister en pariant sur l’intransigeance, mais qui est déjà bien abîmée avant même d’être vraiment entrée en scène. Si elle s’appelait JEANNE D’ARC, je parie qu’elle irait faire sacrer le roi à Reims.

 

 

Une MARINE LE PEN, autopromue chevalier blanc en lieu et place du chevalier blanc « tête haute, mains propres », et qui défend des « idées », paraît-il, comme ce très improbable retour de la NATION. Si vous voulez mon avis, la nation, si elle n’est pas tout à fait « en trépas », n’est plus tout à fait « en vie ».

 

 

Et maintenant, « grelot, grelot, combien j’ai de sous dans mon sabot ? », « last, but not least », le pauvre FRANÇOIS HOLLANDE. Pourquoi « pauvre » ? Je ne parle évidemment pas de son patrimoine : je crois savoir qu’il est supérieur au mien (voir les quelques pages de journaux y consacrées il y a quelques années).

 

 

Je parle de la tête qu’il fait sur les photos. On me dira ce qu’on voudra, cet homme, quand il ne fait pas des yeux de bête traquée, a l’air d’un élève de CM 2 récompensé par la maîtresse d’école. A la rigueur, je l’admets comme le comptable de l’entreprise, que le patron vient de remercier chaleureusement pour la clarté de son bilan, à la fin du conseil d’administration. Lui aussi, il essaie de faire croire. Mais quoi ?

 

 

Un dernier mot sur la médiocrité de nos personnels politiques. Vous avez forcément remarqué que ce sont TOUS d’excellents élèves, et même des premiers de la classe (regardez bien COPÉ, MONTEBOURG, FILLON, PEILLON ; regardez-les bien tous en version « premiers de la classe »). Ils ont choisi de « faire carrière », aidés en cela par le cumul des mandats.

 

 

Ces quelques centaines de membres de l’élite de notre pays qui, droite ou gauche, fonctionnent comme une « famille » sicilienne qui intronise ou repousse qui elle veut, ne font rien d’autre que se partager des gâteaux, même s’ils proclament être « portés par de fortes convictions ». Droite ou gauche, ils sont formatés intellectuellement de façon strictement identique (la caricature, c’est l’E. N. A.).

 

 

Vous avez compris pourquoi je crains, en 2012, le retour du nabot.

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

Question subsidiaire : lecteur attentif, fûté et affûté, sauras-tu deviner l'anagramme dissimulée dans "nabot" ? Quand je te dis qu'il faut craindre le "retour de bâton" !

 

 

samedi, 15 octobre 2011

LE TROU DU CUL DE LA PRESIDENTIELLE

Ah on en a croûté, de la « primaire socialiste », jusqu’à plus faim : « Allô, j’écroûte ! Qui est à l’appareil ? – C’est pour un sondage. Alors vous, c’est AUBRY ou HOLLANDE ? – Je veux bien répondre, mais combien ça croûte ? – Le maximum, madame. – Alors j’en veux pas ». Moi non plus. Ça vous donne envie, à vous, le choix entre le pot à tabac et le directeur d’école primaire ?

 

 

De toute façon, vous voulez que je vous dose (dose, parfaitement !) mon sentiment ? Le Grand Orient de France a voté (et fait voter) HOLLANDE. La preuve, c’est que GERARD COLLOMB, quand il a vu qu’à Lyon, c’était AUBRY, il a piqué sa crise, soufflé dans les bronches à son personnel et remonté les bretelles à son équipe. Et c’est bien connu : GERARD COLLOMB, il est un « Grand Orient ». Sans ça, est-ce qu’il aurait été maire de Lyon ? C’est au pied du mur électoral qu’on voit le franc-maçon, non ? Ou plutôt qu’on ne le voit pas. Vous avez déjà vu un « trois points » avouer qu’il « en était », vous ? C’est comme la « jaquette » dans un autre temps : ça se sait, mais ça ne se dit pas.

 

 

Je suis catastrophé : cinq millions de téléspectateurs pour un « débat » télévisé ; deux millions et demi de pélots qui se sont déplacés pour voter ! Normalement, demain, ils devraient être trois millions (puisque  six millions mercredi soir devant le poste). Mais ils sont tous devenus fous ! Ou peut-être que c’est pire : ils y croient encore ! Si c’était ça, ce serait dramatique. Moi, je me suis abstenu. Mais de toute façon, même si je me suis abstenu de m’inscrire au parti abstentionniste, ça ne m’empêche pas de m’abstenir à TOUS les scrutins. Avec force. C'est mon seul moment de militantisme. Quand j’entends le mot « élection », je sors ma canne à pêche.

 

 

Tous ces politiciens qui se font du gras sur le dos de leurs clients et de leurs naïfs, je leur lance un double ultimatum : je recommencerai à voter le jour où 1) – le VOTE BLANC sera un suffrage exprimé à part entière ; 2) – être en même temps maire et sénateur deviendra, au Code Pénal,  un « abus de biens sociaux ». On appelle ça le NON-CUMUL DES MANDATS.

 

 

Il y aurait une troisième condition à ajouter : que la vie d’un citoyen ne se résume pas simplement à glisser toutes les X années un message dans une fente. S’il faut la fermer le reste du temps, on peut virer le mot « citoyen » du dictionnaire. Et quand les bonshommes qui occupent les postes méprisent trois millions de bonshommes qui parcourent les belles rue de nos riantes cités pour défendre les retraites, au simple motif qu’ « ils ont été élus » pour faire ce qu’ils font, je m’étonne qu’il y ait encore, à l’élection suivante, autant de gens pour faire « chauffer les fentes » (je parle des urnes, qu’alliez-vous penser, petits fripons ?).

 

 

C’est vrai, quoi, un bonhomme élu qui exerce plus d’une fonction, toutes fonctions électives confondues, c’est un faussaire et un menteur : les journées n’ont que vingt-quatre heures, jusqu’à nouvel ordre. Si on peut être sénateur (ou maire) à mi-temps, c’est que le boulot est un P. T. T., ben si, souvenez-vous : petit travail tranquille ! Maire à temps plein + sénateur à temps plein (au nom du sacro-saint « ancrage local » évidemment !), mon œil !

 

 

Ils me font bien rire, ceux qui, la main sur le cœur, en appellent au « devoir civique ». Bien sûr que ce serait un devoir, et je m’y soumettrais de nouveau volontiers, si la politique n’était pas devenue ce « cursus honorum », où les dits honneurs sont accaparés et confisqués par un petit nombre de professionnels qui ne tiennent pas à se voir emmerdés par des amateurs qui risqueraient, avec leur honnêteté et leur absence de tout calcul, de les empêcher de faire leur beurre.

 

 

Tant que vous êtes maire de Rimbach-Zell (196 habitants dans les années 1990), vous ne faites de l’ombre à personne. En plus, c’est vous qui faites à peu près tout (courage FREDDY ! tiens bon jusqu’en 2014 !).  Non, là, je ne parle pas des 36.000 maires, en particulier de ceux de ces toutes petites communes, je parle de tous les ambitieux, petits ou grands, qui ont choisi de FAIRE CARRIÈRE dans la politique, avec Paris dans le collimateur, et de devenir, de ce fait même, un MENTEUR PROFESSIONNEL (se reporter à ma note « profession menteur », d’il y a quelque temps).

 

 

Pour revenir à la « primaire socialiste », la nouvelle mouture de la farce politique à destination des badauds ébahis, je vois un signe positif tout de même. Si deux millions et demi de Français se sont déplacés dimanche dernier, c’est que, messieurs les politiciens professionnels, il y a une attente, dans les soutes de la société. Oui, vous êtes attendus au tournant, socialistes ou quoi que vous soyez. Ce n’est pas encore le cirque des « indignados », mais ça commence à frémir à la surface de la casserole. Attention quand l’eau se mettra à bouillir !