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mercredi, 03 octobre 2018

FRÉDÉRIC BEUTTER JUNIOR SE MARIE ...

1895

[UN "BRILLANT" MARIAGE]

6 mars : Aujourd’hui Melle Verneret vient proposer à Maman un mariage pour Fred avec Melle Mirk et une dot de 10.000 Frs comme elle a été légitimée à 9 ans nous n’y donnons pas suite, mais activons nos démarches auprès des Harmet.

25 mars : Mr de Castelnau fait venir Fred chez lui et lui propose un superbe mariage. Fred dit qu’il ne se prononcera pas avant d’être fixé sur ses vues sur Melle Harmet, M. de C. l’approuve et lui promet son concours.

27 avril : Aujourd’hui Mr Harmet m’ayant donné rendez-vous sur la place St-Charles je l’emmène au bureau où il me demande, en cas, que l’idée de marier nos enfants se réalisait, combien je lui donnerais pour cadeaux et mise en ménage je lui réponds que dans ma position actuelle, je ne pourrais pas lui donner plus de 10.000 Frs plus 3.000 Frs de rente viagère et qu’il désirerait garder comme inaliénables les propriétés qu’il a achetées et qui ne devront pas figurer sur le contrat, je lui ai répondu que nous nous en rapportions à lui pour cela et que Fred ne tiendrait pas à toucher le capital mais il n’est pas de cet avis, enfin il demande à ce que rien ne soit changé à nos rapports actuels avant fin Mai lorsqu’il donnera sa réponse définitive. 

20 avril : Mr. De Castelnau ayant informé Fred de ce que Mr Harmet lui avait dit qu’il pourrait maintenant agir comme il l’entendrait Maman et moi allons prier M. de C. de faire la demande ce qu’il promet de faire en quelques jours.

21 mai : Mr Harmet m’ayant donné rendez-vous sur la place Marengo me dit de venir avec Maman demain faire la demande officielle.

22 mai : A 2 heures Maman et moi allons chez Mr Harmet et sommes reçus à bras ouverts Melle charmante dit gentiment oui à notre demande après quoi nous nous embrassons tous bien heureux de ce bonheur inespéré. Fred est invité à déjeuner pour demain et envoie le soir même son 1er bouquet, j’annonce la nouvelle à Mme Alexandre et David félicité chaudement.

23 mai : J’écris à Joseph Henri Léon Valayer à midi Fred bien ému va chez les Harmet et porte une belle bague de fiançailles il est reçu très chaudement et part pour Lyon inviter   Félix et Hortense au dîner chez M.H. pour demain soir où nous serons présents tous à leur famille, il revient à 1 heure du matin bien content.

24 mai : J’écris à mes frères et sœurs et reçois des félicitations partout.

25 mai : Ce soir grand dîner de fiançailles chez Mme Harmet et présentation à la famille, Félix et Hortense arrivent à 6 heures assistent au dîner avec tante Maria et partent à 10 heures. Accueil charmant et cordial nous sommes tous enchantés de notre gentille future belle-fille.

29 mai : Ce soir Mr Mme Melle Harmet viennent pour la 1ère fois souper à la maison.

2 juin : Fred va passer 2 jours de fête chez les Harmet à Flévieux et Vienne.

6 juin : Aujourd’hui Fred reçoit un beau bronze (Vulcain forgeant une flèche) offert avec une lettre par une 100aine de ses ouvriers. Le soir Mr Harmet vient souper à la maison.

10 juin : Ce soir Mr Mme Melle Harmet viennent souper à la maison.

13 juin : Ce soir Fred présente sa corbeille de mariage se montant à près de 10.000 Frs et payée par la dot que je lui ai constituée.

22 juin : Ce soir Fred donne son dîner de garçon chez Faure pour les garçons d’honneur et tous les chefs de service de l’usine qui lui offrent un beau bronze.

30 juin : Ce soir à 5 heures lecture et signature du contrat chez Mr Harmet devant le notaire Mr Balaÿ, Félix Hortense, nous tous et le Cel Rivoire y assistent, tout se passe bien quoique Mme Harmet soit bien triste. Après dîner soirée très gaie malgré la forte chaleur.

1 juillet : Ce soir 5 heures mariage civil avec Mr de Castelnau et Dr Blanc pour témoins de Fred et Cel Rivoire et Marducci ceux de Melle Harmet, le soir Mr Mme Melle Harmet viennent souper chez nous.

2 juillet : Temps superbe à 10 heures ½ nous nous rendons chez les Harmet avec Fred très ému en quittant son foyer paternel, la mariée est ravissante et suivie d’un brillant cortège à l’Eglise St-Charles remplie de l’élite de la Société de St-Etienne à notre entrée la musique de l’usine joue, puis l’abbé Gisclon, après un beau sermon nous touchant aux larmes, bénit le jeune couple, ensuite chant de Mme Bouton et Mme Tardif et solo de Violon par Beau devin, cérémonie magnifique et ensuite défilé à la sacristie à 1 heure dîner de 100 couverts chez Duprés avec les beaux toasts du Cel Lucien Rivoire Léon et Mme de Castelnau, je bois à la santé des chanteurs garçons et demoiselles d’honneur gaieté générale, à 9 heures ½ ouverture du bal par le quadrille d’honneur des grands-parents et les nouveaux mariés qui sont tout radieux et restent jusqu’à 2 heures puis rentrent chez Mr Harmet pour partir en voyage de noces demain matin, fête magnifique, assistance nombreuse toilettes superbes.

         Joseph et sa fille Louise sa sœur et son frère sont de la fête dans la journée nous recevons plusieurs dépêches entre autres de Feldkirch, Maman était très belle dans la robe de satin noir tissée par Pierre [son fils] et rentre avec Pierre et Charles à 5 heures du matin moi j’étais rentré à 3 heures.

3 juillet : Fred et Marie partent par le 1er train pour Genève d’où dans la journée Mme Harmet reçoit une bonne dépêche.

31 décembre : Ce soir nous soupons chez les Harmet et finissons gaiement l’année à laquelle nous devons ce brillant mariage de Fred et le succès de Charles au Bachot si je pouvais trouver du travail, tout serait parfait, car tous les nôtres sont en bonne santé.

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Note : J'ai ici éliminé des notes du Journal de Frédéric Beutter tout ce qui ne concerne pas directement la vie et la trajectoire professionnelle de son fils Frédéric ainsi que les rapports entre père et fils. Il faut signaler que je respecte scrupuleusement l'orthographe et la ponctuation (quand il y en a) telles qu'elles figurent dans le tapuscrit en ma possession. Je n'ai corrigé que les coquilles évidentes. Les données factuelles et nominales (malgré les errements de l'orthographe du tapuscrit en particulier sur les noms propres) sont exactement confirmées par celles qui figurent dans les remarquables travaux généalogiques de Mr Alain Teyssier, d'Annonay.

Je n'ai pas l'honneur de connaître ce monsieur, ce que je sais c'est qu'il n'a cessé d'enrichir l'arbre familial "Paliard", à partir du tronc (Pierre François Paliard, mort avant 1742, qui avait épousé Jeanne Claudine Chagrot, et il y a un Claude Antoine Paliard né en 1722, quelque part du côté du lac de Saint-Point, Doubs, côté Malbuisson), au moyen de branches, branchettes, rameaux, ramilles et ramillons, dont l'ensemble touffu, mais à la méthode impeccablement rigoureuse, impressionne, au point de sembler, au premier abord, impénétrable comme le pire des ronciers (abondance de Félix Léon Maurice Henri et quelques autres à chaque génération et dans chaque branche — au nombre respectable de 48 au fil de plus de deux siècles !! On imagine avec peine la distance de papier qu'il faudrait pour faire figurer la totalité de l'extension horizontale de cette famille dans la génération actuelle) : je commence à peine à me faire une idée de la structure principale.

mardi, 02 octobre 2018

FRÉDÉRIC BEUTTER JUNIOR SE MARIE ...

... ET FAIT CARRIÈRE.

BEUTTER FREDERIC HENRI.jpg

Frédéric junior, le futur.

1870-1922

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Marie Clotilde Harmet, la promise.

1873-1958

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Frédéric senior.

1827-1909

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Henri Guillaume Harmet, le père de la demoiselle.

1844-1926

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EXTRAITS DU JOURNAL DE FRÉDÉRIC BEUTTER.

1893

17 juillet : Ce matin Fred est agréé par Mr Cholat comme Ingénieur aux Aciéries de St-Etienne  pour y rentrer le 1er Août, cette bonne nouvelle nous comble de joie, car nous y voyons l’avenir de notre cher fils assuré avec le bonheur de le garder près de nous.

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L'usine où Frédéric (Fred) a son bureau.

29 juillet : Aujourd’hui Fred met pour la 1ère fois son joli uniforme des Mines et assiste le soir  au banquet d’adieu.

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Un nommé Auguste Courriol, promotion 1896-1899, en uniforme.

31 juillet : Aujourd’hui Fred entre comme Ingénieur aux Aciéries de St-Etienne Dieu veuille qu’il réussisse à y faire son chemin comme il le mérite. Au classement définitif [de l'Ecole des Mines] il sort 4ème sur 23 élèves.

25 août : Aujourd’hui Fred reçoit de Mr Harmet l’assurance qu’il serait payé à partir du 1er  courant à raison de 1.500 Frs l’an plus une prime de 3 Frs par plaque reçue ce qui vaut environ 2.500/2.700 Frs l’an superbe.

31 août : Aujourd’hui Fred touche ses 1ers appointements 125 Frs par mois (plus une prime sur les plaques reçues).

8 octobre : Aujourd’hui Fred rentre à son poste à l’usine et Pierre à l’Ecole de Commerce de Lyon.

1894

15 mars : Fred se trouvant fatigué va voir le Dr Blanc qui lui dit qu’il a une sistite [sic] – inflammation de la vessie. Espérons que cela ne soit pas trop sérieux. Depuis 15 jours pas une seule lettre quel ennui.

18 mars : Aujourd’hui Dimanche scène pénible avec Fred qui me reproche de fumer en passant par sa chambre et me dit que plus tard il me défendrait de fumer chez lui. Inouï.

28 mars : Après une bonne journée d’hier étant sorti et probablement resté dehors trop longtemps, il reprend le soir ses douleurs à la vessie très fort et passe une bien mauvaise nuit. Ce matin le Dr Blanc lui prescrit un repos absolu au lit et me dit que cela pourrait bien durer assez longtemps ce qui nous effraye, j’en préviens Mr Harmet qui me dit de le soigner avant tout et de ne pas le laisser se préoccuper de sa position.

29 mars : Après une bien mauvaise nuit souffrant d’atroces douleurs au ventre Fred se calme à midi et passe

30 mars : une bonne nuit espérons que cela continue.

9 avril : Aujourd’hui Fred reprend son service à l’usine.

18 avril : Ce matin Fred va mieux et retourne à l’usine.

25 juin : Ce matin à 1 heure Fred ayant passé la journée à Lyon pour voir l’Exposition nous apporte la toute nouvelle de l’assassinat de Carnot par un Italien tout le monde est bouleversé et inquiet sur l’avenir.

7 septembre : Ce soir Fred me fait encore une scène au souper il me reproche de les empêcher de s’amuser [Fred a 24 ans] à la maison où ils s’embêtent comme des rats morts et cela dans un moment où je fais tout mon possible pour qu’ils ne souffrent pas de ma perte de position.

8 octobre : Aujourd’hui Fred est nommé chef de service aux Forges en remplacement de Mr Verdreau, renvoyé.

23 octobre : Aujourd’hui Pierre va à Lyon recevoir son diplôme.

         Ce soir Mr Harmet informe Fred qu’à partir du 1er Novembre ses appointements seraient élevés à 300 Frs par mois, augmentés dans le courant de l’année ce qui nous comble de joie.

1 novembre : Après la visite au cimetière Fred va à Lyon annoncer cette bonne nouvelle.

20 décembre : Aujourd’hui Mr Harmet prévient Fred qu’à partir du 1er Janvier ses appointements seraient élevés à 400 Frs par mois, donc position superbe.

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Prochain épisode : un brillant mariage.

lundi, 01 octobre 2018

ÇA Y EST, MON GRAND-PÈRE EST NÉ

EXTRAIT DU JOURNAL DE FRÉDÉRIC BEUTTER.

ANNÉE 1892

03 17 : Ce matin ayant reçu une dépêche de Félix annonçant l’accouchement imminent de Hortense, maman part pour Lyon à midi et le soir à 4 heures je reçois une seconde dépêche de Félix me disant que Hortense était heureusement accouchée d’un gros garçon (avant l’arrivée de Maman) et que tout allait bien ce dont nous sommes très contents quoique Hortense eût désiré une petite fille.

03 18 : Ce soir Maman revient de Lyon, bien contente. Hortense a beaucoup souffert et était seule avec son mari et sa belle-mère, mais à 10 heures du matin tout était fini, et maintenant Hortense va aussi bien que possible et le garçon est superbe.

03 20 : Aujourd’hui dimanche, par un temps splendide, nous partons tous pour Lyon, après la messe, déjeuner excellent chez Léon [père de Félix, grand-père du nouveau-né], puis nous allons chez Hortense qui va aussi bien que possible et nous témoigne beaucoup de gratitude pour nos beaux cadeaux, médaille et chaîne et un porte feuille de Fred pour le nouveau-né qui est superbe de santé, un chronomètre pour Félix et des jouets pour Bibolet qui va très bien. 

A 4 heures, baptême à l’église de la paroisse, je suis parrain avec Marianne pour marraine et le petit est baptisé, Frédéric Pierre Joseph, après la cérémonie, nous prenons congé de Hortense et allons dîner chez les Valayer où nous passons une excellente soirée heureux de voir nos enfants réunis [142] de nouveau pour la 1ère fois depuis notre départ de Lyon, les enfants s’amusent beaucoup et nous regrettons seulement l’absence de M. Valayer parti hier pour Crest à 10 heures du soir nous partons à pied et revenons par le dernier train et arrivons à 1 h ½ du matin bien contents de cette belle journée.

1969 GRAND-PERE DERNIERE PHOTO.jpg

Entre le premier moment de sa vie et la dernière photo – éminemment chargée pour moi – de Frédéric Paliard vivant (été 1969, il est mort en septembre), il s'est écoulé 77 ans.

Note : Marianne Paliard (née Milliet) est l'épouse de Jacques Léon Paliard : ce sont les grands parents qui sont parrain et marraine. "Bibolet" est le surnom (inexplicable) de Léon Paliard, futur chanoine et futur fondateur du Grand Séminaire de Hanoï (Vietnam). Je l'ai plutôt connu avec son surnom "Topé" (tout aussi inexplicable). Celui de Frédéric était "Frisco", et celui de Pierre, le dernier fils d'Hortense et Félix (mon parrain que nous appelions "Oncle Pierre de Marseille"), "Pazo". 

dimanche, 30 septembre 2018

FRÉDÉRIC BEUTTER MARIE SA FILLE

EXTRAIT DU JOURNAL DE FREDERIC BEUTTER.

1888

12 16 : Aujourd’hui la tante Maria nous demande notre chère Hortense en mariage avec Félix Paliard qui a fini ses études de médecin, notre bonheur de cette demande n’est troublé que par la crainte que Hortense nous quitte pour aller habiter Lyon, car sans cela, nous n’aurions pas pu espérer mieux pour ce cher enfant.

12 25 : Aujourd’hui Marianne et Félix viennent remettre la bague de fiançailles à Hortense et nous passons une bonne journée ensemble, nous recevons des félicitations de tous côtés.

12 31 : Charles ayant pris la rougeole, Sophie ne peut le quitter et nous faisons les visites de jour de l’An avec Fred et Pierre.

           Nous avons à remercier Dieu de toutes les grâces de cette année, beaucoup de travail, la santé et surtout le mariage si heureux de Hortense.

1889

01 01 : Après nos visites nous soupons chez Vincent ; tout le monde me félicite du mariage de Hortense.

01 21 : Hortense Fred et la tante Maria partent avec moi pour Lyon pour voir les Léon qui nous reçoivent avec beaucoup d’enthousiasme, nous passons une bonne soirée avec eux et revenons par le dernier train bien contents, Sophie ne pouvait pas quitter Charles qui est en convalescence de la rougeole.

04 08 : Depuis 3 mois Félix vient voir Hortense toues les semaines ; ils reçoivent beaucoup de cadeaux de la famille, Antonin, Peyre, Daeniker, Delporte, Berthollet. Aujourd’hui paraît au Mémorial l’annonce de leur mariage.

04 17 : Aujourd’hui pour récompenser Fred de sa bonne place je l’amène à Lyon entendre « Sigurd » [d’Ernest Reyer] nous y trouvons son professeur Billies.

04 20 : Henri par une simple carte refuse notre invitation à la noce.

04 23 : Ce matin nous assistons tous à la messe par l’abbé Jeune et servie par Fred, Félix arrivé hier et Hortense communient ensemble ce qui nous donne une émotion bien douce.

04 24 : Ce soir mariage civil de notre chère fille Hortense avec Félix Paliard assistés de leurs parents oncles et tante Maurice Général Sapy [?] Léon Paliard Mr Berthollet témoins, l’adjoint (Mr Roux) fait un joli petit discours faisant mes éloges et ceux des deux familles. Ensuite nous signons le contrat (Me Germain). Je donne 20.000 Frs de dot comptant plus le trousseau. Après le mariage nous dînons tous ensemble à l’hôtel de France (sauf Léon Berthollet).

04 25 : Par un temps incertain, mais se levant un peu, je vais chercher les Valayer et Joseph (vêtu comme un pauvre) à la gare, puis à 11 h 15 nous rendons à l’église St-Charles superbement décorée de fleurs et remplie d’une assistance très nombreuse ; Maurice (violon) Fred (Harmonium) jouent les morceaux religieux composés par Léon d’une manière superbe, l’abbé Morel, cousin de Félix qui lit la messe fait une très jolie   allocution. [123] Après cette magnifique cérémonie où Hortense est ravissante dans sa toilette de mariée, tout le monde se presse dans la sacristie, après nous nous rendons directement à l’Hôtel de France où la table est dressée pour 65 couverts parmi lesquels Dr Lépine Gayet Alexandre Guillaume J.Gerin, Berthollet, Burty, le dîner est excellent et très gai pendant lequel nous recevons des dépêches de Feldkirch, Ario, Meran, Constance, Freiburg et Daeniker, on fait beaucoup de toasts et après le dîner on monte au 1er où on commence à danser tandis que les jeunes mariés partent pour Lyon à 8 heures. Je leur dis adieu à la gare où j’avais accompagné les Valayer et rentre chez moi tout de suite après.

04 26 : Aujourd’hui le Mémorial parle de notre cérémonie d’hier et à midi arrive James Gill avec qui je reste à mon grand regret occupé pendant plusieurs jours.

04 28 : Je pars avec Gill pour St-Bonnet le Château, hier en rentrant à la maison je trouve Sophie toute seule à table, ce qui nous attriste beaucoup pauvre femme ; nous recevons de bonnes nouvelles des mariés qui partent pour Marseille, Nice.

05 01 : Nous souhaitons la fête à Fred à qui revient en grande partie le succès de cette superbe cérémonie.

05 23 : Ce soir à 6 heures juste un mois après leur départ Félix et Hortense reviennent en excellente santé et enchantés de leur voyage de noces.

Note : Depuis le début de cette série "Journal de Frédéric Beutter" (le grand-père maternel de mon grand-père maternel), je respecte scrupuleusement l'orthographe et la ponctuation telles qu'elles apparaissent dans le tapuscrit complet du Journal. Le "Fred" qui joue de l'harmonium est le fils de Frédéric. Le "Léon" dont parle cet extrait (le grand-père paternel de mon grand-père maternel) s'appelle Jacques Léon Paliard.

PALIARD JACQUES LEON ET SA FEMME.jpg

Pour la pose, Marianne fait semblant de tricoter.

PALIARD J.jpg

Jacques Léon Paliard et Marianne, son épouse, née Milliet.

Toute une époque dans ces photos (non datées, lui est mort en 1907, elle en 1908).

Il est le père du marié. On le présente de la façon suivante à sa place dans l'arbre généalogique familial : « Auteur compositeur, musicien, poète, élu membre de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, négociant, caissier à Lyon, receveur des hospices civils de Lyon ». N'en jetez plus.

samedi, 29 septembre 2018

FRÉDÉRIC BEUTTER SE MARIE EN 1861

EXTRAIT DU JOURNAL DE FRÉDÉRIC BEUTTER.

1861

04 07 : Aujourd’hui jour de la cavalcade, où toute la famille Paliard est venue à mon magasin je forme la résolution de demander en mariage Mlle Sophie Paliard, et j’en informe le soir même Madame Friedmann et la prie de faire les démarches nécessaires pour cela.

04 10 : Ce soir je parle de ce projet à mon ami Félix au magasin qui me témoigne beaucoup de satisfaction et me promet son concours de frère. [8]

08 23 : Je reçois par Madame Friedmann la réponse de Mr et Mme Paliard, que ma demande est acceptée et le Dimanche 1er septembre a lieu la présentation. Je suis en compagnie de Mr et Mme Friedmann. Le mariage est fixé au 24 Septembre mais est renvoyé de 8 jours à cause de mes papiers qui se font attendre.  

09 03 : Voyage à Lyon accompagné de Mme Paliard, Mle Sophie, Félix, Mme Friedmann pour acheter les cadeaux de noce et une partie du mobilier.

09 10 : Je loue un gentil petit appartement 5 place Mi-Carême chez Mr Crépet au 3ème à 1.000 Fr l’an sans compter les réparations.

09 26 : Enfin arrivent mes papiers de Constance [lieu de naissance de Frédéric].

09 28 : Aujourd’hui nous signons le contrat de mariage devant Mr Merley le notaire.

09 30 : A cinq heures du soir nous allons à la mairie pour le mariage civil. Mes témoins sont Mr et Mme Friedmann, mon frère Henri, Alexandre Lan et Gonon. J’épouse donc pour mon grand bonheur Mademoiselle Sophie Paliard née le 18 février 1839 de Mr Jules Paliard fabricant d’armes et Mme Hortense du Colombier sa femme.

10 01 : A dix heures du matin nous allons à l’église Saint-Louis pour la Bénédiction Nuptiale Mr Fraisse, Merley m’avait offert sa voiture de Gala ; je donne le bras à Mme Friedmann et Sophie donne le bras à son  père. Toute l’église est remplie de monde et à notre grande surprise, nous y trouvons tout l’orchestre du théâtre sous la direction de Mr Sivarts. Ils jouent pendant toute la cérémonie, nous sommes bénis par Mr Langlois curé de Saint-Louis. Mr Wishermann est venu représenter la maison de Lyon. Après la cérémonie, je déjeune chez Mr Friedmann ; à 5 heures du soir, il y a un grand dîner chez le beau-père dans un grand atelier magnifiquement arrangé pour la fête, nous sommes soixante à table, et le dîner est fort gai ; Henri fait un toast bien gracieux au dessert, après le dîner nous passons au salon où nous dansons jusqu’à 1 heure du matin puis nous rentrons chez nous.

10 02 : Mr Friedmann vient nous voir à midi et nous emmène dîner chez lui. Malheureusement au dessert Félix vient nous dire tout effaré que la mère s’est fâchée de ce que nous ne soyons pas d’abord allés chez elle ; nous avons une scène des plus désagréables aux Gauds, dans laquelle ma chère Sophie se montre sublime de dévouement pour moi, ce soir il y a souper aux Gauds mais nous sommes tristes tous les deux et rentrons de bonne heure chez nous.

10 03 : A sept heures du matin nous partons de chez nous pour notre voyage de noces.

Note : Jules Paliard (la branche Paliard de Saint-Etienne) s'était associé à M. Vialletton pour fonder une entreprise où l'on fabriquait essentiellement des fusils de chasse.

frédéric beutter,saint-étienne

Fusil marqué "Paliard-Vialletton Frères A St Etienne".

L'orthographe des noms propres n'a pas changé (façon de parler) : hormis quelques certitudes, elle est toujours aussi aléatoire (Wishermann devient à l'occasion Wichelmann, voire Wickelmann).  Les Gauds sont la maison de famille du fabricant d'armes. Le voyage de noces fait l'objet d'un récit à part, beaucoup plus copieux que ce qui figure dans le Journal complet, mais je n'en suis pas encore là.

La "cavalcade" dont il est question au tout début est une fête de bienfaisance qui fut organisée à Saint-Etienne le 7 avril 1861, et fut baptisée "la grande cavalcade historique". J'ai vainement cherché des images de la chose.

vendredi, 28 septembre 2018

LA MORT DE JULES BEUTTER EN 1868

EXTRAIT DU JOURNAL DE FRÉDÉRIC BEUTTER

ANNEE 1868.

03 15 : Notre petit Jules souffrait beaucoup de sa dentition depuis le 6 courant où il a eu sa 1ère dent, il a beaucoup d’humeur autour des oreilles mais nous ne nous en étions pas inquiétés, nous faisons un petit tour sur la promenade, et là il prend peut-être un peu froid, malgré tous les soins de la [sic] garantir.

03 17 : Nous faisons appeler Mr Chappet qui dit que ce ne sera rien, nous recommençons pourtant à être effrayés d’une grosseur très rouge qui se forme autour de son oreille et pour nous tranquilliser, je vais appeler [03 20] Mr Emery qui nous dit que le pauvre petit est atteint d’un hérésipèle [sic] très caractéristique à la tête, nous sommes donc de nouveau dans des angoisses terribles, à cause du danger d’un transport au cerveau ; Dieu veuille nous préserver de ce malheur terrible. [41]

03 22 : Jules est toujours très assoupi, et ne fait presque pas de mouvements pourtant cette nuit il a un peu dormi et tété avec assez d’appétit.

03 24 : Dieu merci il y a un léger mieux aujourd’hui, nous recevons la visite de Mr Chappet qui espère que nous ne sous soyons pas trompés en nous adressant à Mr Emery, tandis que nous sommes persuadés qu’en suivant ses ordonnances à lui, le pauvre petit ne serait plus là.

03 28 : Aujourd’hui Mr Schulthess m’annonce positivement qu’il n’avait pas l’intention de continuer et m’engage à chercher activement une autre position. Je m’adresse à Mr Mombrun qui me dit être toujours dans les mêmes dispositions à mon égard mais qu’il doit d’abord s’entendre avec son commanditaire.

03 30 : Ce matin je reçois une lettre de Mr Appold (à qui j’ai écrit hier) dans laquelle il me dit sous le sceau du secret le plus grand qu’il ne voulait plus de Schulthess, mais qu’il comptait toujours sur moi ; cette nouvelle me fait d’autant plus de plaisir que Mombrun ne donne pas signe de vie. Le petit Jules est guéri de l’érésypèle, mais prend un affreux abcès derrière l’oreille, qui le fait bien souffrir et qui nous inquiète beaucoup malgré les bons soins de Mr Emery qui au bout de 8 jours perce l’abcès avec beaucoup de difficultés car il était excessivement profond.

04 03 : Notre pauvre petit Jules s’affaiblit toujours davantage et a beaucoup de peine pour respirer, car pour notre grand désespoir il se forme un autre abcès sous le menton, qu’il est impossible de percer aujourd’hui.

4 07 : Après une nuit et une matinée assez tranquilles, notre pauvre petit Jules, cet enfant délicieux qui nous avait tant rendus fiers et heureux par sa bonne constitution et son bon caractère, nous est également ravi, il meurt dans les bras de sa pauvre maman, à 1 heure de l’après-midi, étouffé par le nouvel abcès. Que Dieu nous donne le courage nécessaire pour supporter ce nouveau malheur ; mais franchement c’en est trop ; nous recevons des preuves de sympathie de partout, mais cela ne peut nous consoler de l’irréparable perte que nous venons de subir.

04 08 : Ce soir à 4 heures a lieu l’enterrement de notre pauvre petit ange.

Note : Frédéric et Sophie Beutter auront donc vu trois de leurs enfants mourir en bas âge. Et je ne parle pas d'une fausse-couche qui a eu lieu en je ne sais plus quelle année. Au total, Sophie aura donc vécu huit grossesses et en aura vu quatre aboutir favorablement. De quoi sont morts les trois bébés ? Je ne suis pas médecin, mais il est probable qu'un bon antibiotique aurait été efficace. Promis, demain on passe à quelque chose de plus gai.

jeudi, 27 septembre 2018

LA MORT DE FANNY BEUTTER EN 1866

EXTRAIT DU JOURNAL DE FRÉDÉRIC BEUTTER,

ANNEE 1866.

(Je rappelle que l'orthographe des noms propres n'est pas du tout garantie.)

05 15 : Au bout de 40 jours pendant lesquels la petite Fanny avait également la rougeole, de sorte que Sophie ne pouvait sortir un instant, les deux petites guérissent, la petite Fanny commence à mettre sa 1ère dent, ce qui la fatigue beaucoup. Depuis quelques jours, je souffre d’une forte diarrhée ce qui m’ennuie d’autant plus que c’est justement le moment où arrivent nos acheteurs, je fais une connaissance très [34] agréable avec Aschmann et je passe un dimanche avec lui à la campagne de Mr Schulthess, je monte souvent à Saint-Etienne où j’ai enfin la chance de sous-louer mon appartement moyennant une perte de 200 Frs par an à Mr Faberd.

J’ai fait ces jours-ci mon premier voyage à Grenoble, le chemin de fer qui y mène par Bourboing [sic, pour Bourgoin] est très pittoresque, la ville de Grenoble même tout à fait au pied de hautes montagnes, nous allons en fabrique où je suis partout bien reçu grâce à la présentation de Mr Raffin, notre homme de Grenoble.

06 18 : Je monte à Saint-Etienne et finis complètement notre déménagement du magasin.

Pendant ce mois nous avons dîné et soupé au parc, fait des promenades en barque sur le lac et nous nous trouvons tout à fait bien ici.

06 24 : Aujourd’hui par un temps magnifique mais excessivement chaud, nous faisons une ravissante promenade à Chasselay, nous y dînons très bien, passons tout l’après-midi au bois et revenons le soir tard, bien contents de cette belle journée.

06 26 : Aujourd’hui Pierre arrive à Lyon et s’installe dans ses nouvelles fonctions au magasin.

La petite Fanny a un peu la diarrhée et nous faisons appeler le médecin qui malheureusement ne peut venir que le surlendemain quand la pauvre petite a déjà la dysenterie au suprême degré ; elle fait beaucoup de sang et le médecin nous laisse peu d’espoir de pouvoir sauver cette pauvre petite qui depuis sa naissance a toujours été excessivement faible ; nous passons une semaine affreuse, tantôt espérant la sauver, tantôt craignant le contraire ; vendredi soir grâce aux remèdes violents, la dysenterie cesse mais la diarrhée continue, la faiblesse devient générale. Samedi soir, nous avons une lueur d’espoir le médecin la trouvant un peu mieux.

07 01 : Toute la journée mauvaise, à 3 heures ½ du soir nous essayons de lui donner un peu de soupe mais elle ne peut pas la garder, à 9 heures la pauvre Sophie n’en pouvant plus se couche, à 11 heures la pauvre petite commence à avoir les premiers signes d’un transport au cerveau, les yeux fixes et de temps en temps, elle pousse des cris affreux, aigus ; comme nous sommes tout seuls, je vais d’abord appeler l’épicière en bas puis le Docteur (à 1 heure lui n’y étant pas j’emmène son frère qui nous ordonne quelques calmants) : au bout d’un moment les cris cessent et l’agonie commence.

07 02 : Lundi à 8 heures et ½ du matin cette pauvre petite fillette que nous aimions tant s’envole vers le ciel ; que le bon Dieu nous préserve à jamais d’un pareil malheur et nous donne la force de le supporter avec courage. Je fais toutes les démarches avec Henri, le soir arrivent le père, Félix et Victor. Je suis vivement touché par cette grande attention et tends une bonne main de réconciliation à Félix, j’ai écrit ce matin au père, à Constance et à Fanny la marraine de notre chère ange. [35]

07 03 : Ce matin de bonne heure, la bonne Madame Friedmann arrive et aide Sophie à faire la petite dernière toilette de la chère Fanny, la pose ensuite avec Sophie dans son petit cercueil où elle est comme endormie et pas du tout changée, elle est entourée de fleurs et cela nous déchire l’âme lorsque nous l’embrassons pour la dernière fois. L’enterrement a lieu à 10 heures et est suivi de beaucoup de monde ; elle repose au cimetière de la Guillotière, malheureusement très loin de chez nous.

Note : Fanny était née le 9 mai 1865. Son père exerçait la profession d'une sorte de directeur commercial dans l'industrie textile (soies, rubans, etc.). Les chiffres en rose sont ceux des pages du tapuscrit (support fragile pas toujours lisible) que je me suis donné pour tâche de transcrire au propre.

mercredi, 26 septembre 2018

LA MORT DE LÉON BEUTTER EN 1873

EXTRAIT DU JOURNAL DE FRÉDÉRIC BEUTTER,

le grand-père de mon grand-père.

Année 1873

***********************************

05 10 : Cette nuit, à 1 heure, nous sommes réveillés par la nourrice, le petit Léon ayant fait un accès de fièvre, je cours chez le Docteur Bondel qui le trouve sérieusement malade,   nous passons une nuit atroce ; aujourd’hui Dimanche le petit Léon est encore bien bas et nous craignons à tous les moments que ce ne soit fini avec lui ; heureusement les Veyrin et Valayer (aussi le Dt Maag) nous entourent et nous donnent du courage le Docteur Bondet revient le soir et trouve un léger mieux ; ce brave docteur nous   tranquillise, sans toutefois nous donner encore beaucoup d’espoir ; la nuit pourtant est assez calme, les mouvements nerveux diminuent et nous espérons ce matin qu’avec l’aide de Dieu …

05 12 : …nous conservions ce cher petit être.

05 13 : Léon continue à aller mieux, la fièvre cérébrale est tombée, seulement il est excessivement assoupi, ce qui nous inquiète beaucoup.

05 15 : Aujourd’hui Léon prend des crises de nerfs affreuses.

05 16 : Ce matin nous croyons tout fini, car après une nouvelle crise il refuse le sein, à midi en désespoir de cause on lui donne d’abord un peu de vin sucré ensuite sur l’avis du docteur un peu de Chartreuse et de l’eau, sur quoi il se remet à téter. Mme Figuier passe toute la journée et la nuit auprès de lui.

05 17 : La journée se passe assez calme, mais la nuit à partir de minuit est de nouveau très agitée.

05 18 : Les crises commencent le matin et dureront presque toute la journée et nous attendons d’un moment à l’autre son dernier soupir, d’autant plus que ce matin il refuse le sein, à 11 heures Mme Figuier arrive pour le veiller, et à partir de minuit les crises cessent et à 2 heures du matin il …

05 19 : …se remet à téter, malheureusement la nourrice après ces terribles secousses a un peu perdu son lait.

05 20 : Ce soir Léon est calme et passe une assez bonne nuit.

05 21 : Ce matin le docteur constate un mieux sensible et nous commençons à espérer, Dieu veuille que cela continue.

05 31 : Malheureusement cela ne devait pas durer car après des alternatives ter [69] ribles du mieux au pire le pauvre petit meurt aujourd’hui à midi après une agonie de 24 heures. La pauvre nourrice, une très brave femme est au désespoir et nous quitte ce soir pour retourner chez elle.

06 01 : Pentecôte – Aujourd’hui à 4 heures nous enterrons notre Léon et le soir le père vient nous voir, on nous témoigne beaucoup de sympathie.

******************************

Note : Je rappelle (voir un autre extrait au 9 septembre) que j'ai habillé de rose les numéros de pages du tapuscrit que j'ai en ma possession. J'ai déjà dit que l'orthographe des noms propres est pour le moins aléatoire. Frédéric Beutter et Sophie (née Paliard) verront trois de leurs enfants mourir en bas âge. Léon, mort à l'âge de deux mois, est le troisième, après une petite Fanny (née le 9 mai 1865, morte le 2 juillet 1866), et un petit Jules (6 mai 1867-7 avril 1868). Hortense, Frédéric, Pierre, Charles resteront, quant à eux, bien vivants. Hortense (1862-1907) est mon arrière-grand-mère.

lundi, 24 septembre 2018

PETIT-DÉJEUNER

S'agissant de certaines traditions, je suis d'un conservatisme féroce.

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Il ne manque plus qu'une couche de beurre salé (de l'île de Ré) nappé d'un excellent miel (en ce moment, il vient du massif de la Grande Chartreuse).

En fait, pour dire le vrai, je ne parie pas un sou sur le sort du monde tel qu'il se présente aujourd'hui, mais chaque moment qu'il me reste à vivre m'est infiniment précieux. C'est la raison d'être de mon petit-déjeuner.

dimanche, 23 septembre 2018

ÉTAIN

MON ART CONTEMPORAIN

Faites couler de l'étain fondu dans une casserole d'eau portée à température.

Observez le résultat.

C'est cuit.

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« Ithyphalliques et pioupiesques,

Leurs insultes l'ont dépravé ;

A la vesprée ils font des fresques

Ithyphalliques et pioupiesques ;

Ô flots abracadabrantesques,

Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé !

Ithyphalliques et pioupiesques,

Leurs insultes l'ont dépravé. »

mardi, 18 septembre 2018

LE FLÉAU DE LA PLAINE D'ALSACE ...

... ET LE BIENFAIT DE L'AGRICULTURE PRODUCTIVISTE.

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Ça n'est pas fait pour nous nourrir, mais il paraît que c'est ça qui rapporte. Et tant pis pour les nappes phréatiques. Et tant mieux pour la chimie agricole.

lundi, 17 septembre 2018

DU BON USAGE ...

... D'UN ANCIEN BUNKER.

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Région de Strasbourg.

Au sous-sol (sous un bon mètre de béton), on ne sait pas si c'est une cave à vin ou un abri anti-atomique. Les deux ?

dimanche, 16 septembre 2018

UN SOPHORA

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Vu hier dans le cimetière au-dessus de Blaesheim (Bas-Rhin). On lui a fait la coupe au bol !

A comparer avec mon sophora des origines (photo prise au temps de sa splendeur).

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vendredi, 14 septembre 2018

UNE VEILLÉE ...

... A LA CHANDELLE.

Cela se passait sous la tente, cet été.

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Dans l'ordre : Nina, Gabriel, Capucine, Gaston.

J'aurais tellement aimé être l'auteur de cette photo ! Mais pour dormir en slalomant entre les racines de pins et les cailloux, merci, j'ai amplement donné ! 

jeudi, 13 septembre 2018

FABRICE NICOLINO ...

...EN GUERRE CONTRE LES PESTICIDES.

Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde " (N°61).

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J'ai entendu l'interview de Fabrice Nicolino par Guillaume Erner sur France Culture, dans laquelle il a défendu avec force et éloquence la cause de la vie. Cette fois, il a décidé de partir en guerre frontale contre la folie qui consiste à injecter des poisons dans les sols et dans les plantes, avant leur absorption consciencieuse par les humains dans leur assiette.

Je suis d'accord avec lui à 100% (seul le footballeur est assez crâneur pour affirmer qu'il est à 300% avant le match, après, c'est une autre affaire).

Discutant mercredi au marché du soir sur la petite place de la Croix-Rousse avec une apicultrice qui a 25 ruches sur le plateau du Jura (toute petite exploitation, une région a priori à l'écart des grands épandages de poisons, et donc à l'abri de leurs nuisances), j'ai appris en effet qu'elle n'était pas trop malheureuse. Pensez, elle n'a perdu "que" 30% de son cheptel l'an dernier. Bon, c'est vrai que dans certains endroits, ce sont 80% des abeilles qui ont été exterminées : elle peut donc s'estimer heureuse. Je ne parle pas de l'anéantissement des insectes qui s'écrasaient en masse sur nos pare-brise il y a quarante ans, et qui aujourd'hui les laissent immaculés. Je ne parle pas des masses de nos passereaux (et en particulier les fringilles, ces petits oiseaux qui peuplaient les haies) qui ont d'ores et déjà disparu ou sont en voie de disparition.

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Je n'ai pas besoin de lire l'ouvrage que Fabrice Nicolino et François Veillerette viennent de  consacrer au problème (éditions Les Liens qui Libèrent) pour savoir que parmi les urgences environnementales, il n'y a pas que le réchauffement climatique du fait du rejet aberrant de tous les gaz à effet de serre (nous consommons et détruisons – c'est la même chose – tellement d'énergie !), il y a aussi – et tout aussi immédiate – l'urgence de la menace d'empoisonnement par toutes sortes de pesticides de synthèse qui s'accumulent partout depuis un demi-siècle, avec des effets très largement méconnus par les savants.

En effet, la méthodologie qu'ils appliquent dans leurs études isole soigneusement chaque substance pour mesurer séparément son éventuelle toxicité. Ils n'ont aucune idée de ce qui se passe dans la réalité, quand deux ou plusieurs de ces molécules se rencontrent. Ils ignorent tout de la trilogie :

1 -  Que produisent leurs interactions (que Nicolino appelle "effet cocktail") ? 

2 - Quels effets ont les très faibles doses (allusion à la maxime de Paracelse qui s'est imposée comme une vérité absolue : « C'est la dose qui fait le poison ») ?

3 - De quelle manière varie l'effet de ces produits en fonction de la durée d'exposition

Ce que dit Fabrice Nicolino est d'une grande justesse : de toute façon, ce n'est plus la peine du tout de discuter avec les défenseurs de l'industrie chimique. Tout a été dit et répété. Ce n'est même pas la peine d'exiger que les chimistes fassent la preuve de l'innocuité de leurs produits avant qu'ils soient mis dans le commerce. Tout le monde sait parfaitement qu'un poison est un poison, et qu'il reste poison tout le temps de son existence. Il faut maintenant imposer l'arrêt de cette folie.

Je ne lirai pas le bouquin, étant – depuis quelques dizaines d'années – intimement convaincu que l'humanité creuse sa tombe en confiant la sécurité de son alimentation à l'industrie chimique : autant s'en remettre au bourreau ou au fossoyeur pour assurer sa bonne santé. En revanche, j'ai acheté le dernier numéro de Charlie Hebdo, spécialement consacré au lancement de la campagne contre les pesticides, où Nicolino intervient abondamment. Et là, je me permets une parenthèse, pour m'incliner devant le cercueil de Charlie Hebdo (†), autrefois hebdomadaire effervescent et incandescent, qui a fait mes délices il y a très longtemps. Je suis désolé de le dire, mais je suis stupéfait de la LAIDEUR qui se dégage aujourd'hui de Charlie Hebdo.

C'en est au point que je crains fort que le fait de confier la défense d'une cause comme celle des pesticides à une revue aussi moche revienne à la saboter purement et simplement (la cause). J'espère que Nicolino a mesuré les risques. Et je suis désolé de le dire, mais je crois que le côté repoussant de la chose incombe à tout ce que la revue compte comme dessinateurs, dont aucun n'arrive au bas de la cheville des grands anciens. La double page centrale est juste répugnante. On me dira que c'est le but de la manœuvre ? Certes.

Mais pour le dessinateur de presse, il s'agit, quoi qu'on en pense, en même temps qu'il veut faire ressentir le plus fort possible le répugnant de la chose qu'il veut dénoncer, de susciter l'adhésion la plus complète possible de ses lecteurs à la cause qu'il entend défendre (en général grâce au rire, donc à la virtuosité de son trait et à l'ingéniosité de son approche). Je ne doute pas de la force de la conviction des dessinateurs actuels de Charlie Hebdo, en revanche, je doute de leur capacité à susciter la même conviction chez le lecteur par le dessin qu'ils proposent. Or cela s'obtient – les jeunes rueurs dans les brancards ne le savent pas assez – par le travail et l'acquisition d'un style personnel.

Mais on ne ressuscitera pas Cabu (†), Gébé (†), Reiser (†), Fournier (†) ou Wolinski (†), qui possédaient à merveille ce qu'on appelle un style. Un STYLE, c'est-à-dire, dans leur cas, le génie d'une forme mise au service d'un esprit. On peut aussi appeler ça le TALENT. Par conséquent, je ne comprends absolument pas comment il se fait que les responsables de la revue laissent la médiocrité des dessins s'étaler grassement sur une telle surface de papier. Pour ce qui est du "visuel", le Charlie Hebdo d'aujourd'hui est encombré de petits tâcherons, autant d'infâmes barbouilleurs qui se contentent d'éjaculer la purulence de leurs humeurs mauvaises, et qui ne sont même pas drôles.

Seul le vieux Willem, vieux copain de Choron, tire encore son épingle du jeu. De profundis donc, et fermons la parenthèse.

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Pour revenir à l'appel de Nicolino, oui, j'ai signé l'appel des 100 (ce qui m'a rappelé cet autre "Appel des cent" étourdiment signé en 1974, et qui m'avait valu de finir mon service militaire bien au frais dans un bataillon de chasseurs alpins). Celui d'aujourd'hui s'intitule "Nous voulons des coquelicots". Car c'est vrai, j'ai imprimé dans ma mémoire tellement de champs de blé ornés du bleu des bleuets et du rouge des coquelicots que la disparition de ces couleurs dans les cultures me donne juste envie de prendre le deuil. "Nous voulons des coquelicots" : je ne sais pas si ce titre peut "percuter". Cela m'est égal : j'y vais.


Cette vidéo, par les choix de mise en forme, a quelque chose d'horripilant, à commencer par la publicité inaugurale (on est chez L'OBS, hélas, je veux dire la gauche-bouse-de-vache, la "bullshit-gôche"), mais tant pis, il faut passer là-dessus : l'essentiel est dans le contenu.

Vas-y, Nicolino, fais péter : tu as la tchatche de Mélanchon, sans éprouver l'ivresse de l'orateur. Alors fonce dans le tas. Je te suis, et apparemment, je ne suis pas tout seul.

Je suis prêt à y croire (même si, comme Saint Thomas, j'ai besoin d'avoir vu pour croire).

mardi, 11 septembre 2018

LA DÉFAITE DE L'ENVIRONNEMENT

Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde" (N°60).

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Décidément, c'est devenu une mode. C'est très "tendance". Ceux qui ont fait le plus fort, ce sont les 15.000 scientifiques qui ont signé l'appel de novembre 2017 dans Le Monde. Contre les inégalités, en décembre de la même année, les 100 économistes ont aussi tapé dur : s'agissant d'économie, trouver 100 spécialistes pour signer le même texte n'était pas un mince affaire (on est plus habitué aux célèbres disputes sur France Inter entre Bernard Maris (†) et Jean-Marc Sylvestre le vendredi matin, ou aux cacophonies du samedi matin sur France culture dans l'émission de Dominique Rousset).

L'appel récent de 200 personnalités "culturelles" pour le climat, en revanche, a fait un trou dans l'eau très vite refermé. Les cris d'alarme se suivent et se ressemblent : les mots ne sont décidément pas des actes. Les discours ne peuvent remplacer la volonté concrète d'agir sur les choses. Or, ceux qui peuvent agir (en théorie) sur les choses sont les gens qui sont au pouvoir (oligarchies gouvernementales et chefs d'entreprises géantes, qui fonctionnent par échanges de services). 

Le sort de l'environnement est indissolublement lié aux gens qui détiennent les divers vrais leviers du pouvoir. L'avenir de la planète dépend pour l'essentiel de ces gestionnaires de haut vol et de ces décisionnaires qui n'ont, le plus souvent, qu'un seul but dans la vie : rester à leur poste et accroître leur pouvoir et leur richesse.

Alors sachant cela, quel sort la réalité réelle du monde réservera-t-elle au SOS de 700 scientifiques publié par Libération samedi 8 septembre sur une "une" incendiée ? Ira-t-il rejoindre à la poubelle les nombreux cris d'alarme que poussent les écologistes depuis quarante et quelques années ? Ou la fréquence inédite des appels à laquelle on assiste depuis quelque temps est-elle le signe que les consciences sont en train de s'ouvrir à l'inquiétante réalité à venir ?

En effet, Le Monde vient de consacrer en une semaine une série de dossiers fouillés à quelques sites rendus définitivement inhabitables par l'homme ; le monde "culturel" s'est mis à frissonner d'horreur ; Libé se met à pointer le doigt sur l'indifférence générale aux catastrophes qui se produisent déjà ; une frange de la population (10.000 personnes à Lyon) est capable de consacrer son samedi après-midi à manifester son inquiétude.

Cela commence à faire beaucoup en très peu de temps. Est-ce une coïncidence, un simple effet de mode ou, plus sérieusement, le signe d'un mouvement progressif des consciences ? Je n'ai pas de boule de cristal pour le dire. Je me contente de noter la curieuse concentration de ces manifestations dans un temps très court. En tout cas une course est lancée. Qui va gagner ? Est-ce que ce seront les forces démesurées de l'ordre économique et politique établi ? Autrement dit, est-ce que ce seront les élites gouvernementales au pouvoir et les dirigeants d'entreprises géantes plus puissantes que les Etats puissants ? Ou bien la "vox populi" garde-t-elle quelques chances ?

Sachant qu'il s'agit d'une course de vitesse (et ça va de plus en plus vite) et mesurant les gabarits respectifs des deux compétiteurs, j'ai malheureusement peu d'espoir. Parce que, supposons juste qu'un jour une majorité de Français, et même – rêvons un peu – d'Européens seront convaincus de la nécessité de réduire drastiquement la voilure de leur mode de vie. A partir de là, comment s'y prendra-t-on pour convaincre les Africains du Malawi ou du Niger (populations parmi les plus pauvres du monde), les Chinois, les Turcs, les Boliviens, les Indiens ? 

La réponse est déjà dans la question. 

lundi, 10 septembre 2018

LA DÉFAITE DE L'ENVIRONNEMENT ?

Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde" (N°59).

J'avoue que j'ai été carrément bluffé. Moi qui broie du noir chaque fois que je pense à la folie écologique qui mène l'humanité à sa perte, quand on a annoncé de grandes "marches pour le climat", je me suis dit que ce n'était pas la peine d'aller faire de la figuration place des Terreaux en compagnie de trois pelés et un tondu soucieux des conditions d'existence qui seront faites à l'homme demain (dont on commence à avoir une idée de plus en plus précise et présente).

Et puis voilà ce que je trouve dans Le Progrès d'hier :

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J'ai retrouvé l'impression qu'avait produite la manifestation du 11 janvier 2015, après les assassinats de Charlie Hebdo. Le nombre n'est pas comparable, c'est entendu.

Mais qui s'attendait à une telle affluence ? En tout cas pas moi. L'effet de surprise est complet. Allons, ai-je envie de me dire, tout n'est peut-être pas perdu. Oui, là, je l'avoue, mon pessimisme en a pris un coup.

Maintenant pas d'affolement : on a vu les suites de cette énorme manif qui a vu les carpes et les lapins se serrer les coudes et marcher main dans la main (Mahmoud Abbas à côté de Benjamin Nétaniahou, et tous ces chefs d'Etat, comiques à force d'hypocrisie, marchant pour la défense d'un journal — Charlie Hebdo — qui vomissait toutes les religions). On me dit : "La société civile fait entendre sa voix et interpelle les puissants". Je dis bravo. 

Mais après ? Qui, parmi les manifestants, est prêt aujourd'hui à abandonner la voiture, le frigo, le lave-linge, voire l'ordinateur ou le smartphone ? Qui est prêt à opter concrètement, dans sa vie quotidienne, pour une consommation drastiquement restreinte ? 

Qui se sent assez héroïque pour se convertir à la frugalité, et pourquoi pas, à l'ascétisme ? Pour renoncer à son mode de vie ? Pour changer d'existence ? Pour cesser de consommer autre chose que le strict minimum vital ?

Car c'est dans notre mode vie qu'il commence, le grignotage de la planète. Tant qu'une petite minorité d'humains tapait allègrement dans la caisse, la planète encaissait. Mais accordez le même droit au gaspillage des ressources à sept milliards de personnes, la planète dit "Pouce, je ne joue plus".

Non, ce n'est pas gagné, comme le montre le sondage internet quotidien du journal Le Progrès paru ce jour (on me dira que 39% des gens, ce n'est pas si mal). Maintenant, qu'est-ce qu'un sondage ? Il est permis de se tapoter le menton.

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dimanche, 09 septembre 2018

JOURNAL DE FRÉDÉRIC BEUTTER

UN VOYAGE EN RUSSIE EN 1863.

Le texte transcrit ci-dessous est un extrait du Journal de Frédéric Beutter (1827-1909), le grand père de mon grand père Paliard. Frédéric Beutter, né à Constance, épousa en 1861 Sophie Paliard, fille de Jules Paliard, fabricant d'armes à Saint-Etienne, et de Hortense du Colombier. F. et S. eurent pour premier enfant une fille qu'ils appelèrent Hortense qui, plus tard, épousa Pierre Félix Elisé [sic] Paliard, son cousin et mon arrière-grand-père.

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 Fusil de chasse à canons juxtaposés

sorti des ateliers Paliard et Vialetton.

Ce texte relate le voyage commercial que Frédéric Beutter fit en 1863 en Russie, pour le compte de la maison Appold et Schulthess, de Lyon. 

Ne disposant pas du manuscrit original, je donne ici le texte tel que le livre une version dactylographiée sur une vieille machine à écrire, en je ne sais pas quelle année et dans des circonstances que j'ignore, par une personne qui n'avait apparemment pas d'affinités avec l'orthographe des noms propres, surtout allemands (fluctuante et le plus souvent invérifiable). J'imagine que l'écriture manuscrite de l'auteur (d'origine germanique) y est pour quelque chose.

Cette version étant parfois à la limite de la lisibilité (deuxième ou troisième carbone, pour ceux qui savent encore ce que ce fut), je me suis résolu à en retranscrire intégralement les 198 pages, augmentées des 7 pages du « Carnet Spécial » consacré par Frédéric Beutter à la relation plus détaillée de son voyage de noces. Voici quelques-unes de ces pages. Je tâche d'éclaircir quelques points par des références entre crochets. Les indications en rose indiquent les numéros des pages du tapuscrit. Je corrige les fautes d'orthographe manifestes. La ponctuation est laissée telle quelle.

A tort ou à raison, je considère un tel document comme exceptionnel et sa détention comme un privilège. Malgré le fait que Frédéric Beutter ne soit pas un écrivain (on s'en aperçoit vite), j'ai jugé bon d'inscrire ce billet dans la catégorie "Littérature". 

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Frédéric Jacques Félicien Beutter (1827-1909).

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Henriette Sophie Beutter, née Paliard (1839-1922).

On est en 1863.

VOYAGE EN RUSSIE

01 25 : Aujourd’hui Dimanche, après avoir depuis quinze jours travaillé énormément pour préparer mes affaires, nous mangeons pour la dernière fois aux Gauds [lieu où habite sa belle-famille] ; après dîner j’arrange mes bagages, le soir nos amis Fiedmann [Friedmann ?] soupent avec nous et je vais à 10 heures un moment chez Fraisse & Merley faire un trio avec Mlle Marie et Truarts [Frédéric Beutter joue assez bien de l'alto].

01 26 : A 8 heures du matin, je prends congé de ma chère femme et de mon enfant et accompagné par l’ami Fiedmann jusqu’à la gare, je pars à 8 heures par un temps magnifique. Arrivé à Lyon, je suis très bien reçu pas ces Messieurs [Appold et Schulthess, toujours ainsi nommés] qui me remettent des colis de Lyon et Fr 1.000 espèces. Je pars de Lyon à 8 heures du soir et fais le trajet à Paris très agréablement avec Mr Ferdinand Balaÿ.

01 27 : Je descends au Grand-Hôtel, et je fais une visite à Holop, Gonon et Julien ; au café on me parle de la révolution en POLOGNE, ce qui m’inquiète un peu. Je déjeune avec Holop, dîne avec Julien, et lance une dépêche à ma chère fille Hortense, le soir je vais au Gymnase entendre Les Ganaches [pièce de Victorien Sardou].

01 28 : Je pars de PARIS par LIEGE et COLOGNE pour LIEPZIG [sic] où j’arrive le lendemain à 10 heures du matin.

01 29 : Je vais voir Kettenbeit, et ne réussis pas à arranger à l’amiable son différend avec la maison ; je dîne chez lui et le soir, j’assiste à un très beau concert au Gewonndhaus [sic, pour Gewandhaus].

01 30 : A 7 heures du matin je pars pour Berlin où j’arrive à 11 heures, je me fais promener en ville et au Thiergarden [sic], je suis enchanté de tous ces beaux monuments, rues, palais. Le soir j’assiste à un superbe ballet : « Elestra » [Electra oder die Sterne, musique de Peter Ludwig Hertel] où je vois danser Mr Faglioni [Taglioni] et je suis ravi de ces beaux décors et de ce superbe théâtre. Après le théâtre, je soupe à mon hôtel (de Rome) et je pars ensuite en prenant un billet jusqu’à EYDTKUHNEN [aujourd'hui Tchernychevskoïe, du côté de Kaliningrad]. [13]

01 31 : Je fais le trajet par la Prusse, très agréablement et admire en passant le beau pont de DIRSOHAU [Dirschau] où il faut quatre minutes de chemin de fer pour passer, nous arrivons très gaiement jusqu’à HALLOPUNEN quand le chef de Station prie tous les voyageurs pour la RUSSIE de descendre car la route de POLOGNE était coupée par les insurgés et qu’il était impossible d’aller plus loin vu que EYDTKUHENE était rempli de réfugiés, je lance une dépêche à Lyon et retourne à KONISBERG où je descends à l’hôtel Janssouri [Sanssouci].

02 01 : Comme je suis déjà allé plus de dix fois à la gare, pour savoir des nouvelles, et que personne ne peut ou ne veut … rien me dire j’écris une lettre désolée à la maison et à ma chère femme et suis au désespoir de ne pouvoir atteindre le but de mon voyage. Je jette les deux lettres à la boîte et j’apprends que demain on va de nouveau essayer de passer. Je reprends donc à ma grande joie mes deux lettres, grâce à l’obligeance de l’employé de poste, et je pars à nouveau à 3 heures pour EYDTKUNEN où j’arrive à 7 heures du soir, en route je fais connaissance avec notre expéditeur Mr Rosa, qui me présente à tous ses amis et nous passons la soirée très gaiement en chantant et buvant du champagne jusqu’à minuit.

02 02 : Nous partons d’EYDTKUHNEN à 10 heures du matin et passons la frontière RUSSE, drôle d’impression en voyant pour la première fois un « Cosaque ». Mr Rosa m’accompagne à WISBALLEN, me fait changer mon argent, fait visiter mes bagages et m’installe dans un beau wagon de 1ère classe, nous passons par la POLOGNE très inquiets, sommes souvent arrêtés pour laisser passer des convois de troupes, et arrivons sans obstacle sérieux à Saint-PETERSBOURG, rencontre d’un vieux bonhomme qui nous demande des nouvelles de la route et en échange nous conduit à l’hôtel Klée où je demande de suite s’il n’y a pas quelqu’un de Lyon, car je suis presque au fond de ma bourse. J’y trouve Mr Deger de PARIS qui m’accueille très bien et me dit qu’il part avec moi le lendemain pour MOSCOU.

02 04 : Nous partons à midi et faisons le trajet très agréablement en causant du passé et en nous racontant nos biographies ; le temps n’est pas très froid et ce n’est que depuis WILNA que j’ai trouvé de la neige ; nous arrivons le lendemain matin à 10 heures à Moscou où à ma grande joie je trouve l’ami Revel à la gare, qui m’emmène dans son traîneau. Après avoir été très gracieusement accueilli par Mme Revel, je lance une dépêche à ma chère femme pour lui annoncer mon heureuse arrivée.

02 06 : Le lendemain Mr Revel nous propose de nous tutoyauter [sic] ce que j’accepte de grand cœur. Il m’accompagne et me présente chez tous nos clients : Mrs Klein, Hadt, Schmahlmann, Schlesinger Frère, et grâce à lui, je suis reçu partout comme un vieil ami ; le soir après la besogne finie, il m’emmène au théâtre où je vois des ballets magnifiques (Mlle Debideff) dans un théâtre superbe, immense, d’où j’entends des Opéras très beaux et très bien exécutés ; après le théâtre nous allons d’habitude chez Mme Miller où nous faisons une promenade magnifique en Droike [sic] à KRILNER, en passant devant l’ancienne résidence de Napoléon 1er en 1812. [14]

02 08 : Aujourd’hui Dimanche à 10 heures Revel m’emmène au Kremlin, nous rentrons par la porte sacrée où tout le monde se découvre en passant, je suis très vivement affecté par l’aspect de ce vénérable Kremlin, avec ses murs crénelés, ses églises dorées ou bariolées, ses palais grandioses, son cachet oriental, et nous avons une vue magnifique sur toute l’immense ville de MOSCOU par un temps magnifique malgré le – 28° de froid. Aujourd’hui arrivent chez Revel ses deux belles-sœurs de NISOOHNI [probablement Nijni Novgorod] Mmes Mariokin et Poeteren avec lesquelles je deviens bientôt très intime, elles me brodent un bonnet et me remettent leurs photographies avant de partir. Je fais d’assez bonnes affaires malgré l’état calme de la vente, je m’amuse beaucoup et passe mon temps agréablement ; j’ai beaucoup de succès par mes chansonnettes et suis bien vu partout ; l’ami Revel me montre chaque jour quelque chose de nouveau, me mène prendre des bains Russes et me traite absolument comme si j’étais son fils ; pendant mon séjour je visite le Kremlin et les églises, où je suis étonné par les immenses richesses enfouies sur [sic] les vêtements sacerdotaux : perles, diamants, rubis, etc. J’assiste aussi une fois à un office religieux et je suis ravi par le parfait chant (quatre voix d’homme) qui résonne comme un orgue. Revel ne me laisse pas dépenser un centime, je loge chez lui comme si j’étais de la famille et il me fournit même des cigares excellents (50) ; après avoir passé trois semaines bien agréables et fait des affaires très satisfaisantes, je commence mes préparatifs de départ et reçois le 28 février de l’ami Paul Revel pour cadeau de noces un superbe manchon et collier en marthre [sic] pour Sophie ; ce magnifique cadeau après tant de bienfaits de sa part m’a ému jusqu’aux larmes et jamais je ne pourrai remercier assez ce brave ami de tout ce qu’il a fait pour moi.

3 01 : Après avoir laissé mes photographies à mes divers amis, clients et après avoir fait mes adieux partout, je pars de MOSCOU à midi par un temps magnifique accompagné à la gare  par Mr et Mme Revel  et Messieurs Blimberg et Edmhoff ; quoique je sois excessivement content de recommencer mon voyage pour rejoindre ma chère femme et Hortense et mes amis, mais la séparation de ces bons amis de MOSCOU m’attriste beaucoup et je dois leur promettre de revenir sans faute l’année prochaine ; j’arrive à Saint-PETERSBOURG le lendemain matin, et à mon grand plaisir j’entraîne une affaire pour Lyon, avec une très bonne maison, qui m’avait été indiquée par Revel ; dans l’après dîner je fais une magnifique promenade sur la rue magnifique de Newoky, aux îles Petrowsky, Elgina, etc. en passant la Newa en traîneau attelé de quatre rennes. Je passe devant le superbe palais impérial avec l’arc de triomphe en face, je visite la citadelle où je vois le tombeau de Nicolas, la maison de Pierre le Grand, et les statues de Pierre le Grand et Nicolas, je visite les superbes églises de Isaac Casansky, avec leurs magnifiques sculptures, riches autels, superbe colonnes en marbre vert Casankry et construits d’après le modèle de Saint-Pierre de Rome, j’y suis douloureusement affecté en y voyant des drapeaux Français pris en 1810-12 étalés sur les murs.

03 03 : Après avoir fait mes affaires et recommencé ma promenade dans la ville, que je trouve excessivement intéressante, j’assiste le soir à un très beau concert dirigé par Richard Wagner ; 130 excellents musiciens exécutent la Symphonie Héroïque de Ludwig van Beethoven et quelques très [15] beaux fragments de Tamhausur [sic, tout le monde devine] à la perfection, je suis enthousiasmé autant par le concert que la belle assemblée et la superbe salle ; j’y rencontre un capitaine qui connaît Saint-Etienne.

03 04 : Aujourd’hui veille du jour de ma fête par un temps splendide je pars de PETERSBOURG à Midi, nous passons WILNA, KOWNO, et toute la POLOGNE sans aucun obstacle grâce au déploiement formidable de troupes Russes, nous arrivons le lendemain soir en bonne santé à Wirballen et après à EYDTKUHNEN où je retrouve mes amis qui sont tous contents de me revoir. : le soir même j’arrive encore à KONISBERG au même hôtel Sanssouci  seulement cette fois très content et très heureux de mon beau voyage en RUSSIE.

mardi, 04 septembre 2018

LA DÉFAITE DE L'ENVIRONNEMENT

Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde" (N°58).

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Paru dans Le Monde daté mardi 4 septembre 2018.

Il n'y a pas si longtemps (Le Monde, 14 novembre 2017), ils s'étaient mis à 15.000 scientifiques.

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Un peu plus tard (Le Monde, 15-17 décembre 2017), c'était le tour de 100 économistes d'alerter le monde sur la dangereuse montée des inégalités.

Les cris d'alarme se suivent et se ressemblent.

Parions que tout ça figurera un jour en bonne place dans la série "Ronds dans l'eau". Les appels ont une efficacité – on le constate tous les jours – de plus en plus nulle.

Non, je le reconnais, je ne suis pas optimiste.

Le pire, c'est que je crois que j'ai raison.

Il n'y a rien de plus urgent, mais rien ne sera fait : les USA quitteront les accords de Paris, Nicolas Hulot prendra acte de sa complète impuissance à influer sur le cours des choses et quittera spectaculairement le gouvernement d'Emmanuel Macron.

Il n'y a rien de plus urgent. Je dirai même que c'est la seule et unique urgence qui devrait mobiliser toutes les énergies (renouvelables). C'est peut-être infiniment vrai, mais les chars d'assaut de la politique (lieu des rivalités de pouvoir) et de l'économie (lieu privilégié de l'exercice de la rapacité) – les vrais pouvoirs – ne s'en laisseront pas conter :

« Les affaires sont les affaires ».

Sans compter que les populations qui bénéficient d'un mode de vie confortable (moi compris) refusent toute perspective de régression matérielle. Et que les populations qui n'en bénéficient pas encore ont la volonté farouche d'y parvenir à leur tour.

Oui, messieurs les scientifiques (cela vaut aussi pour les économistes, les artistes et les écrivains), vous pouvez vous entraîner à crier de plus en plus fort. Je crains malheureusement qu'on doive vous renvoyer à la célèbre phrase du film Alien (adaptée à la situation) : 

« Sur Terre, personne ne vous entendra crier ». 

vendredi, 31 août 2018

LA VACANCE DE M. HULOT

Dans la série "Des nouvelles de l'état du monde" (N°57).

LA DÉFAITE DE L'ENVIRONNEMENT

ou

« L'ÉCOLOGIE, ÇA COMMENCE À BIEN FAIRE ! ».

Je ne fréquente pas les cabinets ministériels, je ne circule pas dans les couloirs du pouvoir aux heures de pointe : je suis donc dans l'incapacité de dévoiler quoi que ce soit sur la fracassante démission du ministre de l'écologie. Si l'on se contente d'observer les faits, on peut cependant en tirer une conclusion bien nette : sale temps pour la planète ! 

Il est clair aujourd'hui que le placement de Nicolas Hulot dans le gouvernement d'Emmanuel Macron n'était qu'une manœuvre cosmétique et décorative : c'était un pur coup de com' destiné à récupérer au profit de ce dernier l'aura de popularité dont est nimbée l'image médiatique de Hulot. Pur et simple alibi dans un gouvernement par ailleurs entièrement converti à l'ultralibéralisme, Nicolas Hulot a quand même mis une année et le pouce avant d'avouer publiquement qu'il ne comptait pour rien dans les forces en présence. Il a mis plus d'un an pour admettre et avouer qu'il n'était qu'une potiche.

Le départ de Hulot met à nu et dévoile au grand jour la vraie vérité de Macron à l'égard de la défense de l'environnement. Je l'entends d'ici penser très fort la même chose que Nicolas Sarkozy : « L'écologie, ça commence à bien faire ! ». Cela s'appelle "METTRE BAS LES MASQUES". Oui, Nicolas Hulot n'était que le masque vert du président de la république (à ne pas confondre avec Le Visage vert, péché véniel du par ailleurs grand Gustav Meyrink, l'immortel auteur du Golem et de La Nuit de Walpurgis).

Que révèle l'aveu public d'impuissance de la part de l'ex-ministre ? Selon moi, malgré toutes les belles déclarations sur la prise de conscience de l'urgence, les gens au pouvoir et tous les cercles intéressés qui grenouillent pour orienter les décisions en leur faveur se soucient de l'écologie comme de leur premier biberon. Pour l'économie et pour la politique (ça va ensemble, puisque les deux ont à voir avec le pouvoir), la nature est un réservoir, et tant que le réservoir n'est pas complètement à sec, il faut y aller joyeusement. Tant qu'il reste des victuailles dans le placard, pas de raison de ne pas se servir. Les gens qui sont aux manettes ne sont pas prêts à changer les règles du jeu et les façons de fonctionner. Il semble même que le contraire soit vrai (un rapport suggère de construire six EPR dans les vingt ans qui viennent).

Soit dit en passant, ceux qui classent les écologistes parmi les groupes de pression ("lobbies") se foutent de la gueule du monde. Il suffit de comparer les forces de frappe en présence pour se rendre compte que la capacité des défenseurs de l'environnement d'influer sur les décisions n'a rien à voir avec le pouvoir de nuisance des légions de porte-flingue grassement payés pour représenter les industriels auprès des décideurs : la FNSEA (une sorte de mafia) bombarde le gouvernement de demandes de dérogation pour pouvoir continuer à répandre leurs pesticides néonicotinoïdes qui exterminent les abeilles. Et je ne parle pas des instances européennes de Bruxelles, où les vrais lobbyistes – qui se comptent par milliers – ricanent de voir le petit Martin Pigeon suer sang et eau pour faire avancer la cause écologique.

Macron, sans rien avouer publiquement, a emboîté le pas derrière Donald Trump : il a concrètement dénoncé les accords de Paris (COP 21). La seule loi de Macron est celle de la compétition économique acharnée, compétition dans laquelle tous les moyens sont bons. Avec les conséquences qu'on sait pour la planète et l'humanité.

Voilà ce que révèle la démission de Nicolas Hulot. 

La planète sait donc à quoi s'en tenir sur le sort qui lui est réservé. Même chose pour les humains qui l'habitent. 

jeudi, 30 août 2018

OISEAUX DE FEU

MON ART ABSTRAIT

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lundi, 27 août 2018

CINQUANTE NUANCES DE ROUILLE

MON ART ABSTRAIT

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Ça travaille fort, sur la péniche ! Mais ça y est, tout ce qui est métal est terminé. On peut passer à l'habillage.

dimanche, 26 août 2018

MARQUISE

MON ART ABSTRAIT

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« Marquise, si mon visage

A quelques traits un peu vieux...... ».

 

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mercredi, 22 août 2018

INCANDESCENCE

MON ART ABSTRAIT

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Je mets au défi quiconque de trouver où et comment obtenir cette image.

Cette image, dans laquelle il m'arrive de voir la tête d'un gorille qui ouvre largement la gueule (ça n'engage que moi), a pour moi le mérite de rendre visible quelque chose dont j'ignore absolument la signification, et qui n'en a peut-être aucune.

A l'image du monde actuel, que plus personne n'est en mesure de comprendre, et dont plus personne n'est en mesure de maîtriser la marche : le pilote a sauté en parachute. Le tableau de bord de l'appareil est notre moderne "Pierre de Rosette", et il n'y a plus de Champollion pour la déchiffrer.

Ou plutôt, il y a tellement de Champollion armés des dards acérés de leurs sciences dites "humaines", que le cerveau humain est noyé sous un Niagara de traductions diverses, hétéroclites et contradictoires, et que l'on n'entend plus que la cacophonie de leurs interprétations et de leurs prophéties, comme à l'époque d'une certaine Babel. 

Voilà où nous en sommes : on y est, dans la tour de Babel, n'en déplaise à George Steiner (auteur d'un mémorable Après Babel, Albin Michel, 1978). Enfermés à l'intérieur. Et le concierge a jeté la clé à l'égout. 

Et Dieu dit : « Démerdez-vous ! ».

A moins que ce ne soit : « Allez au diable ! ».

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dimanche, 19 août 2018

UNE HISTOIRE DE PONT

Devinette de mauvais goût (vu l'actualité), mais je ne résiste pas (j'ai l'esprit mal tourné)  : 

Quelle est la différence entre une nourrice et un pont ?

Réponse : 

La nourrice montre son sein, et le pont sa fesse.

Excellente plaisanterie, quoique déjà ancienne, trouvée dans le premier volume des aventures de Bernard Lermite, du dessinateur Martin Veyron (Editions du Fromage, 1979), où l'on découvrait un usage magistral de l'ellipse narrative, en même temps qu'une belle illustration de la blague ci-dessus.

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Solution pour les paresseux : lire "s'affaisse".

Note ajoutée le 7 janvier 2019 : on peut avoir oublié aujourd'hui que le pont qui était alors dans l'actualité était celui de Gênes en Italie, qui s'était effondré avec les véhicules qui l'empruntaient, pour s'abattre sur les maisons situées en dessous.