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lundi, 23 septembre 2024

QUELLE TROISIÈME JAMBE ?

Le dessinateur Reiser, grand pilier du Charlie Hebdo de la grande époque, n'aimait pas trop le nucléaire. Voici comment il entrevoyait l'avenir humain parfumé aux effluves atomiques, dans le numéro du 25 avril 1975. J'espère que le dessin n'effarouche personne : nous sommes entre adultes.

1975 04 25 REISER NUCLEAIRE.jpg

Mais la nature n'avait pas attendu la construction des centrales nucléaires pour aberrer à sa manière pour le moins originale. La preuve : la troisième jambe existe, Frank Lantini est même né avec (Martin Monestier, Les Monstres, éd. Le Cherche-Midi, 2017). Et pas celle à laquelle pensent les esprits mal tournés. 

DOUBLE PENIS 1.jpg

Mais sur le fond, Reiser ne se trompait pas, comme le montrent les photos prises par Paul Fusco dans les environs de Pripiat après la catastrophe de Tchernobyl qui, si elle n'a pas encore produit de "troisième jambe", à ce que je sache, a fabriqué de belles monstruosités à l'occasion. 

FUSCO TCHERNOBYL ENFANTS 4.png

Ci-dessous, ce n'est plus de jambe qu'il faut parler. 

FUSCO chernobyl-multiple-sclerosis1.jpg

Il vaut mieux se taire.

lundi, 29 juillet 2024

JE SUIS DE GAUCHE-DROITE ...

... ET INVERSEMENT.

2/2

Dans les mœurs, au contraire, la civilisation européenne (puis occidentale) s'est ingéniée à remettre les normes en question, principalement depuis qu'elle vit sous le régime de la technique omniprésente et toute-puissante, de ses "progrès" et de ses innovations. Regardez pour ça, par exemple, la course au gigantisme des immeubles à laquelle se livrent les pays (Kuala Lumpur et autres tours de Babel). De tels exemples foisonnent.

A cet égard, on n'a pas assez noté à mon sens le caractère profondément subversif du culte de la nouveauté en matière technique : au rythme des inventions, les comportements, les psychologies, les coutumes et les structures mêmes de la société se sont trouvés bouleversés. J'adresse cette remarque à ceux qui pensent encore que la technique est neutre, et que le bien ou le mal qui arrive ensuite n'est que le fruit de l'usage qui en est fait par les hommes.

Cette façon d'intégrer dans nos modes de pensée l'idée des changements permanents dans nos modes de vie, je dirais même cette façon de valider le mouvement continu comme base principale de l'existence, cette façon d'accepter la subversion incessante de nos repères par le surgissement incessant du jamais vu dans notre quotidien, ne pouvait pas épargner le domaine des mœurs, en particulier des codes sociaux et des normes communes admises. Ecoutez le slogan impérieux : « BOUGEZ !!! », ne serait-ce que pour montrer que vous n'êtes pas mort.

Je ne suis ni philosophe, ni sociologue, ni quoi que ce soit, et il y aurait beaucoup à dire sur la promotion de l'individu depuis la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (ouverture des droits sans limitation, émancipation totale, définitive et définitivement insatisfaite), sur la logique implacable du système économique capitaliste dans lequel s'est déroulée l'évolution (mercantilisation, privatisation et rentabilisation de tout), sur l'abandon par la gauche de la défense des classes exploitées pour se reporter sur des thèmes sociétaux (égalité homme / femme, P.M.A. pour toutes, et autres innovations "cruciales"), et sur nombre de sujets que le cadre de ce billet empêche d'examiner. 

Je constate juste que, dans la société d'aujourd'hui, il n'existe plus aucun consensus sur la manière dont les gens doivent se comporter. Il faut dire que, en matière de mœurs, les codes sociaux résultent forcément d'un consensus autour de « ce qui va de soi » en matière de morale. Mais ce que George Orwell, dans ses Essais, appelait la "common decency", c'est-à-dire ce qu'il convient ou ne convient pas qu'un individu se permette de faire, est devenu incompréhensible.

Quels attardés se posent encore aujourd'hui la question de savoir "ce qui se fait" et "ce qui ne se fait pas" ? Bon, il y a bien quelques tabous qui résistent encore : « il faut respecter l'enfant », « on ne tue pas son prochain » ("ça ne se fait pas, ça n'est pas bien", Catherine Ringer ou Brigitte Fontaine), mais en dehors de ça, hein, l'univers des normes, des codes sociaux se trouve à mi-chemin entre l'EHPAD et le cimetière.

Ecoutez bien ce que dit le refrain : « Il faut en finir avec les stéréotypes », et vous aurez une idée de ce qui cherche à s'imposer comme nouveaux stéréotypes. Tout n'est certes pas permis, mais on n'en est pas loin. Comme le dit le tube ancien (1934) de Cole Porter : « Anything goes » : "tout est permis".

On ne parviendra plus à « refaire société », comme le regrettent ou le voudraient les prêcheurs et autres bonnes âmes, avec plus ou moins de conviction. On ne reviendra pas en arrière. Le refrain du « vivre-ensemble » est obsolète, c'est de l'histoire ancienne.  La société comme "corps" (plus ou moins) homogène est morte et enterrée. Margaret Thatcher ignorait ce qu'est une "société" : elle ne connaissait que des "collections d'individus".

Des individus qui, soit dit en passant, en se fiant à des affinités électives, s'affilient à des « communautés » où ils puissent retrouver une certaine homogénéité de groupe. La doctrine anglo-saxonne a vaincu la tradition française, la France s'est mise au pli, pulvérisée en de multiples micro-sociétés, autant de ghettos qui se côtoient et se croisent sans se rencontrer. 

Alors, avec tout ça, où suis-je, moi ? Pour ce qui est de l'économie, je crois toujours qu'il existe des classes sociales, bien que je sache que, dans le bréviaire marxiste, on ne peut parler de classes sociales qu'à propos de masses conscientes et organisées. Je crois à la justice sociale, à la bonne entente de tous sous condition de répartition équitable des richesses, à la restriction et à la réglementation des voracités qui s'exercent aux dépens des faibles et des précaires : pour tout ça, je reste définitivement de gauche.

En ce qui concerne les mœurs, en revanche, je demeure de droite. Je crois que nos désirs n'ouvrent pas forcément sur autant de droits "imprescriptibles". Et je reste stupéfait devant les revendications des homosexuels, des transsexuels, et plus récemment des associations qui exigent qu'on respecte la décision de certains adolescents qui ne savent pas encore quel sera leur sexe à l'avenir (voir le débat autour des "bloqueurs de puberté"). Je crois aussi que la valorisation souvent outrancière voire punitive des particularismes se situe aux antipodes de l'idée même de société.

Je parle évidemment des particularismes religieux, ethniques, sexuels, et de tout ce qu'on appelle complaisamment la « défense des minorités », au nom de laquelle on condamne le « sexisme », le « machisme », le « virilisme » (l'homme, c'est la violence), ainsi que toutes sortes de supposées « phobies » ("islamo-homo-trans-grosso-phobie"). Tous ces juges nieront bien sûr farouchement souffrir de quelque phobie que ce soit.

Personne ne songe plus à s'ériger en défenseur de la majorité : en dehors des élections, les gens qui constituent l'immense partie de la population sont invités à fermer leur gueule, comme si l'homme et la femme ordinaires, les quidams sans revendication de particularisme, bizarrerie ou spécificité dûment admise ou cataloguée, je veux dire comme si les gens normaux n'avaient plus droit de cité.

Car je crois qu'en société une certaine normalité est nécessaire, indispensable, et même souhaitable, quoi que puissent glapir ceux que ce simple mot exaspère. Nulle norme au monde n'a jamais fabriqué deux êtres humains absolument semblables. Quelle terrible menace l'idée fait-elle peser sur l'humanité ?

Je crois aux limites à ne pas dépasser, et cela quel que soit le sujet. Mais je suis réaliste : je sais qu'une telle attitude est vouée à disparaître, et destinée à connaître le même sort que les dinosaures. Je ne reconnais plus grand-chose du monde dans lequel j'ai vécu. Je regarde se défaire, morceau par morceau, le réel qui fut le mien. C'est comme ça et pas autrement. Pourtant, je suis toujours animé par une grande curiosité au sujet de ce qui se passe autour de moi, dans mon quartier, en France et dans le monde.

Alors, au fond de mon terrier, tout en persistant à sortir mon périscope pour ne pas rester aveugle sur la marche du monde, je m'entoure plus égoïstement d'assez de personnes amicales, d'assez de choses agréables, belles et bonnes, pour cultiver divers moyens d'éprouver de la joie. Et j'y arrive ... tant bien que mal.

dimanche, 28 juillet 2024

JE SUIS DE GAUCHE-DROITE ...

... ET INVERSEMENT !

1/2

Il y a fort longtemps (4 mai 2015), j'ai expliqué ici comment, en politique, je me définissais comme étant « d'extrême-gauche-droite ». Bon, d'accord, il y avait sans doute de la boutade dans la bravade ainsi que, probablement, de la galéjade dans la fanfaronnade (ne pas exagérer mon "extrémisme"), mais en même temps qu'un fond de vérité. 

Mon raisonnement reposait, et repose toujours, sur une notion qui devrait être d'une clarté aveuglante pour tout le monde, ce qui n'est hélas pas le cas : la notion de limite. Les curieux qui rendent visite à ce blog de temps en temps connaissent ma conviction : l'absence de limites rend la vie impossible. J'ajoute : l'absence de limites rend impossible l'exercice même de la liberté. Car, contrairement à ce que pensent la plupart des gens (« Etre libre, c'est pouvoir faire ce que je veux »), la première et la plus grande des libertés est celle de dire NON !

A cet égard, on peut affirmer que la façon dont tourne le monde actuel tient de la maladie mentale, de la psychose parano-schizo-névrotique, de la folie des grandeurs et de la volonté de puissance réunies. Ecoutez-les tous, les artistes, théâtreux, peintres, sportifs, et tutti quanti.

Ils ne parlent que « de se surpasser », « d'être prêts à 300% », « de franchir les limites », « de se moquer des frontières », « d'abattre les cloisonnements », « de transgresser les normes », « de casser les codes » (voir Thomas Jolly, le maître d'œuvre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques), « d'en finir avec les stéréotypes » et autres fadaises, fariboles et calembredaines, sur le modèle du funeste « citius, altius, fortius » du père Coubertin, le grand-prêtre et dieu tutélaire de la religion du sport. Le dépassement des limites est devenu la règle. Tout ce qui se présente sous les couleurs de l'écologie et de la défense de l'environnement en sait quelque chose.

Pour moi, au contraire, le principe du respect des limites devrait guider toutes les actions humaines. A croire que je suis moi-même écologiste dans l'âme. Mais absolument toutes, n'est-ce pas, et sans exception, et dans tous les domaines, qu'il s'agisse de l'action politique, de l'action des Etats, de l'action des entreprises (action économique), et de l'action des individus eux-mêmes. Tout n'est pas permis aux Etats, tout n'est pas permis aux responsables politiques, tout n'est pas permis aux acteurs économiques, tout n'est pas permis  aux personnes. 

Quand les Etats se croient tout permis, ils s'appellent Hitler, Staline, Pol Pot ou Khomeiny. En politique, cela s'appelle compromission, retournement de veste, corruption, addiction à l'exercice du pouvoir, etc. En économie, cela s'appelle loi de la jungle, exploitation à outrance des hommes et des choses, liberté pour les loups, prédation des plus voraces sur les plus faibles.

Au niveau des individus, cela s'appelle le grand n'importe quoi moral et psychologique, comme le spectacle cacophonique nous en est donné tous les jours dans le prisme médiatique : il est de plus en plus clair que plus grand monde ne sait à quelle vérité stable se raccrocher. Comme le dit le palindrome-film de l'immense Guy Debord : « In girum imus nocte et consumimur igni » (on peut lire la même phrase en commençant par la fin), « Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu ».

Or quels paradoxes observe-t-on autour de soi ? Quand on se déclare de droite, on est supposé être favorable au libéralisme économique, et parfois le plus extrême : rien ne doit entraver les initiatives. En ce qui concerne l'économie, en effet, on est opposé à toute régulation, à toute réglementation, à toute restriction du commerce et des échanges, à toute loi organisant le monde de l'entreprise et du travail. En gros et en bref : on veut pouvoir faire des affaires sans se faire emmerder par des gens qui n'ont pas bien compris l'importance de certains intérêts particuliers. 

Mais étrangement, ces mêmes personnes (j'excepte ceux qu'on appelle "libertariens"), dès qu'on aborde les problèmes de mœurs, affichent une attitude plus ou moins rigoriste et conservatrice : la famille, c'est sacré — tu parles ! Il faut protéger le patrimoine et sa transmission. L'adultère, l'homosexualité, quelle horreur ! Bon, je ne sais pas dans quelle mesure cela reste vrai aujourd'hui. Passons. Reste la contradiction : où en est-on avec les limites ?

Chez les gens de gauche, c'est l'inverse : en économie, il faut contenir la voracité des appétits de tous ceux à qui les statistiques économiques, les chiffres de la croissance et les possibilités d'enrichissement servent de boussole et de Nord absolu. Pour eux, il faut protéger les travailleurs des contraintes excessives auxquelles les patrons voudraient les soumettre. En revanche, dans le domaine des mœurs, quand on est de gauche, toute contrainte, toute limitation, toute entrave est haïe, pourchassée, pourfendue. Les moindres désirs éprouvés par les individus génèrent automatiquement autant de droits imprescriptibles. Là aussi, contradiction : où en est-on avec les limites ?

Donc, qu'on soit de gauche ou de droite, dans ce schéma (un peu simpliste, je le reconnais), on se trouve face à une étrange contradiction : sous le pied du conducteur de droite, le frein devient l'accélérateur sous un pied de gauche, et le frein, sous le même pied de gauche, devient l'accélérateur du chauffeur de droite.

Comment font-ils pour s'y retrouver dans le fatras des pédales ? Comment peut-on soutenir d'un seul et même mouvement deux attitudes incompatibles entre elles ? Pour ma part, j'ai été un peu aidé, pour résoudre le problème, par la lecture des ouvrages de Jean-Claude Michéa (cliquer pour voir la notice).

C'est là qu'intervient la notion de LIMITES. Appelez ça des normes, et même des stéréotypes si vous voulez. C'est quoi, les normes ? C'est d'abord des statistiques qui servent à définir, par exemple, les dimensions de nos sièges, de nos crayons et stylos, de nos habitations, de nos villes : c'est la façon de fabriquer un environnement à notre mesure. La norme, c'est ce qui ne s'écarte pas trop de la moyenne. Il est clair que ce genre de normes ne se discute pas.

Suitetfin demain.

mercredi, 10 juillet 2024

UNE IDÉE FUNESTE

... ET CARRÉMENT IDIOTE.

L'idée m'a juste traversé l'esprit, peut-être induite par la personnalité décidément invasive de Jean-Luc Mélenchon, cet olibrius qui, sans prendre l'avis de personne, sans aucune concertation avec ses alliés du Nouveau Front Populaire, a commis un véritable putsch de la parole, dimanche soir après le deuxième tour.

Ce sinistre individu qui se prend pour une nouvelle incarnation de la "gauche de rupture", a pris tout le monde de vitesse en tenant un discours copieux devant, paraît-il, des militants de La France Insoumise.

Je note d'ailleurs que des journalistes devaient être à l'affût, car la prise de parole a été diffusée à l'instant même où elle se produisait, et en entier ou pas loin. Il n'empêche que, ce faisant, ce politicien louche et tant soit peu caractériel, a imposé une préemption de L.F.I sur la gauche issue des urnes. C'est évidemment inacceptable.

L'idée en question est en fait un souvenir : c'était en 1974, lorsque des allumés néofascistes (Alain Robert et François Brigneau), ont fondé un parti dissident du Front National de Jean-Marie L.P. : le P.F.N., ou Parti des Forces Nouvelles, qui a quelque temps défrayé la chronique, puis est tombé dans l'oubli. 

L'idée idiote et fausse qui s'est présentée à moi est la suivante : pourquoi ne pas rapprocher le N.F.P. du P.F.N. ? La gauche en tout cas n'a pas anticipé un tel rapprochement. C'est logique. Rien à voir. Mais quand même, le sigle du Nouveau Front Populaire ressemble furieusement à celui du Parti des Forces Nouvelles, non ? Alors je me suis livré au petit jeu suivant, si absurde que soit la démarche, en partant du logo officiel du parti facho. Jugez plutôt.

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Un peu troublant quand même, non ? Alors mettons que je n'ai rien dit. Idiot à la base, cela reste idiot à l'arrivée.

jeudi, 27 juin 2024

MACRON N'A RIEN COMPRIS

UN PRÉSIDENT "IN VITRO".

Emmanuel Macron est, selon la plupart des gens qui le connaissent, un homme d'une grande intelligence. Je suis enclin à reconnaître la haute altitude de cette intelligence. Je reconnais aussi ne plus subir ces hontes épouvantables que j'éprouvais chaque fois que François Hollande et Nicolas Sarkozy, ses prédécesseurs, prenaient la parole en public pour répondre à des questions de journalistes ou tenir des discours officiels. Emmanuel Macron détient les secrets d'une éloquence plus que convenable. 

Alors comment se fait-il que, chaque fois que j'entends aujourd'hui sa voix dans le poste, je coupe aussitôt le son ? Que s'est-il passé ?

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Dessin de Dutreix, Le Canard enchaîné, 26 juin 2024.

Selon moi, la réponse tient dans un seul mot : la faillite ! D'après ce que je peux percevoir de l'actualité et de l'actuelle situation politique, économique et sociale de la France, nous avons assisté, dans les temps récents, à la faillite de l'intelligence d'Emmanuel Macron. Tout le monde voit avec effroi et stupéfaction le président en exercice acheminer de plus en plus vite ce qui reste de ses mandats vers une issue de plus en plus sombre.

Pour commencer, je note que, non content de ne pas se taire, comme l'en conjurent même ses plus proches amis, il ne cesse plus, à chaque instant, de parler. Enfin, je dis parler, alors que je devrais dire baragouiner, jaspiner, bonimenter, phraser, dégoiser, rabâcher, improviser, haranguer, bref, tout le toutim. C'est une vraie colique. Une débâcle d'entrailles, hélas accompagnée de terribles flatulences, façon Michel Piccoli dans La Grande Bouffe (vous vous rappelez la scène chatoyante, sur le perron de la villa).

Partout, dans tous les médias, à tous les micros, dans toutes les oreilles vulnérables qu'il lui arrive de rencontrer. C'est une maladie dont il souffre depuis longtemps, mais de chronique, elle est devenue aiguë. 

Alors voilà, M. Macron n'a rien compris. Voyons d'abord la Nouvelle-Calédonie : voilà-t-il pas qu'il fait emprisonner en France métropolitaine des Kanaks, coupables d'avoir fomenté des troubles qui vont coûter très cher à la population du Caillou.

La réaction n'a pas tardé : les violences (qui ne s'étaient jamais vraiment arrêtées) ont repris de plus belle. Ah mais c'est qu'il écoute les gens, notre Macron national, et même mieux : il les entend, le plus souvent de loin, car il y a toujours beaucoup de casques, d'uniformes et de lacrymogènes entre lui et les foules déchaînées. Moralité : il n'y a pire sourd que Monsieur Macron. Quelle clairvoyance, monsieur le Président !!! Redoutable sourd, doublé d'un infernal aveugle. A moins qu'on voie en lui le simple touriste de l'excellent proverbe africain : « Le touriste est celui qui ne voit que ce qu'il sait ».

Une autre preuve qu'il n'a rien compris, je l'ai entendue sortir de sa propre bouche il y a quelques jours : « J'ai bien entendu le message que les Français m'ont adressé le 9 juin : ils auraient voulu que nous allions beaucoup plus vite et plus fort dans les réformes ! ». Je cite en substance, c'est globalement approchant, mais je garantit l'authenticité de "plus vite et plus fort".

Franchement, je finis par me demander de quelle planète cet infirme de la comprenette a débarqué chez nous. Franchement, je me demande quelle langue il parle, mais aussi quelle langue exotique il comprend. Visiblement, il passe dans la réalité — celle dans laquelle nous autres les gens ordinaires pataugeons en temps ordinaires — à la façon dont Pierce Brosnan en James Bond traverse une muraille de flammes : même pas décoiffé, le gars !!! Pas un hématome !!! Pas un froissement dans le costard trois-pièces !!! Le corps, l'esprit et les vêtements de Macron restent indemnes et intouchés après les pires confrontations avec la vraie réalité. C'est à se demander s'il peut vieillir.

Je me souviens d'avoir lu il y a quelques années un excellent livre que François Ruffin avait adressé à son ancien condisciple de lycée, devenu depuis Président de la République. Le titre en était particulièrement bien trouvé : Ce Pays que tu ne connais pas (Les Arènes, 2019, j'avais rendu compte ici de ce bouquin), et le sous-titre ne manquait pas de pertinence à l'époque tout en montrant une certaine empathie à son égard : "Bienvenue en France, Monsieur Macron".

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Ce que je me rappelle du propos, c'est, entre autres, que la connaissance qu'Emmanuel Macron a des diverses populations qui vivent en France est essentiellement une connaissance par ouï-dire, une connaissance indirecte, une connaissance exclusivement médiée par des dossiers, des chiffres et des concepts. Comme s'il évitait comme la peste de confronter à qui et à quoi que ce soit de concret par l'expérience personnelle la masse de ce qu'il a ingurgité, appris et cru comprendre.

En 2017, les Français ne savaient pas qu'ils avaient élu, en quelque sorte, un « président in vitro ». C'est d'ailleurs à cause de cette incapacité congénitale à s'incarner en « président in vivo » qu'un nombre toujours croissant d'électeurs et même de responsables politiques le supplie de fermer sa gueule.

Il ne sait pas, le pauvre homme, que les pratiques de laboratoire, de recherche et d'éprouvettes, ont toujours, dans les bonnes pratiques scientifiques, besoin de subir contrôles divers et vérifications multiples en grandeur nature avant d'être validées. Il aurait peut-être l'impression de se salir les mains ? Il préfère peut-être respirer l'air abstrait des idées supérieures (vous savez, celles qui n'aiment ni la boue, ni le vent, ni les intempéries).

Le problème de Macron, c'est que les gens auxquels il croit s'adresser ne sont pas des abstractions, mais des êtres de chair et d'os, qui existent, s'efforcent de persévérer dans leur être, savent ce que c'est que de prendre des coups et qui, quand la moutarde leur monte au nez, sont capables de manifester leur désaccord, leur réprobation ou leur colère : dans la rue, sur les ronds-points ou dans les urnes. Avec les européennes, ils ont voulu donner un coup de poing à Macron (jab ou uppercut, je n'ai pas de préférence). 

Le malheur veut qu'en l'occurrence et en même temps que le président, ma propre gueule ait pris une partie de ce coup. Mais ça ne se passera pas comme ça, Monsieur Macron : vous êtes un maillon de la chaîne de responsabilités. Vous avez une dette envers la France.

lundi, 21 novembre 2022

CLÉ DE MOTIVATION

4 OCTOBRE LUCE.JPG

Ce n'est pas moi, hélas, qui ai  pris cette photo (sur laquelle, par-dessus le marché, je me suis bassement permis d'intervenir). Toutes mes excuses à l'auteur.

mercredi, 13 juillet 2022

À CAUSE DES RATS

RUE CUVIER 129 PETITE ANNONCE 1969.png

Le texte : « A. cause des Rats ne. mettez pas de manger dans les poubelles. pendant La. journée S.V.P. ». Texto !

129, rue Cuvier, en 1969, photo ©D.R.).

mercredi, 29 juin 2022

SAUTONS SOUS LA PLUIE

« I'M JUMPING IN THE RAIN !!! »

photographie,henri cartier-bresson,martin munkacsi,elliott erwitt,richard avedon

HENRI CARTIER-BRESSON.

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MARTIN MUNKACSI.

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ELLIOTT ERWITT.

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RICHARD AVEDON.

***

Allez ! Du jarret !

jeudi, 17 mars 2022

UN TRÈS JOLI PAPIER PEINT

VITRAIL SAINT GEORGES 1987 09 08 MQUINONES.jpg

Photo de Marcos Quinones (1987). Le dessin qu'on voit derrière ce vitrailler du quai Fulchiron, et qui mérite que les amateurs de "curiosa" le regardent d'assez près pour en goûter les détails intéressants, figure depuis cette époque, on n'en doute pas, sur le très beau vitrail commandé par un client soucieux de mettre du piment dans la décoration de son intérieur.

vendredi, 05 novembre 2021

JULES SYLVESTRE, PHOTOGRAPHE ET LYONNAIS

En farfouillant dans le riche "Fonds Sylvestre" de la Bibliothèque Municipale de Lyon, j'ai fini par me faire des réflexions, évidemment, sur la façon  des faire des photos, sur la manière de choisir un sujet, un angle, une lumière, une distance, etc. Mais j'ai aussi et surtout découvert une collection de photos difficilement surpassable pour qui veut se faire une idée des transformations que la ville a connues — et bien souvent subies à son corps défendant — au cours de la seconde moitié du XIX° siècle et de la première du XX°.

J'ai vite appris que faire le distinguo entre les photos dont Sylvestre était l'auteur et celles qu'il avait rachetées pour faire partie de son fonds n'est pas toujours facile. Car les fiches de la BML sont parfois surprenantes, qui présentent Sylvestre comme l'auteur de photos prises circa [= ca] 1860, alors qu'il est né en 1859. Le photographe au berceau, quoi !!!

CIRCA 1860 AUTEUR JS.jpg

Un exemple de notice de la BML, livré sans autre modification que la police de caractère. 

titre[L'Eglise Saint-Georges vue depuis la rive gauche de la Saône]
date de prise de vue[ca 1860]
lieu d'éditionLyon (Rhône)
période1848-1870
genre iconographiquevue d'architecture
sujets (lieux)
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0546 SA 03-31
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc, d'après calotype ; 19,5 x 25,5 cm
descriptionPrise de vue depuis le quai Fulchiron.
note à l'exemplaireCliché Sylvestre, tirage de Guy Borgé.
***

Soit il y a erreur sur l'attribution, soit (pourquoi pas ?) Sylvestre a pris, plus tard, un cliché du verre positif (c'est comme ça, à tort ou à raison, que je comprends "d'après calotype"). Il faut savoir que Jules Sylvestre, quand il a été solidement établi, a collectionné un grand nombre de photographies de ses contemporains et prédécesseurs, et que la BML ne fait pas toujours la distinction entre les clichés pris par Sylvestre en personne et ceux qu'il a achetés au cours de son existence. Le tout est fondu dans le « Fonds Sylvestre ». Bon, mieux vaut le prendre à la rigolade, le problème est modérément regrettable et il ne faut pas trop chinoiser. Je suis quand même heureux, par exemple, que les photos de Louis Froissart (j'en ai déniché une cinquantaine dignes d'intérêt) apparaissent sous le nom de celui-ci, quoiqu'appartenant au "Fonds Sylvestre".

Le photographe a installé son magasin, son laboratoire, peut-être son domicile et semble-t-il une salle de projection non loin de la préfecture, à l'angle de la rue de Bonnel et du quai Augagneur. L'édifice ne manque pas d'originalité, comme on peut le voir ici. La photo est de 1962, nous disent les Archives Municipales de Lyon. On peut voir dans le fond un bout du toit de la préfecture.

RUE BONNEL 1962 AUGAGNEUR SYLVESTRE.jpg

En 1962, venant du quai Lassagne, je passais dans le coin une fois par semaine pour faire un peu de sport rue de l'Epée après avoir fait une halte indispensable au 39 cours de la Liberté, et je dois avouer que je n'ai jamais fait attention au curieux décor ... qui n'allait pas tarder à disparaître. Car l'îlot défini par les rues Pravaz et Bonnel (N/S) et par le quai et le cours de la Liberté (E/O) devait laisser place à un jardin auquel on donna le nom du brillant et fameux Résistant Charles Delestraint, mort en déportation.

Au cours de mes déambulations photographiques dans le fonds Sylvestre, je n'ai quasiment pas trouvé de photo signée de sa main en direct sur le verre. Une exception remarquable : les funérailles de Sadi Carnot, assassiné à Lyon en 1894. Cela fait un peu photo officielle, car le cliché était sans doute destiné à une large diffusion, quand on observe la calligraphie soignée : « Les funérailles de Carnot — Sylvestre ».

1894 06 FUNERAILLES CARNOT JSYLV.jpg

C'est d'ailleurs l'occasion de redire tout le mal que je pense des tirages de Guy Borgé, qui dans tout son travail donne la priorité absolue à l'impression de fondu sur la précision du trait. Regardez plutôt.

1894 06 FUNERAILLES SADI CARNOT.jpg

Je pourrais souligner mon point de vue en comparant quelques détails après grossissement, mais je préfère conclure avec deux beaux tirages. Le premier, qui est de 1887, montre ce qui était alors l'Ecole de Médecine. Ce n'était plus la Médecine, mais les Lettres qu'on y enseignait quand j'ai commencé à fréquenter ce bel établissement quelque quatre-vingts ans plus tard (faites le calcul et tirez-en les conclusions que vous voulez). Je trouve géniale l'idée de placer l'appareil très bas pour saisir toute la largeur pavée du quai Claude Bernard, et j'apprécie en particulier le piqué précis de l'image.

1887 FAC DE LETTRES CLAUDE BERNARD FJSYLV.jpg

Le second représente ce qui deviendra plus tard la place Benoît-Crépu, après démolition de quelques bâtisses. Auparavant, l'endroit s'appelait Port-Sablé, ne me demandez pas pourquoi. L'image me paraît belle par l'équilibre des lumières et des ombres. Et puis je dois dire que les étais visibles et la façade couverte d'affiches ne sont pas pour rien dans l'affection que je porte à cette photographie présentée comme l'œuvre de Jules Sylvestre.

1901 PORT SABLé BENOÎT CREPU.jpg

dimanche, 24 octobre 2021

UNE PHOTO PARFAITE

Photo trouvée sur le site de la Bibliothèque Municipale de Lyon, sous le titre :

« Escalier menant au bas-port du Rhône ».

BAS PORT DU RHÔNE FJSYLV.jpg

Une plaque de verre de format 13 x 18 cm. appartenant au fonds "Jules Sylvestre" de la BML. Pas d'autre information.

Rien sur l'auteur de l'image. Rien sur l'époque ou la date du cliché, à part un pauvre  [19..?]. Rien sur l'emplacement exact de ce chef d'œuvre architectural digne des jardins d'un château de la Loire. Un chef d'œuvre photographique aussi, non seulement par le cadrage, mais aussi par le choix du moment, avec sa luminosité savamment diffuse.

Une question. Où est-on ? Spontanément, je dirais volontiers : en dessous de la place Tolozan. Rien de sûr, évidemment. Autre question : quel urbaniste criminel a établi les plans d'un projet qui incluait la destruction d'une telle merveille ?

Contrairement à ce que prétend une publicité imbécile entendue sur les ondes hertziennes, le BEAU n'a pas toujours raison.

***

Note : après quelques vérifications, il semble impossible de situer cette architecture au niveau de la place Tolozan. Le mystère reste entier.

dimanche, 17 octobre 2021

RENÉ LANAUD, PHOTOGRAPHE

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Cette photo a été prise rue Saint-Jean le 10 novembre 1991. Quand je suis tombé dessus sur le site de la B.M.L., j'ai eu la surprise de reconnaître l'une des personnes présentes à l'image. Car on est au 29, rue Saint-Jean (maison Le Viste), là où un nommé Avon a fondé la librairie Diogène en 1974. C'est justement lui qu'on voit, dix-sept ans plus tard, installé dans son fauteuil dans son attitude favorite, devant le magasin à profiter du soleil de novembre. Je doute (je peux me tromper) que René Lanaud ait su exactement quelle figure de la librairie lyonnaise d'ancien il immortalisait ainsi : il faut avoir connu Avon.

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Avon avait une conception tranquillement épicurienne de l'existence. En affaires, il était direct et redoutable : « Je suis ardéchois », avouait-il en guise d'explication. Sa barbe dense et proliférante devait être pour quelque chose dans l'"explication". Cela ne m'a pas empêché [j'ai eu cette chance], juste à l'ouverture de son échoppe (ce n'est que plus tard que c'est devenu une "entreprise"), de lui acheter pour une somme outrageusement modique les Œuvres Complètes d'Alfred Jarry.

C'était l'édition 1948 de René Massat (Fasquelle et Kaeser), et en tirage de tête s'il vous plaît (N°F22 sur "grand vélin filigrané Renage"). Une belle édition toujours méprisée par le cercle des Vestales du Collège de 'Pataphysique, qui veillent hargneusement sur les mânes du père du Père Ubu, et qui persistent à coller des guillemets à "complètes" au prétexte l'inventaire des œuvres et l'établissement des textes manquent de sérieux. Même si ces cerbères n'ont pas entièrement tort, et qu'il faut leur reconnaître une grande rigueur, leur susceptibilité au sujet de tout ce qui concerne Alfred Jarry montre tous les symptômes de la maladie sectaire. 

En 1974, M. Avon débutait à peine, il n'était sans doute pas au courant des prix du marché et il essayait de mettre un peu d'ordre dans la masse de livres qu'il avait achetés pour inaugurer son commerce. A sa décharge, il faut ajouter que quatre des huit volumes avaient subi une très vilaine reliure d'amateur, dotée de quatre "faux nerfs", viles boursouflures comme des cicatrices mal soignées, du plus mauvais effet. M. Moura, le relieur de la rue Sala à qui j'avais confié la tâche de réparer les dégâts, avait fait une mine apitoyée.

La maison s'est bien rattrapée ensuite : il m'est arrivé d'assister à une vente aux enchères où le successeur d'Avon, un barbu plus falot mais aux puissants moyens, devenu une sorte de terreur sur la place de Lyon, a gardé d'un bout à l'autre de la vente la main levée, au point de rafler l'intégralité des lots (ou presque : le commissaire priseur a dû lui en vouloir, car plus personne n'osait enchérir contre lui).

Rue Saint-Jean, en face de "Diogène", sévissait J.P.C., un moustachu caractériel qui vendait d'occasion, aux clients dont la tête lui revenait, des disques de jazz (c'était l'époque des vinyles), en particulier des exemplaires du service de presse, reconnaissables à l'encoche que l'éditeur y découpait dans un des angles supérieurs. Je n'ai jamais su sur quels indices il s'appuyait pour refuser mordicus de vous délivrer quelque petit trésor dissimulé sur les rayons du bas.

Aux dernières nouvelles, je me suis laissé dire que la librairie Diogène a des soucis avec le propriétaire des murs : il semblerait que le loyer exigé soit soumis à la même scandaleuse logique spéculative que celle qui, après avoir failli détruire le Café de la Cloche (rue de la Charité), a jeté dehors la pizzeria Carlino (rue de l'Arbre-Sec), au grand dam de Carlino lui-même, de ses amis et de la foule des amateurs qui fréquentaient le lieu. J'aime à penser que, si Avon était encore aux manettes, on aurait droit à un beau spectacle bien "musclé" entre le propriétaire et son locataire.

Je me dis qu'il est loin, à Lyon, le temps où un père de famille nombreuse au revenu somme toute modeste avait malgré tout les moyens de loger sa smala entière dans les 300m² d'un superbe appartement du quai Lassagne où il pouvait se donner des airs de grand bourgeois, sur le parquet "Versailles" et sous un plafond à 4,2 mètres, où le thermomètre en hiver avait du mal à dépasser le seuil des 14°C à hauteur d'homme.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 16 octobre 2021

RENÉ LANAUD, PHOTOGRAPHE

René Lanaud, 1921-2007.

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Ektachrome fait des merveilles, mais le regard du bonhomme n'est pas mauvais non plus, ainsi que les circonstances. Vu le dessin assez particulier de l'arête montagneuse, je pense qu'il n'y a pas besoin de préciser le lieu de prise de vue.

mercredi, 06 octobre 2021

PARLONS PHOTOGRAPHIE

Fouiner dans le patrimoine photographique déposé à la Bibliothèque Municipale de Lyon, c'est diablement intéressant. Principalement parce qu'on ne cesse d'apprendre toutes sortes de choses sur la ville de Lyon (et parfois lieux circumvoisins). Mais aussi parce qu'on découvre dans ces archives la façon dont toutes sortes de gens armés d'un appareil photographique portent leur regard sur leur cité. Et puis il arrive, dans un détour du défilement des images, que certaines anomalies apparaissent, à peine dissimulées dans un recoin inaperçu. Ainsi, en parcourant les richesses du "Fonds Sylvestre" (Jules Sylvestre, 1859-1936), je suis tombé sur un cliché qui a piqué ma curiosité : une automobile Hotchkiss conduite par un chauffeur coiffé d'un béret, sur fond de bâtiments en construction, circa 1930.

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Là, on me dira ce qu'on voudra, mais c'est trop sombre.

La première curiosité se trouve dans la légende accompagnant la photo. Aucun doute sur la marque de l'auto et les bâtiments en construction : il s'agit bel et bien d'une Hotchkiss et de l'Hôpital de Grange-Blanche autour de l'année 1930. Toutes les occurrences sont d'accord. Là où un certain flou introduit une certaine incertitude, c'est que dans un cas on nous dit que c'est le véhicule officiel de la mairie de Lyon, que l'opérateur a immortalisé lors d'une visite d'Edouard Herriot sur le chantier, accompagné de l'architecte du projet, Tony Garnier ; et que dans un autre, on (j'ignore qui) fait de l'automobile la propriété de Tony Garnier.

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Ici, un léger mieux : il y a une éclaircie.

La deuxième curiosité se situe dans le travail de laboratoire, d'où est sortie l'épreuve papier que le spectateur a aujourd'hui sous les yeux. Il se trouve qu'un certain Guy Borgé (1925-2013) est l'auteur d'une foule des tirages aujourd'hui en possession de la B.M.L. Je laisse au visiteur le soin d'apprécier ou non les choix effectués par le nommé Guy Borgé, aviateur et photographe, quelqu'un qui est censé avoir de bons yeux. Je me permets seulement de regretter que l'institution lyonnaise détienne trop peu d'originaux sortis directement du laboratoire de Jules Sylvestre en personne, tant la façon dont le tireur a conduit sa tâche me donne l'impression d'un ratage (j'ose le mot). Certes, on peut être esthétiquement séduit par le choix du sépia et l'effet ainsi produit par la diffusion de la lumière.

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Alors là je dirai juste : y a pas photo !

Je regrette quant à moi que cet apparent avantage s'obtienne au détriment de la netteté et du "piqué". C'en est au point que lorsque je tombe sur une photo sépia, j'ai maintenant la tentation spontanée de l'attribuer à Guy Borgé, ce que confirme bien souvent la rubrique B.M.L. "Note à l'exemplaire". Ce n'est pas que les photos tirées par Borgé soient laides, bien entendu, mais j'ai fini par me demander si ce dernier ne souffrait pas de myopie, pour que dans leur immense majorité, ses tirages soient flous, jusqu'à rendre inidentifiables les traits des personnes photographiées. Haro sur Guy Borgé !

Et je me souviens de mes travaux photos confiés à M. Mortier, photographe unijambiste qui exerçait dans son magasin du centre de Sainte-Foy-lès-Lyon, surtout vers la fin de son activité, et que le sujet des photos qu'il  me rendait avait tendance à s'estomper dans une sorte de "sfumato" qui n'avait rien de pictural.

jeudi, 23 septembre 2021

QUE C'EST BEAU, LA STRUCTURE !

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photographie,lyon,villeurbanne

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lundi, 13 septembre 2021

BOÎTES AUX LETTRES DU MONDE D'AVANT

BOÎTES DE VILLE ET BOÎTES DES CHAMPS.

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A lire sur la boîte :

« La [1°] levée de [Jeudi] est faite. »

« Nombre de levées : [1]. »

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La petite annonce : 

« Rames à vendre ».

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Tout ce qu'on sait, c'est que la personne habite à Villeurbanne.

Toutes photos ©D.R.

samedi, 04 avril 2020

PHOTOS DU CONFINEMENT

Le confinement n'a fait que développer et accentuer chez moi une pente naturelle : voir des choses intéressantes dans la banalité du décor le plus quotidien. Par exemple, je tiens (depuis 1980) de ma chère tante Marie-Thérèse, qui fut d'une piété impeccable et qui avait bon goût, un bénitier qui a ceci de particulier qu'y est figuré un tableau de Filippino Lippi (1457-1504), fils d'un curé dévergondé et peintre génial, Fra Filippo Lippi (1406-1469). On y voit une Vierge Marie agenouillée mains jointes devant un Jésus dodu et tout nu, et accompagnée d'un ange et de Saint-Jean Baptiste. Voici ce que ça donne quand la lumière se met à faire des siennes sur la surface curieusement modelée.

D'abord le thème de base.

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A présent, les variations.

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Les "artistes-plasticiens" à la mode d'aujourd'hui peuvent toujours s'aligner : la lumière et la réalité seront toujours les plus fortes.

samedi, 01 février 2020

ŒUF AU VINAIGRE

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Photo d'un œuf immergé depuis une demi-douzaine d'heures avec sa coquille dans un verre rempli de vinaigre de cidre.

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Autre aspect du même, un peu plus tard.

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Après vingt-quatre heures, ce qui reste de la coquille, singulièrement ramollie, mais aussi de sa couleur originelle, dont des doigts trop curieux n'ont laissé que quelques souvenirs.

mercredi, 29 janvier 2020

2020 : QUELQUES PHOTOS, ENCORE ?

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lundi, 09 décembre 2019

FAÇON DE REGARDER

photographie,lyon,saône

La Saône charrie beaucoup d'alluvions. Après la crue, il faut nettoyer la berge "au kärcher".

(Photo prise – "en plongée" – le 12 février 2018 à 17h 20.)

dimanche, 08 décembre 2019

FAÇON DE REGARDER

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Photo prise quelque part (peut-être une embouchure, mais de quel cours d'eau ?) en Bretagne en 1938, tirée d'un album de famille. La plupart des autres photos qu'on y trouve sont, y a pas à tortiller, de qualité "album-de-famille". Je veux dire : pas de quoi se relever la nuit pour la réussite esthétique.

Mais je trouve celle-ci remarquable à tout point de vue.

samedi, 07 décembre 2019

FAÇON DE REGARDER

MON ARCON (temporain) ...

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... OU MON CÔTÉ ZEN ?

vendredi, 06 décembre 2019

FAÇON DE REGARDER

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La géométrie urbaine contrariée par divers aléas de matière et de texture, mais ainsi impeccablement soulignée.

jeudi, 05 décembre 2019

FAÇON DE REGARDER

photographihe,marmotte

Là, quelque part en Vanoise, nous avions joué à "Un, deux, trois, Soleil" ! Et la marmotte, gentiment et pas trop effarouchée, n'avait pas été trop regardante sur le respect des règles du jeu.

On dirait presque un exercice de peinture, vous ne trouvez pas ?

mardi, 03 décembre 2019

FAÇON DE REGARDER

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Au cimetière de Francheville (Rhône), autour du 15 novembre, en pensant à P.