jeudi, 10 novembre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
... C'ÉTAIT RIGOLO.
Aujourd'hui, un Grand Maître aux cimaises de ma galerie BD.
Sa Majesté Gir, alias Giraud, alias Moebius.
Ci-dessus, on a un bonne idée de ce que, dans la BD, on pourrait appeler la Planche Absolue. Gir fait partie du tout petit cercle des gens capables de "ça". On la trouve dans Ombres sur Tombstone, puis dans le volume Apaches, qui rassemble, des cinq volumes de "Mister Blueberry", tout ce qui concerne les Indiens.
Ci-dessous, une demi-page virtuose (qui a quelque chose à voir avec La Vague d'Hokusai) du Major fatal, dès le début duquel Moebius part à l'aventure : on se dit que, d'un épisode au suivant, lui-même ne sait pas du tout ce qui va se passer. Le scénario est un collage de souvenirs de films et de toutes sortes d'inventions, et se fout royalement de la continuité du récit. Il flirte avec tous les genres à la mode, tous les clichés narratifs, quelques poncifs cinématographiques, mais en se moquant éperdument de tous les genres. On y voit même que le ciel commence à se disloquer. Comme dit la chanson : « Dis, dis, qu'est-ce que tu dis ? Tout ça n'est que parodie » (Guy Béart, 4'41"). A moins que ce soit un pastiche.
Dans cette histoire qui se moque éperdument de la logique de l'histoire racontée, il y a un major Grubert, un Jerry Cornélius, un Bakalite, un Star Billiard, robot gigantesque conçu pour rallier le premier niveau par onde Puchpull, qui s'assied en plein désert aussi longtemps que l'espion et la passagère clandestine font l'amour dans son crâne, une dame qui s'appelle Malvina, un certain Graad, un archer masqué (ci-dessus après avoir abattu l'objet volant du destin et recueilli l'ingénieur Barnier, qui se révélera être une femme après avoir perdu son casque). Et un tas d'autres trucs dérisoires et sublimes. Les tâcherons de la science-fiction, du space opera, de l'héroïc fantasy et autres "genres" peuvent aller se rhabiller avec leur uniforme de sérieux et d'application. Moebius reste Moebius : indépassable.
Ci-dessous, on voit, jusque dans le détail le travail d'orfèvre de maître Moebius, une planche du Garage hermétique de Jerry Cornelius, suivi de deux zooms avant pour mieux apprécier la précision. Moralité : côté technique, Moebius m'en bouche un coin et met la barre très haut.
Le grand Hayao Miyazaki, que les Japonais considèrent à raison comme un génie du cinéma d'animation (Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro, ...), n'évoquait pas sans une vive émotion la grande figure de Jean Giraud alias Moebius, dont il reconnaît très volontiers l'influence sur son propre travail.
Et quand Moebius n'était pas encore le seigneur de la BD qu'on a connu ensuite, il ne dédaignait pas de donner un dessin à des petites revues sans moyens, gravitant autour du fantastique et de la science-fiction. Exemple ci-dessous, avec ce n°1 de Nyarlathotep, revue à la vie courte, fondée par M. M., Lyonnais, fils d'Inspecteur Général, vaguement situationniste, devenu bibliothécaire, puis perdu de vue.
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mercredi, 09 novembre 2016
AVANT L'OUVERTURE
Photographies Frédéric Chambe.
L'installation est pour très bientôt.
Les points clairs en bas à droite (un vert, un rouge) ne sont pas des parasites ou des saletés.
Quelques reflets inopportun à cause du double vitrage.
Pour l'instant, l'accès à la mezzanine semble un peu problématique, sinon compromis. Je me demande si la CHSCT (Commission Hygiène Sécurité et Conditions de Travail) avalisera l'usage de l'échelle télescopique. Cela m'étonnerait un peu.
Ci-dessous la dernière mouture, autrement éclairée, telle qu'elle se présente aujourd'hui même.
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mardi, 08 novembre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Le regretté Fred, dans (A suivre) n°28. Sans son Philémon et son âne Anatole, sans son ancien puisatier Barthélémy, le désormais fameux "Naufragé du A" auquel tient compagnie le centaure Vendredi, dans la cabane en bois qui a "poussé" comme pousse n'importe quelle plante, jusqu'à devenir "naturellement" un palais magnifique. Le A, cette île aux deux soleils, purement virtuelle, figure exclusivement sur la carte géographique représentant l'Atlantique, et Philémon y a atterri en tombant accidentellement dans le puits à côté de la maison, quand il a voulu récupérer une
bouteille mystérieusement apparue à sa surface, bouteille dans laquelle se trouvait un message : « Au secours ! ». Une bouteille à la mer, quoi. Mais au fond d'un puits dont l'eau est salée parce qu'au fond, il y a l'océan Atlantique. Philémon est doté d'un père, Hector, qui côtoiera ou traversera toutes sortes d'aventures rocambolesques sans perdre un iota de l'esprit fort qui le caractérise et le rend hermétique à l'extraordinaire (« Un incrédule sera toujours un incrédule », dit Félicien à la fin du bien nommé Voyage de l'incrédule). Pour que le "monde du A" existe, il faut y croire. Je n'en doute pas.
La série tout entière des Philémon, la seule à ma connaissance qui ait autant de
proximité avec l'onirisme pur (excepté Little Nemo in Slumberland, le chef d'œuvre de Winsor McCay, vignette ci-contre, où l'on voit Nemo dans son lit aux pieds démesurés se balader au-dessus des buildings), est bourrée jusqu'à la gueule des trouvailles graphiques et narratives les plus abracadabrantes, tant il est vrai que le monde du rêve ouvre les vannes aux combinaisons de figures les plus extravagantes. Fred raconte, dans L'Histoire d'un conteur éclectique, de Marie-Ange Guillaume (Dargaud, 2011), que tout a commencé quand l'idée lui est venue d'inventer une histoire pour son enfant : « C'était à Nice, pendant un repas familial. Eric s'embêtait à table et je lui ai raconté une histoire pour le faire patienter - comme ma mère me racontait des histoires pour me faire avaler ma soupe. (...) J'ai utilisé les éléments du décor : la mer, les bateaux, une bouteille. Il était fasciné et ça m'a donné envie d'écrire cette histoire tout de suite ». L'imagination, le talent du dessinateur et le Pilote de Goscinny ont fait le reste.
Double page dans le tome 1 de l'intégrale (hélas amputée ici).
De son séjour harakiresque, je me rappelle peu. Je retiens surtout l'incroyable cruauté et la noirceur intense de l'humour qui inspiraient les dessins. En revanche, je n'ai manqué aucun épisode de Philémon, même si la série, en s'acheminant vers le quatorzième, perdait à mon avis (un tout petit peu) de sa force imaginante et de son dynamisme narratif.
Il se peut aussi que, comme dans tout coup de foudre confronté à l'écoulement du temps, la lassitude vient au moment où les ficelles de l'être aimé deviennent visibles. Et comme dans la passion, quand le moment fatidique est passé, les gens raisonnables peuvent éventuellement se dire qu'à l'intensité de l'orage amoureux doit succéder la paix de la simple familiarité. Je ne sais pas si je suis raisonnable, mais à cet égard, je peux avouer que Philémon reste partie intégrante de mes souvenirs d'amour.
Reste une collection étourdissante d'inventions et de figures, parmi lesquelles je citerai la bouteille-navire, dont Philémon sauve les marins en débranchant les lampes-naufrageuses, plantes électriques agressives ; le piano sauvage, que Philémon arrive à dominer dans une corrida où il s'agit, pour que la bête soit vaincue, de "plaquer un accord", ce que tout le public des arènes applaudit, même s'il s'agit d'un "cluster" tout ce qu'il y a de "contemporain" ; le château suspendu à une corde ; le manu-manu militari ; les criticakouatiques qui infestent l'île des souffleurs de théâtre avec, quand le vaisseau théâtre les voit apparaître, le capitaine qui crie : « Tout le monde en scène ! » ;
Simbabbad de Batbad, le boxer qui bave, où Fred a personnifié son propre chien ; l'attrape-nigaud, cette tapette-à-souris qui se suicide parce que Philémon donne la réponse juste (« Hum ») à l'énigme posée par ce sphinx d'un nouveau genre ; les oiseaux-huissiers, qui se chargent d'évacuer les dépouilles des brigadiers (en fait des manus-manus militari domestiqués, dont les trois premiers doigts ont été revêtus de l'uniforme du gendarme à bicorne pour en faire des marionnettes à gaine, genre Guignol de Lyon ; il faut déshabiller le brigadier pour rendre le manu-manu à la vie sauvage, car c'est bien connu : « Ôtez l'uniforme à un brigadier et il retourne au néant ») quand un des leurs a subi une défaite ; je m'arrête là, je n'en finirais pas.
Dans Philémon, règnent la loi et le casse-tête de toutes les séries : comment faire pour ne pas (trop) se répéter ? Pour que Philémon puisse retourner sur le A (et en revenir), Fred se creusait les méninges à trouver de nouvelles portes d'entrée (Félicien en fait un principe : « Tu sais bien qu'on ne peut utiliser deux fois le même moyen pour aller sur le A ». D'ailleurs le chef des rouleurs de la mer le déclare à Philémon : « Depuis que le barbu a utilisé deux fois le même passage, la marée a disparu ») : après "le puits", il y eut "le globe et la lorgnette" (ce qui le fait atterrir sur le I, ce qui fait s'esbaudir le gardien-roi du phare-hibou, dont le fond du regard est souple comme du caoutchouc), puis "le coquillage" qu'il faut gonfler à la pompe, puis "le plongeon dans le cerceau", puis "la corde", etc. Même gymnastique pour ses retours.
Je me garderai d'oublier les autres productions d'Aristidès (Othon Frédéric Wilfrid dans les aventures du commissaire Bougret, l'immortelle créature de Gotlib, doublée de l'inoubliable inspecteur Charolles : « Ah patron, comme indice, c'est plutôt maigre ! ») : Le fond de l'air est frais, Hum!, Le Petit cirque (fabuleux !), le corbac aux baskets, la dernière image, etc... Et je ne connais pas tout.
Fred le Magnifique !
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lundi, 07 novembre 2016
APRES LA FERMETURE
Photographie Frédéric Chambe.
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dimanche, 06 novembre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Tardi, dans (A suivre) n°33 (voir mon billet du 3 octobre, à propos de son puissant Dernier assaut, qui vient de paraître), qui ne s'occupe pas seulement d'Adèle Blanc-Sec, de Brindavoine, du démon des glaces, ou de la guerre de 14-18. C'est dans cette revue qu'il a dessiné le premier "roman graphique" (puisqu'il faut appeler ça ainsi) sur un scénario démoniaque de Jean-Claude Forest (Ici Même), dont le héros, qui habite une improbable
maisonnette juchée au sommet d'un mur, a hérité de sa famille tous les murs qui cloisonnent une ancienne immense propriété, et qui est contraint, testament oblige, de courir toute la journée d'un portail à l'autre, sans mettre les pieds sur le sol, pour ouvrir et fermer les portails (c'est lui qui a les clés) aux descendants qui entrent ou qui sortent, et qui ont, eux, hérité les parcelles que le temps, les héritages et les murs ont peu à peu multipliées et divisées.
J'ai découvert Tardi dans Pilote, avec des histoires courtes, comme "La Torpédo rouge sang" (vous dire si ça remonte, je ne me rappelle plus si c'est là-dedans qu'il y a un bouchon de radiateur auquel est attachée une malédiction (note du 6 décembre : j'ai retrouvé le bouchon de radiateur : il est dans la Rubrique-à-brac de Gotlib) ou l'album rigolo et déjà très engagé Rumeurs sur le Rouergue. J'ai ensuite admiré le travail (sur carte à gratter, me semble-t-il) dans Le Démon des glaces. Ensuite, je n'ai plus rien manqué de ce qui a suivi : l'improbable Polonius, fable rétro-science-fictionesque ; le très noir, sinistre Griffu, dans l'éphémère et excellent hebdo des éditions du Square BD. L'hebdo de la BD ; les adaptations de Léo Malet et Jean-Patrick Manchette
; La Débauche, Jeux pour mourir, la série Adèle Blanc-Sec, bien foutraque, quoiqu'un peu lassante à la longue (« Pa ! -Pa-zu ! -Pa-zu-zu ! », l'invasion des limules (la limule étant l'animal qu'Alfred Jarry considérait comme le plus définitivement laid de la création), le ptérodactyle, etc...) ; Varlot, Brindavoine, tout le saint-frusquin industriel et guerrier qui assomme les hommes de 14-18, ensemble au sommet duquel trône encore C'était la Guerre des tranchées, suivi de la litanie : Putain de guerre ! et Le Dernier assaut.
Je n'ai pas attendu Tardi pour être terrassé par la prise de conscience de ce qu'avait été la guerre de 14-18 pour l'Europe et pour l'humanité. J'avais dès longtemps commencé à photographier les monuments aux morts de France sous toutes les coutures, avec les aléas que sont le
temps qu'il fait et l'heure d'ensoleillement optimal pour la prise de vue. Mais je dois dire que, quand j'ai découvert la même préoccupation chez ce grand auteur de BD, je lui ai été reconnaissant de me permettre de me sentir, je ne dirai pas en état de connivence, mais en terrain familier.
J'ai encore adoré les quatre volumes du sombre et tragique Cri du peuple, d'après l'œuvre de Jean Vautrin, au titre très julesvallèsien (c'était celui du journal fondé par Jules Vallès, lui-même acteur de la Commune, qui a pu s'exiler à Londres et échapper à la boucherie), qui raconte jusque dans les profondeurs bien sordides, mais de façon admirablement documentée, les deux mois de 1871, d'abord enthousiastes, puis atroces, qui sont restés dans l'histoire sous le nom de "Commune de Paris". Il ne nous épargne pas les horreurs auxquelles se sont livrés les Versaillais, mais aussi les excès commis par les Communards.
Je n'ai calé que sur le stalag où Tardi raconte son père prisonnier de guerre pendant la deuxième g.m. (gaudriole mondiale), et son retour. Que Tardi veuille bien me pardonner la faiblesse. Ce n'est sans doute que partie remise.
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samedi, 05 novembre 2016
QUELQUES NUANCES DE GREY
Mon art abstrait.
Photographies Frédéric Chambe.
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vendredi, 04 novembre 2016
QUAND LA POLICE FAIT SA « NUIT DEBOUT »
Qu’est-ce qui leur prend aux policiers ? Ils font leur « Nuit debout » ? Comme les « révolutionnaires » de la place de la République à Paris au printemps ? Ils mettent leur souk ? Ils sèment leur zone ? Alors bon, de quoi est-ce qu’il retourne ?
Parce qu'au premier abord, on ne comprend pas. Ben oui, quoi, les abus commis par les policiers dans toutes sortes de circonstances sont innombrables. Dernièrement, un Parisien, maître de conférences, l’a appris à ses dépens dans je ne sais plus quelle gare de la capitale : témoin de l’interpellation très « musclée » d’une personne à peau noire, il sort son smartphone et filme la scène, car les flics n’y vont pas de main morte, à croire qu’ils ont mis la main sur quelque dangereux hors-la-loi.
Ma doué ! Il aurait mieux fait de s’abstenir. Voilà que des policiers s’approchent, lui tordent le bras dans le dos, lui mettent une « béquille », puis la main aux fesses, lui lancent des menaces de viol agrémentées de propos diversement fleuris, au motif qu’il « voulait jouer » avec la police. Le gars a pris un avocat et annoncé qu’il n’en restera pas là.
Probable qu’il se verra notifier le délit d’ « outrage et rébellion » : en quelques années, les cas d’outrage et rébellion ont été multipliés par cinq dans les affaires passant en correctionnelle. Aujourd’hui, si vous avez à faire à la police dans la rue, un seul conseil : fermez-la, ne posez aucune question, a fortiori n’élevez aucune protestation, sinon vous êtes passible d’un « outrage et rébellion » en bonne et due forme. Pour bien faire, portez ostensiblement un badge « J'aime la Police ! ».
J’ai moi-même été témoin de petites scènes de la vie vécue, où la police en action montre jour après jour que la « mentalité cowboy » anime effectivement beaucoup de ses membres. A se demander si l’inculcation de cette mentalité dangereuse n’est pas incluse dans le programme de formation des policiers.
Oui, au fait, j’aimerais avoir une idée du « référentiel » qui sert de base doctrinale dans les écoles de police. Selon quelle logique est structuré le cerveau d’un policier ? Qu’est-ce qu’on lui enseigne réellement, et comment l’enseigne-t-on ? Voilà qui serait bien intéressant. J’attends le jour où un journaliste d’investigation se penchera sérieusement sur la question. Oui : comment forme-t-on (formate-t-on ?) nos policiers ?
On peut avoir une idée de la chose en se rappelant, entre autres catastrophes causées par Sarkozy à son arrivée au ministère de l’Intérieur, qu'il a supprimé la police de proximité, sous prétexte que le métier d’un policier "n’est pas de jouer au football avec des jeunes dans les quartiers défavorisés" (Sarko dixit, déclaration faite à Toulouse, je crois). Bien sûr, en même temps que la police, sur ordre, désertait les « quartiers », laissant le champ libre aux « commerces » et aux caïds, la décision révèle la façon dont ce petit chef envisageait la profession policière : priorité absolue à la répression sur la prévention. Pour Sarko-le-muscle, c'est "prévention-piège-à-con". Ne plus inspirer le respect, mais la crainte. L’uniforme de « robocop » serait un autre signe de cette "déontologie" d'un nouveau genre. Si c'est cela qui est enseigné aux jeunes policiers en formation, ça expliquerait bien des « bavures ».
Mais il ne faut pas s’en tenir à ce seul aspect. Car si les policiers ont manifesté par centaines (voire milliers) sans passer par leurs syndicats, donc en toute illégalité, on se doute qu’ils ont des raisons pour cela. Pour braver les foudres de la hiérarchie et de la loi, il faut que le vase de l’exaspération ait plus que débordé, mais il faut aussi un certain courage (ou culot).
A force de tourner autour des questions de sécurité, de liberté, de « service public à la française », j’ai fini par me dire qu’un ver était dans le fruit policier. Il est vrai que si on regarde l’hôpital, que si on regarde l’école, que si on regarde la justice, l'armée, on est tenté de penser que des tas de vers sont en train de s'en mettre plein la lampe en se goinfrant de cet autre fruit, qui s’appelle la France. Alors pourquoi la police serait-elle épargnée ? Et qu’on ne me dise pas qu’il faut s’adapter, qu’il faut réformer, qu’il faut se mondialiser sous peine de.
Alors qu’est-ce qui dresse les policiers contre leurs conditions de travail, voire contre la haute hiérarchie ? Et d’une manière plus générale, quels sont ces vers voraces qui bouffent de l’intérieur des institutions aussi essentielles que l’hôpital, l’école, la justice, la police, l’armée ? Est-ce qu’il faut imputer tout le mal au « manque de moyens » ?
Restons-en à la police. Moi qui n'ai accès qu'aux informations accessibles à tout un chacun, je vois deux facteurs principaux : 1 – l’application d’une politique « managériale » à toute la structure hiérarchique de la police (autrement dit : à la gestion purement administrative et comptable de la police) ; 2 – la « politique du chiffre », inspirée de l’exigence d’évaluation des personnels, imposée dans tous les commissariats (typique de l'importation vassale des méthodes américaines de "gouvernance", cf. Alain Supiot, La Gouvernance par les nombres ; Olivier Rey, Quand le Monde s'est fait nombre).
Exemple : j’arrête un type à dreadlocks bariolé de vert-orange-rouge avec un pin’s en feuille à cinq folioles, je trouve sur lui dix grammes de « shit », je suis content. Plusieurs comme ça dans la journée, je suis aux anges. Dans mon rapport d’activité, ce soir, je pourrai cocher autant de cases dans la colonne « affaires ouvertes » que dans la colonne « affaires résolues » : efficacité 100%. Difficile de faire mieux. Promotion en vue. Pendant ce temps, les délinquants plus compliqués à trouver, plus longs à confondre et à arrêter, plus dangereux, ceux-là, ils peuvent courir. Il me faut du résultat, coco !
Quant à l’effet de la politique managériale (écoutez sonner le sous-entendu : priorité à la productivité du travail et à la rentabilité de l'action), on a très bien perçu lors des manifs de flics, le ressentiment de la « base » à l’encontre de la haute hiérarchie, syndicats compris, car perçus comme faisant partie intégrante du système (la même cogestion Etat-syndicats de l'institution qui a totalement décrédibilisé le SNES dans l'Educ.Nat.). Bon, c'est vrai, on a aussi entendu des « Justice laxiste », qui montrent une pure et simple ignorance de la réalité (doublement de la population carcérale en trente ans).
Que se passe-t-il ici ? Le même phénomène qui touche le personnel politique français : plus on monte dans la hiérarchie, plus on perd de vue le réel, le concret. Les hiérarques n’ont aucune idée de la façon dont ça se passe pour les gusses qui sont derrière la charrue à labourer le terrain. Pour faire vite : la base contre les élites. En haut, ils distribuent les ordres, et sont (grassement) payés pour pondre des circulaires, vérifier les bilans de l'action et distribuer les bons et mauvais points. En bas ? La valetaille exécutante.
Ajouté à tout ça que les commissaires sont paraît-il financièrement intéressés aux « résultats » obtenus par leur commissariat, au moyen de « primes » du même nom. Ajouté à cela le pied de guerre sur lequel sont maintenus tous les personnels depuis un an et demi, et l’épuisement bien compréhensible qui en découle. Ajouté à cela qu'on a vu, par exemple sous Sarkozy, avec Frédéric Péchenard (actuel directeur de sa campagne), Bernard Squarcini, ..., la connivence entre la très haute hiérarchie et certains gouvernants, tentés d'utiliser la police comme masse de manœuvre au service d'ambitions personnelles. Ajouté ... Non, j'arrête.
On constate tous les jours à l’hôpital les dégâts qu’a causés la réforme Sarkozy-Bachelot, avec en particulier la « rémunération à l’acte » (toujours la sacro-sainte politique du chiffre), adoptée pour que les « managers » hospitaliers (pas forcément des médecins, d'abord des administrateurs !) puissent se faire l’idée la plus précise de l’activité de l’établissement qu’ils « administrent », réforme qui soumet, là encore, sous couvert de "rationalisation", les personnels à une pression infernale.
On se plaint des lenteurs de la justice, on se plaint de l’absentéisme des professeurs, on se plaint de la brutalité cowboy de certains policiers, on entend effaré les cris d'alarme des personnels hospitaliers. Quand une de ces institutions se porte mal, les mauvais comportements des individus qui les servent s’expliquent. Quand la façon dont ceux-ci sont littéralement poussés à bout, car sommés d'exécuter les consignes venues de l’autorité, on est tentés de comprendre qu’ils puissent sortir de leurs gonds.
Les policiers se plaignent d’être mal aimés de la population ? Pourquoi donc ne pas inclure dans leur formation initiale un enseignement vraiment républicain qui leur donnerait mission de ne pas considérer les gens et les passants comme autant de suspects potentiels (soixante millions de suspects, cf. les écoutes généralisées), mais comme autant de gens qu’ils doivent protéger ? Accessoirement, cela aurait le mérite de les éloigner des thèses du Front National, pour lequel ils sont paraît-il nombreux à voter.
La police française telle qu’elle se présente est le résultat d’un processus de fabrication. L’hostilité qui l’oppose à une partie non négligeable de l’opinion est aussi le résultat d'un processus de fabrication. Si la police veut regagner la confiance et retrouver l'adhésion de la population, il faut que le comportement des policiers reflète le respect qu'ils éprouvent pour les individus.
Alors, cette hostilité, est-ce qu'elle est un effet que les administrateurs n'avaient pas prévu de la politique mise en œuvre ? Ou plus sournoisement, ne serait-elle pas précisément le but recherché par les hauts responsables ? Comme si les hauts responsables politiques, les gens au pouvoir, les gouvernants, avaient peur de nous, la population de France (voir le traitement infligé aux manifestants du printemps) ? Comme s'ils estimaient de bonne politique, pour se rassurer, d'inspirer aux Français, par le biais de l'action policière, une peur assez forte pour les intimider, et paralyser leurs colères ?
Je pose juste la question.
Voilà ce que je dis, moi.
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jeudi, 03 novembre 2016
FLEUR DE BOIS
Photographie Frédéric Chambe.
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mercredi, 02 novembre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Franquin faisant un détour par la planète des singes, dans (A suivre) n°16, sans Spirou, sans Fantasio, sans le comte et le maire de Champignac, sans le marsupilami, sans Spip, sans Gaston, sans monsieur de Mesmaeker, sans Jules-de-chez-Smith-en-face, sans Prunelle, sans Lebrac, sans 'moiselle Jeanne, sans la bande, sans les voisins Ducran et Lapoigne, entrepreneurs de travaux publics irascibles (on les comprend).
Accessoirement, je n'entre pas dans le débat suscité par le selfie réalisé tout récemment par un macaque de je ne sais plus où : certains se sont en effet demandé si les droits d'auteur de ce selfie devaient être versés au singe ou au photographe qui lui a mis le smartphone en main.
On n'a que les questions qu'on se pose.
Je n'entre pas non plus dans le débat que s'acharnent à lancer des zoologistes et autres éthologues un peu allumés autour de la question du « Propre de l'Homme », et qui font tout pour convaincre le bon peuple que les animaux connaissent l'altruisme, que les chimpanzés ont des pratiques "politiques" (ça c'est une idée défendue par Pascal Picq) et autres ingéniosités visant à faire tomber les barrières d'espèces et l'humanité de son « piédestal ». Les talents, les performances et les prouesses de certaines espèces truffaient déjà les revues pour la jeunesse quand j'étais gamin.
Franquin est un Génie, je n'hésite pas à être, en cette occasion, aussi "péremptoire" que le "club" éphémère du même nom, auquel j'ai un temps appartenu. Mais il n'a plus besoin de thuriféraires ou d'adorateurs : son carrosse posthume avance sans que des laquais aient besoin de le pousser. Franquin est un carrosse automobile. Un carrosse royal, bien entendu !
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, bd, franquin, gaston lagaffe, spirou, fantasio, marsupilami, pascal picq
mardi, 01 novembre 2016
COMPOSITIONS NUANCÉES
Photographies Frédéric Chambe.
Pas du jaune, pas du rose, pas du gris : des surfaces, des cloisonnés de nuances.
« Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la Nuance ! ».
P. V.
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lundi, 31 octobre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Dans (A suivre) n°25, Martin Veyron, son minable et génial Bernard Lermite le bien nommé (pas sur la photo ici). Je n'ai pas tout suivi. Mais c'est dans l'album inaugural (Bernard Lermite) qu'on trouvait cette blague définitive : « Quelle est la différence entre une nourrice et un pont ? - ... - Eh bien, la nourrice montre son sein, et le pont s'affaisse », le héros s'écriant « Elle est bonne » quand, le pont s'étant effectivement affaissé au passage de la voiture, il essaie de s'en sortir à la nage. Je crois que c'est dans ce volume qu'il pratique l'ellipse dans le récit avec la plus épatante virtuosité.
Je mentionne pour mémoire l'album L'Amour-propre ne le reste jamais longtemps, dans lequel, entre autres galipettes, concours de soixante-neuf ou exercice de "cravate de notaire", une maîtresse du moment, à peine vêtue d'une serviette de bain, ouvre la porte, et dit à la visiteuse : « Je me faisais juste enculer sous la douche ». Réplique de la visiteuse, pas jalouse : « Vous voulez dire que vous vous faisiez embrasser sur la bouche ? ».
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dimanche, 30 octobre 2016
LE MONDE DANS LA VITRE ...
... ET LA VIE DERRIÈRE LA VITRE
(les deux, mon général !).
La boulangerie en train de fermer.
Photographie Frédéric Chambe.
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samedi, 29 octobre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Mézières, sans Valérian, sans Laureline, sans Alflolol, sans le goumoun, sans le schniarfeur, sans les Schingouz, sans le transmuteur grognon de Bluxte, dans (A suivre) n°9.
Toute la série Valérian est intéressante parce que, sous couvert de science-fiction, les scénarios de Pierre Christin se débrouillent presque toujours pour aborder des problématiques sérieuses de notre présent. Par exemple, dans Bienvenue sur Alflolol l'opposition radicale entre la qualité de vie et des gens et la civilisation du travail obligatoire et de l'exploitation effrénée de la nature et des hommes à des fins intéressées. Les Alflololiens ont une culture où le travail est inconnu, où priment la liberté et la fantaisie individuelle, où chaque enfant, à un moment crucial, "découvre son don" personnel. Les terriens, après avoir essayé de parquer les Alflololiens dans des réserves hostiles et insalubres, comme les Américains l'ont fait avec les Indiens, les mettent au travail dans leurs usines. Le résultat est hilarant : au lieu des infâmes nourritures industrielles, il en sort désormais des objets de pure et simple beauté, mais sans aucune utilité marchande. Inutile sans doute d'ajouter une analyse psychosociologique détaillée du point de vue de Mézières et Christin sur le système qui organise nos existences.
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vendredi, 28 octobre 2016
NADEEM ASLAM : LA VAINE ATTENTE
NADEEM ASLAM : LA VAINE ATTENTE
Je viens de lire La Vaine attente, livre de Nadeem Aslam, écrivain d’origine pakistanaise vivant en Angleterre depuis ses quatorze ans. Ce bouquin paru en 2009 délivre un message unique et puissant : la religion musulmane est, sur le plan humain, une pure et simple aberration. Ceux qui considèrent l'islam comme une religion "comme les autres" se fourrent le doigt dans l’œil. Remarquez que l'Occident ne sort pas trop grandi de l'histoire. Pas pour la religion, mais question cruauté, ce serait plutôt un partout, avec avantage tout de même aux fanatiques islamiques.
L'islam est une aberration qui fournit à une foule de malades mentaux les éléments nécessaires pour répandre la terreur autour d’eux si la fantaisie ou l'appétit de pouvoir les prend. Première aberration qui me revienne de la lecture : quand Mahomet scellait un marché avec une femme, il avait trouvé un détour pour ne pas se "souiller" en lui serrant la main, en plongeant la sienne dans une jarre pleine d’eau, dans laquelle elle n’avait plus qu’à faire de même pour que cette sorte de signature vaille validation. Il ne serrait pas la main des femmes, mais pour assurer sa descendance, il n'a pas hésité à les toucher de près, et en profondeur. Une religion de malades, quoi.
A l'époque de l'Afghanistan ouvert, accueillant et tolérant, le vieux Marcus, dont la maison de six pièces est située non loin de la ville d’Usha, s’est converti à l’islam pour pouvoir épouser Qatrina. Tous les murs, à l’intérieur de la maison, sont peints de scènes, de paysages et de personnages, que Marcus a soigneusement couverts d’une couche de boue quand les talibans ont pris le pouvoir : il sait qu’ils interdisent toute musique et toute représentation de la figure humaine. Il a bien fait : les rares endroits laissés visibles sont mitraillés au kalachnikov.
Qatrina aime peindre. Elle a réalisé quatre-vingt-dix-neuf peintures pour honorer chacun des noms par lesquels le Coran glorifie Allah (le très miséricordieux, etc.), et les a entreposées dans une malle. Cette malle, Marcus la retrouve je ne sais plus où, et la soustrait à son voleur. Arrêté pour cela en tant que voleur présumé (il est incapable de prouver qu’elle est à lui), il est condamné à se voir trancher la main. Et c’est à Qatrina que les talibans donne le scalpel pour que la peine soit exécutée.
Elle en deviendra folle et, dans sa folie, pendant toute la durée de l’hospitalisation de Marcus, cloue au plafond tous les livres de sa bibliothèque (voir l'image de couverture), qui comporte une foule d’exemplaires précieux et anciens. Ensuite accusée d’avoir vécu des dizaines d’années dans le péché avec cet homme (un mariage prononcé par une femme n’est pas valable aux yeux d'Allah), on la condamne à la lapidation. Elle mettra huit jours à mourir, mise à croupir dans une cellule, avec les asticots qui lui tombent du nez dans la bouche.
On n’en finirait pas d’énumérer les atrocités commises par tous les « bons musulmans » qui peuplent le livre (dont le terrible « buzkashi » par lequel les « dukhi » afghans à cheval se disputent un butin nommé Benedikt, le déserteur russe frère de Lara, qui finit comme on peut le deviner : en charpie). Par le personnage de Casa (Giocante Casabianca, l’homme sans nom ainsi baptisé quand il était petit), l’auteur nous fait entrer dans l’esprit, les raisonnements et la vision du monde qui peuvent ou doivent être ceux d’un musulman pur et dur, qui a voué sa vie à la destruction des ennemis de l’islam et de l’Afghanistan. L’effet est saisissant.
Il serait injuste de ne pas mentionner la présence des Américains, en la personne de David Town, un ancien de la CIA qui, dégoûté, a quitté le service, et de James Palantine, fils de Christopher (un ami de David, qui s'est suicidé pour des raisons x), et membre actif et très opérationnel des « Forces spéciales », sans pitié pour ceux qu’il considère comme les ennemis de la sacro-sainte Amérique, celle précisément dont David Town s’est débarrassé des mythes pour ne plus voir devant lui que des personnes humaines (David tend la main à Casa en le faisant travailler à la fabrication à la façon indienne d'un canoë destiné à se promener sur le lac ; Casa le remerciera en se faisant sauter avec lui sur une mine oubliée dans le jardin de Marcus).
Pour obtenir des informations du nommé Casa, James, en effet, n’hésite pas à lui faire "travailler" un œil au chalumeau jusqu'à ce qu'il coule. « Merci pour ce moment », a-t-on envie d’ajouter.
Nadeem Aslam n’oublie pas de faire mention des rivalités tribales qui opposent les Afghans entre eux de toute éternité. J’ai évoqué Benedikt, le déserteur russe, devenu le butin convoité par deux clans rivaux, avec l’abomination qui en découle. Mais la rivalité quasi-tribale qui oppose Nabi Khan et Gul Rasool n’est pas mal non plus.
Ce dernier utilise les Américains en leur faisant croire qu’il est de leur côté, pendant que l’autre passe aux yeux de ces benêts soi-disant civilisés pour des crapules fanatisées. Rasool se garde de dire à ses protecteurs qu’il détourne à son profit une large part de l’aide alimentaire fournie par la « communauté internationale » au peuple afghan qui souffre. Nabi Khan lui enverra une dizaine d'hommes-explosifs.
Je ne parle pas des personnages absents (morts) dont les vivants sont à la recherche (Zameen, Bizhad, on ne sait plus bien de qui ils sont fils, frères ou épouses).
Tout le livre est à la recherche d’un monde définitivement perdu ; d’un temps où l’Afghanistan était le pays de la paix, de l'hospitalité et de l’accueil de l’étranger ; d’un temps où Marcus pouvait épouser (moyennant conversion) une musulmane, fonder une fabrique de parfum, exhumer sans scandale une tête monumentale de Bouddha couché, tête qui laissera couler de l’or des blessures infligées par les kalachnikovs des talibans. Depuis ces temps pacifiques auxquels les vieux pensent avec nostalgie, la religion musulmane a rallumé l'incendie de l'intolérance et de la "guerre aux infidèles".
La thèse principale de l’auteur reste en effet que l’islam, en se répandant comme une traînée de poudre au septième siècle et en conquérant presque sans coup férir des territoires gigantesques, a fait subir à des civilisations et à des sociétés avancées et prospères une régression enragée, dans un violent retour au moyen âge. Les musulmans y sont décrits comme cette perdrix mise en cage, et qui ne cesse de balancer la tête d’avant en arrière, comme ces petits musulmans que des fascistes obligent à lire le Coran pour les imprégner jusqu'à la moelle de la Vérité révélée.
Ce livre salutaire devrait, pour nous occidentaux, sonner le tocsin. Il ne faut pas confondre tolérance et aveuglement.
Un roman qui est un manifeste, un cri d'alarme poussé par quelqu'un qui vient de par là-bas, et qui doit savoir de quoi il cause.
Voilà ce que je dis, moi.
09:00 Publié dans LITTERATURE, RELIGIONS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, nadeem aslam, la vaine attente aslam, islam, musulmans, islamistes, talibans, afghanistant, religion, mahomet, allah, oussama ben laden, mollah omar, le coran, sourate, cia, central intelligence agency, amérique, états-unis
jeudi, 27 octobre 2016
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Benoît Sokal (Inspecteur Canardo, ...) et ses animaux pensants, parlants (et pas que, comme on voit), dans (A suivre) n°1.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 octobre 2016
LE MONDE DANS LA VITRE
Photographie Frédéric Chambe.
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Les facéties de l'actualité.
Au printemps, Nuit debout repeint le monde aux couleurs de la révolution.
A l'automne, voilà que c'est au tour de la police de faire sa Nuit debout.
09:00 Publié dans A LA CROIX-ROUSSE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, lyon, croix-rousse, nuit debout, police, france, société
lundi, 24 octobre 2016
OMBRE
L'ombre du droséra sur le mur.
Photographie Frédéric Chambe.
09:05 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, droséra
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO
François Schuitten, dans (A suivre) n°3, avec son incroyable trait en courbes de niveau qui m'évoque irrésistiblement le corps zébré des femmes de Lucien Clergue (ci-dessous).
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, bande dessinée, bd, françois schuitten, revue à suivre, lucien clergue, érotisme, lyon, librairie expérience, librairie expérience adrienne
dimanche, 23 octobre 2016
DANS SON JUS
Taille du panneton : 28 x 34 mm.
Poids de la clé (avec sa chaîne) : 449 g.
Longueur : 191 mm.
Largeur de l'anneau : 65 mm.
Ce n'était pas la clé du paradis. De toute façon, il est perdu, comme le veut la définition du paradis.
09:05 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Jeanne d'Arc, vue, revue et corrigée en foutraque par F'murr.
F'murrr et ses "r" extensibles, son joyeux et débridé délire : Jehanne Darc, Au Loup (où il assaisonne à sa façon, en de nombreuses variantes frapadingues, le conte du Chaperon rouge), et surtout Le Génie des alpages (au moins une douzaine de volumes),
avec son troupeau de moutons en folie qui suivent les cours de la Bourse, son bélier Romuald, son chien qui explique E=MC², son berger au bord de la crise de nerfs plus souvent qu'à son tour, dans (A suivre) n°1.
Corbeau dessiné en direct par F'murr (avec un coup de main en forme de soleil couchant de Mézières), au temps où je courais les signatures-dédicaces (c'était à la librairie Expérience, fermement tenue par Adrienne, rue Petit-David, juste pas loin du théâtre des Ateliers).
Ceux-ci sont dans Barre-toi de mon herbe.
J'ajoute ceci, qui ouvre sur une perspective un peu plus "contemporaine".
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, bd, fmurr, revue à suivre, barre-toi de mon herbe, jehanne darc, mézières, le chaperon rouge, fmurr au loup, lyon, librairie expérience, bande dessinée adrienne
samedi, 22 octobre 2016
FLOTTAISON
Photographie Frédéric Chambe.
« Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ».
A. R.
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ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO
Bazooka (Kiki ou Loulou Picasso, je ne sais plus), avec son fascinant graphisme de rupture, dans (A suivre) n°11.
Andreas Baader et Ulrike Meinhof. Au fond, le cadavre de Hans Martin Schleyer après l'assassinat et, comme dans un miroir, la plaque d'immatriculation de sa voiture.
Pas vraiment de la BD, mais un vrai style. Qui triomphe en noir et blanc.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, bd, bazooka productions, kiki picasso, loulou picasso, revue à suivre, bande à baader, rote armee fraktion, andreas baader, ulrike meinhof, hans martin schleyer, terrorisme, fraction armée rouge
vendredi, 21 octobre 2016
EFFLORESCENCE
Ce qu'il advient du vivant : mou et un peu gluant dans un premier temps (voir ici 12 octobre).
Photographie Frédéric Chambe.
« Quand de la chair que trop avons nourrie,
Elle est piéçà dévorée et pourrie,
Et nous les os devenons cendre et poudre.
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ».
F. V.
(Je n'oublie jamais que le poème commence par : « Frères humains ».)
09:05 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, poésie, françois villon, ballade des pendus
ÇA FAISAIT DES BULLES …
… C’ÉTAIT RIGOLO.
Aux cimaises de ma galerie BD.
Le regretté Jean-Claude Forest, dans (A suivre) n°24.
Ce sont des gens comme Forest qui font mériter à la BD l'appellation de "Neuvième art".
Ah, Forest et sa talentueuse religion du corps féminin ! Barbarella (avec sa machine à faire mourir de plaisir ; avec son "Aiktor" le robot, disant après la "chose" : « Oh madame, je connais mes faiblesses : mes élans ont quelque chose de mécanique. - Aiktor, vous êtes sublime jusque dans vos répliques », cité de mémoire) pourquoi on ne ressort pas la version originale, celle d'avant la censure, au fait ?) !
Le Semble-lune, cette drôle d'histoire où, sur fond de concurrence compagnonnique (Browningwell contre Spoonlove, alias "Renard de liberté" contre "Varlope filante"), Barbarella va devenir mère en même temps que "mère" compagnonnique et cosmique effigie de la "Science éclairant le monde" (grâce au "Tric-Trac-Transfert"), c'est de la science-fiction si l'on veut, mais c'est surtout du Jean-Claude Forest, en train de parler d'art et d'amour. Et de l'amour de l'art. Et de la conquête des dix-huit planètes du système Faustroll.
J'adore Mystérieuse, matin, midi et soir, avec son "arbre minuit", avec son professeur Alizarine, avec son irruption de Barbarella devenue vieille dame. Pour raconter des histoires à son jeune fils, Fred a inventé l'île A sur la carte de l'Atlantique ; pour rendre hommage à L'Île mystérieuse de Jules Verne, Forest a inventé l'île du Pourquoi, avec sa forme en point d'interrogation.
J'aime beaucoup le cycle des Hypocrite : ...et le monstre du Loch Ness, Comment Décoder l'Etircopyh (à lire dans un miroir), N'Importe quoi de cheval, ce dernier avec son improbable espion Freddy-Fred, dit Le Fred, avec son pont d'Avignon en forme de tigre à dents de sabre, qui finit par s'effondrer, avec son Brise-Bise ronchon mais cœur d'or, avec, avec ...
J'ai une tendresse pour le graphiquement foutraque et déjanté Tiroirs de poche ... (et fonds de miroirs), avec ses chansons sans musique, ses femelles en chaleur et ses mâles au calibre respectable. Probablement sans queue ni tête (façon de parler), sans doute expérimental, mais indispensable.
Bref, ce que je n'aime pas, chez Jean-Claude Forest, c'est tellement peu que c'est ... rien du tout.
09:00 Publié dans BANDE DESSINEE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bande dessinée, bd, revue à suivre, jean-claude forest, le semble-lune, docteur faustroll, mystérieuse matin midi et soir, jules verne l'île mystérieuse, hypocrite et le monstre du loch ness, la revanche d'hypocrite, comment décoder l'étircopyh, n'importe quoi de cheval, tiroirs de poche et fonds de miroirs
jeudi, 20 octobre 2016
INCANDESCENCES
On dit aussi : "couleurs chaudes".
Photographies Frédéric Chambe.
09:05 Publié dans PAS PHOTOGRAPHE MAIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie