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vendredi, 27 novembre 2015

TOMBEAU DE V.R.

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Préambule : un "Tombeau" était, en poésie ou en musique, une œuvre dédiée à un grand homme disparu, une œuvre écrite en son honneur, une œuvre en forme d'éloge funèbre. V. R. aurait peut-être été un grand homme, si on lui en avait laissé le temps. On ne le saura pas. Je lui dédie ce tout petit billet.

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Le visiteur de ce blog ne trouvera plus ce billet tel qu'il se présentait depuis le 27 novembre. Ce qu'il trouvera est la correspondance imprévue à laquelle, quatre-vingts jours après, il a donné lieu. Voici le courriel que j'ai reçu le 11 février 2016.

Bonjour Monsieur, 

Je ne vous connais pas et ce que vous écrivez sur V. R., mon grand frère, me déplaît et m'attriste, surtout quand je vois que c'est l'un des premiers liens sur lequel on tombe lorsque l'on tape son nom sur internet.Vous ne le connaissiez pas, vous ne connaissez pas Eva et visiblement vos sources sont fausses.


Evidemment vous ne vous en êtes pas rendu compte ou du moins je l’espère mais en voulant faire un éloge de V. vous écrivez en fait des phrases culpabilisantes pour E. " Pour moi, elle aura eu la chance, non : le privilège de rencontrer un homme, un vrai, qui, au moment du danger de mort, n'a pas songé un instant à son propre sort.J'ignore tout de ce qu'on peut ressentir, quand on sait que la personne la plus chère à vos yeux est morte en voulant vous protéger : c'est au-delà de la raison". 

Mon frère n'a pas besoin que vous lui "rendiez hommage" et encore moins besoin que vous fassiez souffrir son amoureuse à l'idée qu'elle est encore en vie. 

Bref, tout cela pour vous dire que je souhaite vivement que vous supprimiez cet article de votre blog. 
J'espère que vous comprendrez. 

Cordialement,

 

-- Léa R.

 

Et voici la réponse.

 

Madame, 

Je ne m’attendais certes pas à recevoir un courriel comme le vôtre, qui me stupéfie et suscite mon incompréhension. Je me demande encore comment il est possible d’interpréter à mal le modeste billet que j’ai consacré à V. R. le 27 novembre. Vous me dites que mes sources sont fausses. Ma source est pourtant mentionnée dans le billet : Le Monde du 26 novembre. 

Je me suis contenté de réagir à une information : Pascale Robert-Diard, journaliste expérimentée, consacrait un article – dont j’ai oublié le reste du contenu – aux attentats de Paris. J’ai seulement, dans mon blog, cité trois phrases de cet article. Je marquais ensuite mon admiration pour la beauté du geste instinctif noté par la journaliste, et ce n’est pas moi, mais elle, qui a écrit : « Elle lui doit la vie ». Je suis donc surpris que vous vous en preniez à moi : en quoi mes phrases sont-elles « culpabilisantes » ? Voilà ce que je ne comprends pas. 

J’ai été, comme tout le monde je crois, bouleversé par les attentats de Paris. J’ai suivi dans Le Monde, jour après jour, les récits poignants faits par les journalistes dans une suite intitulée « Mémorial du 13 novembre ». Je continue à lire, le cœur serré, les articles que le journal consacre encore aux rescapés, gravement blessés ou non, des attentats. 

Profondément désolé que mon billet puisse avoir ajouté à une douleur, du fait d’une interprétation que je persiste à considérer comme erronée, j’accepte bien volontiers de retirer la partie du billet qui concerne la personne disparue, et de faire figurer en son lieu et place cette petite correspondance, à laquelle je pense pouvoir ainsi mettre fin. 

Croyez bien que je partage la douleur des familles, des proches, des survivants. 

F. C. 

Note : J'apprends dans Le Monde du 27 novembre que V. R. n'est pas le seul. Gilles Leclerc était lui aussi présent au concert des Eagles of death metal au Bataclan, le 13 novembre. Sa famille et ses proches ont dû attendre le lundi à 17 heures pour apprendre qu'il ne reviendrait plus jamais. Sa chérie à lui s'appelait Marianne. Pascal Galinier, auteur de la notice qui lui est consacrée, écrit : « Nul n'est étonné d'apprendre comment il aurait sauvé Marianne en se jetant sur elle, au Bataclan ». Honneur à Gilles Leclerc !

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mardi, 24 novembre 2015

UN MONUMENT AUX MORTS

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Le Monde, sous le titre « Mémorial du 13 novembre », vient de prendre une initiative magnifique : ouvrir ses colonnes à l’édification d’un monument aux morts de ce maudit vendredi 13. Le site Médiapart avait commencé, en offrant au visiteur la liste de tous les noms des victimes, avec leur âge et quelques précisions sur leur métier et leur existence. 

Le Monde va plus loin : il entreprend de publier les « portraits » de tous les hommes et les femmes assassinés : « Les journalistes du Monde se sont donc rassemblés pour écrire ce mémorial du 13 novembre. Systématiquement, ils ont pris contact avec leurs proches, membres de leur famille lorsque cela a été possible, amis ou collègues, pour les aider à dresser ces portraits de gens qu’ils n’avaient jamais vus. Pour chacun, nous leur avons aussi demandé de nous prêter une photo, l’image du visage qu’ils voulaient que l’on conserve dans ce souvenir collectif ». 

Le numéro du Monde daté de mardi 24 novembre présente donc les neuf premiers portraits : Christophe Lellouche (« Un vrai charmeur »), Mathieu Hoche (« Curieux de tout »), Véronique Geoffroy de Bourgies (« Généreuse et engagée »), Hugo Sarrade (« Epris de liberté »), la Lyonnaise Caroline Prénat (« Un rayon de soleil »), Yannick Minvielle (« Un fou riant »), Fabrice Dubois (« Un grand enfant »), Jean-Jacques Kirchheim (« Un roi de la fête »), Raphaël Ruiz (« Un fiévreux du rock »). Saisissant comme chaque personne apparaît à la fois comme unique et ressemblant à vous ou moi. 

Inutile de dire que je ne manquerai aucun des numéros à paraître sous cette bannière maculée de sang. 

Voilà ce que je dis, moi.