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lundi, 30 novembre 2015

I'M A POOR LONESOME COWBOY

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LES DALTON COURENT TOUJOURS (N°23)

dimanche, 29 novembre 2015

PANIQUE À BORD !

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En janvier, ce fut un massacre : l’équipe de Charlie Hebdo, les clients de l’Hyper Cacher, tous des innocents qui ont payé de leur vie le fait d’être ce qu’ils étaient : des caricaturistes, des juifs, des polémistes, des vigiles, des rubriquards, des clients d’un magasin, … Le 11 janvier, une manifestation monstre de tous les révoltés par cet attentat. Au premier rang, un minuscule président de notre république, et un ex-président qui, toujours aussi hystérique, tente en vain de se frayer un chemin vers le premier rang et la grande photo inoubliable des acteurs de l’événement. 

Tout sera fait pour « assurer la sécurité des Français », fut-il assené dans la foulée de ces meurtres. On ajouta au déjà immémorial « plan Vigipirate » le « plan Sentinelle » qui devait «  assurer la sécurité des Français », nous fut-il seriné. Depuis le 13 novembre, on sait ce que nous a valu cette empilement de plans de sécurité, qui devaient théoriquement « assurer la sécurité des Français » (désolé de la répétition, c’est pour rendre l'incantatoire de la chose). Pour donner l’impression qu’il agit, le politichien moderne affiche des « mesures » destinées à figurer, une fois imprimées en photos martiales dans les journaux et dans l’esprit des gens, autant de preuves de l’efficacité du politichien. 

Malheureusement pour notre misérable « chef des armées », ce petit curé balbutiant, cet orateur larvaire, ce lumignon éteint, ce panache gris dépourvu de panache, les attentats du 13 novembre lui ont fait éclater à la figure les preuves de son incompétence et de son ignorance. Mais comment cette catastrophe a-t-elle été rendue possible ? 

Au risque de me répéter, bien que je ne sois pas spécialiste des questions de sécurité, et en m’appuyant sur ce que la mode correcte interdit désormais qu’on appelle le « simple bon sens », la France disposait d’un service de renseignement très efficace et performant : les RG ou Renseignements Généraux. Ce service était honni par tout ce que le pays comptait de gauchistes, il n'avait pas forcément les mains propres, mais il quadrillait le territoire à la façon d’un filet à mailles fines. Les hommes connaissaient bien le terrain, peu de poissons échappaient à leur vigilance, les informations remontaient. 

Le frénétique-à-tics qui a gouverné la France pendant cinq ans, non content de sa fabuleuse invention de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques – en clair : non-remplacement d’un retraité sur deux dans la fonction publique d’Etat, qui a coûté 50.000 bonshommes à la police, à la gendarmerie et à l'armée), s’est mis en tête, sans doute pour gratter sur les budgets, de faire fusionner les RG (renseignement intérieur) et la DST (contre-espionnage). Le résultat le plus sûr de cette fusion forcée fut une désorganisation complète des services désormais placés sous l’étiquette DGSI. Les « cultures professionnelles », les façons de procéder des deux services étaient tellement différentes qu’il ne pouvait pas en être autrement. Comme de l'huile avec de l'eau, le mélange des deux n'a pas fait une mayonnaise, à peine une vinaigrette : si vous mettez de la vinaigrette dans un moteur, le moteur casse. Les autorités ont tout misé sur la « collecte des données » (moyens techniques, électroniques, informatiques). On voit ce qui en est sorti. 

Or le point commun de tous les types qui flinguent depuis Mohammed Mehra, c’est qu’ils étaient bien fichés, mais qu’il n’y avait plus personne sur le terrain pour tirer le signal au moment où une action se préparait. J’en conclus que la décision de Nicolas Sarkozy de fusionner RG et DST a eu des conséquences criminelles. Je sais bien que si cette décision est une cause indéniable, elle n’est pas la seule, mais on peut être sûr qu’elle est pour une bonne part responsable des tragédies de 2015 en France. 

Alors maintenant, est-ce que le minuscule Hollande a fait mieux ? La réponse est clairement « Non » !  Qu’est-ce qu’il a fait, après Charlie Hebdo ? Après l’Hyper Cacher ? Il a mis plein de soldats et de policiers (Sentinelle + Vigipirate) dans les rues, dans les gares, devant les églises et les synagogues. Il a transformé l'armée française en un corps de plantons. Là encore, on a vu le 13 novembre le résultat de ce déploiement ostentatoire des forces de l’ordre et des forces armées, on a constaté l’efficacité de ce dispositif impressionnant, qui n’était là en vérité, une fois de plus, que pour que les journaux publient des photos permettant aux lecteurs de croire qu’ils étaient protégés par les mesures prises par les « autorités ». 

Qu’est-ce que c’est, une « collecte des données », quand il n’y a personne sur le terrain, personne pour les analyser, personne pour en tirer des conclusions pertinentes ? Ils sont très beaux, les moyens techniques dont disposent les services de renseignement, surtout depuis le vote récent de la loi qui porte ce nom, mais il n’empêche que le récipient où on les entasse est tellement plein de trous qu'une ménagère appellerait ça une passoire. Personne n’a rien vu venir. Pas plus que les Américains n’ont vu venir les pilotes-suicides des avions jetés sur le WTC. Mais il fallait rogner sur les moyens humains, sur les budgets, faire confiance aux experts du numérique. Ah, la technique, que c'est beau, la technique !

Alors maintenant l’état d’urgence. Je dis que l'état d'urgence est l'ultime branche à laquelle se raccrochent des gouvernants aux abois, dans une ultime tentative de dissimuler leur incompétence et leur lâcheté. Je ne peux m’empêcher de me référer au livre de Mireille Delmas-Marty Libertés et sûreté dans un monde dangereux (Seuil, 2010, voir mon billet du 3 mai 2015), où elle s’inquiète de ce que les lois pénales tendent à substituer à la répression d’infractions dûment constatées une répression préventive, fondée sur la dangerosité potentielle et supposée des individus. Ça permet de ratisser très large, au risque de "dommages collatéraux" contre des gens qui n'ont rien à se reprocher.

Une démocratie est un milieu ouvert à tous les vents, un « open space ». La verrouiller, c'est la mettre à mort. Je ne dis pas qu'elle ne doit pas se défendre, je dis que pour se défendre elle doit se doter de bons outils : monsieur Hollande, ne commencez pas par faire disparaître l'état de droit, commencez par remettre ces outils (armée, police, renseignement) en état.

Dans Le Monde du 6 juin 2015, Delmas-Marty enfonçait le clou : « En France, le grand tournant remonte à la loi de 2008 sur la rétention de sûreté, adoptée par une "droite décomplexée" qui n’hésite pas à copier le modèle d’une loi allemande de la période nazie ». Tiens, encore un coup de Sarkozy (notez que le nom rime avec le dernier mot de la citation, regrettable hasard). De quoi se faire du mouron : l’état d’urgence est l’ennemi de l’Etat de droit. Les bien nommés passe-droits qu’il autorise sont autant de menaces en direction de la liberté. 

Je sais bien que les gens ont peur, je sais bien que Daech et ses sbires ne sont pas des plaisantins, mais je n’ai pas l’intention de changer d’un iota ma façon de vivre du fait du risque terroriste. S'il y a un risque, tant pis : j'assume. Et faites bien attention à ceci : qui m’expliquera pourquoi des militants écologistes ont reçu des assignations à résidence ? Et quid de l’arbitraire et de la violence gratuite commise par les forces de l’ordre au cours des « perquisitions administratives » (voir les articles paraissant ces jours-ci dans l’excellente rubrique « Observatoire de l’état d’urgence » du Monde) ? 

Dans l’état d’urgence, ce qui me fait peur, ce qui nous menace tous, ce sont les abus qui se commettent sous son couvert, ce dont des policiers eux-mêmes reconnaissent qu’ils profitent comme d’autant d’ « effets d’aubaine ». Je n’ai pas confiance dans des policiers qu’on laisse les mains libres et la bride sur le cou. Les terroristes ont d’ores et déjà gagné : la panique règne, au moins en haut lieu. Rien de pire qu’un régime qui règne en laissant régner la peur, et en appuyant sur ce redoutable accélérateur. Gardons-nous de céder à la panique. Quel espace va-t-il rester pour les partisans de la liberté ? Quel espace pour la liberté ? Faire face au danger, ça commence par ne rien changer à notre façon de vivre. A y changer quoi que ce soit, nous avons tout à perdre.

Oui, je suis inquiet : j'ai peur que les terroristes ne réussissent à nous rendre semblables à eux-mêmes (écoutez ici la remarquable explication (15' environ) de Tobie Nathan à ce sujet : il parle du Cambodge de Douch et du Berlin de Goebbels). De gauche, Hollande ? De gauche, Valls ? Ne me faites pas rire.

Voilà ce que je dis, moi.

samedi, 28 novembre 2015

L'ISLAMISME EST UN ICHNEUMON

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L’ichneumon est une espèce appartenant à l’ordre des hyménoptères. La famille des ichneumonidés regroupe un certain nombre d’insectes dotés des semblables et étonnantes caractéristiques : les femelles possèdent, au bout de l’abdomen, une tarière. Pour quoi faire, se demande-t-on ? Pour perpétuer l’espèce, répond l’entomologiste. Comment ça, reprend-on ? 

1 ICHNEUMON.jpgEh bien voilà : quand madame a été fécondée, elle produit des œufs, mais ne sait pas où les mettre pour qu’ils éclosent correctement. Elle a cherché, et puis elle a trouvé, nous apprend l’entomologiste : « Avec sa tarière, la femelle enfonce ses œufs dans le corps des hôtes (surtout des papillons de nuit) dans lesquels la larve se développe, les faisant mourir ». On ne saurait être plus aimable. 

La cousine de madame ichneumon, qui se nomme la rhysse persuasive1 RHYSSE.jpg (Rhyssa persuasoria, L.), fait la même chose, mais en plus spectaculaire. La tarière semble démesurée. En plus, l’outil est protégé par un fourreau. Et la posture pourrait faire croire que la rhysse pratique le yoga, vu les contorsions auxquelles elle se livre pour réaliser l'opération : « Perçoit la présence de larves de sirex dans le bois et perce celui-ci avec sa tarière pour pondre un œuf dans la larve (…). La larve ronge les entrailles de l’hôte et le fait mourir ». On ne saurait être plus persuasif.

1 NETELIA TESTACEA.jpgA propos d’une autre cousine, qui se fait appeler Netelia testacea, il est précisé que la piqûre de la femelle est très douloureuse, mais elle est dépourvue de tarière : « Parasite externe, œufs pondus sur des chenilles dont les liquides internes sont aspirés de l’extérieur ». Au total, une famille vraiment charmante et pleine de ressources et d’imagination. 

Le lecteur aura sans doute compris où le titre de ce billet à gros sabots veut en venir. L’islamisme procède, avec la jeunesse radicalisée (on peut cliquer ci-contre pour lire le formidable article d’Olivier Roy, dans lequel il explique qu’il ne s’agit pas de musulmans qui se radicalisent, mais de jeunes révoltés, reniant le milieu familial, qui servent de pâture aux stratèges de Daech impatients de les transformer en armes de destruction massive : il s’agit au contraire d’ « islamisation de la radicalité », autrement dit du recrutement après repérage de la cible disponible, puis de l'instrumentaliser), de la même façon que les dames de la famille des ichneumonidés : il dépose ses œufs fanatiques dans le terreau fertile que constitue le cerveau en rupture, dans un processus semblable à la façon dont procèdent les gourous et les sectes. Pas besoin de lavage de cerveau : celui-ci est déjà propre et net, lessivé, quasiment vierge, au moment de la contamination. Et ça prospère.

La comparaison vaut ce qu’elle vaut. Elle s’adresse cependant à ceux qui ne comprennent pas comment des jeunes « Français » (?) ont pu en arriver à tuer des journalistes, des juifs, et aujourd'hui à tirer sur une foule indiscriminée. Le corps de la France a servi de nourriture aux larves écloses des œufs que l'ichneumon islamiste a déposés en son cœur : celles-ci se sont gavées de ses fluides vitaux sans qu’elle s’en rende compte. Je rappelle à ce propos que c'est Sarkozy qui a détruit les Renseignements Généraux, lesquels ont pu servir de police politique, mais qui avaient entre leurs mains un radar terriblement efficace pour ratisser le terrain au ras des pâquerettes. Je dis : encore une réforme décidée par les comptables, autant que par un homme politique irresponsable.

Malheureusement pour les larves islamistes, le corps de la France n'est pas une larve de sirex, un papillon de nuit ou une chenille. Le corps de la France est puissant et coriace. Le corps de la France est un morceau trop gros pour que les larves islamistes puissent espérer en venir à bout en le mangeant de l'intérieur ou en aspirant de l'extérieur les liquides internes. 

Voilà ce que je dis, moi.

NB : De l'article d'Olivier Roy, je tire la conclusion qu'il ne sert strictement à rien de vouloir "déradicaliser" les jeunes djihadistes. Est-il raisonnable de vouloir déradicaliser la radicalité ? J'ajoute qu'il serait tout aussi vain de vouloir les "désislamiser" : en matière de religion, ils sont d'une ignorance absolument crasse, compacte et définitive.

De plus, l'auteur précise : « Aucun n'a eu de pratiques "communautaires" : assurer des repas de fin de ramadan, prêcher dans les mosquées, dans la rue en faisant du porte-à-porte. Aucun n'a fait de sérieuses études religieuses. Aucun ne s'intéresse à la théologie, ni même à la nature du djihad ou à celle de l'Etat islamique » (Le Monde, 25 novembre). Savent-ils seulement lire ? Peut-être la solution serait-elle de désislamiser les espaces publics sur l'ensemble du territoire français.

Je l'ai dit il y a quelque temps (voir mon billet du 9 octobre) : l'islam en France deviendra tolérable quand les musulmans, en tant que tels, seront devenus aussi invisibles que le sont aujourd'hui les catholiques ou les protestants. Mais un pays d'origine catholique peut-il s'en remettre à des musulmans du soin de se débarrasser de leur trop grande visibilité ? La réponse est évidemment "non" : il faut, pour restaurer la paix, que les musulmans eux-mêmes décident de se rendre invisibles en tant que tels. Beaucoup le sont déjà, mais combien d'autres sont prêts à renoncer à s'afficher ? J'ai encore vu ce matin deux femmes couvertes de gris et de noir de la tête aux pieds. C'était rue du Mail. Je dis merde !

vendredi, 27 novembre 2015

TOMBEAU DE V.R.

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Préambule : un "Tombeau" était, en poésie ou en musique, une œuvre dédiée à un grand homme disparu, une œuvre écrite en son honneur, une œuvre en forme d'éloge funèbre. V. R. aurait peut-être été un grand homme, si on lui en avait laissé le temps. On ne le saura pas. Je lui dédie ce tout petit billet.

***********

Le visiteur de ce blog ne trouvera plus ce billet tel qu'il se présentait depuis le 27 novembre. Ce qu'il trouvera est la correspondance imprévue à laquelle, quatre-vingts jours après, il a donné lieu. Voici le courriel que j'ai reçu le 11 février 2016.

Bonjour Monsieur, 

Je ne vous connais pas et ce que vous écrivez sur V. R., mon grand frère, me déplaît et m'attriste, surtout quand je vois que c'est l'un des premiers liens sur lequel on tombe lorsque l'on tape son nom sur internet.Vous ne le connaissiez pas, vous ne connaissez pas Eva et visiblement vos sources sont fausses.


Evidemment vous ne vous en êtes pas rendu compte ou du moins je l’espère mais en voulant faire un éloge de V. vous écrivez en fait des phrases culpabilisantes pour E. " Pour moi, elle aura eu la chance, non : le privilège de rencontrer un homme, un vrai, qui, au moment du danger de mort, n'a pas songé un instant à son propre sort.J'ignore tout de ce qu'on peut ressentir, quand on sait que la personne la plus chère à vos yeux est morte en voulant vous protéger : c'est au-delà de la raison". 

Mon frère n'a pas besoin que vous lui "rendiez hommage" et encore moins besoin que vous fassiez souffrir son amoureuse à l'idée qu'elle est encore en vie. 

Bref, tout cela pour vous dire que je souhaite vivement que vous supprimiez cet article de votre blog. 
J'espère que vous comprendrez. 

Cordialement,

 

-- Léa R.

 

Et voici la réponse.

 

Madame, 

Je ne m’attendais certes pas à recevoir un courriel comme le vôtre, qui me stupéfie et suscite mon incompréhension. Je me demande encore comment il est possible d’interpréter à mal le modeste billet que j’ai consacré à V. R. le 27 novembre. Vous me dites que mes sources sont fausses. Ma source est pourtant mentionnée dans le billet : Le Monde du 26 novembre. 

Je me suis contenté de réagir à une information : Pascale Robert-Diard, journaliste expérimentée, consacrait un article – dont j’ai oublié le reste du contenu – aux attentats de Paris. J’ai seulement, dans mon blog, cité trois phrases de cet article. Je marquais ensuite mon admiration pour la beauté du geste instinctif noté par la journaliste, et ce n’est pas moi, mais elle, qui a écrit : « Elle lui doit la vie ». Je suis donc surpris que vous vous en preniez à moi : en quoi mes phrases sont-elles « culpabilisantes » ? Voilà ce que je ne comprends pas. 

J’ai été, comme tout le monde je crois, bouleversé par les attentats de Paris. J’ai suivi dans Le Monde, jour après jour, les récits poignants faits par les journalistes dans une suite intitulée « Mémorial du 13 novembre ». Je continue à lire, le cœur serré, les articles que le journal consacre encore aux rescapés, gravement blessés ou non, des attentats. 

Profondément désolé que mon billet puisse avoir ajouté à une douleur, du fait d’une interprétation que je persiste à considérer comme erronée, j’accepte bien volontiers de retirer la partie du billet qui concerne la personne disparue, et de faire figurer en son lieu et place cette petite correspondance, à laquelle je pense pouvoir ainsi mettre fin. 

Croyez bien que je partage la douleur des familles, des proches, des survivants. 

F. C. 

Note : J'apprends dans Le Monde du 27 novembre que V. R. n'est pas le seul. Gilles Leclerc était lui aussi présent au concert des Eagles of death metal au Bataclan, le 13 novembre. Sa famille et ses proches ont dû attendre le lundi à 17 heures pour apprendre qu'il ne reviendrait plus jamais. Sa chérie à lui s'appelait Marianne. Pascal Galinier, auteur de la notice qui lui est consacrée, écrit : « Nul n'est étonné d'apprendre comment il aurait sauvé Marianne en se jetant sur elle, au Bataclan ». Honneur à Gilles Leclerc !

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jeudi, 26 novembre 2015

ÉCRIRE SANS TREMBLER

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Une semaine après les attentats de Paris, Le Monde a eu une très bonne idée, pour son supplément littéraire du vendredi. Il a adressé à des écrivains une demande, joliment formulée : « … vous dont la langue est le métier, prenez la plume, aidez-nous à nommer l’innommable ». Vingt-huit ont répondu à l’appel. Cela donne ce "numéro spécial", sobrement intitulé « Ecrire sans trembler ». Bien entendu, une telle anthologie, faite de pièces et de morceaux hétérogènes, est incapable de produire une impression générale homogène. 

Il est évident que les lecteurs marqueront des préférences, et que les textes entreront en plus ou moins vive résonance avec la perception subjective de la réalité qu’ils ont développée, mais aussi avec leurs goûts littéraires : le style de chaque auteur, la sensibilité avec laquelle chacun a vécu les événements, l’angle sous lequel il envisage de répondre à la demande du journal, tout cela est forcément déterminant. 

Je n’échappe pas à la règle. Ainsi, si on me demande quel est l’intrus qui se cache parmi les invités, je répondrai du tac au tac : c’est une intruse. Mais pourquoi Jean Birnbaum a-t-il prié Christine Angot de se joindre à ce numéro spécial du « Monde des livres » ? Sa présence défigure à elle seule la manifestation, comme une verrue sur la perfection d’un nez grec. 

Je ne vais pas énumérer les interventions, encore moins dresser en deux colonnes tableau d’honneur contre tableau de déshonneur. Tout juste puis-je dire que j’apprécie particulièrement les textes de Jean-Claude Milner (« Le Califat a des lettres »), qui explique pourquoi le choix de Daech s’est porté sur Paris, symbole de civilisation et d'histoire ; d’Olivier Rolin (« Bref dictionnaire des idées reçues »), qui reprend une à une, pour les contester, certaines idées générales complaisamment colportées par des journalistes, des associations, des hommes politiques ; de Laurent Mauvignier (« Regarder la mort en face »), qui explique que continuer à écrire des livres est nécessaire, pour faire vivre l’idée de complexité du monde, contre les simplificateurs mortifères ; de Zurya Shalev, l’Israélienne qui a failli laisser la vie dans un attentat suicide et qui donne un texte d’une grande dignité (« La lamentation de la beauté enterrée sous les cendres »). J’arrête là : il y a quelque chose de beau dans toutes les contributions. A des degrés divers.

Alors, la grosse verrue sur le nez grec ? J'ai vraiment cru à une hallucination en lisant ça. Angot commence par raconter un fait divers de 1822, qui n’a rien à voir, et que raconte Stendhal en 1823 (il écrit : « L’année dernière … ») dans Racine et Shakespeare : le soldat en faction dans la salle d'un théâtre de Baltimore où l’on donne Othello tire sur l’acteur à la fin et lui casse le bras, tout ça parce qu’il n’allait pas laisser un nègre étrangler une blanche ! 

Tout faux, madame Angot. Le soldat a simplement confondu la réalité et la fiction. Il ignorait sans doute en quoi consiste une scène de théâtre, un pièce de théâtre, des acteurs de théâtre. Cela n'empêche pas la dame d'affirmer : « La même chose a eu lieu chez nous, amplifiée, et préméditée ». Quelle niaiserie, madame Angot. Dans quelle réalité mirobolante êtes-vous allée pêcher ce délire ? Alors les tueurs de Daech, selon vous, confondent la réalité et la fiction ? Mais enfin descendez de ce nuage d’autofiction sur le terreau duquel votre prose prospère depuis trop longtemps et sortez de votre bulle narcissique : la réalité est là, atroce, madame. Daech, c’est de la mort bien compacte et bien concrète. 

Je passe sur l’étrangeté de beaucoup d’assertions fumeuses en rapport avec la «civilisation», qui découlent sans doute de la bizarrerie des incroyables lunettes mentales que la dame a adoptées. Pour finir, je citerai le dialogue (intégralement cité par l'auteur, sans doute par souci d'authenticité) par textos dans lequel elle échange avec sa cousine Valérie, « qui habite Châteauroux » : « "Après ce qui s’est passé à Paris, dis-moi simplement si vous allez bien." J’ai répondu : "Oui, Charly et moi étions à la maison, Léonore chez un ami dans le 10°, on lui a dit de ne pas bouger. Aujourd’hui, je devais faire une lecture à la Maison de la poésie, mais tous les établissements de la ville de Paris vont rester fermés. C’est horrible." Elle : "Comme tu dis, c’est horrible. Je ne comprends plus ce monde de fous. C’est lamentable." Moi : "C’est une guerre, Valérie. Daech est en guerre contre nous." Elle : "Oui, je sais, et ça fait peur." Moi : "Il ne faut pas avoir peur, ils vont perdre, faire beaucoup de dégâts mais perdre." Et elle, à ce moment-là : "C’est ce que je me dis aussi. Ils ne peuvent pas dominer le monde et enlever ce que les gens ont dans leur cœur." Moi : "Exactement." ». Alors là, bravo pour la hauteur de l'échange ! A noter que l'utilisation du mot "horrible" par madame Angot vient juste après la fermeture de la Maison de la poésie. Juste après, elle signale « le mail d'une amie » qui regrette de ne pouvoir venir l'entendre faire sa lecture. Juste après, elle parle d'un documentariste : « David Teboul m'a filmée dans le centre-ville de Châteauroux ». N'en jetez plus : on est content pour elle. Je lui ferai simplement remarquer qu'un monde existe autour d'elle, en dehors d'elle.

A noter plus généralement que la dame a tenu à faire figurer dans son intervention la totalité de ce dialogue riche et percutant, cette éclairante et profonde analyse de la situation. Au scalpel. Elle tente de se rattraper dans son dernier paragraphe, en déclarant inaudible l’appel général des politiques à ne pas faire d’amalgame. Mais ça ne sauve pas un texte qui sonne si creux, qui sonne si replié sur soi, qui sonne si niais. 

Quelqu’un qui ressent les attentats de Paris comme un deuil personnel en même temps que national peut-il ne pas sortir de là complètement écœuré ? Monsieur Birnbaum, Le Monde est un journal réputé sérieux. Mais inviter madame Angot après le 13 novembre, alors là non, ce n’est vraiment pas sérieux. 

Si j'avais voulu être méchant, j'aurais regretté que madame Angot ne soit pas assez amatrice de hard rock.

Madame Angot écrit comme on fait pipi.

Voilà ce que je dis, moi.

NB : Il paraît que Un Amour impossible, le dernier livre de Christine Angot, s'est déjà vendu à 100.000 exemplaires. Ma parole, dans quel état moral et intellectuel se trouve une population qui fait ainsi fête à un auteur de cet acabit ? Pauvre littérature française, jusqu'où tomberas-tu ?

mercredi, 25 novembre 2015

CABU CHEZ LA VOYANTE

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On reconnaît Cabu à sa coupe de cheveux. On reconnaît Wolinski à son gros cigare. Les deux autres, j'ai du mal à les identifier. Bernard Maris ? Tignous ? Charb ? Ils sont morts en janvier dans les locaux de Charlie Hebdo, assassinés par les frères Kouachi. J'avoue que ce dessin de Dutreix m'avait échappé en janvier. Mais aujourd'hui, il me saisit à la gorge : je le trouve d'une justesse, d'un tragique et d'une drôlerie absolus. Il y a avant, et puis il y a après, sur le thème de : si on leur avait dit ...

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Quelle poilade, les copains !

Ce dessin, republié dans "Le Monde des livres" du 20 novembre fait aujourd'hui écho à ce que déclare Laurent Camax, époux de Claire, morte au Bataclan. Voici ce qu'écrit Fabrice Lhomme, rédacteur de la notice : « Laurent Camax évoqua avec sa femme le risque terroriste : "J'étais dans le déni total de ce fléau, raconte-t-il. Je me souviens avoir dit à Claire qu'on avait autant de chances de mourir à cause du terrorisme que de gagner au Loto sans y jouer. Aujourd'hui, elle se moquerait bien de moi ..." » (Le Monde, 23 novembre, pour son "Mémorial du 13 novembre"). Il y a avant, et puis il y a après.

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Claire Camax est morte, assassinée, au Bataclan, le vendredi 13 novembre 2015. Le couple avait deux enfants, de trois et sept ans.

Et merde !

Voilà ce que je dis, moi.

 

mardi, 24 novembre 2015

UN MONUMENT AUX MORTS

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Le Monde, sous le titre « Mémorial du 13 novembre », vient de prendre une initiative magnifique : ouvrir ses colonnes à l’édification d’un monument aux morts de ce maudit vendredi 13. Le site Médiapart avait commencé, en offrant au visiteur la liste de tous les noms des victimes, avec leur âge et quelques précisions sur leur métier et leur existence. 

Le Monde va plus loin : il entreprend de publier les « portraits » de tous les hommes et les femmes assassinés : « Les journalistes du Monde se sont donc rassemblés pour écrire ce mémorial du 13 novembre. Systématiquement, ils ont pris contact avec leurs proches, membres de leur famille lorsque cela a été possible, amis ou collègues, pour les aider à dresser ces portraits de gens qu’ils n’avaient jamais vus. Pour chacun, nous leur avons aussi demandé de nous prêter une photo, l’image du visage qu’ils voulaient que l’on conserve dans ce souvenir collectif ». 

Le numéro du Monde daté de mardi 24 novembre présente donc les neuf premiers portraits : Christophe Lellouche (« Un vrai charmeur »), Mathieu Hoche (« Curieux de tout »), Véronique Geoffroy de Bourgies (« Généreuse et engagée »), Hugo Sarrade (« Epris de liberté »), la Lyonnaise Caroline Prénat (« Un rayon de soleil »), Yannick Minvielle (« Un fou riant »), Fabrice Dubois (« Un grand enfant »), Jean-Jacques Kirchheim (« Un roi de la fête »), Raphaël Ruiz (« Un fiévreux du rock »). Saisissant comme chaque personne apparaît à la fois comme unique et ressemblant à vous ou moi. 

Inutile de dire que je ne manquerai aucun des numéros à paraître sous cette bannière maculée de sang. 

Voilà ce que je dis, moi.

I'M A POOR LONESOME COWBOY

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EN REMONTANT LE MISSISSIPI (N°16)

I’M A POOR LONESOME COWBOY

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L'ÉVASION DES DALTON (N°15)

 

lundi, 23 novembre 2015

UN MAUDIT VENDREDI 13 ...

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Devant "Le Carillon".

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... POUR DIRE LA PLACE DE LA FRANCE DANS LE MONDE

 AU SÉNÉGAL

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EN ALLEMAGNE

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EN ALLEMAGNE

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MÊME EN ARABIE SAOUDITE !

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EN CHINE

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AU ROYAUME-UNI

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AUX PHILIPPINES

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AU LIBAN

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A HONG KONG

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EN BELGIQUE

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EN COLOMBIE

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AU JAPON

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AUX ETATS-UNIS

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AU CANADA

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EN ITALIE

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EN ALGERIE

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AUX ETATS-UNIS

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EN ESPAGNE

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Moralité : en janvier, quand Cabu, Wolinski, Bernard Maris et les autres de Charlie Hebdo, ont été assassinés, j'avais été estomaqué d'apprendre que des gens, sur la place principale d'Oulan Bator, capitale de la Mongolie, eussent disposé des bougies pour crier "Je suis Charlie" !

Aujourd'hui, je (re)découvre que le monde aime la France. Aujourd'hui, les Anglais chantent la Marseillaise, et les Corses, pour une fois, ne la sifflent pas.

Aujourd'hui, je découvre que des citoyens d'origine arabe et/ou musulmane (on peut cliquer) se déclarent fiers d'être français, ou poussent un coup de gueule (idem 2'55") pour appeler les musulmans à faire le ménage, pour que des salopards cessent de salir leur "belle religion".

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Antoine Leiris, journaliste au Monde qui a perdu sa femme au Bataclan, écrit une lettre bouleversante : "Vous n'aurez pas ma haine".

“Vous n’aurez pas ma haine”

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

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Gratitude au monde : nous, citoyens français, soyons à la hauteur de cet amour. Cet amour nous oblige. Des salauds nous offrent une occasion de nous ressaisir : saisissons-la.

L'espoir renaît : allons, tout n'est peut-être pas perdu ! 

 

dimanche, 22 novembre 2015

I’M A POOR LONESOME COWBOY

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RUÉE SUR L'OKLAHOMA (N°14)

samedi, 21 novembre 2015

I’M A POOR LONESOME COWBOY

Ici, je renouvelle le lien vers la liste complète des victimes des attentats de vendredi 13 novembre (merci à Mediapart). 

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LE JUGE (N°13)

(la loi à l'ouest du Pecos)

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Ci- dessous, quelques montages vidéo édifiants et instructifs, qui mettent en scène l'état larvaire de la parole, de la pensée et de l'action du président que les Français ont eu l'idée malheureuse de porter au pouvoir.

Kaamelott vs Hollande.

Kaamelott bis.

Hollande vs De Funès.

vendredi, 20 novembre 2015

I’M A POOR LONESOME COWBOY

 

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LUCKY LUKE CONTRE JOSS JAMON (N°11)

Ce "Lucky Luke" est le seul (de Morris et Goscinny !) où l'on voit à la fin le héros marcher vers le soleil couchant en dirigeant Jolly Jumper vers la gauche de l'image : je n'en tire aucune conclusion.

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Oui, je suis vraiment, et plus que jamais, de ce pays.

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Ici, un lien vers la liste complète des victimes des attentats de vendredi 13 novembre (merci à Mediapart).

Lisez les 123 noms (sur 129) les uns après les autres.

Dites ces mots : "Leur vie" et retenez vos larmes, si vous pouvez (Aragon + Brassens, 3'32").

 

jeudi, 19 novembre 2015

LIRE LE CORAN

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KHEIREDDINE SAHBI, musicien algérien, 29 ans, mort le vendredi 13 novembre 2015 au Bataclan, à Paris.

Sans doute Allah qui en a décidé ainsi.

 

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Drapeau-France.jpgLE CORAN : IMPRESSIONS DE LECTURE D'UN INCROYANT  

 

Cela faisait longtemps que je voulais en avoir le cœur net. J’avais déjà fait quelques tentatives, mais à chaque fois découragées par le rébarbatif de l’entreprise. Et puis, surmontant enfin ma répugnance, j’ai attaqué le monument par la face nord, je veux dire la première sourate. Cette fois c’est la bonne : je lis le Coran. CORAN 1.jpg

Et cela dans la traduction d’un éminent connaisseur de la langue et de la civilisation arabes : Jacques Berque. L’édition est belle, le papier de qualité, la reliure solide : on peut avoir confiance. Si j’en crois l’abondance et l’érudition (souvent énigmatique pour le néophyte que je suis) des notes de bas de page, je soupçonne le monsieur d’avoir au préalable épluché une bonne partie de la monstrueuse littérature (commentaire, glose, exégèse, interprétation, ...) que le bouquin a suscitée au cours de l’histoire. Et j'estime en avoir lu désormais suffisamment pour commencer à livrer mes impressions de lecture. Et je vais vous dire : si ce n’est pas triste, c’est juste parce que c’est effrayant, le Coran. 

Première impression : tout ça n’a ni queue ni tête. Le Coran se présente sous la forme d’un innommable fatras, « éparpillé façon puzzle ». Le propos est horriblement décousu, passant à chaque instant d’une idée à l’autre, d’un thème à un autre. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur, qui qu’il puisse être, aurait voulu embrouiller le lecteur, il ne s’y serait pas pris autrement. De quoi se demander d’ailleurs si ce n’est pas le but recherché. 

Il est rare qu’une sourate comporte la moindre homogénéité, la moindre cohérence, la moindre continuité de son début jusqu’à sa fin (j’excepte à la rigueur la sourate Yusuf, qui raconte à peu près, quoiqu’à sa manière – il faut suivre –, l’histoire de Joseph et de ses frères). Pour l’essentiel, ce sont des pièces et des morceaux rassemblés à la diable. Rares sont les phrases qui vont du début à la fin sans s’interrompre. Comme le dit lui-même Tarek Oubrou (imam de la mosquée de Bordeaux) invité chez Finkielkraut, c’est l’anarchie qui règne. Ce qui m'étonne c'est que ça n’a pas l’air de l’embêter. 

En plus de me dire que l'islam a quelque chose à voir avec le désordre, j’en tire la réflexion suivante : je me dis que tous les musulmans sincères et assidus, en particulier ceux qui apprennent le Coran par cœur (il paraît qu’ils sont nombreux à s’infliger le pensum), ont la tête farcie de cette bouillie intellectuelle. Comment peut fonctionner un cerveau qui a longuement baigné dans un tel jus de puzzle ? Il y a de quoi avoir peur. 

Deuxième impression : le Coran n’apporte strictement rien de neuf par rapport à l’Ancien Testament comme au Nouveau. Tout juste cite-t-il des bribes de l’un comme de l’autre, de temps à autres, sans qu’on sache à quelle logique ces parachutages obéissent. Ainsi le livre est-il parsemé de crottes plus ou moins volumineuses de la Torah et des Evangiles, avec une référence obstinée à Abraham, toujours considéré comme le « croyant originel », celui dont l’existence précède jusqu’à « la descente de la Torah comme de l’Evangile » (en contestant au passage la chronologie habituelle). 

De toute façon, le Coran vient « accomplir » ce que n’ont pas voulu accomplir les juifs et les chrétiens (appelés « les Gens du Livre ») : « Enfin Nous avons fait descendre sur toi l’Ecrit, dans le Vrai, pour avérer ce qui était en cours, en l’englobant ». Traduction : toi le mécréant, j’espère que tu as compris que le Coran est supérieur à l’Ancien et au Nouveau Testaments réunis, puisqu’il les englobe ! 

Troisième impression : l’infernal ressassement de certaines formules, de certaines affirmations, de certaines idées. Comme si le même marteau voulait vous enfoncer le même clou dans le crâne. A tous les détours des pages, on tombe sur « Dieu est Tout pardon, Miséricordieux ». On tombe aussi sur le « jardin sous lequel les ruisseaux coulent » promis à tous ceux qui adorent Dieu ; sur « Quant aux dénégateurs, eh bien ! Je les châtierai de durs châtiments dans ce monde et dans l’autre ». Bref : apprendre le Coran par cœur, c’est apprendre à rabâcher une Vérité simplissime jusqu’à vous crever les yeux. 

Jacques Berque, le traducteur, le signale d’ailleurs en note de la sourate XV : « Peut-être qu’il est seulement question des duplications et itérations de l’exposé coranique » (p.277). Va donc pour les duplications et itérations. Le plus curieux ici, c’est que cette composition extrêmement insistante dans la répétition m’a rappelé l’impression que j’avais éprouvée en ouvrant le célèbre et totalement méconnu Mein Kampf, d’un certain Adolf Hitler. Je n'en tire pas de conclusion décisive.

Une composition, en quelque sorte, organisée en spirale, où les mêmes thèmes reviennent constamment sous des habits un peu différents, comme si l’auteur passait son temps à avancer, tout en récapitulant ce qui a précédé. Jacques Berque, dans ses notes de bas de page, ne parle pas de construction en spirale, il parle d’ « entrelacs » : « Le thème du châtiment des peuples passés n’occupe pas ici la même place que dans "Les Poètes", mais devient partie intégrante d’un discours à entrelacs » (p.271). Va pour les entrelacs. 

Quant au style, on trouve très peu de phrases simplement déclaratives, mais constamment des exhortations, des impératifs. A chacun d'en tirer les conclusions.

Quatrième impression : l’humanité se divise en deux. D’un côté ceux qui croient en Dieu, de l’autre le reste de l’humanité. Parmi les composantes de ce dernier (le "reste"), un sort particulier est fait aux « Gens du Livre », autrement dit aux juifs et aux chrétiens, mais l’essentiel, qui est seriné à presque toutes les lignes, c’est l’espèce de mur infranchissable que la « Parole » élève entre les croyants et les autres, irréconciliables par essence. J'attends qu'on m'explique où l'on peut trouver des références communes entre les adorateurs de ce livre-là et les Européens enracinés dans un sol d'origine chrétienne.

Toutefois, le Coran fait une distinction : si les chrétiens sont plutôt des « égarés » (sous-entendu : qu’on peut espérer ramener dans le bon troupeau), les juifs sont quant à eux des « réprouvés ». Leur destin est tout tracé : « Tandis que les dénégateurs, à rien ne leur serviront auprès de Dieu biens ni progéniture. Ceux-là seront les compagnons du Feu : ils y seront pour l’éternité » (sourate III verset 116). 

Et pourtant, on lit ailleurs : « Ceux qui croient, ceux qui suivent le Judaïsme, les Chrétiens, les Mandéens, quiconque croit en Dieu et au Jour dernier, effectue l’œuvre salutaire, ceux-là trouveront leur salaire auprès de leur Seigneur. Il n’est pour eux de crainte à nourrir, et ils n’éprouveront nul regret » (sourate II, verset 62). Allez comprendre ! Même que Jacques Berque commente en note : « Verset œcuménique avant la lettre ! » (p.34). 

Ce qu’il faut retenir ici, c’est que cette division de l’humanité entre le camp du Bien (les croyants) et le camp du Mal (les autres) est rappelée à tout instant, martelée, serinée, parfois trois fois par page. 

Que ceci soit bien entendu : je ne dis pas que ma lecture est complète, ni qu’elle est neutre. J’ai commencé, je ne sais pas quand je finirai (il me reste à peu près la moitié à ingurgiter). De plus, ma lecture est sans doute pleine de préjugés, voire de partis pris. Mais je ne suis pas a priori islamophobe. Je l’ai dit : ce sont des impressions de lecture. Ma conclusion : imbuvable.

Je dis seulement que ce que j'ai lu du Coran ne m'encourage pas à l'islamophilie, bien au contraire.

J’ai lu la Bible. Elle me fait moins peur que le Coran.

Voilà ce que je dis, moi.

Note : j'y reviendrai sans doute quand j'aurai achevé la lecture.

mercredi, 18 novembre 2015

LE MONDE A TRAVERS LA VITRE

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I'M A POOR LONESOME COWBOY

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ARIZONA (N°3).

La toute première fois.

C'était sans Goscinny. Je mentionne ici pour mémoire cet opus de Morris quand il était seul aux commandes. La série qui s'amorce ici se contentera des albums auxquels l'illustre scénariste a apporté sa "patte" inimitable.

PHOTO SANS MUSIQUE

Ba-ta-clan, à l'origine, est une opérette de Jacques Offenbach. L'action se passe dans un lointain pays de langue chinoise. On y trouve des personnages portant les noms de Fé-ni-han, Ké-ki-ka-ko, Ko-ko-ri-ko, Fé-han-nich-ton. Quand la pièce se termine, tout est bien qui finit bien.

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Ci-dessous, vu dans la "face 6" (disque 3) du coffret Orfeo (Monteverdi) enregistré en 1968 par Michel Corboz, à la tête de l'Ensemble vocal et instrumental de Lausanne. Eric Tappy dans le rôle d'Orphée.

Datation au carbone 14 : époque du vinyle. Ce que c'est qu'un vinyle avant le pressage.

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LE MONDE A TRAVERS LA VITRE

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mardi, 17 novembre 2015

QUAND LE DERNIER VERRE SE VIDE ...


(cliquer ci-dessus pour entendre cette mémorable chanson (3'50") de 

JACQUES DEBRONCKART)

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L'auditeur lambda des informations ne pourra pas dire qu'on ne l'informe pas : les attachés de presse de l'armée ont fait savoir à messieurs et mesdames les journalistes que les avions français ont largué, dans un premier temps, vingt bombes sur des installations de Daech, et dans un deuxième temps seize bombes. L'auditeur lambda est heureux d'entendre messieurs et mesdames les journalistes répercuter très consciencieusement ces informations indispensables.

lundi, 16 novembre 2015

ILS SONT MORTS

GUILLAUME B. DECHERF, journaliste, 43 ans.

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HALIMA SAADI, mère de deux enfants, 37 ans (et sa sœur HOUDA).

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VALENTIN RIBET, avocat, 26 ans.

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AURÉLIE DE PERETTI, infographiste, 33 ans.

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PIERRE INNOCENTI, restaurateur, 40 ans.

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THIERRY HARDOUIN, policier, 36 ans.

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Six parmi tant d’autres morts !

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Dans Libération du 16 novembre.

Romain DIDIER, Lamia MONDEGUER, Marie MOSSER, Alban DENUIT, Thomas DUPERRON, Elsa DELPLACE et sa mère Patricia NUNEZ, Quentin BOULENGER, Mathieu HOCHE, Milko JOZIC et son amie Elif DOGAN, Nick ALEXANDER, Thomas AYAD, Cédric MAUDUIT, Elodie BREUIL, Manu PEREZ, Lola SALINES, Nohémi GONZALEZ, Nicolas CLASSEAU, Mathieu GIROUD, ...

Tant d'autres, qui avaient un âge, qui avaient un nom, qui avaient un visage ! 

Ils avaient tous une vie, et une seule ! 

Ils n'étaient pas en guerre.

Et encore : Fabrice DUBOIS, Juan GARRIDO, Quentin MOURIER, Hélène MUYAL, David PERCHIRIN, Hugo SARRADE, Valeria SOLESIN, Anna LIEFFRIG, Véronique de BOURGIES, Asta DIAKITÉ, Victor MUÑOZ, Grégory FOSSE, ...

J'essaie de me consoler comme je peux. Ici, l'impeccable Ensemble Arpeggiata de Christina Pluhar, joue La Lyra d'Orfeo, de Luigi Rossi. 

Dans le viseur : 1h 16' 29" de sérénité.

dimanche, 15 novembre 2015

LE MONDE A TRAVERS LA VITRE

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samedi, 14 novembre 2015

C'EST LA GUERRE !

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Je ne suis en guerre avec personne, mais quelqu'un m'a déclaré la guerre.

 

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Il se trouve que quelques fanatiques viennent d'appliquer au pied de la lettre une partie du texte de la prière (tirée de la sourate Al-Fatiha) que tous les musulmans récitent cinq fois par jour. 

Quand ceux qui prêchent la tolérance et l'ouverture à la religion des autres ouvriront-ils les yeux ?

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C'est la sourate 1, intitulée : « Ouverture ».

Traduction 1 (André Chouraki).

 

  1.     Au nom d’Allah, le Matriciant, le Matriciel.
  2.     La désirance d’Allah, Rabb des univers,
  3.     le Matriciant, le Matriciel,
  4.     souverain au jour de la Créance :
  5.     Toi, nous te servons, Toi, nous te sollicitons.
  6.     Guide-nous sur le chemin ascendant,
  7.     le chemin de ceux que tu ravis,non pas celui des courroucés ni des fourvoyés.

 

Traduction 2 (Jacques Berque)

 

1 Au nom de Dieu, le Tout miséricorde, le Miséricordieux

2 Louange à Dieu, Seigneur des univers

3 le Tout miséricorde, le Miséricordieux

4 le roi du jour de l’allégeance.

5 C’est Toi que nous adorons, Toi de qui le secours implorons.

6 Guide-nous sur la voie de rectitude

7 la voie de ceux que Tu as gratifiés, non pas celle des réprouvés, non plus que de ceux qui s’égarent.

 

Etant entendu, le plus souvent, que les "réprouvés" et les "égarés" sont respectivement les juifs et les chrétiens.

vendredi, 13 novembre 2015

LA MORT DE STALINE

On est le 28 février 1953, à la Maison de la Radio du Peuple, à Moscou. Au programme du concert, le concerto pour piano de Mozart n°23. Au piano, Maria Ioudina. Le concert est diffusé en direct. Tout s’est bien passé, et les musiciens s’apprêtent à rentrer chez eux. Mais le directeur a donné l’ordre aux sentinelles d’empêcher toute sortie. 

Car le directeur est tout près de faire dans sa culotte : il a reçu un coup de fil qui lui a enjoint de téléphoner à un certain numéro. « Dans exactement 17 minutes ». S’exécutant, il entend la voix de Staline en personne : « J’ai beaucoup aimé le concerto de ce soir. Je souhaite en recevoir un enregistrement. On viendra le chercher demain ». Le ciel lui tomberait sur la tête, le directeur ne serait pas plus épouvanté. 

Car les techniciens, comme à l’habitude en cas de direct, n’ont rien enregistré. Conclusion du directeur : « On va tous mourir ». Et Staline est injoignable : « Le numéro que vous avez demandé n’est plus attribué ». Seule solution : rejouer. Les musiciens de l’orchestre savent trop ce qu’ils risquent s’ils refusent. Seule la pianiste exclut résolument cette possibilité : « Tu veux tous nous faire tuer ? – Bien sûr qu’on veut jouer », lui lancent les autres. Elle acceptera, contre 20.000 roubles. 

Ensuite, c’est le chef qui s'écroule victime d'un malaise, tétanisé par la perspective de diriger « … pour Staline … pour Staline … pour Staline … ». On réveille un sous-chef qu’on emmène de force jusqu’à la salle : il dirigera en robe de chambre. Quand les agents du NKVD se présentent pour réceptionner le disque, la pianiste Maria Ioudina glisse dans la pochette un petit mot destiné à Staline : « Cher camarade Staline, Je vais prier pour vous, jour et nuit, et demander au Seigneur qu’Il vous pardonne vos lourds péchés envers le peuple et la nation … ». 

Il écoute le début du disque, tout en froissant rageusement le papier, sans doute en méditant le sort affreux qu'il fera subir à l'insolente. Mais il ne fera plus mal à personne : une attaque le terrasse brutalement. Il ne s’en relèvera pas. Il meurt officiellement le 5 mars. Il y eut vraiment une Maria Yudina (1899-1970), grande pianiste russe, la préférée de Staline. Une autre notice indique : « ... elle passe pour avoir été la seule pianiste que supportait Staline qui l'aurait convoquée en pleine nuit au Kremlin avec un orchestre pour jouer le concerto K. 488 de Mozart » (soit dit en passant, c'est bien le n°23). Son mot adressé au « Petit Père des peuples » est-il historique ? A-t-il causé, directement ou non, sa mort ? Je n’en sais rien, et peu importe. 

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En tout cas, c’est ainsi que commence La Mort de Staline, de Nury et Robin, admirable volume de bandes dessinées. Admirable introduction : bienvenue dans l'enfer rouge. Les auteurs mettent en pleine lumière l’ambiance de terreur qui règne partout, et même (et surtout) au sommet du pouvoir, à l’époque où le dictateur semble tout-puissant, où chacun sait et sent que la moindre erreur, la moindre imprudence peuvent conduire à la mort, au goulag, en tout cas à l’arbitraire total de la volonté d’un seul. 

C'est clair : dans un tel système, tout le monde tremble comme une feuille. Avec raison : tous les témoins de la fin de Staline sont embarqués dans des camions militaires, en direction, on s'en doute, des glaces de la Sibérie et des sévérités du Goulag, voire pire. Béria exige de Lydia Timotchouk qu'elle lui envoie les meilleurs médecins au chevet de Staline, au simple motif que c'est elle qui a dénoncé tous les médecins  qui ont, sur sa simple accusation, été condamnés dans l'affaire dite des « blouses blanches ». Béria a barre sur elle, depuis le 17 janvier 1938, « date à laquelle je t'ai baisée par tous les trous ». Il est bien entendu qu'aucun des médecins, aucun des témoins de tout ça, ne sortiront vivants de l'événement.

La BD s’est mise au diapason : à sujet brutal, traitement brutal. Les silhouettes, les faits et gestes sont dessinés au couteau. Les traits sont accusés, les visages sont constamment traversés des grandes balafres qu’y tracent les passions mauvaises. Tout est crade et impitoyable dans cette histoire noire, pleine de menaces, de coups bas et de cruautés. Le régime totalitaire dans toute sa splendeur, tel que décrit par Hannah Arendt : délation, espionnage de tous à tout instant, intérêts sordides promus raison d’Etat, caprices des puissants et bassesses en tout genre. 

L’histoire, c’est celle qui se déroule après l’agonie et la mort de Staline (qui avait commencé simple braqueur de banque). L’URSS est un bloc de glace dans lequel pas une oreille ne consent à bouger si elle n’a pas l’autorisation expresse de son supérieur hiérarchique. L’ombre de Staline s’appelle Béria. Quand le maître a son attaque, l’ombre en question voit soudain son horizon s’ouvrir. Il n’attendait que ce moment pour enfin passer du rang de dieu subalterne à celui de dieu en chef. 

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Il ne néglige aucune précaution : occupé à se servir du corps d’une fille au moment où il reçoit l’appel fatal, il ordonne à ses sbires, qui lui demandent quoi faire d’elle : « Ramenez-la chez elle… Arrêtez son père ». Plus fort et plus terrible : arrivé chez Staline pour se rendre compte de l'état de celui-ci, et avant même de prévenir les autres responsables, il met la main sur tout un tas de dossiers qui compromettent  ses rivaux potentiels du « Conseil des ministres » (Krouchtchev, Malenkov, Mikoyan, Boulganine, Molotov, …), espérant que le chantage les musellera. 

Pas de chance pour lui : ceux-ci se liguent contre lui et préparent longuement le moment où ils le jetteront bas. Béria finit misérablement fusillé dans un sous-sol. Quant aux comploteurs, ils sont désormais les maîtres. Ils ne veulent surtout pas changer quoi que ce soit au mode de fonctionnement de l’URSS : ils se sont juste réparti les rôles, dans un nouvel équilibre des forces. « Vers un avenir radieux » (dixit Béria, au moment où les balles le traversent). 

Plusieurs épisodes sont absolument glaçants. Les trains étant immobilisés pour éviter toute manifestation de masse, le peuple, à l'annonce de la mort de Staline, marche vers Moscou pour rendre hommage à son idole : la police tire dans le tas. Ailleurs, c'est l'équipe des médecins convoqués autour du dictateur, tous pétrifiés de peur, puis embarqués vers le goulag ou la mort après la mise en bière du corps, en compagnie de tout le personnel civil, y compris la gouvernante du défunt, fidèle et effondrée de chagrin. Ailleurs encore, ce sont les principaux comploteurs qui, pour mettre au point la chute de Béria, se réfugient sur le balcon, parce que l'intérieur est truffé de micros. C'est là qu'ils évoquent les listes à constituer des gens à éliminer : « Bien sûr ... Une purge complète, comme on a fait en 36 avec Staline. (...) De très longues listes, où l'on n'oubliera personne ».

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L'implacable et très juste récit d'une époque et d'un système terribles. Inhumain. Mais on le sait : tout ce qui est inhumain est humain. 

Voilà ce que je dis, moi.

LE MONDE A TRAVERS LA VITRE

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jeudi, 12 novembre 2015

MON ART ABSTRAIT

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