mercredi, 03 octobre 2018
FRÉDÉRIC BEUTTER JUNIOR SE MARIE ...
1895
[UN "BRILLANT" MARIAGE]
6 mars : Aujourd’hui Melle Verneret vient proposer à Maman un mariage pour Fred avec Melle Mirk et une dot de 10.000 Frs comme elle a été légitimée à 9 ans nous n’y donnons pas suite, mais activons nos démarches auprès des Harmet.
25 mars : Mr de Castelnau fait venir Fred chez lui et lui propose un superbe mariage. Fred dit qu’il ne se prononcera pas avant d’être fixé sur ses vues sur Melle Harmet, M. de C. l’approuve et lui promet son concours.
27 avril : Aujourd’hui Mr Harmet m’ayant donné rendez-vous sur la place St-Charles je l’emmène au bureau où il me demande, en cas, que l’idée de marier nos enfants se réalisait, combien je lui donnerais pour cadeaux et mise en ménage je lui réponds que dans ma position actuelle, je ne pourrais pas lui donner plus de 10.000 Frs plus 3.000 Frs de rente viagère et qu’il désirerait garder comme inaliénables les propriétés qu’il a achetées et qui ne devront pas figurer sur le contrat, je lui ai répondu que nous nous en rapportions à lui pour cela et que Fred ne tiendrait pas à toucher le capital mais il n’est pas de cet avis, enfin il demande à ce que rien ne soit changé à nos rapports actuels avant fin Mai lorsqu’il donnera sa réponse définitive.
20 avril : Mr. De Castelnau ayant informé Fred de ce que Mr Harmet lui avait dit qu’il pourrait maintenant agir comme il l’entendrait Maman et moi allons prier M. de C. de faire la demande ce qu’il promet de faire en quelques jours.
21 mai : Mr Harmet m’ayant donné rendez-vous sur la place Marengo me dit de venir avec Maman demain faire la demande officielle.
22 mai : A 2 heures Maman et moi allons chez Mr Harmet et sommes reçus à bras ouverts Melle charmante dit gentiment oui à notre demande après quoi nous nous embrassons tous bien heureux de ce bonheur inespéré. Fred est invité à déjeuner pour demain et envoie le soir même son 1er bouquet, j’annonce la nouvelle à Mme Alexandre et David félicité chaudement.
23 mai : J’écris à Joseph Henri Léon Valayer à midi Fred bien ému va chez les Harmet et porte une belle bague de fiançailles il est reçu très chaudement et part pour Lyon inviter Félix et Hortense au dîner chez M.H. pour demain soir où nous serons présents tous à leur famille, il revient à 1 heure du matin bien content.
24 mai : J’écris à mes frères et sœurs et reçois des félicitations partout.
25 mai : Ce soir grand dîner de fiançailles chez Mme Harmet et présentation à la famille, Félix et Hortense arrivent à 6 heures assistent au dîner avec tante Maria et partent à 10 heures. Accueil charmant et cordial nous sommes tous enchantés de notre gentille future belle-fille.
29 mai : Ce soir Mr Mme Melle Harmet viennent pour la 1ère fois souper à la maison.
2 juin : Fred va passer 2 jours de fête chez les Harmet à Flévieux et Vienne.
6 juin : Aujourd’hui Fred reçoit un beau bronze (Vulcain forgeant une flèche) offert avec une lettre par une 100aine de ses ouvriers. Le soir Mr Harmet vient souper à la maison.
10 juin : Ce soir Mr Mme Melle Harmet viennent souper à la maison.
13 juin : Ce soir Fred présente sa corbeille de mariage se montant à près de 10.000 Frs et payée par la dot que je lui ai constituée.
22 juin : Ce soir Fred donne son dîner de garçon chez Faure pour les garçons d’honneur et tous les chefs de service de l’usine qui lui offrent un beau bronze.
30 juin : Ce soir à 5 heures lecture et signature du contrat chez Mr Harmet devant le notaire Mr Balaÿ, Félix Hortense, nous tous et le Cel Rivoire y assistent, tout se passe bien quoique Mme Harmet soit bien triste. Après dîner soirée très gaie malgré la forte chaleur.
1 juillet : Ce soir 5 heures mariage civil avec Mr de Castelnau et Dr Blanc pour témoins de Fred et Cel Rivoire et Marducci ceux de Melle Harmet, le soir Mr Mme Melle Harmet viennent souper chez nous.
2 juillet : Temps superbe à 10 heures ½ nous nous rendons chez les Harmet avec Fred très ému en quittant son foyer paternel, la mariée est ravissante et suivie d’un brillant cortège à l’Eglise St-Charles remplie de l’élite de la Société de St-Etienne à notre entrée la musique de l’usine joue, puis l’abbé Gisclon, après un beau sermon nous touchant aux larmes, bénit le jeune couple, ensuite chant de Mme Bouton et Mme Tardif et solo de Violon par Beau devin, cérémonie magnifique et ensuite défilé à la sacristie à 1 heure dîner de 100 couverts chez Duprés avec les beaux toasts du Cel Lucien Rivoire Léon et Mme de Castelnau, je bois à la santé des chanteurs garçons et demoiselles d’honneur gaieté générale, à 9 heures ½ ouverture du bal par le quadrille d’honneur des grands-parents et les nouveaux mariés qui sont tout radieux et restent jusqu’à 2 heures puis rentrent chez Mr Harmet pour partir en voyage de noces demain matin, fête magnifique, assistance nombreuse toilettes superbes.
Joseph et sa fille Louise sa sœur et son frère sont de la fête dans la journée nous recevons plusieurs dépêches entre autres de Feldkirch, Maman était très belle dans la robe de satin noir tissée par Pierre [son fils] et rentre avec Pierre et Charles à 5 heures du matin moi j’étais rentré à 3 heures.
3 juillet : Fred et Marie partent par le 1er train pour Genève d’où dans la journée Mme Harmet reçoit une bonne dépêche.
31 décembre : Ce soir nous soupons chez les Harmet et finissons gaiement l’année à laquelle nous devons ce brillant mariage de Fred et le succès de Charles au Bachot si je pouvais trouver du travail, tout serait parfait, car tous les nôtres sont en bonne santé.
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Note : J'ai ici éliminé des notes du Journal de Frédéric Beutter tout ce qui ne concerne pas directement la vie et la trajectoire professionnelle de son fils Frédéric ainsi que les rapports entre père et fils. Il faut signaler que je respecte scrupuleusement l'orthographe et la ponctuation (quand il y en a) telles qu'elles figurent dans le tapuscrit en ma possession. Je n'ai corrigé que les coquilles évidentes. Les données factuelles et nominales (malgré les errements de l'orthographe du tapuscrit en particulier sur les noms propres) sont exactement confirmées par celles qui figurent dans les remarquables travaux généalogiques de Mr Alain Teyssier, d'Annonay.
Je n'ai pas l'honneur de connaître ce monsieur, ce que je sais c'est qu'il n'a cessé d'enrichir l'arbre familial "Paliard", à partir du tronc (Pierre François Paliard, mort avant 1742, qui avait épousé Jeanne Claudine Chagrot, et il y a un Claude Antoine Paliard né en 1722, quelque part du côté du lac de Saint-Point, Doubs, côté Malbuisson), au moyen de branches, branchettes, rameaux, ramilles et ramillons, dont l'ensemble touffu, mais à la méthode impeccablement rigoureuse, impressionne, au point de sembler, au premier abord, impénétrable comme le pire des ronciers (abondance de Félix Léon Maurice Henri et quelques autres à chaque génération et dans chaque branche — au nombre respectable de 48 au fil de plus de deux siècles !! On imagine avec peine la distance de papier qu'il faudrait pour faire figurer la totalité de l'extension horizontale de cette famille dans la génération actuelle) : je commence à peine à me faire une idée de la structure principale.
09:00 Publié dans LITTERATURE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : généalogie, littérature familiale, frédéric beutter, assassinat sadi carnot lyon, caserio, école des mines, aciéries de saint-étienne, famille paliard, alain teyssier annonay
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