dimanche, 23 août 2015
LYON EN 1961
« S'il y a un Bon Dieu, d'où vient le mal ? Oui, mais si y en a pas, d'où vient le bien ? »
La Plaisante sagesse lyonnaise
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HÔPITAL GRANGE-BLANCHE
Un hôpital pour les piétons et les ambulances. Aujourd'hui, le moindre centimètre de trottoir à l'intérieur de l'enceinte est encombré par la bagnole.
Autrement dit, rien n'a changé. Ou si peu. Si : la piste pour hélicoptère sur le toit d'un bâtiment.
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samedi, 22 août 2015
LYON EN 1961
« Te peux faire la bouame tant que te fréquentes, mais après la noce, tiens tati. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
Note : "tiens tati" = tiens bon ! Puitspelu ignore "bouame" (pourtant je me souviens d'avoir entendu, dans la bouche d'un honorable prêtre : "Il est tout bouâme !", avec triple accent circonflexe), mais on devine à peu près. Ce prêtre était un vrai Lyonnais : j'ai donné (sous sa direction et en sa compagnie) quelques pièces de Guignol dans un castelet familial, parmi lesquelles La Racine d'Amérique, de mémorable mémoire.
On y parlait de "petit balancement" et de "grand balancement". Une pièce que vomiraient les féministes, si elles savaient qu'elle existe ("Femme, connais-tu la racine d'Amérique ?"). Et je ne vous parle pas du Sarsifi petafiné, au sujet peu convenable aux jeunes oreilles. "Cette pièce ne sera jamais rééditée", était-il noté, par précaution. Une pièce qui prouve que la première greffe de membre viril (celui de Guignol en personne) a eu lieu à Lyon, et nulle part ailleurs. J'ai vu un exemplaire à 150 euros sur l'internet.
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PORT EDOUARD-HERRIOT ET STADE DE GERLAND (on ne dirait pas, mais le stade y est, bien au centre de la photo, tout raplapla : c'est l'époque d'un sport modeste et ouvrier, du sport comme simple divertissement). Au fond, mont Cindre, mont Thou et mont Verdun (de droite à gauche).
La cathédrale sportive (ce n'est quand même pas Maracana !), ci-dessous : on ne peut pas la manquer.
vendredi, 21 août 2015
LYON EN 1961
« Ben sûr, c'est pas drôle d'avoir des embiernements, mais c'est toujours ça qu'on peut raconter à ses amis, à qui ça fait tant plaisir. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
Note : Nizier du Puitspelu, dans Le Littré de la Grand'Côte, ignore "embiernements". Mais à "embierne" (le mot figure dans des pièces de Guignol), il écrit : « Embierne, s. f. - Embarras, ennui, difficultés de toutes sortes. Un Parisien dirait emm...ment (les étymologies concordent) ».
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GARE DE VAISE
Tout à fait en haut de l'image ci-dessous, on distingue l'entrée (à peu près au milieu) et la sortie (en haut tout à gauche) du tunnel (avec le viaduc d'accès) qui fut percé pour permettre aux transports en commun, depuis la nouvelle gare routière, de gagner rapidement le plateau de la Duchère, en "site propre", pour éviter la circulation automobile. Certains immeubles de Balmont ont vu apparaître quelques lézardes sur les murs lors du percement.
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jeudi, 20 août 2015
LYON EN 1961
« Si te prends femme, ne la prends pas borgnasse [myope]. Si te la prends borgnasse, ne la prends pas catolle [bigote]. Si te la prends catolle, au moins qu'elle aye de quoi. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
Note : tout le monde comprend "avoir de quoi".
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GARES DE LA PART-DIEU ET DES BROTTEAUX (et la caserne, avec sa place d'armes, à gauche, qui s'appelait, en 1914, "Casernes Margaron (de la Part-Dieu)") : j'y ai fabriqué des souvenirs qui sont restés très vifs (mais les bâtiments étaient alors désaffectés depuis lurette, sauf le logement de fonction d'un général D., gouverneur militaire, et de son agréable (pour ne pas dire vivifiante) progéniture féminine).
Oui, on peut dire que ça a un peu changé : une tour, et puis deux, la troisième vient d'être achevée ; l'auditorium Ravel, qui ressemble à un bivalve se trouve sur la gauche du cliché.
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mercredi, 19 août 2015
VENISSIEUX EN 1961
« Avise un peu, gone. T'as deux yeux, deux oreilles et qu'une bouche. A donc c'est qu'il faut parler à cha peu, voir et écouter à regonfle. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
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UN PEU AVANT LA CONSTRUCTION DES "MINGUETTES"
(construction commencée en 1963)
Vénissieux est encore une commune assez rurale (plus pour longtemps, quoiqu'il subsiste des champs cultivés).
Ci-dessous, orientation de l'image non garantie.
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lundi, 17 août 2015
LYON EN 1961
« Quand on te mènera à Loyasse, t'auras beau avoir ramassé tant et plus et même davantage, te n'emporteras que ce que t'auras donné. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
Note : Loyasse est un des cimetières de Lyon.
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LE QUARTIER DES ABATTOIRS (abattoirs qui sont devenus "Halle Tony Garnier")
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samedi, 15 août 2015
LYON EN 1959
« On fait toujours plaisir aux gens en leur rendant visite : si c'est pas en arrivant, c'est en partant. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
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LES USINES BERLIET (à Vénissieux)
A voir le paysage au loin, on est à la campagne.
Aujourd'hui ? Je ne sais plus bien : Renault Trucks ? Volvo ?
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vendredi, 14 août 2015
LYON EN 1959
« Si te veux pas être pris pour un cogne-mou, quand t'as voulu, ne va pas rien dévouloir. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
Note : on devine aisément le sens de "cogne-mou", je pense.
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LE PORT RAMBAUD
Il faut désormais parler du "quartier de la Confluence" (son Conseil Régional, sa "Sucrière", son centre commercial, sa "darse", son musée, ...). Lyon vole à tire d'ailes vers son avenir radieux.
Ci-dessous, on voit que les bâtiments du marché-gare ont à peu près disparu (côté Rhône).
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jeudi, 13 août 2015
LYON EN 1959
« T'as beau gabouiller la bassouille, t'en feras pas rien des œufs à la neige. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
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LA BANLIEUE-EST ET L'AÉRODROME DE BRON
Pas le désert, mais ! Les deux hangars sont toujours visibles, identiques dans un environnement un tout petit peu (à peine !) modifié.
On est presque étonné, ci-dessous, qu'il reste une telle surface non construite.
La borne routière qui séparait, jusqu'au 1er janvier 1969 (création de la C.U.L., pardon, de la CO.UR.LY., Communauté Urbaine de Lyon), les départements du Rhône et de l'Isère se situait à peu près à hauteur des hangars.
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mercredi, 12 août 2015
LYON EN 1959
« C'est au moment de payer les pots qu'on sent qu'on n'a plus soif. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
Note : dans les anciens bistrots lyonnais (au temps où le beaujolais était un "vin de comptoir", autrement dit une piquette pour les prolétaires), on raconte (?) qu'au cours d'une soirée bien arrosée entre amis, on alignait les pots (46 cl.) sur le comptoir au fur et à mesure, que l'on payait "au mètre".
Aaah, qu'elle est délicieuse, l'histoire du pari du Tony et du Glaudius, un soir de "charipe de brouillard", vous savez, de ces brouillards jaunes où vous ne saviez plus où étaient vos pieds : ils avaient parié de boire "un mètre" et de descendre les escayers de la rue Pouteau, raides comme la justice, jusqu'à la place des Terreaux : ils s'étaient retrouvés à la Doua !
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L'HÔTEL-DIEU, sans son grand dôme (brûlé en 1944, on voit le chantier), et sans hôtel de luxe.
A propos de "payer les pots", quand les transformations seront achevées, le simple droit pour les habitants et les curieux de parcourir certaines parties de ce vaste édifice coûtera un peu moins de 80.000 euros aux contribuables.
On appelait "les bas-ports" l'espace plan qui borde la rive gauche du Rhône ("en haut", sur la photo), qui fut longtemps pavée des galets tirés du fleuve. Je vous jure, ça secoue plus fort que les pavés de "l'enfer du nord" : certaines rues étaient ainsi pavées.
Ci-dessous, exemple scandaleux d'abandon du bien public, au profit des intérêts privés de quelques "investisseurs".
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lundi, 10 août 2015
LYON EN 1956
« Pour bien lisser le velours, faut pas rien le prendre à rebrousse-poil. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
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LE QUARTIER SAINT-GEORGES,
avec son église tenue par les catholiques qui s'en tiennent à la tradition d'avant le concile de Vatican II.
Peu de changements, forcément.
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dimanche, 09 août 2015
LYON EN 1956
« On ramasse pas des argents à regonfle sans les tirer de la poche à quelqu'un. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
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BELLECOUR
(avec Louis XIV par Lemot, bien sûr, mais sans les bronzes du "Rhône" et de la "Saône", et encore protégée par une clôture)
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samedi, 08 août 2015
LYON EN 1956
« Les vrais bons gones sont ceux qu'ont des défauts que ne font tort qu'à eux. »
La Plaisante sagesse lyonnaise
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LA BOURSE, LE RHÔNE ET, ENTRE LES DEUX, LE LYCÉE AMPÈRE ET LES ANCIENNES HALLES
Au fond, les défunts ponts Vaïsse et de la Boucle. Notez que le pont Morand ne se ressemble plus du tout non plus, depuis que le métro passe dedans.
Les anciennes halles genre Baltard ont été rationnellement converties en un magnifique parking, de la (presque) même hauteur que les immeubles qui l'entourent, que le monde entier nous envie. Quant au fameux restaurant Farge (qu'on distingue ci-dessus, à gauche des halles), il a été avantageusement remplacé par une banque (si ce n'est pas ça, c'est du même genre).
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vendredi, 07 août 2015
LYON EN 1956
« Faut pas faire la besogne pour qu'elle soye faite. Faut la faire pour la faire. »
Recueilli par Catherin Bugnard.
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LA SAÔNE ET LA PRESQU'ÎLE,
avec le chevet de Saint-Jean, l'ancienne passerelle du palais de justice et, plus loin, le défunt pont du Change, devenus ...
... la nouvelle passerelle et le pont Alphonse Juin.
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jeudi, 06 août 2015
LYON EN 1956
« Pour que le vin fasse du bien aux femmes, il faut que ce soit les hommes qui le boivent. »
Recueilli par Catherin Bugnard.
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LE THÉÂTRE ROMAIN
Presque vingt ans avant la construction du musée gallo-romain, à droite du théâtre sur la photo, on note, au-dessus, la friche indisciplinée. La verdure, si vous voulez, avant les dernières fouilles archéologiques. Et avant la construction de beaux immeubles bien modernes.
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mercredi, 05 août 2015
LYON EN 1956
C'est les vacances, le droit à la paresse. J'ai programmé le pilote automatique. A partir d'aujourd'hui, on trouvera ici un coup d’œil jeté dans le rétroviseur de la ville de Lyon (et territoires circonvoisins). Tout Lyonnais de Lyon (ou d'ailleurs) sera à même, au fil des jours, de mesurer de quelle façon le temps s'est écoulé. Malheureusement, le format des photos ne m'a pas permis de les faire figurer en entier. Ces photos sont loin d'être inconnues, je le précise.
J'ai quand même fait l'effort, avant d'aller me reposer, d'agrémenter chaque photographie d'une sentence, choisie parmi les plus délectables qu'un certain Catherin Bugnard (à l'existence elle-même incertaine) a rassemblées au sein de sa Plaisante sagesse lyonnaise, un classique, quoique le bouquin soit vraiment minuscule, en taille et en nombre de pages. Il est riche en substance. Ça compense.
«Tout le monde peuvent pas être de Lyon. Il en faut ben d'un peu partout.»
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LA COLLINE DE FOURVIÈRE ET LA SAÔNE
(comme on voit, il y avait encore le pont du Change, entre la place du même nom et la place d'Albon, qui butait sur l'église Saint-Nizier. Le pont Alphonse-Juin qui l'a remplacé fait face à la rue Grenette, qui traverse la presqu'île : c'est un peu plus "logique")
Mes excuses : je ne suis pour rien dans la pollution de l'image ci-dessous par les mille petits étrons qui la souillent. L'image ci-dessus, quant à elle, est fournie sans parasites.
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lundi, 27 juillet 2015
BD : LA REVUE (À SUIVRE)
J'ai commencé à dire du mal de l'évolution du monde de la BD à l'orée de l'ère de l'ultralibéralisme désentravé et décomplexé et de la financiarisation de l'économie (l'ère Reagan-Thatcher, années 1970). On me dira que ça n'a rien à voir. Mais le fait qu'une grosse maison comme Casterman (assise sur un trône en or massif appelé Tintin) publie à partir de 1978 la revue (A suivre) est quand même le signe que la bande dessinée quitte le bac à sable pour partir à la conquête du monde (je crois que le premier numéro avait été tiré à 100.000). Le lien n'est certes pas direct, mais je note la concomitance. Une évolution regrettable. Le début de la dictature du "Marché", des "Bourses", des fonds de pension et de la veuve écossaise. Et le début de la BD industrielle.
Il est loin, le temps d'Adrienne et de sa minuscule boutique fraternelle. "Expérience", ça s'appelait. Elle se situait rue du Petit-David. L'incroyable vogue des mangas (ces petits bouquins "dessinés" (?) à la va-vite et produits à la chaîne dans des usines à dessiner) est une autre preuve de ce passage à l'étape industrielle de la production de la BD : performance, productivité, prolifération. Et pour finir : surproduction. En Périgord, on appelle ça le gavage. Et ça donne ces beaux foies cirrhosés dont nous faisons nos délices (mais il faut tuer l'animal avant). Si quelqu'un a quelque chose à dire, qu'il le dise. Sinon, qu'il se taise. Mais s'il s'agit seulement de remplir des tuyaux (les "contenus"), on change de monde.
On voit que les écoles de BD, les festivals de BD, les "Prix" de la BD, les "Histoires de la BD", les cotes BDM (1ère édition en 1979) du "marché" n'ont pas tardé à fleurir et à occuper le paysage. On croit fermement que la bande dessinée, enfin devenue « adulte » et arrivée à maturité, est désormais un genre à part entière, tout à fait digne de l’intérêt des gens sérieux et responsables. Et soucieux de rester "modernes", "à la page" et "dans le coup". Quelle sottise !
N°5. Cabanes (avec Forest aux manettes du scénario) réécrit Le Roman de Renart. Ici, Hersent la louve (= madame Ysengrin) demande à Renart de la sauter. Inutile de dire que Renart s'empresse d'accéder à la supplique. Les gniards n'en perdent pas une miette. Hersent remercie Renart après le troisième service.
Il ne vient à l’idée de personne de se demander si ce ne serait pas plutôt un signe que les adultes de l’époque ont un peu perdu en maturité (bienvenue en enfance : voir l'irruption et le triomphe du jeu vidéo sur le marché des distractions). Qu'en est-il aujourd'hui ? Il ne semble pas que la tendance à l'infantilisation des foules se soit interrompue, bien au contraire. Et il n'y a pas que la BD pour s'en rendre compte.
N°1. Fmurrrrr. Il n'a pas fait que Le Génie des alpages, la BD qui fracasse l'élevage montagnard à grands coup de fantaisie et de n'importe quoi. Ici, il nous raconte une scène méconnue et jubilatoire de la vie de Jeanne d'Arc, quand celle-ci, complètement pétée, danse sur la table, et qu'elle commence à cuver quand le rideau est tombé (j'espère que le lecteur peut déchiffrer les légendes).
Comme il ne vient à l'idée de personne de se dire que c’est lorsque le ludique et l’amusant commencent à se prendre au sérieux qu’ils ne sont plus du tout ludiques ni amusants. C'est horrible à dire, mais avec A suivre, la BD commence à se prendre au sérieux. La BD devient presque pédante et donneuse de leçons. Pour un peu, elle prendrait de haut la grande littérature. Avec (A suivre), la maison Casterman se hausse du col.
Quelle idée aussi, de vouloir donner de la noblesse à une simple distraction, vaguement régressive au demeurant ! (A suivre) se propose donc de publier de véritables "romans graphiques" (ça ne s'appelle pas comme ça à l'époque, juste "romans", pour affirmer la prétention).
N°24. Jean-Claude Forest. Cet homme mérite un billet à lui tout seul : Hypocrite, La Jonque fantôme, Mystérieuse, l'Hydragon, tout ça est magnifique. Ici, une scène de "tendresse" dans un monde de brutes, décidée par une femme d'initiative (ne pas oublier que Forest est d'abord l'auteur de Barbarella). En matière de distribution de la "lumière", cette planche est admirable.
Romans graphiques, pourquoi pas ? Je ne dis pas qu’A suivre n’y a pas réussi, je dis juste que c’est au moment où la BD, élargissant sa « cible », passe d’un « marché de niche » au « grand marché », qu’elle a commencé à m’ennuyer. Quand elle a commencé à se dire que la "Croissance", ce n'était pas fait pour les chiens. Qu'elle aussi avait sa place dans le monde de la production industrielle, du rendement, de la performance et de la productivité.
La vogue du manga n'est qu'une folle excroissance cancéreuse de cette frénésie. Je ne sais plus quel dessinateur français travaillant au Japon fut obligé de se plier au rythme stakhanoviste de production des planches par semaine. Il n'empêche que, dans les mangas, l'effort d'expressivité pousse au simplisme des physionomies, à la caricature des émotions et des mimiques, tout étant mis au service de la narration (tendance qui culmine dans la vogue des "emoji"). Le stéréotype règne, tout-puissant. Il faut aller vite. Défense d'être subtil ou raffiné. Rien à voir avec le labeur de moine copiste auquel se livrent nos grands de la BD à la française (et à la belge).
N°1. Tardi, dans Ici-même, sur scénario de maître Forest. Désolé, je trouve que ça ne marche pas. Le travail des deux est admirable, mais. A bien y réfléchir, c'est peut-être l'argument de base qui fout tout en l'air (une histoire de murs restés le seul bien de l'héritier du jadis immense domaine de Mornemont, alors il passe son temps à courir dessus. Rien qu'à voir sa "maison" ...).
Pas question de nier la réussite de la revue : Tardi, Forest, Bourgeon et d’autres grandes pointures du récit dessiné. On ne regrette pas.
N°1. Sa Majesté Hugo Pratt. Ici (Corto Maltese en Sibérie), il montre qu'il sait tout faire : Corto Maltese rentre chez lui (en Chine !) : tout y passe, le cadrage, le trait et la surface, le noir et le blanc (admirez l'inversion positif-négatif à la troisième bande), l'ambiance. Un "Gentilhomme de fortune" avec une nostalgie de confort bourgeois.
Je place quant à moi deux auteurs très loin au-dessus de la pile : Hugo Pratt (ci-dessus), présent dès le premier numéro avec Corto Maltese en Sibérie, (mais c'est Pif Gadget qui a publié les premiers épisodes de Corto en France) et l’œuvre insurpassable de Didier Comès : Silence (ci-dessous), à partir du n°13.
N°13. Didier Comès : "je mapel silence é je sui genti" (le débile de Daniel Keyes dans Des Fleurs pour Algernon, a quelque chose à voir). J'ai moins aimé ce qu'il a fait avant et après (quoique La Belette ..., mais Ergün l'errant, franchement ...). Un fascinant sommet de la BD à mes yeux.
Les planches que je montre ici résument les préférences que j’ai marquées à l’époque, préférences que je ne regrette toujours pas aujourd’hui. On constatera sans doute, je ne peux le nier, que celles-ci donnent la priorité au trait. La "Ligne claire", quoi. Ben oui. Le trait, vous dis-je : hors du trait, point de salut ! N'est-ce pas Charles Trenet qui chante : « Fidèle, fidèle, je suis resté fidèle, A des choses sans importance pour vous » ? Moi, c'est le trait.
Je ne dirai rien de toutes les planches que je ne montre pas.
Voilà ce que je dis, moi.
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mardi, 21 juillet 2015
HALTE AUX MINARETS !
Non, le minaret n'a rien à faire sur le territoire français ! La France tout entière lève son bouclier catholique contre l'invasion.
Ci-dessus et ci-dessous : Le Monde, 19-20 juillet 2015.
Regardez-les, les muezzin.
Voilà ce que je dis, moi.
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lundi, 13 juillet 2015
DANSEURS NOIRS DANS LE CIEL
En regardant le ciel, ce soir d'été, en prenant ma photo, je pensais aux deux numéros de La Hulotte que l'excellent Pierre Déom a consacrés au martinet noir. Hommage donc au dessinateur émerveillé et talentueux.
Martinet s'apprêtant à becqueter du comestible. Admirons le coup de bec, mais surtout de crayon : Pierre Déom is the best.
Le bec de l'engoulevent (alias crapaud volant ou tète-chèvre) s'ouvre encore plus en arrière de l’œil (ci-contre).
Il faut regarder la photo ci-dessous en branchant le son (mais en se bouchant les oreilles, pour les tympans les plus fragiles).
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vendredi, 26 juin 2015
L'ISLAM NE PEUT AIMER LA FRANCE
1/2
J’ai entendu récemment le philosophe Jacques Rancière proférer une belle connerie. Plus énorme que sa célébrité dans le milieu de son milieu. C’est à propos de l’islam (eh oui, encore !). Il disait en substance qu’il n’est pas du tout sûr que le « voile » (tchador, niqab, burka, etc.) ait une signification religieuse. Eh, tête de pomme, si toutes les filles et les femmes (sans parler de la façon dont les hommes en parlent) qui se baladent en cachant leurs cheveux, voire leur visage et leurs mains, te disent que c’est à cause de leur croyance religieuse qu’elles s’habillent ainsi, qu’est-ce que tu leur réponds, gros plouc ? Et ça se prétend philosophe … Il paraît même qu'il fait autorité. Un comble.
L’islam n’a pas fini d’emmerder la France, et plus généralement l’Europe, vieux continent catholique depuis 1500 ans (Clovis). Allez, disons « continent chrétien » pour ne pas vexer les protestants, bien qu'ils aient fait beaucoup de mal au continent. Les défenseurs opiniâtres des musulmans en France (Edwy Plenel, Emmanuel Todd, ...) devraient se souvenir que, historiquement, l'hostilité a toujours existé entre islam et chrétienté. Il y a là du révisionnisme. De l'aveuglement. Voire du négationnisme.
L’islam ottoman a bien tenté, mais en vain, de s’emparer de ce continent : il a laissé des traces de son passage dans quelques pays balkaniques, mais à part le petit orteil qu’il a gardé sur la rive européenne du Bosphore, il a été prié de décamper. Je dis tant mieux. Et je suis modéré : Chateaubriand, dans les Mémoires d'outre-tombe, implore l'armée du tsar de basculer les Turcs dans le Bosphore.
Je cite pour mémoire quelques hostilités historiques : Poitiers, croisades, Lépante, siège de Vienne et autres pirateries barbaresques devenues des œuvres musicales, comme L’Enlèvement au sérail ou L’Italienne à Alger. L’histoire montre « à regonfle » (comme on disait à Lyon quand on y parlait « yonnais ») que la tradition européenne n’a que faire de l’islam. Il y a incompatibilité. Et qu'on ne me parle pas d'apprentissage de la laïcité : il faudrait encore quelques centaines d'années. Même pas sûr que ça suffirait.
L’islam qui a subsisté en Europe a mis du vin dans son Coran, comme on l’a vu lors de la guerre de Bosnie, où les musulmans du cru se foutaient allègrement de la gueule des brigadistes venus, au nom d'Allah, les soutenir contre la Serbie de Milosevic, et trinquaient au whisky pendant que les autres se prosternaient sur leurs tapis de prière cinq fois par jour.
Hergé était sûrement islamophobe.
Déjà qu'il était raciste (voir Tintin au Congo).
Alors y a-t-il un « islam de France » ? La réponse, absolument formelle, est « Non » ! Pas parce que la France refuse les musulmans, mais à cause de la façon même dont la religion musulmane est organisée. Car il faut que cela se sache : l’islam, par nature et dès l'origine, n’est pas organisé. Le CFCM (Conseil Français du culte musulman) est une aberration venue par ébullition intempestive dans l’un des "cinq cerveaux" de Nicolas Sarkozy (dixit Carla Bruni quand elle était "présidente").
L’islam, en réalité, a quelque chose à voir avec les groupuscules trotskistes. Il obéit aux lois de scissiparité et de la dialectique maoïste réunies : « Un se divise en deux ». Quand des trotskistes se retrouvaient à cinq, ils se remémoraient et se fredonnaient (en chantant faux) la chanson de Brassens : « Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on Est plus de quatre, on est une bande de cons ». Le destin du musulman, tout comme celui du trotskiste, est de mourir seul. La division cellulaire est la loi organique des groupuscules trotskiste et de l’islam.
J’exagère ? J'abuse ? Je galèje ? Bien sûr, mais il faut bien s’amuser. Plus sérieusement, au sujet de l’islam, lisez Gouverner au nom d’Allah, de Boualem Sansal (Gallimard, 2013). Vous trouverez une liste (sûrement incomplète) des courants, au nombre de quatre : 1 – Le sunnisme ; 2 – Le chiisme ; 3 – Le soufisme ; 4 – Le kharidjisme. Je ne suis même pas sûr qu’un autre connaisseur proposerait le même découpage. Faisons comme si.
Parce que là où ça se complique, c’est quand ça se subdivise. Rien que pour le sunnisme, il existe « quatre grands rites ». Il faut savoir que les « dignitaires de ces rites se vouent une inimitié fraternelle ». Sansal ajoute : « Ces rites sont : le malékisme, le hanafisme, le chafiisme, le hanbalisme, chaque rite s’étant lui-même scindé en plusieurs branches et rameaux ». N'en jetez plus. Ecoutons le président Mao : « Un se divise en deux ».
Chantons après lui : ainsi soit-il.
Voilà ce que je dis, moi.
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samedi, 13 juin 2015
HONORÉ SOIT DEBUSSY 2
Résumé : je disais que le metteur en scène d'opéra semble n'avoir rien de plus pressé que de manquer de respect aux œuvres. Plus l'agression est « transgressive » ; plus le public est violé avec aplomb ; plus les connaisseurs s'interrogent sur la signification, et plus le metteur en scène jouit de la plénitude de son pouvoir. Je ne sais plus quel chef d'orchestre, trouvant la mise en scène par trop injurieuse pour le bon sens, avait abandonné les organisateurs à leur triste sort : voilà une attitude digne. Il faudrait apprendre à ces messieurs les metteurs en scène un minimum de modestie. Mais l'humilité n'est la qualité que de trop rares exceptions.
2/2
Le monsieur qui "met en scène" fait le plus souvent le docte, le cuistre, le pédant. Son métier est de sinistrer les lieux où il passe, comme Attila. Plus il « dérange », plus il « surprend » le spectateur dans son « confort », plus il est content. Il se plaît à « briser les tabous ». La mode est à provoquer, à jeter le trouble, à inquiéter, à faire « bouger les lignes ». Ce qui a déjà été fait est à jeter à la poubelle. Le mot d'ordre général prend au pied de la lettre l'injonction de Baudelaire au dernier vers des Fleurs du Mal : « Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! ». Traduction en novlangue béotienne : n'importe quoi, pourvu que ça n'ait jamais été fait.
Il y a bien de l’arrogance dans cette façon pour le metteur en scène d’entrer par effraction dans l’univers d’une œuvre pour, a-t-il le front d'oser soutenir, en révéler les contenus potentiels, inaperçus jusqu'à son arrivée, et d’interposer entre cette oeuvre et le spectateur l’écran de la révélation (?) qu’elle a constituée, prétend-il, pour lui.
Il ne se rend pas compte que quand ça devient systématique, (la nudité sur scène, ou toute autre « transgression », jusqu'à l'ithyphallique, à l'urinaire et au fécal), cela devient un académisme, un conformisme d’un nouveau genre. A quelle audace transgressive faudra-t-il hisser la prochaine mise en scène pour briser le stéréotype nouvellement inventé ?
Ces propos acrimonieux m’ont été suggérés par le triste sort qui attend le Pelléas et Mélisande de Debussy, à l’opéra de Lyon du 8 au 22 juin, si j’en crois les propos de Christophe Honoré, metteur en scène. Je m’attends au pire, quand j’observe la photo retenue pour illustrer l’article paru dans la presse locale (Le Progrès, dimanche 7 juin).
Message du metteur en scène : "Faisons descendre les chefs d'œuvre de leur Olympe pour les réduire à notre dimension".
Honoré est très net : « Je fais le choix de l’expressivité, d’une certaine brutalité, dans une esthétique contemporaine. (…) J’installe l’action dans une sorte de friche industrielle, avec des ateliers désertés par les ouvriers, la misère qui rode [sic]. Au milieu, une grande famille bourgeoise ruinée, comme ces dynasties du textile ou de l’acier qui vivent dans le souvenir de leur âge d’or ». Ma foi, ça ou autre chose, après tout … Je me demande quand même, dans ce paysage industriel sinistré, ce qu’il a prévu de faire faire à Golaud, au tout début, qui est censé s'être perdu dans l’immense forêt, à la poursuite d’une bête qu’il a blessée, puis qui rencontre Mélisande. Y aura-t-il une fontaine obscure et profonde au fond de laquelle brille l’or ?
Ces questions n’effleurent pas, apparemment, le metteur en scène : « Je veux éclairer leurs désirs, non les sous-entendus de leurs sentiments ». Je cherche à comprendre la nuance. Christophe Honoré veut, voilà tout. L’idée ne l’effleure pas de mettre son savoir-faire, peut-être son talent, au service de l’œuvre de Debussy. C’est tout simple : il applique le slogan en vigueur de nos jours : « Je fais ce que je veux, na ! ».
Dans la même veine, quoique dans un autre domaine, j’entendais l’autre soir deux éminents niaiseux du Masque et la plume (Patricia Martin, Arnaud Viviant) tresser des couronnes de laurier à la dernière parution d’un certain Jean Teulé, Héloïse, ouïlle !, qui rebâtit à sa façon, si possible pornographique, la fameuse histoire d’Héloïse et Abélard (on comprend bien sûr le « ouille » du titre, quelle marrade, les poteaux !). L'injure est du même ordre.
Jean-Louis Ezine était le seul à partir en guerre contre cette réécriture obscène. Il vit encore dans l'ancien monde, où il arrivait que les hommes résistassent à la veulerie invasive. Voilà donc tout ce qu’un auteur à succès (il paraît qu’il en a, faut-il que les lecteurs soient devenus « des esprits errants et sans patrie ») est capable de tirer d’un chef d’œuvre de notre littérature : une turlupinade. Ezine n’a rien compris à l’époque : il faut briser les tabous, transgresser, se fendre la pipe. Ora pro nobis, euh non : priez porno.
Retour à Pelléas. Olivier Messiaen s’est vu offrir, par Jean de Gibon, quand il avait dix ans (en 1918, donc), une partition chant-piano de l’œuvre de Debussy. Quelque temps après, il était capable de la réciter par cœur dans les moindres détails. Pelléas et Mélisande a toujours constitué pour Messiaen une œuvre fondatrice.
Ce n'étaient pas ses débuts : « On venait de m'acheter des extraits de l' "Orphée" de Gluck, et je regardais le thème en fa majeur du grand air d'Orphée au premier acte, qui est probablement la plus belle phrase que Gluck ait écrite, quand je me suis aperçu que je "l'entendais". Donc j'avais l'audition intérieure - et je ne faisais de la musique que depuis quelques mois » (cité dans l'impeccable biographie de Peter Hill et Nigel Simeone, Fayard, 2008, p. 25). Il raconte aussi qu'étant enfant, il jouait pour son frère (par cœur) les pièces de Shakespeare en tenant tous les rôles.
Je me demande ce qu’il penserait des propos et des intentions de monsieur Christophe Honoré, metteur-hélas-en-scène de ce qui fut à ses yeux le chef d'œuvre absolu.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans MUSIQUE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, opéra, lyon, opéra de lyon, christophe honoré, pelléas et mélisande, metteur en scène, philippe beaussant, la malscène, claude debussy, golaud, le masque et la plume, patricia martin, arnaud viviant, jean teulé, héloïse ouïlle, héloïse et abélard, jean-louis ézine, olivier messiaen, peter hill, éditions fayard, journal le progrès, baudelaire, les fleurs du mal, baudelaire le voyage
lundi, 25 mai 2015
DÉTAILS 4
Ferme l’ombre en sortant de toi.
Laisse dans l’insu
Le souvenir des pas.
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VU A LA CROIX-ROUSSE.
Sommité de la statue de Joseph Marie Jacquard, sur la place de la Croix-Rousse.
Où l'on voit que Jacquard avait des pellicules.
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mercredi, 13 mai 2015
VU A LA CROIX-ROUSSE
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Réforme du collège : tout le monde s'étripe. Nivellement par le bas contre souci d'équité. Je n'entre plus dans le débat : trop de mal a été fait au système éducatif français depuis quarante ans. 1975 : réforme Haby, le collège unique, je ne veux voir qu'une tête, et surtout pas une qui dépasse. On a continué avec la réforme Legrand : classes indifférenciées contre pédagogie différenciée (il fallait à tout prix « enseigner autrement »). Tout comme ça, ça n'a pas arrêté. A force de faire bouger l'édifice, celui-ci a tremblé sur ses bases, les murs se sont lézardés, le logement a été peu à peu rendu inhabitable.
On n'a pas cessé de réformer l'école, réacs élitistes de droite contre progressistes égalitaristes de gauche. Le résultat ? Un manteau d'Arlequin, des tranches napolitaines. On dirait que chaque secteur de l'éducation (école, collège, lycée, supérieur) s'est autonomisé et mis à fonctionner pour lui-même.
Le résultat ? Ce qui était une succession d'étapes le long d'un processus continu est devenu un ver de terre tronçonné, dont chaque morceau ignore superbement les autres. Ce qui a disparu du système éducatif français, c'est la continuité nécessaire du processus que constitue l'instruction publique.
Et je ne parle pas du massacre accompli contre les filières techniques et professionnelles : demandons-nous pour quelle raison mystérieuse les entreprises artisanales en France ont toutes les peines du monde à trouver des personnes qualifiées à embaucher.
Qu'est-ce que l'école, finalement ? Voici la conception que j'aimerais partager : l'école, c'est l'effort accompli par une société, par une nation, pour s'élever parmi les sociétés, parmi les nations. Les performances d'une école dépendent de l'ambition (du « projet », de l' « objectif ») de toute une société, de toute une nation. C'est peut-être là précisément que le bât blesse. Qui voit encore la France en perspective, derrière l'école ?
Voilà ce que je dis, moi.
Note : Je ne suis pas le seul à le dire, et à l'écrire (on peut cliquer pour s'en assurer). Je me sens de moins en moins seul.
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09:00 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, croix-rousse, éducation nationale, système éducatif, réforme du collège, réforme haby, réforme legrand, élitisme républicain
lundi, 11 mai 2015
LE DERNIER FRED VARGAS
Note liminaire : je n'avais pas prévu que Le Masque et la plume inscrirait à son programme du 10 mai le dernier livre de Fred Vargas (ceci dit pour ceux qui ont écouté France Inter hier soir). Sur la chose, le modeste (et néanmoins péremptoire) commentaire qui suit était déjà entièrement écrit.
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Je pensais avoir délaissé le polar pour toujours. Quelqu’un m’a incité, dernièrement, à lire Adieu Lili Marleen, de Christian Roux (Rivages / Thriller, 2015). Désolé, je n’ai pas pu. Cette histoire de pianiste embarqué dans les sales histoires, ça m’est vite tombé des mains. J’ai renoncé. Peut-être à tort, je ne saurai pas, j'accepte l'idée.
L’argument avancé, le miel qui devait attirer l’ours hors de sa tanière, était pourtant alléchant : la musique, et pas n'importe laquelle. Avec des têtes de chapitres du genre interpellant. Pensez : « Opus 111 ». Mieux encore : « Muss es sein ? – Es muss sein ». Vous vous rendez compte ? Mais si, rappelez-vous : la dernière sonate (op. 111 en ut mineur, 1824) et la dernière œuvre (quatuor op. 135 en fa majeur, composé en 1826) écrites par Ludwig van ! De quoi tilter, évidemment, si le mot a encore un sens aujourd’hui. Ben non, je n’ai pas pu.
Mais le quelqu’un en question y est allé plus fort ensuite. Elle est têtue : revenant d’une visite au festival « Quais du polar », qui s’est tenu à Lyon récemment, elle m’a offert le dernier Fred Vargas : Temps glaciaires (Flammarion, 2015). C’est connu : « A cheval donné, on ne regarde pas les dents », tout le monde sait ça.
De Vargas, j'avais déjà lu Pars vite et reviens tard (avec sa fin en pirouette décevante), Sous les vents de Neptune (avec son criminel grandiose qui s'échappe à la fin), Un Lieu incertain (avec son ostéopathe et son évocation originale de Dante Gabriel Rossetti), L'Homme à l'envers (avec son Canadien obsédé par les loups du Mercantour). Des polars corrects qui m'ont laissé des souvenirs assez bons. Pas des chefs d'œuvre, mais. J’ai donc ouvert le livre.
J’ai failli le refermer vite fait. Pour une raison très simple, la même qui m’a fait refermer à toute vitesse Alexandre Dumas, quand j’ai voulu relire dernièrement Les Trois Mousquetaires : le tirage à la ligne. Le moyen est simple : quand vous êtes payé à la ligne, allez à la ligne au bout de trois mots. Les dialogues sont faits pour ça.
Vous organisez une bonne partie de ping-pong verbal entre plusieurs personnages, et vous voilà parti pour un volume épais comme un Bottin de l'ancien temps. C’est flatteur pour vous : vous avez lu cent pages en un temps record. Ici, les personnages ne manquent pas, c'est la brigade que commande le commissaire Adamsberg. A chacun son caractère, et toujours « le petit fait vrai ». C'est merveilleusement interactif. Donc ça permet d'allonger la sauce.
Malheureusement, ça sent le procédé à cent kilomètres. Pourtant, je n’ai pas lâché. A cause d’une circonstance particulière : le livre parle d’Akureyri. Alors là, vaincu, je me suis senti obligé. Je dois quand même dire que si mes chers J. et S. n’étaient pas allés traîner leurs guêtres par là-bas pour guetter les aurores boréales, le nom de la ville serait resté pour moi une suite de sons un peu exotique. Rien de plus. J'aurais laissé tomber.
Timbre portant le cachet de la poste d'Akureyri.
Or il est bel et bien question de l’Islande, dans le roman de Fred Vargas, et de sa région nord : Akureyri, au fond de son fjord, l’île de Grimsey, sur le cercle polaire arctique (66° 66’). Il est question du village de Kirkjubæjarklaustur (ouf !), où est né Almar. Il est aussi question du tölvar, « la sorcière qui compte ». Le tölvar n’est rien d’autre que l’ordinateur, en islandais.
Il est encore question d’un esprit dangereux et impérieux qu’on nomme l’afturganga, qui lance des appels irrésistibles à certains, même très éloignés, et qui châtie à coups de brume absolument impénétrable ceux qui s’attardent chez lui sans son accord. Rögnvar : « L'afturganga ne convoque jamais en vain. Et son offrande conduit toujours sur un chemin » (p. 406). A bon entendeur, salut ! C'est la majestueuse et puissante Retancourt qui sauve in extremis l'équipe et l'enquête. Rögnvar avait raison.
Voilà. Je ne vais pas résumer l’intrigue. Je dois avouer qu’elle est surprenante. En refermant le bouquin, j’ai envie de dire à madame Vargas : « Bien joué ! ». Il est vrai qu’il faut passer par-dessus l’horripilation produite par le choix du mode de relation des faits (le dialogue). La lecture épouse de l'intérieur toutes les circonvolutions cérébrales de l'équipe, les hésitations, conflits plus ou moins larvés entre ses membres, retours en arrière des personnages réunis autour d'Adamsberg. Disons-le : ça peut lasser, si l'on n'est pas prévenu.
L’avantage de l’inconvénient de ce choix narratif, c’est la maîtrise totale du rythme du récit par l’écrivain. Et c’est vrai que ça commence plan-plan, et même que ça se traîne au début. Et puis, insensiblement, ça accélère, ça devient fiévreux, un coup de barre à bâbord, puis à tribord, le vent forcit, la mer se creuse, et ça finit dans les coups de vent et la tempête. Va pour le dialogue, en fin de compte. Je ne suis quand même pas sûr que cette façon d'installer un "climat" soit absolument nécessaire.
A mentionner, le passage par une improbable association d’amoureux de la Révolution française en général et de Robespierre en particulier, qui s’ingénient, à dates fixes, à rejouer les grandes séances des Assemblées, depuis la Constituante jusqu’à la Convention. En perruque et costume, s’il vous plaît. Beaucoup d’adhérents, comme s’ils revivaient les passions de l’époque, se laissent emporter par l’exaltation historique. C’est assez impressionnant. Mettons : original.
Au sujet du bouquin, j’avais lu dans un Monde des Livres un commentaire condescendant d’Eric Chevillard, écrivain de petite renommée hébergé par les Editions de Minuit. J’imagine que dire du mal de la production de Fred Vargas n’est pas un enjeu majeur dans le microcosme littéraire parisien, et que Chevillard ne risque pas grand-chose à flinguer sa consœur. Passons. Quoi qu’il en soit, je sais gré à la dame de s’y être prise assez adroitement pour m’amener à m’intéresser à l’histoire, jusqu’à me permettre de surmonter ma répugnance à affronter tant de parlotes.
Tout juste ai-je noté quelques préciosités de vocabulaire (« alenti », p. 126 ; « étrécies », p. 203) ; quelques bourdes grammaticales ici ou là (« et celle de François Château qui, oui, lui semblait-il, le reconnaissait », au lieu manifestement de « qu’il reconnaissait », p. 193 ; « substituer » au lieu de « subsister », p. 221). Une étourderie scientifique : que je sache, le manchot empereur n'a rien à voir avec les « oiseaux nordiques » (p. 192). Rien de bien grave, comme on voit. Dernière précision : je n'ai jamais vu, dans aucun polar, mettre en œuvre une fausse piste aussi énorme.
Je finirai sur une préoccupation du moment. Manuel Valls, premier ministre, et Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, en plein débat sur la « loi renseignement », ne désavoueraient certainement pas cette parole de Robespierre rapportée p. 331 : « Je dis que quiconque tremble en ce moment est coupable ; car jamais l’innocence ne redoute la surveillance publique ». Robespierre était pour la transparence totale des individus.
Ça fait froid dans le dos, quand on y réfléchit un peu : quand on est innocent, on n'a rien à craindre des intrusions policières. Ça pourrait même faire un argument pour Valls et Cazeneuve : ceux qui protestent contre la « loi renseignement », c'est parce qu'ils sont coupables. Valls + Cazeneuve (+ Hollande) = Robespierre. Drôle d'équation, non ?
Avis à tous les "innocents" qui raisonnent en se disant : « Oh, moi, du moment que je n'ai rien à me reprocher, ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent ». En ces temps d'espionnage généralisé et de collecte intégrale des données personnelles, la phrase de Robespierre est d’actualité ou je ne m’y connais pas.
Ne pas oublier que la période où "l'Incorruptible" dominait porte encore le nom de Terreur. Heureusement, il y eut le 9 thermidor an II (27 juillet 1794). Avis aux actuels adeptes de la « surveillance publique ».
Voilà ce que je dis, moi.
Note : le sanglier visible sur la couverture est un vrai personnage. Il s'appelle Marc. Il protège Céleste. Il a une hure douce comme un bec de canard. Il est à deux doigts d'y passer, à coups de rafales de MP5 (ci-contre) (cliquez pour 1'48"). On est content qu'il survive. Même si les infirmiers ne sont pas contents. Un sanglier à l'hôpital ? Vous n'y pensez pas !!!
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : festival quais du polar, lyon, littérature, littérature française, polar, roman policier, fred vargas, lili marleen christian roux, beethoven, opus 111, muss es sein es muss sein, opus 135, temps glaciaires flammarion, alexandre dumas les trois mousquetaires, commissaire adamsberg, akureyri, aurores boréales, islande, tölvar, éric chevillard, éditions de minuit, manuel valls, bernard cazeneuve, françois hollande, manchot empereur, robespierre, révolution française, loi renseignement, l'incorruptible, la terreur, pars vite et reviens tard, sous les vents de neptune, un lieu incertain, l'homme à l'envers
mardi, 05 mai 2015
VU A LA CROIX-ROUSSE
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Ça ressemble à une maison
D’avant l’électricité
L’image a du mal à vivre
Mais l’œil est tout l’être
Quand le corps est tout seul
Et se confond avec elle
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Note : je précise qu'il conviendrait de ne pas prendre un poème pour la légende d'une photo.
09:00 Publié dans LYON, PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, poésie, croix-rousse