jeudi, 26 septembre 2024
C'ÉTAIT L'ESPRIT HARA KIRI
Je ne vais pas faire l'éloge du grand hebdomadaire fondé en 1969 par François Cavanna et Georges Bernier, alias "professeur Choron" (du nom de la rue où la revue siégeait), et assassiné par un certain Raymond Marcellin, ministre de l'Intérieur, en novembre 1970 pour crime de "lèse-Sa-Majesté-De-Gaulle" ("Bal tragique ..." etc.).
Je ne vais pas non plus me lancer dans une analyse savante des tenants et aboutissants de la rupture violente qu'a représentée l'entreprise dans le paysage de la presse d'alors, dont la doctrine était plutôt de ramer dans le même sens que les mouvements d'opinion que les divers organes voulaient servir.
"Bête et méchant", slogan revendiqué, "mauvais goût", "provocation" et autres qualificatifs désobligeants porté par ceux qui se pinçaient le nez face à l'objet, oui, c'était un esprit pour le moins clivant. Du mauvais esprit bravement décomplexé.
Je veux juste ici donner à percevoir la façon dont la bande de joyeux drilles traitait événements et faits relevant de l'air du temps. Tout passait par la moulinette : les tabous, les stéréotypes, les conventions, le convenable, la pudeur. Rien n'échappait au jet de vitriol. Juste tout ce que les nouveaux stéréotypes, les actuels tabous cloueraient au pilori et assigneraient en correctionnelle.
Je prendrai pour exemple un ancêtre de nos campagnes de défense de l'environnement, en l'occurrence celle guidée par le mot d'ordre édifiant « Un bébé, un arbre », dont on voit les traces dans ces quelques documents remontant à l'année 1971.
On voit ci-dessous la façon dont chaque membre du groupe pose son propre regard — singulier — sur le thème.
A tout seigneur, tout honneur : la revue princeps prend au pied de la lettre l'expression "Le choc des photos" popularisée par un hebdo qui n'avait vraiment rien à voir, c'est le moins qu'on puisse dire. On peut voir dans cette image la patte du professeur Choron, provocateur en chef (Chenz était sans doute le photographe).
Et puis, dans l'ordre, le somme toute gentil Cabu (ici, car un des plus féroces en général), puis le sévère Gébé, révolté par les atrocités commises par les Américains au Vietnam, à coups de bombes et d'agent orange. En conclusion, le ricanement sardonique de l'impitoyable Reiser.
Toutes ces gaudrioles sont à placer sous le signe de l'humour (noir, évidemment), je le rappelle. Et dois-je le dire, je regrette profondément qu'un tel esprit ait été chassé de l'ensemble du paysage médiatique actuel.
Aujourd'hui, où la France est dirigée, gérée, digérée par des charlots qui se foutent bien de l'avenir du pays, on éprouve la cruelle absence des Cabu, des Gébé, des Reiser, des Fournier, et même des Choron, tant il y a de gens, de groupes de gens, de groupes de pression, de "communautés" qui se prennent aujourd'hui très au sérieux, tant de cohortes vigilantes ou militantes qui veillent à ce que nul ne porte atteinte à leur "identité", une identité devenue sacrée, un de ces nouveaux tabous qui faisaient hurler de rire ou entrer en fureur la bande des voyous qui faisaient Hara Kiri.
Car ce n'est pas l'actuel Charlie Hebdo, sorte de pauvre ectoplasme végétatif et laid de son modèle, qui peut prétendre assumer l'héritage. Et je vais vous dire : c'est parce que ce Charlie Hebdo-là se prend trop au sérieux.
L'esprit Hara Kiri est mort et enterré, laissant orphelins des tas de gens atterrés devant le spectacle du monde tel qu'il va mal.
De profundis.
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : humour, hara kiri, françois cavanna, georges bernier, professeur choron, rue choron paris, bête et méchant, un bébé un arbre, cabu, gébé, reiser, charlie hebdo, guerre du vietnam, agent orange
mardi, 24 septembre 2024
UN GOUVERNEMENT DE POTICHES
Je veux voir dans un article somme toute bref, mais remarquable, du journal Le Monde (numéro daté de samedi 21 septembre 2024) un signe qui ne trompe pas : le gouvernement constitué autour de Michel Barnier à grands renforts de sueur, de suspense et de forceps est bien un gouvernement de potiches.
Signé Nathalie Segaunes, cet article met le plein flash sur le rôle caché mais terriblement efficace de quelques individus constituant une sorte de garde rapprochée autour du président Macron. On les surnomme « la bande des quatre » (je laisse ici de côté la référence à Mao Tsé Toung, vous savez, le procès, Chiang Ching et tout le toutim).
Les quatre ne sont pas totalement interchangeables : Alexis Kohler, le manitou en second de l'Elysée, il est E.S.S.E.C.-E.N.A., alors que pour les trois autres, ceux qui sont chargés de cornaquer tour à tour les services de Bercy ou tel cabinet de tel ministre, on a respectivement : Emmanuel Moulin (E.S.S.E.C.-E.N.A.), Jérôme Fournel (H.E.C.-E.N.A.) et Bertrand Dumont (Normale Sup.-E.N.A.).
A quelque poste qu'ils soient nommés, Moulin, Fournel et Dumont sont instamment priés de reter en contact étroit avec Kohler. Rien que des premiers de la classe, des professionnels, mais aussi et surtout une chouette bande de chouettes copains, autant que de fidèles serviteurs des volontés du président.
Voilà comment monsieur Macron "tient" l'administration la plus chère à son cœur (économie, finances et tout ce qui va avec). Quatre "as" qui doivent une partie au moins de leur carrière à Bruno Le Maire, vous savez, le forcené de la "réduction des dépenses de l'Etat" et l'ennemi déclaré de la dette et de la puissance publique (c'est-à-dire ce qui fait le bien commun). Ah tiens, Jérôme Fournel est allé "seconder" Barnier à Matignon : quelle surprise !
Il faut dire que ces quatre mousquetaires dépassent tous les ministrables par la qualité et le niveau de leurs études. La preuve ? Nathalie Segaunes l'écrit, rapportant les propos de Pierre Birnbaum, historien et sociologue : « Les ministres de M. Macron (...) se caractérisent en outre par un niveau d'études certes convenable, mais relativement modeste ». Traduit en langue vulgaire : c'est pas la crème de l'élite.
Conclusion, les vrais chefs de la haute administration de la France ne sont pas les ministres, mais un tout petit nombre de gens jamais élus, de très hauts fonctionnaires placés sous les ordres d'Alexis Kohler, le grand coordonnateur, véritable "père Joseph" auprès d'un Macron férocement arrimé à sa prétention à rester « le maître des horloges ».
Pierre Birnbaum résume : « Le macronisme, c'est le triomphe de la haute fonction publique, qui prend en charge toutes les fonctions de l'Etat, y compris les fonctions politiques ». Il me semble bien que certains connaisseurs appellent ce genre de prise en main une "capture de l'Etat". Autant dire que ça aide à comprendre les raisons qui viennent de pousser Emmanuel Macron à s'asseoir sans pudeur sur le résultat des élections.
L'article de Nathalie Segaunes est un hommage à la notion même d'information.
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lundi, 23 septembre 2024
QUELLE TROISIÈME JAMBE ?
Le dessinateur Reiser, grand pilier du Charlie Hebdo de la grande époque, n'aimait pas trop le nucléaire. Voici comment il entrevoyait l'avenir humain parfumé aux effluves atomiques, dans le numéro du 25 avril 1975. J'espère que le dessin n'effarouche personne : nous sommes entre adultes.
Mais la nature n'avait pas attendu la construction des centrales nucléaires pour aberrer à sa manière pour le moins originale. La preuve : la troisième jambe existe, Frank Lantini est même né avec (Martin Monestier, Les Monstres, éd. Le Cherche-Midi, 2017). Et pas celle à laquelle pensent les esprits mal tournés.
Mais sur le fond, Reiser ne se trompait pas, comme le montrent les photos prises par Paul Fusco dans les environs de Pripiat après la catastrophe de Tchernobyl qui, si elle n'a pas encore produit de "troisième jambe", à ce que je sache, a fabriqué de belles monstruosités à l'occasion.
Ci-dessous, ce n'est plus de jambe qu'il faut parler.
Il vaut mieux se taire.
09:00 Publié dans FAÇON DE REGARDER | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charlie hebdo, reiser, centrales nucléaires, énergie atomique, dessin de presse, paul fusco, tchernobyl, pripiat, catastrophe de tchernobyl, monstres, martin monestier, editions le cherche-midi
vendredi, 20 septembre 2024
UN GOUVERNEMENT DE POTICHES
AVEC MICHEL BARNIER EN POTICHE EN CHEF ...
... ET LE PRÉSIDENT MACRON EN MAÎTRE DES POTICHES.
Même que Laurent Wauquiez s'est permis le luxe de refuser le ministère de l'Economie et des Finances (il briguait l'Intérieur). Un gouvernement qui dit "merde" au suffrage universel. Monsieur Macron veut continuer à tirer les ficelles. « J'ai détraqué le mécanisme, mais je resterai le maître des horloges, quoi qu'il en coûte à la France ! » Tu parles d'une "mise en retrait" !!! Là, à voir la mine que lui a faite le dessinateur Chappatte (Le Canard enchaîné, 18 septembre 2024), Emmanuel Macron s'apprête à marcher sur l'eau.
Journal Le Monde du 15 septembre 2024.
Je trouve "met en scène" particulièrement bien trouvé.
Je me demande malheureusement s'il ne faudrait pas plutôt parler de "retrait de la France en Europe". Je pense en particulier à la valse des commissaires européens placés à la tête de la Commission sous l'autorité d'Ursula von der Leyen.
Celle-ci ne pouvait pas piffer le mauvais esprit — trop "régulateur" à son gré ultralibéral — de Thierry Breton. Emmanuel Macron est passé sous les fourche caudines de l'Allemande en désignant Stéphane Séjourné pour le remplacer.
Et si j'ai bien compris, malgré la promesse d'élargir le "périmètre" des compétences du Français, Séjourné ressemblera davantage à une potiche sur le marbre de la cheminée de la Commission qu'à un Commissaire de plein exercice.
Pauvre France ! Entre les mains de quel zozo t'es-tu jetée ? Il faut d'urgence un magicien doué pour transformer à son tour Macron en potiche.
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, les républicains, michel barnier, premier ministre, emmanuel macron, président de la république, macron jupiter, macron maître des horloges, laurent wauquiez, chappatte, le canard enchaîné, macron mise en retrait, journal le monde, stéphane séjourné, commission européenne, ursula von der leyen, thierry breton, dessin de presse, humour
jeudi, 19 septembre 2024
LE MOSSAD LIT DES B.D.
Après les bippeurs, les talkie-walkies.
Les agents du Mossad ont, de toute évidence, apprécié à sa juste valeur l'idée formulée dans le scénario de Jean-Michel Charlier et traduite en image par le formidable dessinateur Francis Bergèse, dans Les Pilotes de l'enfer, quarante-deuxième épisode des "Aventures de Buck Danny" (Novedi, 1984).
L'infernale et infâme "Lady X", qui projette d'atomiser une énorme réunion de chefs d'Etat du monde, a tout prévu pour anéantir les moindres velléités de trahison de la part des membres du terrible "F.I.G.A.R." Ici, c'est l'infortuné Juan qui, horrifié par la monstruosité de l'entreprise, s'apprête à tout dévoiler. Heureusement, l'U.S. Navy et ses purs héros veillent au grain.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, aventures de buck danny, les pilotes de l'enfer, jean-michel charlier, francis bergèse, israël, liban, hezbollah, mossad, hassan nasrallah, talkie-walkie, éditions novedi
mercredi, 18 septembre 2024
UNE B.D. DONNE DES IDEES AU MOSSAD
Pas loin de 3.000 hommes du Hezbollah mis hors d'état de nuire temporairement ou définitivement : voilà l'exploit. A coups de bippeurs piégés. Chapeau les champions ! Mais qui est-ce, les champions ? Dès l'annonce de l'événement, tous les yeux se sont tournés vers le Mossad, le bras armé de l'intelligence israélienne. Bravo les gars, vous avez bien mérité de la nation.
A propos du Mossad, j'avais découvert l'esprit tordu du service, dans je ne sais plus quel "James Bond" (Ian Fleming). Arrivé à la fin, l'espion de Sa Majesté passe tout près de la catastrophe. Heureusement, deux agents israéliens font irruption dans son appartement, direction la salle de bains pour s'emparer du dentifrice avant que 007 en fasse usage : ils avaient piégé la pâte du tube au moyen d'une substance capable d'effacer l'usager.
L'opération qui s'est conclue dans la journée d'hier m'a immédiatement fait penser à une autre littérature : la Bande Dessinée. En l'occurrence un épisode des aventures de l'agent Alpha : Snow White 30 secondes (dessin de Jigounov, scénario de Mythic, Troisième vague, 2011).
En résumé, des "méchants" projettent d'assassiner le président des Etats-Unis, et l'agent Alpha fait tout pour que cela n'arrive pas. Le truc qui va sauver la situation ? Des oreillettes explosives manipulées par les méchants, destinées à annihiler tous les membres du service de sécurité présidentiel. Au moment fatidique, tous s'écroulent, tués instantanément.
Le président américain est donc sauvé.
Bon, j'imagine que l'imagination et le savoir-faire des services secrets israéliens n'a pas grand-chose à envier à ceux de Sa Majesté, et que c'est plutôt la B.D. qui s'inspire de leurs inventions concrètes ou en voie de le devenir. Mais quand même, le rapprochement qui s'est opéré dans ma mémoire entre l'événement présent et les aventures d'un agent de la C.I.A. a plutôt tendance à m'amuser.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hezbollah, liban, israël, mossad, services secrets, bande dessinée
mardi, 17 septembre 2024
L'ABBE PIERRE SAUVE L'HONNEUR ....
.... DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.
Nous apprenons de source sûre que l'abbé Pierre, en s'approchant tout près, voire tout contre les femmes qu'il rencontrait, accomplissait une mission secrète confiée par les plus hautes autorités du Vatican : contrer par ses actes, en prêchant d'exemple et en payant de sa personne, la vaste campagne de diffamation visant le clergé catholique et colportant des infamies sur le comportement des prêtres, laissant se répandre des rumeurs sur leur sexualité déviante.
On voit sur ce cliché pris par notre reporter Jean-Marc Reiser le désespoir et l'incontestable révolte d'Henri Grouès (= abbé Pierre) contre la décadence dont l'Eglise catholique se rendait coupable. Oui, il fallait réagir pour extirper jusqu'aux racines du Mal qui souillait la chrétienté dans ce qu'elle avait de plus sacré. Alors oui : joignons nous tous à l'appel unanime, et proclamons : « Vive l'abbé Pierre ! Merci, abbé Pierre, de vous être sacrifié pour redresser les torts d'une Eglise qui glissait sur la mauvaise pente ! Merci d'avoir par vos actes rétabli la vérité : les curés ont une sexualité tout à fait normale ! »
On peut écouter Les Matins de France Culture (18 septembre 2024) pour en savoir plus sur l'esprit de charité qui guidait l'abbé Pierre, l'amenant à "faire don de sa personne" à tant de personnes de sexe féminin pour remplir la sainte mission à laquelle il s'est voué sa vie durant.
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : abbé pierre, prédateur sexuel, france culture, guillaume erner, les matins de france-culture, henri grouès, vatican, homosexualité, reiser, charlie hebdo, religion
lundi, 16 septembre 2024
MAIS OÙ EST LE MLF D'ANTAN ?
Ouais ! Où sont-ils passés, les hommes ?
Wolinski, dans Charlie Hebdo n°37, 21 juin 1971.
09:00 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, wolinski, mlf, féminisme, féministes, charlie hebdo
vendredi, 13 septembre 2024
UN POÈME
1
« A l'heure d'huile du matin
un matin d'huile et d'os pilé
tombant du ciel opale une lumière
blanche ruisselante déjà
du jour à venir
toi qui tardes à choisir tes ombres
que peux-tu quitter que tu
regrettes vraiment
et laissant derrière moi la ville de mon père
son nom
oubliant le salpêtre l'éther
l'odeur tétanisante du camphre
le dessin géométrique les poings serrés
des mélodies
GÉRARD TITUS-CARMEL
La Tombée (Fata Morgana, 1987)
Je suis incroyablement touché par les œuvres picturales de monsieur Gérard Titus-Carmel, et cela depuis un certain numéro de la revue La Nouvelle Critique (Colloque de Cerisy, si je me souviens bien, fin des années 1960, si vous voyez ce que je veux dire). J'y avais admiré quelques-unes de ses "détériorations".
09:43 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature française, poésie, gérard titus-carmel, la tombée
mercredi, 11 septembre 2024
UN POÈME
Maya, ainsi qu’ailée
De vos longs cheveux blonds,
Maya l’Illusion,
Vous ai-je assez aimée ?
L’Eve des anciens jours
Toute parlait en vous,
En le mensonge doux
Qu’en vous était l’amour,
Et du bien qu’il en est
Sans pourtant qu’on le touche,
Le rêve disait vrai
Baiser de votre bouche.
Maya dont les yeux clairs
Chantaient les Idumées,
Quand en nous nuit amère
Dormait en long couchée,
Maya qui souriiez
Nous apportant clarté,
Et qu’alors d’y penser
Nous retrouvions la paix,
Maya, et qui saviez
Pourquoi l’on pleure ou prie,
Dans le songe qu’on fait
Et de tout qui délie,
Et sur nous vous penchiez
Mains sur nos fronts posées,
Et nos yeux les fermiez
Pour quon puisse oublier,
Quoi qu’en ait dit Bouddah,
Maya, vous étiez sûre,
Dans la vie que l’on a
Autant que la douleur.
Or Maya, en nous cœurs
Qu’importe d’imposture,
Lorsque le rêve en nous
Elit des paradis,
Rien n’est vrai sous le ciel
Que ce qu’en soi l’on porte,
Et myrrhe en nous, ou miel,
C’est songe qui l’apporte,
Et lors c’est vous Maya,
Comme Eve aux anciens jours,
Qui nous tendez la joie,
Le désir et l’amour,
Au fruit de l’arbre vert
Que vous avez cueilli,
Maya, aux grands yeux clairs,
Et qui savez la vie,
Maya, ainsi qu’ailée
De vos longs cheveux blonds,
Maya l’Illusion
Si douce en nous entrée.
MAX ELSKAMP
Chansons désabusées.
09:00 Publié dans POESIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, max elskamp, chansons désabusées, littérature française, littérature
lundi, 09 septembre 2024
jE RETOURNE A L'ABSTENTION ...
... MILITANTE.
Je n'ai pas voté aux dernières élections européennes. J'ai vu dans les résultats quelque chose qui m'a beaucoup déplu. Alors quand l'illuminé de l'Elysée a dissous l'Assemblée, j'ai décidé de retrouver ma carte d'électeur, soigneusement entretenue dans son immaculée virginité de Vestale depuis le référendum de 2005, vous savez, celui sur lequel Nicolas Sarkozy s'est assis pour faire passer en loucedé le Traité de Lisbonne, le copié-collé de la Constitution européenne rejetée par une nette majorité de citoyens français adultes et responsables.
Les 30 juin et 7 juillet derniers, oui, je l'avoue, j'ai voté. Mes motivations, j'en parsème les billets que je dépose ici, je n'y reviens donc pas. Résultat ? Je constate que l'avis des électeurs sert de fauteuil à un président qui veut rester maître du jeu, et qui assène sa Vérité comme si rien d'autre ne se passait. Je sais bien que la politique est l'art des possibles et qu'il faut tenir compte des situations créées. N'empêche que. Alors c'est décidé : je retourne à mon abstentionnisme militant, et sur des bases peut-être malsaines, mais.
Couverture de Charlie Hebdo n°17, 15 mars 1971. J'attends qu'on me dise que ce n'est plus d'actualité.
09:00 Publié dans DEMORALISATION | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : france, politique, société, élection présidentielle, président de la république, emmanuel macron, élection législatives, assemblée nationale, charlie hebdo, wolinski, traité de lisbonne, constitution européenne, nicolas sarkozy
dimanche, 08 septembre 2024
MACRON DANS SON LABO
LE PRÉSIDENT FAIT UNE EXPÉRIENCE.
Étape 1 : Dissoudre toute la base de députés dans l'acide sulfurique de la clarification.
***
Étape 2 : Observer attentivement la réaction qui se produit. En noter minutieusement les caractéristiques. Puis laisser reposer le nouvel amalgame plus de cinquante jours.
***
Étape 3 : En tirer les conclusions qui s'imposent .
J'AI GAGNÉ !!! VICTOIRE !!! VIVE MOI !!!
(Photo d'archives.)
***
Etape 4 et finale : Il faut répandre la bonne parole.
***
Eurêka ! Le Français a compris ! Macron, c'est Gaston Lagaffe ! Il fait tout péter, et puis il attend tranquillement la suite : "démerdez-vous maintenant", dit-il. Peut-être même s'apprête-t-il à s'en laver les mains.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, DANS LES JOURNAUX, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, élection présidentielle, élections législatives, président de la république, emmanuel macron, bande dessinée, andré franquin, gaston lagaffe
jeudi, 05 septembre 2024
CE QUI ATTEND L'HYPOTHÉTIQUE .......
...... PREMIER MINISTRE, QUAND IL SE PRÉSENTERA DEVANT LES DÉPUTÉS.
Ça va être sa fête !
Bienvenue, monsieur Michel Barnier. Et bon courage, monsieur le Premier Ministre !
10:54 Publié dans BANDE DESSINEE, DANS LES JOURNAUX, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, emmanuel macron, michel barnier, président de la république, premier ministre
MACRON CHERCHE ......
...... UN CONSENSUS POLITIQUE.
Personne n'oublie que notre président a dissous l'Assemblée Nationale dans un "but de clarification". Eh bien on peut dire que Monsieur est servi.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, DANS LES JOURNAUX, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, politique, société, élection présidentielle, emmacron, consensus politique, bande dessinée, humour, morris et goscinny, lucky luke, le pied tendre
mercredi, 04 septembre 2024
AH ! LE BON VIEUX TEMPS ...
... DU VIVRE-ENSEMBLE !
Chez nous, le vivre-ensemble est inné. En même temps, il est assidûment et quotidiennement cultivé. Ça, c'est de la société inclusive !!!
Chez nous, on tète le vivre-ensemble avec le lait de sa mère, et on continue à l'école.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE, HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, humour, uderzo, goscinny, astérix et obélix, le devin, politique, france, société, vivre ensemble, refaire société
lundi, 02 septembre 2024
C'EST LA RENTREE ...
... AU ZOO !
Dessin de Pierre Fournier, Charlie Hebdo n°19, 29 mars 1971.
19:01 Publié dans HUMOUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rentrée scolaire, humour, dessin de presse, charlie hebdo, pierre fournier
dimanche, 01 septembre 2024
LE CAS MELENCHON
Tout commence le soir du deuxième tour des élections législatives, le 7 juillet 2024. Avant même les résultats définitifs, à peine la tendance générale estimée par les entreprises de sondages, voilà Jean-Luc Mélenchon qui se rue sur les micros et se met à crier victoire. Soi-disant au nom de toute la gauche. En réalité, il a sorti ça de son bonnet, sans demander l'avis de personne.
Ce faisant, au nez et à la barbe de tout le monde, il prend de vitesse ses ennemis, ses adversaires, mais aussi et surtout ses amis, les "partis alliés" (écolos, socialos, cocos) qui forment avec L.F.I. le Nouveau Front Populaire. Et toc ! Un putsch ! Un droit de préemption sur toute la gauche ! Et pas avec le dos de la cuillère, s'il vous plaît !
Car ce qu'il faut retenir de la déclaration mélenchonnienne, ce sont les expressions suivantes : « Nous appliquerons tout notre programme, rien que le programme ». Disons que ça a au moins le mérite de la clarté : dans ce monde qui se voudrait toujours plus "inclusif" (mot d'ordre comminatoire et farcesque), Mélenchon est un partisan résolu et définitif de la primauté des idées qu'il défend, et de l'exclusion de toutes les autres. Les paralympiques de la politique, c'est pas pour lui !
Certains esprits, sûrement chagrins même si plus avisés, peuvent néanmoins, rétrospectivement, deviner dans ces paroles tout l'avenir des débats politiques en France. Nous serons intransigeants, proclame Jean-Luc Mélenchon. Ce qui veut dire en bon français : pas question de discuter avec qui que ce soit, c'est nous, nous seuls et personne d'autre. Le Guide Suprême ne s'abaissera pas : « Négocier, moi ? Jamais ! Passer des compromis, moi ? Fi donc ! Manants, passez au large ! »
Ma parole, on aurait dit que ce Conducator au petit pied était en train de refaire pour son propre compte le soir du 10 mai 1981, au moment où le visage de François Mitterrand s'était enfin hissé sur la plus haute marche du podium des écrans de télévision. Bon, c'est vrai que cette nouvelle mouture de l'union de la gauche est arrivée en tête. Mais on est loin d'être les vainqueurs : on n'est pas dans une course où c'est la "photo-finish" qui désigne le seul qui a gagné. On est dans une histoire de plus et de moins. Ce n'est qu'une étape sur un parcours long et plein d'obstacles. Mais Mélenchon, dans cette affaire, n'a pas compris l'essentiel.
Car il est indispensable de voir un peu plus loin, et se demander comment les nouveaux élus vont bien pouvoir faire adopter la moindre loi par des collègues dont les électeurs se situent à leurs antipodes, et aux antipodes les uns des autres. Il va falloir trouver des majorités, mon pote ! Et la suite montre abondamment que la Chambre issue de la dissolution décidée par le solitaire de l'Elysée dans un but (disait-il) de "clarification" a conduit le pays dans une impasse sans issue dont personne ne sait comment sortir.
Vous voulez que je vous donne mon sentiment ? Eh bien je vous le donne quand même : notre France est tellement fragmentée (en "archipel", formule de Jérôme Fourquet), tellement cloisonnée chacun dans son compartiment que sa population se trouve dans un état où les bornes de l'hétérogène et de la division ont été franchies.
Et que les opinions anciennement adverses, mais fondées sur un socle de consensus minimum d'acceptation de la controverse, sont devenues des animosités, des incompatibilités, voire des haines irréconciliables. Les gens-à-bons-sentiments auront beau glapir en chœur : « Le vivre-ensemble ! Le vivre-ensemble ! » et « Refaire société ! Refaire société ! », nul n'y peut plus rien, et plus personne ne veut parler avec quiconque. A cet égard, Mélenchon n'est qu'un symptôme. Mais un symptôme drôlement contagieux, en même temps que le point culminant du mal politique qui provoque la déchéance de la France.
Car la façon impérieuse qu'a Jean-Luc M. d'imposer ses vues est étrangement communicative. Même que ça a tendance à devenir épidémique en France. Je dirai que c'est un peu normal : quand tu as en face de toi quelqu'un qui démarre affirmatif, autoritaire et péremptoire, et qui ne semble chercher que la rupture, tu te rebiffes, c'est humain, et tu n'as pas envie de discuter. D'autant plus que chez Mélenchon, c'est dans ses habitudes, dans sa nature, et même dans son histoire personnelle : il est dans une confrontation de tous les instants. La bagarre ne lui fait pas peur, et même il la cherche !
C'est ainsi que Macron, qui se prétend lui-même "jupitérien" — et très sérieusement, alors que c'est tellement bouffon ! —, en même temps que "très à l'écoute" (là, je me bidonne), ne pouvait que se cabrer. Il dit "niet" à tout ce qui comporterait une trace de Mélenchon : « Tout, mais pas Castets ! », a-t-il donc proclamé, suivi en cela par ses adeptes, ses obligés et ses thuriféraires. Ainsi que par les chefs des autres partis que Mélenchon a le don de hérisser.
Mélenchon est donc le symptôme de la grave crise politique dans laquelle la France patauge depuis la déliquescence de Jacques Chirac, crise que Sarkozy, puis Hollande et enfin Macron n'ont fait qu'aggraver, chacun à sa façon. Mélenchon est comme un nez au milieu d'une figure dévastée, à cause du bruit qu'il fait. Son intransigeance domine le champ de bataille.
Qui, dans l'ensemble du personnel politique français, pourrait encore se « faire une certaine idée de la France » ? Qui, parmi tous ces politicards, place encore l'intérêt de l'Etat, de la nation, de la France au-dessus des intérêts particuliers, des objectifs partisans ? Au-dessus de lui-même ? Qui est prêt à se mettre sincèrement (sans arrière-pensées) au service de la France ? Des noms, si vous en connaissez. Wolinski avait ses idées là-dessus.
Mais la France semble ne compter que des hyperactifs aux dents longues. La "culture du compromis" ne semble pas pour demain, et c'est terrible.
***
Journal Le Monde, 31 août 2024 (dans un sous-titre).
09:00 Publié dans DANS LES JOURNAUX | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, société, jérôme fourquet, jacques chirac, nicolas sarkozy, emmanuel macron, jean-luc mélenchon, lfi, élection présidentielle, lucie castets, parti communiste, marti socialiste, olivier faure, culture du compromis, une certaine idée de la france, journal le monde